Quand deux géants discrets de la BD se rencontrent, que font-ils ? Ils réalisent un magnifique album, qui risque de passer inaperçu.
En effet Pierre Christin, voyageur insatiable, journaliste passionné et scénariste de qualité, n'avait jamais travaillé avec André Juillard, voyageur immobile et transporteur de rêves...
"Le Long Voyage de Léna" est peut-être bien la rencontre parfaite de ces deux talents. Christin y fait part de ses préoccupations sur l'état du monde, et notamment sur le terrorisme qui peut ravager totalement certaines familles. Christin évite tous les écueils, celui de la pleurnicherie, celui de la sympathie, celui de la haine aveugle. Car l'histoire de Léna est d'une froideur rarement atteinte. Sa vengeance est calculée, même si elle ne maîtrise pas tous les paramètres.
Christin trouve en Juillard un magnifique illustrateur, au sommet de son art, et qui a su se détacher de son style Blake et Mortimer pour revenir à son dessin classique mais parfaitement maîtrisé. On a beaucoup de plaisir à voyager avec Léna, de Berlin-Est à Buenos Aires. J'ai par exemple beaucoup apprécié la vue de Budapest, que je connais. La documentation des auteurs est sans faille, et pour cause, puisque Christin est allé à peu près partout sur le globe terrestre. Il est donc logique que la collection Long Courrier accueille ce récit de voyage et cette aventure toute en dignité.
Attention, si vous lisez cet album, vous avez entre les mains un classique instantané.
Carla, délaissée par son père mexicain, part à la recherche de ses racines. Elle commence son périple en rejoignant un ex-petit ami, Harry, perdu dans les mêmes brumes alcoolisées que ses héros, William S. Burroughs et Jack Kerouac.
Au départ et comme toute étrangère ne parlant pas la langue locale, elle fréquente principalement ses concitoyens expatriés jusqu’au jour ou sa relation avec Harry se détériore jusqu’au point de non retour, elle choisit alors de rejeter ce petit monde pour se lancer à la découverte de la véritable culture mexicaine avec le désir de vivre une expérience authentique…
Les dessins, très simplistes et en noir et blanc, ne donnent pas très envie de prime abord de se plonger dans le récit, mais après quelques pages de lecture, les ambiances latino étant tellement bien retranscrites que ce qui pouvait être gênant au premier coup d’oeil, en devient simple détail lorsque l’on est plongé dans le récit.
Cette prouesse est largement due à l’habile narration de l’auteur, qui a choisi de garder certains dialogues en espagnol (avec sous-titres et lexique à la fin du livre, je vous rassure !) rendant les ambiances très palpables (l'auteur, par la même occasion rend compte de sa vision de Mexico).
Ce récit dramatique (non autobiographique) sur la quête de soi de près de 250 pages n’est pas seulement une BD, c’est aussi un véritable roman sur une des façons de se perdre dans lequel tous les amateurs de Burroughs et de Ellis devraient trouver leur compte (ceux qui ont aimé "Blankets" aussi je pense).
Nous sommes dans l'hebdo Spirou n° 1083 du 15 Mars 1959...
Un curieux duo va se former : Sandy Reynolds, un adolescent, et Hoppy, un kangourou qu'il vient de sauver de l'attaque de féroces dingos.
Ensemble, ces amis vont vivre de palpitantes aventures jusqu'au Spirou n° 1836 du 21 Juin 1973.
Drôle de duo : un garçon et un kangourou. Drôle de cadre aussi : les décors de l'Australie qui vont servir de toile de fond.
Et ça va plaire. Comme ça me plaît toujours.
Les auteurs leurs adjoignent un cinéaste : Michael Foster. C'est avec lui qu'ils partent découvrir des portions de ce continent encore sauvage, encore "exotique" pour l'époque.
Très bonne série, très attachante, au dessin réaliste de Lambil qui -pourtant- l'abandonnera pour se consacrer à la saga des "Tuniques Bleues".
Série peu soutenue par l'éditeur (Dupuis), nos héros verront quand même 19 grandes aventures éditées chez Samedi Jeunesse (de grands albums, en noir et blanc, agrafés -pour moi les meilleurs-).
Heureusement, l'éditeur Magic Strip aura la bonne idée de rééditer 17 albums -sous forme cartonnée- entre 1980 et 1981.
Sandy et Hoppy ?... Une excellente série réaliste qui mêle action, dépaysement, intrigues, aventures policières et didactisme. Une série dans beaucoup de mémoires encore.
J'aime beaucoup.
Rholala, ma bonne dame, que voila un petit bijou d'humour glacial!
Si je n'avais pas lu les avis positifs de ce site, je n'aurais peut être jamais compris la feinte de la queue du mari... Merci à toi, Roi d'Amour!
Achetez le, même si vous n'êtes pas un extra-fan de Tronchet, cette intégrale est absolument incontournable pour qui sait apprécier l'humour absurde.
Pom et Teddy pointent le bout de leur museau et nez dans l'hebdo Tintin n° 9, 8ème année, du 4 Mars 1953.
