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Couverture de la série De Cape et de Crocs
De Cape et de Crocs

S'il y a bien une BD pour laquelle je me devais de poster un avis, c'est "De Cape et de crocs"!! Tome 1 : Le Secret du janissaire Au détour des rayons d'une bibliothèque une couverture bleutée, aussitôt m'a conquise ; j'ai plongé dans la nuit étoilée de Venise puis largué les amarres d'une superbe chébèque. Des dialogues plein de verve, de nombreuses références à d'illustres aînés, brillamment égalés ; un dessin somptueux, les couleurs raffinées d'une riche palette ; on côtoie l'excellence. Don Lope l'Andalou, sombre et fier hidalgo Armand de Maupertuis, baronnet d'Arudy Hermine et Sélêné, l'adorable Eusebio, Kader le janissaire, Cénile et Andreo, ce sont les personnages de cette comédie qu'eussent approuvée en choeur, Molière et Cyrano. En un mot comme en cent, vous seriez bien incultes si d'aventure vous négligiez cet album culte. Tome 2 : Pavillon noir ! Je m'en vais vous conter la puissante impression que produisit sur moi, le récit palpitant des fort divertissantes pérégrinations de nos compères capés et du vil capitan. Après une folle poursuite en guise de hors-d'oeuvre, je me suis délectée d'un fabuleux festin composé de pirates, de vestiges sous-marins et d'un vaisseau fantôme, guidé par une pieuvre. Si, comme moi, vous aimez, les histoires d'aventure de trésors, de mystères, et d'amours contrariées cet album vous sera d'une plaisante lecture. Moi qui goûte aussi l'art du verbe et de l'épée et qui aime l'humour, subtil et malicieux à vous je puis l'avouer : j'ai été transportée. Et c'est ainsi, que sous vos yeux, je catapulte ce volume exceptionnel, au rang d'album culte. Tome 3 : L'Archipel du danger L'humour atteint ici, toute sa quintessence le dessin les couleurs, sont toujours prodigieux, décidément, Ayroles et Masbou sont des dieux pour avoir su créer une telle magnificence. Leur génie saute aux yeux, dans les moindres détails, que ce soit du dessin ou bien du scénario, nul autre artiste ne leur arrive à la taille, là tout n'est que finesse, élégance et brio. Paysages de mer, nocturnes et tourmentés, monstres marins, chasse au trésor et savant fou tout cela enchaîné, afin de nous combler, l'archipel du danger, recèle bien des surprises, offre sa luxuriance et porte bien son nom ; ainsi une fois encore, cette histoire m'a conquise. Alors mes yeux pétillent, et mon coeur, même, exulte puisque sur BDthèque, j'évoque cet album culte. Tome 4 : Le Mystère de l'île étrange Nous voici à présent, sur une île mystérieuse et les coups de théâtre, au sens propre du mot confèrent à cette histoire, ô combien merveilleuse l'atmosphère incongrue d'un lever de rideau. Comme toujours, avec nos deux auteurs bien-aimés, l'humour va se nicher dans les moindres recoins ainsi chaque vignette est à bien observer car elle est dessinée avec le plus grand soin. Les premiers d'entre nous qui ont acquis ce tome ont eu le privilège d'y lire un impromptu qui retrace la rencontre de nos deux gentilshommes. Merci monsieur Ayroles, pour ce petit bonus qui lève un peu le voile sur Armand et Lope et prouve que vous n'êtes jamais à cours d'astuce. Il faut que ce soit dit, que personne n'occulte la rumeur qui affirme que cet album est culte. tome 5 : Jean Sans Lune L'aventure, maintenant, prend un tour scientifique et c'est par le pouvoir d'un simple aérolithe, objet tant convoité par Jean, le Sélénite, que les auteurs nous offrent une histoire fantastique. Mais avant d'entreprendre cet insensé voyage qui promet à son tour d'être fort pittoresque, nous faisons connaissance avec des personnages dont le raffinement le dispute au grotesque. Sur le raïs Kader, on en sait davantage d'autres questions surgissent ; tout cela distillé avec parcimonie, en un savant dosage. Vous parlerai-je encore du dessin flamboyant dont l'égale qualité, au fil des épisodes est la source d'un immuable émerveillement. Cet album est un souffle au milieu du tumulte, des Lanfeust et consorts ; il n'en est pas moins culte. tome 6 : Luna incognita Cette histoire, encore une fois, nous fait naviguer, et pour nous éblouir, nous décroche la lune. L'univers sélénite, qui nous est proposé, est pour moi d'une beauté à nulle autre commune. Ayroles nous gratifie de ces précieux clins d'oeil d'érudit plein d'humour, dont nous sommes si friands, c'est avec facétie, qu'il évite l'écueil de la répétition ou des atermoiements. Voyager en ces pages est des plus enchanteur tant, à manier leur art, les auteurs sont habiles. La finesse des dialogues, la hardiesse des couleurs, d'ingénieuses trouvailles, comme cette ville mobile, des détails cocasses, tout est de même valeur et me fait m'exclamer : "Mais jusqu'où iront-ils ?" Devant toi cher lecteur, qui surfes et consultes mon avis sur ce tome, je le proclame culte. tome 7 : Chasseurs de chimères C'est avec émotion, que dis-je, avec ferveur que j'ai ouvert ce tome, si longtemps désiré ; sa couverture, déjà, promettant le bonheur que ses pages, sans nul doute, allaient me prodiguer. Hé bien, je reste sous le charme de ma lecture. La ville nocturne est belle, les chimères, elles, fascinent, et l'intrigue, enfin, prend une savoureuse tournure, piquant rebondissement, foi de Doña Hermine ! Masbou - je me répète, je le sais mais qu'importe !- Est un génie dans l'art de la mise en couleur, chaque planche est un choc, et l'impression est forte ! Ayroles, quant à lui, promène ses personnages et cisèle ses dialogues, avec la gourmandise de celui qui maîtrise, quand les autres surnagent. Votre bibliothèque prendrait pour une insulte que sur ses étagères, ne trône cet album culte. Une dernière chose : c'est la SEULE série que je qualifie de culte (vous pouvez vérifier mes stats ! ;) )

