Je trouve les critiques précédentes un poil dures !
Certes le ton est léger, les personnages de missionnaires ne donnent pas dans l'anticléricalisme acide mais permettent un regard décalé sur une époque fascinante : les années 30.
Le dessin est splendide et les histoires jubilatoires, nous revisitons la France, l'Amérique l'Allemagne, nous voyons les évènements qui mèneront à la guerre... avec l'humour de Yann comme d'habitude. Je suis inconditionnel.
Super ! Je viens de terminer la lecture des deux tomes et je me suis régalé (préférence pour le tome 1). Des dessins très colorés, des paysages magnifiques, une histoire procurant beaucoup d'émotions, de la joie, de la tristesse, des sourires. On se pose des questions, on cherche à deviner le dénouement. N'hésitez pas, c'est vraiment une bd de qualité.
Bravo pour la couverture du tome 1 qui est superbe. J'ai également bien aimé le format : 2 volumes de 96p.
C'est mon coup de coeur du moment !
Une BD par le scénariste de Ken le survivant, Heat et du fantastique Sanctuary, cela ne peut être que tentant. Toujours sur le milieu de la pègre japonaise, G Gokudo Girl est une oeuvre tantôt drôle, tantôt touchante, parfois très violente, mais souvent très juste dans le ton employé. Le scénariste Buronson est décidément l'un des meilleurs sur le marché, et ce depuis plus de 15 ans.
Ajoutez à cela des dessins un peu vieillots (ils me font penser dans les visages à ceux de Lupin the 3rd/Edgar de la Cambriole) et très beaux à la fois, et vous avez une oeuvre intéressante, assez courte (il n'y a que 5 tomes) et surtout très vivante. Un des "must have" du moment.
Cages : la bible du BDphile, l'album de toutes les réponses, le livre de chevet philosophique de tout être aimant la vie et ses complications, d'une manière ou d'une autre.
La grande force de cet album est en effet d'aborder de nombreux thèmes, et ce de manière très fine. Toutes les finesses du monde sont abordées, de manière plus ou moins concrètes : L'art (principalement) sous toutes ses formes, la mort, les relations humaines, la haine, l'attente, l'espoir, l'amour... toujours avec beaucoup de recul, sans vouloir donner de leçon ni être prétentieux.
Ne serait-ce que par la vision de l'art présentée par l'auteur dans cet album, "Cages" est à rapprocher de L'artiste de la famille de Larcenet : Bien que la forme soit très différente (le style est moins centré sur l'auteur dans Cages, le personnage principal étant un artiste de fiction), le fond, très fort, peut rappeler certains passages de l'album des rêveurs.
Mais c'est surtout dans la vision de la mort (et de la vie) très personnelle de Mc Kean que j'ai été touché. Le passage de l'absence du mari perdu depuis 5 ans est aussi très fort. Etrangement (ou plutôt logiquement !) il n'a pas touché d'autres lecteurs du tout : c'est une fois de plus la grande force de "Cages". Chacun sera sensible à différents passages, selon son histoire, son expérience, sa vie.
Et c'est ainsi que l'album vous parlera plus ou moins, seuls les véritables amateurs de patinage artistique n'ayant pas vibré à la lecture de cet album.
Graphiquement, c'est exquis : dessin maîtrisé en bichromie légère, ponctué par ci par là de planches très graphiques, colorées, permettant une introspection plus grande dans le récit. Mc Kean a été plus graphique encore dans d'autres albums, mais il privilégie ici la narration et s'en sort parfaitement. Certaines planches, complètement muettes, sont justement particulièrement parlantes...
Un livre culte... une réelle réflexion qui mérite d'être lue.
C'est une série qui a bercé mon enfance et je vais avoir 50 ans. Pourquoi nier aujourd'hui ce qui m'a tant plu hier. Evidemment ce n'est pas dans les canons de la mode BD actuelle, mais n'oublions pas qu'à l'époque il n'y avait pas tant de choix qu'aujourd'hui. De plus, à cette époque, on apprenait encore la morale dans le sens "positif" du terme !
Je conseillerai toujours cette lecture pour les plus jeunes à qui c'est très bien indiqué avant de perdre leur innocence au profit d'autres BD plus "dirigées" et plus "violentes".
Bon, Davodeau, à priori je suis plutôt fan. J'ai adoré Quelques jours avec un menteur et Chute de Vélo, et presque autant Le réflexe de survie. Mais cette fois, j'ai eu une petite appréhension, et j'ai commencé ma lecture un peu à reculons.
