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Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série U-9
U-9

Un véritable camouflet pour la Royal Navy. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2025. Ila été réalisé par Jean-Yves Delitte pour le scénario, par Philippe Adamov (1956-2020) pour les dessins, ceux-ci ayant repris par Fabio Pezzi après le décès de l’artiste initial, avec une mise en couleurs réalisée par Douchka Delitte. Il comporte quarante-six pages de bande dessinée. Il se termine par un dossier de huit pages, rédigé par le scénariste, généreusement illustré par des documents d’archives, avec des parties portant les titres suivants : Il y a d’abord l’histoire, Touché, coulé !, U-Boot une arme allemande, Un engin sale et malodorant, … qui deviendra une arme terrifiante !, Le canon ou la torpille ?, De l’arme méprisée à l’exploit !, Et après ? Ils se croyaient invulnérables… Ils pensaient pouvoir couler les plus puissants des navires, comme David, qui avec une simple pierre, avait terrassé le géant Goliath. Mais ils auraient dû savoir que la flèche s’est toujours brisée sur l’armure. Leur submersible pouvait bien déplacer près de 800 tonnes et filer à plus de 15 nœuds, tout cela avait peu d’importance quand une masse qui déplace plus de 18.000 tonnes à 20 nœuds vous éperonne. Un sous-marin éventré gît par le fond, les cadavres des marins flottant entre deux eaux. En surface, les officiers commandant un énorme croiseur-cuirassé se félicitent : ils viennent d’heurter un sous-marin allemand, il y a enfin une justice ! Coupé en deux et pas un survivant. L’un d’entre d’eux a pu lire son immatriculation : U-29. Un autre renchérit : il paraît que cette saleté a attaqué au canon pas moins de six marchands en l’espace d’une semaine. Le troisième se félicite : une chose est sûre : ils entrent dans l’histoire leur HMS Dreadnought, malgré sa vétusté, est le premier cuirassé à couler un sous-marin. La scène se déroule à Pentland Firth, en Écosse le 18 mars 1915. À Danzig, dans l’empire allemand, le 4 août 1914, des marins sont en train de charger des torpilles dans un sous-marin. L’oberbootsmann les tance : ils doivent faire attention avec le palan, s’ils ne veulent pas les envoyer au Paradis avant l’heure ! Il y a plus de cent-soixante kilogrammes d’explosif dans ces cigares ! Si cela explose, il ne restera d’eux que des lambeaux de chair… sans même parler des autres navires qui les entourent. Otto Eduard Weddigen est rejoint par son frère Karl, ensemble ils grimpent la passerelle pour accéder au pont, où un officier tend un journal devant lui : ils sont en guerre contre l’Angleterre, la presse en fait écho ! Otto le sait déjà : il a reçu ses ordres, le jeu infernal des dominos a commencé. Il explique : un archiduc autrichien se fait tuer par un fanatique serbe et, au nom des alliances, toute l’Europe s’embrase. Y a-t-il vraiment quelque chose de réjouissant ? Les deux frères redescendent à quai : Otto explique à Karl qu’il va larguer les amarres pour aller à Heligoland, un bout de terre perdu dans la mer, le tout ne doit pas dépasser deux kilomètres carrés. D’autres ordres doivent l’y attendre. Karl s’emporte : Si c’est comme ça que leurs amiraux conçoivent la guerre, ce n’est pas demain qu’ils danseront sur les Champs Élysées ! Il faut attaquer sans attendre, comme l’a fait Bismarck en 1870. Attaquer ! Il est possible que le nom d’U-9 soit inconnu du