Le génie a ceci de particulier qu'il est incomparable. Déjà avec From Hell, Alan Moore nous laissait époustouflé. Mais avec "Watchmen", on reste hagard, assommé, ahuri. "Watchmen" dépasse de plusieurs ordres de grandeur l'écrasante majorité de tout ce qui existe actuellement en bande dessinée. Moore veut faire quelque chose ? Qu'à cela ne tienne, il se lance dedans corps et âme, et sans compromission réalise ce qu'il veut faire comme il le veut, le jet sur le papier d'un esprit démesuré qui brasse concepts et narration avec une aisance facile, comme si cela lui était naturel depuis toujours. De quoi rappeler à l'humilité beaucoup de créateurs, tous domaines confondus. (vous aurez compris que ceci est mon impression, pas nécessairement la réalité :))
Car "Watchmen", c'est un monument. Rien que par la taille : 12 livrets d'une bonne trentaine de pages, agrémentés à chaque fois d'un petit dossier complémentaire, cela promet une lecture longue. Très longue. En plus en VO, le langage de la rue est relativement malaisé à comprendre.
"Watchmen" parle (entre autres !) de super-héros. Mais de super-héros vieux, usés, dépassés, à la retraite. De super-héros plus jeunes aussi, mais mis à l'écart, oubliés, soumis à la loi, et eux aussi perdus, désorientés. De super-héros humains, qui doivent faire de la musculation, s'entraîner incessamment pour rester en forme. De super-héros qui, comme Rorschach, n'ont rien de super-héroïque mais sont au contraire complètement humains. De super-héros qui malgré tout présentent une différence avec l'humanité, ce qui soulève immédiatement le problème de la différence, de la cohabitation, du rejet, thème qui est présent en toile de fond dans "Watchmen". Ouvrage apparemment fondateur, le sujet a depuis été repris par bien d'autres (voir Powers et Kingdom Come, entre autres), preuve de l'originalité et de l'intérêt de la chose, comme pour Tolkien dans un domaine voisin.
Malgré tout, l'inrigue principale paraît mince, a posteriori, et on pourrait même le résumer en quelques petites lignes. Car ce qui fait l'incomparable richesse de "Watchmen", ce n'est pas le fil directeur de l'album, enquête certes bien menée, intéressante, mais finalement pas renversante. Non, ce qui fait cette richesse, c'est l'incroyable galerie de ces personnages absolument superbes, l'absolu cynisme d'Alan Moore, qui à travers ce livre nous jette à la face un regard froid et réaliste sur notre monde, sur la politique à grande échelle, sur nous en tant qu'humains, sur nos croyances et leurs raisons d'être.
Je ne vais pas entrer dans les détails, ce serait long et lassant, mais chacun des personnages principaux a une personnalité extrêmement marquée et marquante, symbolisant de façon parfois à peine couverte diverses notions pas du tout édulcorées (cf le Docteur Manhattan, quasi-omnipotent, et pourtant presque totalement impuissant, l'image même de Dieu, comme cela est suggéré tout du long). Moore, sous des dessous de fiction, la joue ici à la dure, à la réaliste, à la crédible, que même les meilleures saisons de X-Files peuvent aller se rhabiller.
De plus, les petits dossiers à la fin de chaque chapitre (dont la lecture est largement dispensable la première fois) sont très intéressants. Adoptant le point de vue de différents personnages (le Nite Owl original, le professeur Milton Glass...), ou montrant des documents annexes (coupures de journaux, casier judiciaire de Rorschach...), ils permettent de creuser l'univers dépeint, de lancer de nombreuses pistes pour le lecteur intéressé, et tout simplement d'entrer encore plus dans l'oeuvre et la réflexion associée. Loin d'être superflus, ils sont réellement enrichissants.
Rien que cela fait de "Watchmen" une lecture démesurément riche, trop en tout cas pour tout saisir en une seule fois.
Mais ce n'est pas tout. Il y a la mise en scène... elle aussi d'une richesse impressionnante... Découpage (pourtant a priori très austère, basé sur un gaufrier 3 x 3), cadrages, symboles leitmotivs, scènes en arrière-plan, utilisation d'une thématique pour chacun des douze livrets (c'est particulièrement visible pour le chapitre 4, sur Docteur Manhattan), chevauchement de la narration pour deux histoires différentes (le comics que lit le gamin, où le héros essaie déséspérément de revenir à Davidstown, dont les textes s'appliquent également -- mais avec une autre signification -- à l'histoire en cours, et dont le final éclaire cette même histoire d'une lumière intéressante), doubles-sens en pagaille (graphiques et textuels), etc. Bref, au niveau de la composition, c'est là encore impressionnant... La facilité avec laquelle cela semble être fait me rappelle d'ailleurs un peu David Lodge, qui n'hésite pas à utiliser allègrement à sa façon les genres littéraires existants.
Les couleurs par contre, il faut bien le dire, sont absolument ignobles. :( Palette chromatique plus que limitée et pétante à déchirer les yeux, aplats massifs, c'en est presque repoussant. Et le dessin, pas mauvais mais très standard façon comics quelconque, n'arrange pas vraiment les choses. :(
Alors malgré ce panégyrique, je ne mets que 4/5, car en effet le tout est très dense, beaucoup trop pour pouvoir être apprécié à sa juste valeur à la 1ère lecture... ce qui laisse entendre que ce sera très probablement culte à ma deuxième lecture. :)
- richesse de l'oeuvre : 5/5 (je n'ai pas encore vu mieux !)
