Les derniers avis (38252 avis)

Par Amb
Note: 4/5
Couverture de la série Drakko
Drakko

Voici une bd où le dragon est central et omniprésent. Finalement c'est assez rare quand on y pense, par exemple dans la Geste des chevaliers dragons l'on voit des beaux animaux mais pas à chaque page. Bref, le thème centré sur le dragon/les dragons est (selon ma propre perception) original et finalement assez rare avec une telle intensité. C'est vraiment ce qui démarque cette bd du reste des autres histoires courantes où il y a souvent un dragon à la fin en tant que boss final. L'univers de cette BD est également un grand point positif que je ne vais pas commenter pour vous laisser découvrir. Question dessin c'est très beau, rien à redire c'est également un joli + pour cette bd. Concernant l'histoire, ça se suit bien sans décrocher. Après ça reste un scénario classique à hyper classique, mais de mon point de vue pas si gênant. Question personnage, c'est peut-être un peu insuffisant, où les protagonistes ne sont pas vraiment approfondis, voir légèrement caricaturés (je suis méchant car je suis méchant....bref). Pour les dialogues ça va, rien à voir avec la richesse de certaines bd comme les 5 terres, ça se lit bien, sans plus. Je regrette peut-être le nom que les auteurs ont choisi de donner à leurs montures car à mon avis ça manque cruellement d'imagination, faisant allusion à une référence archi connue. Mon bilan : Presque que du +, j'ai vraiment aimé cette bd (un peu trop courte à regret) et je suis très content de l'avoir dans ma bibliothèque. Bref une bd qui demande à être plus connue, je recommande la découverte sans hésiter pour tous ceux qui n'ont pas peur de se brûler les yeux à la chaleur du dragon. Si le thème ne vous parle pas trop, peut-être faut-il mieux passer votre chemin.

