Les derniers avis (38489 avis)

Couverture de la série Comment je ne suis pas devenu moine
Comment je ne suis pas devenu moine

Il y a parfois un peu des documentaires de Delisle dans ce récit, dans lequel l’auteur se place au centre, et pointe, l’air de rien – et sans forcer les jugements trop faciles – quelques petites désillusions après observation de sociétés éloignées de la sienne. L’auteur a été attiré – le mot est faible pour parler d’une passion et d’une forte attente – par le bouddhisme, au point d’envisager de devenir moine. Déçu par ses rencontres dans son Canada natal, il s’envole pour un long périple au Népal, puis au Tibet, pensant y trouver les réponses aux nombreuses questions qu’ils se posent. Si le bouddhisme en tant que tel ne le déçoit pas, il en est autrement de certains bouddhistes, et de ce qu’il découvre des sociétés tibétaines et népalaises (on a aussi droit à quelques témoignages du contrôle jusqu’à l’absurde – voir les multiples contrôles de visa lorsqu’il franchit la frontière tibétaine – exercé par la Chine dans cette région annexée qu’est le Tibet). Les observations de Bérubé désacralisent cet Orient fantasmé par des milliers d’occidentaux (les Hippies bien sûr, mais aussi de nos jours par une idéalisation du bouddhisme et des habitants de l’Himalaya). Le récit est une expérience humaine intéressante, racontée de façon simple, plutôt réaliste et impartial. Au final, si l’auteur n’est pas devenu moine, et si sa vision des bouddhistes tibétain a sans doute parfois souffert de la réalité observée, Bérubé semble être sorti grandi et rasséréné par ce long voyage et ces rencontres. En tout cas c’est une lecture plaisante, agréable et fluide, avec un dessin lui aussi simple mais efficace.

26/04/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Attente
L'Attente

Si le début du récit est un peu lent et « mollasson », dès que l’on part dans la mémoire de la mère de l’auteure, dans un long flash-back, ça devient vraiment prenant. Au travers du témoignage de plusieurs personnes (sa mère bien sûr, mais aussi deux autres, comme elle le présente en fin d’album), l’auteure a condensé un pan important et douloureux de son histoire familiale, mais aussi de l’histoire bouleversée de la Corée. On découvre ainsi de l’intérieure la brutalité de l’occupation japonaise durant la guerre (même si c’est ici traité rapidement et presque de façon transversale – on ne voit pas les soldats japonais, mais sont évoqués les réquisitions, les enrôlements forcés, les enlèvements des « femmes de réconfort », etc.). Mais aussi et surtout la brutalité de la « guerre de Corée », poussant des centaines de milliers de personnes dans un exode m’ayant fait penser à celui qu’a connu la France au printemps 1940. Quelques scènes hallucinantes, comme ces bombardements de l’aviation américaine sur des civils, ou les nombreuses familles séparées durant ce long reflux – comme la mère de l’auteure, qui perd de vue – définitivement hélas son mari et son fils. Soixante ans plus tard, on retrouve la mère de l’auteure et d’autres qui attendent d’être « tirés au sort » pour avoir la chance de revoir, furtivement et sous haute surveillance et censure, des membres de leur famille vivant en Corée du Nord. Ces épisodes douloureux et presque ubuesques sont bouleversants. Au final, on a un récit circonstancié et bien mené, qui mêle petite et grande histoire, qui ne surjoue pas le pathos, mais qui rend sensible de l’extérieur la douleur, les cicatrices qui ne peuvent se refermer, de ces familles séparées depuis des décennies.

26/04/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Ne lâche pas ma main
Ne lâche pas ma main

J'avais adoré ''Nymphéas noirs'' alors j'étais bien partant pour voir la même équipe refaire l'adaptation d'un roman du même écrivain. Ce one-shot est un peu moins bon que le premier, notamment parce que l'intrigue est un peu plus classique, mais il reste efficace. J'ai trouvé le scénario bien prenant et du début jusqu'à la fin je voulais savoir comment cela allait se terminer, surtout qu'encore une fois le scénario est bien tordu avec plein de surprises. Avec Michel Bussi, il semblerait qu'il ne faut jamais se fier à ce que l'on voit jusqu'aux révélations finales. Bien sûr, cela s'adresse avant tout au fan de polar. Ceux qui sont allergiques au genre risquent de ne pas trop accrocher au scénario qui possèdes les défauts du genre : les personnages qui semblent capables de tout faire et pleins de coïncidences qui aident bien à avancer l'intrigue. En tant que fan de polar, ces éléments ne me dérangent pas du moment que c'est bien fait, mais je peux comprendre que d'autres lecteurs risquent de s'énerver à la lecture de quelques scènes. J'ai bien aimé le dessin. Un bon cru pour les fans de polars vraiment tordus.

