Gaston Lagaffe est un monument national. Et ceux qui ne l’aiment pas devraient être déchus de leur nationalité, jetés aux requins. Car, franchement, Gaston Lagaffe c’est un monument national !
Mais, hum, j’ai un doute : c’est un monument national belge ou français ? M’enfin !
Bientôt, cependant, Gaston Lagaffe sera lu à la rentrée des classes. La belge, bien sûr. Parce qu’en France, pas sûr que ce gros flemmard, qui est pourtant diablement français dans sa paresse, soit en odeur de sainteté au Palais (de l’Élysée). Imaginez quel épouvantable exemple ce benêt (plutôt sympathique, en plus) donne à notre belle jeunesse. Je vous le demande ?
Travailler c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver.Gaston Lagaffe illustre à merveille cette grande maxime française, qui brille au fronton de tous nos édifices publics. Plus exactement, qui devrait y briller, si notre pays ne souffrait actuellement d’un complot travailliste.
Franchement, j’espère que la droite, la vraie droite, celle des rentiers, va revenir au pouvoir, qu’on nous laisse glander en paix. M’enfin...
En attendant, planquez vos Gaston Lagaffe, que vous pourrez ressortir lorsque, m’enfin, les vents du farniente souffleront à nouveaux sur notre beau pays.
Néanmoins, ce bref trait d’humour dont j’attends d’être pardonné, car moi aussi je veux entrer au gouvernement, bref ce coupable trait d’humour navrant étant passé, il me semble qu’on aurait tort de faire de Gaston Lagaffe tout à la fois un antihéros, et un symbole politique. Du moins dans les intentions de son auteur. Est-ce parce qu’il est né dans une époque productiviste que Gaston Lagaffe serait l’anti-modèle par excellence ? Est-ce parce que ses aventures sont humoristiques qu’il faut aussitôt voir derrière cet humour une satire sociale et une belle leçon de vie, ode à la paresse et au refus des excès de la société de consommation ? On peut le voir ainsi, mais on peut aussi lire ses « aventures » comme un exemple de poésie absurde et farfelue, car ce qui m’a toujours frappé dans Gaston Lagaffe est moins son aspect corrosif que sa tendresse.
Certes, tendresse du trait n’empêche point le message du propos, néanmoins le personnage est tellement décalé (on se demande bien pourquoi Dupuis ne l’a pas viré depuis la troisième page de son premier album) que Gaston Lagaffe, avant d’être un pamphlet, est « simplement » de l’humour, tendre, burlesque, poétique, bucolique, hédoniste. Et, en tant que tel, un pur bonheur, probablement, et malheureusement, inégalable.
Érigeons-lui donc une statue. Et comptons sur Gaston Lagaffe lui-même pour qu’il la déboulonne... M’enfin !
Magie Intérieure est de ces bandes dessinées qui, quasiment dès le départ, vous posent une question de registre : à quoi avons-nous affaire ? Du fantastique ? Mais si l’on excepte les conversations oniriques (sises au milieu des rêves), de fantastique il est fort peu dans ce manga, et l’on pourrait, parfois, se demander si le fantastique n’est pas simplement rêvé par une jeune fille qui a perdu sa mère, et trouve ainsi le moyen d’affronter les difficultés de la vie d’orpheline (son père étant à l’étranger), et plus particulièrement les difficultés de l’entrée dans une nouvelle vie : celle de l’entrée au lycée, avec les difficultés d’intégration que cela suppose (car Haruko n’y connait personne), et les premiers émois (les garçons, bien entendu). Oui, le lecteur pourrait se le demander, si soudain ne surgissait une seconde sorcière, ainsi qu’un second messager des dieux. Mais, en réfléchissant bien, la première n’ayant pas plus de pouvoirs qu’Haruko, et le second tenant son statut de la mère d’Haruko, revient la question de savoir si cette histoire de sorcière n’est pas une invention de cette mère, sur son lit de mort, pour donner du courage à sa fille (ce que l’on est amené à penser dès les premières pages, au vu de cette magie qui n’a de magique que le nom, bien que la symbolique soit assez jolie). Néanmoins, le doute subsiste, car à la lecture il est difficile de trancher entre les deux interprétations.