Comme j'avais tort !
En fait, c'est passionnant dès le début. On découvre l'histoire sociale récente, le développement des mouvements syndicaux, le quotidien des ouvriers issus du milieu rural, de la Libération à l'élection de Mitterrand aux présidentielles de 1981, à travers le parcours de deux militants qui nous sont très vite sympathiques. En contre-point du récit, des repères historiques, permettent de le situer dans son contexte national et international.
Le moins que l'on puisse dire c'est que le parents de l'auteur ont eu un parcours pas ordinaire, qui méritait bien que leur fils y consacre un album. A ce sujet, les conversations entre Davodeau junior et ses parents sont vraiment savoureuses. C'est l'une des forces de cet album : l'intense chaleur humaine qui se dégage des personnages, le naturel des dialogues, renforcé par le dessin. Et ça, c'est la grande force de Davodeau : des personnages rendus très vite attachants par la simplicité du texte et un trait qui restitue toutes les nuances des sentiments humains. C'est magique.
Bon, il faut dire que ses personnages, réels, ont aussi parfois bien du talent, ce qui donne lieu à des passages vraiment excellents, comme lorsque cet ex-prêtre conclut sa réflexion en disant "Dieu est une hypothèse".
De plus, comme on peut s'y attendre, à partir d'un certain moment du récit, Davodeau lui-même fait son apparition, ce qui nous vaut d'autres scènes assez sympas et nous permet ainsi de mieux le connaître.
Vous l'aurez compris, Davodeau étant un conteur et un dessinateur extrêmement talentueux, c'est à la fois instructif, sans jamais être rébarbatif, et souvent plein d'humour. J'ai donc pris un immense plaisir à lire cet album, j'ai découvert une page de l'histoire sociale récente de la France, mieux saisi le sens qu'à pu revêtir, pour tous ces gens, l'accession de François Mitterrand au pouvoir, et c'est avec enthousiasme que je lui donne 4 étoiles, et qu'à la question "achat conseillé ?" je réponds : oui ! :)
"Le Collectionneur" s'apparente plus à un conte moral qu'à une banale suite de récits d'aventures, aussi intéressants soient-ils.
Ainsi notre héros ne s'intéresse t’il, dans ses pérégrinations autour du monde, qu'à des objets qui ont une histoire, un vécu, ce qui le démarque radicalement de la plupart des collectionneurs classiques. Ainsi se retrouve-t-il souvent dans la gueule du loup, en fâcheuse posture, et parfois au coeur de l'action, devenant un rouage essentiel, mais discret, de l'Histoire. Ses voyages l'ont amené à sympathiser avec des représentants de nombre d'ethnies, ce qui lui vaut souvent des aides bien pratiques de se sortir de fâcheuses situations.
Bien sûr, les histoires de Toppi sont des prétextes. Sous couvert de nous faire admirer sa remarquable technique graphique tout en hachures de noir et blanc, il nous permet de réfléchir sur la simplicité de certains petits plaisirs, et de repousser les mesquineries. Quel que soit le décor, quelle que soit l'ethnie représentée dans ses histoires, le dessin est toujours sublime, un peu figé dans certains cas, mais il ne peut laisser insensible.
A noter que le quatrième tome, non conclusif, permet de prendre la mesure, sinon exacte, du moins plus juste de la série réalisée par Toppi.
Une série à dévorer et à méditer.
Le très réservé Ron Lithgow, va se retrouver malgré lui enfermé dans une étrange armure, en effet des extra-terrestres désireux de comprendre le fonctionnement de la vie sur terre, échangent le corps de l'un des leurs avec celui de Lithgow.
Ce dernier, sans espoir de guérison, se retrouve affublé en guise d'enveloppe corporelle de pierre aussi invulnérable qu'inadaptée à la vie sur terre.
Ron Lithgow est un militant écologiste, introverti, extrêmement sensible, il va très mal vivre cette situation. Tout d'un coup exposé sous les feux des médias, suivi de très prêt par l'armée, Ron aura de plus en plus de mal à s'extérioriser.
