Entre quelques rares moments très violents (les massacres de soldats « coloniaux – Noirs donc – par des soldats allemands), le premier tome nous fait entrer de plain-pied dans une guerre et une occupation presque bon enfant, avec des soldats allemands éloignés des SS tortionnaires, des prisonniers de guerre presque en semi-liberté au milieu de la population bretonne (le « Stalag » est ici franchement peu contraignant !). D’autres facilités encore, certaines pointées par bamiléké.
Si je comprends que cela puisse surprendre et/ou énerver, je pense qu’il ne s’agit pas ici de faire une série totalement réaliste et véridique. Je suis prêt à accepter certaines distances prises avec la réalité par Kris, pour développer son récit, avec un côté sans doute bien plus sucré et gentil que la réalité (et le dessin de Fournier, lui aussi tout en rondeurs, ne fait qu’accentuer cet état d’esprit), mais en tout cas l’histoire se laisse lire plaisamment.
En effet, si certains aspects peuvent paraître édulcorés (la France pétainiste est quasi absente – seul le retour du fils haineux l’incarne, les soldats et officiers allemands sont loin d’être des salauds), l’histoire nous amène quand même à une certaine noirceur. D’abord parce que Kris évite le happy end que je voyais poindre un moment. Ensuite parce qu’il dénonce clairement le scandaleux et hypocrite traitement infligé par la France aux anciens combattants africains – jusqu’aux massacres de ceux qui réclamaient un égal traitement (financier autant que moral) avec les Français de souche.
Un diptyque agréable à lire, et finalement plus noir qu’on pourrait le penser.
Note réelle 3,5/5.
La Flandre va proclamer unilatéralement son indépendance.
-
Cet ouvrage présente des fragments de vie de chacun des sept rois des Belges. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Jean-Philippe Thivet & Arnaud de la Croix pour le scénario, par Vicente Cifuentes pour les dessins, par Davide De La Cal pour les couleurs. Il compte cinquante-cinq pages de bande dessinée. Il se divise en sept chapitres, chacun consacré à un roi différent, par ordre chronologique, chacun s’ouvrant avec un portrait dessiné, et se terminant avec un texte de deux pages, illustré de photographies sur des points remarquables de chaque règne. Il se termine avec une page hybride, bande dessiné et texte, consacrée à Élisabeth de Saxe-Cobourg et Gotha.
Léopold 1er, le mercato des princes – Cette histoire commence au moment où Napoléon abat ses dernières cartes. L’Empereur, qui a mis l’Europe à feu et à sang, a dressé contre lui une puissante coalition d’alliés britanniques, allemands, néerlandais et prussiens. Aux portes de Bruxelles, il va jouer son va-tout. À Paris en 1808, il a croisé Léopold de Saxe-Cobourg-Saalfeld, prince désargenté, né en 1790, qui servait dans les rangs du tsar de Russie. Napoléon dira que : S’il se souvient bien, c’est le plus beau jeune homme qu’il ait pu voir aux Tuileries. Juin 1815, tandis que Napoléon s’est lancé dans une ultime campagne, les envoyés des grandes puissances se sont réunis à Vienne. Klemens Wenzel von Metternich annonce que l’ogre n’en a plus pour longtemps : il a été écrasé à Waterloo, non loin de Bruxelles. Un autre officiel intervient pour dire qu’il s’agit d’une bonne nouvelle, et qu’il faut décider de l’après. Le premier orateur reprend la parole pour dire que la solution est toute trouvée : exiler l’empereur déchu au loin, et confier au roi des Pays-Bas dont le fils s’est battu à Waterloo, la gestion d’un état tampon entre la France et ses voisins. Il reste à choisir qui en sera le roi.
Léopold II, le roi secret. Le 16 décembre 1865, le cortège funèbre qui conduit Léopold 1er à sa dernière demeure est suivi par une foule compacte. Les fils du roi suivent en carrosse. L’aîné Léopold a trente ans. Il mesure 1,90m. L’héritier du trône se souvient que son père l’appelait le sournois, il le surnommait le renard… et s’il avait raison ? Le lendemain Léopold II prête serment : il jure d’observer la constitution et les lois du peuple belge. Enfant, il passait les vacances d’été à Ostende. Une fois couronné, il y déambule sur la plage, considérant que le voilà roi d’un pays minuscule… mais après tout, un pays n’est jamais petit quand il est baigné par la mer. Il décide que sur le modèle de Nice ou de Biarritz, il fera de cette plage la reine des plages. Il tiendra parole… lorsqu’il se sera considérablement enrichi. À Bruxelles coule la Senne. Au moyen-âge, la cité est née de la rivière, qui alimente moulins et industries. Mais en 1866, c’est un égout à ciel ouvert. Une épidémie de choléra tue 3.647 Bruxellois ! Chirurgien du roi, Louis Deroubaix remet son rapport sur la situation : il est urgent d’assainir la ville. Dès l’année suivante, on entreprend de voûter la Senne. Le roi va encourager de nombreux autres chantiers dans la capitale.
Pour un novice en la matière, il peut être intimidant de s’intéresser à l’histoire séculaire de la royauté dans un pays, au vu de la longue chronologie à affronter, des différentes branches qui s’entrecroisent, et s’entredéchirent au gré de complexes unions. Au début du XXIe siècle, il existe six monarchies en Europe : au Danemark, en Espagne, au Luxembourg, au Pays-Bas, en Suède et en Belgique. Pour cette dernière comme le montre la couverture, la lignée compte sept monarques, ce qui la rend très accessible aux néophytes. Le lecteur découvre donc un chapitre pour chacun des sept rois, de neuf pages pour les cinq premiers, et de cinq pages pour les deux derniers. Il s’agit donc d’un ouvrage de vulgarisation, à destination de novices en la matière. Par exemple un lecteur qui ne saurait pas identifier le monument figurant sur la couverture (réponse : il s’agit des Arcades du Cinquantenaire, érigé à l’initiative du roi Léopold II, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de la Belgique, sa construction a commencé en janvier pour s’achever en septembre 1905). Le lecteur peut également évaluer l’intérêt de cette lecture pour lui en consultant la page d’ouverture d’un roi dont il a déjà entendu parler, pour se faire une idée de la nature du développement, par exemple pour Léopold II : Roi bâtisseur pour les uns, Roi massacreur pour les autres, il va marquer durablement le pays et demeure un personnage controversé.
Les auteurs ont confié la narration visuelle de chaque chapitre au même artiste, afin d’établir une continuité d’un roi au suivant. De fait, le dessinateur a fort à faire puisqu’il doit assurer une reconstitution visuelle historique depuis 1808 jusqu’à l’époque contemporaine. Le lecteur découvre des dessins propres sur eux : tracés de contour bien nets, dessins dans un registre descriptif et réaliste, nombre de cases variant de quatre à sept, cases majoritairement sagement disposées en bande, et bien sûr une attention particulière portée à la ressemblance des rois successifs. Le lecteur apprécie immédiatement l’équilibre de chaque page : la qualité de la reconstitution historique, le soin apporté aux détails. Cela commence avec la décoration intérieure de ce grand salon à Vienne au début du XIXème siècle et son ameublement, la tenue vestimentaire de chaque officiel présent, jusqu’à leur épée d’apparat, et les motifs de la tapisserie au mur. Le lecteur peut ainsi suivre l’évolution de la mode vestimentaire d’un chapitre à l’autre, et aussi celle des modes de déplacement, de l’urbanisme de Bruxelles, ou encore des moyens de communication, attestant du degré de rigueur du travail de recherches effectué.
