Romance et gastronomie, émancipation et féminisme, amitié et famille trouvée, … Cette série mêle des thèmes très intéressants et le résultat final est bon (j'étais à ça de dire "savoureux", sachez-le).
C'est une histoire d'amour entre deux voisines, ayant toutes deux créé un lien un soir par hasard. L'une est passionnée de cuisine mais mange peu, l'autre est une grande mangeuse mais ne sait pas cuisiner, leur complémentarité parait évidente. Pourtant, les deux sont assez différentes : l'une est une petite personnalité sur les réseaux sociaux, est toujours vive et souriante, l'autre est une simple aide de magasin, est plus taciturne. Toutes deux se retrouvent tout de même sur certains points, l'amour de la nourriture déjà, mais également le sentiment d'ostracisation créé par les attentes familiales et le reste de la société japonaise extrêmement patriarcale.
Oui, contre toute attente, au milieu de cette ode à la romance simple et la gastronomie faite maison se cache également un propos très intéressants sur les conséquences des injonctions patriarcales sur les femmes. Une femme se doit d'être jolie pour les hommes, une femme se doit de savoir cuisiner pour son mari, une femme se doit de ne pas beaucoup manger pour rester mince et désirable, une femme se doit de trouver un petit-ami, et non une petite-amie. Or, problème, aucune de nos deux protagoniste ne parvient à rentrer dans les carcans que la société attend d'elles : l'une refuse de se priver (tant en ce qui concerne la nourriture que la liberté de choisir sa voie), l'autre ne peut pas trouver l'amour aussi facilement que les autres (non seulement elle est lesbienne mais elle découvre également qu'elle est asexuelle, or la société contemporaine est non-seulement hétéro-centrée mais également extrêmement portée sur la sexualité). Autour d'elles, d'ailleurs, deux autres personnages féminins vont également s'ajouter, et elles aussi ne rentrent pas non plus dans les carcan : l'une est elle aussi lesbienne et asexuelle (en plus d'être très engagée sur le féminisme), l'autre souffre de troubles alimentaires.
C'est une série adorable. Je ne m'attendais pas à autant l'apprécier, et pourtant plus ma lecture avançait et plus j'ai été charmée. Les personnages sont sincèrement attachants, leur romance est simple et crédible, son évolution est fluide. C'est du bon.
J'ai particulièrement apprécié ce sentiment de réalisme qui accompagne le récit. Les personnages ne sont pas parfait, on ne glisse pas sous le tapis des éléments de la vie de tous les jours par peur de perte de glamour, on nous parle donc de règles, de problèmes d'argents, de problèmes familiaux, des relations qui se créent, … Même le sujet de l'homosexualité est traité avec beaucoup de sérieux, on n'oublie pas les difficultés que cela cause dans une société comme celle du Japon et on traite même le sujet de la diversité au sein-même des minorités romantiques, sexuelles et de genre (en tant que concernée je suis toujours contente de voir ce sujet traité avec soin).
La série est belle et a réussi à me toucher le cœur en plus de l'estomac. Bien sûr que je la recommande.
Flavor Girls, c'est une recette classique faites avec beaucoup d'amour : des magicals girls sur le thème des fruits et des légumes, une invasion alien avec des designs façon Super Sentaï, une planète ravagée, un climat post-apocalyptique et des héroïnes qui n'oublient pas de déconner entre deux moments de tensions.
Le récit est exactement tel que ce résumé peut vous le laisser entendre, c'est un délire constant d'actions explosives et de couleurs bariolées. Le récit alterne entre les moments légers et les moments lourds (notamment dans les flashbacks de la catastrophe), on sent un grand amour pour les séries de Magical Girls (et autres histoires délirantes du même genre) tout du long et l'histoire est traitée avec tout le sérieux et la légèreté qu'on s'attendrait.
Les dessins de Loic Locatelli sont, comme à son habitude, très beaux. Il a un style très inspiré manga (parfait dans le contexte) et n'hésite pas à jouer sur les déformations pour souligner le mouvement, l'action et les effets comiques (choix artistique qui ne fait pas forcément l'unanimité mais pour lequel j'ai un faible). Ici, il met de la couleur, beaucoup de couleur, encore plus de couleur qu'à son habitude. Les cases sont de véritables bonbons visuels, je frôle l'hyperglycémie mais j'en redemande volontiers.
