Comme le nom de cet album l'indique, ici nous allons parlé de la jeunesse de Gisèle Halimi, grande avocate et défenseuse des droits des femmes (et des droits humains en général).
Plutôt que les faits d'arme les plus connus de Gisèle, ici on nous parle des origines, de ce qui l'a poussé à prendre tant à cœur les luttes qu'elle aura mené par la suite. Comme nous le rappelle le dossier nous résumant la suite de sa vie à la fin de l'album, sa mère est entre autre la raison pour laquelle elle s'est tant battu pour les droits des femmes, nous présenter la relation très compliquée entre les deux est donc très intéressant.
Nous assistons avec elle au climat politique houleux en Tunisie à l'époque (ségrégation, relations tendues entre juifs, arabes et français, montée du fascisme en Europe, ...). On comprend via la mise en scène comment sa volonté de se battre contre les injustices, toutes les injustices, est née.
Le seul défaut que je reconnaîtrais à cette œuvre, c'est que, ne connaissant malheureusement que les actes et la vie de Gisèle Halimi une fois sa carrière d'avocate lancée, je ne sais pas vraiment en lisant cet album quelles sont les informations véridiques et quelles sont les informations extrapolées (d'autant que je n'ai pas vu, à moins d'une erreur de ma part, de mention bibliographique et de source).
L'album reste néanmoins intéressant et permet de (re)mettre en lumière une femme très importante, et dans le cas présent une partie de sa vie mine de rien peu mise en avant.
(Note réelle 3,5)
Au vu de l'avis de la semaine, il m'a semblé que je pouvais difficilement passer à côté de cette bande dessinée. Et bien m'en a pris, car même si je suis un peu moins enthousiaste que les deux avis précédents, je confirme la réussite de l'œuvre !
Deena Mohamed signe ici une œuvre assez fascinante, tout d'abord par son ampleur, elle dure quand même 500 pages ! Dans ces 500 pages, l'autrice met en place 3 intrigues successives, qui se recroiseront un peu, mais qui sont presque complètement indépendantes les unes des autres. Dans ces trois récits différents, on trouve en outre des personnages qui, parfois, racontent leur histoire, ce qui crée des récits dans le récit, reprenant une structure assez typique des contes, notamment orientaux.
Comme souvent lorsqu'on compile plusieurs récits différents, la comparaison entre eux s'impose, et il faut bien reconnaître que les 3 arcs narratifs principaux ne présentent pas la même force. Comme Spooky, je pense que c'est la deuxième histoire qui est la plus faible. Non qu'elle soit mauvaise, mais j'ai trouvé qu'elle tournait un peu en rond, et passait énormément de temps à dire des choses qui pouvaient être dites en beaucoup moins de temps. En revanche, le 1er arc narratif est franchement efficace, même si j'ai trouvé sa résolution un peu trop rapide. Je n'étais pas loin de me dire "tout ça pour ça ?", mais le regard qu'il porte sur les problématiques abordées et la société dans laquelle vit l'autrice est très intéressant.
Mais Deena Mohamed a eu l'élégance salvatrice de garder le meilleur arc narratif pour la fin, et c'est sans grande surprise le 3e récit qui emporte pleinement l'adhésion. On y découvre le passé du personnage principal des deux arcs précédents, et d'un autre qui restait jusque-là spectateur. A partir de là, la bande dessinée s'envole vraiment vers les cimes, et même si je trouve la conclusion de l'album très légèrement frustrante, on est tout de même passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel avant, en termes d'émotion.
Malgré son trait épais, le dessin de Deena Mohamed nous plonge dans un univers d'une finesse bien réelle, où les personnages sont incroyablement crédibles. Chaque ligne de dialogue est pleine de sens et de réalisme, et nous promène ainsi dans un monde auquel on croit dur comme fer. Les rapports entre les personnages sont délicatement esquissés, et nous ouvrent peu à peu leur âme. J'avoue que j'aurais quand même voulu être davantage ému, dans l'ensemble, mais encore une fois, j'ai été à peu près comblé par le 3e arc narratif, d'une efficacité assez redoutable.