- mise en scène : 5/5
- dessin : 3/5
- couleurs : 1/5
- plaisir de lecture : 4/5
Un dernier mot, sur la comparaison qui semble être faite par certains de "Watchmen" et Kingdom Come. Les deux ont en commun une certaine thématique (l'intégration des super héros parmi l'humanité, avec tous les problèmes que cela comporte, aux niveaux personnel et politique), mais là où le premier présente une véritable richesse littéraire dans sa forme, rare même parmi les meilleurs romans, et profitant bien de la spécifité du médium bande dessinée, là où on sent l'esprit d'horloger d'Alan Moore avec un regard d'une profondeur fascinante, critique, cynique, décortiquant notre monde pour le retranscrire, le second -- bien qu'à mon avis excellent -- est très nettement plus terre à terre, plus premier degré... Mais à lire tout de même. :)
Sans partager l’enthousiasme débordant de Patate, j’avoue qu’Amer Béton fait partie des très rares mangas que j’apprécie. Ici *mode cliché ON* pas question d’étudiant qui collectionne les petites culottes de ses copines, de bastons à n’en plus finir à coups de rayons atomiques sortis des poings, de champions de badminton rivaux en quête de gloire absolue ou de duels entre monstres sortis de cartes à jouer, comme dans 99% de la BD nippone *mode cliché OFF*, mais l’histoire étrange de deux gamins paumés dans une ville en train de perdre son âme.
« Etrange » est vraiment un mot qui convient à cette BD où des dialogues parfois pipi-caca en côtoient d’autres plus poétiques ou philosophiques, où l’ambiance passe du délire à la tristesse et la mélancolie, de l’extrême violence (il y a certaines scènes très sanglantes) à la tendresse… Moi, personnellement, ces mélanges me rappellent assez Kitano… Si on ajoute à ça que ça parle de flics et de yakuzas et qu’il n’y a pas vraiment un scénar super fouillé (il y a une intrigue évidemment, mais on suit moins une histoire que des parcours qui s’entrecroisent), oui, vraiment, moi ça me rappelle le cinéma de Kitano, et bien que je n’en sois pas un fan absolu, j’avoue que ce n’est pas pour me déplaire.
« Etranges » encore, les dessins. On ne peut clairement pas dire que ce soit joli, mais ils ont… comment appeler ça… du caractère, de la personnalité, du charme… C’est clairement pas du Marini, du Guarnido ou du Masbou, mais on est bien loin du trait fade et des personnages aux airs complètement niais que l’on retrouve, là encore excusez-moi du cliché, dans l’immense majorité des mangas (du moins pour ceux publiés en France, mais comme le fait remarquer ThePat très peu de mangas « underground » sont traduits dans la langue de Joey Starr) (ben oui, pourquoi pas Joey Starr, y a pas que Molière quand même !). Bref, de prime abord, on peut trouver ça moche, et pourtant, c’est CE style-là qu’il fallait à cette série pour lui donner tout son charme.
Les dialogues sont bons, le personnage de Blanko est parmi les plus attachants que j’aie pu découvrir dans mes lectures récentes (j’aime un peu moins Noiro ; son côté « grand frère protecteur et ténébreux » sentant un peu trop le déjà-vu), et malgré la relative absence d’intrigue très élaborée dont je parlais tout à l’heure, on ne s’ennuie jamais, c’est très rythmé, on a toujours envie de savoir la suite et on s’enfile les 3 tomes d’une traite.
J’hésite quand même pour la note, parce qu’il y a une sacrée ombre au tableau : la fin, qui ne m’a pas totalement convaincu. Je ne veux pas en dire trop pour ne rien dévoiler, mais le côté « mystique » de certaines des scènes finales m’a un peu gonflé, et surtout, la conclusion fait un peu bâclée, un peu forcée. C’est dommage et j’avoue que ça m’a malheureusement gâché une bonne partie du plaisir que j’avais pris à lire cette BD.
Je mets quatre étoiles quand même, mais disons que c’est plutôt un 3,5/5… Mais ça reste une lecture que je vous recommande !
21h28... Je viens de terminer Quartier Lointain... Je suis encore sous le choc. J'ai commencé à 20h, et je n'ai pas pu décrocher une seconde de cette BD. J'ai littéralement englouti cette BD. Il est pourtant assez rare que je lise aussi longtemps, en général, je me lasse asser vite.
Comment exprimer ? Magnifique, génial, extraordinaire, les superlatifs ne sont pas assez nombreux, c'est évident. Je suis complètement sous le charme. Comment ne pas l'être après la lecture d'une si belle histoire ?
Ok, il est evident que le thème à deja été abordé mais c'est traité avec une telle perfection, avec une telle classe...
La psychologie de Hiroshi est tellement bien abordée, ses sentiments sont parfaitement retranscrits au lecteur que l'on ne peut qu'être absorbé...
J'ai vécu comme Hiroshi, j'ai pensé comme Hiroshi, j'ai suivi la vie de cet adulte dans un corp d'un ado... Qui n'a jamais pensé revivre une période de son enfance/adolescence ? "si j'avais fait ci, si j'avais fait ça".
La prise de conscience à la fin, cela achève parfaitement l'histoire.
En tout cas, l'histoire coule tout seule, c'est fluide, c'est beau tout simplement. Les dessins sont en adéquation parfaite avec l'histoire : simples, fluides, doux, apaisants, tout simplement beaux.
Vraiment merci M. Taniguchi, merci.
