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Couverture de la série Pluto
Pluto

Pluto est une œuvre magistrale qui réinvente l’univers d’Osamu Tezuka d’une manière brillante et émotive. Inspiré de l’arc “Le Robot le Plus Fort du Monde” d’Astro Boy, ce manga prend un tournant sombre et profond, en explorant des thèmes de l’humanité, de la conscience et de la justice à travers les yeux des robots et des humains. L’histoire suit Gesicht, un détective robot, qui enquête sur une série de meurtres mystérieux impliquant des robots influents. Peu à peu, il découvre que ces meurtres sont liés à des événements plus vastes, mettant en jeu la nature même de ce que signifie être vivant. Ce manga m’a beaucoup fait penser à l’univers du jeu Detroit: Become Human, notamment au personnage de Connor, le détective androïde. Comme Gesicht, Connor est un robot qui cherche à comprendre son rôle dans un monde où les humains commencent à douter de la véritable nature des machines. Dans Pluto, tout comme dans Detroit: Become Human, on explore cette frontière floue entre l’humain et le robot, et la quête de conscience et d’identité des machines. Les dilemmes moraux de ces personnages, qui cherchent à comprendre leur place dans le monde, sont un thème central des deux œuvres. L’un des points forts de Pluto est la manière dont Urasawa parvient à donner de la profondeur à ses personnages, notamment les robots, qui sont loin d’être de simples machines. Ils sont traités avec humanité, et leurs dilemmes existentiels ajoutent une richesse émotionnelle rare dans les récits de science-fiction. Les thèmes de la conscience, de la souffrance et de la perte sont explorés avec beaucoup de subtilité et de sensibilité. Le dessin est d’une grande finesse, avec des scènes d’action intenses et des moments très touchants. L’univers créé par Urasawa est à la fois futuriste et profondément humain, et chaque chapitre nous immerge un peu plus dans cet univers complexe et fascinant. En résumé, Pluto est un manga qui mélange parfaitement science-fiction, réflexion philosophique et émotion. Si vous aimez les récits intelligents, profonds et bouleversants, ce manga est un incontournable, même si certains aspects peuvent paraître un peu trop lents par moments.

26/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Gunnm
Gunnm

Gunnm est un manga qui m’a totalement immergé dès le début. L’histoire suit Gally, une cyborg amnésique retrouvée dans une décharge, qui se réveille sans aucun souvenir de son passé. Alors qu’elle cherche à comprendre qui elle est, elle se découvre des capacités incroyables et se trouve plongée dans un monde brutal où la violence est omniprésente. Ce qui rend Gunnm si captivant, c’est avant tout son personnage principal, Gally. Sa quête d’identité, son évolution et ses combats internes sont traités avec une grande profondeur, ce qui la rend incroyablement attachante. Le manga explore des thèmes puissants comme l’humanité, la rédemption et le sens de la justice, tout en nous plongeant dans un univers cyberpunk fascinant, où la frontière entre l’homme et la machine est floue. Les scènes d’action sont saisissantes, avec des combats intenses et bien dessinés, mais ce qui fait vraiment l’intérêt de l’œuvre, c’est la réflexion qu’elle suscite sur la condition humaine et la violence. Le monde de Gally est impitoyable, et chaque nouveau chapitre nous dévoile un peu plus de sa complexité. En résumé, Gunnm est un manga qui mêle à la fois action palpitante et réflexion sur l’identité et l’humanité. Si vous aimez les récits de science-fiction profonds avec des personnages complexes et un univers riche, ce manga est un incontournable.

26/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Death Note
Death Note

Death Note est un manga que j’ai dévoré du début à la fin. L’histoire suit Light Yagami, un lycéen brillant qui tombe sur un cahier mystérieux, le Death Note, capable de tuer quiconque y est écrit. Ce pouvoir va totalement transformer sa vie et le pousser à mener une quête pour éliminer les criminels, tandis qu’il se retrouve face à un détective, L, un génie aux méthodes très différentes. Ce qui rend Death Note vraiment unique, c’est la tension qui s’installe entre Light et L. Leur duel d’intelligence est fascinant, et chaque décision qu’ils prennent a des conséquences énormes. Le manga soulève des questions profondes sur la justice, le bien et le mal, et la moralité. C’est l’un de ces récits qui vous fait réfléchir tout en vous tenant en haleine. Les personnages sont extrêmement bien développés, et les rebondissements sont tellement bien pensés qu’on ne voit jamais venir ce qui va se passer. Light, en particulier, est un personnage complexe et son évolution au fur et à mesure de l’histoire est vraiment marquante. En résumé, Death Note est un manga qui vous prend dans son univers dès les premières pages et ne vous lâche plus. Si vous aimez les récits où le suspense est à son comble et où chaque choix fait réfléchir, alors ce manga est absolument à lire.