Pour l'instant il ne s'agit que d'un premier tome mais l'on aperçoit déjà beaucoup de qualité dans ce début. C'est une histoire simple dans sa forme, très agréable à lire, mais qui sait déjà nous montrer que son fond lui est sérieux. Délirant mais traité avec sérieux.
L'histoire est on ne peut plus prometteuse et je sais déjà que je suivrais cette série dès la sortie des prochains tomes. En tout cas, chose rare, j'ai un coup de cœur dès le premier tome.
(Note réelle 3,5)
Je découvre cette nouvelle collection avec cet opus. Le format est court, mais permet d’informer et d’entretenir un débat salutaire sur des sujets de société. Ici, le dessinateur de presse et « l’esprit Charlie » (né et « médiatisé » après les attentats ayant ensanglanté la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015). C’est à l’occasion du dixième anniversaire de ces attentats qu’Aurel publie cet album.
Aurel est lui-même dessinateur de presse (je retrouve certains de ses dessins dans le Canard enchaîné par exemple) et il est donc rodé à la concision, au texte/dessin qui fait mouche, à la fois polysémique et coup de poing.
Ici, en 32 pages, je trouve qu’il réussit à bien montrer les causes de la précarité des dessinateurs de presse, mais aussi à dénoncer ceux qui, de l’extrême droite à une certaine gauche (il insiste surtout sur ces derniers) trahissent le prétendu esprit Charlie et menacent la liberté d’expression.
Ça se lit vite, mais très bien, c’est instructif et stimulant. Je lis cet album peu de temps après l’étude d’Erre et Terreur Graphique (Le Pouvoir de la satire), les deux lectures sont tout à fait complémentaires – et intéressantes.
Note réelle 3,5/5.
Comme le titre l'indique, ici l'on ne va pas parler d'un coming out, consistant à annoncer à son entourage (proche comme éloigné) sa différence romantique, sexuelle ou de genre, mais bien d'un coming in. Je ne connaissais pas ce mot avant la lecture de cet album mais je compte bien l'utiliser dès à présent car il illustre mine de rien quelque chose d'intéressant : l'action de s'accepter soi-même. Ici, Elodie, journaliste, ne nous raconte pas tant comment elle a déclaré aux autres son homosexualité mais bien comment elle l'a enfin acceptée. C'est une histoire très intime (une autobiographie, après tout), très belle et surtout très juste dans sa retranscription des émotions d'Elodie.
Le texte d'Elodie Font est très beau, elle choisit les mots justes pour décrire certaines pensées assez complexes qu'elle a pu ressentir lors de cette découverte d'elle-même. J'ai particulièrement aimé le (court) passage où elle décrit ce regret de ne pas avoir réalisé plus tôt et cette impression de temps gâché, c'est une expérience mine de rien assez fréquente chez les personnes queers réalisant sur le tard.
J'ai trouvé ce texte très comparable à un essai, certes très personnel, sur l'évolution psychologique de quelqu'un se découvrant et s'acceptant, voyant comment ce changement de perception d'iel-même change également son rapport avec le monde qui l'entoure. C'est sincèrement touchant et juste, j'insiste là-dessus.
En plus du texte d'Elodie Font, le dessin de Carole Morel joue aussi énormément dans les qualités de l'album. Son trait est toujours simple et juste, ses couleurs toujours aussi chaudes qu'à son habitude, mais ici j'ai trouvé qu'elle se permettait des libertés bienvenues comme un changement graphique pour signaler des états de pensées ou des périodes de la vie d'Elodie différent-e-s.
Vraiment plaisant à lire, un bel ouvrage chaudement recommandé.
Ancien étudiant en Lettres, enthousiasmé par la série de Il était une fois l'Amérique - Une histoire de la littérature américaine, c'est avec beaucoup d'appétit que je me suis lancé dans la lecture de la réédition de cet album consacré à la littérature française.
Ce fut une lecture longue, attentive, car c'est très dense, et il y a énormément de choses dans chaque récit. Alors bien sûr il s'agit plutôt d'une suite de vignettes racontant la vie et l'œuvre de près de 40 autrices et auteurs qui ont fait la richesse et la diversité de notre histoire littéraire. Cette troisième édition en a d'ailleurs rajouté une couche et une trentaine de pages, avec les biographies consacrées à Nathalie Sarraute, Romain Gary et Annie Ernaux. On remarquera d'ailleurs que le XXème siècle occupe à lui seul environ 40% de l'album, un sacré pavé.