Ce premier tome, plutôt réussi, ressemble à certaines de ces séries B hollywoodiennes d’aventures comme on n’en voit plus du tout depuis le dernier Indiana Jones. Certes, ce n’était « que » de la série B, mais c’était plaisant, bien foutu, rythmé, dépaysant…
On retrouve dans La Tendresse des crocodiles pas mal de stéréotypes du genre : la jeune et jolie bourgeoise pleine de caractère, le baroudeur bourru assez rude avec les nanas (mais elles aiment ça, c’est bien connu ;) ), le vieil acoolo devenu à moitié fou qui vit perdu dans la brousse… Il y a des rebondissements un peu « téléphonés », l’intrigue n’est pas follement originale… et pourtant, l’ensemble fonctionne très bien, malgré cette impression de déjà-vu. C’est même justement ce côté « histoire à l’ancienne » qui fait, à mon goût, une bonne partie du charme de cette BD. C’est du déjà vu, certes, mais c’est aussi, comme je le disais au début, du comme on n’en fait plus. On ne s’ennuie pas un instant (contrairement à JBT, je ne trouve pas que la mise en place soit si longue, même s’il est vrai qu’on ne découvre qu’assez tard ce que cherchait le professeur Picquigny) et la vision de l’Afrique proposée ici, tout en faisant voyager et rêvasser le lecteur, n’est pas trop « cliché » (je sais pas vous, mais moi, toutes ces BD à la Toussaint 66 ou Congo Bill qui, sous prétexte de nous faire comprendre qu’il faut respecter les cultures africaines et que nous autres Occidentaux blancs sommes des imbéciles qui avons perdu notre âme, en font des caisses dans le genre « là-bas, la magie ça existe vraiment, tout est tellement mystique et mystérieux !! », ça commence à me gaver un peu).
Bref, ne vous attendez pas à un chef-d’œuvre, mais cette première aventure de Jeanne Picquigny constitue une lecture tout a fait agréable et recommandable ; espérons que la suite soit du même calibre.
Excellent. Ah, je me suis fait un vrai plaisir en lisant cette série d'un bloc. Le dessin n'est pas mauvais du tout (surtout sur certaines cases "choc", quand Holiday a signé ses crimes). Mais surtout le scénario est excellent. Les personnages sont bons (notamment Harvey Dent, Jim Gordon et leurs femmes respectives). Le personnage de Batman y est très sympa, ainsi que celui de Catwoman (Mrrrrow...).
L'enquête, tout le côté thriller et mystère de cette série, est excellente. On suit le tout avec bonheur, et toute l'histoire coule à la perfection. Et surtout, chose que j'adore dans une BD, la fin est vraiment bonne. Il y a, à la toute fin, le retournement de situation, le petit truc en plus qui rend toute la série encore meilleure.
Le petit défaut que je peux reprocher au scénario, c'est une utilisation un peu trop abusive des ennemis extraordinaires de Batman : l'apparition de l'Epouvantail, du Chapelier Fou et de Poison Ivy sont à mon avis dispensables. Mais bon, cela ne gène pas vraiment le déroulement de l'histoire.
Franchement, j'ai vraiment eu une bonne surprise avec cette série qu'est le "Long Halloween", et je suis déçu qu'elle ne soit pas sortie en format plus solide, ou en intégrale cartonnée, en France.
Evidemment, je ne peux que rejoindre les avis dithyrambiques concernant cette magnifique série !
J'ai pourtant hésité à acheter cette BD, je suis passé devant plusieurs fois avant de me décider ! Mais sous la menace de Cha (tout relative, mais quand même :)), je l'ai achetée (la BD pas Cha :)).
Et bien, c'est tout simplement magnifique comme BD, c'est 95 pages de bonheur, de plaisir de lecture. Rarement à la fin de la 1ère lecture d'une BD, j'ai eu envie de la relire immédiatement histoire de re-profiter de la BD ! "Où le regard ne porte pas..." en fait partie.
C'est parfois drôle, parfois triste, émouvant, magique. Que du bonheur...
Et puis le dessin, j'adore carrément ! Un style ultra original, très particulier mais tellement beau ! Il va tellement bien avec l'histoire, c'est parfait !
Les couleurs pastels sont aussi vraiment belles, en accord parfait avec le dessin.
Bref une harmonie se dégage de cette bd ! Assurément une des bd de l'année !
C'est de la SF à outrance, souvent délirante, souvent plus proche de l'onirisme que de la hard science. Il y a une bonne part d'humour, de dérision et de réflexion. Le tout sous une apparence graphique qu'il ne faudrait surtout pas confondre avec des séries bien moins drôles telles que Luc Orient.
Le monde d'Axle Munschine ne se prend pas au sérieux, tout en affichant à la fois une gravité très adulte. C'est un univers étrange et décalé.
J'aime beaucoup "le Vagabond des Limbes", mais en même temps la série est un peu inégale. Certains tomes sont plus basiques, moins marquants ou originaux que d'autres. Ca fourmille d'idées, mais parfois il y en a même trop à la fois et ça donne des albums loufoques et au final pas fantastiques.
Bref, c'est une série que je considère comme indispensable de connaître. Mais il y a trop de tomes pour que tous soient valables et il n'est pas certain que ça plaise à tout le monde.
Ahlala. "From Hell" c'est un énorme pavé de 576 pages, lourd comme tout et vraiment pas engageant. Lorsqu'on le feuillette comme ça, le dessin apparaît vraiment repoussant, tout à l'encre de chine qu'il est (que du noir et blanc, même pas de gris, tsss !), tout hachuré, et certainement pas "beau" au sens classique du terme. En plus ça commence par un gros plan sur une mouette crevée, ça ne donne pas forcément envie d'aller plus loin. :(
Et pourtant...
Et pourtant quand on commence à le lire, au bout de la première page on est intrigué. Par le dialogue, un peu étrange et décalé; par la mise en scène, qui malgré le dessin semble très bien faite...