Mais si Magie Intérieure ne peut être classé ni dans le « fantastique », ni dans le « roman graphique » du fait de ce même fantastique trop présent, il se trouve une troisième catégorie qui résout parfaitement cette ambivalence : le « conte ». En effet, Magie Intérieure est un conte. Une histoire à bien des égards réaliste (Japon d’aujourd’hui), qui emprunte au fantastique pour aborder avec plus d’aisance des sujets graves et lourds : perte d’un proche, maladie grave, solitude et ijime (phénomène d’exclusion parfois très dur que fait subir un groupe à un individu exclu du groupe pour une raison ou une autre, et qui conduit parfois ce dernier au suicide ; le sujet, qui était autrefois tabou, est aujourd’hui abordé frontalement au Japon). Mais si le fantastique désamorce un peu la dureté de ces sujets, s’ils ne sont, non plus, portés à leurs extrêmes, si ce shojo s’orne de jolies étoiles et qu’il vire quelques fois au superficiel, et se préoccupe d’un sujet moins pesant bien qu’angoissant pour certains et certaines : la quête de l’âme sœur ; il n’empêche, donc, que malgré ses aspects parfois légers, mais très rarement frivoles, Magie Intérieure sourd d’un constant malaise, qui imprègne pratiquement toutes ses pages. Les petites étoiles ne compensent guère la dureté des manipulations, de l’ijime, et des trahisons. Au fond, dans ce cas comme dans d’autres, l’apparence est trompeuse, et derrière un shojo sucré, au dessin fin et élégant, à la narration fluide, se masque une histoire souvent oppressante. Un conte, en vérité, car chacun sait, depuis Le petit chaperon rouge et Cendrillon, que les contes sont cruels.
Heureusement, il arrive aussi parfois que les contes finissent bien... Parfois.
"Le dernier Troyen", l'Ulysse 31 de la BD...
Mangin nous livre une nouvelle chronique de l’antiquité galactique en s’inspirant de l'Odyssée d’Homère et de l’Enéide de Virgile et les adapte à son univers de SF. Cette série se déroule sous forme de one shot avec pour fil rouge le long voyage d’Enée vers sa planète promise où il fondera la toute puissante Rome galactique. Même si il n’y a absolument pas besoin d’être un féru de mythologie pour comprendre l’histoire, j’avoue avoir ressenti le besoin de combler quelques lacunes dans ce domaine passionnant (par le biais du net) pour ne pas manquer une miette de chacune des références. Les premiers albums sont sympatoches et la série gagne en qualité et en originalité à chaque tome. Valérie Mangin est vraiment douée et sait captiver crescendo l’attention du lecteur dans son épopée galactique.
Je n’aime pas trop les illustrations (dessin et couleurs) réalistes de Démarez sur les premiers tomes mais ça s’améliore par la suite, ça devient même plutôt bon à mes yeux sans vraiment réellement savoir ce qui a changé. C’est moins fade, il y a plus de caractère. L’auteur reçoit un petit coup de main de Bajram pour certains effets SF : Photoshop j’imagine, pas d’inquiétude, rien de criard ou de mal venu, c’est parfaitement fondu dans la masse.
Petit aparté sur les Chroniques de l’antiquité galactique :
Comme je viens de le dire, Le dernier troyen conte les origines de la Rome galactique, alors que l’excellent Fléau des Dieux, lui relate sa chute. Entre les deux doit s’intercaler la série Imperator qui racontera la naissance de l’Orbis romain galactique. Et enfin une quatrième série La guerre des Dieux doit faire suite au Fléau et boucler la boucle car les dieux du Fléau se retrouvent après un bond dans la passé dans la peau (si je puis dire) des dieux de l’antiquité du temps de la guerre de Troie (1200 avant JC).
Encore de belles lectures en perceptive dans cet univers passionnant.
J'ai mis longtemps avant de trouver les mots pour exprimer ma surprise devant cette oeuvre d'exception.
C'est la première BD que je lis où la coloriste est auteur. C'est-à-dire que la coloriste n'est pas seulement assistante du dessinateur, mais apporte la plus grande partie du sens artistique de l'oeuvre, sa sémantique esthétique. Je dirais même que la coloriste chapeaute et le dessinateur et le scénariste, les "cuisine" et réussit le plat final, dont elle a le plus grand mérite. Elle mériterait de voir son nom sur la fiche technique.
Si vous avez l'occasion de l'avoir sous forme électronique, regardez les fichiers en petites vignettes dans une seule fenêtre, c'est assez révélateur. Je recherche maintenant un écrit de Laurence Croix sur son travail sur Biotope.
EXEMPLES :
Page 23, vous pourrez admirer la façon dont le gris de la base contraste avec le vert de l'environnement. Bien sûr on peut dire que le dessinateur a aidé en choisissant une absence totale de plinthe, mais encore fallait-il exploiter correctement cette opportunité.
Plus en détail, vous noterez que le vert des boissons locales rappelle celui de l'environnement, ce qui fait de la colorisation une connotation narrative. Continuons sur les soleils dont vous noterez qu'ils ne sont PAS colorisés en couleurs chaudes, mais au contraire reprennent un ton de vert. Cela ajoute à, ou même crée 90% de l'ambiance "serre oppressante". Accessoirement, sur les personnages il y a aussi la façon dont le noir des cheveux rejoint le noir des vêtements.