"Pom et Teddy"?... Une série qui se déroule dans le monde du cirque ; un milieu peu "exploré" par les auteurs de bandes dessinées.
Après les premiers épisodes, le groupe formé -où Pom (l'âne) n'aura plus qu'un rôle secondaire- va quitter les installations "du spectacle" pour parcourir et vivre des aventures de par le monde.
Curieux groupe d'ailleurs que celui formé par Teddy et Maggy -deux jeunes adolescents-, Pom l'âne et Tarrass-Boulba, un géant animé d'une force tranquille.
Curieux et attachant, et qui fera la joie d'une large frange du lectorat de Tintin. Et c'est vrai qu'à l'époque (voici plus de 50 ans !) ces aventures "exotiques" permettaient aux gens de rêver ; eux qui étaient en pleine après-guerre.
Pom et Teddy est une série qui reflète bien l'idée d'une certaine forme de bande dessinée des années 50/60. Son succès ne se démentira jamais, sous la maîtrise scénaristique et graphique du créateur : François Craenhals.
Où le bât blesse (un peu) c'est au niveau de l'édition.
Si les albums 1 à 7, parus de 1956 à 1965, le sont tous chronologiquement par Le Lombard ; il faut ensuite y regarder à deux fois.
Divers éditeurs (Rombaldi, Deligne, Samedi Jeunesse, Bédéscope, Rijperman et Claude Lefrancq) vont -chacun à leur façon- éditer des suites originales et/ou des rééditions. Mais nombreuses sont les rééditions dont les TITRES ORIGINAUX et les dessins de couverture sont changés. D'où confusion dans l'esprit de l'acheteur qui croit -de bonne foi- avoir fait l'acquisition d'une nouvelle aventure.
J'ai effectué un "tri" dans ces diverses parutions d'albums et considère la série suivante d'éditions comme la bonne (mais cela n'engage que moi) :
Albums 1 à 7. Editions du Lombard.
Albums 8 ( "Les nouvelles aventures de Pom et Teddy" sous-titré "Le microfilm"), 9 ("Des copains et des hommes") et 10 (Plein feu sur Teddy). Editions Deligne (en noir et blanc). Ces trois albums, brochés, sont parus en 1977.
Album 11. ("Les stats"). Un recueil de 4 histoires. Chez Bédéscope. Album broché noir et blanc.
Notice info : l'éditeur Rijperman a effectué la réédition de 8 albums, de très belle présentation et sous forme cartonnée, mais dans le désordre. Pourquoi ?...
En 1983 et 1984, suite à un certain regain d'intérêt suscité par cette série, Le Lombard a tenté la réédition de deux albums. Sans grand succès.
"Pom et Teddy" est le reflet d'une certaine époque. Une époque révolue et à la douce nostalgie.
Mais c'était drôlement bien foutu quand même !!...
L'auteur :
François CRAENHALS, dessinateur-scénariste de nationalité belge, est né à Ixelles le 15 Novembre 1926. Décédé le 02 Août 2004.
Outre cette série, il est surtout connu pour Chevalier Ardent et -dans une moindre mesure- Les 4 as.
Craenhals?... l'idée qu'on peut se faire de la bonne bande dessinée, de tradition, populaire et de qualité.
Aussi fort que Quartier lointain, ce n'était pas gagné, mais Taniguchi l'a fait. L'émotion est là (J'en ai eu les larmes aux yeux à 3 reprises).
Cette oeuvre est plus politique que celles qui ont précédés puisqu'elle aborde le thème du sacrifice de la famille face à la sacro-sainte flexibilité du travail que tous les médias politiquement corrects nous assainent comme une fatale évidence. Taniguchi nous rappelle, avec beaucoup d'émotions et un véritable recul qu'il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler. Cette thématique était déjà présente en filigramme dans L'Homme qui marche. La nouveauté est de parler des choix de vie face au travail et à la famille et au fait de subir ou d'aller de l'avant. Il semble en effet que le personnage principal aurait pu faire fortune grâce à ses recherches au lieu de se laisser exploiter par son entreprise.
Si Quartier lointain touche certainement un public plus large (tous les lecteurs de BD ont été écoliers), cette oeuvre doit certainement déplaire aux plus jeunes qui ont peut-être du mal à se projeter dans la peau d'un homme de 42 ans. Pour un bédéphile qui a le plaisir d'être papa et qui est dans le monde du travail, c'est un vrai bonheur.
C'est avec les yeux écarquillés que j'ai découvert cette BD dont je n'ai hélas pu lire que le premier tome. C'est ma première rencontre avec Al Séverin et je suis littéralement estomaqué par son talent mais surtout par le fait qu'il soit passé aussi inaperçu à mes yeux dans le monde de la BD.
Pour exemple, cette série, Harry, a vu son premier tome publié initialement chez Claude Lefrancq Editeurs. Manque de succès, raisons diverses, que sais-je, quoiqu'il en soit, elle s'est arrêtée sur un "à suivre..." très prometteur. Le second tome, fin de l'histoire, ne fut publié en tirage limité que 5 ans plus tard chez Several pictures, maison d'édition créée directement par Al Séverin. Un troisième tome, lançant une nouvelle aventure, fut ensuite publié en 2002, une fois de plus en tirage limité.
