Alors là, sincèrement, je me suis déjà posé pas mal de questions.
Petit historique d'abord :
Cette série a été prépubliée dans l'hebdo "Coq Hardi" de 1946 à 1948. On retrouve la première histoire publiée dans "Samedi-Jeunesse" dans le n° 18 de 1959.
A la tête de cette série : Marijac et Liquois, deux "très grands" de la BD française des années 30 à 50.
Le problème ?... pour autant qu'il y en ait un :
C'est le parallélisme flagrant entre cette série et (l'immense) Blake et Mortimer.
Le postulat ?...
Pour ainsi dire le même : ici, les Japonais (et les Martiens) partent ensemble à la conquête de la Terre. Les deux premiers albums EGALEMENT de Blake et Mortimer (Le secret de l'espadon) traitent de la même chose : une grande nation d'Orient veut SA suprématie sur terre.
La création :
Cette "Guerre à la Terre" et Blake et Mortimer paraissent quasi ensemble la même année : en 1946 (Le secret de l'espadon le 26 Septembre 1946 dans l'hebdo Tintin).
Le scénario :
Je ne dis pas qu'il est commun, mais chacune de ces histoire relate une troisième guerre mondiale avec des Jaunes qui veulent devenir maîtres de la planète.
Les héros ?...
Un "soldat" et un professeur anglais pour Blake et Mortimer ; un capitaine français pour ce "Guerre à la Terre".
Les albums ?...
Une longue histoire traitée en chacun deux volumes.
Les "méchants" ?...
Vous remplacez les Martiens par Olrik, le pire ennemi de Blake et Mortimer, et vous obtenez une réelle dualité dans les scénarios et développements des histoires.
Les auteurs ?...
Une véritable "pointure" pour Blake et Mortimer : Edgar-Pierre Jacobs.
Deux grosses pointures également pour "Guerre à la Terre" : Marijac et Auguste Liquois, deux incontournables des années 30 à 50.
Alors ?...
Ces auteurs se sont-ils éventuellement rencontrés un jour ?... Ont-ils éventuellement discuté à bâtons rompus de cette histoire ?... L'un ou l'autre ont-ils utilisé des éléments de discussion pour construire chacun leur histoire ?...
Je ne sais... et je pense qu'on ne le saura jamais.
"Guerre à la Terre" ?... Une vraiment curieuse série, au graphisme réaliste et vraiment expressionniste car Liquois n'avait pas son pareil pour dessiner de grands mouvements de foules.
A noter que le second opus a été dessiné par Dut qui fait montre d'un très beau trait réaliste également.
"In fine" : une vraiment bien belle série aux intrigues très bien construites, aux graphismes et à la mise en pages séduisants et qui -tout comme pour les deux premiers Blake et Mortimer- joue du fort ressentiment qu'avaient à l'époque les européens pour les "méchants jaunes".
Bon, c'est très rare à trouver. Mais si vous avez cette chance, plongez d'un vrai bon coeur dans cette "Guerre à la Terre". Elle mérite votre détour !
C'est terrible !
Oui, terrible de tomber presque par hasard sur une BD d'un excellent niveau, alors qu'elle n'est franchement pas soignée par l'éditeur. Regardez-moi cette couverture ! C'est rouge, c'est orange ? Et le bonhomme, là, il n'a pas l'air un peu coincé, quelque part ? Et puis c'est quoi cette BD de 100 pages en format souple ? Ca sort d'où ?
Et puis vous lisez l'avis de Ro, ça vous titille un peu derrière l'oreille (ou sous les aisselles, chacun son style). Vous avez l'occasion de lire l'album et là ! Gros coup de poing !
Je dois avouer que je n'ai pas forcément compris de quoi parlait la BD. Le gars est une espèce d'effaceur-exorciste-dératiseur, dont la vie est probablement menacée par des entités pas très ragoûtantes. Mais je m'en foutais de l'histoire.