16/01/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Dirty Rose
Dirty Rose

Sache qu’il y a des choses qui se règlent en dehors des dossiers. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2024. Il a été réalisé par Marzena Sowa pour le scénario, et par Benoît Blary pour les dessins et la mise en couleurs. Il comprend quatre-vingt-six pages de bande dessinée. Dans une zone désertique du Wyoming, une maison très isolée au bout du chemin, avec quelques bêtes en pâturage. Tom Brodowski regarde par la fenêtre, réchauffé par le soleil, avec un mug dans la main. Dans cette petite maison sans étage, un matelas au sol, des cartons non déballés, une valise encore fermée. Le téléphone diffuse une chanson, alors que le jeune homme prend sa douche. Puis la sonnerie retentit et Tom se précipite pour décrocher, et il éprouve un moment de déception. C’est Edith, la cheffe du commissariat qui l’appelle. Elle lui demande poliment comment s’est passée cette première nuit chez lui et elle lui explique sa première mission. Ils vont l’envoyer direct sur le terrain, il ne faut pas qu’il s’attende à débarquer dans un western. Il s’agit d’une femme un peu spéciale, elle habite pas trop loin de chez lui. Il y a une plainte au commissariat : une association qui défend les animaux, des tarés mais dans un autre genre. Apparemment, elle garde des chèvres dans sa caravane. Edith continue : il faudrait que Tom lui dise qu’il y a une plainte, mais qu’on ne veut pas l’accabler avec ça, mais que ce serait bien si elle relâchait les pauvres bêtes dans le pâturage. Il faut qu’il dise que c’est illégal et barbare, et tout le tralala, on ne fait pas ça aux animaux. Pour finir, Edith lui envoie les coordonnées GPS. Dans le commissariat, Reynold, le mari d’Edith, également policier, rassure un père et son fils, sur le fait qu’avec les photos qu’ils ont collées partout, il est sûr qu’on retrouvera leur chien. William, un autre policier, ironise sur la manière dont Edith a présenté la mission : une femme un peu spéciale, une tarée de première plutôt. Quand il est arrivé, on ne l’a pas envoyé chez elle au premier feu, mais lui est d’ici, aussi c’est différent. Il la connait depuis gamin, elle avait un corbeau apprivoisé sur l’épaule, il avait peur de lui aussi. Il se rappelle qu’un jour elle est venue chercher Jean à l’école, elle était seins nus, elle venait chercher sa fille à poil, même si elle n’est pas sortie de sa voiture. Edith reprend la parole : le jeune arrive de Chicago, s’il ne se débrouille pas ici, il est fait pour nulle part. Bob fait observer qu’ici, ils sont au far-west, pas le même monde, pas les mêmes règles. Edith conclut qu’il faut le laisser faire, ce n’est qu’une femme après tout, cette dernière phrase lui attirant des regards chargés de sous-entendus. Tom Brodowski se présente devant la clôture et il hèle pour attirer l’attention. À l’intérieur de sa caravane, Rose Shaw fume tranquillement sa cigarette et son chien Boo aboie sans discontinuer. Elle finit par le laisser sortir, toujours sans se montrer. Le chien se précipite à la clôture, empli de curiosité, sans plus aboyer. Tom finit par renoncer. Dans une maison distante de trois cents mètres, un couple âgé observe, mécontent qu’Edith ait envoyé le nouveau. Une vague promesse contenue dans le titre, d’une femme jugée peu recommandable par les autres, vivant visiblement avec un chien dans une caravane ou un mobil-home, laissant les déchets s’accumuler autour. Une histoire qui commence avec un jeune policier, récemment arrivé (arrivé de la veille même) dans un vrai patelin au fin fond du Wyoming, où tout le monde se connaît, et connaît Rose Shaw. Une simple enquête de voisinage ? Un secret honteux, ou peut-être criminel ? Une histoire d’amour improbable entre un jeune homme et une femme âgée ? Des rancœurs accumulées pendant des dizaines d’années ne demandant qu’à alimenter des actes de violence ? Le lecteur ne sait pas trop sur quel pied danser, qu’attendre du récit, ce qui le rend plus attentif à ce qu’il voit. Tout commence par une belle aquarelle mettant en valeur la profondeur de champ de cette plaine s’étendant jusqu’au pied de lointaines montagnes, sous un ciel d’un beau bleu rehaussé par quelques nuages. L’artiste a-t-il séjourné dans le Wyoming ? Quoi qu’il en soit, il donne à voir ce coin d’Amérique rurale. La maison de Tom apparaît toute simple et peu onéreuse, en préfabriquée, de plain-pied, avec une rangée de poteaux électriques pour le long de l’allée qui y mène, pour rejoindre la route. De près, la parcelle de Rose Shaw semble jonchée de carcasses de voitures, de mobilier abandonné, avec assez d’espace entre chaque pour que ce ne soit pas encore un dépotoir ou une décharge. Un peu plus loin, la parcelle des époux Connie & Boyle apparaît comme un modèle de propreté et de terrain entretenu avec soin. Vues d’un peu plus loin encore, les deux parcelles ne diffèrent quasiment plus. Plus tard, lorsque Tom revient chez lui en marchant le long de la route, l’obscurité semble comme écraser les espaces, à l’exception du ruban de la route qui donne l’impression d’être sans fin. À la lumière du soleil le lendemain au petit matin, le paysage a retrouvé toute son ampleur, son horizon sans fin. Cette sensation de grand espace ouvert se retrouve en page