26/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Parasite
Parasite

Parasite est un manga qui se distingue par son originalité et sa profondeur. L’histoire suit Shinichi, un lycéen ordinaire, dont la vie bascule lorsqu’un parasite extraterrestre, Migi, prend possession de sa main droite. Ce qui rend leur relation fascinante, c’est que contrairement aux autres parasites qui contrôlent totalement leurs hôtes, Migi et Shinichi doivent apprendre à coexister. Cette dynamique donne lieu à des moments de tension, de complicité et d’évolution constante entre les deux personnages, rendant leur lien à la fois complexe et captivant. Ce qui fait la force de Parasite, c’est sa capacité à mêler action intense, suspense et réflexion profonde. Au fil des chapitres, le manga ne se contente pas d’offrir des scènes de combats spectaculaires. Il pousse également à une réflexion sur des thèmes aussi variés que la survie, l’identité, la morale et l’écologie. Ces questions sur la nature humaine et notre place dans l’univers sont abordées de manière subtile, ajoutant de la profondeur à une histoire qui, au départ, semble se concentrer uniquement sur l’horreur et l’action. Les personnages sont très bien développés, en particulier Shinichi, qui subit une évolution marquante au fur et à mesure de son interaction avec Migi. Cette transformation soulève des questions sur l’humanité, et on se demande constamment jusqu’où il est prêt à aller pour survivre. Le manga propose également de nombreux rebondissements qui tiennent le lecteur en haleine, l’obligeant à tourner les pages avec impatience. L’aspect graphique, bien qu’un peu daté, sert parfaitement l’ambiance du manga. Les dessins, parfois bruts, renforcent l’aspect sombre et intense de l’histoire, tout en mettant en valeur les moments de violence et de tension qui rythment le récit. En résumé, Parasite est un manga passionnant et intelligent, qui combine action, réflexion et personnages complexes. Si vous recherchez une œuvre qui vous captivera du début à la fin, tout en vous faisant réfléchir sur des sujets profonds, ce manga est un incontournable.