En bas de cette page 23, un personnage devient vert, ce qui annonce son destin proche. Si l'on se reporte maintenant en avant dans l'histoire, à la page 04, on voit que le ton de vert des soleils n'apparait qu'en approchant de la planète, autre annonce particulièrement bien trouvée. On voit donc que la colorisation est devenue une partie indispensable de la structure narrative.
Autre exemple d'intégration narrative, page 10, vous pourrez admirer comment le fond noir du flash back forme un contraste saisissant au milieu de la page, par rapport au fond gris du reste. Et comment il est annoncé subtilement dans la case précédente, par la juxtaposition des deux fonds derrière la narratrice.
Page 33, j'ai apprécié le camaïeu de verts sur le peignoir, et les ocres bruns de la peau, des paupières et des lèvres, mêlés au noir mat des cheveux et des yeux, au noir des contours et des stries de sculpture africaine sur les joues, qui mettent en valeur ce personnage féminin dans cette scène de tension érotique particulièrement sobre.
En somme, dans cette oeuvre c'est le dessinateur qui est souvent l'assistant de la coloriste, en fournissant un support dépouillé qui lui permet d'apporter l'essentiel du sens.
Le dessin est très supérieur à ce que fait Bruno d'habitude. Dessiner un petit gros comme ça, c'est proche du génie. Un petit gros d'anthologie, on peut dire. Les autres personnages sont tout aussi stylés et "funky chic". Mais en plus, il y a une revisite du mobilier des films de SF des années 70 qui est magistrale. Pas un simple emprunt, pas un revival facile, mais une appropriation créatrice, une réinvention.
Le scénario est quant à lui à la base très classique, mais aussi très équilibré, très juste, et se prête admirablement au travail esthétique dont il constitue un support solide. Sur un plan plus subtil, il apporte aussi une distanciation par rapport aux débuts de l'écologie politique : Sa naissance dans les milieux scientifiques, une tendance "profonde" proposant de sacrifier l'humain, un écoterrorisme dans les sociétés anglo-saxonnes...
Ensemble, scénario et dessin montrent une intelligence historique remarquable. La page 03 avec la juxtaposition des Boney M et d'un intérieur de Cosmos 1999 est d'une insolence inouïe.
Bon, en plus, le petit mérite de présenter des noirs comme héros. Je ne suis pas fan de la discrimination positive, mais c'est assez rare en BD pour être signalé, et ici c'est vraiment bien trouvé.
Ca fait vraiment partie des "beaux livres" à acheter.
Superbe tome d'ouverture pour ce triptyque. Graphiquement c'est époustouflant.
Cela demande une lecture posée tant certaines cases regorgent de détails.
L'histoire est rondement menée, elle est assez classique mais son traitement en fait une BD très agréable à lire. J'attendrai donc avec impatience la suite de cette série.
L'essai reste à transformer sur la suite...
Encore une fois comme pour Sin City, une fois n’est pas coutume, c’est l’adaptation cinématographique qui m’a poussé à lire "300", et grand bien m’en a pris.
L’histoire dépeint la bataille des Thermopyles menée par le roi de Sparte, Léonidas, accompagné de ses 300 soldats contre l’envahisseur Perse. Miller réécrit l’Histoire avec un grand H, en prenant certaines libertés et en y apportant une dimension fantastique et théâtrale. Là où le récit est le plus fort, et où l’auteur est talentueux, c’est dans sa manière de retranscrire et de faire passer l’émotion et l’état d’esprit des Spartiates, inflexibles et déterminés jusqu’à la mort. Au départ on peut s’attendre à un affrontement basique bien manichéen, mais en grattant un chouya, on y découvre des thèmes, tel que le totalitarisme, la démocratie... Et contrairement à ceux qui y voient une sorte d’apologie du totalitarisme-démocratique :S face à l’axe du mal, moi, j’y vois une réflexion, voire une satire.
Le dessin brut de décoffrage de Miller est superbe. Son cadrage et ses prises de vue donne le tournis, c’est renversant. Ce format à l’italienne, assez rare en comics, donne aux planches une lecture assez atypique et dépaysante, passant de gigantesques cases à de minuscules vignettes, c’est du grand art.
Les couleurs de Varley, ne sont pas en reste, parfaitement en harmonie avec le dessin et l’ambiance. Sa palette de couleurs est à la fois très sombre et terne avec une très légère pointe d’exotisme. J’aime particulièrement la façon dont ressort le rouge, ça frappe l’œil mais ce n’est ni vulgaire ni criard, idem pour l’application des textures. Chapeau.
Bon, vous ne connaissez pas encore le cynisme de Didier Conrad et sa passion pour l'Asie et pour l'Inde, en l'occurrence. Un amour de l'inde, une grande admiration pour ses moeurs, pour les coutumes, les paysages et une compassion pour son côté sordide. Un croisement entre Les Innommables et Donito (le petit pêcheur de perles) pour ceux qui connaissent.