lecteur et que ce dernier soit venu pour découvrir une nouvelle grande bataille navale dans cette collection dont il apprécie les caractéristiques. L’auteur sait inclure des informations de manière organique et bien dosée, c’est-à-dire sans tomber dans des pages d’exposition avec de longues cellules de texte en petits caractères. Progressivement, il distille les faits et les indications permettant de situer cette bataille dans le temps, de comprendre la nouveauté que représentent les sous-marins à l’époque, et de découvrir de quelle bataille il s’agit précisément et les caractéristiques qui la font sortir du lot, et qui l’ont fait passer à la postérité. Arrivé à la fin de cette histoire, le dossier vient apporter des compléments forts bienvenus : sur l’histoire du développement des sous-marins (Lequel peut être considéré comme avoir été le premier à mériter ce nom ?), sur le rapport de force entre un sous-marin et un croiseur-cuirassé, sur le temps qu’il a fallu pour que naisse la lutte anti-sous-marine, sur les circonstances qui ont fait que dans l’imagerie populaire d’aucuns attribueront la paternité de cette arme à l’Allemagne, sur l’évolution des sous-marins qui passent d’un engin sale et malodorant à une arme terrifiante, sur le choix de l’arme entre le canon et la torpille, et sur l’après. Cet ouvrage s’ouvre sur un mot du scénariste en mémoire de l’artiste, à l’époque où celui-ci dessinait les séries Le Vent des Dieux (tomes 1 à 5, 1985-1991), et Les Eaux de Mortelune (tomes 1 à 10, 1986-1998), toutes les deux écrites par le scénariste Patrick Cothias. Il explique que Philippe Adamov avait réalisé une vingtaine de pages crayonnées, avant de larguer les amarres définitivement, et qu’alors s’est posée la question de savoir que faire de ce travail inachevé. En fonction de sa familiarité avec l’œuvre de cet artiste (également la série L’impératrice rouge, avec Jean Dufaux, quatre tomes, 1999-2003), le lecteur peut identifier les pages en question, ou il peut constater qu’il ne ressent pas de différence entre les deux artistes. Comme à son accoutumée, la coloriste choisit une palette de teintes réalistes, un petit peu ternies et assombries, pour être en phase avec le sujet de la guerre, les morts au combat, et les affrontements. Elle sait jouer des nuances d’une même teinte pour accentuer le relief de certaines surfaces, pour nourrir les formes détourées, pour compléter les fonds de case, et même créer les cieux avec nuages et variation de luminosité, évoquer les reflets toujours changeant de la surface de la mer, rendre compte de l’exiguïté des coursives du sous-marin. Ainsi le lecteur peut ressentir l’ambiance d’un mois de septembre déjà rafraichi. Quoi qu’il en soit, le lecteur commence à tourner les pages, et il retrouve ce à quoi il s’attend visuellement : des militaires en train de parler, de belles cases mettant en valeur les navires de guerre, et bien sûr la mer. Il identifie tout de suite le savoir-faire du scénariste : une poignée de personnages nommés, ceux dont la postérité a retenu le nom, des discussions brèves régulièrement interrompues par le voyage en mer jusqu’à la bataille navale promise, et des personnages qui bougent. Pour ces derniers, les dessinateurs jouent le jeu : montrer ces hommes en train de parler, et représenter le décor avec un bon niveau de détail pour donner à voir l’environnement, que ce soit à terre ou à bord, en intérieur ou en extérieur. Il