25/04/2004 (modifier)
Couverture de la série Sillage
Sillage

J'ai découvert "Sillage" il n'y a pas très longtemps mais quelle bonne surprise: un premier album du tonnerre de Dieu, un dessin et des couleurs excellents, une héroïne au caractère bien trempé, des vaisseaux spaciaux, des aliens de partout et un scénario que j'apprécie vraiment et croyez moi, la science-fiction j'aime pas tellement d'habitude. Bref, que du bonheur. Je n'ai pas voulu mettre la note maximale parce que j'ai tellement aimé le 1er album que les autres en comparaison sont moins bien mais je suis vraiment tatillon... On n'en est donc pas encore au stade de la BD culte mais si ça continue comme ça, je vais bien finir par devoir mettre la cinquième étoile. 26/04/2007 Après lectures et relectures, je me décide à passer de 4/5 à 5/5 !! Sillage après 9 albums me distrait toujours autant. Une des toutes meilleures séries de SF à mon goût. Je pense sérieusement que Sillage a sa place au panthéon de la BD au même titre que Astérix ou Tintin comme l'un des piliers récents de la Bande Dessinée ! Sillage est culte ! Plus d'hésitation !

21/04/2004 (modifier)
Par Pacman
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Scorpion
Le Scorpion

J'ai suivi la série tome par tome au fur et à mesure de la parution. Et si à un moment, je me suis demandé ce que les héros allaient faire dans cette galère, la fin du premier cycle m'a fait une très forte impression. Certes, il s'agit avant tout d'une série de cape et d'épée, avec beaucoup d'action (un peu trop, à mon goût). Autre petit défaut, je trouve les personnages très conventionnels. L'action, les scènes de combats aussi, ne sont pas très originales. Alors qu'est ce qui m'attire dans cette série ? Les dessins bien sûr ! Ils sont beaux, très beaux. Ils collent au scénario comme Jean Marais colle au personnage du bossu. Le scénario, classique, très romancée, Met parfaitement le dessin de Marini. Il n'en reste pas moins très documentée, et notamment sur les premiers siècles de notre ère. Ce duo d'auteur se complète vraiment bien. Autant dans L'Etoile du Désert, Marini semble s'être mis au service de Desberg, autant là, il semble vraiment que ce sont les dessins qui "commandent" au scénario. Une belle réussite. Il est à noter que le second cycle qui débute tambour battant, reprend parfaitement la suite du premier, j'aurais envie de dire "en souplesse", si le terme était approprié à la série. Je trouve un certain nombre d'aviseurs un peu sévère avec cette série, qui, à mon sens, n'a aucune prétention d'authenticité historique. Il faut vraiment prendre cette bd comme une lecture récréative, voire contemplative.

