Les derniers avis (37873 avis)

Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Guerres & Dragons
Guerres & Dragons

Je ne partais pas convaincu par ce mélange des genres, mais j'avoue que je suis sorti de ma lecture plus que surpris et j'ai beaucoup apprécié ce premier tome. D'une, le dessin de Vax est de très bonne facture (mention spéciale pour ses dragons !!!), ensuite le scénario tient plus que très bien la route, pour une idée qui paraissait aussi casse gueule. Nicolas Jarry a su trouver les bons dosages pour son melting pot historico-fantastique avec des personnages intéressants et développé une relation humains/dragons qui fait sens. La narration coule de source grâce a un très bon découpage de Vax ; on se laisse prendre par ce récit au bout de quelques pages pour ne pas le lâcher avant la fin. Les scènes de batailles sont des plus réussies ! Bref, une très bonne mise en bouche ! *** Tome 2 *** Dans ce 2e tome, Nicolas Jarry nous propose de replonger dans les méandres de la première Guerre Mondiale en suivant le par cours de Frank Luke. Ce jeune cow-boy américain de 12 ans vois sa vie réduite à peu de chose après qu'un dragon ait englouti le troupeau familial et ruiné dans la foulée la famille. Frank ne rêve que de vengeance et s'engage donc dans le conflit européen qui vient d'éclater pour aller bouffer du dragon. On suit donc cet engagement et son évolution au sein de l'armée de l'air qui va l'amener à affronter l'un des plus terrible dragon qui sème la terreur sur les champs de bataille français... Je ressors un brin déçu par ce second tome, tant le 1er m'avait agréablement surpris. Pour le coup, la trame de cet opus reste un peu trop classique et prévisible. Côté dessin Léoni et Negrin assurent le contrat avec un trait réaliste qui fait le job et quelques très belles scènes de batailles aériennes. Bref, un tome qui ne casse pas des briques ; je passe la série à 3.5/5 en attendant de voir ce que le 3e donnera, en espérant qu'il sera plus dans l'esprit du 1er. *** Tome 3 *** Si le premier tome reste jusqu’ici le meilleur à mes yeux, ce 3e opus m'a quand même davantage intéressé que le précédent. C'est en effet l'originalité du contexte choisi qui m'a intéressé : la guerre civile angolaise qui a suivi l'indépendance officielle du pays en 1975, ancienne colonie portugaise. Je ne connaissais rien de cette transition, le fait est qu'elle s'est faite dans la douleur. Les indépendantistes s'éparpillaient déjà dans au moins 3 partis, quand la guerre civile a éclaté, ça ne s'est pas arrangé. C'est donc dans ce contexte que notre jeune héroïne va se retrouver embrigader par une des milices para-militaire (le MPLA) comme de nombreux enfants. Leur chef sème la terreur grâce au dragon qu'il contrôle, les récalcitrants finissant rapidement en en-cas ou calciné proprement... Mais notre jeune Anica, 13 ans ne compte pas faire carrière et réussit à s'enfuir ; elle a toujours en mémoire l'histoire du Kongamato que lui racontait son grand-père : une créature légendaire venait parfois se mettre au service des guerriers de son village lorsque le malheur frappait... Si l'histoire reste assez prévisible, elle n'en reste pas moins agréable, servie par un dessin efficace. Une bonne BD pop-corn. Je reste sur une notation globale à 3.5/5

17/04/2024 (MAJ le 16/11/2024) (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Walking Dead - Clementine
Walking Dead - Clementine