Autrement dit, cette série est une rareté, et ça parait incroyable quand on voit la qualité de l'oeuvre.
Le dessin d'Al Séverin est proprement excellent. Il s'inspire et fait directement référence aux illustrations et bandes-dessinées de la première moitié du 20e siècle. A mes yeux, je vois du Jijé dans son trait, le Jijé des débuts de Spirou. Je reconnais un peu aussi du Edgar Rice Burroughs, voire même du Winsor McCay pour certaines mises en page. Et je suppose que les experts reconnaîtront beaucoup d'autres influences. Mais ces influences, Al Séverin les transcende pour offrir son propre trait très maîtrisé.
Les planches imitent sciemment un style rétro. Cela va du dessin jusqu'aux couleurs, et cela se retrouve aussi dans le style du récit. Mais cet aspect rétro est comme adapté à la bande-dessinée moderne, en gagnant ainsi énormément en fluidité et en plaisir de lecture tout autant qu'en plaisir visuel.
Je ne ferais que deux reproches à ce choix graphique. Le premier tient dans la colorisation : oui, ces couleurs font rétro, mais je dois admettre que les palettes chromatiques rétro, c'est assez moche, ça en gâche presque ce superbe dessin. Le second reproche concerne le lettrage : le dessin d'ensemble est visiblement privilégié par Al Séverin au dépends des bulles, souvent trop étroites, et du lettrage, bien fait mais trop petit à mes yeux. C'est dommage car les dialogues sont bons et bien écrits, mais ils sont parfois si petits ou si à l'étroit dans leurs bulles que ça rend la lecture un tout petit peu pénible.
Tout comme le graphisme, le récit est lui aussi excellent.
Dans un monde légèrement steampunk, Harry, grand et bel homme au physique à mi-chemin entre Clarck Kent et Tarzan, est un pauvre ouvrier dans une usine où il se fait exploiter. Héros à l'esprit droit et sans aucun défaut, il partira à l'aventure pour sauver son tendre amour, jusqu'aux confins de pays exotiques où il combattra sauvages indigènes et dangereux robots.
La narration est plaisante. Le récit ne manque pas d'humour. L'intrigue est bien montée et intéressante. Et les nombreuses références implicites aux ouvrages d'aventure des années 30/40 passent parfaitement, aussi bien que si on lisait une BD au scénario très moderne.
Un superbe hommage tout en étant une oeuvre à part entière, qui se suffit à elle-même grâce à son très bon scénario et son superbe dessin. Je ne connaissais pas Al Séverin, mais maintenant je sais que je vais chercher activement à lire sa bibliographie complète.
"Pour Notre-Dame", je sais, est un vieux machin de 1959. Mais c'est un peu "mon" album. Un des touts premiers "livres à images" que, sollicitée, ma grand-mère m'avait acheté.
Elle n'est plus là depuis bien longtemps. Et cet album est un peu mon "relais" avec elle.
Et qu'est-ce que j'ai frissonné, exulté -gamin-, à la lecture de cette histoire : une magnifique fresque guerrière dans l'Irlande du 16ème siècle.
Plus tard, bien plus tard, regardant aux infos télévisées les véritables batailles rangées qui opposent -encore et toujours- catholiques irlandais et armée anglaise, j'ai replongé dans cet album et ai compris une grosse partie du pourquoi de ces violences actuelles...
Ferrari au dessin et Rutalais au scénario (d'après un texte de Atamante) nous offrent ici plus qu'une histoire : un vrai pan de l'Histoire. Le fil conducteur en est un tout jeune garçon arraché aux siens, devenu un féroce combattant et qui -pourtant- retrouvera ses racines.
Le graphisme de Ferrari est époustouflant. Par son trait, ses cadrages, sa mise en scène baroque, il nous offre ici une déferlante de duels, combats, attaques, assauts, embuscades diverses entre ces communautés rivales. Les scènes de batailles sont vraiment grandioses, fourmillent de détails et de personnages.
Dans ces combats épiques, on sent un grand souffle guerrier dans cette quête de la liberté face à l'oppresseur anglais.
Un personnage "tout en douceur" s'y trouve néanmoins mêlé : "Liam l'Ymagier", le grand-père muet de Rathleen ; un sculpteur-médailliste. J'ai trouvé ce surnom admirable, où tout se résume à un mot : image.
Ca m'a plu. Et je n'ai pas oublié. Il m'a fait un Clin d'oeil pour mon unique pseudo. Et je m'en réjouis.
Il est fort possible que vous ne lisiez jamais cet excellent album, jamais réédité. Et c'en est grand dommage car vous allez rater des moments narratifs et graphiques exceptionnels.
Parmi mes collections, "Pour Notre-Dame" fait partie du Top 5.
J'appose une cote de "5" : très rare de ma part.