Des planches aux couleurs variées et parfois resplendissantes qui témoignent d'une grande patience. A travers cette histoire dure et glauque, il est vrai, il y a une vraie poésie qui se dégage. Conrad a arrêté de mettre ses albums en couleurs et on le regrette vraiment.
On n'est pas très loin de La Mousson de Louis Bromfield et de La Cité de la joie de Dominique Lapierre. Une chronique au vitriol des bas-fond indiens et d'un étranger qui s'y perd, une malédiction qui s'abat sur les propriétaires d'une étrange statuette. Une oeuvre qui a confirmé ma passion pour ce pays.
Cet album aurait pu s'appeler "Confluences".
Confluences parce que c'est l'histoire de deux destins qui se rencontrent.
Salpatrès, un peu savant fou, passionné, avec Léda, solaire, mystérieuse, insaisissable, diaphane.
Confluences parce que le titre évoque un lieu où l'on se croise, où l'on s'arrête parfois pour regarder autour de soi. Un lieu qui joue un rôle particulier dans l'histoire (on s'en serait douté, sinon l'auteur l'aurait titrée "pas le pont"). C'est un lieu qui forme une boucle, curieusement, mais je ne peux en dire plus, il faut lire l'album pour comprendre.
Confluences parce que le style graphique de Christian Durieux est aux confins de celui d'autres auteurs connus : Leo, Bonhomme, Andreas, Blutch... des auteurs dont j'apprécie le style, et dont la parenté me fait aimer celui de Durieux, que je découvre à l'occasion de cet album. Certaines planches ont une qualité presque hypnotique, le regard très particulier de Salpatrès n'y étant probablement pas étranger.
Confluences enfin parce que c'est la rencontre d'un auteur méconnu et d'un éditeur qui trace un sillon très particulier, mais remarquable, dans la BD contemporaine.
"Le Pont" comporte des éléments de fantastique, ainsi qu'une romance dévorante, brûlante, mais c'est avant tout un formidable voyage vers des contrées inconnues, autant que vers la folie et l'oubli.
J’ai trouvé ce manga aussi émouvant que les meilleurs Taniguchi, ce qui n’est pas peu dire. Certes c’est un peu plus larmoyant (comme le dit ThePatrick ci-dessous) et un peu plus typé manga (bonjour les têtes déformées et autres gouttes de sueur sur le front), mais au final mon plaisir de lecture a été aussi grand.
Les deux histoires sont biens, mais j’ai une préférence pour la 1ere, celle du cheminot, que j’ai trouvée touchante, triste, joyeuse, poétique, drôle (que de qualificatifs contradictoires), j’en avais le cœur serré après lecture (toujours un bon signe). La vie de ce cheminot qui sacrifie sa famille pour son travail, sans vraiment réaliser ce qu’il fait, est tout simplement poignante. Et la fin est tellement belle, tellement poétique et optimiste.
La 2eme histoire, « Love letter », est un peu plus bancale, mais finalement très belle aussi.
Le dessin est magnifique, lui aussi assez proche de ce que fait Taniguchi, mais peut-être encore plus fin et détaillé.
Et pour couronner le tout, le bouquin lui-même est très chouette. C’est certes un petit format, mais la couverture sous liseuse est très belle, les quelques premières pages de chaque histoire sont en couleurs, et une biographie des auteurs est incluse !
Vraiment mon coup de coeur du moment.
Alors là, pas de doute, si vous voulez vous mettre aux mangas, Quartier Lointain est la BD qu’il vous faut!
C’est d’une sensibilité sans pareil. Le mélange d’ « intrigue » (pourquoi le père décide de partir ?) et de vie quotidienne m’a vraiment tenu en haleine du début jusqu’à la fin. Revivre son enfance avec une conscience d’adulte, c’est une trouvaille. J’ai souvent interrompu ma lecture pour rêver, et me demander ce que je pourrais faire différemment si je pouvais moi-même revivre mon enfance. Une BD pour rêveurs ? En tout cas pas une BD pour les fans d’action, vous voilà prévenus !
Le dénouement est très bien, sans être renversant. J’ai quand même le sentiment qu’en partant de la même idée, il y aurait moyen d’écrire un scénario encore plus délirant ! Mais ne nous plaignons pas, c’est déjà très sympa, et puis faire compliqué n’était visiblement pas le but de l’auteur.
Voilà, des raisons pour NE PAS lire cette BD, il n’y en a pas vraiment. Je vous conseille Quartier Lointain, même si vous êtes allergique aux mangas. A part quelques traces de naïveté propre aux œuvres japonaises (les mauvaises langues diront niaiserie), et les désormais classiques bruitages rigolos (genre "splich sploch" quand le héros se lave les mains), on a plus affaire à une œuvre « à l’européenne », prouvant, si besoin en est, que les Japonais ont une culture BD bien à eux, et qu’ils peuvent en être fiers !