Ainsi, si Shubeik Lubeik ne figure pas au rang des plus grands chefs-d'œuvre que j'ai lus, il se montre tout de même à la hauteur de ce que je pouvais en espérer. Deena Mohamed nous offre un récit plein de vie, qui nous donne quelques belles leçons sans aucun moralisme. Peut-être un ton légèrement trop tire-larmes par moments, mais vu comme on s'est attaché à ses personnages, on ne lui en veut pas.
Des coups de cœur comme ça, j'en veux plus souvent !
J'ai entendu tellement de bien de cette série pendant si longtemps, je voyais les albums être continuellement empruntés à ma bibliothèque, j'ai fini par craindre qu'avec tant d'attentes et de promesses je finirai par être déçue. Eh bien pas du tout. J'ai adoré.
L'histoire est un croisements de genres, de propos, de types d'aventures qui me plaisent, et le melting pot est ici on ne peut plus savoureux : une aventure au cœur de l'inconnu, un véritable sentiment d'exploration et de découvertes, des héros qui grandissent et mûrissent, des enjeux grandioses et humains, un propos sur le pouvoir et le colonialisme, sur la nature humaine par conséquent, le tout dans une forme qui n'est pas sans rappeler les récits de Jules Verne et le très célèbre "Voyage sur la lune" de Méliès. Et le résultat est superbe, tant dans le fond que la forme. Les dessins d'Alice que je découvre ici sont à couper le souffle, délicat et fourmillant de détails, et n'hésitent pas à nous proposer des cases où le grandiose et la contemplation sont de rigueur. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? C'est une histoire prenante qui arrive à combler de nombreuses attentes et mon amour de l'aventure, forcément que je l'ai aimée.
Et en même temps, la série n'est pas parfaite, je lui reconnais quelques petits défauts (comme par exemple Hans qui est quelques fois un peu lourd en tant que comic relief), mais ils me paraissent tellement minimes comparés aux réussites que je les ignore volontiers.
L'œuvre n'est pourtant pas universelle, et pour éviter d'autres déconvenues comme semblent l'avoir vécu Canarde et bamiléké, je préciserai que cette série ne plaira sans doute qu'aux amateur-ice-s de récits d'aventures, d'esthétique rétro-futuriste à la Méliès, et de tous les autres détails de l'œuvre dont je vous ai parlé plus haut.
Mais pour quiconque aime cela, la série est plus que vivement recommandée pour ma part.
J'aime beaucoup les contes. Leurs formes, leurs péripéties, leurs personnages évoluent au gré du temps et des cultures, muant et se transformant souvent de manière surprenante pour adapter et illustrer les morales et coutumes d'époques et lieux varié-e-s, mais leur fonction de vecteur d'informations perdure. Ils sont toujours des bases culturelles communes servant à illustrer des leçons, imbriquant subtilement des codes et des mises-en-gardes (par la peur d'un croque-mitaine, la bonté et/ou la sagesse illustrée d'un être bon ou encore la mise en situation d'actes à reproduire ou ne pas reproduire).
Cet album est sans nul doute un conte. Peut-être même l'auteur s'est il inspiré ou a adapté/transformé un conte ou une légende déjà existant-e. Qui sait ? En tout cas j'ai beaucoup ressenti cet effroi, cette déformation monstrueuse des peurs, cette singularité presque hors-norme de la protagoniste qui devient vectrice malgré elle d'une leçon à tirer. La forme de la morale est plus ou moins ouverte, laissant libre cours à l'imagination des lecteur-ice-s, mais cherchant indéniablement à parler et à transmettre quelque chose.
L'album brille incontestablement par son dessin. Je ne connaissais pas Jean-Baptiste Andreae, mais c'est à coup sûr un nom que je retiendrais à partir de maintenant. Son dessin est beau, à mi-chemin entre l'adorable et le grandiose. Quoique cette impression de grandiose du dessin me vient peut-être du travail sur les tailles dans cet album précis. Tout comme Trois-fois-morte, on se sent écrasé-e-s par ces décors et ces personnages gigantesques et monstrueux. Ce gigantisme et cette transformation horrifique de décors et milieux connus et courants (des cuisines notamment) marque et m'a vraiment charmée.
Ce gigantisme et cette horrification de la cuisine et de la faim m'a rappelé le jeu vidéo Little Nightmares (premier du nom pour le coup, le second a quant à lui une ambiance horrifique toute autre). Je le recommande chaudement d'ailleurs, un petit coup de cœur esthétique personnel.