en découle une narration visuelle avec un rythme agréable, et des changements de décors réguliers apportant de la diversité. Bien évidemment, les deux dessinateurs se sont documentés sur les uniformes, les armes et les navires, et ils réalisent une reconstitution historique solide et fiable. L’enjeu du récit est d’arriver à la bataille navale en ayant informé le lecteur sur les forces en présence, sans se focaliser sur la vie à l’intérieur du long cigare de métal. Par voie de conséquence, les dessinateurs représentent aussi bien le port de Danzig, l’estuaire de la Forth, la rade de l’île de Heligoland, un cimetière de campagne, un bureau militaire allemand, et quelques zones du sous-marin. Bien sûr l’U-9 est également mis visuellement en avant, ainsi que les croiseurs-cuirassés britanniques, avec leurs armements, donnant lieu à quelques belles vues de ces navires en mer. Le scénariste installe progressivement les circonstances menant à la bataille, avec un certain naturel né l’expérience. La bataille elle-même se déroule en neuf pages, à la narration visuelle impeccable, limpide et factuelle. Dans le dossier final, le lecteur retrouve un résumé de la bataille, correspondant en tout point à ce qui est montré. Les auteurs restent dans ce registre factuel : des hommes normaux faisant leur métier, sans crise existentielle quant au fait de tuer des ennemis, c’est-à-dire des êtres humains, sans soif sanguinaire, sans rêve de devenir des héros de guerre, des supersoldats, ou de futurs officiers, que ce soit du côté allemand ou du côté britannique. Bref, une affaire rondement menée, sans chichi. Le lecteur en ressort avec une bonne compréhension du rôle joué par ce sous-marin, de l’effet de surprise dont profite son équipage, du fait d’équipages ennemis sans connaissance ou compréhension particulière de ce type d’attaque. En scénariste aguerri (c’est le cas de le dire), Jean-Yves Delitte sait intégrer quelques réflexions bien senties dans les dialogues. Le lecteur le constate dans les échanges entre les deux frères, celui qui commande un navire, et l’autre qui reste à terre dans une fonction administrative. Il apprécie plus le dialogue moins convenu entre deux marins : le premier expliquant au second que cette guerre se résume à des cousins qui s’entretuent, car les têtes couronnées de cette vieille Europe ont toutes des liens de parenté, ils vont être les témoins de la plus grande dispute familiale que le monde n’ait jamais connue. Au cours de la bataille, Otto Eduard Weddigen ne peut pas croire à la réaction totalement inconsciente des commandants britanniques qui n’ont aucune idée de ce qui leur arrive. Dans le même temps, une de ses réponses à un simple marin fait bien ressortir que les décisions du commandant engagent tous les membres de l’équipage, au risque qu’ils y perdent leur vie. Un tome de plus dans cette collection, avec plusieurs particularités. La première réside bien sûr dans la nature de la bataille du 22 septembre 1914, impliquant un sous-marin allemand. La seconde tient à Philippe Adamov qui a réalisé des planches différentes de celles sortant du moule habituel, avec une narration visuelle plus organique, à hauteur de simple mortel, ramenant le récit au niveau d’un reportage dépourvu de toute forme de glorification ou de dramatisation convenue. Un récit de guerre didactique, raconté avec honnêteté, contenant quelques remarques attestant d’une prise de recul.