Tout ce qui m'intéressait, c'est le dessin. Fantastique, un peu dans le style de Frederik Peeters, mais en plus dynamique, en plus dérangé aussi. Dérangé le style de dessin, surtout quand Hiti se met à faire des paysages cyclopéens, marmoréens, monumentaux. C'est quelque chose ces vues de cités, non ? Et ces vues en plongée, en contre-plongée (et même depuis l'intérieur d'un sac, à un moment, ça m'a soufflé !), c'est pas la classe, ça ?
Alors bien sûr, une deuxième lecture est nécessaire. On essuie sa bouche pleine de bave, et on reprend, avec les neurones cette fois-ci, en regardant moins les dessins que les étranges petits symboles qui se pressent dans les bulles... Ca devient un peu plus clair, et l'on se rend compte que cette série est très ambitieuse, plutôt complexe, et qu'elle fera bientôt partie de votre best-of personnel si elle continue comme ça.
Voici un diptyque à posséder ne serait-ce que pour le dessin et la mise en couleur de Lepage, mais le scénario n'est pas en reste.
On suit le parcours initiatique d'un jeune dignitaire ecclésiastique (pour ne pas reprendre le terme de prélat) très doué pour le dessin, dans la dureté de la jungle du Nicaragua. L'auteur lui fait vivre des aventures très mouvementées qui vont l'endurcir et l'affirmer : dénonciation, poursuite, politique, amitié, trahison, révolution, amour... Magnifique !
Du très grande Lepage sur toute la ligne avec une réalisation technique à couper le souffle. Son dessin est toujours aussi bon, voire même meilleur que sur ces précédentes réalisations, mais ici la mise en couleur à l'aquarelle prend toute son ampleur : elle donne vie à la jungle et nous emmène avec le jeune Gabriel au fin fond du Nicaragua.
Indispensable !
Après 6 tomes de cette série, le niveau a toujours été le même, c'est-à-dire excellent.
Dufaux nous offre une BD sur la Rome antique sur une base historique très bien documentée même s'il modifie quelques éléments pour servir son récit. Toute la dureté de cette époque est parfaitement rendue : luttes pour le pouvoir, complots, jeux, sexualité, tous les éléments sonnent juste. Il y a également un vrai travail sur les personnages et leur psychologie, et on est content de voir que Murena commence à prendre davantage d'importance dans le 6ème tome.
Delaby nous fait profiter de tous ses talents pour mettre en image ce scénario : visages, habits, décors, tout est de très grande qualité. La mise en couleur y est également pour beaucoup.
Pour moi, c'est une oeuvre incontournable.
Une BD.
Une grande BD...
C'est en 1941, dans le n° 6 de l'hebdo Spirou, que débute cette grande aventure graphique. Elle se termine dans le n° 52 de 1942.
Aux commandes ?.. Joseph Gillain, dit Jijé. Il a décidé de mettre en chantier ce que je considère comme une de ses oeuvres maîtresses.
"Don Bosco" ?... c'est tout simple, c'est la biographie romancée et dessinée d'un prêtre qui a passé sa vie à aider les enfants les plus démunis.
Cette première histoire paraît en noir et blanc et sera éditée -en 1944- sous forme d'un tome de 110 pages au format "à l'italienne"- (que je ne possède pas, grrr !...)
Diverses adaptations et même transformations seront faites car, fin des années 40, Jijé voyage quelques semaines en Italie, accompagné d'un père-abbé de la confrérie des dits Salésiens.
Suite à ce voyage, aux nouvelles informations qu'il reçoit ou constate, il a décidé de redessiner complètement l'histoire. Ainsi fut fait.
Ce "nouvel" album, de 106 pages, paraît en 1950 en format normal (je l'ai !...) après parution hebdomadaire -entre 1948 et 1949 dans l'hebdo "Le Moustique".
"Don Bosco" ?... c'est beau, interpellant, superbement mis en scène par le dessin réaliste d'un des plus grands auteurs de la BD francophone.
Rien à jeter. Du grand art.
Un 4,5/5 vraiment mérité.
Voilà un album qui promet, avec cette histoire d'archéologue qui part sur les traces du mystérieux Cassio, qui a vécu deux mille ans plus tôt dans la Rome antique. Mystérieux, car ce personnage était devenu rapidement influent, et qu'il connut une fin brutale. C'est d'ailleurs sur cette fin que s'ouvre l'album...