La série L’Arabe du futur avait réellement propulsé Riad Sattouf comme génie français de la BD jusqu’à recevoir le grand prix de la ville d’Angoulême en 2023, j’avais moi-même adoré cette série et j’étais donc naturellement heureux de savoir que Sattouf revenait sur le devant de la scène avec un spin-off de sa série emblématique. Dans Moi, Fadi, le père volé, on suit l’histoire cette fois-ci du point de vue de Fadi (le plus jeune frère) qui se fait enlever par son père et passe du jour au lendemain des environs de Rennes aux environs de Homs en Syrie. Avec un charme similaire à la série originale, j’ai beaucoup aimé redécouvrir cette Syrie des années 80 du point de vue d’un enfant (l’école, les autres enfants, la nourriture). L’histoire est évidemment tragique et fluctue entre les détails de la découverte de la vie en Syrie et du traumatisme de perdre sa mère et ses frères. J’ai bien aimé également le côté autobiographique mais réalisé par quelqu’un d’autre (par exemple, voir Riad non plus comme le personnage principal mais cette fois-ci secondaire). Quant aux dessins il est assez similaire à ce que l’auteur a proposé au cours des dernières années, des personnages simples et emblématiques, parfois mystiques avec les grand-mères aux visages fatigués et voilés des campagnes syriennes. J’ai hâte à la suite de l’histoire !
Génie de la BD italienne, cela faisait longtemps que je n’avais pas lu d’œuvres de Gipi ! Notes pour une histoire de guerre suit trois adolescents dans un contexte de guerre sans que l’on sache vraiment où ni quand, les trois héros semblent avoir fugué et finissent par rencontrer un groupe de mafieux qui leur confient des missions avant la grande mission finale qui les amènera vers la guerre… Cette œuvre est géniale pour plusieurs raisons, tout d’abord l’histoire tient vraiment en haleine du début à la fin et j’ai beaucoup aimé les différentes techniques de narration utilisées au fil de l’œuvre (le découpage des trois parties principales ainsi que l’alternance entre rêves et réalités ou bien angle filmé et angle non-filmé qui se traduit par une alternance du style dessin). Aussi le thème de la guerre est vraiment traité subtilement, la violence guerrière n’est jamais montré, les désastres de la guerre sont seulement évoqués comme quelque chose du passé, je n’ai pas toutes les clés de compréhension mais j’ai hâte de trouver une fiche de lecture qui analyserait tout cela; enfin et ce n’est pas des moindres, Gipi maitrise parfaitement son aquarelle et j’aime bien le côté faussement approximatif de son dessin. À lire !
Daniel Clowes est souvent considéré comme un des grands auteurs de la bd américaine alternative, avec une production incroyable de courtes histoires dans son magazine Eightball dans les années 90 puis ensuite des romans graphiques plus longs et tout autant adulés depuis les années 2000; Caricature est une compilation de neuf petites histoires de Eightball que j’ai dévoré et adoré (mes préférées sont Comme une brindille Joe, et Caricature); ce recueil couvre un bel ensemble des thématiques qui Clowes couvre souvent (la solitude, l’amour perturbé, une vision pessimiste du monde) et les personnages évoluent dans des histoires toujours plus absurdes (c’est du Lynch sur papier) et c’est vraiment bien écrit (voire traduit dans le cas présent); d’un point de vue graphique l’auteur est assez fidèle à son style, jouant beaucoup avec les contrastes et des personnages aux têtes charismatiques, j’ai un peu de mal avec sa coloration (couleurs trop kitschs, mal balancées, pas très plaisantes) mais son noir et blanc transmet parfaitement l’univers qu’il veut imposer; Caricature est soit une belle introduction pour découvrir Clowes ou un complément judicieux si vous en explorer plus sa bibliographie !
Je suis sortie époustouflée de cet album. Et j'ai encore du mal à me l'expliquer !
C'est une histoire du quotidien : deux sœurs qui galèrent dans la vie de tous les jours... Deux personnages que l'on a déjà croisés, leurs conversations, leurs raisonnements sur la vie, leur humour... L'une mère solo et l'autre qui n'a pas encore trouvé sa place. Zigzagant entre parking de supermarché et plage, leur vie ensoleillée et engluée dans les difficultés économiques nous touche profondément.
