Pour une bonne surprise, en voici une excellente...
J’avais acheté ce manga pour avoir (vaguement) entendu parler de son adaptation animée. Et sur le seul écho de ce souvenir j’ai commandé Venus Versus Virus sans même m’intéresser à sa trame, sur la seule foi de son titre, qui me promettait un ouvrage plein de drôlerie. Et par la couverture attiré, qui me promettait de jolies filles, un soupçon de gothisme voire d’érotisme, et quelques combats.
Au fond, c’est bel et bien ce que j’ai découvert dans ce manga, mais absolument point ainsi que je l’attendais, moi qui croyais n’y découvrir que pure distraction.
Gothic lolita... C’est là l’illustration de couverture, qui figure Lucia, et c’est parfois le genre que prendra Sumiré, personnage apparemment falot, qui pourtant vole presque la vedette à Lucia. Gothic Lolita, en effet, car tel était le thème imposé par un magazine japonais.
Gothics lolitas... Après avoir refermé le premier tome de Venus Versus Virus, vous ne les verrez sûrement plus du même œil, usurpatrices d’un genre qu’elles ramènent à un aspect clownesque et totalement superficiel. Car, si ses monstres évoquent l’imaginaire japonais, c’est bel et bien le genre du gothisme littéraire qu’Atsushi Suzumi est parvenu à faire revivre dans ce titre, et à nous rappeler ce qu’il fut vraiment.
Certes, il le fait avec sa patte et son génie propre, dans un univers qui emprunte aux codes des genres du manga japonais. Ainsi de l’humour, qui semble un passage obligé dans nombre de manga. Mais il est ici plus fin qu’ailleurs. Et surtout il ne parvient guère à effacer l’aspect angoissant, poignant et effrayant de ce titre. Même l’ambiguïté de la relation qui unit Lucia et Sumiré renforce cette impression gothique, avec une Lucia qui évoque autant la protectrice que la prédatrice.
Tout cela, que ce soit dans cette relation où il est laissé au seul lecteur le soin de s’imaginer ce qu’il veut bien s’imaginer, ou dans la construction générale de l’histoire et des intrigues qui la composent, tout cela, donc, est mené de main de maître.
Main de maître qui se retrouve, logiquement, dans le dessin parfaitement maîtrisé des personnages (dont les yeux évoquent ceux des chats, ce qui rajoute à la sensation d’étrangeté qui sourd de ce titre), et dans celui des monstres, réellement glaçants ou effrayants.
Aussi, bien que le fantastique horrifique ne soit guère mon genre de prédilection, je ne peux que m’incliner devant la qualité de ce titre dont je n’attendais rien de tel. Une réussite qui ne saurait, j’en suis sûr, que se confirmer dans le second tome à venir.
Au sujet du tome 2 :
En concluant la chronique du premier tome, j’affirmais que le second tome, au vu des qualités du premier, ne pouvait être qu’excellent. J’aurais aussi pu parier, et j’aurais alors gagné mon pari (au moins avec moi-même). Excellent, le deuxième tome de Venus Versus Virus l’est en effet. J’aurais même tendance à penser que l’histoire se bonifie. L’aspect horrifique, limite gore, s’estompe en effet pour céder la place au suspense et au mystère. La relation trouble et ambiguë entre Sumiré et Lucia s’éclaircit quelque peu, mais pour porter de nouvelles interrogations sur la nature d’une Sumiré dont le personnage s’étoffe diablement, de même qu’apparaissent de nouveaux personnages qui apportent leurs propres lots de mystère. Mystères qui devraient être résolus dans les tomes à venir avec, je l’espère, autant que maestria qu’Atsushi Suzumi en a démontré dans ces deux premiers tomes.
Palais, c’est à la fois une heureuse, et une désagréable surprise.