Et puis au bout de l'introduction (8 pages), sans s'en rendre compte on a été absorbé dans cet univers. Comme ça, sans même s'en être aperçu.
Les trois premiers chapitres m'ont posé problème... j'ai en effet bêtement loupé les indications de dates dans la première case, et c'est seulement en cours de route que j'ai réalisé que les scènes ne se suivaient pas chronologiquement.
On ne comprend pas trop le lien des deux premiers chapitres avec l'affaire de Jack l'éventreur, mais le lien se fera plus tard... En attendant on est intrigué, complètement attentif et... littéralement immergé dans l'histoire.
Le chapitre quatre en particulier m'a paru absolument renversant. Invraisemblable qu'un auteur ait osé faire ça ! Quarante pages d'un quasi monologue sur l'architecture et l'origine et le mystère des Francs-Maçons ! Des considérations complètement ésotériques et absconses, de quoi faire décrocher n'importe qui en deux pages ! Et pourtant... pourtant on reste scotché là, devant ce récit témoignant d'un esprit complètement étranger, tordu, aux limites même de la folie. Qu'Alan Moore ait pu faire cela m'inspire un respect presque sans bornes. O_o
Bon, sinon il faut bien reconnaître que le travail qu'il y a derrière "From Hell" est impressionnant. On peut en avoir un aperçu à la fin du livre, dans l'appendice II, qui raconte en image l'histoire des différents travaux existant sur le sujet, où Moore analyse les querelles. C'est réellement intéressant, et de plus mis en images de façon véritablement intelligente.
L'appendice I quant à lui, est composé de 42 pages d'explications sur les différentes pages/scènes/cases du livre... Là, j'avoue avoir juste survolé, mais là aussi c'est réellement intéressant. Moore explique ce qui est "vrai", ce qu'il a inventé, adapté ou arrangé. Vraiment bien. Si "From Hell" était un dvd, je dirais que ce bonus est d'une qualité rarement atteinte.
L'album raconte une histoire, une version possible. Moore conclut dans l'appendice II que le mystère est si embrouillé qu'il n'y a probablement pas de vérité, mais un ensemble d'hypothèses qui forment un matériau dont on ne pourra plus tirer grand chose... à part d'autres matériaux, d'autres versions. Il propose donc ici la sienne, et l'ensemble est tout simplement grandiose. L'histoire a des relents de folie, mais une folie si bien développée, si bien mise en scène, si bien montrée et enfin si bien expliquée, qu'on en vient (presque) à la comprendre.
Par ailleurs rien n'est épargné au lecteur. Les scènes d'assassinat, parfois très gores, horribles, sont montrées. La folie, l'aspect glauque et cynique de l'ensemble, des scènes de cul assez crues, rien de cela n'est voilé.
Et le dessin, a priori peu attirant, basé sur un gaufrier de 3x3 cases, est étonnamment expressif et particulèrement adapté à cette oeuvre sombre.
Un chef d'oeuvre, tout simplement. Un véritable monument. Et c'est peu de le dire.
Seuls points noirs : l'album est peu maniable, et comme les dessins et les textes sont très petits, on est obligé de lire de près, ce qui est parfois problématique. Et je n'ai pas encore compris ce que venait faire là John Merrick (Elephant Man).
Voilà une BD originale, tant dans le ton que dans l'ambiance. Le héros est très humain, bien qu'un peu perturbé, ce que l'on n'attend pas forcément de la part d'un type certainement amené à résoudre ce sac de noeud.
Le dessin, la mise en page, le rythme de évènements nous font penser que l'on se dirige vers une série un peu bateau, si on peut dire. Mais au fur et à mesure que l'on avance dans la série, on découvre que les personnages, qui semblaient un peu stéréotypés au départ sont beaucoup plus complexes qu'il ne paraissait. Et lorsque les voiles tombent, on comprend que les évènements des premiers tomes ne devaient en fait pas grand chose au hasard.
Vraiment, une scénario rondement mené desservi par un dessin impécable.
Seul petit bémol, sans vouloir trop en dire,l'enjeu de tout ceci ne me paraît pas être suffisant pour suciter un tel déploiement de moyens et de violence. Mais bon, ça reste secondaire.
Assez étrange, cette histoire, de par son thème, bien sûr, mais surtout de par sa construction. L'histoire "centrale", le premier meurtre et l'enquête qui s'ensuit, est finalement assez peu développée et n'a que la façade d'un roman policier. L'enquête en question est très rapidement menée, ne suscite pas de nombreuses réflexions ou pistes sur le crime. Par contre, elle permet de mettre en scène une vision intéressante de la création, et aussi de Dieu, de sa façon de fonctionner, et de l'influence que celle-ci a sur ses créatures (soit les anges en l'occurrence, mais aussi nous par extension directe).
Ce que j'ai trouvé plus intéressant, c'est l'histoire qui entoure cette histoire. Même si je n'ai pas compris toutes les motivations du narrateur (l'ami de Tink, dont on ne connaît pas le nom je crois), cette seconde histoire fait résonner la première d'une façon singulièrement adéquate.