26/01/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Double 7
Double 7

L’intrépide légion Condor écrase vaillamment Madrid assiégée, sous un tapis de bombes. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. L’édition originale date de 2018. Il a été réalisé par Yann (Yann Le Pennetier) pour le scénario et par André Juillard (1948-2024) pour les dessins et la mise en couleurs. Il comprend soixante-quatre planches de bande dessinée. Il s’ouvre avec une introduction de quatre pages sur la guerre d’Espagne (1936-1939), comprenant une colonne de texte par double page, et des esquisses de l’artiste. Ces deux créateurs ont précédemment collaboré pour Mezek (2011), un récit évoquant des pilotes de l’armée Israélienne aux premiers jours de l’état d’Israël en 1948. Hiver 1936… Comme chaque jour, désormais, l’intrépide légion Condor écrase vaillamment Madrid assiégée, sous un tapis de bombes. Dans la rue, les civils courent pour essayer de trouver un abri. Un homme d’une cinquantaine d’années constate qu’ils pilonnent Carabanchel et la cité universitaire. Une femme lui répond que ça veut dire que ces chiens de phalangistes s’apprêtent à donner l’assaut aux braves miliciens qui tiennent toujours le parc Casa de Campo. L’homme répond qu’il paraît que les Regulares marocains ont investi le quartier d’Argüelles, ou ce qu’il en reste. La mère de famille se lamente : si ces barbares s’emparent de Madrid, ils vont violer toutes les femmes et les éventrer comme des animaux, comme ils l’ont fait à Badajoz ! Un de ses garçons demande si les Moscas vont bientôt arriver et venir chasser les autres avions. Le monsieur explique que Mouche est le surnom donné aux petits chasseurs soviétiques offerts par Staline pour défendre la liberté espagnole. La femme demande : Depuis quand un pays offrirait-il si généreusement avions et pilotes à de pauvres pouilleux d’Espagnols, abandonnés de tous ?! Elle ajoute : Ces lâches de Français craignent trop Hitler pour les aider. À quelques mètres d’eux, une bombe fait tomber un pan de mur. Du nuage de poussière qui a envahi la rue, émergent Ernest Hemingway et Martha Gellhorn. L’homme âgé leur suggère de rester à l’abri dans les caves de l’hôtel Florida avec les autres journalistes. L’écrivain et reporter de guerre lui explique que c’est hors de question. La mère de famille leur enjoint d’aller se mettre à l’abri car les trois veuves reviennent. Hemingway explique que c’est le surnom des bombardiers de la légion Condor, car ils arrivent toujours par groupes de trois. Ils se mettent à marcher rapidement vers Salamanca, le quartier de Madrid qui n’est jamais bombardé parce que… c’est le plus beau des quartiers bourgeois de Madrid. Les traîtres nationalistes et les familles des amis de Franco y résident. Hemingway ironise que les fascistes ont inventé le bombardement de classe. Enfin les Moscas apparaissent dans le ciel. Sur les toits, un groupe de miliciens voient les avions fascistes décamper, mais les franquistes sont toujours là et continuent de leur tirer dessus. Lulia Montago prend le risque de passer de toit en toit pour lancer une grenade dans la pièce où ils se tiennent. Second album pour ce duo de créateurs, et ils choisissent à nouveau un endroit et un moment de l’Histoire très précis : la guerre d’Espagne (ou guerre civile espagnole) qui a opposé le camp des républicains aux rebelles putschistes menés par le général Franco. En fonction de sa connaissance historique du sujet, ou de sa méconnaissance, l’introduction de l’auteur s’avère plus ou moins précieuse, en particulier en rappelant les termes du soutien de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) aux républicains. Le lecteur effectue rapidement le constat que les personnages sont amenés à expliquer une facette de la situation à leur interlocuteur, à chaque conversation ou presque. Les dialogues sont menés de manière naturaliste, tout en apportant une forte densité d’informations. De ce point de vue, le récit comprend une dimension pédagogique. De l’autre, il faut avoir quelques notions pour resituer l’importance de certains personnages ayant réellement existé comme Ernest Hemingway (1899-1961) correspondant de guerre, Martha Gellhorn (1908-1998) également correspondante de guerre. Pour replacer des personnages uniquement évoqués comme Francisco Franco (1892-1975) et Andreu Nin (1892-1937). Et pour bien situer les différentes organisations évoquées : le NKVD (Commissariat du peuple aux Affaires intérieures), le POUM (Partido Obrero de Unificación Marxista, parti ouvrier d'unification marxiste), la CNT (Confederación Nacional del Trabajo, Confédération nationale du travail), le SIM (Service d’investigation militaire espagnole), la légion Condor, les Mujeres Libres. Il est également fait référence aux massacres de Paracuellos ('assassinat de plusieurs milliers de prisonniers politiques et religieux) et à un bombardement d’une ville basque espagnol (opération Rügen). Comme pour Mezek, le récit s’inscrit dans une veine réaliste et descriptive, avec des explications régulières sur les enjeux à l’échelle des personnages, tant pour l’intrigue que pour les dessins. Le scénariste colle à la