Les derniers avis (37872 avis)

Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série Phantom Road
Phantom Road

« Phantom Road » est une nouvelle série fantastique/horreur de Jeff Lemire, et le moins qu’on puisse dire c’est que ce premier tome est scotchant ! L’histoire s’emballe après à peine 7 pages, et ne lâche rien pendant les 130 pages de ce premier tome, que j’ai englouti en un temps record. L’intrigue est prenante et enjouée, et parle de mondes parallèles, d’agents du FBI, de monstres bizarres et d’un objet mystérieux (et magique ?) devant être transporté par nos 2 compagnons d’infortune… ces derniers sont attachants et bien définis, grâce à une narration en flashbacks nous montrant leur passé. Les deux dernières pages introduisent un personnage qui m’a laissé dubitatif, mais je lirai quand-même la suite, en espérant que l’auteur réussisse à contenir son histoire et son univers. Gabriel Hernandez Walta avait déjà bossé avec Lemire sur Sentient, et propose ici une mise en image classique mais efficace. Les couleurs de Jordie Bellaire (qui n’en est plus à son coup d’essai) participent grandement à l’ambiance inquiétante du récit, tout en contribuant directement à la narration (les tons sont différents pour les deux « mondes »). Un premier tome prenant au possible, vivement la suite ! MAJ après lecture du tome 2 : pas de surprise, l’histoire continue sur sa lancée et reste scotchante, même si je déplore le manque de réponses après 2 tomes, on nage toujours en plein mystère, clairement les auteurs vont développer l’intrigue sur la longue… je lirai la suite, c’est sûr !

09/08/2024 (MAJ le 20/11/2024) (modifier)
Par Sam Cragg
Note: 4/5
Couverture de la série L'Orfèvre (Lozes)
L'Orfèvre (Lozes)

Je viens (enfin !) d'achever la lecture de cet album si singulier. Il se démarque réellement de ce qu'on peut lire actuellement. Il marche en dehors des sentiers battus tout en étant de facture classique; ce n'est d'ailleurs pas le seul paradoxe de L'ORFEVRE. Ce qui m'a le plus subjugué, c'est le soin extraordinaire accordé au dessin. C'est stupéfiant de précision. Aucun décor n'est laissé au hasard ni abandonné à l'esquisse. Avec un souci extrême, Lozes prend la peine d'aller jusqu'à distinguer chacune des matières qu'il dessine. C'est un travail pharaonique. Le titre de l'album n'est-il pas en fait l'écho du travail fourni par le dessinateur, un véritable travail d'orfèvre ? Le récit, en dépit de quelques défauts mineurs par instants, se révèle passionnant, émaillé de quelques scènes marquantes comme celle du cinéma Gaumont Palace. Ce n'est pas tant l'enquête qui nous tient en haleine que l'ambiance étrange liée à la succession inexorable d'événements nous conduisant à une spectaculaire boucle temporelle. Nous savons que nous assistons à un exercice de style et nous guettons sans cesse tous les détails pour s'assurer que les engrenages se calent parfaitement. Le parcours initiatique qui se déroule devant nos yeux alors que nous savons bien où il va nous mener, ce parcours nous oblige à développer une attention soutenue à l'égard de la structure même du récit. Nous restons tout du long un lecteur vigilant. C'est le tour de force de cet album que de nous nous rendre pleinement conscient de chaque détail qui se présente à nous; nous tentons constamment de trouver le sens de chaque chose et sa place dans la mécanique générale du récit. Au final c'est un album terriblement attachant que j'ai refermé à regret et que je relirai avec plaisir à n'en pas douter.

20/11/2024 (modifier)
Par Sam Cragg
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Mamie n'a plus toute sa tête
Mamie n'a plus toute sa tête

Voilà un album que j'ai adoré. Je ne connaissais pas Romain Dutreix, dorénavant je vais guetter ses futures productions avec beaucoup d'attention. Il y très longtemps que je ne m'étais amusé autant à lire une bande dessinée. Il y a même des moments franchement hilarants. L'histoire est prenante et merveilleusement racontée. Dutreix a un sens du rythme infaillible. Le dessin est épatant, avec une stylisation remarquable et un sens extraordinaire pour représenter les expressions des visages et les postures des corps des personnages. C'est vivant au possible. La mise en couleur est elle aussi très réussie. Bref les parties graphique et scénaristique sont de haut niveau et concourent à offrir un album de bande dessinée populaire et grand public de premier ordre. Et je dois avouer que l'annonce d'une suite en fin d'album m'enchante littéralement. note: 4,5/5