Je ne connais pas le jeux vidéo dont est tiré cette série et c'est la première série de Tillie Walden que je lis. J'avoue ne pas avoir été emballé plus que ça par ce premier tome qui nous propose de suivre la jeune Clémentine dans ce monde post apocalypse où les zombies pullulent (walkind dead quoi !). Déjà, l'introduction qui nous montre la fuite de Clémentine abandonnant le jeune AJ (si j'ai bien suivi c'est pour faire la transition entre la fin du jeu et le récit qui va suivre), franchement, ça paraît déjà peu vraisemblable ; allez hop ! Je me tire en abandonnant mon jeune meilleur pote pour aller "vivre ma vie" ! Quand on réalise en plus que notre Clémentine est amputée d'un pied et qu'elle caracole en béquille en milieu hostile (et je vous parle même pas de la neige qu'elle va affronter après !), on lui donne quand même des chances de survies toutes relatives... Mais bon, passé ce gros bémol, on la suit ensuite pour un périple audacieux. Elle croise le chemin d'un jeune Hamish très naïf et décide de faire un bout de chemin avec lui. C'est comme ça qu'il vont rencontrer un groupe d'ados qui a décidé de construire en haut d'une station de ski un camp pour se mettre à l'abri des zombies. Rien de très original, de nouveau ; l'intérêt va venir de la psychologie de ce groupe d'ados, heureusement. Côté dessin, si je ne suis pas particulièrement fan du coup de crayon de Tillie Walden, j'avoue apprécier les ambiances qu'elle arrive à poser. C'est sombre et angoissant à souhait pour un tel sujet. Je suivrai la suite plus par curiosité que par addiction. (note réelle : 2.5/5) *** Tome 2 *** Et bien comme quoi des fois il faut persévérer ! J'ai fini ce second volet en passant largement par dessus les réserves que j'avais émis après ma lecture du tome 1. Car c'est vrai qu’elle est attachante cette Clémentine. Faut dire qu'elle en bave ! Après leur fuite des montagnes, c'est cette fois sur une île que notre petite troupe va se poser pour nous proposer un quasi "huis-clos" sur ce nouvel Eden espéré. Et on a envie d'y croire pour eux... Mais forcément, rien ne se passe jamais comme espéré et nos ados vont encore en baver ! C'est l'occasion de découvrir de nouveaux personnages auxquels on s'attache, mais qui, comme souvent dans walking dead, ne feront pas tous de vieux os... Le tragique est toujours au rendez-vous ! Pour le coup, j'ai aussi du m'habituer au coup de crayon de Tillie Walden car j'ai d'autant plus apprécié son travail et surtout les ambiances qu'elle pose au fil des planches. C'est toujours aussi sombre, vaporeux et angoissant : parfait pour ce récit ! Il me reste maintenant à attendre la suite avec une certaine impatience ! (Je monte ma note à 4/5)

08/12/2023 (MAJ le 16/11/2024) (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Mission in the apocalypse
Mission in the apocalypse

