Difficile à trouver cet album, mais quand on l'a... difficile à lâcher, parce qu'un poil court.
On peut aimer ou détester le côté peut-être un peu moralisateur en imaginant que le scénariste se cache derrière le thème du voyage temporel... mais bon !
Trouvailles et trait soigné sont à tous les étages, j'ai rencontré le dessinateur, il a promis un Tome 2 (suite et fin) à la hauteur... j'attends !
Une mouflette pour héroïne, des couleurs façon « bocal de friandises », un petit coeur ponctuant l‘exclamation du titre et un prix jeunesse décroché à Angoulême 2005 : Euh, faudrait voir à pas trop m’la faire. Cette bande dessinée, c’est carrément pour les kids à l’esprit fleur bleue ! Et vous cherchez quoi, bande de comploteurs, avec ces avis tout pleins de louanges ? À me forcer la main les yeux ?!… Mille mercis, je vous aime tous ! Lou ! est une gourmandise. Et sa portée est à des lieues du rose bonbon. J’adore !
Les personnages sont ultra attachants. J’ai de la tendresse pour cette maman infantile qui inverse le rapport filial. La complicité avec sa fille est telle, qu’on la voit plus comme une grande sœur. Et si elle se réfugie souvent derrière sa console de jeu pour s’évader du quotidien, on devine derrière ce comportement immature, la jeune mère qui s’est consacrée corps et âme. Maintenant que Lou s’émancipe, elle revit une fin d’adolescence que la vie a un peu tronquée. Comment lui en vouloir ?
La mamie est également touchante. Gavant ses benjamines de remarques acerbes, de critiques agaçantes, d’histoires de varices, et de choux de Bruxelles, elle cache derrière une dureté et une autorité de façade, cette énorme tendresse qu’elle ne peut ou n’ose exprimer que par petites « vacheries ». Peut-être un défaut de sa génération, de l’héritage d’un passé, d’un temps où il était de meilleur ton de refréner tout épanchement sentimental. J’espère que les prochains tomes donneront l’occasion d’en apprendre un peu plus sur son histoire.
Et Lou, enfin. Charmante petite blondinette, rayon de soleil, qui, du haut de ses 12 ans, n’est pas tellement différente des fillettes de son âge. Sans être fashion victime, elle aime les fringues (qu’elle confectionne elle-même), elle est accroc au portable, elle supporte plus qu’elle aime l’école et s’éveille doucement aux sentiments amoureux. Timide, intelligente et rêveuse, elle n’en a pas moins les pieds sur terre quand il s’agit, entre autres, de trouver avec l’aide de sa meilleure amie Mina, un prince charmant pour sa maman. Cette adorable frimousse nous dévoile son univers.
Autour de ce trio, gravite une galerie croustillante. Les copines, les petits copains, le voisin d’en face, le papa fugueur, la concierge et bien d’autres encore. Julien Neel, de son coup de crayon à la fois doux, expressif et résolument moderne, nous croque leurs quotidiens en un régal de planches aux nuances pastel. Une ribambelle de saynètes qui, loin de viser un ton exclusivement humoristique, varient les chutes et les émotions, nous abandonnant, c’est selon, rigolard, réfléchi, ému, rêveur, philosophe, mélancolique ou poète.
Cette structure narrative de type « un gag par page » (qui acquiert plus de flexibilité et de fluidité dans les opus 2 et 3) peut, dans sa forme la plus stricte, aboutir à un ensemble sans liant, plus ou moins incohérent. Ici, c’est tout le contraire. Au-delà de la succession de scènes, c’est bien un délicieux récit continu que l’on suit. Mieux, on assiste à l’évolution des protagonistes, ils vieillissent et grandissent. Devant nos mirettes complices et privilégiées, c’est leurs vies qui se construisent.
Cette série m’a littéralement avalé ! L’onirisme subtilement édulcoré qui s’en dégage m’a déconnecté de la réalité. Par cet aspect, elle me fait beaucoup penser à Koma. Une merveille !