chronologie des événements avec un ou deux aménagements pour un effet dramatique (par exemple la date d’arrivée d’Hemingway à Madrid légèrement anticipée) et le dessinateur effectue un impressionnant travail de reconstitution historique, minutieux et détaillé. Il s’inscrit dans le registre de la ligne claire, avec quelques petits plus comme des ombres pour certains personnages, et une mise en couleurs qui intègre des nuances de teinte dans une même surface au lieu de s’en tenir à de stricts aplats. L’artiste a fort à faire pour parvenir à une reconstitution tangible et solide : les tenues vestimentaires, les uniformes militaires, les bâtiments et les rues de Madrid, la base aérienne militaire, les armes à feu, les avions. Ils apparaissent dans le ciel dès la première page avec le bombardement de la capitale, et une première bataille aérienne de la page 14 à la page 17, parfaitement lisible. La seconde se déroule plus rapidement sur deux pages, 44 & 45, tout aussi facile à suivre. Un Stuka lâche une bombe sur un véhicule blindé en pages 62 & 63. Les bombardiers ne sont pas représentés lors de la destruction de Guernica, le plan de prise de vue restant au sol. Le lecteur ressent la densité d’informations apportées par les dialogues, sans forcément se rendre compte qu’il en va de même pour la narration visuelle, dont la clarté remarquable donne l’impression d’une lecture immédiate et facile. Pour autant, il lui suffit de de quelques scènes pour prendre conscience de l’élégante habileté du dessinateur. L’action d’éclat de Lulia Montago pour lancer une grenade dans la pièce où se trouvent des tireurs franquistes semble évidente et plausible, alors qu’elle saute de toit en toit, en prenant en compte les angles de tir des ennemis, et la couverture que lui assurent les tireurs de son groupe. La discussion risquée entre deux officiers russes dans une des cabines d’un navire apparaît naturelle tout en restant visuellement intéressante, alors qu’ils sont assis sur leur chaise, parce que leur langage corporel évolue en fonction de la conversation, ainsi que les expressions de leur visage, alors qu’ils fument et boivent dans le même temps. Impossible de résister aux postures de Roman Kapulov exprimant un comportement insolent face au commissaire politique Fridiatov. La scène dans le bar Chicote mêlant clients habitués, les trois pilotes (Frank Tinkbaum, Roman Kapulov et Jean Dary, surnommés les trois mousquetaires), les membres de la brigade de la Mort, des bonnes sœurs, un cinquantenaire indigné refusant de se soumettre, puis l’irruption des femmes de l’association Mujeres Libres est d’une lisibilité épatante, grâce à une gestion experte du nombre des intervenants et de leur placement. Le lecteur garde longtemps en souvenir Lulia Montago agenouillée sur la berge d’une rivière pour faire la lessive, humiliation terrible pour cette combattante, malgré la luminosité d’une belle journée. André Juillard maîtrise tout autant les scènes d’action, et le lecteur a encore en tête la course-poursuite en automobile sur une route déserte. La reconstitution historique occupe donc une place importante, centrale même, dans l’intrigue dont le déroulement dépend entièrement de cette situation complexe entre plusieurs belligérants aux objectifs très disparates. Les personnages subissent l’Histoire, tout en en étant les acteurs. Comme dans Mezek, l’auteur met en scène que les forces armées comptent également des étrangers motivés par des raisons diverses, chacun avec leur histoire personnelle. Au vu de la couverture, le lecteur s’attend à une belle histoire d’amour (qui finirait peut-être mal) entre la républicaine espagnole et le pilote militaire russe. Ils se rencontrent pour la première fois en page 34, et la seconde en page 42. Leur histoire d’amour s’avère assez restreinte en termes de pagination, à la fois réaliste, et à la fois avec une composante romantique. Elle fait écho à celle de Frank Tinkbaum dont l’amoureuse l’a poussé à s’engager. Dans un parallèle né de l’opposition, le lecteur associe également la nudité de Roman Kapulov lors d’ébats avec Lulia, à celle de Tinkbaum alors qu’il est torturé, les auteurs mettant ainsi en avant comment des circonstances incontrôlables emmènent les individus dans des directions opposées. Le récit met également en scène comment les petits chefs se sentent légitimes pour imposer des ordres s’apparentant à des brimades, entre mesquinerie et sadisme. Il fait apparaitre les conséquences de la politique de Joseph Staline (1878-1953) sur le peuple espagnol, et à quel point les idéaux sont dévoyés. Un récit très ambitieux présentant un moment de la guerre civile espagnole avec les enjeux correspondants, une histoire d’amour. La narration visuelle effectue un travail colossal de reconstitution, de direction d’acteurs, de mise en scène de moments d’échanges et de moments d’action, avec une lisibilité exemplaire. Le scénariste développe également une histoire d’amour, la particularité de chaque protagoniste impliqué, leurs motivations personnelles, l’incidence de la politique de Staline, la présence de la presse étrangère, le financement des armes, etc. Une grande réussite.