26/04/2025 (modifier)
Par ThiBD
Note: 4/5
Couverture de la série Les Enfants de Buchenwald
Les Enfants de Buchenwald

Le roman graphique " Les Enfants de Buchenwald " est un travail méthodique de documentation qui aura duré deux ans. Écrit par l'historienne Dominique Missika, illustré par Anaïs Depommier et Alexakis Alessandrema, il est paru aux éditions Steinkis. L'histoire retrace le destin de quatre jeunes rescapés du camp de concentration de Buchenwald : Zeev, Fischel, Chaim et Aron (personnages fictifs). À la libération du camp en avril 1945, ces enfants, âgés de 4 à 18 ans, se retrouvent seuls et démunis, sans famille. De juin à septembre 1945, ils sont accueillis par I'Œuvre de Secours aux Enfants (OSE) dans la ville d'Écouis, en Normandie, où ils entament un processus de reconstruction physique et psychologique. Inspirée de faits réels et de témoignages de survivants et de personnes qui les ont accompagné, cette œuvre met en lumière la résilience de ces jeunes orphelins, l'importance de la solidarité et de la bienveillance dans leur parcours vers une nouvelle vie. Les dessins travaillés de Anaïs Depommier et la mise en couleur de Alessandrema Alexakis apportent une touche de douceur aux personnages et à l'histoire malgré l'horreur. Cela permet une lecture facile et agréable pour les plus jeunes. Par ailleurs, je trouve intéressant et original l'approche choisie: celle de l'après-guerre et de la reconstruction de ceux qui l'ont vécu. À travers un récit poignant et des illustrations sensibles, la bande dessinée rend hommage à ces enfants et à ceux qui les ont aidés à retrouver leur humanité. Ainsi, cette histoire sous forme du "roman graphique" s'adapte à toutes les générations et permet d'entretenir la mémoire des enfants rescapés de Buchenwald et de leurs sauveurs.

25/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Aciae z79
Aciae z79

A part peut-être avec Tremblez enfance Z46, j’ai à chaque fois été dérouté par les albums d’EMG, par leur construction étonnante et plus exigeante qu’il n’y parait de prime abord. Mais j’ai aussi à chaque fois été suffisamment intrigué pour passer outre cette étrangeté, et cet album confirme qu’EMG est un auteur original et intéressant. C’est aussi une personne très sympathique, avec laquelle j’avais échangé lors du dernier festival Quai des Bulles de Saint-Malo (cet album était alors en bonne voie). C’est le quatrième album qu’il publie chez Tanibis sur le même format très chouette : un à l’italienne avec une image par page, des couleur tranchées et chatoyantes, et surtout un graphisme très original et reconnaissable entre mille, avec des objets, décors et personnages construits avec des formes géométriques disjointes. Un rendu surprenant, mais que j’ai depuis longtemps appris à apprivoiser et à aimer. Comme souvent l’intrigue nécessite un bon investissement du lecteur, ne livre pas aisément ses clés. C’est même sans doute avec cet album que j’ai eu le plus le besoin de plusieurs lectures, pour saisir les tenants et aboutissants, alors que la pagination ne correspond pas dans sa présentation à la chronologie des événements. En tout cas, comme mon prédécesseur, je ne peux qu’encourager les lecteurs curieux à jeter plus qu’un œil sur cet album, et sur cet auteur, qui développe une œuvre singulière – toujours mise en valeur par le beau travail éditorial de Tanibis.

25/04/2025 (modifier)
Par Ana
Note: 4/5
Couverture de la série À la poursuite de Jack Gilet
À la poursuite de Jack Gilet

J'ai fait le choix de lire ce livre, parce que j'aimais la couverture de ce livre. Je trouve que les dessins sont magnifiques. Je trouve cette histoire triste et en même temps drôle. D'un autre côté, nous les humains ne pensons jamais aux animaux morts sur la route, en dessous des pneus de nos voitures, sans savoir ce qui leur est arrivé. Mais aussi, c'est drôle de voir tous ces humains qui sont morts à cause de ces bêtes, ignorantes de la loi.