J'ai trouvé ça franchement bon, peut-être orienté pour certains auteurs, mais intéressant tout de même dans son contenu; qui essaye d'aller à l'essentiel, d'exprimer les caractères principaux d'un auteur /autrice et de son œuvre, y compris lorsque celle-ci évolue et diffère grandement (comme dans le car de Romain Gary).
Le boulot abattu par Catherine Mory, la scénariste, est assez incroyable, et il fallait un stakhanoviste comme Philippe Bercovici pour faire un album d'une telle densité. Son style "gros nez est toujours visible, mais il sait tout de même proposer des portraits assez ressemblants des auteurs (enfin, de ceux dont on connaît réellement le visage).
Très bon moment de lecture, à la fois pédagogique et parfois drôle, avec quelques répliques humoristiques.
Après l'excellent Alim le tanneur, je suis à nouveau emballé par une BD scénarisée par Wilfried Lupano !
Alors même si on peut effectivement critiquer cette ode à l'oisiveté et à la France "d'en bas", on ne peut que se prosterner devant une telle efficacité narrative et un scénario aussi prenant qui évite le piège de basculer dans la facilité. A ce titre, je trouve ainsi la fin juste parfaite.
Les personnages sont également plus complexes qu'ils n'y paraissent de prime abord, avec une mention spéciale à Gaby, le fan de Johnny un brin alcoolique. Son duo formé avec le héros Vincent fonctionne parfaitement. Lupano profite ainsi de cette chronique sociale pour analyser avec beaucoup d'acidité et d'ironie la vie quotidienne de ces marginaux qui ont refusé de suivre le chemin classiquement tracé. A plusieurs reprises, je me suis ainsi surpris à tantôt sourire (voire rire) face à la cocassité de certaines scènes et tantôt être ému lors de certains passages plus durs.
Au niveau du dessin, même si cela reste agréable à l’œil avec une colorisation relativement dynamique, il s'avère pour moi un cran en dessous du scénario, m'empêchant d'attribuer la note ultime de 5/5.
Une BD à posséder sans hésitation.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 9/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10
NOTE GLOBALE : 16/20
Même si je suis resté nostalgique des musiques 70's, Jimi Hendrix n'a jamais été un de mes interprètes favoris. Toutefois j'ai beaucoup aimé ce tome de la biographie de l'artiste. J-M Dupont a pris le temps de présenter avec soin les racines du jeune Jimi. Un métissage Cherokee Afro-américain d'une mère volage et alcoolique et d'un père violent qui alterne jobs et misère, une fratrie confiée aux services sociaux, Hendrix n'est pas du Sud mais a vécu la misère qui a donné une dimension supplémentaire à de nombreux musiciens américains. C'est donc un récit très social que propose l'auteur. Cela rend le jeune Hendrix très attachant dans sa volonté de s'en sortir grâce à sa guitare. Le récit fourmille d'anecdotes signifiantes et produit une belle cohérence dans le parcours du guitariste. On y rencontre de nombreux noms célèbres des 60's mais cette suite de tournées ne fait pas catalogue car les auteurs ont su nous faire partager l'intimité de l'artiste comme si nous y étions.
Graphiquement le style employé par Mezzo ne laisse pas indifférent. Son N&B tourmenté où les noirs prédominent en fait un récit visuel où l'émotion est omniprésente. J'ai eu parfois l'impression de retrouver certaines planches de Perpendiculaire au soleil. Ce n'est pas très surprenant tant le parcours de Jimi aurait pu être celui de Renaldo en plusieurs occasions. J'ai même eu l'impression de me retrouver dans une ambiance underground parfaite pour exprimer ces années 60/70's.
Une biographie très intéressante. J'espère que le tome 2 verra le jour prochainement.
Pour plus de détails je renvoie à l'avis de Solo dont je partage le ressenti enthousiaste sur cette lecture.
J’avais attendu avec beaucoup d’impatience la suite autobiographique de Journal inquiet d’Istanbul. Et cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti le besoin de faire des pauses dans ma lecture pour ne pas dévorer cette BD trop rapidement !