Cette histoire traite de la différence et de la difficulté que peuvent éprouver certaines personnes à y faire face, sujet couru me direz vous... Et pourtant Chadwick réussi son coup, sa BD explore ce thème sous un angle nouveau. Ron désormais surnommé "Concrete" possède des facultés fabuleuses, une vue lui permettant de voir au delà de l'horizon, une force hallucinante, une immunité contre toutes formes de maladies... En contrepartie, le moindre de ses gestes provoque des catastrophes, à sa vue la foule est effrayée, les plaisirs de la vie lui sont interdits.
C'est une pauvre créature qui fascine et repousse à la fois.
Est c'est montré de façon magnifique dans cette BD, c'est une belle réflexion sur la condition de l'homme au sein des siens.
Dans le premier tome, les quatre épisodes de "Etrange armure", on découvre non seulement le début de l'histoire de Concrète, son dramatique destin mais surtout sa formidable volonté d'aller de l'avant. D'une facture tout de même assez classique, ce tome doit quand même être lu pour appréhender le second, bien plus intéressant.
Le second, donc les cinq épisodes de "Fragile créature", montre Concrète dans un univers bien plus intéressant, celui du cinéma. Mais loin d'avoir le premier rôle dans une superproduction, Concrete bosse au département des effets spéciaux sur un bon vieux Bis nanardeux. Dans ce monde, où se côtoient producteurs véreux, stars mégalos au rabais, réalisateurs passionnés mais bridés par les impératifs de production et moult manipulateurs en tous genres, Concrète réussira dans la douleur à trouver sa place.
Ce tome, loin de présenter une galerie de clichés, a un contenu intelligent, le tout est d'un réalisme saisissant (je ne peux dire que ce que j'ai ressenti, je n'ai jamais eu l'occasion de me trouver sur un plateau de tournage), Chadwick a l'air de bien connaître cet univers et ne lui fait pas de cadeaux. En tout cas, on y croit et l'on suit les péripéties de cet étrange héros avec attention. Ce tome est clairement supérieur au premier, tant pour son originalité que pour la justesse des situations.
Pourtant Concrete est loin d'être un chef-d’œuvre et ce pour deux raisons majeures: Une narration lente et vieillotte dans sa forme, qui bien qu'empreinte d'une certaine poésie, ne fait pas oublier ses longueurs. Mais le gros point noir c'est le dessin...
Les dessins seront loin de faire l'unanimité, parfois le tout semble bien trop dépouillé, parfois à l'inverse les images sont trop chargées, de manière générale le trait a un aspect brouillon et cela rend vraiment la lecture pénible par moments. Et ce n'est pas les couleurs bien trop agressives qui sauvent la situation. Difficile de ne pas être rebuté, par l'aspect graphique, feuilletez, vous verrez...
Pour moi Concrète est une belle histoire qui aurait mérité de plus jolies images. Conscient des défauts de cette BD, j'en conseille tout de même la lecture, elle est assez riche pour surmonter ses handicaps, tout comme son personnage principal.
JJJ
Dilemme économique: comment concilier production industrielle et réussite artisanale ? La réponse est illustrée par Sfar en ce moment dont l'actualité est énorme et la qualité au rendez-vous, sur Klezmer au moins.
Un superbe dessin, qui certes n'est pas du Chagall, mais qui donne une force et une ambiance admirable à ces planches. Quand Sfar parle de la couleur dans ses notes à la fin du tome 2, j'ai enfin réalisé qu'effectivement les couleurs étaient "particulières" mais qu'elles donnaient une ambiance merveilleuse. Comment arriver à utiliser du vert, du jaune et des teintes bizarres sans que cela choque l'oeil et en donnant une superbe ambiance à cette histoire ? Là encore Sfar a réussi à faire une belle synthèse de deux éléments qui semblent éloignés. Il en va de même avec le manque de précision des dessins, du "coloriage" et l'extrême justesse du trait. Tout ceci arrive à donner une impression d'être dessinée dans la matière du rêve: cotonneux, créant une ambiance brumeuse tout en faisant sortir des détails avec force (comme une nuit de sommeil: une impression brumeuse, mais des détails de rêves qui restent...).
C'est un peu pareil pour l'histoire, un peu brumeuse mais très simple. En fait le tout pourrait être comparé à de la Barbe-à-Papa: un assemblage de petits fils qui volent au vent, mais qui forment un ensemble majestueux et cotonneux qui se laisse savourer.