25/04/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Aciae z79
Aciae z79

Une lecture exigeante. Il te faudra rester concentré pour différencier les nombreux personnages et pour cela mémoriser formes / couleurs vêtements. Il faudra aussi faire attention aux détails qui se cachent sur les planches pour bien [comprendre] le récit, tout en gardant un œil au numéro de chaque planche. En effet, elles ne seront pas toutes proposées dans le sens chronologique (voir la galerie). Mais c'est bien toute cette complexité de lecture qui la rend unique. En introduction un petit récit : trinitate glycérol z7. Sept planches sans texte où des atomes prennent possession de l'espace pour donner naissance à la combinaison de la nitroglycérine. Bon, je fais le malin mais heureusement qu'internet existe. Puis place au récit principal : adoremus christum æternum z79 (adorons le Christ éternel). Soixante-dix-neuf planches dans un royaume d'Europe central où vont se jouer le destin de plusieurs personnages. Je disais donc une lecture exigeante, j'ai dû m'y prendre à deux fois pour en saisir le contenu (enfin, je crois), certains passages pourront passer pour inachevés, mais ce n'est pas le cas. La narration est atypique avec cette succession de planches dans un désordre ordonné, mais elle reste cohérente et compréhensible. Un désordre ordonné qui s'accélère au fil des pages. Ce récit n'est pas qu'une expérience narrative, il évoque aussi des sujets qui sont toujours d'actualité (mariage arrangé, la place de la religion, les conditions - dérèglement - climatiques... ). Une lecture qui se mérite. Autre particularité de cet album : la partie graphique. Un visuel en trois dimensions aux formes géométriques, les phylactères seront dans la même veine, au rendu singulier qui me plaît énormément. Un joli format à l'italienne avec une image par page pour un plaisir accentué. Les couleurs sont lumineuses. Tu seras aussi surpris par les trouvailles qui égaient le récit. J'adore. Une vraie curiosité. Un artiste à découvrir ! Après le [z], le chiffre ou le nombre correspond à la pagination du récit. ;)

25/04/2025 (modifier)
Couverture de la série De pierre et d'os
De pierre et d'os

Les superbes aquarelles de Krassinsky nous invitent à un beau voyage initiatique en pleine nuit arctique. Un régal pour les yeux et les esprits des vents et des glaces. Jean-Paul Krassinsky (né en 1972) est un auteur de BD connu pour quelques belles aquarelles. Ce dessinateur réputé adapte ici un roman (sorti en 2020) de Bérengère Cournut : De pierre et d'os, une fable initiatique qui suit le parcours d'une jeune inuite au pays des glaces. Uqsuralik est encore une jeune fille et l'album s'ouvre avec l'apparition de ses premières règles. Elle va se faire surprendre par la banquise qui se brise et l'éloigne de l'igloo familial. Elle se retrouve seule, séparée des siens, en pleine nuit arctique. Elle n'a pour compagnons que quelques chiens et il va lui falloir "chasser avec eux, apprendre d'eux, ou bien mourir par eux, il n'y a pas d'autre choix possible". Après plusieurs jours de marche et de survie difficile, elle rencontre un autre groupe d'humains, plusieurs familles à géométrie variable comme le veut la coutume, mais avec des "femmes mal tatouées et des chasseurs maladroits". Ils l'accueillent car "quiconque peuple la banquise par une telle nuit est le bienvenu" et ils vont l'appeler Arnaautuq ce qui veut dire garçon manqué. Elle n'est pas forcément la bienvenue, c'est une bouche de plus à nourrir et l'un des hommes va même la "couper en deux". L'album est précédé de la réputation du roman bien sûr (prix du roman Fnac 2019), mais ce sont surtout les superbes aquarelles de Krassinsky qui vont appâter l'amateur de BD. De véritables peintures qui se déploient sur de grandes pages (au format presque carré) avec des tableaux tantôt grandioses, tantôt intimes. On passe des étoiles sur la banquise glacée aux fleurs sur la toundra verdoyante au printemps. Ces magnifiques dessins comptent pour beaucoup dans le charme envoûtant de cette aventure écrite au féminin. Au cours de ce grand voyage initiatique, la jeune fille deviendra femme, mère, chasseuse et même chamane. La survie de ces nomades est réglée sur les saisons, la chasse et la pêche. Et là-bas on est obligé de compter les bouches à nourrir avant l'hiver aussi précisément que les réserves de gibier. L'album est généreux (200 pages) et le lecteur verra défiler les saisons puis les années, les générations. À travers Uqsuralik et ses multiples rencontres, le texte, adapté du livre de Bérengère Cournut, va nous permettre de découvrir les coutumes, les traditions, les chants et les superstitions du peuple de l'arctique. C'est un très beau voyage, éprouvant, émouvant.