Dans le tome précédent, Ersin nous racontait son enfance et le chemin qui l’a conduit à devenir dessinateur, ainsi que des périodes antérieures à sa vie sur l’histoire de la Turquie. Cette fois-ci, l’histoire reprend avec Ersin qui travaille fièrement au magazine satirique Penguen en 2007 (banni par Erdogan en 2017) et qui fonde avec ses amis le magazine Uykusuz ainsi que toutes les aventures qui en découlent !
Comme toujours avec cet auteur, la physique de ses personnages avec leurs têtes qui parfois se déforment à la limite du ridicule (ou bien la manière dont il dessine les islamistes) me fait franchement rire ! C’est coloré, détaillé et bien rythmé !
Similaire à ce que j’avais bien aimé dans le premier tome, j’ai bien aimé toutes les précisions historiques et politiques que donne l’auteur qui rend ce récit marquant et informatif comme la partie sur les manifestations pour Gezi parc en 2013. Et c’est d’autant plus poignant que, à plusieurs moments du récit, j’ai ressenti la même énergie, les mêmes violences policières et les mêmes inquiétudes face un à un régime autoritaire en les comparant avec les images récentes des manifestations en Turquie, et avec le constat que certaines choses n’ont pas changé.
Également, j’ai beaucoup apprécié la partie sur l’hommage à l’attentat de Charlie Hebdo. J’ai trouvé qu’elle conviait une sincère sympathie et tristesse, et j’ai aimé voir la relation et l’opposition de la presse satirique turque face à l’oppression.
Hâte à la suite. Gelecek güzel
J’ai connu Émile Bravo avec les aventures de Jules ou bien avec sa réinterprétation des aventures de Spirou et Fantasio, c’était donc avec plein de surprise et d’enthousiasme que j’ai découvert cette petite pépite qui comme l’indique la couverture dénote totalement avec l’univers auquel il nous a habitué mais tout en en gardant le style !
Le jardin d’Émile Bravo recueille une dizaine d’histoire plus ou moins courtes et créées sur plusieurs années avec différentes histoires qui se suivent, s’entremêlent, se suffisent et parfois de simple affiches. Je me suis bien amusé à lire cette BD.
Ce que j’aime chez cet auteur et avec ce recueil c’est la puissance comique possible sans texte. Des pages de BDs où la bonne idée amenée par des paysages aux bonnes expressions (et parfois quelques emojis) permettent de toucher à toute une variété de gags en à peine quelques pages. Comme toujours j’aime le style de Bravo (que l’ont retrouve dans ses autres oeuvres) qui renvoient fortement à un style de BD belge classique mais dans lesquelles le contenu dénote !
Certains côtés plus expérimentaux sont explorés telle qu’une même histoire dessinée deux fois mais avec des textes différents, ou bien des affiches de festivals jamais publiées (car trop osées ?).
Si vous aimez Émile Bravo, vous allez aimer ce recueil !
Je me rappelle avoir injustement boudé ce tome à sa sortie (mon panier était déjà bien chargé), c’est la récente interview de l’ami PAco qui m’a donné envie de le découvrir et bien grand bien me fasse …
Mémoires de Gris s’est avéré un très très bon moment de lecture. Sylvain Ferret m’a vite attrapé avec son récit, je n’ai que des louanges à donner.
Pourtant le graphisme n’y est pas spécialement flamboyant ou dynamique de premier abord mais il accompagne parfaitement ce conte moyenâgeux tragique. Trait et couleurs imposent les ambiances, et le séquençage finit de nous intriguer pour connaître le destin des personnages.
Pour son intrigue, l’auteur s’inspire vaguement du mythe de Robin des bois mais il arrive à bien s’en démarquer.
Franchement un chouette album, j’ai aimé le ton réaliste teinté de fantastique, les trognes et le caractère de nos protagonistes … bref bien conquis par le traitement et soin accordés par l’auteur (seul à la barre en plus, respect).
Un album qui m’a bien plus parlé que La saga de Pelle (Snaergard, Nordlys) ou Nottingham dans lesquels on retrouve quelques points communs.