20/11/2024 (modifier)
Par Brodeck
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Alyte
Alyte

C'est à nouveau un très bel album de Jérémie Moreau. Dans cet ouvrage au format agréable (pratiquement un carré de petite taille), on suit le périple d'un jeune batricien, qui, comme son père l'avait fait avant lui, cherche la terre promise, une mare, un écrin de verdure qui permettra peut-être à sa progéniture de s'épanouir et de perpétuer à son tour le cycle de la vie. Alyte, petit orphelin miraculé, va faire des rencontres qui le marqueront et lui permettront de trouver le courage suffisant pour affronter la terrifiante " Léthalyte ", cette bande grise mortifère qui recrache impitoyablement ses victimes. Pour peindre cette ode à la nature et au monde animal, J. Moreau utilise comme il le fait depuis un certain temps une palette aux couleurs très vives, pop, acidulées, mais comme il le dit lui-même, cet univers est " faussement mignon " et souvent sans concession car la vie, comme le rappelle chaque péripétie d'Alyte, demeure incertaine, plus que jamais fragile, car les dangers qui la menacent se multiplient désormais sous l'effet de l'activité humaine et du réchauffement climatique. Les images de Moreau sont puissantes. Nul doute qu'elles marqueront également durablement les jeunes enfants qui découvriront ce joli conte écologique et poétique. Comme dans son " Discours de la panthère ", la nature est vue à hauteur d'animaux. Mais " Alyte " me semble plus homogène que Le Discours de la panthère (qui était composé d'histoires courtes parfois inégales). Le récit de ce dernier ouvrage est sans temps morts, moins sentencieux que celui de son grand-frère peut-être et il finit en beauté avec une rencontre particulièrement bien amenée entre notre crapaud héroïque et un personne dont je vous laisse découvrir l'identité ! Au fil de cette odyssée, j'ai également pensé à Miyasaki, il me semble en effet voir une filiation entre le célèbre auteur japonais de " Nausicaa " et Jérémie Moreau, à la fois dans les thèmes abordés et dans la représentation de la nature avec les eaux qui jaillissent, les arbres qui bruissent et la vie animale qui résiste tant bien que mal aux coups de boutoir d'hommes insensés. Pour moi, c'est ni plus ni moins un indispensable de cette année 2024 (!) et un coup de coeur bien sûr !

20/11/2024 (modifier)
Couverture de la série Des lendemains sans nuage
Des lendemains sans nuage

J'ai beaucoup apprécié cette lecture. J'ai trouvé beaucoup d'inventivité dans le scénario de Vehlmann . Un scénario très tonique avec cette fausse structure en histoires courtes qui donnent beaucoup de tonus et d'angles différents. La thématique centrale de l'album m'a fait pensé à la biographie uchronique que Pierre Emmanuel Schmidt avait imaginé avec un Adolf Hithler artiste peintre aux Beaux-Arts de Vienne. Velhman reprend avec brio cette manière qui ouvre de nombreuses possibilités dans l'uchronie potentielle et la SF base de l'album. Les auteurs y ajoutent une forte touche d'humour qui rend la lecture très agréable. J'aime beaucoup le travail de Gazzotti. Son trait est un peu moins arrondi que pour ses autres séries phares mais la cohérence avec le dessin de Meyer est parfaite à telle point qu'il est difficile de voir la différence. Un beau travail d'équipe. Une lecture récréative très agréable avec une belle créativité.