Car Desberg brouille intelligemment les cartes : cette scène de la mort de Cassio permet d'entrer directement dans l'action, puis au hasard des fouilles de la jeune archéologue de retracer le destin de Cassio, voire d'imaginer qu'il aurait pu survivre à cet assassinat...
Le récit ne souffre d'aucune faiblesse, l'intérêt est constamment relancé, d'autant que le lecteur n'est jamais dans la position confortable d'imaginer ce qui va se passer. La cohabitation de séquences contemporaines et de séquences antiques se fait sans heurts, les personnages sont bien sentis. L'histoire de Cassio par exemple est originale, et fait la part belle à des psychologies torturées. Vraiment, du très très beau travail.
Le dessin de Reculé est très beau, souple, élégant. Il ne souffre pas de défauts majeurs, et se révèle toujours équilibré et maîtrisé, en parfait accord avec une mise en couleur aux teintes agréables. C'est vrai que le graphisme rappelle parfois vraiment celui de Marini, sans aller jusqu'au mimétisme, ce qui gêne un peu. A force qu'on le lui reproche, Reculé tentera bien d'y remédier, il n'attend plus que de gagner son propre caractère pour trouver sa totale maturité.
Bref, un album très prometteur, à la construction scénaristique vraiment séduisante, qui mérite la découverte. La lecture permet de juger le travail sur le récit de Reculé, qu'il serait vraiment injuste de réduire à un simple ersatz d'oeuvres à succès. A découvrir sans hésiter.
Les avis lus de-ci de-là sont souvent curieusement identiques, mais aboutissent finalement à des notes opposées. On s'aperçoit dès lors que cet album est plus qu'une simple histoire, mais qu'il fait appel à la fibre sentimentale propre à chacun.
L'album, tout en mysticisme, nous transporte sans facilité dans un univers que l'on sent fouillé, mais dans lequel nous n'avons pas le temps de nous plonger et nous promener. Cela est dû au format de la BD. Un tome pour cet univers, c'est court.
Le rythme calme et pondéré de l'album colle à la psychologie des Kurran bleus, gardiens de l'eau.
Malgré effectivement quelques déjà vu, notamment le maître sérieux et sévère qui critique son apprenti fougueux alors que lui-même l'a été ne fait pas dans l'originalité. Mais ceci n'est que le début de l'album et la fin s'échappe des chemins balisés afin de prendre son propre caractère.
Ce qui m'a donné envie de lire cette BD, c'est d'abord le dessin tout en nuance de gris qui m'a charmé ainsi que la première phrase de la première case qui annonçait un dépaysement et une beauté dans les dialogues. Je n'ai pas été déçu.
J'ai refermé cet album en l'aimant sans vraiment savoir pourquoi. Je pense que cela est surtout dû à l'ambiance, à cette nostalgie, cette mélancolie, ce calme qui suinte de toutes les pages.
Il s'agit d'une BD, qui malgré une action parfois assez forte, sait prendre son temps et ne nous brusque pas. Cette BD au fond est comme les Kurrans, reposante et délivrante.
Une invitation au rêve et au voyage.
Il est super ce manga ! Dommage que les dessins se détériorent au fil de la série...
L'auteur a voulu faire grandir ses personnages qui du coup perdent leur humour et si grandir va bien à certains, d'autres comme Tohru auraient mieux fait de rester jeunes ! ^^
Cela dit, j'ai adoré ce manga, c'est mon 1er et je l'ai lu des centaines de fois !
Cette bd ne me quittera plus ! D'une intensité à me couper le souffle, elle m'a happé dès les toutes premières pages. Le scénario est époustouflant, d'un rythme soutenu et agrémenté de symboles d'une puissance folle. C'est simplement jouissif. Bien entendu, les passages poétiques ont été parfois difficiles à digérer à la première lecture ? Ce sera sûrement plus digeste à la prochaine.