Deux raisons à cela :
1. Les dialogues : tout proche du documentaire, mais sans jamais un mot de trop : une gestion des silences qui a quelque chose de cinématographique, on est dedans, c'est un miroir de nos vies ! Le flot des paroles se prolonge dans le flux de leurs pensées. Et le fait que l'auteur se soit inspiré de ses propres sœurs joue surement un rôle dans cet effet de véracité , il reconstitue les justifications qu'elles donnent à leurs choix à partir de ses souvenirs.
2. L'image : une aquarelle de banlieue qui frappe par sa couleur très bien observée et un contraste inattendu entre le flou général et la précision hyper-emouvante des visages. Jamais vu ça ! Si vous avez vu Journal Intime de Nani Moretti, où on suit une Vespa dans les rues de Rome, vous avez une idée de l'impression : tout Rome qui défile sans qu'on puisse faire la mise au point et la nuque du personnage qui reste nette. En film , ça fait mal à la tête, en BD ça nous jette dans un mouvement fictif.
Bref, je vous conseille vraiment cette expérience de lecture, tout-à-fait inédite pour ma part, qui ouvre le cœur et laisse une nostalgie étrange.
Bordesoules...Je retiendrai ce nom.
J ai acquis ce livre à petit prix dans une bourse aux livres de médiathèque municipale. Quelle bonne surprise !
Des dessins de merveilleuse qualité, un scénario qui nous tiens en haleine toute la lecture.
J’avais de nombreux aprioris sur ce livre de part son format, sa couverture, le sujet abordé mais j’ai eu tord.
Superbe récit plein d’espoir comme l’indique le titre de l’œuvre. Je ne peux que vous le conseillé.
Faire des biographies en BD sur des figures modernes controversées semble être à la mode. Ici, on a donc droit à la biographie de Recep Tayyip Erdogan qui dirige la Turquie depuis plus de deux décennies.
La biographie raconte sa vie jusqu'à son ascension au pouvoir. On ne voit donc pas son règne comme premier ministre puis président de la Turquie. Cela peut-être un peu décevant, mais au moins cela permet de mieux développer l'histoire de sa vie parce que les auteurs ont en long à dire sur plus de 300 pages très complet. J'espère juste qu'il va avoir une suite qui servirait de complément à ce très bon album. On suit donc Erdogan de sa jeunesse à son ascension au pouvoir ultime après avoir subit plusieurs revers politiques. J'ai trouvé que c'était intéressant parce qu'on voit que c'est un animal politique rusé qui sait comment rebondir chaque fois qu'il est au bord du gouffre et semble fini.
À travers lui, on voit aussi la complexité de la société turque qui est pris entre la laïcité et un islam plus traditionnel et qui est aussi sujet à des coups d'états par les militaires. J'ai adoré découvrir la politique de ce pays. L'histoire d'Erdogan est malheureusement commun si on connait l'histoire de l'Islam politique: soutient du pouvoir et de l'occident qui préfère les traditionnelles à la gauche révolutionnaire, double jeu de la part d'Erdogan qui se prétend plus moderne et ouvert d'esprit en mettant en avant des femmes, il a des premiers bons résultats parce que l'opposition est divisé, lorsqu'on se rends contre que les extrémistes ont trop de pouvoir c'est un peu trop tard et dès qu'il a du pouvoir il montre son vrai visage. Le plus triste est qu'il le montre lorsqu'il a été maire d'Istanbul, mais il y avait encore des naïfs pour croire ses mensonges. Cela rappel certains politiciens d'extrême-droite occidentaux qui peuvent dire tout ce qu'ils veulent, il y aura toujours des gens pour les défendre !
Les auteurs sont deux ressortissants qui sont contre le régime d'Erdogan, mais ils essaient d'être le plus neutre possible et il y a donc des moments où Erdogan peut paraitre sympathique et comme une victime. Le dessin est vraiment plaisant à regarder, c'est le style réaliste que j'aime retrouver dans un documentaire.