20/11/2024 (modifier)
Couverture de la série Journal de bord d'un taxi parisien
Journal de bord d'un taxi parisien

J’avais lu il y a quelques temps après sa sortie le premier tome, n’avais fait que feuilleter brièvement le suivant, et je me suis remis à cette série avec le troisième et dernier, « Mon vrai visage ». Et le fait est que s’il n’use pas d’un jeu de mot moqueur et agressif dans son titre comme les deux précédents, c’est que ce titre annonce une petite surprise. En effet, il révèle une supercherie (dans un texte en fin d’album), puisque le chauffeur de taxi dont les strips – publiés sur le net – sont ici repris, n’a en fait jamais existé. Je fais partie de ceux (tous les lecteurs sans doute ?) qui se sont laissés prendre à ce canular – il est vrai peu dommageable (même la mairie de Paris a attribué un prix à Michel de la Teigne !). Connaitre la véritable identité des auteurs ne change rien à l’intérêt ou non des strips (même si ça leur enlève le côté « témoignage véridique, de terrain »). Chaque strip est généralement suivi d’une page de texte, où notre prétendu chauffeur de taxi un peu aigri, mais surtout revendicatif, précise ce qu’il pense du genre de spécimen qu’il vient de convoyer. Chaque client est donc pour notre taximan (pour Rémi Amy donc) l’occasion de se lâcher, durant le strip BD d’abord, de façon plus posé et incisive dans le texte ensuite, contre tout ce qu’ils (La Teigne et Amy donc) vomissent : les racistes, le libéralisme, les assureurs, les supporters, les prénoms à la con, la religion, les people, les sondeurs, etc. Si l’ensemble est inégal, je l’ai trouvé globalement à la fois amusant (parfois franchement drôle, en particulier lorsque le chauffeur devient outrancier) et intéressant. Sous couvert d’humour, pas mal de messages « engagés » passent. Et passent très bien me concernant ! (Voir en particulier le texte « Prise d’otages » dans les premières pages du troisième album) Une lecture recommandée en tout cas. Note réelle 3,5/5.

20/11/2024 (modifier)
Par Brodeck
Note: 4/5
Couverture de la série L'Héritage fossile
L'Héritage fossile

Une très bonne lecture ! Si elle peut surprendre à première vue, la forme (superpositions et incrustations d'éléments avec un rendu 3D) n'est finalement pas du tout un souci, c'est même plutôt réussi je trouve (mention particulière pour les vues extérieures des vaisseaux). Quant à l'intrigue, elle est captivante (un grand auteur de BD est décidément avant tout pour moi un conteur de talent). Je n'avais rien lu auparavant sur l'histoire et c'est très important à mon avis (voire indispensable) pour apprécier cet album de S.F relativement classique mais à la tension grandissante. A ce sujet, je viens de parcourir les autres avis très pertinents de mes camarades et je vous conseille de lire celui de Blueboy APRES votre découverte de cet album. Quoi qu'il en soit, je comprends mieux désormais le titre qui peut d'ailleurs avoir plusieurs significations. L'auteur a donc vraiment fait du bon travail et si la fin n'est peut-être pas à la hauteur de mes espérances, j'ai été happé par ma lecture jusqu'à la dernière page. Pour l'achat, comme l'intérêt de ce récit repose essentiellement sur les révélations successives, à vous de voir, mais je n'oublierai pas ma lecture de si tôt. Après un début d'année un peu décevant, voici un autre album marquant de 2024 ! Je n'avais fait que feuilleter Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle et j'avais trouvé que l'humour tombait souvent à plat, mais il faudra à l'occasion que je regarde ça de plus près.

20/11/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Une Histoire de Jérusalem
Une Histoire de Jérusalem