25/12/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
Couverture de la série La Dent de l'iguanodon
La Dent de l'iguanodon

Ouais, c'est pas mal, même bien. Mais ça aurait pu être 'achement mieux. Bon déjà, le dessin n'est pas mon trop mon truc. Il fait le taf mais reste pour moi à l'état d'esquisse. Les personnages sont bien empoignés. On sent bien ce qui les anime. On sent leurs faiblesses et tout le poids de leur passé peser sur leurs épaules. L'histoire valait vraiment d'être racontée, et ça ramène un peu les pieds sur terre de se dire que oui, il y a deux cents ans, on en était encore (la Science) à lutter contre l'obscurantisme religieux, religion avec laquelle il fallait composer, quitte à tordre le récit scientifique pour le faire coïncider avec les textes bibliques. C'est peut être le scénar qui est peut-être un peu linéaire. Mais je fais mon difficile là ! La BD en tant qu'objet est soignée. Belle couv, reliure de qualité, donc solide. Chouette illustration qui induit d'ailleurs un peu en "erreur" sur le contenu graphique même. Non, au final, je ne vais pas faire le salaud. Je file 4/5, c'est pas de l'arnaque.

24/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5
Couverture de la série Thermae Romae
Thermae Romae

Merveilleuse idée ! Et il n'y a rien de prétentieux chez les Japonais. L'auteur projette la façon nippone d'apprendre sur son Romain. Pas très exact historiquement, s'il est vrai que les Romains ont beaucoup imité, des Grecs, mais pas seulement. Autre objection à balayer : son Romain est anormalement peu curieux. Pardon, mais il est pile représentatif du Romain normal, sauf élite de l'élite intellectuelle, le Romain, pragmatique, s'occupe de ce qui marche ou pas, il y a peu de question du comment. Peuple bourré de rites mais sans mythes bien métaphysiques, qui reprend les résultats des Grecs en science sans trop s'attarder sur le cheminement intellectuel. Donc notre héros voit tout ce qu'il peut transposer dans ses thermes, et n'a pas l'idée d'aller explorer le nouveau monde des "faces plates". Pourquoi faire ? Son avance indique qu'on ne saurait le conquérir, et il ne semble pas tenté d'envahir Rome non plus, alors… Le Romain n'est pas un Carthaginois ou un Grec, la découverte du monde et lui, ça fait deux. Il ne conquiert et ne garde d'ailleurs que ce qu'il peut administrer, ainsi, Auguste dit basta ! L'idée étant de ne plus conquérir, on ne saurait administre ce qui déborde trop. Et non, ce n'est pas que pour empêcher un général victorieux de concurrencer son pouvoir par son prestige… Plus tard, Dioclétien coupera l'Empire en deux pour mieux administrer. Le Romain est pragmatique, il aime aussi dominer… Cela implique de ne pas se disperser, rien à voir avec les Gaulois et leurs druides, les Grecs et leurs philosophes et autres. Une chance pour l'auteur ! La monomanie de notre héros sur les bains n'aurait guère été crédible autrement. Là, si ! Le dessin ne se remarque pas, mais si on y pense… Il donne de la crédibilité question bains, on s'attache aux personnages, la lecture est dynamique. Parfait, donc !

24/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Inhumain
Inhumain

Inhumain est une très solide BD de science-fiction, qui glisse progressivement d’un récit de survie vers une réflexion nettement plus philosophique. L’intrigue est maîtrisée, bien construite, et fonctionne largement sur la curiosité du lecteur, avec une montée du malaise lente mais efficace. Le récit évite toute opposition simpliste : il n’y a ni véritables gentils ni méchants, seulement des logiques de survie incompatibles, ce qui rend le dilemme final particulièrement pertinent. L’idée d’un antagoniste fondamentalement « bienveillant » dans ses intentions est l’un des grands atouts de l’album. Sans rien dévoiler, la fin ouverte prolonge intelligemment la lecture en posant frontalement la question du libre arbitre et du choix collectif. La métaphore autour de la sécurité globale évoque clairement des mécanismes proches de la dissuasion nucléaire contemporaine, donnant au propos une résonance politique discrète mais réelle. Graphiquement, l’album est très réussi. Les couleurs sont riches, l’ambiance science-fiction parfaitement installée, et la planète possède une vraie identité visuelle. Seul bémol : des visages parfois moins expressifs que le reste du dessin, légèrement en retrait par rapport à la qualité globale des décors et de la mise en scène. Cela n’entame toutefois pas la force de l’ensemble, qui reste cohérent et immersif.

24/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Hoka Hey !
Hoka Hey !

Hoka Hey s’impose comme une oeuvre de très grand qualité dans l'univers Western, à la fois ample et profondément humain. Le scénario est d’une grande lisibilité sans jamais verser dans la facilité : le récit avance avec une évidence narrative remarquable, laissant les personnages se construire naturellement au fil des pages. Aucun manichéisme ici, seulement des êtres cabossés, traversés par la colère, la douleur ou le doute, mais toujours crédibles et représentatifs de l’humain dans ce qu’il a de plus fragile comme de plus digne. L’émotion est omniprésente, mais traitée avec une retenue rare. Le récit est dur, parfois brutal dans ce qu’il raconte, sans jamais tomber dans le cliché ni la complaisance. Une forme de douceur affleure pourtant en permanence, notamment dans la relation entre les personnages et dans la manière dont la transmission culturelle devient un apaisement possible. Le respect du monde western, de ses codes et de son imaginaire, est évident, tout en étant mis au service d’un propos plus intime et politique. Graphiquement, Neyef livre un travail remarquable. Le dessin est très beau, coloré, expressif, avec une finesse de détail bien dosée. Le trait ne cherche pas un réalisme absolu : il privilégie clairement la transmission des émotions, ce qui renforce encore l’impact du récit. Les ambiances, les regards et les silences parlent souvent autant que les dialogues.