Quatre étoiles et demie en attendant la suite…
Un régal, ce premier tome pose bien les bases de la série, ça va vite (presque trop, j'aurais aimé que certains points soient plus développés, mais il reste 2 tomes).
Les précepts mis en place dans le scénario sont bien vus et permettent de développer un univers on ne peut plus ouvert pour la suite de l'histoire.
Le premier tome fraichement lu, j'ai déjà hâte de lire la suite.
Le dessin est bon, classique pour ce type de productions mais efficace, et c'est bien ce qu'on lui demande.
Je ne vois pas vraiment de défauts si ce n'est un scénario très dense, ne perdant pas de temps sur certains détails.
Il sent bon ce triptyque. :-)
26/10/2010 : pas lu les tomes suivants, en attendant je baisse à 3/5 et je retire l'achat conseillé en raison du rajout d'un 4ème tome qui m'a fait revendre mon 1er tome. J'attendrai un éventuel emprunt.
Comme l'aviseur précédent, j'ai découvert "Travis Karmatronics" avec le tome huit de la série. J'avais été un peu refroidi par Carmen+Travis - les Récits, que je n'avais vraiment pas aimé, mais pour le coup je me trompais lourdement.
J'adore le ton de cette série. Le monde virtuel est un modèle de créativité. En plus, Pacman, comme on pourrait s'en douter, est un de mes personnages de bd favori. Et là, dans la toile, on le sent, comment dire... libre.
Bon, le problème, c'est que j'apprends par ailleurs qu'il n'y aura certainement pas de suite. Ca laisse tout de même un petit goût d'inachevé...
Vraiment dommage.
Rah, j'adore ce que faisait Claire Brétécher dans les années 60-70 ! On ne voit plus de nos jours de BDs humoristiques d'un tel mordant. Sans compter que la satyre de la religion semble être un sujet tabou en BD : il suffit de voir le thème "spiritualité et religion" de ce merveilleux site pour s'en convaincre... Claire Brétécher éssuiera d'ailleurs de fortes désapprobations du lectorat du "nouvel oservateur" où sont parues certaines de ces planches.
S'inspirant de faits réels de la vie de Thérèse d'Avila (son amitié avec Jean de la Croix, sa passion pour la vie des martyrs quand elle était petite, sa santé précaire, sa boulimie d'écriture, son côté "batisseuse de couvents"), Brétécher nous prouve qu'en fait la Sainte était sans doute une femme (très) libérée, féministe avant l'heure, dotée d'un sens aigü des affaires... Un portrait de femme attachant, décalé et hilarant, plein de sous-entendus sexuels qui devaient faire rougir les lecteurs de "Pilote" qui lisaient le début de ses aventures au côté de celles d'Astérix et Valérian à l'époque !
Pour beaucoup de gens, les BDs de Claire Brétécher de cette période (je pense notamment aux Frustrés) sont très datées. Pourtant, je trouve qu'elles n'ont rien perdu de leur actualité, et même s'il est moins "à la mode" de traiter de ces thèmes, ils n'en perdent pas leur acuité pour autant. En tous cas, "la vie passionnée de Thérèse d'Avila" trouve un écho chez moi, et me fait littéralement mourir de rire (sauf la dernière histoire de l'album, beaucoup moins drôle).
Lorsque que le neuvième art mélange Histoire et fiction, il est patent que l'impact est juste et puissant. La division des événements historiques par le biais des cases permet de s'attarder sur des parcelles de vie, ancrées dans une réalité vécue. A jamais, la bande dessinée nous fait preuve de son efficience lorsqu'elle devient un moyen pour une fin historique. Elle est mémoire, elle devient peu à peu une nouvelle arme contre l'ineffable de l'Histoire.