Les auteurs :
Malgré mes recherches, je n'ai jamais pu trouver quelque chose de conséquent en cause de Ferrari et Rutalais. Pseudos pour un one-shot seulement connu de quelques collectionneurs ? Je ne sais.
Ils sont venus? Ils sont partis. J'aurais sincèrement aimé les rencontrer.
Cet album est une perle!
Chabouté brosse le portrait d'un personnage aussi célèbre qu'obscur, Henri Désiré Landru.
Un homme sur lequel on a déjà dit ou écrit pas mal de choses, pourtant cet album surprend. Le regard de Chabouté sur Landru n'est ni distant ni dénué de tendresse, il se garde bien de le dépeindre comme un homme mystérieux et secret, il en donne une vision à la fois simple et neuve.
Dans une époque -que l'on devine en fond- reconstituée à la perfection, dans un contexte ou l'on sent que les blessures laissées par la grande guerre sont encore ouvertes, Chabouté se réapproprie un sinistre fait divers et nous en livre une vision surprenante, fascinante pleine de cynisme et de noirceur. A l'image de l'imposante maison dessinée en couverture cette histoire en impose, elle nous frappe! Une lecture incontestablement marquante.
"Henri Désiré Landru" est une oeuvre audacieuse qui ne manque ni de ressources ni de surprises, comme ces quelques pages nous montrant les tranchées; une histoire dans l'histoire, narrée par les images et illustrée par les propos d'un poilu, au travers d'une lettre qu'il rédige fiévreusement. Bien qu'étant très brève cette séquence fait son effet, un vrai choc !
Le récit est admirablement construit, l'hypothèse que nous propose Chabouté est si convaincante que l'on ne peut que prendre plaisir à s'imaginer que c'est peut-être comme cela que tout s'est déroulé. Et si c'était ça ?
Un scénario génial, prenant et pesé au millimètre, sublimé par le trait expressif de Chabouté, des dessins aux noirs si profonds et intenses que l'on s'y égare.
Cette BD est une oeuvre profonde, envoûtante, difficile à classer tant elle brasse les genres avec panache, autant capable de séduire l'amateur de roman graphique que de passionner celui qui s'intéresse à l'Histoire. Cette BD bénéficie d'une ambiance noire digne des thrillers les plus sombres.
J'aimerais ne pas m'arrêter de parler de cet album...
JJJ
Je dois vous avouer mon secret honteux (bien que vous soyez probablement déjà au courant) : petit, j'étais très fan de catch, et encore aujourd'hui, je garde un certain intérêt pour cette discipline spotivo-clownesque où des types en collants et masques font semblant de se bagarrer.
Du coup, quand j'ai appris que les Humanoïdes Associés lançaient Lucha Libre, j'étais à la fois content de voir débarquer une BD sur le catch mexicain, et un peu soupçonneux à l'idée que le catch mexicain ne serait qu'un prétexte à lancer une BD de bagarre manga-esque à deux balles sans grand rapport avec le catch et surtout destinée à une future exploitation commerciale multi-supports (vous pouvez acheter les t-shirts sur le site internet, les jouets ont été lancés aux Etats-Unis avant même la sortie de la version comics de la série, et je ne serais pas étonné de voir cet univers décliné en série animée et jeux vidéos par la suite).
Bref, j'ai quand même acheté ce petit album souple (un peu cher vu le format et le nombre de pages, c'est pourquoi je ne conseille pas tout de suite l'achat, mieux vaut attendre quelques numéros avant d'être sûr de ce que la série a dans le ventre), et je l'ai lu d'une traite. Evidemment, c'est bel et bien de la BD de bagarre commerciale au design vraisemblablement réalisé par un graphiste de pub, mais c'est chouette. Pour une fois, c'est une parodie de BD de superhéros qui ne joue pas sur l'habituel ressort comique "Super-Machin est en réalité un gros ringard prétentieux, débile et peureux" ; ici, nos héros sont juste de braves gars qui rêvent de sauver le monde mais dont tout le monde se moque malgré leur bravoure et leur bonne volonté, simplement parce que se promener masqué en voulant jouer au héros, ben, dans une BD ça passe mais dans la vraie vie ça donne l'air con.