Un petit mot sur le dessin, aux couleurs un peu flashantes mais plutôt pas mal dans l'ensemble. Je n'ai juste vraiment pas aimé les cases où Raguel "laisse son rôle l'envahir", c'est très caricatural et plutôt loupé. :(
Au final je reste un peu mitigé, mais cette lecture a quelque chose d'assez fascinant, surtout pour ma part en ce qui concerne le personnage de Raguel, qui en évoluant nous montre qu'un acte barbare et primaire comme la vengeance (du Seigneur) peut être sublimé pour devenir... à vous de le lire. :)
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Watchmen
Le génie a ceci de particulier qu'il est incomparable. Déjà avec From Hell, Alan Moore nous laissait époustouflé. Mais avec "Watchmen", on reste hagard, assommé, ahuri. "Watchmen" dépasse de plusieurs ordres de grandeur l'écrasante majorité de tout ce qui existe actuellement en bande dessinée. Moore veut faire quelque chose ? Qu'à cela ne tienne, il se lance dedans corps et âme, et sans compromission réalise ce qu'il veut faire comme il le veut, le jet sur le papier d'un esprit démesuré qui brasse concepts et narration avec une aisance facile, comme si cela lui était naturel depuis toujours. De quoi rappeler à l'humilité beaucoup de créateurs, tous domaines confondus. (vous aurez compris que ceci est mon impression, pas nécessairement la réalité :)) Car "Watchmen", c'est un monument. Rien que par la taille : 12 livrets d'une bonne trentaine de pages, agrémentés à chaque fois d'un petit dossier complémentaire, cela promet une lecture longue. Très longue. En plus en VO, le langage de la rue est relativement malaisé à comprendre. "Watchmen" parle (entre autres !) de super-héros. Mais de super-héros vieux, usés, dépassés, à la retraite. De super-héros plus jeunes aussi, mais mis à l'écart, oubliés, soumis à la loi, et eux aussi perdus, désorientés. De super-héros humains, qui doivent faire de la musculation, s'entraîner incessamment pour rester en forme. De super-héros qui, comme Rorschach, n'ont rien de super-héroïque mais sont au contraire complètement humains. De super-héros qui malgré tout présentent une différence avec l'humanité, ce qui soulève immédiatement le problème de la différence, de la cohabitation, du rejet, thème qui est présent en toile de fond dans "Watchmen". Ouvrage apparemment fondateur, le sujet a depuis été repris par bien d'autres (voir Powers et Kingdom Come, entre autres), preuve de l'originalité et de l'intérêt de la chose, comme pour Tolkien dans un domaine voisin. Malgré tout, l'inrigue principale paraît mince, a posteriori, et on pourrait même le résumer en quelques petites lignes. Car ce qui fait l'incomparable richesse de "Watchmen", ce n'est pas le fil directeur de l'album, enquête certes bien menée, intéressante, mais finalement pas renversante. Non, ce qui fait cette richesse, c'est l'incroyable galerie de ces personnages absolument superbes, l'absolu cynisme d'Alan Moore, qui à travers ce livre nous jette à la face un regard froid et réaliste sur notre monde, sur la politique à grande échelle, sur nous en tant qu'humains, sur nos croyances et leurs raisons d'être. Je ne vais pas entrer dans les détails, ce serait long et lassant, mais chacun des personnages principaux a une personnalité extrêmement marquée et marquante, symbolisant de façon parfois à peine couverte diverses notions pas du tout édulcorées (cf le Docteur Manhattan, quasi-omnipotent, et pourtant presque totalement impuissant, l'image même de Dieu, comme cela est suggéré tout du long). Moore, sous des dessous de fiction, la joue ici à la dure, à la réaliste, à la crédible, que même les meilleures saisons de X-Files peuvent aller se rhabiller. De plus, les petits dossiers à la fin de chaque chapitre (dont la lecture est largement dispensable la première fois) sont très intéressants. Adoptant le point de vue de différents personnages (le Nite Owl original, le professeur Milton Glass...), ou montrant des documents annexes (coupures de journaux, casier judiciaire de Rorschach...), ils permettent de creuser l'univers dépeint, de lancer de nombreuses pistes pour le lecteur intéressé, et tout simplement d'entrer encore plus dans l'oeuvre et la réflexion associée. Loin d'être superflus, ils sont réellement enrichissants. Rien que cela fait de "Watchmen" une lecture démesurément riche, trop en tout cas pour tout saisir en une seule fois. Mais ce n'est pas tout. Il y a la mise en scène... elle aussi d'une richesse impressionnante... Découpage (pourtant a priori très austère, basé sur un gaufrier 3 x 3), cadrages, symboles leitmotivs, scènes en arrière-plan, utilisation d'une thématique pour chacun des douze livrets (c'est particulièrement visible pour le chapitre 4, sur Docteur Manhattan), chevauchement de la narration pour deux histoires différentes (le comics que lit le gamin, où le héros essaie déséspérément de revenir à Davidstown, dont les textes s'appliquent également -- mais avec une autre signification -- à l'histoire en cours, et dont le final éclaire cette même histoire d'une lumière intéressante), doubles-sens en pagaille (graphiques et textuels), etc. Bref, au niveau de la composition, c'est là encore impressionnant... La facilité avec laquelle cela semble être fait me rappelle d'ailleurs un peu David Lodge, qui n'hésite pas à utiliser allègrement à sa façon les genres littéraires existants. Les couleurs par contre, il faut bien le dire, sont absolument ignobles. :( Palette chromatique plus que limitée et pétante à déchirer les yeux, aplats massifs, c'en est presque repoussant. Et le dessin, pas