Sera, qui signe ici la fin d'un cycle sur la dictature des Khmers Rouges au Cambodge, s'installe avec ferveur et raison au niveau du panthéon des témoins de l'Histoire par le crayon, avec autant de puissance qu'un Art Spiegelman. Ce livre de 120 planches est une merveille de l'art séquentiel, Sera nous plonge par l'intensité d'une narration frivole et multi langues dans les décombres d'un pays bouleversé. Il parcourt avec brio les degrés de l'âme humaine, de ces hommes et de ces femmes, qui représentent une humanité meurtrie, désenchantée et écorchée. La narration se mêle avec le documentaire, le dessinateur s'insère avec omniprésence dans son récit, comme pour s'allier avec ses personnages, comme pour nous prouver qu'il prouve.
Les personnages, chez Sera, sont des reflets de tous les hommes, de nous tous qui devons comprendre et ne pas oublier que l'homme est capable du pire. Les personnages nous fixent du regard, ils sont multiples, mais jamais anonymes car centrés dans l'image. Ils nous prennent comme témoins, comme porteurs d'une mémoire qui ne doit jamais disparaître. On les sent vivre. Là est l'art de Sera, les personnages transcendent la feuille de papier, ils sont opaques, on sent une existence et une vie, ils semblent réels.
C'est pourquoi, incontestablement, ce livre est bouleversant. On ressent l'horreur et la puanteur de la terre, on entend les sons, le vent silencieux, le cliquetis des armes. Lendemains de cendres est une synesthésie, une prouesse de la bande dessinée.
Chaque case est un délice visuel, les techniques se mélangent et s'épousent.
Essentielle et singulière, cette oeuvre incontournable de Sera est un cri de renaissance pour un neuvième art, trop souvent en manque de perfection.
J'aime beaucoup cette série qui était innovatrice pour l'époque. C'est rempli de personnages minables, de sang, de sexe, de drogue... J'adore ! Yann et Conrad font exploser les tabous dans cette bd hilarante qui tire sur tout ce qui bouge. Je vous conseille surtout les 5 albums qui composent la saga en Chine.
La psychologie des personnages est bien emmenée. On voit tout de suite que les personnages sont sans scrupules et feront tous pour arriver à leurs fins. Le scénario est composé d'histoires qui se croisent et se décroisent au rythme des albums.
Le dessin de Conrad, excellent au début, rend bien l'atmosphère que veut mettre Yann dans la série.
C'est de la bonne BD, ça ma bonne dame !
Prenez un bon écrivain, qui a fait ses preuves, comme Tonino Benacquista, apôtre de l'humour noir. Rajoutez une jeune dessinatrice pleine de culot et avec un gros talent. Faites-les se rencontrer, ou du moins leurs talents respectifs, ça donnera une BD vraiment très sympa.
Les histoires de Benacquista (curieusement non crédité dans l'album, sauf tout à la fin, ce qui risque de passer inaperçu pour bien des lecteurs) sont très intéressantes, bien écrites, et assez variées.
Gabrielle Piquet, dont c'est le premier album, est très influencée par Sempé et Peeters. Ca se voit dans son trait, très "nouvelle bd" sans toutefois tomber dans certains travers. Elle maîtrise son style, qui est plutôt agréable, notamment sur les scènes de foule, où elle m'a surpris. C'est un très bon premier album, dont la maquette a été soignée par Futuropolis.
Une dessinatrice dont on reparlera, un bon 3,5/5 pour commencer.
Le titre de cet album aurait pu être Renaissance, tant il redéfinit en profondeur l'homme d'acier rouge et or.
Oubliez ce que vous avez pu lire sur ce personnage et plongez dans cette passionnante histoire qu'offre Extremis. Warren Ellis démontre une fois de plus qu'il est un scénariste avec qui il faut compter. A mes yeux, son Iron Man explose littéralement tous ceux qui ont été écrits précédemment. Ellis réinvente totalement le personnage, sous sa plume, les points forts de la série sont transcendés, les valeurs bonnes ou mauvaises du personnages sont utilisées de la meilleure des façon. Les lourdeurs, les éléments inutiles ont disparus.