Côté dessin : chapeau! Celui-ci m'a longtemps rebuté. En quelques planches, il m'a séduit. Il sert superbement le propos d'Alan Moore et contribue énormément à l'ambiance dégagée de cette bd hors norme.
Seul bémol (que je retrouve d'ailleurs plus d'une fois chez ce scénariste) : la toute fin ! Quelqu'un peut-il me l'expliquer ? Mais bon, j'étais déjà ravi avant de l'atteindre et elle ne m'a pas gâché le plaisir.
Je suis très gênée pour noter cet album... car après lecture, j'ai deux sentiments totalement opposés qui s'entremêlent :
Le dessin a suscité chez moi un enthousiasme assez débordant je dois dire. Il est absolument superbe, expressionniste, et joue des ombres avec une grande maestria. Peu de détails, peu de traits, et pourtant énormément de force dans la moindre case. Si "Les vaincus" n'avait été qu'un recueil d'illustrations sur le thème de la chute de l'empire inca, j'aurais mis sans hésiter un 5/5 avec un gros coup de coeur à côté.
Le souci est que nous ne sommes pas face à un recueil d'illustrations, mais à une bande dessinée. Et c'est là que le bât blesse. Je rejoins assez Pol sur ce point : le scénario est décousu, les personnages ne sont pas vraiment attachants, et il manque un fil conducteur pour qu'on s'intéresse vraiment à cette histoire qui sur le papier était franchement alléchante ! Car la chute de l'immense empire inca occasionnée par une poignée d'espagnol a quelque chose d'incroyable... on aurait envie de comprendre ce qui s'est passé. Et si Duchazeau donne quelques pistes, on ne ressent jamais vraiment l'enchaînement des évènements.
C'est pour cela que je ne mets que 3/5 aux "vaincus". Car celui qui s'attendra à une bonne et solide histoire sera sans aucun doute déçu. Mais le graphisme, la succession de ces cases si expressives en noir et blanc, voilà qui suffit amplement à justifier l'achat de ce beau livre, voire à susciter un vrai coup de coeur.
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Guerre à la Terre
Alors là, sincèrement, je me suis déjà posé pas mal de questions. Petit historique d'abord : Cette série a été prépubliée dans l'hebdo "Coq Hardi" de 1946 à 1948. On retrouve la première histoire publiée dans "Samedi-Jeunesse" dans le n° 18 de 1959. A la tête de cette série : Marijac et Liquois, deux "très grands" de la BD française des années 30 à 50. Le problème ?... pour autant qu'il y en ait un : C'est le parallélisme flagrant entre cette série et (l'immense) Blake et Mortimer. Le postulat ?... Pour ainsi dire le même : ici, les Japonais (et les Martiens) partent ensemble à la conquête de la Terre. Les deux premiers albums EGALEMENT de Blake et Mortimer (Le secret de l'espadon) traitent de la même chose : une grande nation d'Orient veut SA suprématie sur terre. La création : Cette "Guerre à la Terre" et Blake et Mortimer paraissent quasi ensemble la même année : en 1946 (Le secret de l'espadon le 26 Septembre 1946 dans l'hebdo Tintin). Le scénario : Je ne dis pas qu'il est commun, mais chacune de ces histoire relate une troisième guerre mondiale avec des Jaunes qui veulent devenir maîtres de la planète. Les héros ?... Un "soldat" et un professeur anglais pour Blake et Mortimer ; un capitaine français pour ce "Guerre à la Terre". Les albums ?... Une longue histoire traitée en chacun deux volumes. Les "méchants" ?... Vous remplacez les Martiens par Olrik, le pire ennemi de Blake et Mortimer, et vous obtenez une réelle dualité dans les scénarios et développements des histoires. Les auteurs ?... Une véritable "pointure" pour Blake et Mortimer : Edgar-Pierre Jacobs. Deux grosses pointures également pour "Guerre à la Terre" : Marijac et Auguste Liquois, deux incontournables des années 30 à 50. Alors ?... Ces auteurs se sont-ils éventuellement rencontrés un jour ?... Ont-ils éventuellement discuté à bâtons rompus de cette histoire ?... L'un ou l'autre ont-ils utilisé des éléments de discussion pour construire chacun leur histoire ?... Je ne sais... et je pense qu'on ne le saura jamais. "Guerre à la Terre" ?... Une vraiment curieuse série, au graphisme réaliste et vraiment expressionniste car Liquois n'avait pas son pareil pour dessiner de grands mouvements de foules. A noter que le second opus a été dessiné par Dut qui fait montre d'un très beau trait réaliste également. "In fine" : une vraiment bien belle série aux intrigues très bien construites, aux graphismes et à la mise en pages séduisants et qui -tout comme pour les deux premiers Blake et Mortimer- joue du fort ressentiment qu'avaient à l'époque les européens pour les "méchants jaunes". Bon, c'est très rare à trouver. Mais si vous avez cette chance, plongez d'un vrai bon coeur dans cette "Guerre à la Terre". Elle mérite votre détour !