Voici une nouvelle courte série post-apocalyptique prévue en 2 tomes. Haruo Iwamune nous propose de suivre le périple d'une jeune fille et de son drôle d'animal de compagnie (on dirait une sorte de Pikachu) à travers ce qui reste de la civilisation humaine. Son objectif est de tenter de retrouver des survivants et de décontaminer les zones qu'elle traverse. Mais les ruines qu'elle traverse semblent désespérément vides... On remarquera tout d'abord la splendide couverture que nous propose Delcourt, et qui donne très envie de découvrir ce qui se cache derrière. Une très belle invitation ! Bon, c'est loin d'être rose, l'humanité semble avoir été décimée par une virus assez radical, et notre jeune héroïne bien solitaire passe une grande partie de ses journées à incinérer les cadavres qu'elle découvre. Le dessin est agréable, surtout quand il s'agit des mornes ruines ou bâtisses qu'explore notre Saya Ishimitsu. On sent que l'auteur s'amuse et se plait à représenter de tels décors et leurs détails. Je suis par contre plus mitigé sur la représentation des visages que je trouve plutôt sommaires. Côté ambiance, on est plus proche de "Je suis une légende" que de Blame !. Le récit évolue au fil de courts chapitres qui ponctuent l'évolution de notre héroïne et qui nous font découvrir petit à petit son environnement. C'est assez lent, on est rarement dans l'action mais plutôt dans le contemplatif. Le résumé proposé "Une histoire où la solitude côtoie de somptueuses ruines" est des plus perspicace ! Reste qu'on aimerait qu'il se passe quand même un peu plus de choses ou que les révélations sur les points d'interrogations soient plus nombreuses ; la suite et fin du second tome nous en apprendra davantage je l'espère. *** Tome 2 *** Voilà un second tome qui m'a plu, même si ce n'est pas encore la fin comme je l'avais cru. On retrouve notre "jeune fille" et son familier qui arpentent les ruines de notre civilisation pour poursuivre leur mission de recherche d'être vivants et de décontamination. L'intrigue va se poser un assez long moment dans une bibliothèque où elle va faire la "connaissance" de la seule entité rescapée du secteur : un robot du genre Wall-E qui a lui pour mission de récupérer tous les ouvrages non restitués depuis la catastrophe. C'est assez cocasse, mais notre héroïne se prête au jeu et va l'aider dans son objectif tout en poursuivant le sien. C'est à cette occasion qu'elle va faire la rencontre de deux nouveaux protagonistes qui vont apporter de nouvelles perspectives à ce récit... J'ai beaucoup apprécié ces chapitres sur la bibliothèque et sur la symbolique de la conservation des savoirs qui en découlent. Haruo Iwamune distille questions et réflexions de façon subtile au fil d'un récit où l'ambiance l’emporte sur l'action, ce qui est assez rare dans les mangas. Son dessin reste égal et toujours aussi imposant dans ses décors de ville en ruine. Pour le coup, je suis vraiment curieux de découvrir la suite. Je monte ma note à 4/5