26/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Dans la forêt - d'après le roman de Jean Hegland
Dans la forêt - d'après le roman de Jean Hegland

Une adaptation bouleversante et empreinte de poésie Avec Dans la forêt, Lomig offre une adaptation saisissante du roman de Jean Hegland, à la fois fidèle et profondément personnelle. L’histoire de ces deux sœurs, isolées dans une maison en pleine forêt après l’effondrement de la civilisation, est un récit bouleversant sur la survie, l’amour familial et notre lien à la nature. Au-delà de la tension et des épreuves qu’affrontent les personnages, cette bande dessinée nous invite à réfléchir sur notre mode de vie et sur l’importance de se reconnecter à l’essentiel : la nature, nos racines, et ce qui nous nourrit véritablement. La forêt, omniprésente, devient un personnage à part entière, à la fois protecteur et indifférent, sublimé par les magnifiques dessins en noir et blanc de Lomig. Le choix graphique, tout en sobriété, renforce l’intensité du récit. Les traits épurés et les jeux d’ombres et de lumières capturent à merveille la beauté et la rudesse de ce retour à l’état sauvage. Dans la forêt n’est pas seulement une adaptation réussie, c’est une œuvre profondément actuelle, qui nous questionne sur notre rapport à l’écologie, à la modernité et à la résilience humaine. Une lecture puissante, qui reste en tête longtemps après la dernière page.

26/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Walking Dead
Walking Dead

Un chef-d’œuvre du genre post-apocalyptique The Walking Dead, c’est bien plus qu’un simple comics. C’est une œuvre qui m’a complètement happé, une plongée dans l’horreur et l’humanité la plus brute. Ce qui rend cette série si incroyable, ce sont les personnages : ils sont tellement humains, avec leurs forces, leurs failles, leurs erreurs… On s’attache à eux, on souffre avec eux, et parfois, on est dévasté par leurs pertes. Les relations sociales et les dilemmes moraux sont au cœur de l’histoire, et c’est ce qui m’a le plus touché. Ce n’est pas juste une histoire de zombies, c’est une réflexion sur ce que signifie survivre dans un monde où tout s’effondre. Le noir et blanc renforce cette immersion : il donne une ambiance sombre, réaliste, et chaque dessin de Charlie Adlard est chargé d’émotion et de tension. Les morts sont brutales, imprévisibles, et elles nous rappellent constamment que personne n’est à l’abri. Franchement, je manque de mots pour décrire à quel point cette série est exceptionnelle. C’est une œuvre qui reste en tête longtemps après l’avoir lue. Pour moi, The Walking Dead est incontournable, que vous soyez fan de comics ou non.

26/01/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Aux soirs de grande ardeur
Aux soirs de grande ardeur