Une heureuse, de par sa qualité même, à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Une désagréable, parce que Gochawon, la collection manhwa de Soleil, a cessé d’exister. Résultat, les trois tomes actuellement parus en France risquent longtemps d’attendre leur suite, laquelle se monte déjà à seize tomes en Corée, à l’heure actuelle...
Des coups pareils, ce serait à se tourner vers le scantrad (traduction des planches scannées en Corée (ou au Japon, pour les mangas) par des équipes d’amateurs français, opérant sur le net), pour connaître la suite d’un manhwa dont on peut sérieusement se demander si elle verra le jour sous nos latitudes.
D’un autre côté, si Gochawon n’avait pas fermé ses portes, aurais-je découvert Palais ? Parce que, honnêtement, si les trois premiers tomes n’avaient pas été bradés à 15 euros le lot, il est fort possible que j’ignorasse encore que Palais fut si bon. Il faut dire que, jusqu’à l’instant même d’ouvrir ce manhwa, j’étais persuadé qu’il s’agissait d’une énième histoire de fantasy ou pseudo-fantasy, voyant une jeune roturière être promise au roi dans un quelconque royaume d’opérette plus ou moins vaguement inspiré des contes chinois. Étant informé que la Corée est une république, je n’imaginais bien sûr pas une seule seconde que ce manhwa put se dérouler « de nos jours ». Enfin, « de nos jours... parallèles ».
Découvrant cette caractéristique avec les premières pages du manhwa, j’ai été certes intrigué (« tiens une idée assez intéressante, qui change de l’ordinaire, et limite casse-gueule : comment va-t-elle traiter cela ? »), en même temps que j’étais alarmé (« ouh la la, je crains le pire du pire... »). Le pire, j’ai d’ailleurs pensé le voir survenir lorsqu’il m’a semblé que cette histoire s’orientait façon « Lady Di en Corée », Lady Di s’appelant là-bas Shin Chae-Gyeong. Sauf que, non. En vérité, Park So-Hee réussit un excellent manhwa, réaliste malgré les passages comiques et SD, nous faisant partager les doutes et les angoisses de son héroïne, les lourdeurs protocolaires d’une monarchie qui aurait sans doute trouvé Louis XIV et son étiquette un peu rustre et libertine... Le tout avec quelques moments d’humour, de légèreté, qui n’empêchent cependant l’histoire, de par sa nature, de baigner dans une atmosphère aussi pesante que la cour est guindée, l’ensemble formant, néanmoins, une histoire assez captivante.
Et au final, donc, l’envie de pousser un cri de détresse : mais pourquoi diable Soleil a-t-il cessé Gochawon ? Et, ô dieux de l’olympe, se trouvera-t-il un éditeur pour reprendre Palais ? (S’iou plaît... S’iou plaît...)
L’histoire ayant donc reçu son lot de fleurs tressées et de louanges, un petit mot sur le dessin, qui, typique du sunjung (shojo coréen), m’aurait presque autant rebuté que l’histoire m’a passionné. Déjà que je n’aime pas le dessin shojo « typique » (silhouettes longilignes, gars efféminés), là, le sunjung typique... Je dois avouer avoir eu du mal avec ces visages d’un triangulisme étrange, ces lèvres presque adipeuses, ces regards presque toujours sombres (on a l’impression que les gars ont constamment du rimmel). Mais si cela m’a gêné, le dessin ne m’a pas empêché d’apprécier l’histoire, pas plus qu’il ne m’empêcherait d’acheter la suite, et au prix fort... *ceci était un message subliminal à un éditeur généreux et audacieux qui voudrait bien passer par là, merci d’avance...* *y’a pas quelqu’un qui voudrait bien me prêter quelques centaines de milliers d’euros pour racheter les droits, lancer la production, etc. ?* *hein, dites ?*
Enfin, votre information ne serait pas complète si je ne vous signalais que Palais fut adapté en drama (série télévisée avec des acteurs) en Corée, sous le nom de Goong (qui ne signifie autre que « palais » en coréen). Lequel drama fut un carton d’audience, suite à quoi le Korean Times conclut : « sortir des sentiers battus peut se révéler payant » (ceci était un nouveau message subliminal...).