Les personnages sont attachant car complets et humains: ce ne sont pas des supers héros, ils ont leurs défauts, leurs crimes, leur passé, leur lubie, leur connerie, leur sourire... Au final ils s'acceptent tous pour constituer un petit groupe charmant, qui vit quelque chose de finalement assez simple (on voyage en faisant de la musique) dans des circonstances qui ne le sont pas. Tout ceci amène Sfar à nous présenter simplement des petites bulles de philosophie quotidienne avec beaucoup de tendresse, de recul simple. Pas de grands discours, mais des petits éléments de pensée, qui donnent le sourire et qui constituent en elles-mêmes une belle petite ode à la vie, à l'amitié et à la simplicité. On retrouve certes des éléments du Chat du Rabin, mais tout me semble plus simple, plus en prise avec la vie quotidienne. Ceci est sûrement lié à un recul plus fort avec la religion dans cette oeuvre qui est largement remise en cause. Klezmer est à mon sens un contrepoint par rapport au Chat du Rabbin: la religion n'est plus structurante dans le vie des gens et dans la construction du récit, elle est plus remise en cause...
Enfin les notes de Sfar sont un vrai délice. Je me suis marré tout seul dans le métro quand il parle de la Fête de la Musique d'ailleurs. Il dit beaucoup de choses, sans importance, pour constituer quelque chose qui a du sens, que peut en avoir plein de sens différents parmi chacun pourra piocher une petite pensée à grignoter.
Un vrai régal dont on attend à autre opus.
Pour apprécier Angel Heart, il faut avoir aimé City Hunter, la série dont Angel Heart est issue. Soit par son adaptation animée (Nicky Larson en France) dont la première diffusion a débuté il y a presque 20 ans maintenant, soit par le manga traduit par J'ai Lu il y a plus de 10 ans. Sans ça, toutes les références (et elles sont vraiment très nombreuses) seront manquantes, et je ne doute pas que la BD pourra paraître plus fade.
Pour les amateurs de City Hunter, donc, ce sera un bonheur fou : l'oeuvre est encore plus noire, les histoires bien plus tragiques (et la sensibilité qui s'en dégage est absolument exemplaire), le dessin absolument fabuleux.
Sans aucun doute la meilleure oeuvre de l'auteur, et à mes yeux l'une des meilleures BD qui soit.
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Odilon Verjus
Je trouve les critiques précédentes un poil dures ! Certes le ton est léger, les personnages de missionnaires ne donnent pas dans l'anticléricalisme acide mais permettent un regard décalé sur une époque fascinante : les années 30. Le dessin est splendide et les histoires jubilatoires, nous revisitons la France, l'Amérique l'Allemagne, nous voyons les évènements qui mèneront à la guerre... avec l'humour de Yann comme d'habitude. Je suis inconditionnel.
Où le regard ne porte pas...
Super ! Je viens de terminer la lecture des deux tomes et je me suis régalé (préférence pour le tome 1). Des dessins très colorés, des paysages magnifiques, une histoire procurant beaucoup d'émotions, de la joie, de la tristesse, des sourires. On se pose des questions, on cherche à deviner le dénouement. N'hésitez pas, c'est vraiment une bd de qualité. Bravo pour la couverture du tome 1 qui est superbe. J'ai également bien aimé le format : 2 volumes de 96p. C'est mon coup de coeur du moment !
G Gokudo girl
Une BD par le scénariste de Ken le survivant, Heat et du fantastique Sanctuary, cela ne peut être que tentant. Toujours sur le milieu de la pègre japonaise, G Gokudo Girl est une oeuvre tantôt drôle, tantôt touchante, parfois très violente, mais souvent très juste dans le ton employé. Le scénariste Buronson est décidément l'un des meilleurs sur le marché, et ce depuis plus de 15 ans. Ajoutez à cela des dessins un peu vieillots (ils me font penser dans les visages à ceux de Lupin the 3rd/Edgar de la Cambriole) et très beaux à la fois, et vous avez une oeuvre intéressante, assez courte (il n'y a que 5 tomes) et surtout très vivante. Un des "must have" du moment.