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L'Amour est au menu
Romance et gastronomie, émancipation et féminisme, amitié et famille trouvée, … Cette série mêle des thèmes très intéressants et le résultat final est bon (j'étais à ça de dire "savoureux", sachez-le). C'est une histoire d'amour entre deux voisines, ayant toutes deux créé un lien un soir par hasard. L'une est passionnée de cuisine mais mange peu, l'autre est une grande mangeuse mais ne sait pas cuisiner, leur complémentarité parait évidente. Pourtant, les deux sont assez différentes : l'une est une petite personnalité sur les réseaux sociaux, est toujours vive et souriante, l'autre est une simple aide de magasin, est plus taciturne. Toutes deux se retrouvent tout de même sur certains points, l'amour de la nourriture déjà, mais également le sentiment d'ostracisation créé par les attentes familiales et le reste de la société japonaise extrêmement patriarcale. Oui, contre toute attente, au milieu de cette ode à la romance simple et la gastronomie faite maison se cache également un propos très intéressants sur les conséquences des injonctions patriarcales sur les femmes. Une femme se doit d'être jolie pour les hommes, une femme se doit de savoir cuisiner pour son mari, une femme se doit de ne pas beaucoup manger pour rester mince et désirable, une femme se doit de trouver un petit-ami, et non une petite-amie. Or, problème, aucune de nos deux protagoniste ne parvient à rentrer dans les carcans que la société attend d'elles : l'une refuse de se priver (tant en ce qui concerne la nourriture que la liberté de choisir sa voie), l'autre ne peut pas trouver l'amour aussi facilement que les autres (non seulement elle est lesbienne mais elle découvre également qu'elle est asexuelle, or la société contemporaine est non-seulement hétéro-centrée mais également extrêmement portée sur la sexualité). Autour d'elles, d'ailleurs, deux autres personnages féminins vont également s'ajouter, et elles aussi ne rentrent pas non plus dans les carcan : l'une est elle aussi lesbienne et asexuelle (en plus d'être très engagée sur le féminisme), l'autre souffre de troubles alimentaires. C'est une série adorable. Je ne m'attendais pas à autant l'apprécier, et pourtant plus ma lecture avançait et plus j'ai été charmée. Les personnages sont sincèrement attachants, leur romance est simple et crédible, son évolution est fluide. C'est du bon. J'ai particulièrement apprécié ce sentiment de réalisme qui accompagne le récit. Les personnages ne sont pas parfait, on ne glisse pas sous le tapis des éléments de la vie de tous les jours par peur de perte de glamour, on nous parle donc de règles, de problèmes d'argents, de problèmes familiaux, des relations qui se créent, … Même le sujet de l'homosexualité est traité avec beaucoup de sérieux, on n'oublie pas les difficultés que cela cause dans une société comme celle du Japon et on traite même le sujet de la diversité au sein-même des minorités romantiques, sexuelles et de genre (en tant que concernée je suis toujours contente de voir ce sujet traité avec soin). La série est belle et a réussi à me toucher le cœur en plus de l'estomac. Bien sûr que je la recommande.