cinquante-sept avec une case de la largeur de la page consacrée à la plaine ondoyante. De manière surprenante, ce même paysage donne l’impression d’avoir repris une dimension un peu plus petite plus en relation avec les deux chevaux qui portent chacun leur cavalier. Enfin la fin du récit emmène le lecteur dans une forêt à proximité d’une mesa de grande hauteur, avec une très belle case de la largeur de la page (en page 78), une vue de dessus, avec des rapaces dans le ciel au premier plan. Si les grands espaces de ce coin du Wyoming sont bien présents, les personnages évoluent également dans d’autres environnements. Le lecteur commence par avoir droit à une vue globale de l’intérieur de la petite maison de Tom. Puis vient la salle principale du commissariat : un espace de travail accueillant trois ou quatre bureaux avec leurs tiroirs, le poste informatique avec sa souris sans fil, les casiers pour les dossiers, la lampe de bureau, le petit matériel de type stylos, bloc-notes et papillons adhésifs, sans oublier les mugs, et bien sûr un gros photocopieur, un réfrigérateur, une machine à café. Par la suite, le lecteur accompagne Tom chez ses voisins, dans le meilleur bar-restaurant du coin, dans un bar plus lointain où se tient un concert de musique Country, à l’intérieur de la caravane de Rose, dans un supermarché impersonnel, dans une pizzeria à emporter, dans un ranch avec sa douche à l’extérieur, et même dans une cellule du commissariat. L’artiste dépeint une petite ville de l’Amérique profonde, dans la banalité de son quotidien, un environnement où il fait bon vivre, pensé pour faciliter la vie de consommateur tout en présentant des endroits accueillant où il fait bon se retrouver et papoter. Le lecteur constate rapidement que la distribution de personnages s’articule autour de Tom Brodowski et Rose Shaw, avec une poignée de seconds rôles : quatre policiers dont le couple d’Edith & Reynold, Connie & Boyle le couple voisin de Rose, Jena la fille de Rose, Boo son chien, Chumani une jeune femme et bien sûr Helen la fiancée de Tom. Les dessins montrent des personnages adultes, avec des gestes d’adulte, des comportements en conséquence, et des physiques normaux et banals, tout en étant individualisés. Tom est un beau jeune homme blond, avec une implantation de cheveux qui lui est propre, une forme de visage un peu allongée. Edith, Reynold et Bob portent les marques de l’âge. Le lecteur peut noter que William est plus jeune, que les autres, avec une coiffure plus soignée. Il apprécie l’expressivité plus marquée de Jean, que ce soit quand elle fait des mimiques parce qu’elle trouve que Tom a déjà des goûts de vieux, ou sa colère face à sa mère. Il apparaît que Rose Shaw s’est vue affublée de cet adjectif péjoratif du fait de son style de vie, qu’une autre femme résume ainsi : Elle n’avait peur de rien ni de personne, elle faisait tout comme elle le sentait, elle aimait l’alcool et les hommes et la fête et les armes, la totale. Il apparaît vite que Rose Shaw ne se conforme pas aux valeurs implicites de la société dans laquelle elle se trouve. Son anticonformisme atteste du fait qu’il est possible de vivre autrement, qu’un individu peut prendre la liberté d’agir différemment. Par voie de conséquence, les règles de vie tacites des uns et des autres se trouvent remises en cause : la fidélité entre époux, l’élimination des objets et des véhicules usagés, l’acceptation des règles de vie en société à commencer par la soumission à l’autorité de la police, le respect de la pudeur, l’acceptation des responsabilités de la parentalité, le respect de l’intimité des autres, etc. Bien évidemment, ce comportement ne peut qu’entrer en conflit avec les valeurs d’un jeune policier, même intelligent. Hé bien non, pas tout à fait. La curiosité de Tom Brodowski s’accompagne d’une empathie, ou d’une absence de préjugé, et aussi d’un sens de la justice. Dans une scène étrange, deux dessins en pleine page, la première avec une case, et le monologue d’un personnage, le lecteur découvre quelqu’un pour qui Rose a représenté bien autre chose, des valeurs différentes et des plaisirs honnêtes. Puis, dans la deuxième page, un événement traumatisant qui permet d’entrevoir ce qui conduit Rose Shaw à arrêter de jouer en respectant des règles dépourvues de sens. La conclusion en deux temps met en scène deux facettes de la liberté, et laisse augurer de l’avenir de Tom Brodowski à moyen ou long terme. Au vu de la couverture, une histoire courue d’avance, d’une femme vivant une vie de marginale dans sa caravane. À la lecture plutôt l’histoire d’un jeune policier qui effectue son travail, sans pour autant accepter les choses comme elles sont, en particulier le consensus général contre Rose Shaw, une femme qui s’est mise à l’écart de la société, qui n’y a plus sa place, qui en paye le prix. Mais aussi Rose et son mauvais caractère. La narration visuelle qui transporte le lecteur dans un petit patelin tranquille du Wyoming, avec de beaux paysages, des endroits accueillants en ville, des habitants normaux et plutôt sympathiques. Des incidents pas si graves que ça, le temps de vivre, une femme complexe dont l’excentricité empêche la normalité des autres, contraints d’accepter l’existence de choix différents, suscitant des interrogations irrépressibles.