Comme si Warren Ellis avait tiré la substantifique moelle du personnage afin d'en reconstruire un squelette parfait, avant de le recouvrir d'une chair impressionnante de vivacité, puis d'une armure d'or à l'éclat incomparable. En plus de nous offrir ce magnifique personnage, ce nouveau Tony Stark, Ellis le fait évoluer dans une histoire à l'excellent scénario, à l'intensité dramatique forte. Tout cela bien sur sans oublier de nous gratifier d'une bonne dose de causticité.
Ultime cadeau du scénariste, la réécriture des origines du personnage, simplement une transposition contemporaine et épurée de ce qui avait déja été écrit. Si ce passage de quelques pages n'est pas le climax scénaristique que l'on était en droit d'attendre, c'est néanmoins inséré dans l'histoire principale avec beaucoup de cohérence, et cela comblera de joie les nouveaux lecteurs. Et puis c'est l'occasion de revoir l'armure grise des débuts dessinée par Adi Granov.
Adi Granov est un dessinateur exceptionnel, son style est extraordinairement soigné, et si l'on peut reprocher aux dessins un aspect un peu statique, on ne peut en revanche qu'admirer la beauté des illustrations. A croire qu'Adi Granov est né pour dessiner Iron Man...
J'ai adoré cette lecture, j'aimais bien Iron Man, mais sans plus. Ce livre me l'a fait redécouvrir sous un autre angle. Si je ne devais conseiller qu'un album aux lecteurs interessés par ce héros ambigu, ce serait Extremis.
Cet Iron Man est définitif, à la fin, une fois l'histoire bouclée, tout est dit. Pas de suite à attendre, pas de détails non révélés, l'histoire est riche, aboutie, absolue.
Iconique aujourd'hui, culte demain. Incontournable.
JJJ
Qu'il est triste de voir un tel monument si mal noté... Certes, il s'agit d'une BD assez spéciale, mais cela vaut vraiment le coup de s'y attarder.
Déjà, il y a le dessin. Bon, tout le monde n'a peut-être pas eu comme moi son premier coup de coeur graphique en lisant "kidnapping en teletrans" dans son enfance, mais comment résister au charme du trait de Chaland, limpide et élégant, avec un jeu de pleins et de déliés si élaborés. Ce n'est pas a priori mon style de dessin préféré, et pourtant je tombe sous le charme à chaque fois que je pose les yeux dessus.
Et, surtout, il y a le fond de la BD, qui est d'une incroyable richesse. Le jeune Albert en lui-même, tout d'abord, est un personnage tout à fait fascinant, cynique, égoïste, haïssable mais en même temps vraiment attachant. Et puis il y a le monde dans lequel il évolue, un monde imaginaire qui tient beaucoup bien sûr de la Belgique pendant la deuxième guerre mondiale, mais qui contient en fait de fines allusions à la guerre contre les asiatiques du "secret de l'espadon", de Blake et Mortimer. Ce monde est plein de références, de mises en abîme. Ce procédé est parfois frustrant : j'ai eu par moments l'impression qu'il me manquait des billes pour comprendre toute la portée d'un gag, notamment quand on sent qu'ils parlent de l'histoire de la Belgique ; mais ils m'ont fait réfléchir, surtout dans le contexte actuel.
Surtout, il ne faut pas aborder cette BD en se disant qu'on va rire aux éclats. Non, on va rire jaune, et ressentir un mélange complexe de tendresse, de cynisme, de nostalgie. Et, une fois le livre refermé, on gardera une empreinte durable de ces sentiments, et on sera pris d'une envie de décortiquer l'album et d'y réfléchir longuement.
En guise de conclusion, je dirais qu'après en avoir entendu parler pendant des années, j'ai donc fini par lire "le jeune Albert" sur la tard. Je ne le regrette pas. J'ai vraiment eu l'impression de lire une oeuvre marquante, riche et passionnante, un des chef-d'oeuvres de la BD.