Passionné d’Histoire et d’archéologie, Nicolas Puzenat prend soin de le préciser au début du livre, « Aux soirs de grande ardeur » est avant tout un récit de fiction qui ne recherche pas l’exactitude historique, et on lui sait gré de cette honnêteté ! Pour cela, il s’est tout de même inspiré des travaux des spécialistes pour raconter cette histoire qui se déroule pendant la révolution néolithique, où l’humanité découvrait l’agriculture et l’élevage, abandonnait le nomadisme pour se sédentariser. Il sera difficile de ne pas faire le rapprochement avec son diptyque Mégafauna, qui était davantage une uchronie médiévale fantaisiste. Comme pour son prédécesseur, « Aux soirs de grande ardeur » permet à son auteur d’y développer plusieurs thématiques sur la manière dont fonctionne une société humaine, notamment avec sa hiérarchie, ses croyances et ses mythes. De ce point de vue, c’est assez crédible, et l’ouvrage souligne amèrement que le pouvoir a toujours été voué à la corruption et d’abord dans l’intérêt de ceux qui le détiennent avant celui de leurs citoyens. Mais le récit est aussi une histoire d’amour mettant en scène Manakor, cette jeune servante un peu potelée qui fantasme secrètement sur son maître Kaal, qui, quant à lui, semble totalement indifférent à ses suppliques silencieuses. Sous les conseils toxiques de sa chuchoteuse, qui n’est autre que sa grand-mère, Manakor va devoir faire la part des choses en faisant davantage confiance à sa propre intuition. Car c’est ici l’élément fantastique du récit, une croyance selon laquelle les humains ont tous leur chuchoteur dédié, sorte de fantôme d’un ancêtre ou d’un parent représentant cette petite voix intérieure qui nous est tant familière, mais qui dans le récit apparaît comme négative et illustre bien la façon dont peuvent naître les superstitions. Quant à la « potentielle » histoire d’amour, d’abord à sens unique, elle va évoluer vers une sorte de triangle amoureux, avec l’irruption de la jeune nomade Ferline, amante secrète de Kaal, dès lors que l’incendie de forêt obligera les habitants à quitter la cité. Et c’est un autre élément qui servira de toile de fond à l’histoire : un énorme incendie qui ravage la forêt environnante et sera le catalyseur d’une quête initiatique pour Kaal et sa servante. On serait bien tenté de faire un rapprochement avec les « mégafeux » qui se manifestent de plus en plus fréquemment dans notre monde actuel — notamment les plus récents qui ont dévasté des quartiers entiers de Los Angeles — en les voyant comme le symptôme d’un bouleversement de la société. Dans le livre, c’est le nomadisme qui se confronte à la sédentarisation (on peut juste supposer que l’incendie est un acte malveillant de la part de ceux qui désapprouvent l’arrivée du progrès puisque cela n’est pas dit explicitement) pour déboucher sur l’ère néolithique. Dans notre réalité, les effets du changement climatique menaçant de plus en plus le confort de nos sociétés, pour déboucher sur... l'avenir reste trop indécis pour le dire. Mais ne nous égarons pas… Le dessin de Nicolas Puzenat reste toujours aussi fouillé, avec force détails sur l’architecture, les outils, les armes et les parures en usage il y 10 000 ans. On apprécie beaucoup son côté « artisanal », antithèse d’un certain académisme un peu lisse que l’on vérifie souvent dans la bande dessinée, qui amène beaucoup de fraîcheur à la narration. On relèvera également l’effort sur la mise en couleur, en particulier dans la représentation des paysages forestiers, indifférents et pourtant fragiles face à la menace du feu. Si la narration est peut-être un peu moins prenante que Mégafauna, elle reste plutôt bien menée, sous la loupe du conteur qu’est Nicolas Puzenat. La conclusion arrive comme une ode à la liberté, après un parcours semé d'embuches et non des moindres, où l’on découvrira une Manakor littéralement transfigurée, résultat d’une quête initiatique accomplie.

25/01/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Intranquille monsieur Pessoa
L'Intranquille monsieur Pessoa