Bref, cette série étant arrêtée, je ne saurais théoriquement en conseiller l’achat, mais en même temps, au prix où elle est, si vous pouvez encore dégotter un pack bradé...
« Les funérailles de Luce » raconte l'histoire d'une petite fille qui passe quelques unes de ses journées avec son Papi, à la campagne. Elle y rencontre les ami(e)s de son grand-père, les joies d'aller vendre avec lui ses légumes au marché du village, mais aussi un homme nu grand et maigre qui tient par la main une petite fille dont le corps est recouvert d'un linceul et qui porte une petite boîte. Ce couple incongru, c'est la mort, qui va là où les âmes sont à prendre. Et Luce les voit tous deux, et va y être confrontée indirectement.
C'est une histoire simple, comme il s'en passe tous les jours, avec ses joies, ses peines. L'histoire d'une petite fille de 5 ou 6 ans et qui découvre ce que mourir veut dire.
Le dessin en noir et blanc paraît brouillon au feuilletage, mais se révèle particulièrement maîtrisé, et au final très beau. L'expressivité des protagonistes est de plus, exemplaire.
Un ouvrage de 80 pages absolument magnifique, comme il en sort très très peu chaque année.
Un album que j'aimerais voir couvert d'une foultitude de récompenses.
Note : 4,5/5 + coup de coeur.
Superbe !!!!
Trois tomes dévorés pour ne pas dire savourés.
Difficile de définir cette série qui mélange les styles, mais qui met en avant deux personnages atypiques et si humains. Cette amitié nous entraîne dans des périples hauts en couleurs : l'ensemble du scénario peut paraître brouillon, pourtant tout se tient et nous fournit un concentré de plaisir.
Le dessin est impressionnant, un vrai régal pour les yeux.
Petit spoiler : Etonnant parallèle entre le nom du dessinateur de "Carême" et celui du livre Leviathan dans la BD ;-)
Il y a tant de choses à voir et à interpréter dans cette série, que je me délecte déjà à l'idée des prochaines lectures.
J'hésitais entre 4 et 5 pour la note et je me suis décidé à donner un petit coup de main à cette série méconnue en lui mettant le 5, qui lui permettra une entrée dans les immanquables.
Je me posais une question quant au nom de la capitale : "Lanmeurbourg" : ça ne s'invente pas, et près de chez moi il y a une commune qui s'appelle Lanmeur. Je me dis qu'il doit y avoir un lien.... D'ailleurs, il semble y avoir un peu d'autobiographie de la part de Bec, il est difficile de faire la part des choses entre la fiction et le reste.
Rq : cette série sortira certainement de l'anonymat avec la sortie du futur projet de ce binôme d'auteurs : "Deus" programmé cette année chez Soleil.
Les artistes nous signent, avec une grande maturité, une belle histoire avec de vrais moments de vérité.
Ils nous font aborder pas mal de sujets qui nous amènent à réfléchir sur les relations humaines et sur quelques questions de société. J'y adore les petits piques subtiles et sympathiques qui ponctuent ce récit, ce qui le rend encore plus crédible à mes yeux.
Tout au long de ce récit, nous nous demandons lequel des 2 personnages changera pour l'autre. Et surtout comment cela va-t-il finir ?
J'adore le dessin fluide et mangatisé car le dessinateur sait bien mettre en avant certains détails par rapport à d'autres. Son dessin apporte ce sentiment franc et naturel à l'ensemble de cette BD de 70 pages qui se lit sans voir le temps passer.
Bref un premier album qui est très prometteur : Artistes à suivre...
Ce manga est mon coup de coeur. C'est d'ailleurs lui qui m'a fait découvrir l"univers des mangas.
Il est pour moi le meilleur manga jusqu'a présent, les sentiments sont très bien ressortis.