En fait, Bonaparte n'est jamais venu à Jérusalem. - Ce tome retrace l'histoire la ville de Jérusalem depuis -1900 jusqu'en 2022. Sa première édition date de 2022. Il a été réalisé par Vincent Lemire pour le texte et le scénario, Christophe Gaultier pour les dessins et Marie Galopin pour les couleurs. Il comprend deux-cent-quarante-cinq pages de bande dessinée. Il s'ouvre avec une carte de Jérusalem aujourd'hui : les différents quartiers, les huit portes (des Lions, Dorée, des Maghrébins, de Sion, de Jaffa, Neuve, de Damas, d'Hérode), ainsi que la ligne de cessez-le-feu de 1949 séparant Jérusalem Ouest et Est. En fin de tome se trouvent deux pages de repères chronologiques pour chacun des dix chapitres, deux pages de ressources et bibliographie (recueils de sources, ressources en lignes, quelques ouvrages cités, ouvrages de synthèse, pour aller plus loin), une page de remerciements, et une page listant les autres ouvrages du scénariste et du dessinateur. Un olivier salue le lecteur. Il se présente : il s'appelle Zeitoun, ou Olivia, comme on préfère. Il est né il y a environ quatre mille ans, au sommet d'une colline qui porte son nom : le mont des Oliviers. Har Ha-Zeitim en hébreu, Jabal al-Zaytoun en arabe. Derrière lui, le soleil levant, le désert à perte de vue, la mer Morte. Devant lui, Jérusalem, le soleil couchant, la plaine fertile et la Méditerranée. Sur cette ligne de crête, à huit cents mètres d'altitude, entre la terre et le ciel, entre les hommes et les dieux, entre le monde des vivants et le monde des morts. Jérusalem est le point de contact entre tout cela. Au commencement de cette histoire, il n'y avait rien. Enfin, il y avait lui, un noyau craché au sol par un berger qui passait par là. Il a fallu de l'eau, beaucoup d'eau, peut-être même un déluge, un peu de chance et du soleil. Beaucoup de soleil. Depuis quatre mille ans, ses racines se sont enfoncées dans le sol, ses branches se sont élancées haut dans le ciel. Il a tout vu, tout vécu, tout observé. Pas facile de comprendre comment cette petite ville perdue au milieu des montagnes est devenue le nombril du monde. D'abord, Jérusalem est presque dépourvue d'eau potable. Jusqu'au milieu du 20e siècle, ce sera une vraie contrainte pour son développement. Il y a bien une maigre source, le Gihon, qui coule au pied du mont des Oliviers. C'est autour de ce point d'eau que les premières populations sédentaires se sont installées il y a environ 4000 ans, à l'époque où il est né. Il a alors vu apparaître les premières sépultures, sur le versant oriental du Cédron… et cela n'a jamais cessé depuis. Il est bien placé pour savoir que le climat de Jérusalem est particulièrement rude. Pas une goutte de pluie pendant six mois de l'année, entre avril et octobre. Des hivers rigoureux, des tempêtes de neige, des étés suffocants, des nuits froides, des orages, du vent. Dans la Ville sainte, le ciel se rappelle souvent au bon souvenir des hommes. Et puis, Jérusalem a toujours été située à l'écart des routes commerciales. de fait, Jérusalem est une ville assez inaccessible, on n'y vient pas par hasard. L'histoire de Jérusalem en bande dessinée contient une double promesse, celle d'un ouvrage sérieux et documenté, et celle d'une lecture plus facile grâce aux dessins. L'auteur a adopté une construction chronologique, depuis -2000 à l'époque contemporaine. Cet exposé est découpé en dix chapitres : Au commencement était le Temple (–2000 à -586), L'ombre des empires (-586 à 312), Genèse de la Jérusalem chrétienne (312-614), Al-Qods, ville sainte de l'Islam (614-1095), Le siècle des croisades (1095-1187), L'héritage de Saladin, l'empire des Mamelouks (1187-1516), La paix des Ottomans (1516-1799), La Ville sainte réinventée (1799-1897), le rêve de Sion (1897-1947), L'impossible capitale (1947-…). Ces différentes époques sont racontées au travers de séquences mettant en scène des personnages historiques et de simples citoyens de différentes confessions. L'exposé se fait sous la forme de cellules de texte et de phylactères, comme pour une bande dessinée traditionnelle. Comme il est coutume dans ce genre d'ouvrage historique, l'exposé mène la narration et les dessins y sont assujettis. Le registre visuel est de nature réaliste avec un degré de simplification dans le rendu, et de nombreux détails descriptifs pour la reconstitution historique. Comme l'indique le titre, le point de vue choisi se focalise sur l'évolution de la ville, la coexistence des différentes communautés, les alternances de gouvernance, les guerres, les croisades, etc. Le lecteur constate rapidement qu'il s'agit d'un livre d'histoire d'un genre différent, dans le sens où il ne raconte pas ou il ne reconstitue pas des événements historiques, par exemple il ne détaille pas la destruction du premier Temple ou du second Temple, il ne contextualise pas les conquêtes de Saladin, il ne donne pas le contexte de la guerre des Six Jours. Dans le même ordre idée, il ne fait œuvre d'aucune manière de prosélytisme pour l'une ou l'autre des religions, ni ne porte de jugement de valeur sur leur