Cette BD est franchement géniale. J'ai adoré. Les dessins sont superbes, le scénario est très bien monté. Le lecteur suit l'ensemble de l'histoire dans une ambiance de surcroît très poétique. Le Noirhomme est très bien réalisé, il concrétise bien les sentiments du personnage central. Cette bande dessinée amène beaucoup à philosopher, notamment sur la condition humaine. Vraiment intéressante et captivante. Je la conseille vivement.
00h24. Je viens de terminer l’intégrale de « L’hiver d’un monde ». Je sais, c’est un peu tard pour écrire un avis, mais il fallait absolument que je livre mes sensations intactes.
Je ne connaissais pas Mazan. Son œuvre m’a subjugué. Plus étonnant, c’est essentiellement par le graphisme qu’elle m’a ensorcelé. Pour moi, qui accorde généralement beaucoup plus d’importance au scénario, c’est un fait assez nouveau. Je ne m’étendrai donc pas trop sur l’histoire, pourtant de grande qualité et très captivante. On y découvre la « peinture » d’un monde, finalement pas très éloigné du nôtre. Son passé, ses villes, ses gens, ses mœurs s’y révèlent au gré des aventures de quelques personnages dont les destins se croisent et se heurtent au fil des trois tomes. Quelques sujets majeurs y sont évoqués. Liberté, futilité de la guerre, racisme… Cependant, à peine explorés, ils fournissent juste le relief nécessaire au récit en évitant des lourdeurs inutiles.
Mais revenons à la forme, car, excusez-moi si je me répète, c’est pour moi le facteur prépondérant. Je vais tenter un rapprochement très osé. Dans la série, le retour systématique à la plage de Charençons les pins en fin de tomes, m’a souvent ramené à celle de Combray dans A la recherche du temps perdu. Le rapport peut paraître nébuleux et je me demandais ce qui pouvait provoquer cette impression. En fait, j’ai retrouvé dans cet album, la même perception, le même « transport » que déclenchaient les longues phrases « mélodiques » de Proust. Ici, ce sont la narration et le dessin qui jouent ce rôle. Je passe sur le premier opus où l’excès d’ombres et le relatif manque de teintes donnaient un ensemble sensiblement terne (quoique plaisant). Mais alors la suite ! Un trait fouillé, « bavard », d’une très grande finesse. On admire la clarté dans laquelle baignent certaines cases malgré une savoureuse abondance de détails puis on se délecte de la quiétude angélique qui se dégage d’autres. Un tout magnifié de couleurs harmonieuses, très « ambiancées » et efficacement soutenu par un découpage fluide qui déclenche et cadence une agréable petite musique intérieure. Immergé dans un océan de multiples tonalités on se laisse dériver au gré des courants « visuels » du récit.
Il m’est vraiment difficile de bien retranscrire mon ressenti avec des mots. Disons simplement que c’était très enivrant. À lire sans retenue !
Un énorme « quatre étoiles » venu tout droit du cœur (et des yeux).
Alors voilà, comme Alix m’a scandaleusement plagiée par anticipation, que dire d’autre, que dire de plus, pour vous convaincre ?
Que Persepolis est une série qui pétille de malice, d’intelligence et d’impertinence. Qu’il n’y a pas de temps morts, que le personnage principal est terriblement attachant, et que je me suis sentie très proche d’elle.
Que le dessin, tantôt (faussement) naïf, tantôt très inventif, sert admirablement le propos de Marjane Satrapi. C’est vrai qu’il emprunte parfois aux motifs chers à David B. (quand j’vous l’dis, qu’il m’a copiée ! :! ) et d’ailleurs ce dernier a préfacé le tome 1. En fait, c’est même lui qui a présenté Marjane Satrapi aux autres membres de L’Association. Bref, si vous aimez les histoires autobiographiques, ou tout simplement les histoires bien racontées, avec en plus un arrière-plan historique qui confère à la série un intérêt documentaire précieux, allez-y !