Les personnages sont attachants et profonds, surtout Madoka (qui n'a pas rêver de rencontrer une femme comme Madoka, à la fois forte, fragile et mystérieuse).
C'est aussi le seul manga que je visionne lors de mes moments de solitude et autres.
Il me remonte le moral.
J'aime la pureté des sentiments qui y sont dévoilés.
Excellent manga, que je recommande fortement.
Certes l'univers créé est relativement commun au BD "medievalo-celtique". Cependant le rythme est prenant. La ponctuation de l'action est constante et on souhaite vraiment en apprendre plus tout du long.
Les graphismes accrocheurs et très colorés offre un univers à cette BD. On pourra cependant regretter le manque de grandes illustrations au profit de vignettes très détaillées.
La fin du premier volume appelle vraiment à une suite riche. Espérons que la suite viendra vite.
Je trouve l'idée de cet album excellente. Je suis d'accord avec le lecteur précédent, c'est album propose une vision humoristique et satirique sur le Japon que je n'ai pas trouvé dans des albums plus 'grand public'. Cette collaboration franco-japonaise est vraiment sympa et unique. A lire absolument si vous voulez découvrir un Japon qui sort des sentiers battus.
Dans plusieurs de ses bds, Joann Sfar cite ce commentaire de son rabbin : « La mort, c’est une honte ! Je m’en plains tous les jours à Dieu ! », je le plussois et c’est un peu la même chose qui me revient à l’esprit après avoir lu « Les funérailles de Luce » !
Je le dis dès maintenant : ce one-shot est une petite merveille ! Ok, il faudra tout de même aimer le dessin de Springer mais la bd regorge tellement de petits moments de tendresse et de finesse qu’il me semble difficile de ressortir indifférent de cette lecture.
A travers les regards de Luce, une petite fille mignonne toute pleine et curieuse, et de son grand-père, le lecteur est invité de suivre le quotidien d’un petit village provincial dont les habitants cohabitent au rythme de la vie et de la… mort.
Tiens, au fait, puisque le thème de la mort est le principal sujet des « Funérailles de Luce », sachiez que les discussions qui en découlent entre la jeune héroïne et son entourage ne versent jamais dans le tragique. De plus, les dialogues me sont apparus d’une justesse et d’une simplicité étonnantes !
Dans cette bd, j’ai également et hautement apprécié les séquences sans commentaire où le dessin expressif de Springer suffit à me procurer quelques frissons. J’ai eu également l’impression d’y découvrir des instants que j’ai réellement vécus surtout à la vue des planches se déroulant sur un marché.
J’adore le dessin de Springer pour cet album (cet auteur réalise également Volunteer chez les éditions Delcourt d’un style complètement différent aux « Funérailles de Luce » !). J’aime fortement son trait épais (ou gras) et d’un aspect charbonneux qui me rappelle une autre bd dessinée par Rémi Mabesoone que j’ai appréciée : Achevé d'imprimer.
« Les funérailles de Luce » m’est apparu comme un album émouvant qui ne me laissera pas un vague souvenir de sa lecture. En effet, le difficile thème de la mort y est abordé d’une façon tellement légère et juste qu’il me semble difficile de finir cette histoire sans méditer.
Les personnages que ce soit la fille, le grand-père, l’autre vieux, etc… sont tous attachants.
Au final, cet album est à découvrir absolument surtout si vous appréciez en plus le dessin de Springer !
Même si cette série est en suspens, même si un seul album est sorti, Meridionn vaut absolument le détour.
Les auteurs ont imaginé un univers passionnant, des personnages charismatiques et mystérieux, une intrigue fantastico-politique intelligente et ambitieuse ainsi qu'un traitement graphique de très belle facture.
Meridionn est à lire et à garder au chaud car un tel potentiel ne peut rester inexploité indéfiniment.