Le scénario ne casse pas des briques c'est vrai, mais les dialogues sont pas mal, les personnages et leur univers sont assez originaux, le monde de la lucha libre n'est pas un simple décor de pacotille à l'intention d'un public qui de toute façon ne s'intéresse pas à la discipline (visiblement les auteurs se sont documentés, les personnages utilisent d'authentiques prises de catch, il y a un petit article sur Santo et le catch mexicain dans l'album, des mini-histoires autour de cette discipline en fin de tome..). C'est marrant, c'est rythmé, le dessin est chouette (en plus du look réussi des personnages, ceux qui ont déjà visité L.A. dans leur vie apprécieront la qualité des décors), ça se lit vite, bref, un bon petit premier album, pas inoubliable, mais qui fait attendre la suite avec impatience. N'achetez pas forcément tout de suite mais guettez la sortie du tome 2 en novembre.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Léna (Le Long Voyage de Léna)
Quand deux géants discrets de la BD se rencontrent, que font-ils ? Ils réalisent un magnifique album, qui risque de passer inaperçu. En effet Pierre Christin, voyageur insatiable, journaliste passionné et scénariste de qualité, n'avait jamais travaillé avec André Juillard, voyageur immobile et transporteur de rêves... "Le Long Voyage de Léna" est peut-être bien la rencontre parfaite de ces deux talents. Christin y fait part de ses préoccupations sur l'état du monde, et notamment sur le terrorisme qui peut ravager totalement certaines familles. Christin évite tous les écueils, celui de la pleurnicherie, celui de la sympathie, celui de la haine aveugle. Car l'histoire de Léna est d'une froideur rarement atteinte. Sa vengeance est calculée, même si elle ne maîtrise pas tous les paramètres. Christin trouve en Juillard un magnifique illustrateur, au sommet de son art, et qui a su se détacher de son style Blake et Mortimer pour revenir à son dessin classique mais parfaitement maîtrisé. On a beaucoup de plaisir à voyager avec Léna, de Berlin-Est à Buenos Aires. J'ai par exemple beaucoup apprécié la vue de Budapest, que je connais. La documentation des auteurs est sans faille, et pour cause, puisque Christin est allé à peu près partout sur le globe terrestre. Il est donc logique que la collection Long Courrier accueille ce récit de voyage et cette aventure toute en dignité. Attention, si vous lisez cet album, vous avez entre les mains un classique instantané.
La perdida
Carla, délaissée par son père mexicain, part à la recherche de ses racines. Elle commence son périple en rejoignant un ex-petit ami, Harry, perdu dans les mêmes brumes alcoolisées que ses héros, William S. Burroughs et Jack Kerouac. Au départ et comme toute étrangère ne parlant pas la langue locale, elle fréquente principalement ses concitoyens expatriés jusqu’au jour ou sa relation avec Harry se détériore jusqu’au point de non retour, elle choisit alors de rejeter ce petit monde pour se lancer à la découverte de la véritable culture mexicaine avec le désir de vivre une expérience authentique… Les dessins, très simplistes et en noir et blanc, ne donnent pas très envie de prime abord de se plonger dans le récit, mais après quelques pages de lecture, les ambiances latino étant tellement bien retranscrites que ce qui pouvait être gênant au premier coup d’oeil, en devient simple détail lorsque l’on est plongé dans le récit. Cette prouesse est largement due à l’habile narration de l’auteur, qui a choisi de garder certains dialogues en espagnol (avec sous-titres et lexique à la fin du livre, je vous rassure !) rendant les ambiances très palpables (l'auteur, par la même occasion rend compte de sa vision de Mexico). Ce récit dramatique (non autobiographique) sur la quête de soi de près de 250 pages n’est pas seulement une BD, c’est aussi un véritable roman sur une des façons de se perdre dans lequel tous les amateurs de Burroughs et de Ellis devraient trouver leur compte (ceux qui ont aimé "Blankets" aussi je pense).
Sandy et Hoppy
Nous sommes dans l'hebdo Spirou n° 1083 du 15 Mars 1959... Un curieux duo va se former : Sandy Reynolds, un adolescent, et Hoppy, un kangourou qu'il vient de sauver de l'attaque de féroces dingos. Ensemble, ces amis vont vivre de palpitantes aventures jusqu'au Spirou n° 1836 du 21 Juin 1973. Drôle de duo : un garçon et un kangourou. Drôle de cadre aussi : les décors de l'Australie qui vont servir de toile de fond. Et ça va plaire. Comme ça me plaît toujours. Les auteurs leurs adjoignent un cinéaste : Michael Foster. C'est avec lui qu'ils partent découvrir des portions de ce continent encore sauvage, encore "exotique" pour l'époque. Très bonne série, très attachante, au dessin réaliste de Lambil qui -pourtant- l'abandonnera pour se consacrer à la saga des "Tuniques Bleues". Série peu soutenue par l'éditeur (Dupuis), nos héros verront quand même 19 grandes aventures éditées chez Samedi Jeunesse (de grands albums, en noir et blanc, agrafés -pour moi les meilleurs-). Heureusement, l'éditeur Magic Strip aura la bonne idée de rééditer 17 albums -sous forme cartonnée- entre 1980 et 1981. Sandy et Hoppy ?... Une excellente série réaliste qui mêle action, dépaysement, intrigues, aventures policières et didactisme. Une série dans beaucoup de mémoires encore. J'aime beaucoup.
Houppeland
Rholala, ma bonne dame, que voila un petit bijou d'humour glacial! Si je n'avais pas lu les avis positifs de ce site, je n'aurais peut être jamais compris la feinte de la queue du mari... Merci à toi, Roi d'Amour! Achetez le, même si vous n'êtes pas un extra-fan de Tronchet, cette intégrale est absolument incontournable pour qui sait apprécier l'humour absurde.