Dernière petite chose : je fais partie de ceux qui ont aussi aimé le tome 3 qui raconte l’expérience autrichienne de l’auteur.
Courtney Crumrin, c’est d’abord un univers fantastique, fait de magie noire, de sorciers et de choses de la nuit, tout-à-fait de nature à combler les lecteurs de Harry Potter (dont je fais partie).
C’est aussi une héroïne sympathique et qui a du tempérament, Courtney, son oncle, Aloysius Crumrin, aussi charismatique que mystérieux, et d’autres personnages, hauts en couleurs (si je puis dire).
C’est encore des dialogues percutants, et des histoires dans lesquelles on se glisse avec gourmandise.
C’est enfin un très élégant dessin en noir et blanc, extrêmement expressif, qui n’a cessé tout au long de ma lecture, de m’évoquer quelque chose, mais quoi, parvenue à la fin du tome 3, je ne m’en souvenais toujours pas, malheureusement.
Courtney Crumrin ? Lue et approuvée par Jason et Trondheim :)
Et moi. :8
La vieillesse, voire la grande vieillesse, est un sujet difficile, heureusement des oeuvres comme Les petits ruisseaux (dans un registre un peu différent) et ce "Rides" prouvent qu'on peut en parler avec respect et humour à la fois.
La maladie d'Alzheimer est une vraie saloperie, qui provoque une perte rapide des repères chez nos aînés. Paco Roca est allé dans de nombreuses maisons de retraite, a rencontré et observé plusieurs personnes atteintes de cette affection, et retranscrit de façon bien dosée ses effets. Le rythme s'accélère en fin de volume, mais c'est pour mieux coller à la maladie.
En parlant de rythme, l'auteur distille les "évasions" de ses personnages de façon remarquable, aux moments où l'on s'y attend le moins. J'ai particulièrement apprécié celle du début, mais aussi celle des nuages, à la fois poétique et enchanteresse. Et on n'oublie pas l'humour, parce qu'ils s'amusent quand même parfois, nos (arrières-) grands-parents.
Le trait de Roca est clair, très européen, et en même temps extrêmement lisible.
Une vraie réussite, à la fois digne, sage et à laquelle on doit le respect.
Alim le Tanneur est un homme simple de grande bonté et, avec sa fille et son beau-père, il se heurte à la folie des hommes, aveuglés et rendus fous par leurs croyances.
Un tout grand bravo à Mme Augustin pour ses magnifiques dessins.
Les personnages sont très attachants et l'histoire me procure des émotions que j'ai rarement ressenties en lisant une bd.
Apparemment, il s'agit de la première série de la dessinatrice mais je ne manquerai pas de m'intéresser à ses futures oeuvres.
Mon avis pour l'achat : oui, oui et encore oui !
A posséder absolument !!!
Ayant vu le film quelques jours avant de lire la BD, j'aurai du mal à faire une critique de la BD seule tant les impressions de l'un et de l'autre se sont mélangées au cours de ma lecture...
"Amer béton" est une de ces oeuvres qui sont des expériences en soi. Qui vous portent pendant la lecture et encore longtemps après. Une oeuvre marquante, au sens littéral du terme.
Ce qu'on retient en premier lieu, ce sont bien sûr les personnages principaux... Blanc/Noir, Yin/Yang, deux gamins dissemblables, opposés mais complémentaires, qui ne peuvent vivre l'un sans l'autre. Leur histoire prend véritablement aux tripes, noue la gorge, remue, ne s'oublie pas.
Et puis il y a ce monde qui les entoure : yakuzas, mendiants, promoteurs, dans une ambiance à la fois dure et féerique, semi-irréelle, une ambiance très particulière, unique serais-je tentée de dire.