Le lecteur se rend compte que l’artiste sait doser la densité d’informations visuelles sur chaque page pour éviter de produire une sensation d’étouffement, en intercalant des cases de discussions, ou plus aérées. Il se trouve également vite impressionné par l’effet d’intégrer des variations de tableaux célèbres, d’images d’archive ou de photographies. C’est une évidence en ce qui concerne tous les bâtiments, et c’est ce qui est attendu : le château de Laeken, la place royale de Bruxelles, les galeries royales d’Ostende, la gare royale de Laeken, la plage de Knokke-le-Zoute, le grand magasin L’Innovation, l’université de Gand, le Berhof à Obersalzberg dans les Alpes bavaroises, et d’autres paysages naturels, en particulier pour une escalade sur les rochers de Marche-les-Dames, dans la vallée de la Meuse, près de Namur. Incidemment, le lecteur se rend également compte que le dessinateur varie les mises en page avec discrétion et efficacité : cases de la largeur de la page, disposition en drapeau avec une case de la hauteur de la page et les autres comme y étant accrochées les unes en dessous des autres, cases en insert comme des cartes postales posées sur un fond qui est une carte géographique, une illustration panoramique de paysage de montagne sur une double page avec des cases en inserts par-dessus, cases aux bords arrondis pour un écran de télévision, etc.
De manière plus inattendue, les scénaristes jouent également avec la structure de plusieurs chapitres. Le premier respecte un ordre chronologique et une exposition explicative pour établir le début de l’existence du royaume de Belgique comme état indépendant, et les aléas menant au choix définitif de son premier souverain. Le second passe d’une grande réalisation à une autre pour établir comment Léopold II peut être à la fois un roi bâtisseur et un roi massacreur. Initialement, le troisième déroute car il se déroule dans l’ordre inverse à la chronologie, c’est-à-dire des titres de l’annonce du décès d’Albert Ier en remontant le temps jusqu’à sa première ascension. Le quatrième débute par la découverte en Égypte dans la vallée des Rois de la tombe intacte, d’un pharaon, et le suivant débute par un assassinat à bout portant. Le sixième débute par une (mémorable) fiction dans la fiction. Conscient des limites découlant de la pagination, les auteurs ont choisi de les tourner à leur avantage en se focalisant sur certains aspects de chaque règne, plutôt que de tout survoler, ou de provoquer une surcharge informative avec des pavés de texte indigestes, mangeant les images. Le lecteur apprécie de lire une vraie bande dessinée, plutôt qu’une suite d’articles encyclopédiques vaguement illustrés par des images redondantes. Restant un peu sur sa faim, il goûte d’autant mieux aux deux pages qui viennent compléter chaque chapitre, développant certains aspects de la royauté, des lieux, ou des personnages clé de chaque règne.
Bien sûr, le lecteur peut se montrer critique des choix opérés par les auteurs, et en particulier de ce qu’ils ont laissé de côté : la conception de la Constitution de la Belgique, la réalité de l’exploitation du Congo belge et de sa population, Blanche Delacroix évoquée en une case, les accomplissements politiques d’Albert Ier, l’opposition entre les partisans du retour de Léopold III et les opposants, l’absence de chapitre consacré à la régence de Charles Théodore Antoine Meinrad (1903-1983), les quatre cases consacrés à un assassinat dont la victime n’est même pas nommée (Julien Lahaut, 1884-1950), etc. Dans le même temps, il découvre de nombreuses mentions d’événements s’étant inscrit dans la mémoire culturelle belge, comme l’incendie du grand magasin L’Innovation. Chaque chapitre atteint son but : initier la curiosité du lecteur qui le termine avec l’envie d’en apprendre plus.
Un ouvrage d’initiation à la royauté belge en passant en revue les sept rois des Belges. Une vraie bande dessinée didactique, sans être encyclopédique, avec une narration visuelle impeccable et agréable. Une approche diversifiée, adaptée à la personnalité de chaque roi, avec des surprises dans la structure de certains chapitres. Une lecture très agréable, enrichissante, accessible, divertissante et instructive. Une grande réussite.
Je précise que je n’ai pas lu le roman original de Richard Adams avant cette lecture. Mon premier contact avec Watership Down s’est donc fait par ce roman graphique, et l’expérience a été immédiatement marquante. L’œuvre impose un univers dense, sombre et profondément adulte, bien loin d’un simple récit animalier, et réussit à captiver du début à la fin malgré son exigence.
Visuellement, le roman graphique est impressionnant. Le dessin, très naturaliste, donne aux lapins une vraie crédibilité animale sans jamais tomber dans l’anthropomorphisme excessif. Les ambiances sont magnifiques, parfois apaisantes, parfois oppressantes, et certaines scènes dégagent une violence sèche et brutale qui renforce la gravité du récit. Les décors et les couleurs participent pleinement à l’immersion et donnent une véritable identité à l’album.
Il est vrai que, sur certaines scènes, il peut être un peu difficile de reconnaître les différents lapins, notamment lors des passages de groupe. Les designs sont volontairement proches, ce qui peut entraîner une légère confusion. Cela dit, ce point n’est pas réellement dérangeant au final : il faut simplement rester attentif et concentré pendant la lecture, ce qui correspond bien au ton sérieux et à la densité de l’histoire.
La qualité de l’ouvrage mérite une mention toute particulière, notamment parce qu’il est édité par Monsieur Toussaint Louverture. Comme souvent avec cet éditeur, le travail éditorial est remarquable : fabrication solide, impression soignée, très beau papier, et une couverture sublimée par un vernis sélectif qui met parfaitement en valeur l’illustration. On sent un vrai respect de l’œuvre et du lecteur, avec un livre pensé comme un objet à part entière.
L’édition propose également de très bons compléments, notamment la carte fournie avec l’ouvrage, indispensable pour suivre les déplacements et comprendre la géographie des différentes garennes. Cette carte inclut aussi un vocabulaire propre à l’univers, ce qui aide à mieux saisir certains termes spécifiques au monde des lapins sans alourdir la lecture. Ce sont des ajouts discrets mais extrêmement appréciables.
Je suis d’ailleurs particulièrement content que ce soit Monsieur Toussaint Louverture qui édite cet album. C’est un éditeur qui propose régulièrement de magnifiques ouvrages, exigeants et soignés, comme le roman La Maison des feuilles ou d’autres titres marquants de leur catalogue. Leur identité éditoriale, très forte, correspond parfaitement à une œuvre aussi singulière et ambitieuse que Watership Down.