16/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Johnny Jungle
Johnny Jungle

Je n’ai pas grande inspiration pour vous donner envie de vous jeter sur ce diptyque, si ce n’est de dire que c’est franchement bien. Heureusement les auteurs n’ont pas la même tare. Johnny Jungle est une lecture inventive, drôle et qui n’oublie pas l’émotion. Ce n’est pas indispensable mais tout me plaît dans cette Bd. Dessins et couleurs des Jouvray sont toujours aux petits oignons, la narration est impeccable, le coup des affiches de film permet de bien faire respirer l’ensemble en plus de lui donner une cohérence. Classique mais efficace, j’aime bien la fausse simplicité qui s’en dégage. Quant au scénario, il est super bien vu et profite d’un développement très soigné. En fait, le tout fait preuve d’une telle maîtrise que vous passerez assurément un bon moment. A découvrir (que l’on aime Tarzan ou non), on est face à un truc plutôt classe.

15/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Toto l'ornithorynque
Toto l'ornithorynque

Toto l'ornithorynque, c'est une série que j'avais découverte quand j'étais au collège. J'avais été attirée par la couverture, je m'y étais essayée, et même si la série s'adressait à de jeunes enfants, je me rappelle que j'avais trouvé ça très bon. Des années après, je retombe dessus et je décide de re-tenter l'aventure Toto. Verdict ? Bah c'est bien, très bien même, mais j'avoue avoir été un chouïa déçue (on ne se refait pas, que voulez-vous). Il est fort probable que cela soit dû à mes attentes de relecture, j'avais gardé d'excellent souvenirs de ma découvertes il y a près de dix ans, donc sans la surprise, avec un bagage de connaissance bédéesques plus conséquent et des attentes sans doutes trop grandes, je risquais forcément la déception. L'œuvre reste bonne cependant. On y suit les aventures de Toto, ornithorynque de son état, et de ses ami-e-s, Wawa le koala, Chichi l'échidné, Riri la chauve-souris et Fafa la phalanger. Chaque aventure portent des messages simples mais bénéfiques pour les jeunes lecteur-ice-s, et même si ces leçons sont souvent classiques elles gardent tout de même leur force par la mise en scène assez poétique des récits. Les dessins de Yoann sont jolis, pas forcément mon style préféré mais objectivement joli. J'ai hésité entre mettre 3 et 4 étoiles, je pense partir sur 4, mes réserve viennent sans doute de ma déception susmentionnée. Celle-ci ne pouvant être entièrement imputée à la série je préfère arrondir au supérieur. (Note réelle 3,5) Je vais juste terminer mon avis par un petit point (qui n'est pas un reproche si ce n'est un simple détail qui m'a fait rire) : je trouve ça bizarre que le résumé de la série et les deuxièmes et troisièmes de couvertures oublient que c'est une bande de cinq ami-e-s... et non quatre. RIP Fafa la phalanger, il n'y a visiblement pas que Toto qui ne fait pas attention à toi.

15/01/2025 (modifier)
Couverture de la série La Famille Vieillepierre
La Famille Vieillepierre

Oh, c'est mignon tout plein ! Chaque album raconte l'histoire d'un-e ancêtre de la famille Vieillepierre, illustre famille de grands héros. Tous racontent et apprennent une morale aux jeunes lecteur-ice-s : vaincre ses peurs, faire ce qui nous semble juste, choisir de changer lorsque l'on se comporte mal, ... Tous, aussi, se basent sur une mythologie existante : nordique, égyptienne, taoïste, grecque et aztèque pour les cinq albums sortis à ce jour. Les histoires sont courtes mais très divertissantes. Les dessins, sans doute l'une des plus belles forces de cette série, sont adorables, tout en rondeurs et pleins de couleurs. Vraiment, c'est du bonbon pour les yeux. Et les textes, simples mais jolis, servent bien les histoires. Histoires qui d'ailleurs sont toujours très positives, même le cinquième album se centrant sur "la plus maléfique des Vieillepierre" reste dans une ambiance bienveillante. J'aurais presque envie de dire que le tout fait très chaleureux. Ce sont des histoires chaleureuses, à lire sous la couette. La lecture n'est pas désagréable, même quand on a passé l'âge du public cible. Une très bonne série jeunesse. (Note réelle 3,5)