19/04/2004 (modifier)
Couverture de la série Batman - The Dark Knight returns
Batman - The Dark Knight returns

Une des œuvres les plus célèbres de Frank Miller, il y a beaucoup de choses à en dire. A commencer probablement par sa célébrité parmi les fans du genre, qu'elle a en son temps (1986) révolutionné. Le Batman montré ici est vieux, il a pris sa retraite depuis dix ans déjà. Cependant ses démons hantent Bruce Wayne, et nuit après nuit, ne lui laissent guère de répit que dans un sommeil agité et dans l'alcool. Le célèbre millionnaire est présenté ici comme un psychotique, un malade dont la névrose prend l'aspect de Batman, mais qui ne se limite pas à lui. Au contraire, elle prend l'allure d'un phénomène de société, avec ses effets sur les gens, suscitant diverses réactions, entre approbation et rejet. C'est également elle qui suscite des ennemis, tels que Harvey Dent ("Double Face") ou le Joker. Ce qui n'est au départ qu'une initiative individuelle, le combat d'un homme contre des criminels, est devenu un problème de société. La chose est présentée de façon assez intéressante quoique plutôt brutale. Ici, le super héros pose problème, il n'est pas juste cette image enfantine qu'on adore, ce héros noble qui sauve et veille, mais un élément de la société, dans laquelle se pose le problème de son insertion, de son image, de sa perception. Ainsi, Batman protège les gentils et combat les méchants. Certes. Mais il se substitue de ce fait à la justice, recourt à une violence illégale, et son action est assimilable à celle d'une milice. Il se place au-delà de la loi, au-delà des hommes, et cela fait peur. C'est autour de ce thème que tourne The Dark Knight Returns, traité également (mais plus en douceur) dans Watchmen, ainsi que dans ce qui me semble être son successeur direct, Kingdom Come. Cette dernière référence n'est pas innocente, car son histoire poursuit (des années après) celle racontée ici, qui reprend elle-même de nombreuses références à des histoires passées. Le tout tisse tout simplement une véritable mythologie autour du personnage, avec sa personnalité, les grands événement marquant sa vie, mais aussi ses choix. Je dois avouer n'avoir pas l'habitude de cette façon de faire (qui me semble d'autant plus atypique que Batman a été utilisé par de nombreux scénaristes), qui est pourtant loin d'être désagréable. Même si cela me semble un peu puéril par certains côtés (autant que d'épiloguer sans fin sur la vie supposée de Néron, Phèdre ou Ulysse…), le résultat présente une force certaine, ici largement amplifiée par la violence de l'œuvre. Car Batman n'est pas tendre, et la violence est ici présente sous les formes physique, sociale et politique. Comme cela est montré, il punit brutalement. Son existence même suscite de fortes haines (celle du gang des mutants par exemple), et il ainsi accusé par le bouffon psychiatre de l'album, de créer toute cette criminalité, d'en être l'instigateur, l'origine. Cette thèse est appuyée par la réapparition (la rechute) de Harvey Dent et du Joker suite à la reprise d'activités de Batman. On peut d'ailleurs remarquer que l'ouvrage en général est traité sur le mode "téstostérone only"… Après un tome de Sin City, 300 et Bad Boy, je vais finir par croire que c'est là une marque de fabrique de Frank Miller. La réflexion en tant que telle n'y a en effet qu'assez peu de place, au contraire de l'action. Les quatre comics originaux -- formant donc ici quatre chapitres -- voient en effet chacun un affrontement (assez titanesque, disons-le), le point culminant étant incontestablement Batman contre Superman. Eh oui, carrément. La vieille lutte entre l'intelligence rusée et la force un peu stupide… Ulysse contre le cyclope, puisqu'on parlait de mythologie précédemment. Ces quatre chapitres paraissent un peu décousus entre eux, mais ils ont évidemment comme point commun l'évolution de Batman et sa perception auprès de la société et de ses instances. Miller a beaucoup fait appel à la télévision dans ses pages pour montrer cela, et représente les politiques sous la forme de bouffons, qu'il s'agisse du maire, un petit bonhomme obèse et sans opinion sauf lorsqu'un conseiller en communication se tient derrière lui, ou du président, un Ronald Reagan tout vieux à la limite du gâtisme le plus complet, parlant aux Américains comme à des enfants de trois ans. Même lorsqu'il met en scène un Batman en difficulté, malmené, rejeté, haï, on sent bien qu'il a choisi son camp et qu'il prend parti. En un sens c'est dommage, car développer plus intelligemment l'opposition à Batman aurait pu donner un résultat un poil plus intellectuel et approfondi. Ceci dit, l'ensemble est -- comme souvent avec Miller -- d'une grande efficacité, même si je me demande toujours ce que Carrie Kelley (le nouveau Robin) vient faire dans cette Batgalère. Le dessin, brièvement, n'est pas le plus beau qui soit, et on a même parfois quelques petits problèmes à comprendre le déroulement de l'action. Cependant il est lui aussi d'une grande efficacité et d'une grande force, malgré la sobriété apparente de nombreuses pages, et certaines cases donneraient presque des frissons tellement elles sont bien composées. Le script en fin d'album donne également l'occasion de voir le chemin entre scénario et réalisation, et permet de se rendre compte que celle-ci a été faite très intelligemment, avec un important travail d'adaptation. Loin de ressembler à Watchmen, nettement plus premier degré bien que remettant complètement en cause le modèle classique du super héros, The Dark Knight Returns est une œuvre sombre, violente, tourmentée, débordant d'action, qui suscite des réactions fortes, et pousse à se poser quelques questions. Lecture conseillée à sa suite : Kingdom Come.