24/07/2024 (MAJ le 16/11/2024) (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Asile !
Asile !

À tous les châteaux tombés en ruine comme autant de rêves abandonnés. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, basée sur un fait historique. Sa première édition date de 2023. Il a été réalisé par André Houot pour le scénario et les dessins, et par Jocelyne Charrance pour la mise en couleurs. Il comprend quarante-six pages de bande dessinée. Son auteur a également réalisé les séries Chroniques de la nuit des temps (1987-1994, cinq tomes), Le Khan (1994-2004, six tomes avec Simon Rocca), Septentryon (2001-2004, cinq tomes), Le Mal (2006-2011, quatre tomes avec PY), Hamelin (2011), Le rendez-vous d’onze (2016), Puissant cheval était son nom (2020). C’était juste avant l’arrivée de l’illustre prisonnier. Barachin avait autorisé deux voyageurs à venir distraire ses hommes avec les légendes qui courent sur nos montagnes. Les gueux avaient hésité à entrer, tant est lugubre le château de Rochechinard. C’était une histoire de géants qu’ils étaient venus raconter. L’histoire d’un pacte scellé entre des hommes et des géants. Les choses se seraient passés en des temps si lointains que seuls quelques mythographes s’en seraient fait l’écho. Ainsi, les hommes de ces temps-là avaient réussi à faire comprendre aux géants ce qu’ils attendaient d’eux. Façonner toutes les pentes accessibles en abymes ou en à-pics afin d’en interdire l’entrée d’envahisseurs. En contrepartie de quoi, pendant cent hivers, ils s’engagèrent à approvisionner les géants. Près d’un siècle durant, le bruit de leur labeur résonna sur toute la région. Jusqu’à ce qu’un hiver brutal rendît impossible l’engagement des hommes. Du trou souffleur d’où s’échappait la fumée de leur feu, il ne sortit bientôt plus rien. Plus jamais personne n’entendit parler d’eux et on finit par les oublier. Pourtant, le blason s’accompagne toujours du soutien des géants. Preuve que leur histoire a traversé les époques, et qu’ils veillent toujours sur les seigneurs de Rochechinard en se tenant prêts à faire usage de la force si le besoin s’en faisait sentir. Mais pour poursuivre ce récit, les deux conteurs devront revenir car le soleil est passé derrière les monts. La nuit les prendrait en chemin de retour, sinon. En partant, ils indiquent aux soldats qu’ils reviendront avec deux ou trois danseuses pour leur tenir compagnie. Un soldat ajoute : Et pas farouches si possible. Dans une lettre adressée à Philippine de Sassenage, Barachin Alleman explique qu’il part aujourd’hui à la rencontre d’un prince qui vient d’un lointain empire. Il en aura la garde à compter de ce jour, mais comme le sait, il n’a pas l’âme d’un geôlier, et il pressent déjà derrière cette affaire de politique, une méchante histoire d’intérêts. On lui a promis sept couleuvrines pour la sûreté de son protégé, dont un puissant parent veut la mort. Il sait que le frère de Philippine, le baron d’Ostun, n’aime pas ses tours à canons derrière son dos, de ce côté-ci de la montagne, mais il va tout de même continuer de l’informer de cette aventure, et surtout lui redire qu’il l’aime. Le prince turc Djem, fils de Mehmet le conquérant, arrive sous bonne escorte au château de Rochechinard. L’illustration de couverture met en avant deux éléments narratifs : la procession qui escorte le prince turc vers le château, et l’imposante construction elle-même, sous un ciel nocturne. Le récit commence par une belle journée ensoleillée, mettant à l’honneur les contreforts ouest du massif du Vercors, dans les Préalpes. Le lecteur est instantanément séduit par la minutie de la représentation de ces pentes boisées abruptes : des traits très fins et précis, complétés par une mise en couleurs sophistiquée et riche, qui vient nourrir les multiples surfaces délicatement détourées, sans supplanter les traits de contour, un travail d’orfèvre. En page quatre, il jouit d’une vue saisissante sur les contreforts dans une vue dégagée s’étendant sur plusieurs kilomètres vers l’horizon, magnifique. Dans la page suivante, il contemple une petite portion desdits contreforts, en contreplongée, sous la neige. En page sept, il bénéficie d’une vue d’ensemble de la ville de Rochechinard, avec le cours d’eau du Ruisseau de la Prune, et les montagnes dans le lointain. Enfin en pages huit et neuf, il découvre le château vu de l’extérieur en arrivant par la route en terre, d’abord en se situant quelques dizaines de mètres en contrebas, ce qui met en valeur sa position sur une étroite plateforme rocheuse, puis de plus près juste avant le dernier tournant permettant d’arriver au pont en bois franchissant la dernière crevasse devant le portail. Dans la dernière page de bande dessinée, l’auteur dédie son ouvrage à, entre autres, tous les châteaux tombés en ruine comme autant de rêves abandonnés. Le lecteur ressent qu’André Rouot a repris le rêve de Rochechinard et a pris un immense plaisir à le rebâtir, le reconstituer dans les moindres détails pour en faire profiter tous les autres rêveurs amoureux des vieilles