15/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Gospel
Gospel

Au contraire de Noirdésir, j'ai préféré l'intrigue au contexte historique. Pas que le contexte historique soit inintéressant, mais j'ai toujours eu un faible pour les histoires traitant le sujet des histoires en elles-mêmes, de l'impact et des enjeux des récits qui se transmettent et qui perdurent. Donc bon, pas que les conflits idéologiques, théologiques et commerciaux de l'Angleterre du XVIème siècle ça m'ennui, mais ça ne me fait pas autant rêver en comparaison. Bon, du coup, de quoi ça parle tout ça ? L'histoire est celle de Pitt et Matilde, deux orphelins recueillis dans leur enfance par l'ecclésiastique du coin. Matilde est une jeune femme fougueuse, un brin mythomane (si peu) et assoiffée de renommée ; Pitt, lui, est le conteur local, plus calme que sa comparse et désireux de liberté. L'une cherche la gloire et la postérité, l'autre à le pouvoir de les lui donner mais n'en a pas vraiment l'envie. Un duo intéressant et prometteur en somme. Sauf que voilà, un beau jour, alors que Matilde tentait une nouvelle magouille pour faire parler d'elle (et accessoirement faire parler de l'église où elle travaille), le Diable en personne semble venir lui couper l'herbe sous le pied, faisant sauter l'église et déclarant prendre possession de la colline où elle se trouvait. Matilde, accompagnée de Pitt, n'aura donc que quelques jours pour retrouver une sainte relique pouvant, parait-il, terrasser la bête. L'histoire est intéressante, le dessin est beau (classique mais tout de même agréable), le discours sur les récits et les légendes déformant les histoires leur ayant donné naissance m'a beaucoup plu, j'ai particulièrement apprécié la morale que retire Matilde de son aventure (bien illustrée dans le discours et la symbolique du marteau), ... Bref, c'est du bon. Seulement voilà, l'album n'est pas sans défauts. Il y a plusieurs passages qui m'ont semblés un peu longs, un peu trop verbeux aussi. J'avoue aussi être restée un peu dubitative face à l'intrigue dans le monde moderne. En fait, le récit de Matilde et de Pitt est régulièrement entrecoupé de scènes entre un homme et une psychologue venant lui rendre visite pour établir ou non s'il doit être placé en maison de retraite. On comprend rapidement que l'histoire que nous lisons est en fait celle que l'homme raconte à la psychologue, prétextant qu'à la fin elle comprendra tout ce qu'il y a à savoir sur lui. Et en effet, à la fin nous comprenons que tout ce récit était en réalité un parallèle avec sa vie (notamment avec la photo de Matilde et Pitt à la toute fin). Mais je ne suis pas sûre d'avoir pleinement saisie la métaphore/comparaison. Ce qui est légèrement frustrant car j'ai l'impression que c'est là-dedans que réside ce que l'album essai vraiment de raconter. Après, je reconnais que dans la postface, l'auteur exprime sa volonté de laisser une liberté d'interprétation, ça devait donc être voulu. Et puis, même si je n'ai pas encore saisi le sens de ces passages, je ne les boude pas forcément. Une bonne histoire, assez classique et non sans défauts, mais je garde davantage souvenir du positif après ma lecture que du négatif. (Note réelle 3,5)

15/01/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série Une épatante aventure de Jules
Une épatante aventure de Jules