Flavor Girls
Flavor Girls, c'est une recette classique faites avec beaucoup d'amour : des magicals girls sur le thème des fruits et des légumes, une invasion alien avec des designs façon Super Sentaï, une planète ravagée, un climat post-apocalyptique et des héroïnes qui n'oublient pas de déconner entre deux moments de tensions. Le récit est exactement tel que ce résumé peut vous le laisser entendre, c'est un délire constant d'actions explosives et de couleurs bariolées. Le récit alterne entre les moments légers et les moments lourds (notamment dans les flashbacks de la catastrophe), on sent un grand amour pour les séries de Magical Girls (et autres histoires délirantes du même genre) tout du long et l'histoire est traitée avec tout le sérieux et la légèreté qu'on s'attendrait. Les dessins de Loic Locatelli sont, comme à son habitude, très beaux. Il a un style très inspiré manga (parfait dans le contexte) et n'hésite pas à jouer sur les déformations pour souligner le mouvement, l'action et les effets comiques (choix artistique qui ne fait pas forcément l'unanimité mais pour lequel j'ai un faible). Ici, il met de la couleur, beaucoup de couleur, encore plus de couleur qu'à son habitude. Les cases sont de véritables bonbons visuels, je frôle l'hyperglycémie mais j'en redemande volontiers. Pour l'instant il ne s'agit que d'un premier tome mais l'on aperçoit déjà beaucoup de qualité dans ce début. C'est une histoire simple dans sa forme, très agréable à lire, mais qui sait déjà nous montrer que son fond lui est sérieux. Délirant mais traité avec sérieux. L'histoire est on ne peut plus prometteuse et je sais déjà que je suivrais cette série dès la sortie des prochains tomes. En tout cas, chose rare, j'ai un coup de cœur dès le premier tome. (Note réelle 3,5)
Charlie quand ça leur chante
Je découvre cette nouvelle collection avec cet opus. Le format est court, mais permet d’informer et d’entretenir un débat salutaire sur des sujets de société. Ici, le dessinateur de presse et « l’esprit Charlie » (né et « médiatisé » après les attentats ayant ensanglanté la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015). C’est à l’occasion du dixième anniversaire de ces attentats qu’Aurel publie cet album. Aurel est lui-même dessinateur de presse (je retrouve certains de ses dessins dans le Canard enchaîné par exemple) et il est donc rodé à la concision, au texte/dessin qui fait mouche, à la fois polysémique et coup de poing. Ici, en 32 pages, je trouve qu’il réussit à bien montrer les causes de la précarité des dessinateurs de presse, mais aussi à dénoncer ceux qui, de l’extrême droite à une certaine gauche (il insiste surtout sur ces derniers) trahissent le prétendu esprit Charlie et menacent la liberté d’expression. Ça se lit vite, mais très bien, c’est instructif et stimulant. Je lis cet album peu de temps après l’étude d’Erre et Terreur Graphique (Le Pouvoir de la satire), les deux lectures sont tout à fait complémentaires – et intéressantes. Note réelle 3,5/5.
Coming In
Comme le titre l'indique, ici l'on ne va pas parler d'un coming out, consistant à annoncer à son entourage (proche comme éloigné) sa différence romantique, sexuelle ou de genre, mais bien d'un coming in. Je ne connaissais pas ce mot avant la lecture de cet album mais je compte bien l'utiliser dès à présent car il illustre mine de rien quelque chose d'intéressant : l'action de s'accepter soi-même. Ici, Elodie, journaliste, ne nous raconte pas tant comment elle a déclaré aux autres son homosexualité mais bien comment elle l'a enfin acceptée. C'est une histoire très intime (une autobiographie, après tout), très belle et surtout très juste dans sa retranscription des émotions d'Elodie. Le texte d'Elodie Font est très beau, elle choisit les mots justes pour décrire certaines pensées assez complexes qu'elle a pu ressentir lors de cette découverte d'elle-même. J'ai particulièrement aimé le (court) passage où elle décrit ce regret de ne pas avoir réalisé plus tôt et cette impression de temps gâché, c'est une expérience mine de rien assez fréquente chez les personnes queers réalisant sur le tard. J'ai trouvé ce texte très comparable à un essai, certes très personnel, sur l'évolution psychologique de quelqu'un se découvrant et s'acceptant, voyant comment ce changement de perception d'iel-même change également son rapport avec le monde qui l'entoure. C'est sincèrement touchant et juste, j'insiste là-dessus. En plus du texte d'Elodie Font, le dessin de Carole Morel joue aussi énormément dans les qualités de l'album. Son trait est toujours simple et juste, ses couleurs toujours aussi chaudes qu'à son habitude, mais ici j'ai trouvé qu'elle se permettait des libertés bienvenues comme un changement graphique pour signaler des états de pensées ou des périodes de la vie d'Elodie différent-e-s. Vraiment plaisant à lire, un bel ouvrage chaudement recommandé.