pierres en général, et des châteaux forts en particulier. Il se délecte à prendre le temps de pouvoir ainsi admirer cette forteresse reconstituée avec amour et minutie, dans ses moindres détails. Il admire la manière dont le dessinateur sait rendre compte de son positionnement sur cette plateforme étroite dans une pente abrupte. Il prend le temps d’examiner les murs, et il savoure chaque détail : chaque ouverture, chaque créneau, la forme des toitures, les tours, les portes, les passerelles en bois, le pont en pierre au-dessus du vide, une construction en bois adossée à une muraille, un balcon de bois, les fenêtres etc. C’est un enchantement à chaque vue, l’œuvre d’un passionné amoureux, avec une mise en couleurs naturaliste, qui vient renforcer les textures de pierre, de bois, un délice exquis. L’artiste ne représente jamais deux fois le château sous le même angle, un travail ayant nécessité un investissement colossal. Le lecteur se rend compte que Rouot a mis à profit les survols de la zone rendus possibles par les drones pour pouvoir reconstituer le château sous tous les angles possibles, en vue du ciel. La reconstitution historique rigoureuse s’étend également aux intérieurs, aux ustensiles, aux objets et autres outils. Là encore, l’artiste ne prend aucun raccourci, représentant systématiquement tout ce qui rentre dans le cadre de la case, en fonction de la séquence et du lieu. Ainsi le lecteur observe la grande salle de réception du château avec son plancher en bois, sa tapisserie accrochée derrière la table des seigneurs, la table elle-même toute simple (une planche posée sur des tréteaux), les différentes armes accrochées aux murs. Page après page, il suspend son regard pour voir l’abri en bois sous lequel se reposent des gardes, l’atelier du boucher, la chambre allouée au prince turc, les cuisines, la chapelle avec la grande croix du Christ, etc. L’artiste fait montre de la même implication et du même investissement pour représenter la demeure de Jacques de Sassenage (-1490), ou encore la ville de Romans dans laquelle se déroule les fêtes de Pentecôte, avec un tournoi de chevaliers en armure. Houot détaille avec la même rigueur chaque vêtement, chaque accessoire, que ce soit la tenue orientale du prince Djem, les robes de ces dames, les armures des chevaliers pour le tournoi, les uniformes plus simples des soldats du château, les grelots sur l’habit du conteur, son instrument de musique à corde, les harnais des chevaux, leur couverture d’apparat pour le tournoi, etc. Quelle richesse visuelle, quelle rigueur. L’intrigue comprend deux autres fils directeurs. Le premier à apparaître suit les légendes sur les géants ayant aidé les hommes à donner forme à cette région. L’artiste leur donne une apparence particulière, plutôt que des silhouettes génériques prêtes à l’emploi et sans âme, ce qui est cohérent avec l’approche graphique globale de cette bande dessinée. Dans un premier temps, le lecteur se dit que ces légendes arrivent comme un cheveu sur la soupe, sans rapport direct avec le séjour du prince turc, ou avec la construction du château de Rochechinard. Au fur et à mesure qu’il prend la mesure de l’intention de l’auteur vis-à-vis du château, il se rend compte de la pertinence d’évoquer le relief des lieux, et la deuxième partie du conte narrée dans la deuxième moitié du tome vient donner tout son sens à ce fil narratif, avec une dimension mythologique inattendue. Le troisième fil directeur réside dans le séjour du prince Djem, un fait historique authentique. L’auteur parvient à intégrer les éléments historiques nécessaires pour son arrivée dans ce lieu face sens, ainsi que les enjeux qui y sont liés. À travers lui, il évoque le poids de la politique et des stratégies d’alliance et de guerre qui façonnent la vie de cet homme, sans qu’il n’ait aucune prise dessus. Dans ces conditions, le lecteur comprend que cet homme puisse tomber facilement amoureux de la fille de Charles Alleman de Rochechinard (1435-1512), chevalier de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem. L’auteur traite raconte cette situation de manière adulte, sans romantisme romanesque, sans passion échevelée, respectant ce qui est connu de la réalité historique. Le lecteur admire la manière dont il entremêle son admiration pour le château, les contes de la région et ce fait historique, dans une narration savamment dosée et bien équilibrée. La couverture et le texte en quatrième de couverture se focalise sur le fait historique : le séjour d’un prince ottoman en 1482 dans le château de Rochechinard. Toutefois, ils ne préparent pas le lecteur à la fantastique reconstitution de ce château bâti sur un site exceptionnel, ni à la légende qui entoure cette région façonnée par des géants. Bouche bée, le lecteur se délecte des représentations du château, des contreforts des Préalpes, de la reconstitution historique de la vie de l’époque dans cette région du monde, tout en éprouvant une forte empathie pour ces êtres humains à la vie dictée par des forces historiques qui les dépassent.