mauvais mais très standard façon comics quelconque, n'arrange pas vraiment les choses. :( Alors malgré ce panégyrique, je ne mets que 4/5, car en effet le tout est très dense, beaucoup trop pour pouvoir être apprécié à sa juste valeur à la 1ère lecture... ce qui laisse entendre que ce sera très probablement culte à ma deuxième lecture. :) - richesse de l'oeuvre : 5/5 (je n'ai pas encore vu mieux !) - mise en scène : 5/5 - dessin : 3/5 - couleurs : 1/5 - plaisir de lecture : 4/5 Un dernier mot, sur la comparaison qui semble être faite par certains de "Watchmen" et Kingdom Come. Les deux ont en commun une certaine thématique (l'intégration des super héros parmi l'humanité, avec tous les problèmes que cela comporte, aux niveaux personnel et politique), mais là où le premier présente une véritable richesse littéraire dans sa forme, rare même parmi les meilleurs romans, et profitant bien de la spécifité du médium bande dessinée, là où on sent l'esprit d'horloger d'Alan Moore avec un regard d'une profondeur fascinante, critique, cynique, décortiquant notre monde pour le retranscrire, le second -- bien qu'à mon avis excellent -- est très nettement plus terre à terre, plus premier degré... Mais à lire tout de même. :)
Amer Béton
Sans partager l’enthousiasme débordant de Patate, j’avoue qu’Amer Béton fait partie des très rares mangas que j’apprécie. Ici *mode cliché ON* pas question d’étudiant qui collectionne les petites culottes de ses copines, de bastons à n’en plus finir à coups de rayons atomiques sortis des poings, de champions de badminton rivaux en quête de gloire absolue ou de duels entre monstres sortis de cartes à jouer, comme dans 99% de la BD nippone *mode cliché OFF*, mais l’histoire étrange de deux gamins paumés dans une ville en train de perdre son âme. « Etrange » est vraiment un mot qui convient à cette BD où des dialogues parfois pipi-caca en côtoient d’autres plus poétiques ou philosophiques, où l’ambiance passe du délire à la tristesse et la mélancolie, de l’extrême violence (il y a certaines scènes très sanglantes) à la tendresse… Moi, personnellement, ces mélanges me rappellent assez Kitano… Si on ajoute à ça que ça parle de flics et de yakuzas et qu’il n’y a pas vraiment un scénar super fouillé (il y a une intrigue évidemment, mais on suit moins une histoire que des parcours qui s’entrecroisent), oui, vraiment, moi ça me rappelle le cinéma de Kitano, et bien que je n’en sois pas un fan absolu, j’avoue que ce n’est pas pour me déplaire. « Etranges » encore, les dessins. On ne peut clairement pas dire que ce soit joli, mais ils ont… comment appeler ça… du caractère, de la personnalité, du charme… C’est clairement pas du Marini, du Guarnido ou du Masbou, mais on est bien loin du trait fade et des personnages aux airs complètement niais que l’on retrouve, là encore excusez-moi du cliché, dans l’immense majorité des mangas (du moins pour ceux publiés en France, mais comme le fait remarquer ThePat très peu de mangas « underground » sont traduits dans la langue de Joey Starr) (ben oui, pourquoi pas Joey Starr, y a pas que Molière quand même !). Bref, de prime abord, on peut trouver ça moche, et pourtant, c’est CE style-là qu’il fallait à cette série pour lui donner tout son charme. Les dialogues sont bons, le personnage de Blanko est parmi les plus attachants que j’aie pu découvrir dans mes lectures récentes (j’aime un peu moins Noiro ; son côté « grand frère protecteur et ténébreux » sentant un peu trop le déjà-vu), et malgré la relative absence d’intrigue très élaborée dont je parlais tout à l’heure, on ne s’ennuie jamais, c’est très rythmé, on a toujours envie de savoir la suite et on s’enfile les 3 tomes d’une traite. J’hésite quand même pour la note, parce qu’il y a une sacrée ombre au tableau : la fin, qui ne m’a pas totalement convaincu. Je ne veux pas en dire trop pour ne rien dévoiler, mais le côté « mystique » de certaines des scènes finales m’a un peu gonflé, et surtout, la conclusion fait un peu bâclée, un peu forcée. C’est dommage et j’avoue que ça m’a malheureusement gâché une bonne partie du plaisir que j’avais pris à lire cette BD. Je mets quatre étoiles quand même, mais disons que c’est plutôt un 3,5/5… Mais ça reste une lecture que je vous recommande !
Quartier lointain
21h28... Je viens de terminer Quartier Lointain... Je suis encore sous le choc. J'ai commencé à 20h, et je n'ai pas pu décrocher une seconde de cette BD. J'ai littéralement englouti cette BD. Il est pourtant assez rare que je lise aussi longtemps, en général, je me lasse asser vite. Comment exprimer ? Magnifique, génial, extraordinaire, les superlatifs ne sont pas assez nombreux, c'est évident. Je suis complètement sous le charme. Comment ne pas l'être après la lecture d'une si belle histoire ? Ok, il est evident que le thème à deja été abordé mais c'est traité avec une telle perfection, avec une telle classe... La psychologie de Hiroshi est tellement bien abordée, ses sentiments sont parfaitement retranscrits au lecteur que l'on ne peut qu'être absorbé... J'ai vécu comme Hiroshi, j'ai pensé comme Hiroshi, j'ai suivi la vie de cet adulte dans un corp d'un ado... Qui n'a jamais pensé revivre une période de son enfance/adolescence ? "si j'avais fait ci, si j'avais fait ça". La prise de conscience à la fin, cela achève parfaitement l'histoire. En tout cas, l'histoire coule tout seule, c'est fluide, c'est beau tout simplement. Les dessins sont en adéquation parfaite avec l'histoire : simples, fluides, doux, apaisants, tout simplement beaux. Vraiment merci M. Taniguchi, merci.