Au niveau du graphisme, je ne peux pas dire que j'ai été déçue, mais le film est tellement somptueux de ce point de vue là, notamment au niveau des décors, que je n'ai pu m'empêcher de trouver le manga moins riche. Cependant, sans le matériau d'origine, les graphistes du film n'auraient pas eu ces idées grandioses et délirantes : toutes les idées sont déjà contenues dans le manga. Elles sont juste moins détaillées et moins esthétisantes.
J'aurais tendance à conseiller de découvrir "Amer béton" par le film, qui m'a semblé plus immersif que la BD... Mais d'un autre côté c'est sans doute parce que j'ai découvert cette oeuvre dans cet ordre. Il est probable que si j'avais commencé par le manga je vous conseillerais d'en faire autant.
"Carême", c’est une bd qui ne m’attirait pas plus que cela malgré les bons échos à son sujet, la faute à un dessin et une mise en couleurs rébarbatifs.
Je n’accroche pas visuellement aux planches. Je n’aime pas les dessins et encore moins les couleurs. Voilà, c’est dit. Mais pour le reste, c’est une vraie claque. Le récit est très prenant. Il puise sa force dans les nombreuses émotions qu’il transmet au lecteur. Même si dès la première planche le final est connu, le lecteur est pris par cette rencontre entre l’imposant (et très sensible) Aimé et le frêle Martinien. Ce récit est celui de Martinien qui se remémore le chemin parcouru avec son ami Aimé Carême, depuis la vente d’aspirateurs à domicile à leur ascension sociale... Ce choix narratif apporte beaucoup par la force émotionnelle qu'il transmet au récit. Car même si le lecteur sait que tout est scellé dès le début, ce qu’il ignore, c’est le pourquoi du comment. Parfois les histoires tristes sont aussi très belles. Cette série en est la preuve.
Il est rare que je mette une aussi bonne note à une bd qui visuellement ne me plaît pas mais là elle le mérite amplement au vu de la qualité du scénario.
C'est avec plaisir que l'on se promène dans un monde qui pour nous est déjà bien loin.
Le graphisme est alléchant, les personnages bien dessinés pour la romantique que je suis. Les couleurs qui semblent s'éclaircir au fur et à mesure du temps nous permettent un voyage loin d'être monotone.
L'histoire est passionnante et l'on prend plaisir à suivre les personnages avec passion tout au long du voyage. Et l'on n'est pas déçu à la fin de la série parce que l'on s'était identifié à un personnage et qu'il ne pouvait avoir d'autres issues sans que l'on nous laisse sur notre fin.
Oui. Pour moi également c’est un très gros coup de cœur ! Et quelle que soit la qualité de la suite (que j’attends déjà avec énormément d’impatience) ma note ne baissera pas. A mon goût, ce tome justifie largement à lui seul les quatre étoiles pour la série (à moins, vraiment, que ne se succèdent 10 tomes "pourris". Mais j'en doute)
Ah, quel pied ! Tellement emballé que je l’ai lu une seconde fois dans la foulée. Un humour subtil et décalé, des dialogues irrésistibles, un peu de poésie mais pas trop, des personnages attachants, et du rythme, beaucoup de rythme. Il s’en dégage une ambiance particulièrement jubilatoire, sorte de sympathique métissage des atmosphères de films comme « Mon oncle Benjamin » et « Princess Bride » avec l’excellentissime «De cape et de Crocs ». Un tout bougrement agréable porté par un dessin très vivant et très plaisant. J’ai vraiment ri de bon cœur à beaucoup de répliques ou de situations.
Un album remarquable qui me laisse jovial et détendu pour la journée.
Si vous n’en avez qu’un à acheter ce mois-ci, aucune hésitation, c’est celui-là !