Une série vraiment étonnante que j'ai découverte par hasard l'an dernier. Personne autour de moi n'en a chez lui, personne n'en parle, les albums ne sont pas mis en avant dans les bibliothèques. Il faut dire que son nom est trop plan-plan et les couvertures un peu vides. Le trait ligne clair donne un côté vieillot qui n'accrochera pas au premier regard. Et pourtant une fois la lecture du premier tome lancée, on veut découvrir les suivants. Car les points positifs s'accumulent : - des personnages tous bien détaillés et crédible qui évoluent au fil des histoires - des réflexions accessibles pour les ados sur des sujets plutôt scientifiques ou sociologiques - pas d'infantilisation du lectorat ado - les tomes se renouvellent tous, les environnements et situations sont bien différenciés (on saute de la SF au drame familial, chapeau) En résumé, si vous ne connaissiez pas, direction la librairie ou la bibliothèque et demandez où se cache cette belle série.

15/01/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série La Route
La Route

Larcenet refait le coup de Le Rapport de Brodeck : une adapation difficile d'une oeuvre marquante et un trait noir et blanc magnifique. Et comme pour cette série, je ressens la même chose: une noirceur, un désespoir mais qui oublie la réflexion du roman, qui ne parvient pas à créer l'empathie avec le personnage principal même s'il est fidèlement reproduit. Les réactions sont parfaitement dépeintes mais il manque l'étincelle que couchait MacCarthy sur papier et que Viggo Mortensen arrivait à jouer dans le film éponyme. Eh oui pas facile avec le support BD. Bess a réussi à me scotcher avec Dracula (Bess), Larcenet m'a convaincu à 90% ewt c'est sur ces petits derniers 10% que tout se joue lorsqu'on est un grand auteur comme lui (mais j'attendrai évidemment avec impatience sa prochaine oeuvre).

15/01/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Saint Rose - À la recherche du dessin ultime
Saint Rose - À la recherche du dessin ultime