Sur le fond, le récit impressionne par sa maturité. Les thèmes de la survie, du pouvoir, de la peur, de la communauté et de la mort sont traités avec profondeur. La mythologie interne et les croyances des lapins donnent une richesse étonnante à l’univers et renforcent l’impact émotionnel de l’ensemble, même sans connaître le roman original.
Après la lecture, j’ai regardé le film d’animation de 1978, qui m’a paru très complémentaire et tout aussi marquant dans son approche plus brute. Je sais également qu’il existe une série Netflix, que je n’ai pas encore regardé.
En conclusion, ce roman graphique est une réussite totale. Une œuvre forte, sombre, ambitieuse, magnifiquement éditée, qui mérite pleinement son 5/5 et laisse une impression durable.
Je suis plutôt client de Mathieu Sapin et c'est son nom qui a attiré mon regard sur cet album au rayon jeunesse. Je ne connaissais pas le roman de Pennac dont c'est adapté et avec sa participation active comme souligné dans le dossier en fin d'ouvrage. Une oeuvre de 1984 soit 40 ans passés et déjà très affutée sur les relations entre le monde animal et l'humain qui le détruit à une époque où on parlait beaucoup moins d'écologie. C'est un regard croisé entre un loup enfermé dans un zoo et un enfant qui le fixe à travers les grilles. On vit alors l'histoire du loup bleu et comment il est arrivé là alors qu'il vivait tranquillement dans sa meute, puis on a l'histoire de l'enfant africain. Celui-ci est malin et arrive sans parler et par son simple regard à baisser la garde du loup qui a été blessé à un oeil. Bien vu.
J'ai découvert il y a peu qu'il y avait eu une hype sur ce titre ici-même. J'avoue que c'est fort drôle, a fortiori si on a connu les années 1990 et qu'en plus on a un travail de bureau. Le summum serait de disposer d'une broyeuse à papier et c'est une vérité qu'il en existe plusieurs types, tout un art la réduction en confettis. Mais on imprime moins de nos jours, on a moins de trucs à broyer. On a donc un bouquin épais au format à l'italienne et au titre improbable. On se prend au jeu de l'enquête labyrinthique de Jean Doux et ses acolytes autour de cette valise trouvée dans le faux plafond. J'ai eu peur de la lassitude vu le nombre de pages mais pas du tout, pour autant pas certain que j'y aurai mis 30 balles. Bien joué (Jean) Philippe Valette.
C'est un album de Tronchet qui m'a bien plu, pourtant je ne suis pas un inconditionnel de cet auteur et son humour. Il faut dire qu'ici il ne met pas en scène des personnages à l'humour parfois douteux mais sa propre famille partie vivre plusieurs années à Quito. C'est une ville incroyable dans les montagnes où les gens n'ont pas la même philosophie de vie et une des plus hautes capitales du monde. Sa femme parle le quechua et semble une sacrée baroudeuse. Il raconte plusieurs anecdotes un peu à la manière de Guy Delisle il est vrai mais son style de dessin est beaucoup plus coloré. Un 4/5 un poquito surnoté par rapport à mon réel ressenti.
Un jeune extraterrestre issu d'une civilisation très avancée se révèle pourtant totalement nul en astrophysique. À tel point qu'il devient le premier de son espèce à rater un examen élémentaire et se retrouve, par la même occasion, perdu sur Terre, où il va rencontrer deux jeunes humains. Heureusement pour lui, ces derniers sont au contraire très calés en matière d'étoiles et de mécanique de l'univers. Ce sont donc eux qui vont lui apprendre ce qu'il ignore, tout en profitant de sa navette pour voyager à travers différents lieux de l'espace-temps.
Les Explorateurs de l'univers est une BD documentaire qui s'articule habilement autour d'une petite aventure servant de prétexte à des échanges et à des découvertes entre humains et extraterrestre. Le sujet abordé est l'astrophysique, sous la houlette de son scénariste Christophe Galfard, lui-même astrophysicien et écrivain.
Passionné par l'espace depuis toujours, je lisais déjà de nombreux ouvrages sur le sujet quand j'étais enfant. Cette publication m'a fait réaliser à quel point l'astronomie et l'astrophysique ont évolué depuis ma jeunesse, il y a une quarantaine d'années. Outre des concepts physiques nouveaux, ou du moins absents de mes lectures enfantines, l'album intègre des découvertes récentes ainsi que des photographies spectaculaires issues des satellites Hubble, James Webb ou encore Euclid. En plus des superbes images de nébuleuses et autres objets de Herbig-Haro, on trouve plusieurs clichés d'étoiles en cours de formation ou de trous noirs qui n'existaient tout simplement pas il y a encore quelques années. De la même manière, les classifications des objets stellaires selon leur masse et leur devenir diffèrent de celles que je connaissais enfant, notamment concernant la nature des naines blanches, que je redécouvre ici. Sans même parler de tout ce qui touche à la matière noire dans le second tome, un sujet dont on ne parlait pas du tout "de mon temps".
Même en tant que lecteur adulte déjà bien informé, j'ai énormément apprécié ce que cette série m'a permis de découvrir, de redécouvrir ou tout simplement d'admirer.
L'ensemble est bien vulgarisé sans tomber dans l'excès de simplification. Certains passages restent toutefois exigeants, quel que soit l'âge du lecteur : il ne faut pas s'attendre à ce qu'un enfant de dix ans comprenne tout du premier coup. Mais à cet âge-là, je lisais Anselme Lanturlu, une série parfois bien plus complexe encore (et je n'ai jamais prétendu tout y comprendre, seulement la trouver passionnante).
La mise en scène est très agréable, portée par le dessin de Fanny Antigny, dans une veine manga enfantine à la fois sympathique et efficace. Les personnages sont attachants, leurs dialogues vivants, et l'ensemble évite habilement l'écueil rébarbatif du pur documentaire.
Je l'ai déjà mentionné, mais les photographies d'astronomie généreusement intégrées au fil des pages sont magnifiques, parfois même époustouflantes lorsqu'on prend conscience de ce que l'on observe réellement. Je soulignerai aussi la représentation 3D d'un trou noir galactique en fin de premier tome, encore plus impressionnante que celui d'Interstellar. En revanche, les auteurs ont eu l'idée de glisser dans presque chacune de ces grandes photos, sous forme de petit jeu, des dessins de "pandableus" à retrouver dans ces grandes images. Pour ma part, je n'en ai pas repéré un seul, ou du moins je crois. J'ai l'impression qu'ils sont ressortis trop petits ou trop discrets à l'impression, malgré le format relativement généreux des albums, et qu'ils se confondent trop facilement avec les innombrables étoiles visibles sur ces clichés. Une légère frustration, au point que j'aurais presque préféré ne pas perdre de temps à les chercher en vain.
Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup aimé cette série documentaire consacrée à l'espace, même si cet enthousiasme est sans doute renforcé par mon intérêt ancien et profond pour le sujet.
Oyez oyez lecteurs de BDthèque ! Roulement de tambour s’il vous plaît et faites rugir les trompettes pour Il était une fois en France, un chef-d’œuvre à savourer sans modération ! Cette série est dessinée par le génialissime Sylvain Vallée et celle-ci a été primée – excuser du peu - à Angoulême en 2011.