17/04/2004 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Betty Blues
Betty Blues

Je viens de terminer la lecture, et j’en suis encore tout retourné. Une histoire d’amour brisé simple, facile à suivre, pleine de fraîcheur, de vie, de mélancolie, et même d’humour ! … Le dessin est magnifique dans le genre dépouillé. Tout est déformé, simplifié, mais finalement très beau et original. Je suis resté à regarder la dernière page comme un con pendant bien 5 secondes avant d’en comprendre le sens… et là mon cœur de bébé s’est serré, et j’en ai presque eu la larme à l’œil… Une BD simple, très classique, mais tellement belle… A lire à tout prix. Un grand bravo à l’auteur.

08/04/2004 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Al Crane
Al Crane

Voilà une des BDs où Alexis pousse son humour pince-sans-rire au maximum. Grâce au scénario de Lauzier et au dessin réaliste d'Alexis, cette BD ressemble au premier abord à une BD de western tout ce qu'il y a de plus sérieuse, voire même ennuyeuse (il y a pas mal de textes par moment). Mais sous ses dehors de noble héros dur-à-cuire, Al Crane est un superbe salaud, presque aussi pourri que le monde western dans lequel il évolue. Cynique au possible, cette BD manie l'humour noir en permanence. Alors qu'un simple feuilletage donne l'impression de lire une histoire typique du style western, on se rend bien vite compte que tout y est exagéré, les méchants sont des enfoirés, les gentils sont des salauds, le héros est le pire de tous, tous les cowboys sont des monstres de sauvagerie subtile et de méchanceté dans la finesse. Quand on rentre dedans, cette BD est vraiment à se plier de rire. L'ennui, c'est que tout n'est pas toujours aussi drôle d'une part, et d'autre part, ce type d'humour, c'est (parfois) hilarant en première lecture mais plus vraiment drôle en seconde lecture. Néanmoins, à tous ceux qui seraient passés à côté de ce bijou d'humour noir et pince-sans-rire sous ses attraits sérieux, je vous en conseille la découverte.

