J'ai mis longtemps avant de trouver les mots pour exprimer ma surprise devant cette oeuvre d'exception.
C'est la première BD que je lis où la coloriste est auteur. C'est-à-dire que la coloriste n'est pas seulement assistante du dessinateur, mais apporte la plus grande partie du sens artistique de l'oeuvre, sa sémantique esthétique. Je dirais même que la coloriste chapeaute et le dessinateur et le scénariste, les "cuisine" et réussit le plat final, dont elle a le plus grand mérite. Elle mériterait de voir son nom sur la fiche technique.
Si vous avez l'occasion de l'avoir sous forme électronique, regardez les fichiers en petites vignettes dans une seule fenêtre, c'est assez révélateur. Je recherche maintenant un écrit de Laurence Croix sur son travail sur Biotope.
EXEMPLES :
Page 23, vous pourrez admirer la façon dont le gris de la base contraste avec le vert de l'environnement. Bien sûr on peut dire que le dessinateur a aidé en choisissant une absence totale de plinthe, mais encore fallait-il exploiter correctement cette opportunité.
Plus en détail, vous noterez que le vert des boissons locales rappelle celui de l'environnement, ce qui fait de la colorisation une connotation narrative. Continuons sur les soleils dont vous noterez qu'ils ne sont PAS colorisés en couleurs chaudes, mais au contraire reprennent un ton de vert. Cela ajoute à, ou même crée 90% de l'ambiance "serre oppressante". Accessoirement, sur les personnages il y a aussi la façon dont le noir des cheveux rejoint le noir des vêtements.
En bas de cette page 23, un personnage devient vert, ce qui annonce son destin proche. Si l'on se reporte maintenant en avant dans l'histoire, à la page 04, on voit que le ton de vert des soleils n'apparait qu'en approchant de la planète, autre annonce particulièrement bien trouvée. On voit donc que la colorisation est devenue une partie indispensable de la structure narrative.
Autre exemple d'intégration narrative, page 10, vous pourrez admirer comment le fond noir du flash back forme un contraste saisissant au milieu de la page, par rapport au fond gris du reste. Et comment il est annoncé subtilement dans la case précédente, par la juxtaposition des deux fonds derrière la narratrice.
Page 33, j'ai apprécié le camaïeu de verts sur le peignoir, et les ocres bruns de la peau, des paupières et des lèvres, mêlés au noir mat des cheveux et des yeux, au noir des contours et des stries de sculpture africaine sur les joues, qui mettent en valeur ce personnage féminin dans cette scène de tension érotique particulièrement sobre.
En somme, dans cette oeuvre c'est le dessinateur qui est souvent l'assistant de la coloriste, en fournissant un support dépouillé qui lui permet d'apporter l'essentiel du sens.
Le dessin est très supérieur à ce que fait Bruno d'habitude. Dessiner un petit gros comme ça, c'est proche du génie. Un petit gros d'anthologie, on peut dire. Les autres personnages sont tout aussi stylés et "funky chic". Mais en plus, il y a une revisite du mobilier des films de SF des années 70 qui est magistrale. Pas un simple emprunt, pas un revival facile, mais une appropriation créatrice, une réinvention.
Le scénario est quant à lui à la base très classique, mais aussi très équilibré, très juste, et se prête admirablement au travail esthétique dont il constitue un support solide. Sur un plan plus subtil, il apporte aussi une distanciation par rapport aux débuts de l'écologie politique : Sa naissance dans les milieux scientifiques, une tendance "profonde" proposant de sacrifier l'humain, un écoterrorisme dans les sociétés anglo-saxonnes...
Ensemble, scénario et dessin montrent une intelligence historique remarquable. La page 03 avec la juxtaposition des Boney M et d'un intérieur de Cosmos 1999 est d'une insolence inouïe.
Bon, en plus, le petit mérite de présenter des noirs comme héros. Je ne suis pas fan de la discrimination positive, mais c'est assez rare en BD pour être signalé, et ici c'est vraiment bien trouvé.
Ca fait vraiment partie des "beaux livres" à acheter.