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Nos enjeux culturels et sociétaux
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Gaston Lagaffe
Gaston Lagaffe est un monument national. Et ceux qui ne l’aiment pas devraient être déchus de leur nationalité, jetés aux requins. Car, franchement, Gaston Lagaffe c’est un monument national ! Mais, hum, j’ai un doute : c’est un monument national belge ou français ? M’enfin ! Bientôt, cependant, Gaston Lagaffe sera lu à la rentrée des classes. La belge, bien sûr. Parce qu’en France, pas sûr que ce gros flemmard, qui est pourtant diablement français dans sa paresse, soit en odeur de sainteté au Palais (de l’Élysée). Imaginez quel épouvantable exemple ce benêt (plutôt sympathique, en plus) donne à notre belle jeunesse. Je vous le demande ? Travailler c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver. Gaston Lagaffe illustre à merveille cette grande maxime française, qui brille au fronton de tous nos édifices publics. Plus exactement, qui devrait y briller, si notre pays ne souffrait actuellement d’un complot travailliste. Franchement, j’espère que la droite, la vraie droite, celle des rentiers, va revenir au pouvoir, qu’on nous laisse glander en paix. M’enfin... En attendant, planquez vos Gaston Lagaffe, que vous pourrez ressortir lorsque, m’enfin, les vents du farniente souffleront à nouveaux sur notre beau pays. Néanmoins, ce bref trait d’humour dont j’attends d’être pardonné, car moi aussi je veux entrer au gouvernement, bref ce coupable trait d’humour navrant étant passé, il me semble qu’on aurait tort de faire de Gaston Lagaffe tout à la fois un antihéros, et un symbole politique. Du moins dans les intentions de son auteur. Est-ce parce qu’il est né dans une époque productiviste que Gaston Lagaffe serait l’anti-modèle par excellence ? Est-ce parce que ses aventures sont humoristiques qu’il faut aussitôt voir derrière cet humour une satire sociale et une belle leçon de vie, ode à la paresse et au refus des excès de la société de consommation ? On peut le voir ainsi, mais on peut aussi lire ses « aventures » comme un exemple de poésie absurde et farfelue, car ce qui m’a toujours frappé dans Gaston Lagaffe est moins son aspect corrosif que sa tendresse. Certes, tendresse du trait n’empêche point le message du propos, néanmoins le personnage est tellement décalé (on se demande bien pourquoi Dupuis ne l’a pas viré depuis la troisième page de son premier album) que Gaston Lagaffe, avant d’être un pamphlet, est « simplement » de l’humour, tendre, burlesque, poétique, bucolique, hédoniste. Et, en tant que tel, un pur bonheur, probablement, et malheureusement, inégalable. Érigeons-lui donc une statue. Et comptons sur Gaston Lagaffe lui-même pour qu’il la déboulonne... M’enfin !
Magie Intérieure !
Magie Intérieure est de ces bandes dessinées qui, quasiment dès le départ, vous posent une question de registre : à quoi avons-nous affaire ? Du fantastique ? Mais si l’on excepte les conversations oniriques (sises au milieu des rêves), de fantastique il est fort peu dans ce manga, et l’on pourrait, parfois, se demander si le fantastique n’est pas simplement rêvé par une jeune fille qui a perdu sa mère, et trouve ainsi le moyen d’affronter les difficultés de la vie d’orpheline (son père étant à l’étranger), et plus particulièrement les difficultés de l’entrée dans une nouvelle vie : celle de l’entrée au lycée, avec les difficultés d’intégration que cela suppose (car Haruko n’y connait personne), et les premiers émois (les garçons, bien entendu). Oui, le lecteur pourrait se le demander, si soudain ne surgissait une seconde sorcière, ainsi qu’un second messager des dieux. Mais, en réfléchissant bien, la première n’ayant pas plus de pouvoirs qu’Haruko, et le second tenant son statut de la mère d’Haruko, revient la question de savoir si cette histoire de sorcière n’est pas une invention de cette mère, sur son lit de mort, pour donner du courage à sa fille (ce que l’on est amené à penser dès les premières pages, au vu de cette magie qui n’a de magique que le nom, bien que la symbolique soit assez jolie). Néanmoins, le doute subsiste, car à la lecture il est difficile de trancher entre les deux interprétations. Mais si Magie Intérieure ne peut être classé ni dans le « fantastique », ni dans le « roman graphique » du fait de ce même fantastique trop présent, il se trouve une troisième catégorie qui résout parfaitement cette ambivalence : le « conte ». En effet, Magie Intérieure est un conte. Une histoire à bien des égards réaliste (Japon d’aujourd’hui), qui emprunte au fantastique pour aborder avec plus d’aisance des sujets graves et lourds : perte d’un proche, maladie grave, solitude et ijime (phénomène d’exclusion parfois très dur que fait subir un groupe à un individu exclu du groupe pour une raison ou une autre, et qui conduit parfois ce dernier au suicide ; le sujet, qui était autrefois tabou, est aujourd’hui abordé frontalement au Japon). Mais si le fantastique désamorce un peu la dureté de ces sujets, s’ils ne sont, non plus, portés à leurs extrêmes, si ce shojo s’orne de jolies étoiles et qu’il vire quelques fois au superficiel, et se préoccupe d’un sujet moins pesant bien qu’angoissant pour certains et certaines : la quête de l’âme sœur ; il n’empêche, donc, que malgré ses aspects parfois légers, mais très rarement frivoles, Magie Intérieure sourd d’un constant malaise, qui imprègne pratiquement toutes ses pages. Les petites étoiles ne compensent guère la dureté des manipulations, de l’ijime, et des trahisons. Au fond, dans ce cas comme dans d’autres, l’apparence est trompeuse, et derrière un shojo sucré, au dessin fin et élégant, à la narration fluide, se masque une histoire souvent oppressante. Un conte, en vérité, car chacun sait, depuis Le petit chaperon rouge et Cendrillon, que les contes sont cruels. Heureusement, il arrive aussi parfois que les contes finissent bien... Parfois.