Petit amuse-gueule : « J’épouserai tantôt la belle Pimprinule et à n’en pas douter, deviendrai bientôt roi. Me faisant tout de go en or les testicules, j’irai le cœur léger me vautrer dans la soie ! » :)
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Noirhomme
Cette BD est franchement géniale. J'ai adoré. Les dessins sont superbes, le scénario est très bien monté. Le lecteur suit l'ensemble de l'histoire dans une ambiance de surcroît très poétique. Le Noirhomme est très bien réalisé, il concrétise bien les sentiments du personnage central. Cette bande dessinée amène beaucoup à philosopher, notamment sur la condition humaine. Vraiment intéressante et captivante. Je la conseille vivement.
L'Hiver d'un monde
00h24. Je viens de terminer l’intégrale de « L’hiver d’un monde ». Je sais, c’est un peu tard pour écrire un avis, mais il fallait absolument que je livre mes sensations intactes. Je ne connaissais pas Mazan. Son œuvre m’a subjugué. Plus étonnant, c’est essentiellement par le graphisme qu’elle m’a ensorcelé. Pour moi, qui accorde généralement beaucoup plus d’importance au scénario, c’est un fait assez nouveau. Je ne m’étendrai donc pas trop sur l’histoire, pourtant de grande qualité et très captivante. On y découvre la « peinture » d’un monde, finalement pas très éloigné du nôtre. Son passé, ses villes, ses gens, ses mœurs s’y révèlent au gré des aventures de quelques personnages dont les destins se croisent et se heurtent au fil des trois tomes. Quelques sujets majeurs y sont évoqués. Liberté, futilité de la guerre, racisme… Cependant, à peine explorés, ils fournissent juste le relief nécessaire au récit en évitant des lourdeurs inutiles. Mais revenons à la forme, car, excusez-moi si je me répète, c’est pour moi le facteur prépondérant. Je vais tenter un rapprochement très osé. Dans la série, le retour systématique à la plage de Charençons les pins en fin de tomes, m’a souvent ramené à celle de Combray dans A la recherche du temps perdu. Le rapport peut paraître nébuleux et je me demandais ce qui pouvait provoquer cette impression. En fait, j’ai retrouvé dans cet album, la même perception, le même « transport » que déclenchaient les longues phrases « mélodiques » de Proust. Ici, ce sont la narration et le dessin qui jouent ce rôle. Je passe sur le premier opus où l’excès d’ombres et le relatif manque de teintes donnaient un ensemble sensiblement terne (quoique plaisant). Mais alors la suite ! Un trait fouillé, « bavard », d’une très grande finesse. On admire la clarté dans laquelle baignent certaines cases malgré une savoureuse abondance de détails puis on se délecte de la quiétude angélique qui se dégage d’autres. Un tout magnifié de couleurs harmonieuses, très « ambiancées » et efficacement soutenu par un découpage fluide qui déclenche et cadence une agréable petite musique intérieure. Immergé dans un océan de multiples tonalités on se laisse dériver au gré des courants « visuels » du récit. Il m’est vraiment difficile de bien retranscrire mon ressenti avec des mots. Disons simplement que c’était très enivrant. À lire sans retenue ! Un énorme « quatre étoiles » venu tout droit du cœur (et des yeux).
Persepolis
Alors voilà, comme Alix m’a scandaleusement plagiée par anticipation, que dire d’autre, que dire de plus, pour vous convaincre ? Que Persepolis est une série qui pétille de malice, d’intelligence et d’impertinence. Qu’il n’y a pas de temps morts, que le personnage principal est terriblement attachant, et que je me suis sentie très proche d’elle. Que le dessin, tantôt (faussement) naïf, tantôt très inventif, sert admirablement le propos de Marjane Satrapi. C’est vrai qu’il emprunte parfois aux motifs chers à David B. (quand j’vous l’dis, qu’il m’a copiée ! :! ) et d’ailleurs ce dernier a préfacé le tome 1. En fait, c’est même lui qui a présenté Marjane Satrapi aux autres membres de L’Association. Bref, si vous aimez les histoires autobiographiques, ou tout simplement les histoires bien racontées, avec en plus un arrière-plan historique qui confère à la série un intérêt documentaire précieux, allez-y ! Dernière petite chose : je fais partie de ceux qui ont aussi aimé le tome 3 qui raconte l’expérience autrichienne de l’auteur.