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Venus Versus Virus
Pour une bonne surprise, en voici une excellente... J’avais acheté ce manga pour avoir (vaguement) entendu parler de son adaptation animée. Et sur le seul écho de ce souvenir j’ai commandé Venus Versus Virus sans même m’intéresser à sa trame, sur la seule foi de son titre, qui me promettait un ouvrage plein de drôlerie. Et par la couverture attiré, qui me promettait de jolies filles, un soupçon de gothisme voire d’érotisme, et quelques combats. Au fond, c’est bel et bien ce que j’ai découvert dans ce manga, mais absolument point ainsi que je l’attendais, moi qui croyais n’y découvrir que pure distraction. Gothic lolita... C’est là l’illustration de couverture, qui figure Lucia, et c’est parfois le genre que prendra Sumiré, personnage apparemment falot, qui pourtant vole presque la vedette à Lucia. Gothic Lolita, en effet, car tel était le thème imposé par un magazine japonais. Gothics lolitas... Après avoir refermé le premier tome de Venus Versus Virus, vous ne les verrez sûrement plus du même œil, usurpatrices d’un genre qu’elles ramènent à un aspect clownesque et totalement superficiel. Car, si ses monstres évoquent l’imaginaire japonais, c’est bel et bien le genre du gothisme littéraire qu’Atsushi Suzumi est parvenu à faire revivre dans ce titre, et à nous rappeler ce qu’il fut vraiment. Certes, il le fait avec sa patte et son génie propre, dans un univers qui emprunte aux codes des genres du manga japonais. Ainsi de l’humour, qui semble un passage obligé dans nombre de manga. Mais il est ici plus fin qu’ailleurs. Et surtout il ne parvient guère à effacer l’aspect angoissant, poignant et effrayant de ce titre. Même l’ambiguïté de la relation qui unit Lucia et Sumiré renforce cette impression gothique, avec une Lucia qui évoque autant la protectrice que la prédatrice. Tout cela, que ce soit dans cette relation où il est laissé au seul lecteur le soin de s’imaginer ce qu’il veut bien s’imaginer, ou dans la construction générale de l’histoire et des intrigues qui la composent, tout cela, donc, est mené de main de maître. Main de maître qui se retrouve, logiquement, dans le dessin parfaitement maîtrisé des personnages (dont les yeux évoquent ceux des chats, ce qui rajoute à la sensation d’étrangeté qui sourd de ce titre), et dans celui des monstres, réellement glaçants ou effrayants. Aussi, bien que le fantastique horrifique ne soit guère mon genre de prédilection, je ne peux que m’incliner devant la qualité de ce titre dont je n’attendais rien de tel. Une réussite qui ne saurait, j’en suis sûr, que se confirmer dans le second tome à venir. Au sujet du tome 2 : En concluant la chronique du premier tome, j’affirmais que le second tome, au vu des qualités du premier, ne pouvait être qu’excellent. J’aurais aussi pu parier, et j’aurais alors gagné mon pari (au moins avec moi-même). Excellent, le deuxième tome de Venus Versus Virus l’est en effet. J’aurais même tendance à penser que l’histoire se bonifie. L’aspect horrifique, limite gore, s’estompe en effet pour céder la place au suspense et au mystère. La relation trouble et ambiguë entre Sumiré et Lucia s’éclaircit quelque peu, mais pour porter de nouvelles interrogations sur la nature d’une Sumiré dont le personnage s’étoffe diablement, de même qu’apparaissent de nouveaux personnages qui apportent leurs propres lots de mystère. Mystères qui devraient être résolus dans les tomes à venir avec, je l’espère, autant que maestria qu’Atsushi Suzumi en a démontré dans ces deux premiers tomes.