Cages
Cages : la bible du BDphile, l'album de toutes les réponses, le livre de chevet philosophique de tout être aimant la vie et ses complications, d'une manière ou d'une autre. La grande force de cet album est en effet d'aborder de nombreux thèmes, et ce de manière très fine. Toutes les finesses du monde sont abordées, de manière plus ou moins concrètes : L'art (principalement) sous toutes ses formes, la mort, les relations humaines, la haine, l'attente, l'espoir, l'amour... toujours avec beaucoup de recul, sans vouloir donner de leçon ni être prétentieux. Ne serait-ce que par la vision de l'art présentée par l'auteur dans cet album, "Cages" est à rapprocher de L'artiste de la famille de Larcenet : Bien que la forme soit très différente (le style est moins centré sur l'auteur dans Cages, le personnage principal étant un artiste de fiction), le fond, très fort, peut rappeler certains passages de l'album des rêveurs. Mais c'est surtout dans la vision de la mort (et de la vie) très personnelle de Mc Kean que j'ai été touché. Le passage de l'absence du mari perdu depuis 5 ans est aussi très fort. Etrangement (ou plutôt logiquement !) il n'a pas touché d'autres lecteurs du tout : c'est une fois de plus la grande force de "Cages". Chacun sera sensible à différents passages, selon son histoire, son expérience, sa vie. Et c'est ainsi que l'album vous parlera plus ou moins, seuls les véritables amateurs de patinage artistique n'ayant pas vibré à la lecture de cet album. Graphiquement, c'est exquis : dessin maîtrisé en bichromie légère, ponctué par ci par là de planches très graphiques, colorées, permettant une introspection plus grande dans le récit. Mc Kean a été plus graphique encore dans d'autres albums, mais il privilégie ici la narration et s'en sort parfaitement. Certaines planches, complètement muettes, sont justement particulièrement parlantes... Un livre culte... une réelle réflexion qui mérite d'être lue.
Sylvain et Sylvette
C'est une série qui a bercé mon enfance et je vais avoir 50 ans. Pourquoi nier aujourd'hui ce qui m'a tant plu hier. Evidemment ce n'est pas dans les canons de la mode BD actuelle, mais n'oublions pas qu'à l'époque il n'y avait pas tant de choix qu'aujourd'hui. De plus, à cette époque, on apprenait encore la morale dans le sens "positif" du terme ! Je conseillerai toujours cette lecture pour les plus jeunes à qui c'est très bien indiqué avant de perdre leur innocence au profit d'autres BD plus "dirigées" et plus "violentes".
Les Mauvaises Gens
Bon, Davodeau, à priori je suis plutôt fan. J'ai adoré Quelques jours avec un menteur et Chute de Vélo, et presque autant Le réflexe de survie. Mais cette fois, j'ai eu une petite appréhension, et j'ai commencé ma lecture un peu à reculons. Comme j'avais tort ! En fait, c'est passionnant dès le début. On découvre l'histoire sociale récente, le développement des mouvements syndicaux, le quotidien des ouvriers issus du milieu rural, de la Libération à l'élection de Mitterrand aux présidentielles de 1981, à travers le parcours de deux militants qui nous sont très vite sympathiques. En contre-point du récit, des repères historiques, permettent de le situer dans son contexte national et international. Le moins que l'on puisse dire c'est que le parents de l'auteur ont eu un parcours pas ordinaire, qui méritait bien que leur fils y consacre un album. A ce sujet, les conversations entre Davodeau junior et ses parents sont vraiment savoureuses. C'est l'une des forces de cet album : l'intense chaleur humaine qui se dégage des personnages, le naturel des dialogues, renforcé par le dessin. Et ça, c'est la grande force de Davodeau : des personnages rendus très vite attachants par la simplicité du texte et un trait qui restitue toutes les nuances des sentiments humains. C'est magique. Bon, il faut dire que ses personnages, réels, ont aussi parfois bien du talent, ce qui donne lieu à des passages vraiment excellents, comme lorsque cet ex-prêtre conclut sa réflexion en disant "Dieu est une hypothèse". De plus, comme on peut s'y attendre, à partir d'un certain moment du récit, Davodeau lui-même fait son apparition, ce qui nous vaut d'autres scènes assez sympas et nous permet ainsi de mieux le connaître. Vous l'aurez compris, Davodeau étant un conteur et un dessinateur extrêmement talentueux, c'est à la fois instructif, sans jamais être rébarbatif, et souvent plein d'humour. J'ai donc pris un immense plaisir à lire cet album, j'ai découvert une page de l'histoire sociale récente de la France, mieux saisi le sens qu'à pu revêtir, pour tous ces gens, l'accession de François Mitterrand au pouvoir, et c'est avec enthousiasme que je lui donne 4 étoiles, et qu'à la question "achat conseillé ?" je réponds : oui ! :)