16/11/2024 (modifier)
Couverture de la série L'Etoile du Désert
L'Etoile du Désert

Encore une série que j'ai acquise car faisant partie des immanquables de BDthèque ! Le premier diptyque, sorti en 1996, est centré autour de l'enquête de Matthew Montgomery, Haut-fonctionnaire au Ministère, suite à l'assassinat sauvage de sa femme et de sa fille dont il peine à comprendre l'origine (un dessin étant gravé au couteau sur le corps de sa fille). Le scénario, bien que classique, est suffisamment prenant pour que l'on aie du mal à refermer la BD avant de connaitre le fin mot de l'histoire. Mais c'est surtout par son ambiance dans la plus pure tradition des westerns que cette série sort du lot : les cow-boys aux gueules cassées sentent la sueur et les vapeurs d'alcool et la plupart des femmes jouent de leur charme dans des saloons miteux où la violence est omniprésente. Un seul reproche pourrait concerner le fait que cela se lit un peu trop vite et qu'hormis la chute finale qui peut légèrement surprendre, le reste de l'histoire est relativement linéaire et sans beaucoup de surprise. Côté dessin, le fait que le héros soit basé sur le visage de Sean Connery ne m'a pas dérangé outre mesure et j'ai particulièrement apprécié la dynamique du trait de Mariani. Le second diptyque se situe avant les deux premiers tomes et relate les événements ayant conduit "Étoile du désert" à être arrachée à sa terre natale puis vendue au plus offrant en tant que prostituée. Je dois dire que j'ai eu plus de mal à entrer dans ce second cycle sans trop savoir pourquoi. Le dessin et la colorisation de Labiano, que je trouve moins bons que dans le premier diptyque, expliquent peut-être en partie cela. Ce préquel s'achève toutefois de meilleure manière et j'ai particulièrement apprécié le parallèle entre l'héroïne "Étoile du désert", indienne dont la colonisation va lui être fatale, et Maria, fille de colon, ouvrant progressivement les yeux sur le sort réservé aux indiens par les blancs. Une série de très bonne facture sur laquelle pourront se jeter sans hésitation les amateurs de westerns classiques. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 14,5/20

15/11/2024 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série La Mythologie Viking
La Mythologie Viking

Un album au format comics avec une jolie jaquette, c'est elle qui a attiré mon regard. Les noms de Neil Gaiman et de Philip Craig Russel ont fini de me convaincre de repartir avec l'album. Deux noms associés à de nombreux comics. J'ai un faible pour tout ce qui touche à la mythologie, par contre je dois reconnaître être un peu creux sur la mythologie nordique. Évidemment je connais quelques dieux et les grandes lignes de leurs aventures. Je profite donc de l'adaptation du roman du même nom de Gaiman pour combler mes lacunes. Gaiman s'est appuyé sur des textes historiques pour réinterpréter avec malice ces contes et ces légendes. Et le résultat dépasse mes espérances. J'ai pris un grand plaisir à suivre les péripéties d'Odin, Thor, Freya, Tyr.... et du facétieux Loki. Un Loki bien différent de celui de l'univers Marvel. Une lecture captivante et enrichissante qui rétablira quelques vérités. Vous apprendrez pourquoi Odin est borgne, pourquoi le manche du marteau de Thor est si court, vous saurez tout sur les enfants de Loki et plus encore. Chaque chapitre se concentre sur une légende, des dieux qui ressemblent à de grands enfants, le tout sur un ton léger avec un soupçon d'humour. Jouissif ! Visuellement, c'est très beau. De Philip Craig Russel à Jill Thompson en passant par Mike Mignola ou Jerry Ordway, dans des styles très différents, ils font preuves de maîtrise tout en gardant une certaine harmonie graphique. Des couleurs lumineuses. Une mise en page dynamique. Que demander de plus ? En cadeau les superbes couvertures alternatives de David Mack. Vous voulez tout savoir sur la mythologie viking ? Alors cette série est faite pour vous. Une série qui commence par les origines du monde et qui se terminera par le ragnarök. Vivement la suite ! Tome 2. Un tome deux toujours aussi jouissif avec "l'hydromel des poètes" ou encore "les pommes d'immortalité". Un album au ton un peu moins léger, le ragnarök approche. Mais toujours aussi captivant à lire, sans oublier la petite pointe d'humour. Toujours cette harmonie graphique avec Matt Horak, Mark Buckingham, Gabriel Hernandez et Sandy Jarrel. Très beau dans des styles différents. Et toujours en bonus les magnifiques couvertures alternatives de David Mack Tome 3. Ce dernier volume conclut de bien belle manière les aventures des dieux nordiques avec la mort de Balder et le Ragnarök. C'est toujours aussi plaisant à lire, tout en s'instruisant. Visuellement, j'ai pris plaisir à retrouver David Rubin et Philip Craig Russel ainsi que de voir débarquer Colleen Doran. Un cahier graphique en fin d'album avec entre autres les superbes couvertures alternatives de David Mack. Malgré les nombreux dessinateurs aux styles différents, l'harmonie graphique est conservé pour mon plus grand plaisir. Très beau. Je ne peux que recommander chaudement cette série à ceux qui veulent découvrir la mythologie nordique.