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La IIe Rédemption
Difficile à trouver cet album, mais quand on l'a... difficile à lâcher, parce qu'un poil court. On peut aimer ou détester le côté peut-être un peu moralisateur en imaginant que le scénariste se cache derrière le thème du voyage temporel... mais bon ! Trouvailles et trait soigné sont à tous les étages, j'ai rencontré le dessinateur, il a promis un Tome 2 (suite et fin) à la hauteur... j'attends !
Lou !
Une mouflette pour héroïne, des couleurs façon « bocal de friandises », un petit coeur ponctuant l‘exclamation du titre et un prix jeunesse décroché à Angoulême 2005 : Euh, faudrait voir à pas trop m’la faire. Cette bande dessinée, c’est carrément pour les kids à l’esprit fleur bleue ! Et vous cherchez quoi, bande de comploteurs, avec ces avis tout pleins de louanges ? À me forcer
la mainles yeux ?!… Mille mercis, je vous aime tous ! Lou ! est une gourmandise. Et sa portée est à des lieues du rose bonbon. J’adore ! Les personnages sont ultra attachants. J’ai de la tendresse pour cette maman infantile qui inverse le rapport filial. La complicité avec sa fille est telle, qu’on la voit plus comme une grande sœur. Et si elle se réfugie souvent derrière sa console de jeu pour s’évader du quotidien, on devine derrière ce comportement immature, la jeune mère qui s’est consacrée corps et âme. Maintenant que Lou s’émancipe, elle revit une fin d’adolescence que la vie a un peu tronquée. Comment lui en vouloir ? La mamie est également touchante. Gavant ses benjamines de remarques acerbes, de critiques agaçantes, d’histoires de varices, et de choux de Bruxelles, elle cache derrière une dureté et une autorité de façade, cette énorme tendresse qu’elle ne peut ou n’ose exprimer que par petites « vacheries ». Peut-être un défaut de sa génération, de l’héritage d’un passé, d’un temps où il était de meilleur ton de refréner tout épanchement sentimental. J’espère que les prochains tomes donneront l’occasion d’en apprendre un peu plus sur son histoire. Et Lou, enfin. Charmante petite blondinette, rayon de soleil, qui, du haut de ses 12 ans, n’est pas tellement différente des fillettes de son âge. Sans être fashion victime, elle aime les fringues (qu’elle confectionne elle-même), elle est accroc au portable, elle supporte plus qu’elle aime l’école et s’éveille doucement aux sentiments amoureux. Timide, intelligente et rêveuse, elle n’en a pas moins les pieds sur terre quand il s’agit, entre autres, de trouver avec l’aide de sa meilleure amie Mina, un prince charmant pour sa maman. Cette adorable frimousse nous dévoile son univers. Autour de ce trio, gravite une galerie croustillante. Les copines, les petits copains, le voisin d’en face, le papa fugueur, la concierge et bien d’autres encore. Julien Neel, de son coup de crayon à la fois doux, expressif et résolument moderne, nous croque leurs quotidiens en un régal de planches aux nuances pastel. Une ribambelle de saynètes qui, loin de viser un ton exclusivement humoristique, varient les chutes et les émotions, nous abandonnant, c’est selon, rigolard, réfléchi, ému, rêveur, philosophe, mélancolique ou poète. Cette structure narrative de type « un gag par page » (qui acquiert plus de flexibilité et de fluidité dans les opus 2 et 3) peut, dans sa forme la plus stricte, aboutir à un ensemble sans liant, plus ou moins incohérent. Ici, c’est tout le contraire. Au-delà de la succession de scènes, c’est bien un délicieux récit continu que l’on suit. Mieux, on assiste à l’évolution des protagonistes, ils vieillissent et grandissent. Devant nos mirettes complices et privilégiées, c’est leurs vies qui se construisent. Cette série m’a littéralement avalé ! L’onirisme subtilement édulcoré qui s’en dégage m’a déconnecté de la réalité. Par cet aspect, elle me fait beaucoup penser à Koma. Une merveille ! Quatre étoiles et demie en attendant la suite…Le Grand Jeu
Un régal, ce premier tome pose bien les bases de la série, ça va vite (presque trop, j'aurais aimé que certains points soient plus développés, mais il reste 2 tomes). Les précepts mis en place dans le scénario sont bien vus et permettent de développer un univers on ne peut plus ouvert pour la suite de l'histoire. Le premier tome fraichement lu, j'ai déjà hâte de lire la suite. Le dessin est bon, classique pour ce type de productions mais efficace, et c'est bien ce qu'on lui demande. Je ne vois pas vraiment de défauts si ce n'est un scénario très dense, ne perdant pas de temps sur certains détails. Il sent bon ce triptyque. :-) 26/10/2010 : pas lu les tomes suivants, en attendant je baisse à 3/5 et je retire l'achat conseillé en raison du rajout d'un 4ème tome qui m'a fait revendre mon 1er tome. J'attendrai un éventuel emprunt.