Courtney Crumrin
Courtney Crumrin, c’est d’abord un univers fantastique, fait de magie noire, de sorciers et de choses de la nuit, tout-à-fait de nature à combler les lecteurs de Harry Potter (dont je fais partie). C’est aussi une héroïne sympathique et qui a du tempérament, Courtney, son oncle, Aloysius Crumrin, aussi charismatique que mystérieux, et d’autres personnages, hauts en couleurs (si je puis dire). C’est encore des dialogues percutants, et des histoires dans lesquelles on se glisse avec gourmandise. C’est enfin un très élégant dessin en noir et blanc, extrêmement expressif, qui n’a cessé tout au long de ma lecture, de m’évoquer quelque chose, mais quoi, parvenue à la fin du tome 3, je ne m’en souvenais toujours pas, malheureusement. Courtney Crumrin ? Lue et approuvée par Jason et Trondheim :) Et moi. :8
La Tête en l'air (Rides)
La vieillesse, voire la grande vieillesse, est un sujet difficile, heureusement des oeuvres comme Les petits ruisseaux (dans un registre un peu différent) et ce "Rides" prouvent qu'on peut en parler avec respect et humour à la fois. La maladie d'Alzheimer est une vraie saloperie, qui provoque une perte rapide des repères chez nos aînés. Paco Roca est allé dans de nombreuses maisons de retraite, a rencontré et observé plusieurs personnes atteintes de cette affection, et retranscrit de façon bien dosée ses effets. Le rythme s'accélère en fin de volume, mais c'est pour mieux coller à la maladie. En parlant de rythme, l'auteur distille les "évasions" de ses personnages de façon remarquable, aux moments où l'on s'y attend le moins. J'ai particulièrement apprécié celle du début, mais aussi celle des nuages, à la fois poétique et enchanteresse. Et on n'oublie pas l'humour, parce qu'ils s'amusent quand même parfois, nos (arrières-) grands-parents. Le trait de Roca est clair, très européen, et en même temps extrêmement lisible. Une vraie réussite, à la fois digne, sage et à laquelle on doit le respect.
Alim le tanneur
Alim le Tanneur est un homme simple de grande bonté et, avec sa fille et son beau-père, il se heurte à la folie des hommes, aveuglés et rendus fous par leurs croyances. Un tout grand bravo à Mme Augustin pour ses magnifiques dessins. Les personnages sont très attachants et l'histoire me procure des émotions que j'ai rarement ressenties en lisant une bd. Apparemment, il s'agit de la première série de la dessinatrice mais je ne manquerai pas de m'intéresser à ses futures oeuvres. Mon avis pour l'achat : oui, oui et encore oui ! A posséder absolument !!!
Amer Béton
Ayant vu le film quelques jours avant de lire la BD, j'aurai du mal à faire une critique de la BD seule tant les impressions de l'un et de l'autre se sont mélangées au cours de ma lecture... "Amer béton" est une de ces oeuvres qui sont des expériences en soi. Qui vous portent pendant la lecture et encore longtemps après. Une oeuvre marquante, au sens littéral du terme. Ce qu'on retient en premier lieu, ce sont bien sûr les personnages principaux... Blanc/Noir, Yin/Yang, deux gamins dissemblables, opposés mais complémentaires, qui ne peuvent vivre l'un sans l'autre. Leur histoire prend véritablement aux tripes, noue la gorge, remue, ne s'oublie pas. Et puis il y a ce monde qui les entoure : yakuzas, mendiants, promoteurs, dans une ambiance à la fois dure et féerique, semi-irréelle, une ambiance très particulière, unique serais-je tentée de dire. Au niveau du graphisme, je ne peux pas dire que j'ai été déçue, mais le film est tellement somptueux de ce point de vue là, notamment au niveau des décors, que je n'ai pu m'empêcher de trouver le manga moins riche. Cependant, sans le matériau d'origine, les graphistes du film n'auraient pas eu ces idées grandioses et délirantes : toutes les idées sont déjà contenues dans le manga. Elles sont juste moins détaillées et moins esthétisantes. J'aurais tendance à conseiller de découvrir "Amer béton" par le film, qui m'a semblé plus immersif que la BD... Mais d'un autre côté c'est sans doute parce que j'ai découvert cette oeuvre dans cet ordre. Il est probable que si j'avais commencé par le manga je vous conseillerais d'en faire autant.