credo. L'exposé commence par une contextualisation géographie sur le relief, le climat et l'approvisionnement en eau. Puis il est question des premiers témoignages existants sur cette cité, sur son développement, mêlé à la tradition comme le sacrifice d'Isaac ou la vocation de bâtisseur du roi Salomon fils de David. Viennent ensuite des personnages dont la réalité historique est avérée conquérant Jérusalem ou l'administrant. Une ville conquise puis reconquise, détrônée puis restaurée, détruite puis reconstruite. L'auteur met l'accent sur l'installation des tenants d'une religion puis d'une autre, sur leur cohabitation pacifique, sur les tensions, les massacres, la nature de l'autorité plutôt bienveillante et tolérante, ou au contraire exclusive et persécutrice. La gestion des lieux de culte et des lieux saints occupent une place essentielle dans chaque chapitre : leur préservation, leur gestion, leur accaparation. Il est vraisemblable que le lecteur soit venu à cet ouvrage parce qu'il s'agit d'une bande dessinée, c'est-à-dire une forme narrative particulière qu'il apprécie ou qui lui semble appropriée à sa sensibilité pour aborder ce sujet complexe et passionnant. Il sait par avance que cette narration visuelle présentera un goût et un rythme très différent de celui d'une bande dessinée d'aventure, quel que soit le genre littéraire. Dans un premier temps, il goûte à l'incarnation du narrateur sous la forme d'un olivier, à la présentation visuelle de la ville, de ses abords, par le biais du survol d'une colombe. Puis il voit bien ce qu'apporte une reconstitution visuelle : montrer une époque au travers des tenues vestimentaires, des accessoires, des ameublements, des rues et des pièces intérieures, et bien sûr les états successifs du développement de la ville. Les limites de l'exercice lui apparaissent tout autant : la densité fluctuante du niveau de détails, les cases attestant d'un manque de matériau source pour représenter l'aspect d'un mur, ou l'aménagement d'une voirie. Pour autant, cela ne retire rien au fait de voir chaque époque, les bâtiments, les individus vivant dans cette ville. Rapidement, le lecteur prend le rythme : la densité d'informations à chaque page, la mise en scène visuelle. L'artiste fait vivre les personnages aux différentes époques, permettant à ces différentes phases de s'incarner, faisant apparaître la continuité des lieux. Il montre aussi bien des scènes de la vie quotidienne que des moments historiques significatifs, ou encore le regard porté par des voyageurs ayant écrit sur la ville, et des voyageurs connus, écrivains ou généraux, chefs d'état. À quelques reprises, il met en scène un guide commentant un site aux bénéfices de touristes. le lecteur prend progressivement conscience de la coordination entre scénariste et dessinateur, de ce que le premier a confié au second en faisant porter des informations par les visuels. Il retrouve régulièrement cette conscience incarnée dans un olivier plurimillénaire. Il se rend compte que l'auteur a conçu un mode d'exposé qui repose essentiellement sur la parole des individus, par opposition à des sentences ou des explications professorales. Contrairement à ses a priori, le lecteur voit que les dessins dépassent la simple illustration littérale, pour raconter beaucoup dans une interaction pensée spécifiquement pour cet exposé. Les auteurs tiennent la distance pour retracer les grandes phases de l'évolution de Jérusalem au fil des siècles. Ils font des choix quant à ce qu'ils évoquent, et ce qu'ils laissent de côté, au cours de ces quatre millénaires d'histoire. De séquence en séquence, le lecteur voit se dessiner des thèmes récurrents : les conquêtes de la ville, la prise par les armes, la politique inclusive ou exclusive, l'appropriation et l'accaparation de certains lieux symboliques. Les différents paramètres qui régissent la coexistence pacifique ou antagoniste entre les différentes religions. Le deuxième effet est une évidence qui devient concrète : tout n'a pas toujours été comme la situation contemporaine. Le troisième effet émerge petit à petit : au fil de l'alternance des gouvernances et la popularité de la Ville sainte en Europe, la façon dont elle est envisagée alterne entre un lieu de résidence pour des pratiquants bien vivants, et une ville abritant des lieux saints devant être préservés, sanctuarisés, comme dans un musée. Et bien sûr, chaque communauté l'instrumentalise pour son propre bénéfice, au gré des siècles. Un projet déraisonnable : rendre compte du développement, de la vie d'une ville, encore plus ambitieux du fait qu'il s'agit de Jérusalem. Tout ne peut pas tenir dans un tel ouvrage : les auteurs ont fait des choix qui donnent un point de vue à leur approche, ainsi qu'une cohérence thématique tout du long, sans prendre parti, sans prosélytisme. Le lecteur voit Jérusalem se développer sous yeux, voit les populations gérer l'importance accordée au lieux saints, cohabiter en bonne intelligence, se combattre, s'exterminer, subir les contingences politiques des empires et des nations. Mission accomplie.