Une Aventure de Jeanne Picquigny
Ce premier tome, plutôt réussi, ressemble à certaines de ces séries B hollywoodiennes d’aventures comme on n’en voit plus du tout depuis le dernier Indiana Jones. Certes, ce n’était « que » de la série B, mais c’était plaisant, bien foutu, rythmé, dépaysant… On retrouve dans La Tendresse des crocodiles pas mal de stéréotypes du genre : la jeune et jolie bourgeoise pleine de caractère, le baroudeur bourru assez rude avec les nanas (mais elles aiment ça, c’est bien connu ;) ), le vieil acoolo devenu à moitié fou qui vit perdu dans la brousse… Il y a des rebondissements un peu « téléphonés », l’intrigue n’est pas follement originale… et pourtant, l’ensemble fonctionne très bien, malgré cette impression de déjà-vu. C’est même justement ce côté « histoire à l’ancienne » qui fait, à mon goût, une bonne partie du charme de cette BD. C’est du déjà vu, certes, mais c’est aussi, comme je le disais au début, du comme on n’en fait plus. On ne s’ennuie pas un instant (contrairement à JBT, je ne trouve pas que la mise en place soit si longue, même s’il est vrai qu’on ne découvre qu’assez tard ce que cherchait le professeur Picquigny) et la vision de l’Afrique proposée ici, tout en faisant voyager et rêvasser le lecteur, n’est pas trop « cliché » (je sais pas vous, mais moi, toutes ces BD à la Toussaint 66 ou Congo Bill qui, sous prétexte de nous faire comprendre qu’il faut respecter les cultures africaines et que nous autres Occidentaux blancs sommes des imbéciles qui avons perdu notre âme, en font des caisses dans le genre « là-bas, la magie ça existe vraiment, tout est tellement mystique et mystérieux !! », ça commence à me gaver un peu). Bref, ne vous attendez pas à un chef-d’œuvre, mais cette première aventure de Jeanne Picquigny constitue une lecture tout a fait agréable et recommandable ; espérons que la suite soit du même calibre.
Batman - Un long Halloween
Excellent. Ah, je me suis fait un vrai plaisir en lisant cette série d'un bloc. Le dessin n'est pas mauvais du tout (surtout sur certaines cases "choc", quand Holiday a signé ses crimes). Mais surtout le scénario est excellent. Les personnages sont bons (notamment Harvey Dent, Jim Gordon et leurs femmes respectives). Le personnage de Batman y est très sympa, ainsi que celui de Catwoman (Mrrrrow...). L'enquête, tout le côté thriller et mystère de cette série, est excellente. On suit le tout avec bonheur, et toute l'histoire coule à la perfection. Et surtout, chose que j'adore dans une BD, la fin est vraiment bonne. Il y a, à la toute fin, le retournement de situation, le petit truc en plus qui rend toute la série encore meilleure. Le petit défaut que je peux reprocher au scénario, c'est une utilisation un peu trop abusive des ennemis extraordinaires de Batman : l'apparition de l'Epouvantail, du Chapelier Fou et de Poison Ivy sont à mon avis dispensables. Mais bon, cela ne gène pas vraiment le déroulement de l'histoire. Franchement, j'ai vraiment eu une bonne surprise avec cette série qu'est le "Long Halloween", et je suis déçu qu'elle ne soit pas sortie en format plus solide, ou en intégrale cartonnée, en France.
Où le regard ne porte pas...
Evidemment, je ne peux que rejoindre les avis dithyrambiques concernant cette magnifique série ! J'ai pourtant hésité à acheter cette BD, je suis passé devant plusieurs fois avant de me décider ! Mais sous la menace de Cha (tout relative, mais quand même :)), je l'ai achetée (la BD pas Cha :)). Et bien, c'est tout simplement magnifique comme BD, c'est 95 pages de bonheur, de plaisir de lecture. Rarement à la fin de la 1ère lecture d'une BD, j'ai eu envie de la relire immédiatement histoire de re-profiter de la BD ! "Où le regard ne porte pas..." en fait partie. C'est parfois drôle, parfois triste, émouvant, magique. Que du bonheur... Et puis le dessin, j'adore carrément ! Un style ultra original, très particulier mais tellement beau ! Il va tellement bien avec l'histoire, c'est parfait ! Les couleurs pastels sont aussi vraiment belles, en accord parfait avec le dessin. Bref une harmonie se dégage de cette bd ! Assurément une des bd de l'année !
Le Vagabond des Limbes
C'est de la SF à outrance, souvent délirante, souvent plus proche de l'onirisme que de la hard science. Il y a une bonne part d'humour, de dérision et de réflexion. Le tout sous une apparence graphique qu'il ne faudrait surtout pas confondre avec des séries bien moins drôles telles que Luc Orient. Le monde d'Axle Munschine ne se prend pas au sérieux, tout en affichant à la fois une gravité très adulte. C'est un univers étrange et décalé. J'aime beaucoup "le Vagabond des Limbes", mais en même temps la série est un peu inégale. Certains tomes sont plus basiques, moins marquants ou originaux que d'autres. Ca fourmille d'idées, mais parfois il y en a même trop à la fois et ça donne des albums loufoques et au final pas fantastiques. Bref, c'est une série que je considère comme indispensable de connaître. Mais il y a trop de tomes pour que tous soient valables et il n'est pas certain que ça plaise à tout le monde.