La Fin des Temps
C'est terrible ! Oui, terrible de tomber presque par hasard sur une BD d'un excellent niveau, alors qu'elle n'est franchement pas soignée par l'éditeur. Regardez-moi cette couverture ! C'est rouge, c'est orange ? Et le bonhomme, là, il n'a pas l'air un peu coincé, quelque part ? Et puis c'est quoi cette BD de 100 pages en format souple ? Ca sort d'où ? Et puis vous lisez l'avis de Ro, ça vous titille un peu derrière l'oreille (ou sous les aisselles, chacun son style). Vous avez l'occasion de lire l'album et là ! Gros coup de poing ! Je dois avouer que je n'ai pas forcément compris de quoi parlait la BD. Le gars est une espèce d'effaceur-exorciste-dératiseur, dont la vie est probablement menacée par des entités pas très ragoûtantes. Mais je m'en foutais de l'histoire. Tout ce qui m'intéressait, c'est le dessin. Fantastique, un peu dans le style de Frederik Peeters, mais en plus dynamique, en plus dérangé aussi. Dérangé le style de dessin, surtout quand Hiti se met à faire des paysages cyclopéens, marmoréens, monumentaux. C'est quelque chose ces vues de cités, non ? Et ces vues en plongée, en contre-plongée (et même depuis l'intérieur d'un sac, à un moment, ça m'a soufflé !), c'est pas la classe, ça ? Alors bien sûr, une deuxième lecture est nécessaire. On essuie sa bouche pleine de bave, et on reprend, avec les neurones cette fois-ci, en regardant moins les dessins que les étranges petits symboles qui se pressent dans les bulles... Ca devient un peu plus clair, et l'on se rend compte que cette série est très ambitieuse, plutôt complexe, et qu'elle fera bientôt partie de votre best-of personnel si elle continue comme ça.
Muchacho
Voici un diptyque à posséder ne serait-ce que pour le dessin et la mise en couleur de Lepage, mais le scénario n'est pas en reste. On suit le parcours initiatique d'un jeune dignitaire ecclésiastique (pour ne pas reprendre le terme de prélat) très doué pour le dessin, dans la dureté de la jungle du Nicaragua. L'auteur lui fait vivre des aventures très mouvementées qui vont l'endurcir et l'affirmer : dénonciation, poursuite, politique, amitié, trahison, révolution, amour... Magnifique ! Du très grande Lepage sur toute la ligne avec une réalisation technique à couper le souffle. Son dessin est toujours aussi bon, voire même meilleur que sur ces précédentes réalisations, mais ici la mise en couleur à l'aquarelle prend toute son ampleur : elle donne vie à la jungle et nous emmène avec le jeune Gabriel au fin fond du Nicaragua. Indispensable !
Murena
Après 6 tomes de cette série, le niveau a toujours été le même, c'est-à-dire excellent. Dufaux nous offre une BD sur la Rome antique sur une base historique très bien documentée même s'il modifie quelques éléments pour servir son récit. Toute la dureté de cette époque est parfaitement rendue : luttes pour le pouvoir, complots, jeux, sexualité, tous les éléments sonnent juste. Il y a également un vrai travail sur les personnages et leur psychologie, et on est content de voir que Murena commence à prendre davantage d'importance dans le 6ème tome. Delaby nous fait profiter de tous ses talents pour mettre en image ce scénario : visages, habits, décors, tout est de très grande qualité. La mise en couleur y est également pour beaucoup. Pour moi, c'est une oeuvre incontournable.