24/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Hel'Blar
Hel'Blar

Hel’Blar est un diptyque solide et généreux, enrichi de nombreux contenus additionnels qui prolongent l’immersion. Le scénario est rythmé, bien construit, et maintient une tension constante grâce à une traque efficace et une mythologie scandinave exploitée avec sérieux. Sans chercher la rupture ou la réinvention du genre, la série assume pleinement ses codes et propose un récit cohérent, avec un véritable arc narratif, une intrigue maîtrisée et une conclusion globalement satisfaisante, malgré une légère ouverture finale. Graphiquement, l’ensemble est très convaincant. Le dessin est lisible et dynamique, avec un côté manga assumé dans le traitement du sensationnel et de l’action, ce qui renforce l’impact visuel sans nuire à la narration. Les couleurs, très vives, accompagnent parfaitement un récit énergique et brutal, accentuant le caractère « vitaminé » de l’ensemble et l’atmosphère épique. Une œuvre recommandée aux amateurs de fantasy nordique et de mythologie scandinave, qui trouveront ici une proposition aboutie et efficace.

24/12/2025 (modifier)
Par pol
Note: 4/5
Couverture de la série Un avion sans elle
Un avion sans elle

Adaptée d'un roman que je ne connais absolument pas, cette BD a conservé ce qui fait la qualité d'un bon polar qu'on lit en vacances sans pouvoir le lâcher. Cela vient de la narration qui alterne deux trames. Dans le présent, Marc, un jeune homme tente de comprendre pourquoi sa soeur a disparue subitement le jour der ses 18 ans. Il faut dire que cette jeune fille a une histoire singulière puisque, bébé, elle a survécu à un crash d'avion et elle a été confiée a ses grands parents. Sauf que 2 familles se sont battus pour la récupérer à l'époque. En parallèle de ça, l'autre arc narratif concerne un détective chargé de mener une contre enquête par une des familles pour découvrir la véritable identité de la fillette. Il a consigné 18 ans d'investigations dans un carnet que Marc est en train de lire. Et donc, comme dans un bon page turner, dès que le détective s'apprête à faire une révélation, l'histoire bascule sur le présent. Et lorsque Marc semble sur le point de comprendre quelque chose, on revient à notre détective. Procédé somme toute classique, mais bien efficace. On se prend bien au jeu, et on a envie de savoir quelle est la vraie famille de notre héroïne. Alors oui, il a quelques ficelles un peu grosses et quelques péripéties pas hyper crédibles. Mais j'ai pas trouvé ça gênant, la curiosité de connaitre le dénouement prédominant largement. Et enfin, mention spéciale au petit twist final qui permet de retrouver la vraie mère de l'enfant. J'ai trouvé cette BD très agréable.

24/12/2025 (modifier)
Par Jypjpr
Note: 4/5
Couverture de la série On a mangé la mer - Une enquête au coeur de la crise de la pêche en France
On a mangé la mer - Une enquête au coeur de la crise de la pêche en France

Remarquable album sur la surexploitation de la mer et des océans sous forme d'enquête journalistique. Très bien documenté et illustré de manière simple mais efficace, ce plaidoyer pour la survie des océans est pour moi un témoignage grave et poignant. Le graphisme qui tire vers la ligne claire, est parfois simple et même un peu crayonné, mais on pardonne cette approximation graphique au vu des arguments et du propos développé au long des124 pages. Les références documentaires et les témoignages sont précises et etayées. A lire absolument.

24/12/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Le Château des Animaux
Le Château des Animaux