Vous allez plonger dans une œuvre où l’Histoire et l’art se rencontrent avec une puissance rare. Tout, absolument tout, est fascinant dans cette bande dessinée : du récit inspiré de faits réels, qui nous transporte dans les méandres de la résistance et de la collaboration, au trait puissant et expressif de Sylvain Vallée, chaque planche est une invitation à l’émotion et à la réflexion. C’est juste dingo !
Le découpage des pages est tout simplement parfait, un équilibre subtilement maîtrisé entre tension narrative et respiration visuelle. Les scènes s’enchaînent avec une fluidité qui captive, tandis que la colorisation, d’une richesse et d’une finesse exceptionnelles, renforce l’immersion et l’atmosphère de chaque époque évoquée. Les dessins, d’une beauté à couper le souffle, sont à la fois réalistes et chargés d’une intensité dramatique qui rend chaque personnage inoubliable. Un petit conseil... Ayez un peu de temps devant vous car quand vous allez commercer la lecture de la série, vous ne pourrez pas quitter votre canapé avant de découvrir la fin !
Il était une fois en France n’est pas seulement une bande dessinée : c’est une œuvre d’art totale, une plongée dans l’âme humaine à travers les tourments du XXe siècle. C’est le genre de série qui mérite une place de choix dans toutes les bibliothèques, et qui se savoure autant pour son contenu que pour sa forme.
C’est bientôt Noel ! C’est le cadeau idéal pour les amateurs de récits historiques, de dessin sublime et d’émotions fortes. Si vous cherchez une BD exceptionnelle à offrir, ne cherchez plus : cette série est un trésor à partager, une expérience de lecture qui marque à jamais. À mettre entre toutes les mains, sans hésiter ! Et bonne nouvelle, vous pouvez vous procurer la série sous forme d'intégrale.
Quel kiff cette lecture !
50ème avis, ça se fête.
Et pour la peine, il fallait bien un héros hors normes. Ayant déjà écrit sur un couple de gaulois, un petit teigneux et un gros costaud, c'est naturellement que notre ami à la houppette rousse fut désigné victime idéale
Mais comment passer après l'excellent avis rédigé par Deretaline au sujet de cette série cultissime. Quels arguments pourrai-je bien lui opposer, tant son argumentaire est bien construit ?
Un simple "Mais moi Tintin je kiffe" me semble bien fade et bien léger.
On va déjà commencer par évacuer le sujet du racisme et autres stéréotypes nauséabonds.
Raciste Tintin ? Je ne pense pas fondamentalement, dès 1936 Tintin se liera d'amitié avec un jeune chinois. Hergé peut être, sous les traits d'Haddock, mais pas son héros. D'ailleurs dans le Lotus Bleu, le rôle du raciste est tenu par un méchant.
Bourré de stéréotypes ? Indubitablement et tous ne sont pas heureux, loin de là.
Mais il ne faudrait pas oublier de quand date la série. On retrouve ces mêmes clichés chez Jacobs avec ses très british Blake et Mortimer
L'Europe colonialiste est encore une puissance importante et de part le monde les gens de couleurs sont estimés comme inférieurs et opprimés, Hergé n'étant finalement qu'un contemporain de son époque.
Est ce qu'aujourd'hui Tintin pourrait paraitre de la sorte ? Assurément et heureusement non.
Mais voilà il est paru dans les années 30, il y a presqu'un siècle. Est-on autant révolté en lisant du Blueberry paru 30 ans plus tard et dont le traitement des amérindiens n'est pas meilleur ? Fait on le même procès à Charlier ? Je n'en ai pas l'impression.
Moi, Tintin, je kiffe pour plusieurs raisons.
Ses aventures, et c'est important car le titre de la série c'est "Les Aventures de Tintin"
J'ai bien entendu mes préférées (les deux diptyques, l'île noire ou encore au pays de l'or noir) mais je trouve que toutes se lisent relativement bien. Et comme pour le petit gaulois je peux les lire et les relire à l'envie (en tout cas mes préférées).
L'écriture d'Hergé qui au contraire de Jacobs, n'en rajoute pas inutilement. Pas de voix off venant me dire "qu'un caillou rebondit sur le sol" quand il n''y a que ça dans la case. Hergé se contente de faire dialoguer ses personnages de manière plus ou moins développée mais je ne trouve jamais ça pompeux.
Le dessin d'Hergé, que je trouve bien meilleur que celui de certains de nos contemporains. Même si aujourd'hui il peut paraitre daté, je lui trouve une constance rare, une simplicité et une fluidité agréables et engageantes.
Ensuite j'ai un réel attachement, plus qu'à Tintin d'ailleurs, aux personnages secondaires créés par Hergé.
Le Capitaine Haddock, les Dupond et Dupont, sont uniques et valent rien qu'à eux le détour. Plus encore que les villageois d'Astérix, ils prennent une part prépondérante dans les aventures et apporte un vrai plus à la série.
Que ce soit l'effet comique des 2 policiers où le coté entier du capitaine, à chaque fois Hergé use d'eux à bon escient
Enfin Tintin, ça, s'est arrêté avec Hergé.
Là ou nombreux héros tirent sur la corde mercantile avec plus ou moins de réussite, je ne peux les citer tellement ils sont nombreux, le génie d'Hergé a été d'avoir imposé l'arrêt de la série avec sa mort. Et ça c'est un vrai plus pour moi
Au final, il est clair que pour moi Tintin est culte, il constitue une sorte de rite de passage. Comme si il était impossible de dire "je lis des BD" sans avoir lu une de ses aventures. Rares sont les nonagénaires à se porter aussi bien que notre héros.
PS: Deretaline j'ai adoré ton avis et plus encore ton PS :-)
Ayant apprécié le très bon Quartier lointain, je poursuis ma découverte de l'œuvre de Jiro Taniguchi avec "Le Journal de mon père"
Ici le mangaka nous propose une plongée dans les souvenirs d'enfance d'un homme qui, au décès de son père, s'interroge sur sa relation avec ce dernier.
Ce voyage introspectif est lent, très lent, Jiro Taniguchi nous laisse le temps de la réflexion. Cette lenteur peut se révéler par moment pesante. Pourtant je la trouve bienvenue. Elle nous permet de "comprendre" quelque peu le héros, enfant meurtri par le départ de sa mère, fuyant le poids des traditions dans ce Japon d'après guerre.
Cette relation distendue entre le père et le fils a eu chez moi une résonnance très particulière.
Elle a remué des choses enfouies depuis un petit moment maintenant. Mais avec beaucoup de subtilités, sans auto-flagellation.
Graphiquement c'est très beau, les traits sont fins et même si les personnages ont tendance à se ressembler (en même temps ils sont de la même famille) on arrive quand même à les distinguer. Les décors sont vraiment soignés. Bref un vrai travail d'artiste.
Un ouvrage très intimiste, qui compte tenu de mon vécu aura su emporter mon adhésion.