Palais
Palais, c’est à la fois une heureuse, et une désagréable surprise. Une heureuse, de par sa qualité même, à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Une désagréable, parce que Gochawon, la collection manhwa de Soleil, a cessé d’exister. Résultat, les trois tomes actuellement parus en France risquent longtemps d’attendre leur suite, laquelle se monte déjà à seize tomes en Corée, à l’heure actuelle... Des coups pareils, ce serait à se tourner vers le scantrad (traduction des planches scannées en Corée (ou au Japon, pour les mangas) par des équipes d’amateurs français, opérant sur le net), pour connaître la suite d’un manhwa dont on peut sérieusement se demander si elle verra le jour sous nos latitudes. D’un autre côté, si Gochawon n’avait pas fermé ses portes, aurais-je découvert Palais ? Parce que, honnêtement, si les trois premiers tomes n’avaient pas été bradés à 15 euros le lot, il est fort possible que j’ignorasse encore que Palais fut si bon. Il faut dire que, jusqu’à l’instant même d’ouvrir ce manhwa, j’étais persuadé qu’il s’agissait d’une énième histoire de fantasy ou pseudo-fantasy, voyant une jeune roturière être promise au roi dans un quelconque royaume d’opérette plus ou moins vaguement inspiré des contes chinois. Étant informé que la Corée est une république, je n’imaginais bien sûr pas une seule seconde que ce manhwa put se dérouler « de nos jours ». Enfin, « de nos jours... parallèles ». Découvrant cette caractéristique avec les premières pages du manhwa, j’ai été certes intrigué (« tiens une idée assez intéressante, qui change de l’ordinaire, et limite casse-gueule : comment va-t-elle traiter cela ? »), en même temps que j’étais alarmé (« ouh la la, je crains le pire du pire... »). Le pire, j’ai d’ailleurs pensé le voir survenir lorsqu’il m’a semblé que cette histoire s’orientait façon « Lady Di en Corée », Lady Di s’appelant là-bas Shin Chae-Gyeong. Sauf que, non. En vérité, Park So-Hee réussit un excellent manhwa, réaliste malgré les passages comiques et SD, nous faisant partager les doutes et les angoisses de son héroïne, les lourdeurs protocolaires d’une monarchie qui aurait sans doute trouvé Louis XIV et son étiquette un peu rustre et libertine... Le tout avec quelques moments d’humour, de légèreté, qui n’empêchent cependant l’histoire, de par sa nature, de baigner dans une atmosphère aussi pesante que la cour est guindée, l’ensemble formant, néanmoins, une histoire assez captivante. Et au final, donc, l’envie de pousser un cri de détresse : mais pourquoi diable Soleil a-t-il cessé Gochawon ? Et, ô dieux de l’olympe, se trouvera-t-il un éditeur pour reprendre Palais ? (S’iou plaît... S’iou plaît...) L’histoire ayant donc reçu son lot de fleurs tressées et de louanges, un petit mot sur le dessin, qui, typique du sunjung (shojo coréen), m’aurait presque autant rebuté que l’histoire m’a passionné. Déjà que je n’aime pas le dessin shojo « typique » (silhouettes longilignes, gars efféminés), là, le sunjung typique... Je dois avouer avoir eu du mal avec ces visages d’un triangulisme étrange, ces lèvres presque adipeuses, ces regards presque toujours sombres (on a l’impression que les gars ont constamment du rimmel). Mais si cela m’a gêné, le dessin ne m’a pas empêché d’apprécier l’histoire, pas plus qu’il ne m’empêcherait d’acheter la suite, et au prix fort... *ceci était un message subliminal à un éditeur généreux et audacieux qui voudrait bien passer par là, merci d’avance...* *y’a pas quelqu’un qui voudrait bien me prêter quelques centaines de milliers d’euros pour racheter les droits, lancer la production, etc. ?* *hein, dites ?* Enfin, votre information ne serait pas complète si je ne vous signalais que Palais fut adapté en drama (série télévisée avec des acteurs) en Corée, sous le nom de Goong (qui ne signifie autre que « palais » en coréen). Lequel drama fut un carton d’audience, suite à quoi le Korean Times conclut : « sortir des sentiers battus peut se révéler payant » (ceci était un nouveau message subliminal...). Bref, cette série étant arrêtée, je ne saurais théoriquement en conseiller l’achat, mais en même temps, au prix où elle est, si vous pouvez encore dégotter un pack bradé...