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Gisèle Halimi - Une jeunesse tunisienne
Comme le nom de cet album l'indique, ici nous allons parlé de la jeunesse de Gisèle Halimi, grande avocate et défenseuse des droits des femmes (et des droits humains en général). Plutôt que les faits d'arme les plus connus de Gisèle, ici on nous parle des origines, de ce qui l'a poussé à prendre tant à cœur les luttes qu'elle aura mené par la suite. Comme nous le rappelle le dossier nous résumant la suite de sa vie à la fin de l'album, sa mère est entre autre la raison pour laquelle elle s'est tant battu pour les droits des femmes, nous présenter la relation très compliquée entre les deux est donc très intéressant. Nous assistons avec elle au climat politique houleux en Tunisie à l'époque (ségrégation, relations tendues entre juifs, arabes et français, montée du fascisme en Europe, ...). On comprend via la mise en scène comment sa volonté de se battre contre les injustices, toutes les injustices, est née. Le seul défaut que je reconnaîtrais à cette œuvre, c'est que, ne connaissant malheureusement que les actes et la vie de Gisèle Halimi une fois sa carrière d'avocate lancée, je ne sais pas vraiment en lisant cet album quelles sont les informations véridiques et quelles sont les informations extrapolées (d'autant que je n'ai pas vu, à moins d'une erreur de ma part, de mention bibliographique et de source). L'album reste néanmoins intéressant et permet de (re)mettre en lumière une femme très importante, et dans le cas présent une partie de sa vie mine de rien peu mise en avant. (Note réelle 3,5)
Shubeik Lubeik
Au vu de l'avis de la semaine, il m'a semblé que je pouvais difficilement passer à côté de cette bande dessinée. Et bien m'en a pris, car même si je suis un peu moins enthousiaste que les deux avis précédents, je confirme la réussite de l'œuvre ! Deena Mohamed signe ici une œuvre assez fascinante, tout d'abord par son ampleur, elle dure quand même 500 pages ! Dans ces 500 pages, l'autrice met en place 3 intrigues successives, qui se recroiseront un peu, mais qui sont presque complètement indépendantes les unes des autres. Dans ces trois récits différents, on trouve en outre des personnages qui, parfois, racontent leur histoire, ce qui crée des récits dans le récit, reprenant une structure assez typique des contes, notamment orientaux. Comme souvent lorsqu'on compile plusieurs récits différents, la comparaison entre eux s'impose, et il faut bien reconnaître que les 3 arcs narratifs principaux ne présentent pas la même force. Comme Spooky, je pense que c'est la deuxième histoire qui est la plus faible. Non qu'elle soit mauvaise, mais j'ai trouvé qu'elle tournait un peu en rond, et passait énormément de temps à dire des choses qui pouvaient être dites en beaucoup moins de temps. En revanche, le 1er arc narratif est franchement efficace, même si j'ai trouvé sa résolution un peu trop rapide. Je n'étais pas loin de me dire "tout ça pour ça ?", mais le regard qu'il porte sur les problématiques abordées et la société dans laquelle vit l'autrice est très intéressant. Mais Deena Mohamed a eu l'élégance salvatrice de garder le meilleur arc narratif pour la fin, et c'est sans grande surprise le 3e récit qui emporte pleinement l'adhésion. On y découvre le passé du personnage principal des deux arcs précédents, et d'un autre qui restait jusque-là spectateur. A partir de là, la bande dessinée s'envole vraiment vers les cimes, et même si je trouve la conclusion de l'album très légèrement frustrante, on est tout de même passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel avant, en termes d'émotion. Malgré son trait épais, le dessin de Deena Mohamed nous plonge dans un univers d'une finesse bien réelle, où les personnages sont incroyablement crédibles. Chaque ligne de dialogue est pleine de sens et de réalisme, et nous promène ainsi dans un monde auquel on croit dur comme fer. Les rapports entre les personnages sont délicatement esquissés, et nous ouvrent peu à peu leur âme. J'avoue que j'aurais quand même voulu être davantage ému, dans l'ensemble, mais encore une fois, j'ai été à peu près comblé par le 3e arc narratif, d'une efficacité assez redoutable. Ainsi, si Shubeik Lubeik ne figure pas au rang des plus grands chefs-d'œuvre que j'ai lus, il se montre tout de même à la hauteur de ce que je pouvais en espérer. Deena Mohamed nous offre un récit plein de vie, qui nous donne quelques belles leçons sans aucun moralisme. Peut-être un ton légèrement trop tire-larmes par moments, mais vu comme on s'est attaché à ses personnages, on ne lui en veut pas.