05/07/2024 (MAJ le 15/11/2024) (modifier)
Par Emka
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Jours de sable
Jours de sable

Une BD qui prend le temps de raconter, de poser une ambiance, et de nous immerger dans une époque. L’histoire se déroule pendant les années 1930, en plein Dust Bowl, cette période où les tempêtes de sable ont ravagé les grandes plaines des États-Unis. On suit John, un jeune photographe envoyé par une administration fédérale US pour documenter la misère des fermiers, et très vite, son regard change. Ce qu’il pensait être un simple reportage devient quelque chose de plus personnel. Graphiquement, c’est superbe. Les dessins alternent entre des couleurs terreuses, presque étouffantes, et des moments de clarté qui donnent de l’air. Aimée de Jongh joue beaucoup sur les textures et la lumière pour retranscrire cette poussière omniprésente, cette lourdeur qui colle à la peau. Les portraits qu’elle croque sont saisissants, remplis d’humanité, et on sent son admiration pour les photographes de l’époque, comme Dorothea Lange, qui ont inspiré l’histoire. Le récit, lui, avance doucement mais sûrement. Ce n’est pas une BD qui mise sur les rebondissements, mais sur une progression intérieure. John commence par observer, puis il se heurte à des dilemmes : comment rendre justice à ces gens ? Comment raconter leur histoire sans les trahir ? Ces questions donnent toute sa force à l’album, en écho à notre rapport actuel aux images et à leur impact. C’est une lecture qui marque par sa sincérité. Elle ne cherche pas à faire grandiloquent, juste à raconter quelque chose de vrai, avec des personnages qui sonnent justes et des émotions qui restent. Une belle réussite, à la fois visuellement et narrativement.

15/11/2024 (modifier)
Par Emka
Note: 4/5
Couverture de la série Sa Majesté des Mouches
Sa Majesté des Mouches

Note 3,5 J'ai découvert Aimée de Jongh avec le très bon Jours de sable et la pensais bien en mesure de relever le challenge de cette adaptation graphique d'un texte culte. Assez fidèle au roman de Golding (dont elle a d'ailleurs gardé les textes tels quels, sans tous les prendre bien sûr), elle s’approprie le récit tout en jouant sur l’impact visuel, avec des dessins qui passent doucement d’une ambiance lumineuse et naïve à des tonalités sombres, rouges, pour accompagner la descente vers le chaos. Le trait est fluide, aéré, et rend la lecture facile sans pour autant simplifier le propos. Certaines planches marquent. C’est brutal sans en faire trop, laissant la violence s’installer sans la surjouer. De Jongh privilégie les non-dits, les silences, et ça fonctionne, même si je regrette un peu un côté édulcoré par rapport à l'original. Le choix de conserver certaines phrases clés du roman, tout en élaguant les passages les plus denses, donne une version allégée, qui perd un peu son essence, forcément. On retrouve les grandes questions sur la nature humaine du récit : la fragilité de l’ordre, et cette idée que, livrés à eux-mêmes, les hommes – même des enfants – peuvent sombrer. Mais l'ensemble perd quand même en tension dramatique par rapport à l'original, il faut bien le dire. C’est une adaptation fluide et efficace, qui permet de redécouvrir le texte sous un autre angle. Moins cru que le roman, mais une belle porte d’entrée dans cette histoire.