Le Collectionneur
"Le Collectionneur" s'apparente plus à un conte moral qu'à une banale suite de récits d'aventures, aussi intéressants soient-ils. Ainsi notre héros ne s'intéresse t’il, dans ses pérégrinations autour du monde, qu'à des objets qui ont une histoire, un vécu, ce qui le démarque radicalement de la plupart des collectionneurs classiques. Ainsi se retrouve-t-il souvent dans la gueule du loup, en fâcheuse posture, et parfois au coeur de l'action, devenant un rouage essentiel, mais discret, de l'Histoire. Ses voyages l'ont amené à sympathiser avec des représentants de nombre d'ethnies, ce qui lui vaut souvent des aides bien pratiques de se sortir de fâcheuses situations. Bien sûr, les histoires de Toppi sont des prétextes. Sous couvert de nous faire admirer sa remarquable technique graphique tout en hachures de noir et blanc, il nous permet de réfléchir sur la simplicité de certains petits plaisirs, et de repousser les mesquineries. Quel que soit le décor, quelle que soit l'ethnie représentée dans ses histoires, le dessin est toujours sublime, un peu figé dans certains cas, mais il ne peut laisser insensible. A noter que le quatrième tome, non conclusif, permet de prendre la mesure, sinon exacte, du moins plus juste de la série réalisée par Toppi. Une série à dévorer et à méditer.
Concrete
Le très réservé Ron Lithgow, va se retrouver malgré lui enfermé dans une étrange armure, en effet des extra-terrestres désireux de comprendre le fonctionnement de la vie sur terre, échangent le corps de l'un des leurs avec celui de Lithgow. Ce dernier, sans espoir de guérison, se retrouve affublé en guise d'enveloppe corporelle de pierre aussi invulnérable qu'inadaptée à la vie sur terre. Ron Lithgow est un militant écologiste, introverti, extrêmement sensible, il va très mal vivre cette situation. Tout d'un coup exposé sous les feux des médias, suivi de très prêt par l'armée, Ron aura de plus en plus de mal à s'extérioriser. Cette histoire traite de la différence et de la difficulté que peuvent éprouver certaines personnes à y faire face, sujet couru me direz vous... Et pourtant Chadwick réussi son coup, sa BD explore ce thème sous un angle nouveau. Ron désormais surnommé "Concrete" possède des facultés fabuleuses, une vue lui permettant de voir au delà de l'horizon, une force hallucinante, une immunité contre toutes formes de maladies... En contrepartie, le moindre de ses gestes provoque des catastrophes, à sa vue la foule est effrayée, les plaisirs de la vie lui sont interdits. C'est une pauvre créature qui fascine et repousse à la fois. Est c'est montré de façon magnifique dans cette BD, c'est une belle réflexion sur la condition de l'homme au sein des siens. Dans le premier tome, les quatre épisodes de "Etrange armure", on découvre non seulement le début de l'histoire de Concrète, son dramatique destin mais surtout sa formidable volonté d'aller de l'avant. D'une facture tout de même assez classique, ce tome doit quand même être lu pour appréhender le second, bien plus intéressant. Le second, donc les cinq épisodes de "Fragile créature", montre Concrète dans un univers bien plus intéressant, celui du cinéma. Mais loin d'avoir le premier rôle dans une superproduction, Concrete bosse au département des effets spéciaux sur un bon vieux Bis nanardeux. Dans ce monde, où se côtoient producteurs véreux, stars mégalos au rabais, réalisateurs passionnés mais bridés par les impératifs de production et moult manipulateurs en tous genres, Concrète réussira dans la douleur à trouver sa place. Ce tome, loin de présenter une galerie de clichés, a un contenu intelligent, le tout est d'un réalisme saisissant (je ne peux dire que ce que j'ai ressenti, je n'ai jamais eu l'occasion de me trouver sur un plateau de tournage), Chadwick a l'air de bien connaître cet univers et ne lui fait pas de cadeaux. En tout cas, on y croit et l'on suit les péripéties de cet étrange héros avec attention. Ce tome est clairement supérieur au premier, tant pour son originalité que pour la justesse des situations. Pourtant Concrete est loin d'être un chef-d’œuvre et ce pour deux raisons majeures: Une narration lente et vieillotte