Le Château des étoiles
Des coups de cœur comme ça, j'en veux plus souvent ! J'ai entendu tellement de bien de cette série pendant si longtemps, je voyais les albums être continuellement empruntés à ma bibliothèque, j'ai fini par craindre qu'avec tant d'attentes et de promesses je finirai par être déçue. Eh bien pas du tout. J'ai adoré. L'histoire est un croisements de genres, de propos, de types d'aventures qui me plaisent, et le melting pot est ici on ne peut plus savoureux : une aventure au cœur de l'inconnu, un véritable sentiment d'exploration et de découvertes, des héros qui grandissent et mûrissent, des enjeux grandioses et humains, un propos sur le pouvoir et le colonialisme, sur la nature humaine par conséquent, le tout dans une forme qui n'est pas sans rappeler les récits de Jules Verne et le très célèbre "Voyage sur la lune" de Méliès. Et le résultat est superbe, tant dans le fond que la forme. Les dessins d'Alice que je découvre ici sont à couper le souffle, délicat et fourmillant de détails, et n'hésitent pas à nous proposer des cases où le grandiose et la contemplation sont de rigueur. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? C'est une histoire prenante qui arrive à combler de nombreuses attentes et mon amour de l'aventure, forcément que je l'ai aimée. Et en même temps, la série n'est pas parfaite, je lui reconnais quelques petits défauts (comme par exemple Hans qui est quelques fois un peu lourd en tant que comic relief), mais ils me paraissent tellement minimes comparés aux réussites que je les ignore volontiers. L'œuvre n'est pourtant pas universelle, et pour éviter d'autres déconvenues comme semblent l'avoir vécu Canarde et bamiléké, je préciserai que cette série ne plaira sans doute qu'aux amateur-ice-s de récits d'aventures, d'esthétique rétro-futuriste à la Méliès, et de tous les autres détails de l'œuvre dont je vous ai parlé plus haut. Mais pour quiconque aime cela, la série est plus que vivement recommandée pour ma part.
La Cuisine des ogres
J'aime beaucoup les contes. Leurs formes, leurs péripéties, leurs personnages évoluent au gré du temps et des cultures, muant et se transformant souvent de manière surprenante pour adapter et illustrer les morales et coutumes d'époques et lieux varié-e-s, mais leur fonction de vecteur d'informations perdure. Ils sont toujours des bases culturelles communes servant à illustrer des leçons, imbriquant subtilement des codes et des mises-en-gardes (par la peur d'un croque-mitaine, la bonté et/ou la sagesse illustrée d'un être bon ou encore la mise en situation d'actes à reproduire ou ne pas reproduire). Cet album est sans nul doute un conte. Peut-être même l'auteur s'est il inspiré ou a adapté/transformé un conte ou une légende déjà existant-e. Qui sait ? En tout cas j'ai beaucoup ressenti cet effroi, cette déformation monstrueuse des peurs, cette singularité presque hors-norme de la protagoniste qui devient vectrice malgré elle d'une leçon à tirer. La forme de la morale est plus ou moins ouverte, laissant libre cours à l'imagination des lecteur-ice-s, mais cherchant indéniablement à parler et à transmettre quelque chose. L'album brille incontestablement par son dessin. Je ne connaissais pas Jean-Baptiste Andreae, mais c'est à coup sûr un nom que je retiendrais à partir de maintenant. Son dessin est beau, à mi-chemin entre l'adorable et le grandiose. Quoique cette impression de grandiose du dessin me vient peut-être du travail sur les tailles dans cet album précis. Tout comme Trois-fois-morte, on se sent écrasé-e-s par ces décors et ces personnages gigantesques et monstrueux. Ce gigantisme et cette transformation horrifique de décors et milieux connus et courants (des cuisines notamment) marque et m'a vraiment charmée. Ce gigantisme et cette horrification de la cuisine et de la faim m'a rappelé le jeu vidéo Little Nightmares (premier du nom pour le coup, le second a quant à lui une ambiance horrifique toute autre). Je le recommande chaudement d'ailleurs, un petit coup de cœur esthétique personnel.