Superbe tome d'ouverture pour ce triptyque. Graphiquement c'est époustouflant.
Cela demande une lecture posée tant certaines cases regorgent de détails.
L'histoire est rondement menée, elle est assez classique mais son traitement en fait une BD très agréable à lire. J'attendrai donc avec impatience la suite de cette série.
L'essai reste à transformer sur la suite...
Encore une fois comme pour Sin City, une fois n’est pas coutume, c’est l’adaptation cinématographique qui m’a poussé à lire "300", et grand bien m’en a pris.
L’histoire dépeint la bataille des Thermopyles menée par le roi de Sparte, Léonidas, accompagné de ses 300 soldats contre l’envahisseur Perse. Miller réécrit l’Histoire avec un grand H, en prenant certaines libertés et en y apportant une dimension fantastique et théâtrale. Là où le récit est le plus fort, et où l’auteur est talentueux, c’est dans sa manière de retranscrire et de faire passer l’émotion et l’état d’esprit des Spartiates, inflexibles et déterminés jusqu’à la mort. Au départ on peut s’attendre à un affrontement basique bien manichéen, mais en grattant un chouya, on y découvre des thèmes, tel que le totalitarisme, la démocratie... Et contrairement à ceux qui y voient une sorte d’apologie du totalitarisme-démocratique :S face à l’axe du mal, moi, j’y vois une réflexion, voire une satire.
Le dessin brut de décoffrage de Miller est superbe. Son cadrage et ses prises de vue donne le tournis, c’est renversant. Ce format à l’italienne, assez rare en comics, donne aux planches une lecture assez atypique et dépaysante, passant de gigantesques cases à de minuscules vignettes, c’est du grand art.
Les couleurs de Varley, ne sont pas en reste, parfaitement en harmonie avec le dessin et l’ambiance. Sa palette de couleurs est à la fois très sombre et terne avec une très légère pointe d’exotisme. J’aime particulièrement la façon dont ressort le rouge, ça frappe l’œil mais ce n’est ni vulgaire ni criard, idem pour l’application des textures. Chapeau.
Bon, vous ne connaissez pas encore le cynisme de Didier Conrad et sa passion pour l'Asie et pour l'Inde, en l'occurrence. Un amour de l'inde, une grande admiration pour ses moeurs, pour les coutumes, les paysages et une compassion pour son côté sordide. Un croisement entre Les Innommables et Donito (le petit pêcheur de perles) pour ceux qui connaissent.
Des planches aux couleurs variées et parfois resplendissantes qui témoignent d'une grande patience. A travers cette histoire dure et glauque, il est vrai, il y a une vraie poésie qui se dégage. Conrad a arrêté de mettre ses albums en couleurs et on le regrette vraiment.
On n'est pas très loin de La Mousson de Louis Bromfield et de La Cité de la joie de Dominique Lapierre. Une chronique au vitriol des bas-fond indiens et d'un étranger qui s'y perd, une malédiction qui s'abat sur les propriétaires d'une étrange statuette. Une oeuvre qui a confirmé ma passion pour ce pays.
Cet album aurait pu s'appeler "Confluences".
Confluences parce que c'est l'histoire de deux destins qui se rencontrent.
Salpatrès, un peu savant fou, passionné, avec Léda, solaire, mystérieuse, insaisissable, diaphane.
Confluences parce que le titre évoque un lieu où l'on se croise, où l'on s'arrête parfois pour regarder autour de soi. Un lieu qui joue un rôle particulier dans l'histoire (on s'en serait douté, sinon l'auteur l'aurait titrée "pas le pont"). C'est un lieu qui forme une boucle, curieusement, mais je ne peux en dire plus, il faut lire l'album pour comprendre.
Confluences parce que le style graphique de Christian Durieux est aux confins de celui d'autres auteurs connus : Leo, Bonhomme, Andreas, Blutch... des auteurs dont j'apprécie le style, et dont la parenté me fait aimer celui de Durieux, que je découvre à l'occasion de cet album. Certaines planches ont une qualité presque hypnotique, le regard très particulier de Salpatrès n'y étant probablement pas étranger.