Les Funérailles de Luce
« Les funérailles de Luce » raconte l'histoire d'une petite fille qui passe quelques unes de ses journées avec son Papi, à la campagne. Elle y rencontre les ami(e)s de son grand-père, les joies d'aller vendre avec lui ses légumes au marché du village, mais aussi un homme nu grand et maigre qui tient par la main une petite fille dont le corps est recouvert d'un linceul et qui porte une petite boîte. Ce couple incongru, c'est la mort, qui va là où les âmes sont à prendre. Et Luce les voit tous deux, et va y être confrontée indirectement. C'est une histoire simple, comme il s'en passe tous les jours, avec ses joies, ses peines. L'histoire d'une petite fille de 5 ou 6 ans et qui découvre ce que mourir veut dire. Le dessin en noir et blanc paraît brouillon au feuilletage, mais se révèle particulièrement maîtrisé, et au final très beau. L'expressivité des protagonistes est de plus, exemplaire. Un ouvrage de 80 pages absolument magnifique, comme il en sort très très peu chaque année. Un album que j'aimerais voir couvert d'une foultitude de récompenses. Note : 4,5/5 + coup de coeur.
Carême
Superbe !!!! Trois tomes dévorés pour ne pas dire savourés. Difficile de définir cette série qui mélange les styles, mais qui met en avant deux personnages atypiques et si humains. Cette amitié nous entraîne dans des périples hauts en couleurs : l'ensemble du scénario peut paraître brouillon, pourtant tout se tient et nous fournit un concentré de plaisir. Le dessin est impressionnant, un vrai régal pour les yeux. Petit spoiler : Etonnant parallèle entre le nom du dessinateur de "Carême" et celui du livre Leviathan dans la BD ;-) Il y a tant de choses à voir et à interpréter dans cette série, que je me délecte déjà à l'idée des prochaines lectures. J'hésitais entre 4 et 5 pour la note et je me suis décidé à donner un petit coup de main à cette série méconnue en lui mettant le 5, qui lui permettra une entrée dans les immanquables. Je me posais une question quant au nom de la capitale : "Lanmeurbourg" : ça ne s'invente pas, et près de chez moi il y a une commune qui s'appelle Lanmeur. Je me dis qu'il doit y avoir un lien.... D'ailleurs, il semble y avoir un peu d'autobiographie de la part de Bec, il est difficile de faire la part des choses entre la fiction et le reste. Rq : cette série sortira certainement de l'anonymat avec la sortie du futur projet de ce binôme d'auteurs : "Deus" programmé cette année chez Soleil.
Effleurés
Les artistes nous signent, avec une grande maturité, une belle histoire avec de vrais moments de vérité. Ils nous font aborder pas mal de sujets qui nous amènent à réfléchir sur les relations humaines et sur quelques questions de société. J'y adore les petits piques subtiles et sympathiques qui ponctuent ce récit, ce qui le rend encore plus crédible à mes yeux. Tout au long de ce récit, nous nous demandons lequel des 2 personnages changera pour l'autre. Et surtout comment cela va-t-il finir ? J'adore le dessin fluide et mangatisé car le dessinateur sait bien mettre en avant certains détails par rapport à d'autres. Son dessin apporte ce sentiment franc et naturel à l'ensemble de cette BD de 70 pages qui se lit sans voir le temps passer. Bref un premier album qui est très prometteur : Artistes à suivre...