Mens agitat molem. - Ce tome contient une histoire complète, de nature biographique. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Nicolas Barral pour le scénario, les dessins et les couleurs, avec la participation Marie Baral pour les couleurs. Il comprend cent-trente-et-une pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec une introduction de Simño Cerdeira. Il se termine avec une photographie de la malle remplie de manuscrits de l’écrivain, et une page comprenant une bibliographie recensant trois ouvrages sur l’écrivain, et huit ouvrages de l’écrivain, ainsi que la liste des ouvrages de Barral chez le même éditeur et chez d’autres éditeurs. Lisbonne, en 1935, Fernando Pessoa est en consultation chez son médecin qui lui annonce que son foie est très abimé. Le poète regarde le chantier de la cathédrale Sainte-Marie-Majeure. Il demande au docteur s’il a déjà pris l’ascenseur. Il explique que celui-ci a été créé par un ingénieur français, Raoul Megnier, et appartient à la compagnie des tramways électriques. Il dessert le Largo du Carmo. Le billet pour accéder tout en haut est un cher, mais quel panorama ! Le médecin ne se laisse pas distraire : il indique qu’il est très sérieux et qu’il va falloir qu’il hospitalise Pessoa. Ce dernier lui répond qu’il doit lui faire une confidence : il est immortel. Le médecin ne s’en laisse toujours pas conter et il ajoute qu’en attendant il adresse l’écrivain à un confrère à l’hôpital Saint-Louis des Français, il lui conseille de prendre ses dispositions. Pessoa sort du cabinet, et il salue un homme habillé de tout de noir dans la salle d’attente. En descendant dans l’escalier, il tousse et crache un peu de sang dans son mouchoir. Il sort dans la rue, et il marche sur le motif pavé de vagues de la place du Rossio. Son esprit se met à vagabonder. Fernando Pessoa se souvient d’un épisode de son enfance, en 1936 sur un navire de ligne au large du cap de Bonne Espérance. Il était dans une cabine avec sa mère et elle lui lit une histoire pour l’endormir : celle du chevalier de Pas qui plonge dans les douves pour échapper aux gardes du château, et qui reste sous l’eau en utilisant un roseau pour respirer. Le jeune garçon s’endort paisiblement en suçant son pouce. La mère va s’assoir sur le lit en face, regarde le portrait d’un homme qu’elle a sorti de ses affaires, et sort un calepin où elle écrit un court poème destiné à cet homme. Puis elle prend son châle, et elle sort prendre l’air. Le bruit de la porte réveille Fernando et il lit le poème d’amour. Il déchire le poème car il comprend qu’il est destiné au nouvel amoureux de sa mère alors qu’elle avait promis de n’aimer qu’un seul, son défunt mari, le père de Fernando. La mère rentre dans la cabine à ce moment et elle est prise de colère. Elle récupère la feuille déchirée, et elle jette le ballon de son fils par le hublot. Geste qu’elle regrette immédiatement et elle demande pardon à son fils. 28 novembre 1935, à Lisbonne au petit matin, dans la salle de rédaction du Diario de Lisboa, le rédacteur-en-chef M. Da Silva comprend qu’il va falloir rédiger une nécrologie. Il la confie à Simão Cerdeira. Fernando Pessoa (1888-1935), écrivain et poète portugais : pas forcément un auteur connu du lecteur, une référence dans son pays d’origine. En fonction de sa familiarité avec cet auteur, le lecteur comprend immédiatement que le récit commence à quelques jours de son décès, et il constate qu’il revient en arrière de temps à autre. Il apparaît plusieurs personnages au temps présent : Pessoa lui-même, Simão Cerdeira un jeune pigiste et écrivain débutant, qui va à la rencontre de personnes ayant connu le grand homme, Rosa la secrétaire du journal Diario de Lisboa, Henriqueta Nogueira la sœur de Fernando Pessoa, et quelques personnages plus secondaires comme son barbier, M. Da Silva rédacteur-en-chef du quotidien, ou Artur Portela qui a connu Pessoa, le ministre António Ferro (1895-1956), la jeune secrétaire Ofelia Queiroz. Dans le passé, apparaissent rapidement la mère de Fernando, les amis avec lesquels il a fondé la revue Orpheu, le second époux de sa mère. Le lecteur ne prête pas forcément attention au monsieur dans la salle d’attente du médecin. Il est représenté avec la même approche réaliste que les autres personnages : un visage un peu simplifié pour en faciliter la lecture et l’identification, une morphologie tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Il est surpris de le retrouver en page cinquante-cinq alors que Pessoa se promène dans un cimetière. Le récit s’ouvre avec un dessin qui occupe les deux tiers de la page, sous le rappel du titre : une vue du sommet de l’échafaudage qui entoure le sommet d’une des deux tours de la cathédrale en rénovation, et une vue des derniers étages et des toits de ce quartier de Lisbonne. L’artiste prend soin de représenter la ville telle qu’elle était à cette époque, avec une approche descriptive et réaliste : les motifs du pavage de la place du Rossio, différentes rues de Lisbonne avec son tramway, un café, les installations portuaires, un grand parc, les quais, un cimetière, la cathédrale, et plusieurs intérieurs comme l’appartement de Pessoa, le cabinet du docteur, la salle de rédaction du Diario de Lisboa, une chambre d’hôpital, etc. Ces dessins peuvent devenir très détaillés pour insister sur un élément : par exemple, la métallerie de la construction