Décidément Jiro Taniguchi sait me parler.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Plus près de toi
Entre quelques rares moments très violents (les massacres de soldats « coloniaux – Noirs donc – par des soldats allemands), le premier tome nous fait entrer de plain-pied dans une guerre et une occupation presque bon enfant, avec des soldats allemands éloignés des SS tortionnaires, des prisonniers de guerre presque en semi-liberté au milieu de la population bretonne (le « Stalag » est ici franchement peu contraignant !). D’autres facilités encore, certaines pointées par bamiléké. Si je comprends que cela puisse surprendre et/ou énerver, je pense qu’il ne s’agit pas ici de faire une série totalement réaliste et véridique. Je suis prêt à accepter certaines distances prises avec la réalité par Kris, pour développer son récit, avec un côté sans doute bien plus sucré et gentil que la réalité (et le dessin de Fournier, lui aussi tout en rondeurs, ne fait qu’accentuer cet état d’esprit), mais en tout cas l’histoire se laisse lire plaisamment. En effet, si certains aspects peuvent paraître édulcorés (la France pétainiste est quasi absente – seul le retour du fils haineux l’incarne, les soldats et officiers allemands sont loin d’être des salauds), l’histoire nous amène quand même à une certaine noirceur. D’abord parce que Kris évite le happy end que je voyais poindre un moment. Ensuite parce qu’il dénonce clairement le scandaleux et hypocrite traitement infligé par la France aux anciens combattants africains – jusqu’aux massacres de ceux qui réclamaient un égal traitement (financier autant que moral) avec les Français de souche. Un diptyque agréable à lire, et finalement plus noir qu’on pourrait le penser. Note réelle 3,5/5.
Les Rois des Belges
La Flandre va proclamer unilatéralement son indépendance. - Cet ouvrage présente des fragments de vie de chacun des sept rois des Belges. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Jean-Philippe Thivet & Arnaud de la Croix pour le scénario, par Vicente Cifuentes pour les dessins, par Davide De La Cal pour les couleurs. Il compte cinquante-cinq pages de bande dessinée. Il se divise en sept chapitres, chacun consacré à un roi différent, par ordre chronologique, chacun s’ouvrant avec un portrait dessiné, et se terminant avec un texte de deux pages, illustré de photographies sur des points remarquables de chaque règne. Il se termine avec une page hybride, bande dessiné et texte, consacrée à Élisabeth de Saxe-Cobourg et Gotha. Léopold 1er, le mercato des princes – Cette histoire commence au moment où Napoléon abat ses dernières cartes. L’Empereur, qui a mis l’Europe à feu et à sang, a dressé contre lui une puissante coalition d’alliés britanniques, allemands, néerlandais et prussiens. Aux portes de Bruxelles, il va jouer son va-tout. À Paris en 1808, il a croisé Léopold de Saxe-Cobourg-Saalfeld, prince désargenté, né en 1790, qui servait dans les rangs du tsar de Russie. Napoléon dira que : S’il se souvient bien, c’est le plus beau jeune homme qu’il ait pu voir aux Tuileries. Juin 1815, tandis que Napoléon s’est lancé dans une ultime campagne, les envoyés des grandes puissances se sont réunis à Vienne. Klemens Wenzel von Metternich annonce que l’ogre n’en a plus pour longtemps : il a été écrasé à Waterloo, non loin de Bruxelles. Un autre officiel intervient pour dire qu’il s’agit d’une bonne nouvelle, et qu’il faut décider de l’après. Le premier orateur reprend la parole pour dire que la solution est toute trouvée : exiler l’empereur déchu au loin, et confier au roi des Pays-Bas dont le fils s’est battu à Waterloo, la gestion d’un état tampon entre la France et ses voisins. Il reste à choisir qui en sera le roi. Léopold II, le roi secret. Le 16 décembre 1865, le cortège funèbre qui conduit Léopold 1er à sa dernière demeure est suivi par une foule compacte. Les fils du roi suivent en carrosse. L’aîné Léopold a trente ans. Il mesure 1,90m. L’héritier du trône se souvient que son père l’appelait le sournois, il le surnommait le renard… et s’il avait raison ? Le lendemain Léopold II prête serment : il jure d’observer la constitution et les lois du peuple belge. Enfant, il passait les vacances d’été à Ostende. Une fois couronné, il y déambule sur la plage, considérant que le voilà roi d’un pays minuscule… mais après tout, un pays n’est jamais petit quand il est baigné par la mer. Il décide que sur le modèle de Nice ou de Biarritz, il fera de cette plage la reine des plages. Il tiendra parole… lorsqu’il se sera considérablement enrichi. À Bruxelles coule la Senne. Au moyen-âge, la cité est née de la rivière, qui alimente moulins et industries. Mais en 1866, c’est un égout à ciel ouvert. Une épidémie de choléra tue 3.647 Bruxellois ! Chirurgien du roi, Louis Deroubaix remet son rapport sur la situation : il est urgent d’assainir la ville. Dès l’année suivante, on entreprend de voûter la Senne. Le roi va encourager de nombreux autres chantiers dans la capitale. Pour un novice en la matière, il peut être intimidant de s’intéresser à l’histoire séculaire de la royauté dans un pays, au vu de la longue chronologie à affronter, des différentes branches qui s’entrecroisent, et s’entredéchirent au gré de complexes unions. Au début du XXIe siècle, il existe six monarchies en Europe : au Danemark, en Espagne, au Luxembourg, au Pays-Bas, en Suède et en Belgique. Pour cette dernière comme le montre la couverture, la lignée compte sept monarques, ce qui la rend très accessible aux néophytes. Le lecteur découvre donc un chapitre pour chacun des sept rois, de neuf pages pour les cinq premiers, et de cinq pages pour les deux derniers. Il s’agit donc d’un ouvrage de vulgarisation, à destination de novices en la matière. Par exemple un lecteur qui ne saurait pas identifier le monument figurant sur la couverture (réponse : il s’agit des Arcades du Cinquantenaire, érigé à l’initiative du roi Léopold II, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de la Belgique, sa construction a commencé en janvier pour s’achever en septembre 1905). Le lecteur peut également évaluer l’intérêt de cette lecture pour lui en consultant la page d’ouverture d’un roi dont il a déjà entendu parler, pour se faire une idée de la nature du développement, par exemple pour Léopold II : Roi bâtisseur pour les uns, Roi massacreur pour les autres, il va marquer durablement le pays et demeure un personnage controversé. Les auteurs ont confié la narration visuelle de chaque chapitre au même artiste, afin d’établir une continuité d’un roi au suivant. De fait, le dessinateur a fort à faire puisqu’il doit assurer une reconstitution visuelle historique depuis 1808 jusqu’à l’époque contemporaine. Le lecteur découvre des dessins propres sur eux : tracés de contour bien nets, dessins dans un registre descriptif et réaliste, nombre de cases variant de quatre à sept, cases majoritairement sagement disposées en bande, et bien sûr une attention particulière portée à la ressemblance des rois successifs. Le lecteur apprécie immédiatement l’équilibre de chaque page : la qualité de la reconstitution historique, le soin apporté aux détails. Cela commence avec la décoration intérieure de ce grand salon à Vienne au début du XIXème siècle et son ameublement, la tenue vestimentaire de chaque officiel présent, jusqu’à leur épée d’apparat, et les motifs de la tapisserie au mur. Le lecteur peut ainsi suivre l’évolution de la mode vestimentaire d’un chapitre à l’autre, et aussi celle des modes de déplacement, de l’urbanisme de Bruxelles, ou encore des moyens de communication, attestant du degré