Tome 4 "Le Sang du roi" Rien de particulier à ajouter, ce tome 4 ne déçoit pas. Si le scénario est sans véritable surprise, il est bien construit et tout à fait dans la lignée de ses « grands frères ». Les personnages restent attachants, en partie grâce au dessin expressif de Delep. Avec cette œuvre qui aura marqué la bande dessinée, Dorison et Delep prouvent que l’on peut allier le divertissement populaire à la politique, n’en déplaise à ceux qui prétendent que celle-ci ne doit pas interférer avec la culture. Et ça fonctionne parfaitement, car les auteurs ont trouvé ici le ton juste, privilégiant le registre de la fable universelle plutôt que de se référer à l’époque actuelle, même s’il faut bien l’avouer, ce taureau cruel évoque immanquablement un certain Donald J. Trump… en tout cas pour certains à l’esprit mal placé comme moi ! Tome 3 "La Nuit des justes" Comme pour tenter de comprendre ce qui produit les tyrans, ce troisième tome s’ouvre sur un flashback spectaculaire montrant un Silvio jeune, harassé par le poids de la charrette qu’il doit tirer sous les ordres d’un chien sans pitié, des années avant qu’il ne fasse son putsch pour commander la ferme. Le syndrome de la victime devenue bourreau à son tour… Après avoir croisé l’épouse du numéro 1, assassiné par Silvio à la fin du tome 2, contrainte de quitter le château avec ses chiots après être tombée en disgrâce, Miss B est saisie par le doute et ne souhaite plus mener la révolution. D’autant qu’elle ne veut pas cautionner une partie des animaux qui souhaite désormais passer à l’action violente pour évincer Silvio de son palais. « Tant que notre colère sera plus forte que nous, nous ne vaudrons pas mieux que Silvio. » lance-t-elle à ses troupes. Azélar le vieux rat va s’employer à la convaincre de ne pas lâcher le combat. La clé ? Faire cesser la peur, mettre un programme sur pied pour instaurer la justice et le vote… et toujours sans violence ! La marguerite deviendra l’emblème de ce de ce « printemps des animaux » ! Mais le tyran n’est pas prêt à céder, persuadé d’avoir fait amende honorable en jetant à la foule un os à ranger : l’assassinat en public de son « numéro un ». Ainsi, quoi de plus logique pour lui, que d’emprisonner ceux qui refusent de déposer la marguerite qu’ils arborent dans ses sinistres geôles ? En lisant cette « Nuit des justes », impossible de ne pas penser aux événements qui se déroulent actuellement en Iran, où les femmes se révoltent contre le port obligatoire du tchador. Notamment avec cette scène marquante où les animaux décident de jeter leurs colliers à clochette devant la milice de chiens, sans crainte des morsures qu’ils auraient à subir en représailles. Il faut noter l’humour au vitriol présent dans la série, autant à l’adresse des tyrans que de leurs courtisans, prêts à s’abaisser jusqu’au ridicule pour s’acquérir les bonnes grâces du maître, humour que Delep a su retranscrire dans son dessin semi-réaliste enlevé. Délaissant le choix d’une apparence anthropomorphe des animaux, le dessinateur n’a conservé que les expressions humaines, et celles-ci suscitent souvent l’amusement, telle celle du futur numéro un (en page 8), très flatté de se voir promu par le « président » lui-même. On ne saura reprocher à cette saga la profondeur et la puissance de son message politique, un message universel en résonance avec la situation actuelle, décrivant la façon la plus subtile de faire pression sur les pouvoirs autoritaires, d’autant plus dangereux lorsqu’ils se parent des « plumes » de la démocratie et dénoncent ses adversaires, si pacifiques soient-ils, comme les ennemis ultimes. En d’autres termes, l’art de retourner la situation et de jeter l’huile sur le feu. La soif de domination n’a pas de prix ! L’autre point fort du « Château des animaux », purement formel, ce sont bien ses couvertures, toutes aussi réussies les unes que les autres. Alors s’il est un bémol à pointer, certes mineur, il se trouve peut-être du côté de la narration, qui laisse une vague impression de délayage. Deux tomes auraient sans doute suffi pour cette revisite du roman de Georges Orwell, qui est tout de même une sorte de huis-clos où le rêve, un vigoureux rêve de liberté, demeure tout du long confiné au périmètre de la ferme. Ainsi on se félicite de savoir que la série verra sa conclusion dans un quatrième et dernier tome, que l’on n’en a pas moins hâte de découvrir ! Tome 