Moi, Fadi - Le Frère volé
La série L’Arabe du futur avait réellement propulsé Riad Sattouf comme génie français de la BD jusqu’à recevoir le grand prix de la ville d’Angoulême en 2023, j’avais moi-même adoré cette série et j’étais donc naturellement heureux de savoir que Sattouf revenait sur le devant de la scène avec un spin-off de sa série emblématique. Dans Moi, Fadi, le père volé, on suit l’histoire cette fois-ci du point de vue de Fadi (le plus jeune frère) qui se fait enlever par son père et passe du jour au lendemain des environs de Rennes aux environs de Homs en Syrie. Avec un charme similaire à la série originale, j’ai beaucoup aimé redécouvrir cette Syrie des années 80 du point de vue d’un enfant (l’école, les autres enfants, la nourriture). L’histoire est évidemment tragique et fluctue entre les détails de la découverte de la vie en Syrie et du traumatisme de perdre sa mère et ses frères. J’ai bien aimé également le côté autobiographique mais réalisé par quelqu’un d’autre (par exemple, voir Riad non plus comme le personnage principal mais cette fois-ci secondaire). Quant aux dessins il est assez similaire à ce que l’auteur a proposé au cours des dernières années, des personnages simples et emblématiques, parfois mystiques avec les grand-mères aux visages fatigués et voilés des campagnes syriennes. J’ai hâte à la suite de l’histoire !
Notes pour une histoire de guerre
Génie de la BD italienne, cela faisait longtemps que je n’avais pas lu d’œuvres de Gipi ! Notes pour une histoire de guerre suit trois adolescents dans un contexte de guerre sans que l’on sache vraiment où ni quand, les trois héros semblent avoir fugué et finissent par rencontrer un groupe de mafieux qui leur confient des missions avant la grande mission finale qui les amènera vers la guerre… Cette œuvre est géniale pour plusieurs raisons, tout d’abord l’histoire tient vraiment en haleine du début à la fin et j’ai beaucoup aimé les différentes techniques de narration utilisées au fil de l’œuvre (le découpage des trois parties principales ainsi que l’alternance entre rêves et réalités ou bien angle filmé et angle non-filmé qui se traduit par une alternance du style dessin). Aussi le thème de la guerre est vraiment traité subtilement, la violence guerrière n’est jamais montré, les désastres de la guerre sont seulement évoqués comme quelque chose du passé, je n’ai pas toutes les clés de compréhension mais j’ai hâte de trouver une fiche de lecture qui analyserait tout cela; enfin et ce n’est pas des moindres, Gipi maitrise parfaitement son aquarelle et j’aime bien le côté faussement approximatif de son dessin. À lire !
Caricature
Daniel Clowes est souvent considéré comme un des grands auteurs de la bd américaine alternative, avec une production incroyable de courtes histoires dans son magazine Eightball dans les années 90 puis ensuite des romans graphiques plus longs et tout autant adulés depuis les années 2000; Caricature est une compilation de neuf petites histoires de Eightball que j’ai dévoré et adoré (mes préférées sont Comme une brindille Joe, et Caricature); ce recueil couvre un bel ensemble des thématiques qui Clowes couvre souvent (la solitude, l’amour perturbé, une vision pessimiste du monde) et les personnages évoluent dans des histoires toujours plus absurdes (c’est du Lynch sur papier) et c’est vraiment bien écrit (voire traduit dans le cas présent); d’un point de vue graphique l’auteur est assez fidèle à son style, jouant beaucoup avec les contrastes et des personnages aux têtes charismatiques, j’ai un peu de mal avec sa coloration (couleurs trop kitschs, mal balancées, pas très plaisantes) mais son noir et blanc transmet parfaitement l’univers qu’il veut imposer; Caricature est soit une belle introduction pour découvrir Clowes ou un complément judicieux si vous en explorer plus sa bibliographie !