de rigueur du travail de recherches effectué. Le lecteur se rend compte que l’artiste sait doser la densité d’informations visuelles sur chaque page pour éviter de produire une sensation d’étouffement, en intercalant des cases de discussions, ou plus aérées. Il se trouve également vite impressionné par l’effet d’intégrer des variations de tableaux célèbres, d’images d’archive ou de photographies. C’est une évidence en ce qui concerne tous les bâtiments, et c’est ce qui est attendu : le château de Laeken, la place royale de Bruxelles, les galeries royales d’Ostende, la gare royale de Laeken, la plage de Knokke-le-Zoute, le grand magasin L’Innovation, l’université de Gand, le Berhof à Obersalzberg dans les Alpes bavaroises, et d’autres paysages naturels, en particulier pour une escalade sur les rochers de Marche-les-Dames, dans la vallée de la Meuse, près de Namur. Incidemment, le lecteur se rend également compte que le dessinateur varie les mises en page avec discrétion et efficacité : cases de la largeur de la page, disposition en drapeau avec une case de la hauteur de la page et les autres comme y étant accrochées les unes en dessous des autres, cases en insert comme des cartes postales posées sur un fond qui est une carte géographique, une illustration panoramique de paysage de montagne sur une double page avec des cases en inserts par-dessus, cases aux bords arrondis pour un écran de télévision, etc. De manière plus inattendue, les scénaristes jouent également avec la structure de plusieurs chapitres. Le premier respecte un ordre chronologique et une exposition explicative pour établir le début de l’existence du royaume de Belgique comme état indépendant, et les aléas menant au choix définitif de son premier souverain. Le second passe d’une grande réalisation à une autre pour établir comment Léopold II peut être à la fois un roi bâtisseur et un roi massacreur. Initialement, le troisième déroute car il se déroule dans l’ordre inverse à la chronologie, c’est-à-dire des titres de l’annonce du décès d’Albert Ier en remontant le temps jusqu’à sa première ascension. Le quatrième débute par la découverte en Égypte dans la vallée des Rois de la tombe intacte, d’un pharaon, et le suivant débute par un assassinat à bout portant. Le sixième débute par une (mémorable) fiction dans la fiction. Conscient des limites découlant de la pagination, les auteurs ont choisi de les tourner à leur avantage en se focalisant sur certains aspects de chaque règne, plutôt que de tout survoler, ou de provoquer une surcharge informative avec des pavés de texte indigestes, mangeant les images. Le lecteur apprécie de lire une vraie bande dessinée, plutôt qu’une suite d’articles encyclopédiques vaguement illustrés par des images redondantes. Restant un peu sur sa faim, il goûte d’autant mieux aux deux pages qui viennent compléter chaque chapitre, développant certains aspects de la royauté, des lieux, ou des personnages clé de chaque règne. Bien sûr, le lecteur peut se montrer critique des choix opérés par les auteurs, et en particulier de ce qu’ils ont laissé de côté : la conception de la Constitution de la Belgique, la réalité de l’exploitation du Congo belge et de sa population, Blanche Delacroix évoquée en une case, les accomplissements politiques d’Albert Ier, l’opposition entre les partisans du retour de Léopold III et les opposants, l’absence de chapitre consacré à la régence de Charles Théodore Antoine Meinrad (1903-1983), les quatre cases consacrés à un assassinat dont la victime n’est même pas nommée (Julien Lahaut, 1884-1950), etc. Dans le même temps, il découvre de nombreuses mentions d’événements s’étant inscrit dans la mémoire culturelle belge, comme l’incendie du grand magasin L’Innovation. Chaque chapitre atteint son but : initier la curiosité du lecteur qui le termine avec l’envie d’en apprendre plus. Un ouvrage d’initiation à la royauté belge en passant en revue les sept rois des Belges. Une vraie bande dessinée didactique, sans être encyclopédique, avec une narration visuelle impeccable et agréable. Une approche diversifiée, adaptée à la personnalité de chaque roi, avec des surprises dans la structure de certains chapitres. Une lecture très agréable, enrichissante, accessible, divertissante et instructive. Une grande réussite.
Watership Down
Je précise que je n’ai pas lu le roman original de Richard Adams avant cette lecture. Mon premier contact avec Watership Down s’est donc fait par ce roman graphique, et l’expérience a été immédiatement marquante. L’œuvre impose un univers dense, sombre et profondément adulte, bien loin d’un simple récit animalier, et réussit à captiver du début à la fin malgré son exigence. Visuellement, le roman graphique est impressionnant. Le dessin, très naturaliste, donne aux lapins une vraie crédibilité animale sans jamais tomber dans l’anthropomorphisme excessif. Les ambiances sont magnifiques, parfois apaisantes, parfois oppressantes, et certaines scènes dégagent une violence sèche et brutale qui renforce la gravité du récit. Les décors et les couleurs participent pleinement à l’immersion et donnent une véritable identité à l’album. Il est vrai que, sur certaines scènes, il peut être un peu difficile de reconnaître les différents lapins, notamment lors des passages de groupe. Les designs sont volontairement proches, ce qui peut entraîner une légère confusion. Cela dit, ce point n’est pas réellement dérangeant au final : il faut simplement rester attentif et concentré pendant la lecture, ce qui correspond bien au ton sérieux et à la densité de l’histoire. La qualité de l’ouvrage mérite une mention toute particulière, notamment parce qu’il est édité par Monsieur Toussaint Louverture. Comme souvent avec cet éditeur, le travail éditorial est remarquable : fabrication solide, impression soignée, très beau papier, et une couverture sublimée par un vernis sélectif qui met parfaitement en valeur l’illustration. On sent un vrai respect de l’œuvre et du lecteur, avec un livre pensé comme un objet à part entière. L’édition propose également de très bons compléments, notamment la carte fournie avec l’ouvrage, indispensable pour suivre les déplacements et comprendre la géographie des différentes garennes. Cette carte inclut aussi un vocabulaire propre à l’univers, ce qui aide à mieux saisir certains termes spécifiques au monde des lapins sans alourdir la lecture. Ce sont des ajouts discrets mais extrêmement appréciables. Je suis d’ailleurs particulièrement content que ce soit Monsieur Toussaint Louverture qui édite cet album. C’est un éditeur qui propose régulièrement de magnifiques ouvrages, exigeants et soignés, comme le roman La Maison des feuilles ou d’autres titres marquants de leur catalogue. Leur identité éditoriale, très forte, correspond parfaitement à une œuvre aussi singulière et ambitieuse que Watership Down. Sur le fond, le récit impressionne par sa maturité. Les thèmes de la survie, du pouvoir, de la peur, de la communauté et de la mort sont traités avec profondeur. La mythologie interne et les croyances des lapins donnent une richesse étonnante à l’univers et renforcent l’impact émotionnel de l’ensemble, même sans connaître le roman original. Après la lecture, j’ai regardé le film d’animation de 1978, qui m’a paru très complémentaire et tout aussi marquant dans son approche plus brute. Je sais également qu’il existe une série Netflix, que je n’ai pas encore regardé. En conclusion, ce roman graphique est une réussite totale. Une œuvre forte, sombre, ambitieuse, magnifiquement éditée, qui mérite pleinement son 5/5 et laisse une impression durable.