Le dernier Troyen
"Le dernier Troyen", l'Ulysse 31 de la BD... Mangin nous livre une nouvelle chronique de l’antiquité galactique en s’inspirant de l'Odyssée d’Homère et de l’Enéide de Virgile et les adapte à son univers de SF. Cette série se déroule sous forme de one shot avec pour fil rouge le long voyage d’Enée vers sa planète promise où il fondera la toute puissante Rome galactique. Même si il n’y a absolument pas besoin d’être un féru de mythologie pour comprendre l’histoire, j’avoue avoir ressenti le besoin de combler quelques lacunes dans ce domaine passionnant (par le biais du net) pour ne pas manquer une miette de chacune des références. Les premiers albums sont sympatoches et la série gagne en qualité et en originalité à chaque tome. Valérie Mangin est vraiment douée et sait captiver crescendo l’attention du lecteur dans son épopée galactique. Je n’aime pas trop les illustrations (dessin et couleurs) réalistes de Démarez sur les premiers tomes mais ça s’améliore par la suite, ça devient même plutôt bon à mes yeux sans vraiment réellement savoir ce qui a changé. C’est moins fade, il y a plus de caractère. L’auteur reçoit un petit coup de main de Bajram pour certains effets SF : Photoshop j’imagine, pas d’inquiétude, rien de criard ou de mal venu, c’est parfaitement fondu dans la masse. Petit aparté sur les Chroniques de l’antiquité galactique : Comme je viens de le dire, Le dernier troyen conte les origines de la Rome galactique, alors que l’excellent Fléau des Dieux, lui relate sa chute. Entre les deux doit s’intercaler la série Imperator qui racontera la naissance de l’Orbis romain galactique. Et enfin une quatrième série La guerre des Dieux doit faire suite au Fléau et boucler la boucle car les dieux du Fléau se retrouvent après un bond dans la passé dans la peau (si je puis dire) des dieux de l’antiquité du temps de la guerre de Troie (1200 avant JC). Encore de belles lectures en perceptive dans cet univers passionnant.
Biotope
J'ai mis longtemps avant de trouver les mots pour exprimer ma surprise devant cette oeuvre d'exception. C'est la première BD que je lis où la coloriste est auteur. C'est-à-dire que la coloriste n'est pas seulement assistante du dessinateur, mais apporte la plus grande partie du sens artistique de l'oeuvre, sa sémantique esthétique. Je dirais même que la coloriste chapeaute et le dessinateur et le scénariste, les "cuisine" et réussit le plat final, dont elle a le plus grand mérite. Elle mériterait de voir son nom sur la fiche technique. Si vous avez l'occasion de l'avoir sous forme électronique, regardez les fichiers en petites vignettes dans une seule fenêtre, c'est assez révélateur. Je recherche maintenant un écrit de Laurence Croix sur son travail sur Biotope. EXEMPLES : Page 23, vous pourrez admirer la façon dont le gris de la base contraste avec le vert de l'environnement. Bien sûr on peut dire que le dessinateur a aidé en choisissant une absence totale de plinthe, mais encore fallait-il exploiter correctement cette opportunité. Plus en détail, vous noterez que le vert des boissons locales rappelle celui de l'environnement, ce qui fait de la colorisation une connotation narrative. Continuons sur les soleils dont vous noterez qu'ils ne sont PAS colorisés en couleurs chaudes, mais au contraire reprennent un ton de vert. Cela ajoute à, ou même crée 90% de l'ambiance "serre oppressante". Accessoirement, sur les personnages il y a aussi la façon dont le noir des cheveux rejoint le noir des vêtements. En bas de cette page 23, un personnage devient vert, ce qui annonce son destin proche. Si l'on se reporte maintenant en avant dans l'histoire, à la page 04, on voit que le ton de vert des soleils n'apparait qu'en approchant de la planète, autre annonce particulièrement bien trouvée. On voit donc que la colorisation est devenue une partie indispensable de la structure narrative. Autre exemple d'intégration narrative, page 10, vous pourrez admirer comment le fond noir du flash back forme un contraste