L'Incroyable Histoire de la Littérature française
Ancien étudiant en Lettres, enthousiasmé par la série de Il était une fois l'Amérique - Une histoire de la littérature américaine, c'est avec beaucoup d'appétit que je me suis lancé dans la lecture de la réédition de cet album consacré à la littérature française. Ce fut une lecture longue, attentive, car c'est très dense, et il y a énormément de choses dans chaque récit. Alors bien sûr il s'agit plutôt d'une suite de vignettes racontant la vie et l'œuvre de près de 40 autrices et auteurs qui ont fait la richesse et la diversité de notre histoire littéraire. Cette troisième édition en a d'ailleurs rajouté une couche et une trentaine de pages, avec les biographies consacrées à Nathalie Sarraute, Romain Gary et Annie Ernaux. On remarquera d'ailleurs que le XXème siècle occupe à lui seul environ 40% de l'album, un sacré pavé. J'ai trouvé ça franchement bon, peut-être orienté pour certains auteurs, mais intéressant tout de même dans son contenu; qui essaye d'aller à l'essentiel, d'exprimer les caractères principaux d'un auteur /autrice et de son œuvre, y compris lorsque celle-ci évolue et diffère grandement (comme dans le car de Romain Gary). Le boulot abattu par Catherine Mory, la scénariste, est assez incroyable, et il fallait un stakhanoviste comme Philippe Bercovici pour faire un album d'une telle densité. Son style "gros nez est toujours visible, mais il sait tout de même proposer des portraits assez ressemblants des auteurs (enfin, de ceux dont on connaît réellement le visage). Très bon moment de lecture, à la fois pédagogique et parfois drôle, avec quelques répliques humoristiques.
Ma révérence
Après l'excellent Alim le tanneur, je suis à nouveau emballé par une BD scénarisée par Wilfried Lupano ! Alors même si on peut effectivement critiquer cette ode à l'oisiveté et à la France "d'en bas", on ne peut que se prosterner devant une telle efficacité narrative et un scénario aussi prenant qui évite le piège de basculer dans la facilité. A ce titre, je trouve ainsi la fin juste parfaite. Les personnages sont également plus complexes qu'ils n'y paraissent de prime abord, avec une mention spéciale à Gaby, le fan de Johnny un brin alcoolique. Son duo formé avec le héros Vincent fonctionne parfaitement. Lupano profite ainsi de cette chronique sociale pour analyser avec beaucoup d'acidité et d'ironie la vie quotidienne de ces marginaux qui ont refusé de suivre le chemin classiquement tracé. A plusieurs reprises, je me suis ainsi surpris à tantôt sourire (voire rire) face à la cocassité de certaines scènes et tantôt être ému lors de certains passages plus durs. Au niveau du dessin, même si cela reste agréable à l’œil avec une colorisation relativement dynamique, il s'avère pour moi un cran en dessous du scénario, m'empêchant d'attribuer la note ultime de 5/5. Une BD à posséder sans hésitation. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 9/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 16/20
Kiss the Sky
Même si je suis resté nostalgique des musiques 70's, Jimi Hendrix n'a jamais été un de mes interprètes favoris. Toutefois j'ai beaucoup aimé ce tome de la biographie de l'artiste. J-M Dupont a pris le temps de présenter avec soin les racines du jeune Jimi. Un métissage Cherokee Afro-américain d'une mère volage et alcoolique et d'un père violent qui alterne jobs et misère, une fratrie confiée aux services sociaux, Hendrix n'est pas du Sud mais a vécu la misère qui a donné une dimension supplémentaire à de nombreux musiciens américains. C'est donc un récit très social que propose l'auteur. Cela rend le jeune Hendrix très attachant dans sa volonté de s'en sortir grâce à sa guitare. Le récit fourmille d'anecdotes signifiantes et produit une belle cohérence dans le parcours du guitariste. On y rencontre de nombreux noms célèbres des 60's mais cette suite de tournées ne fait pas catalogue car les auteurs ont su nous faire partager l'intimité de l'artiste comme si nous y étions. Graphiquement le style employé par Mezzo ne laisse pas indifférent. Son N&B tourmenté où les noirs prédominent en fait un récit visuel où l'émotion est omniprésente. J'ai eu parfois l'impression de retrouver certaines planches de Perpendiculaire au soleil. Ce n'est pas très surprenant tant le parcours de Jimi aurait pu être celui de Renaldo en plusieurs occasions. J'ai même eu l'impression de me retrouver dans une ambiance underground parfaite pour exprimer ces années 60/70's. Une biographie très intéressante. J'espère que le tome 2 verra le jour prochainement. Pour plus de détails je renvoie à l'avis de Solo dont je partage le ressenti enthousiaste sur cette lecture.