Confluences enfin parce que c'est la rencontre d'un auteur méconnu et d'un éditeur qui trace un sillon très particulier, mais remarquable, dans la BD contemporaine.
"Le Pont" comporte des éléments de fantastique, ainsi qu'une romance dévorante, brûlante, mais c'est avant tout un formidable voyage vers des contrées inconnues, autant que vers la folie et l'oubli.
J’ai trouvé ce manga aussi émouvant que les meilleurs Taniguchi, ce qui n’est pas peu dire. Certes c’est un peu plus larmoyant (comme le dit ThePatrick ci-dessous) et un peu plus typé manga (bonjour les têtes déformées et autres gouttes de sueur sur le front), mais au final mon plaisir de lecture a été aussi grand.
Les deux histoires sont biens, mais j’ai une préférence pour la 1ere, celle du cheminot, que j’ai trouvée touchante, triste, joyeuse, poétique, drôle (que de qualificatifs contradictoires), j’en avais le cœur serré après lecture (toujours un bon signe). La vie de ce cheminot qui sacrifie sa famille pour son travail, sans vraiment réaliser ce qu’il fait, est tout simplement poignante. Et la fin est tellement belle, tellement poétique et optimiste.
La 2eme histoire, « Love letter », est un peu plus bancale, mais finalement très belle aussi.
Le dessin est magnifique, lui aussi assez proche de ce que fait Taniguchi, mais peut-être encore plus fin et détaillé.
Et pour couronner le tout, le bouquin lui-même est très chouette. C’est certes un petit format, mais la couverture sous liseuse est très belle, les quelques premières pages de chaque histoire sont en couleurs, et une biographie des auteurs est incluse !
Vraiment mon coup de coeur du moment.
Alors là, pas de doute, si vous voulez vous mettre aux mangas, Quartier Lointain est la BD qu’il vous faut!
C’est d’une sensibilité sans pareil. Le mélange d’ « intrigue » (pourquoi le père décide de partir ?) et de vie quotidienne m’a vraiment tenu en haleine du début jusqu’à la fin. Revivre son enfance avec une conscience d’adulte, c’est une trouvaille. J’ai souvent interrompu ma lecture pour rêver, et me demander ce que je pourrais faire différemment si je pouvais moi-même revivre mon enfance. Une BD pour rêveurs ? En tout cas pas une BD pour les fans d’action, vous voilà prévenus !
Le dénouement est très bien, sans être renversant. J’ai quand même le sentiment qu’en partant de la même idée, il y aurait moyen d’écrire un scénario encore plus délirant ! Mais ne nous plaignons pas, c’est déjà très sympa, et puis faire compliqué n’était visiblement pas le but de l’auteur.
Voilà, des raisons pour NE PAS lire cette BD, il n’y en a pas vraiment. Je vous conseille Quartier Lointain, même si vous êtes allergique aux mangas. A part quelques traces de naïveté propre aux œuvres japonaises (les mauvaises langues diront niaiserie), et les désormais classiques bruitages rigolos (genre "splich sploch" quand le héros se lave les mains), on a plus affaire à une œuvre « à l’européenne », prouvant, si besoin en est, que les Japonais ont une culture BD bien à eux, et qu’ils peuvent en être fiers !
Un chef-d’oeuvre, tout simplement !
L’histoire est envoûtante au possible, nous prend par la main et nous fait faire le tour du monde à la recherche du chat échappé du kimono. On a affaire à un conte dans la plus pure tradition, avec ses légendes et ses passages oniriques, entre rêve et réalité.
Ce qui est fort, c’est que le début de la BD propose plusieurs histoires sans lien apparent… mais plus on avance, plus les histoires deviennent imbriquées, jusqu'à n’en former plus qu’une pour un final où les péripéties des différents personnages se recoupent de manière ingénieuse… j’adore !
Et que dire du dessin ? Nancy s’est surpassée, et si vous aviez apprécié ses œuvres précédentes, vous allez être ravis. La BD mélange pages traditionnelles, et pages pleines dessin + texte sur le côté, apportant une certaine variété à l’ensemble.