saisissant au milieu de la page, par rapport au fond gris du reste. Et comment il est annoncé subtilement dans la case précédente, par la juxtaposition des deux fonds derrière la narratrice. Page 33, j'ai apprécié le camaïeu de verts sur le peignoir, et les ocres bruns de la peau, des paupières et des lèvres, mêlés au noir mat des cheveux et des yeux, au noir des contours et des stries de sculpture africaine sur les joues, qui mettent en valeur ce personnage féminin dans cette scène de tension érotique particulièrement sobre. En somme, dans cette oeuvre c'est le dessinateur qui est souvent l'assistant de la coloriste, en fournissant un support dépouillé qui lui permet d'apporter l'essentiel du sens. Le dessin est très supérieur à ce que fait Bruno d'habitude. Dessiner un petit gros comme ça, c'est proche du génie. Un petit gros d'anthologie, on peut dire. Les autres personnages sont tout aussi stylés et "funky chic". Mais en plus, il y a une revisite du mobilier des films de SF des années 70 qui est magistrale. Pas un simple emprunt, pas un revival facile, mais une appropriation créatrice, une réinvention. Le scénario est quant à lui à la base très classique, mais aussi très équilibré, très juste, et se prête admirablement au travail esthétique dont il constitue un support solide. Sur un plan plus subtil, il apporte aussi une distanciation par rapport aux débuts de l'écologie politique : Sa naissance dans les milieux scientifiques, une tendance "profonde" proposant de sacrifier l'humain, un écoterrorisme dans les sociétés anglo-saxonnes... Ensemble, scénario et dessin montrent une intelligence historique remarquable. La page 03 avec la juxtaposition des Boney M et d'un intérieur de Cosmos 1999 est d'une insolence inouïe. Bon, en plus, le petit mérite de présenter des noirs comme héros. Je ne suis pas fan de la discrimination positive, mais c'est assez rare en BD pour être signalé, et ici c'est vraiment bien trouvé. Ca fait vraiment partie des "beaux livres" à acheter.
Siegfried
Superbe tome d'ouverture pour ce triptyque. Graphiquement c'est époustouflant. Cela demande une lecture posée tant certaines cases regorgent de détails. L'histoire est rondement menée, elle est assez classique mais son traitement en fait une BD très agréable à lire. J'attendrai donc avec impatience la suite de cette série. L'essai reste à transformer sur la suite...
300
Encore une fois comme pour Sin City, une fois n’est pas coutume, c’est l’adaptation cinématographique qui m’a poussé à lire "300", et grand bien m’en a pris. L’histoire dépeint la bataille des Thermopyles menée par le roi de Sparte, Léonidas, accompagné de ses 300 soldats contre l’envahisseur Perse. Miller réécrit l’Histoire avec un grand H, en prenant certaines libertés et en y apportant une dimension fantastique et théâtrale. Là où le récit est le plus fort, et où l’auteur est talentueux, c’est dans sa manière de retranscrire et de faire passer l’émotion et l’état d’esprit des Spartiates, inflexibles et déterminés jusqu’à la mort. Au départ on peut s’attendre à un affrontement basique bien manichéen, mais en grattant un chouya, on y découvre des thèmes, tel que le totalitarisme, la démocratie... Et contrairement à ceux qui y voient une sorte d’apologie du totalitarisme-démocratique :S face à l’axe du mal, moi, j’y vois une réflexion, voire une satire. Le dessin brut de décoffrage de Miller est superbe. Son cadrage et ses prises de vue donne le tournis, c’est renversant. Ce format à l’italienne, assez rare en comics, donne aux planches une lecture assez atypique et dépaysante, passant de gigantesques cases à de minuscules vignettes, c’est du grand art. Les couleurs de Varley, ne sont pas en reste, parfaitement en harmonie avec le dessin et l’ambiance. Sa palette de couleurs est à la fois très sombre et terne avec une très légère pointe d’exotisme. J’aime particulièrement la façon dont ressort le rouge, ça frappe l’œil mais ce n’est ni vulgaire ni criard, idem pour l’application des textures. Chapeau.