30/03/2004 (modifier)
Couverture de la série Watchmen
Watchmen

Le génie a ceci de particulier qu'il est incomparable. Déjà avec From Hell, Alan Moore nous laissait époustouflé. Mais avec "Watchmen", on reste hagard, assommé, ahuri. "Watchmen" dépasse de plusieurs ordres de grandeur l'écrasante majorité de tout ce qui existe actuellement en bande dessinée. Moore veut faire quelque chose ? Qu'à cela ne tienne, il se lance dedans corps et âme, et sans compromission réalise ce qu'il veut faire comme il le veut, le jet sur le papier d'un esprit démesuré qui brasse concepts et narration avec une aisance facile, comme si cela lui était naturel depuis toujours. De quoi rappeler à l'humilité beaucoup de créateurs, tous domaines confondus. (vous aurez compris que ceci est mon impression, pas nécessairement la réalité :)) Car "Watchmen", c'est un monument. Rien que par la taille : 12 livrets d'une bonne trentaine de pages, agrémentés à chaque fois d'un petit dossier complémentaire, cela promet une lecture longue. Très longue. En plus en VO, le langage de la rue est relativement malaisé à comprendre. "Watchmen" parle (entre autres !) de super-héros. Mais de super-héros vieux, usés, dépassés, à la retraite. De super-héros plus jeunes aussi, mais mis à l'écart, oubliés, soumis à la loi, et eux aussi perdus, désorientés. De super-héros humains, qui doivent faire de la musculation, s'entraîner incessamment pour rester en forme. De super-héros qui, comme Rorschach, n'ont rien de super-héroïque mais sont au contraire complètement humains. De super-héros qui malgré tout présentent une différence avec l'humanité, ce qui soulève immédiatement le problème de la différence, de la cohabitation, du rejet, thème qui est présent en toile de fond dans "Watchmen". Ouvrage apparemment fondateur, le sujet a depuis été repris par bien d'autres (voir Powers et Kingdom Come, entre autres), preuve de l'originalité et de l'intérêt de la chose, comme pour Tolkien dans un domaine voisin. Malgré tout, l'inrigue principale paraît mince, a posteriori, et on pourrait même le résumer en quelques petites lignes. Car ce qui fait l'incomparable richesse de "Watchmen", ce n'est pas le fil directeur de l'album, enquête certes bien menée, intéressante, mais finalement pas renversante. Non, ce qui fait cette richesse, c'est l'incroyable galerie de ces personnages absolument superbes, l'absolu cynisme d'Alan Moore, qui à travers ce livre nous jette à la face un regard froid et réaliste sur notre monde, sur la politique à grande échelle, sur nous en tant qu'humains, sur nos croyances et leurs raisons d'être. Je ne vais pas entrer dans les détails, ce serait long et lassant, mais chacun des personnages principaux a une personnalité extrêmement marquée et marquante, symbolisant de façon parfois à peine couverte diverses notions pas du tout édulcorées (cf le Docteur Manhattan, quasi-omnipotent, et pourtant presque totalement impuissant, l'image même de Dieu, comme cela est suggéré tout du long). Moore, sous des dessous de fiction, la joue ici à la dure, à la réaliste, à la crédible, que même les meilleures saisons de X-Files peuvent aller se rhabiller. De plus, les petits dossiers à la fin de chaque chapitre (dont la lecture est largement dispensable la première fois) sont très intéressants. Adoptant le point de vue de différents personnages (le Nite Owl original, le professeur Milton Glass...), ou montrant des documents annexes (coupures de journaux, casier judiciaire de Rorschach...), ils permettent de creuser l'univers dépeint, de lancer de nombreuses pistes pour le lecteur intéressé, et tout simplement d'entrer encore plus dans l'oeuvre et la réflexion associée. Loin d'être superflus, ils sont réellement enrichissants. Rien que cela fait de "Watchmen" une lecture démesurément riche, trop en tout cas pour tout saisir en une seule fois. Mais ce n'est pas tout. Il y a la mise en scène... elle aussi d'une richesse impressionnante... Découpage (pourtant a priori très austère, basé sur un gaufrier 3 x 3), cadrages, symboles leitmotivs, scènes en arrière-plan, utilisation d'une thématique pour chacun des douze livrets (c'est particulièrement visible pour le chapitre 4, sur Docteur Manhattan), chevauchement de la narration pour deux histoires différentes (le comics que lit le gamin, où le héros essaie déséspérément de revenir à Davidstown, dont les textes s'appliquent également -- mais avec une autre signification -- à l'histoire en cours, et dont le final éclaire cette même histoire d'une lumière intéressante), doubles-sens en pagaille (graphiques et textuels), etc. Bref, au niveau de la composition, c'est là encore impressionnant... La facilité avec laquelle cela semble être fait me rappelle d'ailleurs un peu David Lodge, qui n'hésite pas à utiliser allègrement à sa façon les genres littéraires existants. Les couleurs par contre, il faut bien le dire, sont absolument ignobles. :( Palette chromatique plus que limitée et pétante à déchirer les yeux, aplats massifs, c'en est presque repoussant. Et le dessin, pas mauvais mais très standard façon comics quelconque, n'arrange pas vraiment les choses. :( Alors malgré ce panégyrique, je ne mets que 4/5, car en effet le tout est très dense, beaucoup trop pour pouvoir être apprécié à sa juste valeur à la 1ère lecture... ce qui laisse entendre que ce sera très probablement culte à ma deuxième lecture. :) - richesse de l'oeuvre : 5/5 (je n'ai pas encore vu mieux !) - mise en scène : 5/5 - dessin : 3/5 - couleurs : 1/5 - plaisir de lecture : 4/5 Un dernier mot, sur la comparaison qui semble être faite par certains de "Watchmen" et Kingdom Come. Les deux ont en commun une certaine thématique (l'intégration des super héros parmi l'humanité, avec tous les problèmes que cela comporte, aux niveaux personnel et politique), mais là où le premier présente une véritable richesse littéraire dans sa forme, rare même parmi les meilleurs romans, et profitant bien de la spécifité du médium bande dessinée, là où on sent l'esprit d'horloger d'Alan Moore avec un regard d'une profondeur fascinante, critique, cynique, décortiquant notre monde pour le retranscrire, le second -- bien qu'à mon avis excellent -- est très nettement plus terre à terre, plus premier degré... Mais à lire tout de même. :)