Travis Karmatronics
Comme l'aviseur précédent, j'ai découvert "Travis Karmatronics" avec le tome huit de la série. J'avais été un peu refroidi par Carmen+Travis - les Récits, que je n'avais vraiment pas aimé, mais pour le coup je me trompais lourdement. J'adore le ton de cette série. Le monde virtuel est un modèle de créativité. En plus, Pacman, comme on pourrait s'en douter, est un de mes personnages de bd favori. Et là, dans la toile, on le sent, comment dire... libre. Bon, le problème, c'est que j'apprends par ailleurs qu'il n'y aura certainement pas de suite. Ca laisse tout de même un petit goût d'inachevé... Vraiment dommage.
La vie passionnée de Thérèse d'Avila
Rah, j'adore ce que faisait Claire Brétécher dans les années 60-70 ! On ne voit plus de nos jours de BDs humoristiques d'un tel mordant. Sans compter que la satyre de la religion semble être un sujet tabou en BD : il suffit de voir le thème "spiritualité et religion" de ce merveilleux site pour s'en convaincre... Claire Brétécher éssuiera d'ailleurs de fortes désapprobations du lectorat du "nouvel oservateur" où sont parues certaines de ces planches. S'inspirant de faits réels de la vie de Thérèse d'Avila (son amitié avec Jean de la Croix, sa passion pour la vie des martyrs quand elle était petite, sa santé précaire, sa boulimie d'écriture, son côté "batisseuse de couvents"), Brétécher nous prouve qu'en fait la Sainte était sans doute une femme (très) libérée, féministe avant l'heure, dotée d'un sens aigü des affaires... Un portrait de femme attachant, décalé et hilarant, plein de sous-entendus sexuels qui devaient faire rougir les lecteurs de "Pilote" qui lisaient le début de ses aventures au côté de celles d'Astérix et Valérian à l'époque ! Pour beaucoup de gens, les BDs de Claire Brétécher de cette période (je pense notamment aux Frustrés) sont très datées. Pourtant, je trouve qu'elles n'ont rien perdu de leur actualité, et même s'il est moins "à la mode" de traiter de ces thèmes, ils n'en perdent pas leur acuité pour autant. En tous cas, "la vie passionnée de Thérèse d'Avila" trouve un écho chez moi, et me fait littéralement mourir de rire (sauf la dernière histoire de l'album, beaucoup moins drôle).