L'Oeil du loup
Je suis plutôt client de Mathieu Sapin et c'est son nom qui a attiré mon regard sur cet album au rayon jeunesse. Je ne connaissais pas le roman de Pennac dont c'est adapté et avec sa participation active comme souligné dans le dossier en fin d'ouvrage. Une oeuvre de 1984 soit 40 ans passés et déjà très affutée sur les relations entre le monde animal et l'humain qui le détruit à une époque où on parlait beaucoup moins d'écologie. C'est un regard croisé entre un loup enfermé dans un zoo et un enfant qui le fixe à travers les grilles. On vit alors l'histoire du loup bleu et comment il est arrivé là alors qu'il vivait tranquillement dans sa meute, puis on a l'histoire de l'enfant africain. Celui-ci est malin et arrive sans parler et par son simple regard à baisser la garde du loup qui a été blessé à un oeil. Bien vu.
Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle
J'ai découvert il y a peu qu'il y avait eu une hype sur ce titre ici-même. J'avoue que c'est fort drôle, a fortiori si on a connu les années 1990 et qu'en plus on a un travail de bureau. Le summum serait de disposer d'une broyeuse à papier et c'est une vérité qu'il en existe plusieurs types, tout un art la réduction en confettis. Mais on imprime moins de nos jours, on a moins de trucs à broyer. On a donc un bouquin épais au format à l'italienne et au titre improbable. On se prend au jeu de l'enquête labyrinthique de Jean Doux et ses acolytes autour de cette valise trouvée dans le faux plafond. J'ai eu peur de la lassitude vu le nombre de pages mais pas du tout, pour autant pas certain que j'y aurai mis 30 balles. Bien joué (Jean) Philippe Valette.
Vertiges de Quito
C'est un album de Tronchet qui m'a bien plu, pourtant je ne suis pas un inconditionnel de cet auteur et son humour. Il faut dire qu'ici il ne met pas en scène des personnages à l'humour parfois douteux mais sa propre famille partie vivre plusieurs années à Quito. C'est une ville incroyable dans les montagnes où les gens n'ont pas la même philosophie de vie et une des plus hautes capitales du monde. Sa femme parle le quechua et semble une sacrée baroudeuse. Il raconte plusieurs anecdotes un peu à la manière de Guy Delisle il est vrai mais son style de dessin est beaucoup plus coloré. Un 4/5 un poquito surnoté par rapport à mon réel ressenti.
Les Explorateurs de l'univers
Un jeune extraterrestre issu d'une civilisation très avancée se révèle pourtant totalement nul en astrophysique. À tel point qu'il devient le premier de son espèce à rater un examen élémentaire et se retrouve, par la même occasion, perdu sur Terre, où il va rencontrer deux jeunes humains. Heureusement pour lui, ces derniers sont au contraire très calés en matière d'étoiles et de mécanique de l'univers. Ce sont donc eux qui vont lui apprendre ce qu'il ignore, tout en profitant de sa navette pour voyager à travers différents lieux de l'espace-temps. Les Explorateurs de l'univers est une BD documentaire qui s'articule habilement autour d'une petite aventure servant de prétexte à des échanges et à des découvertes entre humains et extraterrestre. Le sujet abordé est l'astrophysique, sous la houlette de son scénariste Christophe Galfard, lui-même astrophysicien et écrivain. Passionné par l'espace depuis toujours, je lisais déjà de nombreux ouvrages sur le sujet quand j'étais enfant. Cette publication m'a fait réaliser à quel point l'astronomie et l'astrophysique ont évolué depuis ma jeunesse, il y a une quarantaine d'années. Outre des concepts physiques nouveaux, ou du moins absents de mes lectures enfantines, l'album intègre des découvertes récentes ainsi que des photographies spectaculaires issues des satellites Hubble, James Webb ou encore Euclid. En plus des superbes images de nébuleuses et autres objets de Herbig-Haro, on trouve plusieurs clichés d'étoiles en cours de formation ou de trous noirs qui n'existaient tout simplement pas il y a encore quelques années. De la même manière, les classifications des objets stellaires selon leur masse et leur devenir diffèrent de celles que je connaissais enfant, notamment concernant la nature des naines blanches, que je redécouvre ici. Sans même parler de tout ce qui touche à la matière noire dans le second tome, un sujet dont on ne parlait pas du tout "de mon temps". Même en tant que lecteur adulte déjà bien informé, j'ai énormément apprécié ce que cette série m'a permis de découvrir, de redécouvrir ou tout simplement d'admirer. L'ensemble est bien vulgarisé sans tomber dans l'excès de simplification. Certains passages restent toutefois exigeants, quel que soit l'âge du lecteur : il ne faut pas s'attendre à ce qu'un enfant de dix ans comprenne tout du premier coup. Mais à cet âge-là, je lisais Anselme Lanturlu, une série parfois bien plus complexe encore (et je n'ai jamais prétendu tout y comprendre, seulement la trouver passionnante). La mise en scène est très agréable, portée par le dessin de Fanny Antigny, dans une veine manga enfantine à la fois sympathique et efficace. Les personnages sont attachants, leurs dialogues vivants, et l'ensemble évite habilement l'écueil rébarbatif du pur documentaire. Je l'ai déjà mentionné, mais les photographies d'astronomie généreusement intégrées au fil des pages sont magnifiques, parfois même époustouflantes lorsqu'on prend conscience de ce que l'on observe réellement. Je soulignerai aussi la représentation 3D d'un trou noir galactique en fin de premier tome, encore plus impressionnante que celui d'Interstellar. En revanche, les auteurs ont eu l'idée de glisser dans presque chacune de ces grandes photos, sous forme de petit jeu, des dessins de "pandableus" à retrouver dans ces grandes images. Pour ma part, je n'en ai pas repéré un seul, ou du moins je crois. J'ai l'impression qu'ils sont ressortis trop petits ou trop discrets à l'impression, malgré le format relativement généreux des albums, et qu'ils se confondent trop facilement avec les innombrables étoiles visibles sur ces clichés. Une légère frustration, au point que j'aurais presque préféré ne pas perdre de temps à les chercher en vain. Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup aimé cette série documentaire consacrée à l'espace, même si cet enthousiasme est sans doute renforcé par mon intérêt ancien et profond pour le sujet.