Pom et Teddy
Pom et Teddy pointent le bout de leur museau et nez dans l'hebdo Tintin n° 9, 8ème année, du 4 Mars 1953. "Pom et Teddy"?... Une série qui se déroule dans le monde du cirque ; un milieu peu "exploré" par les auteurs de bandes dessinées. Après les premiers épisodes, le groupe formé -où Pom (l'âne) n'aura plus qu'un rôle secondaire- va quitter les installations "du spectacle" pour parcourir et vivre des aventures de par le monde. Curieux groupe d'ailleurs que celui formé par Teddy et Maggy -deux jeunes adolescents-, Pom l'âne et Tarrass-Boulba, un géant animé d'une force tranquille. Curieux et attachant, et qui fera la joie d'une large frange du lectorat de Tintin. Et c'est vrai qu'à l'époque (voici plus de 50 ans !) ces aventures "exotiques" permettaient aux gens de rêver ; eux qui étaient en pleine après-guerre. Pom et Teddy est une série qui reflète bien l'idée d'une certaine forme de bande dessinée des années 50/60. Son succès ne se démentira jamais, sous la maîtrise scénaristique et graphique du créateur : François Craenhals. Où le bât blesse (un peu) c'est au niveau de l'édition. Si les albums 1 à 7, parus de 1956 à 1965, le sont tous chronologiquement par Le Lombard ; il faut ensuite y regarder à deux fois. Divers éditeurs (Rombaldi, Deligne, Samedi Jeunesse, Bédéscope, Rijperman et Claude Lefrancq) vont -chacun à leur façon- éditer des suites originales et/ou des rééditions. Mais nombreuses sont les rééditions dont les TITRES ORIGINAUX et les dessins de couverture sont changés. D'où confusion dans l'esprit de l'acheteur qui croit -de bonne foi- avoir fait l'acquisition d'une nouvelle aventure. J'ai effectué un "tri" dans ces diverses parutions d'albums et considère la série suivante d'éditions comme la bonne (mais cela n'engage que moi) : Albums 1 à 7. Editions du Lombard. Albums 8 ( "Les nouvelles aventures de Pom et Teddy" sous-titré "Le microfilm"), 9 ("Des copains et des hommes") et 10 (Plein feu sur Teddy). Editions Deligne (en noir et blanc). Ces trois albums, brochés, sont parus en 1977. Album 11. ("Les stats"). Un recueil de 4 histoires. Chez Bédéscope. Album broché noir et blanc. Notice info : l'éditeur Rijperman a effectué la réédition de 8 albums, de très belle présentation et sous forme cartonnée, mais dans le désordre. Pourquoi ?... En 1983 et 1984, suite à un certain regain d'intérêt suscité par cette série, Le Lombard a tenté la réédition de deux albums. Sans grand succès. "Pom et Teddy" est le reflet d'une certaine époque. Une époque révolue et à la douce nostalgie. Mais c'était drôlement bien foutu quand même !!... L'auteur : François CRAENHALS, dessinateur-scénariste de nationalité belge, est né à Ixelles le 15 Novembre 1926. Décédé le 02 Août 2004. Outre cette série, il est surtout connu pour Chevalier Ardent et -dans une moindre mesure- Les 4 as. Craenhals?... l'idée qu'on peut se faire de la bonne bande dessinée, de tradition, populaire et de qualité.
Un ciel radieux
Aussi fort que Quartier lointain, ce n'était pas gagné, mais Taniguchi l'a fait. L'émotion est là (J'en ai eu les larmes aux yeux à 3 reprises). Cette oeuvre est plus politique que celles qui ont précédés puisqu'elle aborde le thème du sacrifice de la famille face à la sacro-sainte flexibilité du travail que tous les médias politiquement corrects nous assainent comme une fatale évidence. Taniguchi nous rappelle, avec beaucoup d'émotions et un véritable recul qu'il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler. Cette thématique était déjà présente en filigramme dans L'Homme qui marche. La nouveauté est de parler des choix de vie face au travail et à la famille et au fait de subir ou d'aller de l'avant. Il semble en effet que le personnage principal aurait pu faire fortune grâce à ses recherches au lieu de se laisser exploiter par son entreprise. Si Quartier lointain touche certainement un public plus large (tous les lecteurs de BD ont été écoliers), cette oeuvre doit certainement déplaire aux plus jeunes qui ont peut-être du mal à se projeter dans la peau d'un homme de 42 ans. Pour un bédéphile qui a le plaisir d'être papa et qui est dans le monde du travail, c'est un vrai bonheur.