Kimagure orange road - Max et Compagnie
Ce manga est mon coup de coeur. C'est d'ailleurs lui qui m'a fait découvrir l"univers des mangas. Il est pour moi le meilleur manga jusqu'a présent, les sentiments sont très bien ressortis. Les personnages sont attachants et profonds, surtout Madoka (qui n'a pas rêver de rencontrer une femme comme Madoka, à la fois forte, fragile et mystérieuse). C'est aussi le seul manga que je visionne lors de mes moments de solitude et autres. Il me remonte le moral. J'aime la pureté des sentiments qui y sont dévoilés. Excellent manga, que je recommande fortement.
Arawn
Certes l'univers créé est relativement commun au BD "medievalo-celtique". Cependant le rythme est prenant. La ponctuation de l'action est constante et on souhaite vraiment en apprendre plus tout du long. Les graphismes accrocheurs et très colorés offre un univers à cette BD. On pourra cependant regretter le manque de grandes illustrations au profit de vignettes très détaillées. La fin du premier volume appelle vraiment à une suite riche. Espérons que la suite viendra vite.
Le Japon Révélé - Visions of Japan
Je trouve l'idée de cet album excellente. Je suis d'accord avec le lecteur précédent, c'est album propose une vision humoristique et satirique sur le Japon que je n'ai pas trouvé dans des albums plus 'grand public'. Cette collaboration franco-japonaise est vraiment sympa et unique. A lire absolument si vous voulez découvrir un Japon qui sort des sentiers battus.
Les Funérailles de Luce
Dans plusieurs de ses bds, Joann Sfar cite ce commentaire de son rabbin : « La mort, c’est une honte ! Je m’en plains tous les jours à Dieu ! », je le plussois et c’est un peu la même chose qui me revient à l’esprit après avoir lu « Les funérailles de Luce » ! Je le dis dès maintenant : ce one-shot est une petite merveille ! Ok, il faudra tout de même aimer le dessin de Springer mais la bd regorge tellement de petits moments de tendresse et de finesse qu’il me semble difficile de ressortir indifférent de cette lecture. A travers les regards de Luce, une petite fille mignonne toute pleine et curieuse, et de son grand-père, le lecteur est invité de suivre le quotidien d’un petit village provincial dont les habitants cohabitent au rythme de la vie et de la… mort. Tiens, au fait, puisque le thème de la mort est le principal sujet des « Funérailles de Luce », sachiez que les discussions qui en découlent entre la jeune héroïne et son entourage ne versent jamais dans le tragique. De plus, les dialogues me sont apparus d’une justesse et d’une simplicité étonnantes ! Dans cette bd, j’ai également et hautement apprécié les séquences sans commentaire où le dessin expressif de Springer suffit à me procurer quelques frissons. J’ai eu également l’impression d’y découvrir des instants que j’ai réellement vécus surtout à la vue des planches se déroulant sur un marché. J’adore le dessin de Springer pour cet album (cet auteur réalise également Volunteer chez les éditions Delcourt d’un style complètement différent aux « Funérailles de Luce » !). J’aime fortement son trait épais (ou gras) et d’un aspect charbonneux qui me rappelle une autre bd dessinée par Rémi Mabesoone que j’ai appréciée : Achevé d'imprimer. « Les funérailles de Luce » m’est apparu comme un album émouvant qui ne me laissera pas un vague souvenir de sa lecture. En effet, le difficile thème de la mort y est abordé d’une façon tellement légère et juste qu’il me semble difficile de finir cette histoire sans méditer. Les personnages que ce soit la fille, le grand-père, l’autre vieux, etc… sont tous attachants. Au final, cet album est à découvrir absolument surtout si vous appréciez en plus le dessin de Springer !
Méridionn
Même si cette série est en suspens, même si un seul album est sorti, Meridionn vaut absolument le détour. Les auteurs ont imaginé un univers passionnant, des personnages charismatiques et mystérieux, une intrigue fantastico-politique intelligente et ambitieuse ainsi qu'un traitement graphique de très belle facture. Meridionn est à lire et à garder au chaud car un tel potentiel ne peut rester inexploité indéfiniment.