permettant d’accéder à la tour de la cathédrale. Il fait preuve du souci de l’authenticité historique, à la fois dans les éléments urbains, à la fois dans les accessoires de la vie quotidiennes et dans les tenues vestimentaires. Le dessinateur utilise des traits de contour pour délimiter les personnages et les éléments du décor, avec une épaisseur parfois un peu plus appuyée, et un souci de lisibilité, de ne pas surcharger les cases. Il réalise une mise en couleurs naviguant entre le réalisme et une approche plus impressionniste, en particulier pour accompagner Pessoa et ses états d’âme, restreignant alors sa palette majoritairement des tons ocre et marron. Il fait preuve d’une sensibilité particulière pour la direction d’acteurs, en particulier pour le langage corporel du poète qui apparaît comme fragile et précautionneux, posé et mesuré. Dès le départ, le lecteur apprécie la place laissée à la narration visuelle. Il remarque que la troisième planche est muette, laissant ainsi les dessins porter toute la narration. L’auteur a ainsi réalisé vingt-quatre planches muettes, avec des moments insoupçonnables comme une filature (Simão Cerdeira emboîtant le pas à Pessoa pour savoir où il se rend), et une tuerie à l’arme à feu dans cette structure métallique autour de la cathédrale. Le dessinateur met à profit des dispositifs visuels comme le motif du pavage qui rappelle les vagues à Pessoa, suscitant ainsi la remontée d’un souvenir d’enfance. Ou encore la possibilité d’inclure un personnage fiction, le chevalier Pas se tenant aux côtés de Fernando enfant. La mystérieuse présence de papillons virevoltant dans la chambre de son appartement : entre symbole et métaphore de la manifestation de l’inspiration et de la liberté fragile de création. Des pages où la mise en couleurs se restreint à des teintes bleutées correspondant à des scènes dans le passé. Ou encore la vie d’un personnage de fiction, Bernardo Soares, représenté dans le même registre réaliste que celle de Fernando Pessoa, l’auteur. Soucieux de la compréhension de son lecteur, l’auteur fait expliquer la notion d’hétéronyme par Artur Portela à Simão Cerdeira. Le lecteur se souvient alors de l’homme dans la salle d’attente du médecin. Dans un premier temps, la démarche de l’auteur apparaît comme étant de relater les derniers jours de l’écrivain, de le mettre en relation au regard des personnes qu’il côtoie. Dans un second temps, le lecteur comprend que la scène en 1936 du voyage en bateau, celle de la rencontre avec Ofelia Queiroz, ou encore d’un repas de famille correspondent à des moments que Nicolas Baral a jugés comme déterminant dans la vie du poète, à la fois dans la construction de sa personnalité, à la fois dans sa vocation d’écrivain et de ce qu’il souhaite exprimer. Dans un troisième temps, il saisit également leur fibre psychanalytique, particulièrement émouvante concernant le ballon jeté par le hublot en page quatorze, un acte qui traumatise le jeune garçon comprenant que sa mère le punit en lui faisant mal. Toutefois en page soixante-six, Pessoa entreprend d’expliquer l’importance de la littérature à son barbier, en lui demandant de décrire un ballon, ce qui apporte une tout autre perspective audit traumatisme. En page trente-deux, Artur Portal explique la notion d’hétéronyme à Simão Cerdeira, une marque de fabrique de l’écrivain. Ainsi le lecteur néophyte peut comprendre ce qui se joue au cimetière, puis dans plusieurs scènes après. L’auteur met ainsi en scène les déclarations mêmes de Pessoa quant à la réalité de ces hétéronymes, ce qui a pour effet de donner à voir au lecteur ce pan de sa vie tel que l’écrivain lui-même le ressent. Avec ces différentes composantes, ce récit biographique amalgame les faits avec la vision d’auteur de Fernando Pessoa, et sa méthode d’écriture. Les auteurs de bande dessinée biographique naviguent entre la transcription factuelle et académique des faits, parfois alourdie par de copieux cartouches, et une interprétation à l’aune des œuvres de l’artiste. Ici, l’auteur sait combiner ces deux façons d’appréhender une telle biographie, avec une narration visuelle descriptive consistante et légère à la fois, et un tour de main élégant mêlant harmonieusement les faits avec les intentions de Fernando Pessoa, l’impact émotionnel et psychologique de certains événements et le carburant créatif qu’ils constituent. Inspirant.

25/01/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Irmina
Irmina

Comment est-il possible que le citoyen Allemand moyen ait pu tolérer, accepter, voire encourager les horreurs nazies commises autour d’eux au quotidien ? C’est une question judicieuse dont les historiens et sociologues débattent beaucoup depuis des décennies. « Irmina » apporte sa pierre à l’édifice de cette réflexion, un début d’explication, une fenêtre sur la vie d’une jeune femme qui a vraiment existé, et dont le destin interpelle. On observe sa lente transformation, son assimilation « malgré elle » au système de pensée nazi. L’autrice réussit à rendre sa vie crédible, sa passivité logique, inévitable… la fin est effectivement juste et touchante, alors que Irmina se retrouve forcée de faire un bilan finalement assez douloureux et rempli de regrets. La mise en image est magnifique, j’ai pris beaucoup de plaisir à visiter Londres, Oxford, Berlin, et enfin Bridgetown. Un excellent moment de lecture.

24/01/2025 (modifier)