En conclusion, si vous êtes fan du travail de Nancy Pena, vous ne serez pas déçus par le chat du kimono. Si vous ne connaissez pas encore cette jeune auteure, voici l’occasion idéale de la découvrir !
(Après lecture des deux tomes)
J’ai a-do-ré !
Le background mis en place en à peine deux tomes est d’une richesse qui n’a rien à envier aux 4 tomes de Lupus ou aux cycles d’Aldébaran. L’environnement créé n’est d’ailleurs pas sans rappeler les délires de Léo. L’intrigue est parfaitement exécutée, avec un début tout embrouillé, et des indices divulgués au compte-goutte. La fin du 1er tome est énorme d’intensité, et je plains les lecteurs qui ont dû attendre des mois avant de pouvoir lire la suite !
Les thèmes abordés font très SF : écologie, folie humaine, importance d’une vie humaine comparée à la nature… C’est profond mais sans jamais être lourd ou prétentieux.
Par contre le 2eme tome, bien que passionnant, conclut l’histoire un peu abruptement je trouve. Comme si un 3eme tome était prévu puis abandonné. Il restait largement de quoi continuer en tout cas. Bizarre. Bon cette fin un peu ouverte va peut-être en décevoir certains, mais moi elle m’a quand même plu. Mais dommage que ca soit déjà fini, snif.
Enfin, le dessin est stylisé au possible, et donne un coté années 70 super attachant à l’ensemble. Vraiment une belle découverte SF, terminée en deux tomes coutant à peine 9 euros 80 chacun. A ce prix, pourquoi se priver ?
Mon avis va trancher avec le précédent. Je suis moi-même militaire, donc je craignais le pire au début. Mais j'ai été agréablement surpris. Le dessin est sympa et la lecture des gags très agréable. Certes ce n'est pas toujours le summum de l'humour mais on sourit facilement aux péripéties des collègues. Malgré quelques défauts, je conseille tout de même la lecture de cette BD à tous ceux qui aime ce genre.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Biotope
J'ai mis longtemps avant de trouver les mots pour exprimer ma surprise devant cette oeuvre d'exception. C'est la première BD que je lis où la coloriste est auteur. C'est-à-dire que la coloriste n'est pas seulement assistante du dessinateur, mais apporte la plus grande partie du sens artistique de l'oeuvre, sa sémantique esthétique. Je dirais même que la coloriste chapeaute et le dessinateur et le scénariste, les "cuisine" et réussit le plat final, dont elle a le plus grand mérite. Elle mériterait de voir son nom sur la fiche technique. Si vous avez l'occasion de l'avoir sous forme électronique, regardez les fichiers en petites vignettes dans une seule fenêtre, c'est assez révélateur. Je recherche maintenant un écrit de Laurence Croix sur son travail sur Biotope. EXEMPLES : Page 23, vous pourrez admirer la façon dont le gris de la base contraste avec le vert de l'environnement. Bien sûr on peut dire que le dessinateur a aidé en choisissant une absence totale de plinthe, mais encore fallait-il exploiter correctement cette opportunité. Plus en détail, vous noterez que le vert des boissons locales rappelle celui de l'environnement, ce qui fait de la colorisation une connotation narrative. Continuons sur les soleils dont vous noterez qu'ils ne sont PAS colorisés en couleurs chaudes, mais au contraire reprennent un ton de vert. Cela ajoute à, ou même crée 90% de l'ambiance "serre oppressante". Accessoirement, sur les personnages il y a aussi la façon dont le noir des cheveux rejoint le noir des vêtements. En bas de cette page 23, un personnage devient vert, ce qui annonce son destin proche. Si l'on se reporte maintenant en avant dans l'histoire, à la page 04, on voit que le ton de vert des soleils n'apparait qu'en approchant de la planète, autre annonce particulièrement bien trouvée. On voit donc que la colorisation est devenue une partie indispensable de la structure narrative. Autre exemple d'intégration narrative, page 10, vous pourrez admirer comment le fond noir du flash back forme un contraste saisissant au milieu de la page, par