Don Bosco
Une BD. Une grande BD... C'est en 1941, dans le n° 6 de l'hebdo Spirou, que débute cette grande aventure graphique. Elle se termine dans le n° 52 de 1942. Aux commandes ?.. Joseph Gillain, dit Jijé. Il a décidé de mettre en chantier ce que je considère comme une de ses oeuvres maîtresses. "Don Bosco" ?... c'est tout simple, c'est la biographie romancée et dessinée d'un prêtre qui a passé sa vie à aider les enfants les plus démunis. Cette première histoire paraît en noir et blanc et sera éditée -en 1944- sous forme d'un tome de 110 pages au format "à l'italienne"- (que je ne possède pas, grrr !...) Diverses adaptations et même transformations seront faites car, fin des années 40, Jijé voyage quelques semaines en Italie, accompagné d'un père-abbé de la confrérie des dits Salésiens. Suite à ce voyage, aux nouvelles informations qu'il reçoit ou constate, il a décidé de redessiner complètement l'histoire. Ainsi fut fait. Ce "nouvel" album, de 106 pages, paraît en 1950 en format normal (je l'ai !...) après parution hebdomadaire -entre 1948 et 1949 dans l'hebdo "Le Moustique". "Don Bosco" ?... c'est beau, interpellant, superbement mis en scène par le dessin réaliste d'un des plus grands auteurs de la BD francophone. Rien à jeter. Du grand art. Un 4,5/5 vraiment mérité.
Cassio
Voilà un album qui promet, avec cette histoire d'archéologue qui part sur les traces du mystérieux Cassio, qui a vécu deux mille ans plus tôt dans la Rome antique. Mystérieux, car ce personnage était devenu rapidement influent, et qu'il connut une fin brutale. C'est d'ailleurs sur cette fin que s'ouvre l'album... Car Desberg brouille intelligemment les cartes : cette scène de la mort de Cassio permet d'entrer directement dans l'action, puis au hasard des fouilles de la jeune archéologue de retracer le destin de Cassio, voire d'imaginer qu'il aurait pu survivre à cet assassinat... Le récit ne souffre d'aucune faiblesse, l'intérêt est constamment relancé, d'autant que le lecteur n'est jamais dans la position confortable d'imaginer ce qui va se passer. La cohabitation de séquences contemporaines et de séquences antiques se fait sans heurts, les personnages sont bien sentis. L'histoire de Cassio par exemple est originale, et fait la part belle à des psychologies torturées. Vraiment, du très très beau travail. Le dessin de Reculé est très beau, souple, élégant. Il ne souffre pas de défauts majeurs, et se révèle toujours équilibré et maîtrisé, en parfait accord avec une mise en couleur aux teintes agréables. C'est vrai que le graphisme rappelle parfois vraiment celui de Marini, sans aller jusqu'au mimétisme, ce qui gêne un peu. A force qu'on le lui reproche, Reculé tentera bien d'y remédier, il n'attend plus que de gagner son propre caractère pour trouver sa totale maturité. Bref, un album très prometteur, à la construction scénaristique vraiment séduisante, qui mérite la découverte. La lecture permet de juger le travail sur le récit de Reculé, qu'il serait vraiment injuste de réduire à un simple ersatz d'oeuvres à succès. A découvrir sans hésiter.