25/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Mémoire de cendres
Mémoire de cendres

Une série parfaitement représentative de celles que Glénat a publiées dans sa belle collection historique Vécu. Jarbinet s’était fait la main au dessin sur Sandy Eastern, mais c’est sans doute avec cette série qu’il se révèle un auteur complet et mature. Son dessin est vraiment très beau, et remarquable pour les décors, les châteaux (les superbes paysages, et les non moins superbes forteresses du pays d’Oc sont vraiment bien rendus). Il s’est documenté (remarque aussi valable pour l’intrigue, qui suit la grande Histoire et la mêle très bien à la petite). Par contre sur les deux premiers tomes (le premier surtout), son trait est plus hésitant, le résultat plus irrégulier et moins heureux pour certains personnages (les visages en particulier). Mais bon, c’est vraiment du bon travail, dans le haut du panier de cette collection. L’intrigue est donc fortement ancrée dans l’univers cathare, au moment de la croisade menée par l’Église et la chevalerie du Nord du royaume, alors que l’intransigeance religieuse trouvait opportunément des alliés dans la soif de pouvoir du roi de France, et surtout la soif de terres et de seigneuries de certains de ses vassaux. Là aussi Jarbinet utilise bien sa matière historique pour dynamiser son intrigue, et les apports des personnages principaux, inventés, s’accordent bien avec la trame générale en décor. L’histoire se déroule durant le premier tiers du XIIIème siècle, siècle qui est l’une de mes périodes historiques préférées, donc j’étais a priori intéressé par cette série. Au final, j’ai plutôt aimé cette série. Du moins le premier cycle de cinq tomes que j’ai lu. J’aurais préféré que l’intrigue reste dans le sud-ouest de la France, même si les quatrième et cinquième tomes se déroulant en Angleterre se laissent lire (il m'ont un peu moins intéressé toutefois). L’accélération brutale en fin de cinquième tome, pour clore les intrigues, avec force happy-end, est quand même maladroite (comme le personnage de Guillaume est souvent utilisé trop facilement pour solutionner des situations critiques). Mais ça reste une bonne série de cette collection Vécu. Note réelle 3,5/5.

25/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Marchand de tapis de Constantinople
Le Marchand de tapis de Constantinople

Par nature j'aime bien découvrir des auteurs-trices de BD qui viennent de pays en dehors des circuits conventionnels. Cela se vérifie par mes lectures nombreuses d'auteurs-rices africains-es mais je n'ai pas boudé mon plaisir de découvrir cette jeune autrice originaire de Malaisie. En effet à travers son conte fantastique, Reimena Yee propose tout un univers et un vécu très éloigné de notre franco-belge quotidien. Ma première approche fut réservée à cause des presque 700 pages que représentent les deux tomes. Deux tomes qu'il faut lire pour toucher la profondeur du message de l'autrice. Une fois cette réserve évacuée, je me suis glissé délicieusement dans l'originalité de la narration et j'ai été surpris par les thématiques soulevées par l'autrice. Les éditions Kinaye proposent souvent des séries destinées aux ados issues de l'univers Comics. C'est le cas ici, même si la lecture est assez exigeante voire érudite par moment. Trois univers s'équilibrent tout au long du récit. La signification de l'importance et de la subtilité des tapis produits par les femmes de Usak en Turquie. Un récit parfois proche du documentaire contemplatif qui initie le néophyte aux subtilités des motifs et des histoires écrites au travers des fils de laines tissés. Cet univers conduit à la grande histoire d'amour sur toute la vie de Zeynel et Ayse. Cette vie est parsemée d'obstacles comme la mort des enfants ou la mauvaise rencontre de Zeynel. En effet Zeynel est un érudit destiné à devenir Iman mais qui se découvre fabuleux marchand aux côtés de son entreprenante épouse. Cette rencontre avec le vampire ou strigoÏ Mora aux confins de la Roumanie (Roumelnie) ouvre la porte au récit fantastique d'une histoire de vampires originale. C'est le récit central du second tome où la confrontation des deux vampires est inscrite sur les thématiques du pardon, de la compassion et de la rédemption. Enfin Zeynel est homme de Dieu. Comme le suggère la couverture du tome 2 qui ressemble à une icone orthodoxe c'est une véritable chemin vers la sainteté que suit Zeynel. Les référence à Allah sont omniprésentes dans la bouche de Zeynel et de son entourage. Les scènes de prières sont très nombreuses et s'inscrivent de façon naturelle dans le comportement de l'homme devenu Djinn sans abandonner sa foi. En débutant l'ouvrage j'ai été surpris par un graphisme qui me renvoyait à certaines illustrations orientales de mes livres d'histoire. J'ai trouvé que cela manquait de volume mais il faut probablement comprendre le dessin comme un rapport avec le théâtre d'ombre Turc pour les personnages. Les plantes et fleurs nous renvoient aux motifs des tapis. Il y a beaucoup de planches muettes qui invitent à la contemplation et à la découverte d'un autre univers que celui auquel nous sommes habitués. Les couleurs sont chaudes, les costumes chatoyants et d'une formidable richesse dans la recherche graphique. Une lecture qui mêle érudition, exotisme et originalité assez éloignée des thématiques commerciales aguichantes.

25/04/2025 (modifier)