rapport au fond gris du reste. Et comment il est annoncé subtilement dans la case précédente, par la juxtaposition des deux fonds derrière la narratrice. Page 33, j'ai apprécié le camaïeu de verts sur le peignoir, et les ocres bruns de la peau, des paupières et des lèvres, mêlés au noir mat des cheveux et des yeux, au noir des contours et des stries de sculpture africaine sur les joues, qui mettent en valeur ce personnage féminin dans cette scène de tension érotique particulièrement sobre. En somme, dans cette oeuvre c'est le dessinateur qui est souvent l'assistant de la coloriste, en fournissant un support dépouillé qui lui permet d'apporter l'essentiel du sens. Le dessin est très supérieur à ce que fait Bruno d'habitude. Dessiner un petit gros comme ça, c'est proche du génie. Un petit gros d'anthologie, on peut dire. Les autres personnages sont tout aussi stylés et "funky chic". Mais en plus, il y a une revisite du mobilier des films de SF des années 70 qui est magistrale. Pas un simple emprunt, pas un revival facile, mais une appropriation créatrice, une réinvention. Le scénario est quant à lui à la base très classique, mais aussi très équilibré, très juste, et se prête admirablement au travail esthétique dont il constitue un support solide. Sur un plan plus subtil, il apporte aussi une distanciation par rapport aux débuts de l'écologie politique : Sa naissance dans les milieux scientifiques, une tendance "profonde" proposant de sacrifier l'humain, un écoterrorisme dans les sociétés anglo-saxonnes... Ensemble, scénario et dessin montrent une intelligence historique remarquable. La page 03 avec la juxtaposition des Boney M et d'un intérieur de Cosmos 1999 est d'une insolence inouïe. Bon, en plus, le petit mérite de présenter des noirs comme héros. Je ne suis pas fan de la discrimination positive, mais c'est assez rare en BD pour être signalé, et ici c'est vraiment bien trouvé. Ca fait vraiment partie des "beaux livres" à acheter.
Siegfried
Superbe tome d'ouverture pour ce triptyque. Graphiquement c'est époustouflant. Cela demande une lecture posée tant certaines cases regorgent de détails. L'histoire est rondement menée, elle est assez classique mais son traitement en fait une BD très agréable à lire. J'attendrai donc avec impatience la suite de cette série. L'essai reste à transformer sur la suite...
300
Encore une fois comme pour Sin City, une fois n’est pas coutume, c’est l’adaptation cinématographique qui m’a poussé à lire "300", et grand bien m’en a pris. L’histoire dépeint la bataille des Thermopyles menée par le roi de Sparte, Léonidas, accompagné de ses 300 soldats contre l’envahisseur Perse. Miller réécrit l’Histoire avec un grand H, en prenant certaines libertés et en y apportant une dimension fantastique et théâtrale. Là où le récit est le plus fort, et où l’auteur est talentueux, c’est dans sa manière de retranscrire et de faire passer l’émotion et l’état d’esprit des Spartiates, inflexibles et déterminés jusqu’à la mort. Au départ on peut s’attendre à un affrontement basique bien manichéen, mais en grattant un chouya, on y découvre des thèmes, tel que le totalitarisme, la démocratie... Et contrairement à ceux qui y voient une sorte d’apologie du totalitarisme-démocratique :S face à l’axe du mal, moi, j’y vois une réflexion, voire une satire. Le dessin brut de décoffrage de Miller est superbe. Son cadrage et ses prises de vue donne le tournis, c’est renversant. Ce format à l’italienne, assez rare en comics, donne aux planches une lecture assez atypique et dépaysante, passant de gigantesques cases à de minuscules vignettes, c’est du grand art. Les couleurs de Varley, ne sont pas en reste, parfaitement en harmonie avec le dessin et l’ambiance. Sa palette de couleurs est à la fois très sombre et terne avec une très légère pointe d’exotisme. J’aime particulièrement la façon dont ressort le rouge, ça frappe l’œil mais ce n’est ni vulgaire ni criard, idem pour l’application des textures. Chapeau.