Harry sauve la planète
C'est avec les yeux écarquillés que j'ai découvert cette BD dont je n'ai hélas pu lire que le premier tome. C'est ma première rencontre avec Al Séverin et je suis littéralement estomaqué par son talent mais surtout par le fait qu'il soit passé aussi inaperçu à mes yeux dans le monde de la BD. Pour exemple, cette série, Harry, a vu son premier tome publié initialement chez Claude Lefrancq Editeurs. Manque de succès, raisons diverses, que sais-je, quoiqu'il en soit, elle s'est arrêtée sur un "à suivre..." très prometteur. Le second tome, fin de l'histoire, ne fut publié en tirage limité que 5 ans plus tard chez Several pictures, maison d'édition créée directement par Al Séverin. Un troisième tome, lançant une nouvelle aventure, fut ensuite publié en 2002, une fois de plus en tirage limité. Autrement dit, cette série est une rareté, et ça parait incroyable quand on voit la qualité de l'oeuvre. Le dessin d'Al Séverin est proprement excellent. Il s'inspire et fait directement référence aux illustrations et bandes-dessinées de la première moitié du 20e siècle. A mes yeux, je vois du Jijé dans son trait, le Jijé des débuts de Spirou. Je reconnais un peu aussi du Edgar Rice Burroughs, voire même du Winsor McCay pour certaines mises en page. Et je suppose que les experts reconnaîtront beaucoup d'autres influences. Mais ces influences, Al Séverin les transcende pour offrir son propre trait très maîtrisé. Les planches imitent sciemment un style rétro. Cela va du dessin jusqu'aux couleurs, et cela se retrouve aussi dans le style du récit. Mais cet aspect rétro est comme adapté à la bande-dessinée moderne, en gagnant ainsi énormément en fluidité et en plaisir de lecture tout autant qu'en plaisir visuel. Je ne ferais que deux reproches à ce choix graphique. Le premier tient dans la colorisation : oui, ces couleurs font rétro, mais je dois admettre que les palettes chromatiques rétro, c'est assez moche, ça en gâche presque ce superbe dessin. Le second reproche concerne le lettrage : le dessin d'ensemble est visiblement privilégié par Al Séverin au dépends des bulles, souvent trop étroites, et du lettrage, bien fait mais trop petit à mes yeux. C'est dommage car les dialogues sont bons et bien écrits, mais ils sont parfois si petits ou si à l'étroit dans leurs bulles que ça rend la lecture un tout petit peu pénible. Tout comme le graphisme, le récit est lui aussi excellent. Dans un monde légèrement steampunk, Harry, grand et bel homme au physique à mi-chemin entre Clarck Kent et Tarzan, est un pauvre ouvrier dans une usine où il se fait exploiter. Héros à l'esprit droit et sans aucun défaut, il partira à l'aventure pour sauver son tendre amour, jusqu'aux confins de pays exotiques où il combattra sauvages indigènes et dangereux robots. La narration est plaisante. Le récit ne manque pas d'humour. L'intrigue est bien montée et intéressante. Et les nombreuses références implicites aux ouvrages d'aventure des années 30/40 passent parfaitement, aussi bien que si on lisait une BD au scénario très moderne. Un superbe hommage tout en étant une oeuvre à part entière, qui se suffit à elle-même grâce à son très bon scénario et son superbe dessin. Je ne connaissais pas Al Séverin, mais maintenant je sais que je vais chercher activement à lire sa bibliographie complète.
Pour Notre-Dame
"Pour Notre-Dame", je sais, est un vieux machin de 1959. Mais c'est un peu "mon" album. Un des touts premiers "livres à images" que, sollicitée, ma grand-mère m'avait acheté. Elle n'est plus là depuis bien longtemps. Et cet album est un peu mon "relais" avec elle. Et qu'est-ce que j'ai frissonné, exulté -gamin-, à la lecture de cette histoire : une magnifique fresque guerrière dans l'Irlande du 16ème siècle. Plus tard, bien plus tard, regardant aux infos télévisées les véritables batailles rangées qui opposent -encore et toujours- catholiques irlandais et armée anglaise, j'ai replongé dans cet album et ai compris une grosse partie du pourquoi de ces violences actuelles... Ferrari au dessin et Rutalais au scénario (d'après un texte de Atamante) nous offrent ici plus qu'une histoire : un vrai pan de l'Histoire. Le fil conducteur en est un tout jeune garçon arraché aux siens, devenu un féroce combattant et qui -pourtant- retrouvera ses racines. Le graphisme de Ferrari est époustouflant. Par son trait, ses cadrages, sa mise en scène baroque, il nous offre ici une déferlante de duels, combats, attaques, assauts, embuscades diverses entre ces communautés rivales. Les scènes de batailles sont vraiment grandioses, fourmillent de détails et de personnages. Dans ces combats épiques, on sent un grand souffle guerrier dans cette quête de la liberté face à l'oppresseur anglais. Un personnage "tout en douceur" s'y trouve néanmoins mêlé : "Liam l'Ymagier", le grand-père muet de Rathleen ; un sculpteur-médailliste. J'ai trouvé ce surnom admirable, où tout se résume à un mot : image. Ca m'a plu. Et je n'ai pas oublié. Il m'a fait un Clin d'oeil pour mon unique pseudo. Et je m'en réjouis. Il est fort possible que vous ne lisiez jamais cet excellent album, jamais réédité. Et c'en est grand dommage car vous allez rater des moments narratifs et graphiques exceptionnels. Parmi mes collections, "Pour Notre-Dame" fait partie du Top 5. J'appose une cote de "5" : très rare de ma part. Les auteurs : Malgré mes recherches, je n'ai jamais pu trouver quelque chose de conséquent en cause de Ferrari et Rutalais. Pseudos pour un one-shot seulement connu de quelques collectionneurs ? Je ne sais. Ils sont venus? Ils sont partis. J'aurais sincèrement aimé les rencontrer.