20/11/2024 (modifier)
Par Simili
Note: 4/5
Couverture de la série Joe Bar Team
Joe Bar Team

Au milieu des années 70, trainent au Joe Bar quatre grandes gueules qui ne vivent que pour une chose : la bourre en moto. La toute première planche donne clairement le ton "Je pisse sur les Twins poussifs et les cylindres à trous qui puent". S'ensuivra une course épique où par miracle tous les protagonistes en sortiront sains et saufs mais livides. Enchaînant frayeurs et freinages trop tardifs, intérieurs incontrôlés et sorties de route, contraventions et nuits à l'hôpital, chacun nie totalement qu'il a eu peur, avec la réplique pleine de mauvaise foi : "T'attaquais toi ? " ou " Je tire un poil court" Ca c'est l'esprit Joe Bar voulu par le créateur Bar2 (Tome 1 et 5) mais également par Fane, qui eu l'intelligence de se placer 20 ans plus tard et d'introduire de nouveaux personnages tout en gardant nos vieux. A l'instar de Mammouth et Piston ou Litteul Kévin, le Joe Bar Team incarne une autre facette de l'esprit motard tout aussi transgressif et rebelle, mais beaucoup plus axé vitesse. Vous l'aurez compris Joe Bar Team est une succession de gags tournant autour de l'univers de la moto et où très souvent nos pseudo pilotes finissent dans le décor. Il y a donc une certaine redondance propre a ce genre de BD. Moi elle ne me gêne pas du moment que je ne lis pas les 8 tomes à la suite. Par contre si j'espace mes lectures je prend un vrai plaisir (et de nombreux fous rire) à suivre les aventures d'Ed et sa bande. Motard à mes heures, mais beaucoup moins (voire pas du tout) attiré par la vitesse, chacune de leurs gaufres me rappelle à quel point je me dois d'être prudent pour ne pas finir comme eux. Graphiquement je n'avais jamais fait le parallèle avec Gaston Lagaffe. C'est pourtant vrai qu'il y a comme un air de ressemblance. Ceci explique aussi pourquoi j'accroche tant. Les motos sont également saisissantes de réalisme. Dans ma bibliothèque c'est un must have mais je comprends tout à fait que ce ne soit pas le cas pour tout le monde

20/11/2024 (modifier)
Couverture de la série Batman - One Bad Day - Ra's al Ghul
Batman - One Bad Day - Ra's al Ghul

Pour ce numéro c’est clairement le dessin qui m’a attiré. Je ne connaissais pas Ivan Reis, et c’est superbe ce qu’il fait. J’aime tout, les cadrages, le trait, les couleurs… mais surtout sa qualité d’encreur, vraiment ça change de 90 % des comics random. Dommage que le bonhomme ne s’illustre que dans le comics de super héros… ‘fin bon. Concernant l’histoire je n’ai pas bien saisi comme Gaston en quoi c’était un « bad one day ». Le plan se déroule avec quelques accrocs mais à la fin Ras al Ghul obtient ce qu’il veut. La tonalité globale du récit m’a bien emballé, comme pour le Gueule d’Argile c’est assez violent, ça zigouille bien méchamment, ce n’est pas à mettre entre toutes les mains, et si tous les numéros de cette collection sont dans ce ton là je risque de m’y intéresser. Donc malgré quelques scories pour l’instant j’aime vraiment cette collection qui dénote complètement avec tous ce que j’ai pu lire sur le chevalier noir, que ce soit en terme de dessin ou de narration. To be continued.

20/11/2024 (modifier)