Le Piège Malais
Bon, vous ne connaissez pas encore le cynisme de Didier Conrad et sa passion pour l'Asie et pour l'Inde, en l'occurrence. Un amour de l'inde, une grande admiration pour ses moeurs, pour les coutumes, les paysages et une compassion pour son côté sordide. Un croisement entre Les Innommables et Donito (le petit pêcheur de perles) pour ceux qui connaissent. Des planches aux couleurs variées et parfois resplendissantes qui témoignent d'une grande patience. A travers cette histoire dure et glauque, il est vrai, il y a une vraie poésie qui se dégage. Conrad a arrêté de mettre ses albums en couleurs et on le regrette vraiment. On n'est pas très loin de La Mousson de Louis Bromfield et de La Cité de la joie de Dominique Lapierre. Une chronique au vitriol des bas-fond indiens et d'un étranger qui s'y perd, une malédiction qui s'abat sur les propriétaires d'une étrange statuette. Une oeuvre qui a confirmé ma passion pour ce pays.
Le Pont
Cet album aurait pu s'appeler "Confluences". Confluences parce que c'est l'histoire de deux destins qui se rencontrent. Salpatrès, un peu savant fou, passionné, avec Léda, solaire, mystérieuse, insaisissable, diaphane. Confluences parce que le titre évoque un lieu où l'on se croise, où l'on s'arrête parfois pour regarder autour de soi. Un lieu qui joue un rôle particulier dans l'histoire (on s'en serait douté, sinon l'auteur l'aurait titrée "pas le pont"). C'est un lieu qui forme une boucle, curieusement, mais je ne peux en dire plus, il faut lire l'album pour comprendre. Confluences parce que le style graphique de Christian Durieux est aux confins de celui d'autres auteurs connus : Leo, Bonhomme, Andreas, Blutch... des auteurs dont j'apprécie le style, et dont la parenté me fait aimer celui de Durieux, que je découvre à l'occasion de cet album. Certaines planches ont une qualité presque hypnotique, le regard très particulier de Salpatrès n'y étant probablement pas étranger. Confluences enfin parce que c'est la rencontre d'un auteur méconnu et d'un éditeur qui trace un sillon très particulier, mais remarquable, dans la BD contemporaine. "Le Pont" comporte des éléments de fantastique, ainsi qu'une romance dévorante, brûlante, mais c'est avant tout un formidable voyage vers des contrées inconnues, autant que vers la folie et l'oubli.
Love letter / Poppoya (Le Cheminot)
J’ai trouvé ce manga aussi émouvant que les meilleurs Taniguchi, ce qui n’est pas peu dire. Certes c’est un peu plus larmoyant (comme le dit ThePatrick ci-dessous) et un peu plus typé manga (bonjour les têtes déformées et autres gouttes de sueur sur le front), mais au final mon plaisir de lecture a été aussi grand. Les deux histoires sont biens, mais j’ai une préférence pour la 1ere, celle du cheminot, que j’ai trouvée touchante, triste, joyeuse, poétique, drôle (que de qualificatifs contradictoires), j’en avais le cœur serré après lecture (toujours un bon signe). La vie de ce cheminot qui sacrifie sa famille pour son travail, sans vraiment réaliser ce qu’il fait, est tout simplement poignante. Et la fin est tellement belle, tellement poétique et optimiste. La 2eme histoire, « Love letter », est un peu plus bancale, mais finalement très belle aussi. Le dessin est magnifique, lui aussi assez proche de ce que fait Taniguchi, mais peut-être encore plus fin et détaillé. Et pour couronner le tout, le bouquin lui-même est très chouette. C’est certes un petit format, mais la couverture sous liseuse est très belle, les quelques premières pages de chaque histoire sont en couleurs, et une biographie des auteurs est incluse ! Vraiment mon coup de coeur du moment.