Lendemains de cendres
Lorsque que le neuvième art mélange Histoire et fiction, il est patent que l'impact est juste et puissant. La division des événements historiques par le biais des cases permet de s'attarder sur des parcelles de vie, ancrées dans une réalité vécue. A jamais, la bande dessinée nous fait preuve de son efficience lorsqu'elle devient un moyen pour une fin historique. Elle est mémoire, elle devient peu à peu une nouvelle arme contre l'ineffable de l'Histoire. Sera, qui signe ici la fin d'un cycle sur la dictature des Khmers Rouges au Cambodge, s'installe avec ferveur et raison au niveau du panthéon des témoins de l'Histoire par le crayon, avec autant de puissance qu'un Art Spiegelman. Ce livre de 120 planches est une merveille de l'art séquentiel, Sera nous plonge par l'intensité d'une narration frivole et multi langues dans les décombres d'un pays bouleversé. Il parcourt avec brio les degrés de l'âme humaine, de ces hommes et de ces femmes, qui représentent une humanité meurtrie, désenchantée et écorchée. La narration se mêle avec le documentaire, le dessinateur s'insère avec omniprésence dans son récit, comme pour s'allier avec ses personnages, comme pour nous prouver qu'il prouve. Les personnages, chez Sera, sont des reflets de tous les hommes, de nous tous qui devons comprendre et ne pas oublier que l'homme est capable du pire. Les personnages nous fixent du regard, ils sont multiples, mais jamais anonymes car centrés dans l'image. Ils nous prennent comme témoins, comme porteurs d'une mémoire qui ne doit jamais disparaître. On les sent vivre. Là est l'art de Sera, les personnages transcendent la feuille de papier, ils sont opaques, on sent une existence et une vie, ils semblent réels. C'est pourquoi, incontestablement, ce livre est bouleversant. On ressent l'horreur et la puanteur de la terre, on entend les sons, le vent silencieux, le cliquetis des armes. Lendemains de cendres est une synesthésie, une prouesse de la bande dessinée. Chaque case est un délice visuel, les techniques se mélangent et s'épousent. Essentielle et singulière, cette oeuvre incontournable de Sera est un cri de renaissance pour un neuvième art, trop souvent en manque de perfection.
Les Innommables
J'aime beaucoup cette série qui était innovatrice pour l'époque. C'est rempli de personnages minables, de sang, de sexe, de drogue... J'adore ! Yann et Conrad font exploser les tabous dans cette bd hilarante qui tire sur tout ce qui bouge. Je vous conseille surtout les 5 albums qui composent la saga en Chine. La psychologie des personnages est bien emmenée. On voit tout de suite que les personnages sont sans scrupules et feront tous pour arriver à leurs fins. Le scénario est composé d'histoires qui se croisent et se décroisent au rythme des albums. Le dessin de Conrad, excellent au début, rend bien l'atmosphère que veut mettre Yann dans la série.
Trois fois un
C'est de la bonne BD, ça ma bonne dame ! Prenez un bon écrivain, qui a fait ses preuves, comme Tonino Benacquista, apôtre de l'humour noir. Rajoutez une jeune dessinatrice pleine de culot et avec un gros talent. Faites-les se rencontrer, ou du moins leurs talents respectifs, ça donnera une BD vraiment très sympa. Les histoires de Benacquista (curieusement non crédité dans l'album, sauf tout à la fin, ce qui risque de passer inaperçu pour bien des lecteurs) sont très intéressantes, bien écrites, et assez variées. Gabrielle Piquet, dont c'est le premier album, est très influencée par Sempé et Peeters. Ca se voit dans son trait, très "nouvelle bd" sans toutefois tomber dans certains travers. Elle maîtrise son style, qui est plutôt agréable, notamment sur les scènes de foule, où elle m'a surpris. C'est un très bon premier album, dont la maquette a été soignée par Futuropolis. Une dessinatrice dont on reparlera, un bon 3,5/5 pour commencer.