L'Éveil du Kurran
Les avis lus de-ci de-là sont souvent curieusement identiques, mais aboutissent finalement à des notes opposées. On s'aperçoit dès lors que cet album est plus qu'une simple histoire, mais qu'il fait appel à la fibre sentimentale propre à chacun. L'album, tout en mysticisme, nous transporte sans facilité dans un univers que l'on sent fouillé, mais dans lequel nous n'avons pas le temps de nous plonger et nous promener. Cela est dû au format de la BD. Un tome pour cet univers, c'est court. Le rythme calme et pondéré de l'album colle à la psychologie des Kurran bleus, gardiens de l'eau. Malgré effectivement quelques déjà vu, notamment le maître sérieux et sévère qui critique son apprenti fougueux alors que lui-même l'a été ne fait pas dans l'originalité. Mais ceci n'est que le début de l'album et la fin s'échappe des chemins balisés afin de prendre son propre caractère. Ce qui m'a donné envie de lire cette BD, c'est d'abord le dessin tout en nuance de gris qui m'a charmé ainsi que la première phrase de la première case qui annonçait un dépaysement et une beauté dans les dialogues. Je n'ai pas été déçu. J'ai refermé cet album en l'aimant sans vraiment savoir pourquoi. Je pense que cela est surtout dû à l'ambiance, à cette nostalgie, cette mélancolie, ce calme qui suinte de toutes les pages. Il s'agit d'une BD, qui malgré une action parfois assez forte, sait prendre son temps et ne nous brusque pas. Cette BD au fond est comme les Kurrans, reposante et délivrante. Une invitation au rêve et au voyage.
Fruits Basket
Il est super ce manga ! Dommage que les dessins se détériorent au fil de la série... L'auteur a voulu faire grandir ses personnages qui du coup perdent leur humour et si grandir va bien à certains, d'autres comme Tohru auraient mieux fait de rester jeunes ! ^^ Cela dit, j'ai adoré ce manga, c'est mon 1er et je l'ai lu des centaines de fois !
V pour Vendetta
Cette bd ne me quittera plus ! D'une intensité à me couper le souffle, elle m'a happé dès les toutes premières pages. Le scénario est époustouflant, d'un rythme soutenu et agrémenté de symboles d'une puissance folle. C'est simplement jouissif. Bien entendu, les passages poétiques ont été parfois difficiles à digérer à la première lecture ? Ce sera sûrement plus digeste à la prochaine. Côté dessin : chapeau! Celui-ci m'a longtemps rebuté. En quelques planches, il m'a séduit. Il sert superbement le propos d'Alan Moore et contribue énormément à l'ambiance dégagée de cette bd hors norme. Seul bémol (que je retrouve d'ailleurs plus d'une fois chez ce scénariste) : la toute fin ! Quelqu'un peut-il me l'expliquer ? Mais bon, j'étais déjà ravi avant de l'atteindre et elle ne m'a pas gâché le plaisir.
Les Vaincus
Je suis très gênée pour noter cet album... car après lecture, j'ai deux sentiments totalement opposés qui s'entremêlent : Le dessin a suscité chez moi un enthousiasme assez débordant je dois dire. Il est absolument superbe, expressionniste, et joue des ombres avec une grande maestria. Peu de détails, peu de traits, et pourtant énormément de force dans la moindre case. Si "Les vaincus" n'avait été qu'un recueil d'illustrations sur le thème de la chute de l'empire inca, j'aurais mis sans hésiter un 5/5 avec un gros coup de coeur à côté. Le souci est que nous ne sommes pas face à un recueil d'illustrations, mais à une bande dessinée. Et c'est là que le bât blesse. Je rejoins assez Pol sur ce point : le scénario est décousu, les personnages ne sont pas vraiment attachants, et il manque un fil conducteur pour qu'on s'intéresse vraiment à cette histoire qui sur le papier était franchement alléchante ! Car la chute de l'immense empire inca occasionnée par une poignée d'espagnol a quelque chose d'incroyable... on aurait envie de comprendre ce qui s'est passé. Et si Duchazeau donne quelques pistes, on ne ressent jamais vraiment l'enchaînement des évènements. C'est pour cela que je ne mets que 3/5 aux "vaincus". Car celui qui s'attendra à une bonne et solide histoire sera sans aucun doute déçu. Mais le graphisme, la succession de ces cases si expressives en noir et blanc, voilà qui suffit amplement à justifier l'achat de ce beau livre, voire à susciter un vrai coup de coeur.