Quartier lointain
Alors là, pas de doute, si vous voulez vous mettre aux mangas, Quartier Lointain est la BD qu’il vous faut! C’est d’une sensibilité sans pareil. Le mélange d’ « intrigue » (pourquoi le père décide de partir ?) et de vie quotidienne m’a vraiment tenu en haleine du début jusqu’à la fin. Revivre son enfance avec une conscience d’adulte, c’est une trouvaille. J’ai souvent interrompu ma lecture pour rêver, et me demander ce que je pourrais faire différemment si je pouvais moi-même revivre mon enfance. Une BD pour rêveurs ? En tout cas pas une BD pour les fans d’action, vous voilà prévenus ! Le dénouement est très bien, sans être renversant. J’ai quand même le sentiment qu’en partant de la même idée, il y aurait moyen d’écrire un scénario encore plus délirant ! Mais ne nous plaignons pas, c’est déjà très sympa, et puis faire compliqué n’était visiblement pas le but de l’auteur. Voilà, des raisons pour NE PAS lire cette BD, il n’y en a pas vraiment. Je vous conseille Quartier Lointain, même si vous êtes allergique aux mangas. A part quelques traces de naïveté propre aux œuvres japonaises (les mauvaises langues diront niaiserie), et les désormais classiques bruitages rigolos (genre "splich sploch" quand le héros se lave les mains), on a plus affaire à une œuvre « à l’européenne », prouvant, si besoin en est, que les Japonais ont une culture BD bien à eux, et qu’ils peuvent en être fiers !
Le chat du kimono
Un chef-d’oeuvre, tout simplement ! L’histoire est envoûtante au possible, nous prend par la main et nous fait faire le tour du monde à la recherche du chat échappé du kimono. On a affaire à un conte dans la plus pure tradition, avec ses légendes et ses passages oniriques, entre rêve et réalité. Ce qui est fort, c’est que le début de la BD propose plusieurs histoires sans lien apparent… mais plus on avance, plus les histoires deviennent imbriquées, jusqu'à n’en former plus qu’une pour un final où les péripéties des différents personnages se recoupent de manière ingénieuse… j’adore ! Et que dire du dessin ? Nancy s’est surpassée, et si vous aviez apprécié ses œuvres précédentes, vous allez être ravis. La BD mélange pages traditionnelles, et pages pleines dessin + texte sur le côté, apportant une certaine variété à l’ensemble. En conclusion, si vous êtes fan du travail de Nancy Pena, vous ne serez pas déçus par le chat du kimono. Si vous ne connaissez pas encore cette jeune auteure, voici l’occasion idéale de la découvrir !
Biotope
(Après lecture des deux tomes) J’ai a-do-ré ! Le background mis en place en à peine deux tomes est d’une richesse qui n’a rien à envier aux 4 tomes de Lupus ou aux cycles d’Aldébaran. L’environnement créé n’est d’ailleurs pas sans rappeler les délires de Léo. L’intrigue est parfaitement exécutée, avec un début tout embrouillé, et des indices divulgués au compte-goutte. La fin du 1er tome est énorme d’intensité, et je plains les lecteurs qui ont dû attendre des mois avant de pouvoir lire la suite ! Les thèmes abordés font très SF : écologie, folie humaine, importance d’une vie humaine comparée à la nature… C’est profond mais sans jamais être lourd ou prétentieux. Par contre le 2eme tome, bien que passionnant, conclut l’histoire un peu abruptement je trouve. Comme si un 3eme tome était prévu puis abandonné. Il restait largement de quoi continuer en tout cas. Bizarre. Bon cette fin un peu ouverte va peut-être en décevoir certains, mais moi elle m’a quand même plu. Mais dommage que ca soit déjà fini, snif. Enfin, le dessin est stylisé au possible, et donne un coté années 70 super attachant à l’ensemble. Vraiment une belle découverte SF, terminée en deux tomes coutant à peine 9 euros 80 chacun. A ce prix, pourquoi se priver ?
Les Militaires
Mon avis va trancher avec le précédent. Je suis moi-même militaire, donc je craignais le pire au début. Mais j'ai été agréablement surpris. Le dessin est sympa et la lecture des gags très agréable. Certes ce n'est pas toujours le summum de l'humour mais on sourit facilement aux péripéties des collègues. Malgré quelques défauts, je conseille tout de même la lecture de cette BD à tous ceux qui aime ce genre.