Carême
"Carême", c’est une bd qui ne m’attirait pas plus que cela malgré les bons échos à son sujet, la faute à un dessin et une mise en couleurs rébarbatifs. Je n’accroche pas visuellement aux planches. Je n’aime pas les dessins et encore moins les couleurs. Voilà, c’est dit. Mais pour le reste, c’est une vraie claque. Le récit est très prenant. Il puise sa force dans les nombreuses émotions qu’il transmet au lecteur. Même si dès la première planche le final est connu, le lecteur est pris par cette rencontre entre l’imposant (et très sensible) Aimé et le frêle Martinien. Ce récit est celui de Martinien qui se remémore le chemin parcouru avec son ami Aimé Carême, depuis la vente d’aspirateurs à domicile à leur ascension sociale... Ce choix narratif apporte beaucoup par la force émotionnelle qu'il transmet au récit. Car même si le lecteur sait que tout est scellé dès le début, ce qu’il ignore, c’est le pourquoi du comment. Parfois les histoires tristes sont aussi très belles. Cette série en est la preuve. Il est rare que je mette une aussi bonne note à une bd qui visuellement ne me plaît pas mais là elle le mérite amplement au vu de la qualité du scénario.
Les Maîtres de l'Orge
C'est avec plaisir que l'on se promène dans un monde qui pour nous est déjà bien loin. Le graphisme est alléchant, les personnages bien dessinés pour la romantique que je suis. Les couleurs qui semblent s'éclaircir au fur et à mesure du temps nous permettent un voyage loin d'être monotone. L'histoire est passionnante et l'on prend plaisir à suivre les personnages avec passion tout au long du voyage. Et l'on n'est pas déçu à la fin de la série parce que l'on s'était identifié à un personnage et qu'il ne pouvait avoir d'autres issues sans que l'on nous laisse sur notre fin.
Célestin Gobe-la-lune
Oui. Pour moi également c’est un très gros coup de cœur ! Et quelle que soit la qualité de la suite (que j’attends déjà avec énormément d’impatience) ma note ne baissera pas. A mon goût, ce tome justifie largement à lui seul les quatre étoiles pour la série (à moins, vraiment, que ne se succèdent 10 tomes "pourris". Mais j'en doute) Ah, quel pied ! Tellement emballé que je l’ai lu une seconde fois dans la foulée. Un humour subtil et décalé, des dialogues irrésistibles, un peu de poésie mais pas trop, des personnages attachants, et du rythme, beaucoup de rythme. Il s’en dégage une ambiance particulièrement jubilatoire, sorte de sympathique métissage des atmosphères de films comme « Mon oncle Benjamin » et « Princess Bride » avec l’excellentissime «De cape et de Crocs ». Un tout bougrement agréable porté par un dessin très vivant et très plaisant. J’ai vraiment ri de bon cœur à beaucoup de répliques ou de situations. Un album remarquable qui me laisse jovial et détendu pour la journée. Si vous n’en avez qu’un à acheter ce mois-ci, aucune hésitation, c’est celui-là ! Petit amuse-gueule : « J’épouserai tantôt la belle Pimprinule et à n’en pas douter, deviendrai bientôt roi. Me faisant tout de go en or les testicules, j’irai le cœur léger me vautrer dans la soie ! » :)