Iron Man - Extremis
Le titre de cet album aurait pu être Renaissance, tant il redéfinit en profondeur l'homme d'acier rouge et or. Oubliez ce que vous avez pu lire sur ce personnage et plongez dans cette passionnante histoire qu'offre Extremis. Warren Ellis démontre une fois de plus qu'il est un scénariste avec qui il faut compter. A mes yeux, son Iron Man explose littéralement tous ceux qui ont été écrits précédemment. Ellis réinvente totalement le personnage, sous sa plume, les points forts de la série sont transcendés, les valeurs bonnes ou mauvaises du personnages sont utilisées de la meilleure des façon. Les lourdeurs, les éléments inutiles ont disparus. Comme si Warren Ellis avait tiré la substantifique moelle du personnage afin d'en reconstruire un squelette parfait, avant de le recouvrir d'une chair impressionnante de vivacité, puis d'une armure d'or à l'éclat incomparable. En plus de nous offrir ce magnifique personnage, ce nouveau Tony Stark, Ellis le fait évoluer dans une histoire à l'excellent scénario, à l'intensité dramatique forte. Tout cela bien sur sans oublier de nous gratifier d'une bonne dose de causticité. Ultime cadeau du scénariste, la réécriture des origines du personnage, simplement une transposition contemporaine et épurée de ce qui avait déja été écrit. Si ce passage de quelques pages n'est pas le climax scénaristique que l'on était en droit d'attendre, c'est néanmoins inséré dans l'histoire principale avec beaucoup de cohérence, et cela comblera de joie les nouveaux lecteurs. Et puis c'est l'occasion de revoir l'armure grise des débuts dessinée par Adi Granov. Adi Granov est un dessinateur exceptionnel, son style est extraordinairement soigné, et si l'on peut reprocher aux dessins un aspect un peu statique, on ne peut en revanche qu'admirer la beauté des illustrations. A croire qu'Adi Granov est né pour dessiner Iron Man... J'ai adoré cette lecture, j'aimais bien Iron Man, mais sans plus. Ce livre me l'a fait redécouvrir sous un autre angle. Si je ne devais conseiller qu'un album aux lecteurs interessés par ce héros ambigu, ce serait Extremis. Cet Iron Man est définitif, à la fin, une fois l'histoire bouclée, tout est dit. Pas de suite à attendre, pas de détails non révélés, l'histoire est riche, aboutie, absolue. Iconique aujourd'hui, culte demain. Incontournable. JJJ
Le Jeune Albert
Qu'il est triste de voir un tel monument si mal noté... Certes, il s'agit d'une BD assez spéciale, mais cela vaut vraiment le coup de s'y attarder. Déjà, il y a le dessin. Bon, tout le monde n'a peut-être pas eu comme moi son premier coup de coeur graphique en lisant "kidnapping en teletrans" dans son enfance, mais comment résister au charme du trait de Chaland, limpide et élégant, avec un jeu de pleins et de déliés si élaborés. Ce n'est pas a priori mon style de dessin préféré, et pourtant je tombe sous le charme à chaque fois que je pose les yeux dessus. Et, surtout, il y a le fond de la BD, qui est d'une incroyable richesse. Le jeune Albert en lui-même, tout d'abord, est un personnage tout à fait fascinant, cynique, égoïste, haïssable mais en même temps vraiment attachant. Et puis il y a le monde dans lequel il évolue, un monde imaginaire qui tient beaucoup bien sûr de la Belgique pendant la deuxième guerre mondiale, mais qui contient en fait de fines allusions à la guerre contre les asiatiques du "secret de l'espadon", de Blake et Mortimer. Ce monde est plein de références, de mises en abîme. Ce procédé est parfois frustrant : j'ai eu par moments l'impression qu'il me manquait des billes pour comprendre toute la portée d'un gag, notamment quand on sent qu'ils parlent de l'histoire de la Belgique ; mais ils m'ont fait réfléchir, surtout dans le contexte actuel. Surtout, il ne faut pas aborder cette BD en se disant qu'on va rire aux éclats. Non, on va rire jaune, et ressentir un mélange complexe de tendresse, de cynisme, de nostalgie. Et, une fois le livre refermé, on gardera une empreinte durable de ces sentiments, et on sera pris d'une envie de décortiquer l'album et d'y réfléchir longuement. En guise de conclusion, je dirais qu'après en avoir entendu parler pendant des années, j'ai donc fini par lire "le jeune Albert" sur la tard. Je ne le regrette pas. J'ai vraiment eu l'impression de lire une oeuvre marquante, riche et passionnante, un des chef-d'oeuvres de la BD.