dans sa forme, qui bien qu'empreinte d'une certaine poésie, ne fait pas oublier ses longueurs. Mais le gros point noir c'est le dessin... Les dessins seront loin de faire l'unanimité, parfois le tout semble bien trop dépouillé, parfois à l'inverse les images sont trop chargées, de manière générale le trait a un aspect brouillon et cela rend vraiment la lecture pénible par moments. Et ce n'est pas les couleurs bien trop agressives qui sauvent la situation. Difficile de ne pas être rebuté, par l'aspect graphique, feuilletez, vous verrez... Pour moi Concrète est une belle histoire qui aurait mérité de plus jolies images. Conscient des défauts de cette BD, j'en conseille tout de même la lecture, elle est assez riche pour surmonter ses handicaps, tout comme son personnage principal. JJJ
Klezmer
Dilemme économique: comment concilier production industrielle et réussite artisanale ? La réponse est illustrée par Sfar en ce moment dont l'actualité est énorme et la qualité au rendez-vous, sur Klezmer au moins. Un superbe dessin, qui certes n'est pas du Chagall, mais qui donne une force et une ambiance admirable à ces planches. Quand Sfar parle de la couleur dans ses notes à la fin du tome 2, j'ai enfin réalisé qu'effectivement les couleurs étaient "particulières" mais qu'elles donnaient une ambiance merveilleuse. Comment arriver à utiliser du vert, du jaune et des teintes bizarres sans que cela choque l'oeil et en donnant une superbe ambiance à cette histoire ? Là encore Sfar a réussi à faire une belle synthèse de deux éléments qui semblent éloignés. Il en va de même avec le manque de précision des dessins, du "coloriage" et l'extrême justesse du trait. Tout ceci arrive à donner une impression d'être dessinée dans la matière du rêve: cotonneux, créant une ambiance brumeuse tout en faisant sortir des détails avec force (comme une nuit de sommeil: une impression brumeuse, mais des détails de rêves qui restent...). C'est un peu pareil pour l'histoire, un peu brumeuse mais très simple. En fait le tout pourrait être comparé à de la Barbe-à-Papa: un assemblage de petits fils qui volent au vent, mais qui forment un ensemble majestueux et cotonneux qui se laisse savourer. Les personnages sont attachant car complets et humains: ce ne sont pas des supers héros, ils ont leurs défauts, leurs crimes, leur passé, leur lubie, leur connerie, leur sourire... Au final ils s'acceptent tous pour constituer un petit groupe charmant, qui vit quelque chose de finalement assez simple (on voyage en faisant de la musique) dans des circonstances qui ne le sont pas. Tout ceci amène Sfar à nous présenter simplement des petites bulles de philosophie quotidienne avec beaucoup de tendresse, de recul simple. Pas de grands discours, mais des petits éléments de pensée, qui donnent le sourire et qui constituent en elles-mêmes une belle petite ode à la vie, à l'amitié et à la simplicité. On retrouve certes des éléments du Chat du Rabin, mais tout me semble plus simple, plus en prise avec la vie quotidienne. Ceci est sûrement lié à un recul plus fort avec la religion dans cette oeuvre qui est largement remise en cause. Klezmer est à mon sens un contrepoint par rapport au Chat du Rabbin: la religion n'est plus structurante dans le vie des gens et dans la construction du récit, elle est plus remise en cause... Enfin les notes de Sfar sont un vrai délice. Je me suis marré tout seul dans le métro quand il parle de la Fête de la Musique d'ailleurs. Il dit beaucoup de choses, sans importance, pour constituer quelque chose qui a du sens, que peut en avoir plein de sens différents parmi chacun pourra piocher une petite pensée à grignoter. Un vrai régal dont on attend à autre opus.
Angel Heart
Pour apprécier Angel Heart, il faut avoir aimé City Hunter, la série dont Angel Heart est issue. Soit par son adaptation animée (Nicky Larson en France) dont la première diffusion a débuté il y a presque 20 ans maintenant, soit par le manga traduit par J'ai Lu il y a plus de 10 ans. Sans ça, toutes les références (et elles sont vraiment très nombreuses) seront manquantes, et je ne doute pas que la BD pourra paraître plus fade. Pour les amateurs de City Hunter, donc, ce sera un bonheur fou : l'oeuvre est encore plus noire, les histoires bien plus tragiques (et la sensibilité qui s'en dégage est absolument exemplaire), le dessin absolument fabuleux. Sans aucun doute la meilleure oeuvre de l'auteur, et à mes yeux l'une des meilleures BD qui soit.