29/03/2004 (modifier)
Par Cassidy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Amer Béton
Amer Béton

Sans partager l’enthousiasme débordant de Patate, j’avoue qu’Amer Béton fait partie des très rares mangas que j’apprécie. Ici *mode cliché ON* pas question d’étudiant qui collectionne les petites culottes de ses copines, de bastons à n’en plus finir à coups de rayons atomiques sortis des poings, de champions de badminton rivaux en quête de gloire absolue ou de duels entre monstres sortis de cartes à jouer, comme dans 99% de la BD nippone *mode cliché OFF*, mais l’histoire étrange de deux gamins paumés dans une ville en train de perdre son âme. « Etrange » est vraiment un mot qui convient à cette BD où des dialogues parfois pipi-caca en côtoient d’autres plus poétiques ou philosophiques, où l’ambiance passe du délire à la tristesse et la mélancolie, de l’extrême violence (il y a certaines scènes très sanglantes) à la tendresse… Moi, personnellement, ces mélanges me rappellent assez Kitano… Si on ajoute à ça que ça parle de flics et de yakuzas et qu’il n’y a pas vraiment un scénar super fouillé (il y a une intrigue évidemment, mais on suit moins une histoire que des parcours qui s’entrecroisent), oui, vraiment, moi ça me rappelle le cinéma de Kitano, et bien que je n’en sois pas un fan absolu, j’avoue que ce n’est pas pour me déplaire. « Etranges » encore, les dessins. On ne peut clairement pas dire que ce soit joli, mais ils ont… comment appeler ça… du caractère, de la personnalité, du charme… C’est clairement pas du Marini, du Guarnido ou du Masbou, mais on est bien loin du trait fade et des personnages aux airs complètement niais que l’on retrouve, là encore excusez-moi du cliché, dans l’immense majorité des mangas (du moins pour ceux publiés en France, mais comme le fait remarquer ThePat très peu de mangas « underground » sont traduits dans la langue de Joey Starr) (ben oui, pourquoi pas Joey Starr, y a pas que Molière quand même !). Bref, de prime abord, on peut trouver ça moche, et pourtant, c’est CE style-là qu’il fallait à cette série pour lui donner tout son charme. Les dialogues sont bons, le personnage de Blanko est parmi les plus attachants que j’aie pu découvrir dans mes lectures récentes (j’aime un peu moins Noiro ; son côté « grand frère protecteur et ténébreux » sentant un peu trop le déjà-vu), et malgré la relative absence d’intrigue très élaborée dont je parlais tout à l’heure, on ne s’ennuie jamais, c’est très rythmé, on a toujours envie de savoir la suite et on s’enfile les 3 tomes d’une traite. J’hésite quand même pour la note, parce qu’il y a une sacrée ombre au tableau : la fin, qui ne m’a pas totalement convaincu. Je ne veux pas en dire trop pour ne rien dévoiler, mais le côté « mystique » de certaines des scènes finales m’a un peu gonflé, et surtout, la conclusion fait un peu bâclée, un peu forcée. C’est dommage et j’avoue que ça m’a malheureusement gâché une bonne partie du plaisir que j’avais pris à lire cette BD. Je mets quatre étoiles quand même, mais disons que c’est plutôt un 3,5/5… Mais ça reste une lecture que je vous recommande !