Le Piège Malais
Bon, vous ne connaissez pas encore le cynisme de Didier Conrad et sa passion pour l'Asie et pour l'Inde, en l'occurrence. Un amour de l'inde, une grande admiration pour ses moeurs, pour les coutumes, les paysages et une compassion pour son côté sordide. Un croisement entre Les Innommables et Donito (le petit pêcheur de perles) pour ceux qui connaissent. Des planches aux couleurs variées et parfois resplendissantes qui témoignent d'une grande patience. A travers cette histoire dure et glauque, il est vrai, il y a une vraie poésie qui se dégage. Conrad a arrêté de mettre ses albums en couleurs et on le regrette vraiment. On n'est pas très loin de La Mousson de Louis Bromfield et de La Cité de la joie de Dominique Lapierre. Une chronique au vitriol des bas-fond indiens et d'un étranger qui s'y perd, une malédiction qui s'abat sur les propriétaires d'une étrange statuette. Une oeuvre qui a confirmé ma passion pour ce pays.
Le Pont
Cet album aurait pu s'appeler "Confluences". Confluences parce que c'est l'histoire de deux destins qui se rencontrent. Salpatrès, un peu savant fou, passionné, avec Léda, solaire, mystérieuse, insaisissable, diaphane. Confluences parce que le titre évoque un lieu où l'on se croise, où l'on s'arrête parfois pour regarder autour de soi. Un lieu qui joue un rôle particulier dans l'histoire (on s'en serait douté, sinon l'auteur l'aurait titrée "pas le pont"). C'est un lieu qui forme une boucle, curieusement, mais je ne peux en dire plus, il faut lire l'album pour comprendre. Confluences parce que le style graphique de Christian Durieux est aux confins de celui d'autres auteurs connus : Leo, Bonhomme, Andreas, Blutch... des auteurs dont j'apprécie le style, et dont la parenté me fait aimer celui de Durieux, que je découvre à l'occasion de cet album. Certaines planches ont une qualité presque hypnotique, le regard très particulier de Salpatrès n'y étant probablement pas étranger. Confluences enfin parce que c'est la rencontre d'un auteur méconnu et d'un éditeur qui trace un sillon très particulier, mais remarquable, dans la BD contemporaine. "Le Pont" comporte des éléments de fantastique, ainsi qu'une romance dévorante, brûlante, mais c'est avant tout un formidable voyage vers des contrées inconnues, autant que vers la folie et l'oubli.
Love letter / Poppoya (Le Cheminot)
J’ai trouvé ce manga aussi émouvant que les meilleurs Taniguchi, ce qui n’est pas peu dire. Certes c’est un peu plus larmoyant (comme le dit ThePatrick ci-dessous) et un peu plus typé manga (bonjour les têtes déformées et autres gouttes de sueur sur le front), mais au final mon plaisir de lecture a été aussi grand. Les deux histoires sont biens, mais j’ai une préférence pour la 1ere, celle du cheminot, que j’ai trouvée touchante, triste, joyeuse, poétique, drôle (que de qualificatifs contradictoires), j’en avais le cœur serré après lecture (toujours un bon signe). La vie de ce cheminot qui sacrifie sa famille pour son travail, sans vraiment réaliser ce qu’il fait, est tout simplement poignante. Et la fin est tellement belle, tellement poétique et optimiste. La 2eme histoire, « Love letter », est un peu plus bancale, mais finalement très belle aussi. Le dessin est magnifique, lui aussi assez proche de ce que fait Taniguchi, mais peut-être encore plus fin et détaillé. Et pour couronner le tout, le bouquin lui-même est très chouette. C’est certes un petit format, mais la couverture sous liseuse est très belle, les quelques premières pages de chaque histoire sont en couleurs, et une biographie des auteurs est incluse ! Vraiment mon coup de coeur du moment.
Quartier lointain
Alors là, pas de doute, si vous voulez vous mettre aux mangas, Quartier Lointain est la BD qu’il vous faut! C’est d’une sensibilité sans pareil. Le mélange d’ « intrigue » (pourquoi le père décide de partir ?) et de vie quotidienne m’a vraiment tenu en haleine du début jusqu’à la fin. Revivre son enfance avec une conscience d’adulte, c’est une trouvaille. J’ai souvent interrompu ma lecture pour rêver, et me demander ce que je pourrais faire différemment si je pouvais moi-même revivre mon enfance. Une BD pour rêveurs ? En tout cas pas une BD pour les fans d’action, vous voilà prévenus ! Le dénouement est très bien, sans être renversant. J’ai quand même le sentiment qu’en partant de la même idée, il y aurait moyen d’écrire un scénario encore plus délirant ! Mais ne nous plaignons pas, c’est déjà très sympa, et puis faire compliqué n’était visiblement pas le but de l’auteur. Voilà, des raisons pour NE PAS lire cette BD, il n’y en a pas vraiment. Je vous conseille Quartier Lointain, même si vous êtes allergique aux mangas. A part quelques traces de naïveté propre aux œuvres japonaises (les mauvaises langues diront niaiserie), et les désormais classiques bruitages rigolos (genre "splich sploch" quand le héros se lave les mains), on a plus affaire à une œuvre « à l’européenne », prouvant, si besoin en est, que les Japonais ont une culture BD bien à eux, et qu’ils peuvent en être fiers !