Azur Asphalte
Je suis sortie époustouflée de cet album. Et j'ai encore du mal à me l'expliquer ! C'est une histoire du quotidien : deux sœurs qui galèrent dans la vie de tous les jours... Deux personnages que l'on a déjà croisés, leurs conversations, leurs raisonnements sur la vie, leur humour... L'une mère solo et l'autre qui n'a pas encore trouvé sa place. Zigzagant entre parking de supermarché et plage, leur vie ensoleillée et engluée dans les difficultés économiques nous touche profondément. Deux raisons à cela : 1. Les dialogues : tout proche du documentaire, mais sans jamais un mot de trop : une gestion des silences qui a quelque chose de cinématographique, on est dedans, c'est un miroir de nos vies ! Le flot des paroles se prolonge dans le flux de leurs pensées. Et le fait que l'auteur se soit inspiré de ses propres sœurs joue surement un rôle dans cet effet de véracité , il reconstitue les justifications qu'elles donnent à leurs choix à partir de ses souvenirs. 2. L'image : une aquarelle de banlieue qui frappe par sa couleur très bien observée et un contraste inattendu entre le flou général et la précision hyper-emouvante des visages. Jamais vu ça ! Si vous avez vu Journal Intime de Nani Moretti, où on suit une Vespa dans les rues de Rome, vous avez une idée de l'impression : tout Rome qui défile sans qu'on puisse faire la mise au point et la nuque du personnage qui reste nette. En film , ça fait mal à la tête, en BD ça nous jette dans un mouvement fictif. Bref, je vous conseille vraiment cette expérience de lecture, tout-à-fait inédite pour ma part, qui ouvre le cœur et laisse une nostalgie étrange. Bordesoules...Je retiendrai ce nom.
Lucy - L'Espoir
J ai acquis ce livre à petit prix dans une bourse aux livres de médiathèque municipale. Quelle bonne surprise ! Des dessins de merveilleuse qualité, un scénario qui nous tiens en haleine toute la lecture. J’avais de nombreux aprioris sur ce livre de part son format, sa couverture, le sujet abordé mais j’ai eu tord. Superbe récit plein d’espoir comme l’indique le titre de l’œuvre. Je ne peux que vous le conseillé.
Erdogan - Le nouveau sultan
Faire des biographies en BD sur des figures modernes controversées semble être à la mode. Ici, on a donc droit à la biographie de Recep Tayyip Erdogan qui dirige la Turquie depuis plus de deux décennies. La biographie raconte sa vie jusqu'à son ascension au pouvoir. On ne voit donc pas son règne comme premier ministre puis président de la Turquie. Cela peut-être un peu décevant, mais au moins cela permet de mieux développer l'histoire de sa vie parce que les auteurs ont en long à dire sur plus de 300 pages très complet. J'espère juste qu'il va avoir une suite qui servirait de complément à ce très bon album. On suit donc Erdogan de sa jeunesse à son ascension au pouvoir ultime après avoir subit plusieurs revers politiques. J'ai trouvé que c'était intéressant parce qu'on voit que c'est un animal politique rusé qui sait comment rebondir chaque fois qu'il est au bord du gouffre et semble fini. À travers lui, on voit aussi la complexité de la société turque qui est pris entre la laïcité et un islam plus traditionnel et qui est aussi sujet à des coups d'états par les militaires. J'ai adoré découvrir la politique de ce pays. L'histoire d'Erdogan est malheureusement commun si on connait l'histoire de l'Islam politique: soutient du pouvoir et de l'occident qui préfère les traditionnelles à la gauche révolutionnaire, double jeu de la part d'Erdogan qui se prétend plus moderne et ouvert d'esprit en mettant en avant des femmes, il a des premiers bons résultats parce que l'opposition est divisé, lorsqu'on se rends contre que les extrémistes ont trop de pouvoir c'est un peu trop tard et dès qu'il a du pouvoir il montre son vrai visage. Le plus triste est qu'il le montre lorsqu'il a été maire d'Istanbul, mais il y avait encore des naïfs pour croire ses mensonges. Cela rappel certains politiciens d'extrême-droite occidentaux qui peuvent dire tout ce qu'ils veulent, il y aura toujours des gens pour les défendre ! Les auteurs sont deux ressortissants qui sont contre le régime d'Erdogan, mais ils essaient d'être le plus neutre possible et il y a donc des moments où Erdogan peut paraitre sympathique et comme une victime. Le dessin est vraiment plaisant à regarder, c'est le style réaliste que j'aime retrouver dans un documentaire.