Henri Désiré Landru
Cet album est une perle! Chabouté brosse le portrait d'un personnage aussi célèbre qu'obscur, Henri Désiré Landru. Un homme sur lequel on a déjà dit ou écrit pas mal de choses, pourtant cet album surprend. Le regard de Chabouté sur Landru n'est ni distant ni dénué de tendresse, il se garde bien de le dépeindre comme un homme mystérieux et secret, il en donne une vision à la fois simple et neuve. Dans une époque -que l'on devine en fond- reconstituée à la perfection, dans un contexte ou l'on sent que les blessures laissées par la grande guerre sont encore ouvertes, Chabouté se réapproprie un sinistre fait divers et nous en livre une vision surprenante, fascinante pleine de cynisme et de noirceur. A l'image de l'imposante maison dessinée en couverture cette histoire en impose, elle nous frappe! Une lecture incontestablement marquante. "Henri Désiré Landru" est une oeuvre audacieuse qui ne manque ni de ressources ni de surprises, comme ces quelques pages nous montrant les tranchées; une histoire dans l'histoire, narrée par les images et illustrée par les propos d'un poilu, au travers d'une lettre qu'il rédige fiévreusement. Bien qu'étant très brève cette séquence fait son effet, un vrai choc ! Le récit est admirablement construit, l'hypothèse que nous propose Chabouté est si convaincante que l'on ne peut que prendre plaisir à s'imaginer que c'est peut-être comme cela que tout s'est déroulé. Et si c'était ça ? Un scénario génial, prenant et pesé au millimètre, sublimé par le trait expressif de Chabouté, des dessins aux noirs si profonds et intenses que l'on s'y égare. Cette BD est une oeuvre profonde, envoûtante, difficile à classer tant elle brasse les genres avec panache, autant capable de séduire l'amateur de roman graphique que de passionner celui qui s'intéresse à l'Histoire. Cette BD bénéficie d'une ambiance noire digne des thrillers les plus sombres. J'aimerais ne pas m'arrêter de parler de cet album... JJJ
Lucha Libre
Je dois vous avouer mon secret honteux (bien que vous soyez probablement déjà au courant) : petit, j'étais très fan de catch, et encore aujourd'hui, je garde un certain intérêt pour cette discipline spotivo-clownesque où des types en collants et masques font semblant de se bagarrer. Du coup, quand j'ai appris que les Humanoïdes Associés lançaient Lucha Libre, j'étais à la fois content de voir débarquer une BD sur le catch mexicain, et un peu soupçonneux à l'idée que le catch mexicain ne serait qu'un prétexte à lancer une BD de bagarre manga-esque à deux balles sans grand rapport avec le catch et surtout destinée à une future exploitation commerciale multi-supports (vous pouvez acheter les t-shirts sur le site internet, les jouets ont été lancés aux Etats-Unis avant même la sortie de la version comics de la série, et je ne serais pas étonné de voir cet univers décliné en série animée et jeux vidéos par la suite). Bref, j'ai quand même acheté ce petit album souple (un peu cher vu le format et le nombre de pages, c'est pourquoi je ne conseille pas tout de suite l'achat, mieux vaut attendre quelques numéros avant d'être sûr de ce que la série a dans le ventre), et je l'ai lu d'une traite. Evidemment, c'est bel et bien de la BD de bagarre commerciale au design vraisemblablement réalisé par un graphiste de pub, mais c'est chouette. Pour une fois, c'est une parodie de BD de superhéros qui ne joue pas sur l'habituel ressort comique "Super-Machin est en réalité un gros ringard prétentieux, débile et peureux" ; ici, nos héros sont juste de braves gars qui rêvent de sauver le monde mais dont tout le monde se moque malgré leur bravoure et leur bonne volonté, simplement parce que se promener masqué en voulant jouer au héros, ben, dans une BD ça passe mais dans la vraie vie ça donne l'air con. Le scénario ne casse pas des briques c'est vrai, mais les dialogues sont pas mal, les personnages et leur univers sont assez originaux, le monde de la lucha libre n'est pas un simple décor de pacotille à l'intention d'un public qui de toute façon ne s'intéresse pas à la discipline (visiblement les auteurs se sont documentés, les personnages utilisent d'authentiques prises de catch, il y a un petit article sur Santo et le catch mexicain dans l'album, des mini-histoires autour de cette discipline en fin de tome..). C'est marrant, c'est rythmé, le dessin est chouette (en plus du look réussi des personnages, ceux qui ont déjà visité L.A. dans leur vie apprécieront la qualité des décors), ça se lit vite, bref, un bon petit premier album, pas inoubliable, mais qui fait attendre la suite avec impatience. N'achetez pas forcément tout de suite mais guettez la sortie du tome 2 en novembre.