Journal inquiet d'Istanbul
J’avais attendu avec beaucoup d’impatience la suite autobiographique de Journal inquiet d’Istanbul. Et cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti le besoin de faire des pauses dans ma lecture pour ne pas dévorer cette BD trop rapidement ! Dans le tome précédent, Ersin nous racontait son enfance et le chemin qui l’a conduit à devenir dessinateur, ainsi que des périodes antérieures à sa vie sur l’histoire de la Turquie. Cette fois-ci, l’histoire reprend avec Ersin qui travaille fièrement au magazine satirique Penguen en 2007 (banni par Erdogan en 2017) et qui fonde avec ses amis le magazine Uykusuz ainsi que toutes les aventures qui en découlent ! Comme toujours avec cet auteur, la physique de ses personnages avec leurs têtes qui parfois se déforment à la limite du ridicule (ou bien la manière dont il dessine les islamistes) me fait franchement rire ! C’est coloré, détaillé et bien rythmé ! Similaire à ce que j’avais bien aimé dans le premier tome, j’ai bien aimé toutes les précisions historiques et politiques que donne l’auteur qui rend ce récit marquant et informatif comme la partie sur les manifestations pour Gezi parc en 2013. Et c’est d’autant plus poignant que, à plusieurs moments du récit, j’ai ressenti la même énergie, les mêmes violences policières et les mêmes inquiétudes face un à un régime autoritaire en les comparant avec les images récentes des manifestations en Turquie, et avec le constat que certaines choses n’ont pas changé. Également, j’ai beaucoup apprécié la partie sur l’hommage à l’attentat de Charlie Hebdo. J’ai trouvé qu’elle conviait une sincère sympathie et tristesse, et j’ai aimé voir la relation et l’opposition de la presse satirique turque face à l’oppression. Hâte à la suite. Gelecek güzel
Le Jardin d'Emile Bravo
J’ai connu Émile Bravo avec les aventures de Jules ou bien avec sa réinterprétation des aventures de Spirou et Fantasio, c’était donc avec plein de surprise et d’enthousiasme que j’ai découvert cette petite pépite qui comme l’indique la couverture dénote totalement avec l’univers auquel il nous a habitué mais tout en en gardant le style ! Le jardin d’Émile Bravo recueille une dizaine d’histoire plus ou moins courtes et créées sur plusieurs années avec différentes histoires qui se suivent, s’entremêlent, se suffisent et parfois de simple affiches. Je me suis bien amusé à lire cette BD. Ce que j’aime chez cet auteur et avec ce recueil c’est la puissance comique possible sans texte. Des pages de BDs où la bonne idée amenée par des paysages aux bonnes expressions (et parfois quelques emojis) permettent de toucher à toute une variété de gags en à peine quelques pages. Comme toujours j’aime le style de Bravo (que l’ont retrouve dans ses autres oeuvres) qui renvoient fortement à un style de BD belge classique mais dans lesquelles le contenu dénote ! Certains côtés plus expérimentaux sont explorés telle qu’une même histoire dessinée deux fois mais avec des textes différents, ou bien des affiches de festivals jamais publiées (car trop osées ?). Si vous aimez Émile Bravo, vous allez aimer ce recueil !
Mémoires de Gris
Je me rappelle avoir injustement boudé ce tome à sa sortie (mon panier était déjà bien chargé), c’est la récente interview de l’ami PAco qui m’a donné envie de le découvrir et bien grand bien me fasse … Mémoires de Gris s’est avéré un très très bon moment de lecture. Sylvain Ferret m’a vite attrapé avec son récit, je n’ai que des louanges à donner. Pourtant le graphisme n’y est pas spécialement flamboyant ou dynamique de premier abord mais il accompagne parfaitement ce conte moyenâgeux tragique. Trait et couleurs imposent les ambiances, et le séquençage finit de nous intriguer pour connaître le destin des personnages. Pour son intrigue, l’auteur s’inspire vaguement du mythe de Robin des bois mais il arrive à bien s’en démarquer. Franchement un chouette album, j’ai aimé le ton réaliste teinté de fantastique, les trognes et le caractère de nos protagonistes … bref bien conquis par le traitement et soin accordés par l’auteur (seul à la barre en plus, respect). Un album qui m’a bien plus parlé que La saga de Pelle (Snaergard, Nordlys) ou Nottingham dans lesquels on retrouve quelques points communs.