From Hell
Ahlala. "From Hell" c'est un énorme pavé de 576 pages, lourd comme tout et vraiment pas engageant. Lorsqu'on le feuillette comme ça, le dessin apparaît vraiment repoussant, tout à l'encre de chine qu'il est (que du noir et blanc, même pas de gris, tsss !), tout hachuré, et certainement pas "beau" au sens classique du terme. En plus ça commence par un gros plan sur une mouette crevée, ça ne donne pas forcément envie d'aller plus loin. :( Et pourtant... Et pourtant quand on commence à le lire, au bout de la première page on est intrigué. Par le dialogue, un peu étrange et décalé; par la mise en scène, qui malgré le dessin semble très bien faite... Et puis au bout de l'introduction (8 pages), sans s'en rendre compte on a été absorbé dans cet univers. Comme ça, sans même s'en être aperçu. Les trois premiers chapitres m'ont posé problème... j'ai en effet bêtement loupé les indications de dates dans la première case, et c'est seulement en cours de route que j'ai réalisé que les scènes ne se suivaient pas chronologiquement. On ne comprend pas trop le lien des deux premiers chapitres avec l'affaire de Jack l'éventreur, mais le lien se fera plus tard... En attendant on est intrigué, complètement attentif et... littéralement immergé dans l'histoire. Le chapitre quatre en particulier m'a paru absolument renversant. Invraisemblable qu'un auteur ait osé faire ça ! Quarante pages d'un quasi monologue sur l'architecture et l'origine et le mystère des Francs-Maçons ! Des considérations complètement ésotériques et absconses, de quoi faire décrocher n'importe qui en deux pages ! Et pourtant... pourtant on reste scotché là, devant ce récit témoignant d'un esprit complètement étranger, tordu, aux limites même de la folie. Qu'Alan Moore ait pu faire cela m'inspire un respect presque sans bornes. O_o Bon, sinon il faut bien reconnaître que le travail qu'il y a derrière "From Hell" est impressionnant. On peut en avoir un aperçu à la fin du livre, dans l'appendice II, qui raconte en image l'histoire des différents travaux existant sur le sujet, où Moore analyse les querelles. C'est réellement intéressant, et de plus mis en images de façon véritablement intelligente. L'appendice I quant à lui, est composé de 42 pages d'explications sur les différentes pages/scènes/cases du livre... Là, j'avoue avoir juste survolé, mais là aussi c'est réellement intéressant. Moore explique ce qui est "vrai", ce qu'il a inventé, adapté ou arrangé. Vraiment bien. Si "From Hell" était un dvd, je dirais que ce bonus est d'une qualité rarement atteinte. L'album raconte une histoire, une version possible. Moore conclut dans l'appendice II que le mystère est si embrouillé qu'il n'y a probablement pas de vérité, mais un ensemble d'hypothèses qui forment un matériau dont on ne pourra plus tirer grand chose... à part d'autres matériaux, d'autres versions. Il propose donc ici la sienne, et l'ensemble est tout simplement grandiose. L'histoire a des relents de folie, mais une folie si bien développée, si bien mise en scène, si bien montrée et enfin si bien expliquée, qu'on en vient (presque) à la comprendre. Par ailleurs rien n'est épargné au lecteur. Les scènes d'assassinat, parfois très gores, horribles, sont montrées. La folie, l'aspect glauque et cynique de l'ensemble, des scènes de cul assez crues, rien de cela n'est voilé. Et le dessin, a priori peu attirant, basé sur un gaufrier de 3x3 cases, est étonnamment expressif et particulèrement adapté à cette oeuvre sombre. Un chef d'oeuvre, tout simplement. Un véritable monument. Et c'est peu de le dire. Seuls points noirs : l'album est peu maniable, et comme les dessins et les textes sont très petits, on est obligé de lire de près, ce qui est parfois problématique. Et je n'ai pas encore compris ce que venait faire là John Merrick (Elephant Man).
Les Aquanautes
Voilà une BD originale, tant dans le ton que dans l'ambiance. Le héros est très humain, bien qu'un peu perturbé, ce que l'on n'attend pas forcément de la part d'un type certainement amené à résoudre ce sac de noeud. Le dessin, la mise en page, le rythme de évènements nous font penser que l'on se dirige vers une série un peu bateau, si on peut dire. Mais au fur et à mesure que l'on avance dans la série, on découvre que les personnages, qui semblaient un peu stéréotypés au départ sont beaucoup plus complexes qu'il ne paraissait. Et lorsque les voiles tombent, on comprend que les évènements des premiers tomes ne devaient en fait pas grand chose au hasard. Vraiment, une scénario rondement mené desservi par un dessin impécable. Seul petit bémol, sans vouloir trop en dire,l'enjeu de tout ceci ne me paraît pas être suffisant pour suciter un tel déploiement de moyens et de violence. Mais bon, ça reste secondaire.
Le Premier Meurtre (Les Mysteres du Meurtre)
Assez étrange, cette histoire, de par son thème, bien sûr, mais surtout de par sa construction. L'histoire "centrale", le premier meurtre et l'enquête qui s'ensuit, est finalement assez peu développée et n'a que la façade d'un roman policier. L'enquête en question est très rapidement menée, ne suscite pas de nombreuses réflexions ou pistes sur le crime. Par contre, elle permet de mettre en scène une vision intéressante de la création, et aussi de Dieu, de sa façon de fonctionner, et de l'influence que celle-ci a sur ses créatures (soit les anges en l'occurrence, mais aussi nous par extension directe). Ce que j'ai trouvé plus intéressant, c'est l'histoire qui entoure cette histoire. Même si je n'ai pas compris toutes les motivations du narrateur (l'ami de Tink, dont on ne connaît pas le nom je crois), cette seconde histoire fait résonner la première d'une façon singulièrement adéquate. Un petit mot sur le dessin, aux couleurs un peu flashantes mais plutôt pas mal dans l'ensemble. Je n'ai juste vraiment pas aimé les cases où Raguel "laisse son rôle l'envahir", c'est très caricatural et plutôt loupé. :( Au final je reste un peu mitigé, mais cette lecture a quelque chose d'assez fascinant, surtout pour ma part en ce qui concerne le personnage de Raguel, qui en évoluant nous montre qu'un acte barbare et primaire comme la vengeance (du Seigneur) peut être sublimé pour devenir... à vous de le lire. :)