15/11/2024 (modifier)
Couverture de la série Oleg
Oleg

J'ai beaucoup aimé ce récit intimiste à caractère autobiographique de Frederik Peeters. Je dois dire que je me retrouve dans un grand nombre des observations que l'auteur fait à propos de la société qui l'entoure. J'ai particulièrement apprécié ses réflexion sur cette société sans limite qui s'infantilise dans une immédiateté éphémère. J'ai trouvé la construction du récit très fine et intelligente passant de l'imaginaire créatif à une réalité réduite et souvent déprimante. Peteers observe sans illusion cette accélération du changement de codes qui fragilise le socle commun. L'auteur a l'intelligence de ne pas porter de vain jugements de valeur mais au contraire se met au centre d'épisode humoristiques dans une autodérision très drôle ( la classe, les dédicaces). Les récits intimistes de certains auteurs de BD peuvent vite se montrer ennuyeux quand il s'agit d'une succession de beuveries, de soirée et de malheurs sentimentaux. Au contraire Peeters prend le contrepied de cette tendance en proposant la durée, la routine constructive ou la résilience devant l'adversité. Cela fait de lui et sa famille un ensemble de personnages très attachants et souvent touchants dans leurs tentatives de faire coïncider leurs aspirations existentielles aux contradictions issues de leur présence au monde. L'auteur nous propose un graphisme en N&B très travaillé incluant de nombreuses références en fonction des situations évoquées. Cette narration visuelle équilibre parfaitement le texte . C'est incisif et dynamique dans les deux cas comme si l'auteur avait eu le souci de ne pas privilégier l'une par rapport à l'autre. Il se présente ainsi comme une troisième voie entre un passé où l'écrit dominait et un avenir redouté où on ne saura plus faire trois phrases de suite. Cette narration graphique m'a paru un peu sombre en feuilletant le livre mais à la lecture cela correspond bien aux interrogations internes d'Oleg/Peeters. In fine c'est plutôt un beau message optimiste qui se dégage de cette étude sur l'amour long. Une belle lecture qui m'a touché.

15/11/2024 (modifier)
Par Emka
Note: 4/5
Couverture de la série L'Aigle sans orteils
L'Aigle sans orteils

L’Aigle sans orteils, c’est l’histoire d’une époque autant que celle d’un homme. Christian Lax nous plonge au début du XXe siècle, dans un monde où le vélo est encore une aventure, une folie réservée aux audacieux. On suit Amédée Fario, ouvrier sur les chantiers de haute montagne, qui décide de se lancer dans le Tour de France, porté par une ambition presque naïve mais terriblement humaine. Ce qui marque, c’est l’équilibre entre la petite histoire et la grande. Lax raconte l’évolution du Tour, ses débuts épiques où chaque étape ressemblait plus à une épreuve de survie qu’à une compétition. Mais il raconte aussi l’ouvrier, la rudesse de son quotidien, et ce besoin d’évasion qui passe par un vélo. C’est une BD qui parle de dépassement, mais aussi d’une époque qui bascule lentement vers la modernité. Graphiquement, c’est magnifique. Les traits sont précis, expressifs, et les paysages alpins, tout comme les scènes de peloton, prennent vie dans des tons doux, presque nostalgiques. On sent la poussière des routes, l’effort dans chaque coup de pédale, et la camaraderie comme les rivalités qui traversent le peloton. Lax a ce talent rare de raconter sans en faire trop. Les dialogues sont simples, justes, et l’émotion passe souvent par les regards ou les silences. Ce n’est pas une histoire grandiloquente, mais une chronique humaine, où chaque victoire, chaque défaite résonne avec quelque chose de plus profond. L’Aigle sans orteils, c’est une ode au cyclisme, mais aussi un hommage aux hommes de cette époque, à leur force, leur courage, et leur fragilité. Une BD qui laisse une belle empreinte, comme un dernier virage avant la ligne d’arrivée.

15/11/2024 (modifier)