2 "Les Marguerites de l’hiver " Dans la lignée du tome 1, cette suite poursuit la revisite de « La Ferme des animaux » avec un certain brio et une profondeur politique assez poussée, qui fait de cette série un véritable petit manuel en faveur de la révolution pacifique. Ce qu’on apprécie, c’est que même si on sent qu’il s’agit d’une diatribe contre les régimes tyranniques, Dorison évite le piège d’un manichéisme caricatural et d’une lutte binaire que soutiendraient « comme un seul homme » tous les « opprimés » du système décrit. Le plus dur étant peut-être de convaincre ceux de son propre camp… Il fait intervenir des contradicteurs – certains animaux sont sceptiques quant au bien-fondé d’une révolution pacifique – et évite de dépeindre ceux du camp d’en face comme de purs salauds, car le fameux « numéro 1 », tout ordure soit-il, a aussi une famille qui pâtira du sort qui lui est réservé. Tome 1 "Miss Bengalore" Référence explicite à « La Ferme des animaux » de George Orwell, la nouvelle série du prolifique Xavier Dorison suscite avec ce premier tome un engouement évident et tout à fait justifié. La très belle couverture, évoquant l’univers du conte, y est sans doute pour quelque chose. A l’instar du roman d’Orwell, Dorison dénonce les dictatures dont la principale caractéristique est d’exercer le pouvoir par la violence et la manipulation, mais comme il le dit lui-même, il a ajouté une note d’optimisme en démontrant que tout pouvoir rejeté par le peuple peut tomber par d’autres moyens que la violence, à savoir la désobéissance civile. Pour ce faire, il s’appuie sur des personnages historiques qui y ont eu recours dans leur pays, en premier lieu Gandhi, mais aussi Lech Walesa, Nelson Mandela, Martin Luther King. Gandhi est symbolisé dans l’histoire par le rat Azélar, qui depuis sa cachette va organiser la fronde contre le dictateur Silvio, incarné par un taureau imposant et agressif, protégé par sa meute de molosses. Pour tenter d’ébranler la toute puissance de ce dernier, Azélar et ses amis, la chatte Miss Bengalore et le lapin César, utiliseront une arme redoutable : le rire ! Le dessin a été confié à Félix Delep, qui pour une première BD, possède un talent évident. Si son style dynamique et percutant rappelle beaucoup celui de Juanjo Guarnido ou de Sokal, le jeune dessinateur ne recourt pas à l’anthropomorphisme — sauf peut-être pour les « gueules », très expressives — mais a préféré laissé ses animaux sur quatre pattes, si l’on excepte bien entendu les volailles… Une fois surmonté le scepticisme du début, force est de reconnaître que Delep possède un sacré coup de patte ! (trop tentante pour ne pas la faire, celle-là…) Avec ce premier volet, c’est une véritable fable politique — accessoirement animalière — qui se dessine, dans l’esprit de Jean de la Fontaine, à laquelle la formule de ce dernier correspond on ne peut mieux : « Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendent blanc ou noir ». Et déjà à son époque, le fabuliste avait bien compris la puissance de l’humour contre le tyrannie… Prévu en quatre tomes, « Le Château des animaux » s’avère une série plutôt prometteuse qui pourrait faire date.

06/09/2020 (MAJ le 23/12/2025) (modifier)
Couverture de la série Stern
Stern

Stern propose un western décalé, subtilement loufoque, qui ne cherche jamais à cocher mécaniquement toutes les cases du genre. Le récit avance à hauteur d’homme, porté par un héros profondément attachant, dont le destin semble s’acharner avec une ironie presque fataliste. Cette dureté permanente du contexte n’empêche jamais l’empathie : la série reste touchante, sincère. L’écriture se distingue par une grande humanité. Les enquêtes servent surtout de prétexte à explorer des trajectoires de vie, des regrets, des zones d’ombre, dans une Amérique rude où chacun tente de survivre avec ses failles. La galerie de personnages est particulièrement soignée, tous traités avec finesse, et la diversité des lieux d’un tome à l’autre renouvelle efficacement l’intérêt sans casser la cohérence de l’ensemble. Graphiquement, le dessin est très expressif, lisible et précis, sans démonstration inutile. Le choix de couleurs relativement soutenues pour un western apporte une identité visuelle forte et participe au ton singulier de la série. L’ensemble se lit avec un réel plaisir, dans un équilibre maîtrisé entre légèreté, gravité et intimisme.

23/12/2025 (modifier)