Il était une fois en France
Oyez oyez lecteurs de BDthèque ! Roulement de tambour s’il vous plaît et faites rugir les trompettes pour Il était une fois en France, un chef-d’œuvre à savourer sans modération ! Cette série est dessinée par le génialissime Sylvain Vallée et celle-ci a été primée – excuser du peu - à Angoulême en 2011. Vous allez plonger dans une œuvre où l’Histoire et l’art se rencontrent avec une puissance rare. Tout, absolument tout, est fascinant dans cette bande dessinée : du récit inspiré de faits réels, qui nous transporte dans les méandres de la résistance et de la collaboration, au trait puissant et expressif de Sylvain Vallée, chaque planche est une invitation à l’émotion et à la réflexion. C’est juste dingo ! Le découpage des pages est tout simplement parfait, un équilibre subtilement maîtrisé entre tension narrative et respiration visuelle. Les scènes s’enchaînent avec une fluidité qui captive, tandis que la colorisation, d’une richesse et d’une finesse exceptionnelles, renforce l’immersion et l’atmosphère de chaque époque évoquée. Les dessins, d’une beauté à couper le souffle, sont à la fois réalistes et chargés d’une intensité dramatique qui rend chaque personnage inoubliable. Un petit conseil... Ayez un peu de temps devant vous car quand vous allez commercer la lecture de la série, vous ne pourrez pas quitter votre canapé avant de découvrir la fin ! Il était une fois en France n’est pas seulement une bande dessinée : c’est une œuvre d’art totale, une plongée dans l’âme humaine à travers les tourments du XXe siècle. C’est le genre de série qui mérite une place de choix dans toutes les bibliothèques, et qui se savoure autant pour son contenu que pour sa forme. C’est bientôt Noel ! C’est le cadeau idéal pour les amateurs de récits historiques, de dessin sublime et d’émotions fortes. Si vous cherchez une BD exceptionnelle à offrir, ne cherchez plus : cette série est un trésor à partager, une expérience de lecture qui marque à jamais. À mettre entre toutes les mains, sans hésiter ! Et bonne nouvelle, vous pouvez vous procurer la série sous forme d'intégrale. Quel kiff cette lecture !
Les Aventures de Tintin
50ème avis, ça se fête. Et pour la peine, il fallait bien un héros hors normes. Ayant déjà écrit sur un couple de gaulois, un petit teigneux et un gros costaud, c'est naturellement que notre ami à la houppette rousse fut désigné victime idéale Mais comment passer après l'excellent avis rédigé par Deretaline au sujet de cette série cultissime. Quels arguments pourrai-je bien lui opposer, tant son argumentaire est bien construit ? Un simple "Mais moi Tintin je kiffe" me semble bien fade et bien léger. On va déjà commencer par évacuer le sujet du racisme et autres stéréotypes nauséabonds. Raciste Tintin ? Je ne pense pas fondamentalement, dès 1936 Tintin se liera d'amitié avec un jeune chinois. Hergé peut être, sous les traits d'Haddock, mais pas son héros. D'ailleurs dans le Lotus Bleu, le rôle du raciste est tenu par un méchant. Bourré de stéréotypes ? Indubitablement et tous ne sont pas heureux, loin de là. Mais il ne faudrait pas oublier de quand date la série. On retrouve ces mêmes clichés chez Jacobs avec ses très british Blake et Mortimer L'Europe colonialiste est encore une puissance importante et de part le monde les gens de couleurs sont estimés comme inférieurs et opprimés, Hergé n'étant finalement qu'un contemporain de son époque. Est ce qu'aujourd'hui Tintin pourrait paraitre de la sorte ? Assurément et heureusement non. Mais voilà il est paru dans les années 30, il y a presqu'un siècle. Est-on autant révolté en lisant du Blueberry paru 30 ans plus tard et dont le traitement des amérindiens n'est pas meilleur ? Fait on le même procès à Charlier ? Je n'en ai pas l'impression. Moi, Tintin, je kiffe pour plusieurs raisons. Ses aventures, et c'est important car le titre de la série c'est "Les Aventures de Tintin" J'ai bien entendu mes préférées (les deux diptyques, l'île noire ou encore au pays de l'or noir) mais je trouve que toutes se lisent relativement bien. Et comme pour le petit gaulois je peux les lire et les relire à l'envie (en tout cas mes préférées). L'écriture d'Hergé qui au contraire de Jacobs, n'en rajoute pas inutilement. Pas de voix off venant me dire "qu'un caillou rebondit sur le sol" quand il n''y a que ça dans la case. Hergé se contente de faire dialoguer ses personnages de manière plus ou moins développée mais je ne trouve jamais ça pompeux. Le dessin d'Hergé, que je trouve bien meilleur que celui de certains de nos contemporains. Même si aujourd'hui il peut paraitre daté, je lui trouve une constance rare, une simplicité et une fluidité agréables et engageantes. Ensuite j'ai un réel attachement, plus qu'à Tintin d'ailleurs, aux personnages secondaires créés par Hergé. Le Capitaine Haddock, les Dupond et Dupont, sont uniques et valent rien qu'à eux le détour. Plus encore que les villageois d'Astérix, ils prennent une part prépondérante dans les aventures et apporte un vrai plus à la série. Que ce soit l'effet comique des 2 policiers où le coté entier du capitaine, à chaque fois Hergé use d'eux à bon escient Enfin Tintin, ça, s'est arrêté avec Hergé. Là ou nombreux héros tirent sur la corde mercantile avec plus ou moins de réussite, je ne peux les citer tellement ils sont nombreux, le génie d'Hergé a été d'avoir imposé l'arrêt de la série avec sa mort. Et ça c'est un vrai plus pour moi Au final, il est clair que pour moi Tintin est culte, il constitue une sorte de rite de passage. Comme si il était impossible de dire "je lis des BD" sans avoir lu une de ses aventures. Rares sont les nonagénaires à se porter aussi bien que notre héros. PS: Deretaline j'ai adoré ton avis et plus encore ton PS :-)
Le Journal de mon père
Ayant apprécié le très bon Quartier lointain, je poursuis ma découverte de l'œuvre de Jiro Taniguchi avec "Le Journal de mon père" Ici le mangaka nous propose une plongée dans les souvenirs d'enfance d'un homme qui, au décès de son père, s'interroge sur sa relation avec ce dernier. Ce voyage introspectif est lent, très lent, Jiro Taniguchi nous laisse le temps de la réflexion. Cette lenteur peut se révéler par moment pesante. Pourtant je la trouve bienvenue. Elle nous permet de "comprendre" quelque peu le héros, enfant meurtri par le départ de sa mère, fuyant le poids des traditions dans ce Japon d'après guerre. Cette relation distendue entre le père et le fils a eu chez moi une résonnance très particulière. Elle a remué des choses enfouies depuis un petit moment maintenant. Mais avec beaucoup de subtilités, sans auto-flagellation. Graphiquement c'est très beau, les traits sont fins et même si les personnages ont tendance à se ressembler (en même temps ils sont de la même famille) on arrive quand même à les distinguer. Les décors sont vraiment soignés. Bref un vrai travail d'artiste. Un ouvrage très intimiste, qui compte tenu de mon vécu aura su emporter mon adhésion. Décidément Jiro Taniguchi sait me parler.