28/03/2004 (modifier)
Par dut
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Quartier lointain
Quartier lointain

21h28... Je viens de terminer Quartier Lointain... Je suis encore sous le choc. J'ai commencé à 20h, et je n'ai pas pu décrocher une seconde de cette BD. J'ai littéralement englouti cette BD. Il est pourtant assez rare que je lise aussi longtemps, en général, je me lasse asser vite. Comment exprimer ? Magnifique, génial, extraordinaire, les superlatifs ne sont pas assez nombreux, c'est évident. Je suis complètement sous le charme. Comment ne pas l'être après la lecture d'une si belle histoire ? Ok, il est evident que le thème à deja été abordé mais c'est traité avec une telle perfection, avec une telle classe... La psychologie de Hiroshi est tellement bien abordée, ses sentiments sont parfaitement retranscrits au lecteur que l'on ne peut qu'être absorbé... J'ai vécu comme Hiroshi, j'ai pensé comme Hiroshi, j'ai suivi la vie de cet adulte dans un corp d'un ado... Qui n'a jamais pensé revivre une période de son enfance/adolescence ? "si j'avais fait ci, si j'avais fait ça". La prise de conscience à la fin, cela achève parfaitement l'histoire. En tout cas, l'histoire coule tout seule, c'est fluide, c'est beau tout simplement. Les dessins sont en adéquation parfaite avec l'histoire : simples, fluides, doux, apaisants, tout simplement beaux. Vraiment merci M. Taniguchi, merci.

22/03/2004 (modifier)
Par Cassidy
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Une Aventure de Jeanne Picquigny
Une Aventure de Jeanne Picquigny

Ce premier tome, plutôt réussi, ressemble à certaines de ces séries B hollywoodiennes d’aventures comme on n’en voit plus du tout depuis le dernier Indiana Jones. Certes, ce n’était « que » de la série B, mais c’était plaisant, bien foutu, rythmé, dépaysant… On retrouve dans La Tendresse des crocodiles pas mal de stéréotypes du genre : la jeune et jolie bourgeoise pleine de caractère, le baroudeur bourru assez rude avec les nanas (mais elles aiment ça, c’est bien connu ;) ), le vieil acoolo devenu à moitié fou qui vit perdu dans la brousse… Il y a des rebondissements un peu « téléphonés », l’intrigue n’est pas follement originale… et pourtant, l’ensemble fonctionne très bien, malgré cette impression de déjà-vu. C’est même justement ce côté « histoire à l’ancienne » qui fait, à mon goût, une bonne partie du charme de cette BD. C’est du déjà vu, certes, mais c’est aussi, comme je le disais au début, du comme on n’en fait plus. On ne s’ennuie pas un instant (contrairement à JBT, je ne trouve pas que la mise en place soit si longue, même s’il est vrai qu’on ne découvre qu’assez tard ce que cherchait le professeur Picquigny) et la vision de l’Afrique proposée ici, tout en faisant voyager et rêvasser le lecteur, n’est pas trop « cliché » (je sais pas vous, mais moi, toutes ces BD à la Toussaint 66 ou Congo Bill qui, sous prétexte de nous faire comprendre qu’il faut respecter les cultures africaines et que nous autres Occidentaux blancs sommes des imbéciles qui avons perdu notre âme, en font des caisses dans le genre « là-bas, la magie ça existe vraiment, tout est tellement mystique et mystérieux !! », ça commence à me gaver un peu). Bref, ne vous attendez pas à un chef-d’œuvre, mais cette première aventure de Jeanne Picquigny constitue une lecture tout a fait agréable et recommandable ; espérons que la suite soit du même calibre.

21/03/2004 (modifier)