C’est un papou ! Son chef spirituel c’est la reine d’Angleterre ! - Ce tome contient un récit complet, indépendant de tout autre, présentant plus de saveurs pour un lecteur familier des récits d’aventure. Sa parution originale date de 2019. Il a été réalisé par Hughes Micol pour le scénario et les dessins, et par Isabelle Merlet pour les couleurs. Il comprend soixante-deux pages de bande dessinée. Une immense propriété au bord de la mer, avec un magnifique manoir, Hughes Micol pousse la grille de l’enceinte, et mache jusqu’à la porte d’entrée, où il sonne à la porte de l’immense battant. Motte Piquet lui ouvre : le bédéaste se présente, il a rendez-vous avec Santorin Saint Rose, Investigations & Péripéties. Le mousse le fait entrer, lui disant qu’il trouve que la BD c’est sympa, et il lui demande s’il fait les histoires ou les dessins. Tout en traversant un gigantesque hall décoré avec d’immenses plantes exotiques en pot, Hughes répond qu’il peut faire les deux, ou alors il lui arrive de collaborer avec un scénariste, parfois ce n’est ni l’un ni l’autre. Ils passent par un vestibule avec de nombreux objets en exposition et une multitude de tableaux accrochés. Hughes s’arrête devant un squelette exposé sur un cadre : le majordome lui explique qu’il s’agit d’un véritable poisson-chien péché dans le lac Okavongo par Santorin Saint Rose en personne. Puis l’invité remarque une grande botte sur un meuble bas : il comprend qu’il s’agit d’une véritable botte de sept lieues, et demande si elle fonctionne. Le guide répond qu’ils le sauront quand ils auront trouvé la deuxième. Enfin, ils pénètrent dans un salon où le maître de maison est en tenue d’escrimeur en train de s’entraîner contre une machine sophistiquée. Saint Rose porte la botte décisive, puis il retire son casque et souhaite la bienvenue à son hôte. Il note que Motte Piquet ne porte toujours pas de souliers. Puis il trouve qu’il fait soif, et il crie un grand : Comment ?! Son maître queux, un papou civilisé, apporte deux verres sur un plateau. Saint Rose demande à Hughes ce qu’il peut faire pour lui. Son invité explique : La nuit dernière, il était dans une boîte de nuit pour un extra payé par une marque de champagne. Une soirée privée sur le thème des impressionnistes. Il faisait le Van Gogh au milieu des fêtards. La nuit déjà bien avancée, il décidait de dessiner pour lui, plus personne ne faisant attention à lui. Et là, porté par la fatigue ? Le costume ? Miracle ! Un trait nouveau, une piste graphique pleine de promesses, bref, une épiphanie ! Euphorique, mais épuisé, il s’accordait une petite pause. À son retour, sa planche avait disparu et la boîte s’était vidée de ses derniers noceurs. Restait juste une plume sur son établi. Hughes la sort de la poche intérieure de son veston car il l’a encore avec lui. Il la montre à Motte Piquet, Saint Rose et Comment. Mais soudain il ressent une forte douleur au mollet gauche : il a été mordu par Poule ; Saint Rose intervient pour qu’elle le lâche. Un cochon anthropomorphe intervient pour indiquer qu’il s’agit d’une plume de Cigogne noire. Elle a été teinte avec un vert safran de chez Winsor et Newton. Saint Rose indique que la saison est bien avancée et que le volatile a dû migrer vers le sud. Il ajoute qu’ils doivent lever l’ancre, direction Macao. En route pour l’aventure… avec une mise en abîme. Le lecteur accompagne un groupe d’aventuriers à la recherche d’un trésor. Un dessinateur vient solliciter un individu chic et valeureux, dont l’occupation se dénomme Investigations & Péripéties. De fait, le lecteur identifie tous les marqueurs de ce genre littéraire Un héros courageux, parfois intrépide, beau et quelque peu ténébreux, sachant toujours comment se sortir de chaque situation, disposant de connaissances visiblement acquises par une longue expérience, inventif et imaginatif pour trouver des solutions quelle que soit la situation, habillé avec goût, inspirant la confiance aux membres de son équipe, sachant raconter des anecdotes pleines de péripéties merveilleuses et exotiques. Lesdits membres valent le déplacement par leur originalité. Motte Piquet, un mousse et majordome à la forte carrure, aux fières rouflaquettes, avec un léger embonpoint, se déplaçant pied nu. Comment, un papou tout à fait civilisé, son chef spirituel c’est la reine d’Angleterre ! Poule, une vraie poule, même pas anthropomorphe et qui ne parle pas, mais qui semble douée de conscience, puisqu’elle tient la barre du navire. Enfin un cochon anthropomorphe, Conchobhar O’Muc, compagnon d’aventure et grand ami de Saint Rose, fin lettré, malin comme un singe et fort comme un bœuf. L’aventure emmène cette troupe à Macao, puis à Los Angeles, et sur une île privée. La narration visuelle emmène également le lecteur dans l’aventure, en en reprenant les codes traditionnels. Le lecteur jouit du spectacle : le magnifique manoir en surplomb au-dessus de l’océan à la fin d’une large allée bordée de beaux arbres, la collection d’objets exotiques dans les différentes pièces, la traversée en mer, la vision en élévation du port de Macao avec ses casinos à l’architecture et l’ornementation chinoises, la course-poursuite dans le casino jusqu’en montant sur les tables, puis une course-poursuite sur les toits, une fuite dans les rues de Los Angeles en étant poursuivi par la police, jusqu’à l’assaut d’une île privée avec affrontement contre une armée privée. L’artiste impressionne le lecteur avec son sens de la mise en scène et son application pour les détails : les trouvailles sur les étagères d’exposition dans le manoir, l’aménagement de la cuisine à bord du bateau, les différentes espèces d’oiseau dans le casino, la vue du ciel de Los Angeles entre gratte-ciels au centre, quartiers denses à perte de vue, échangeurs labyrinthiques, le magnifique jardin de la résidence luxueuse de l’acteur célèbre, la tenue paramilitaire et l’armement des employés sur l’île privée. La metteuse en couleurs adopte un parti pris tranché avec une palette assombrie, tout en établissant des ambiances bien distinctes pour chaque environnement. Par exemple : une sensation crépusculaire et chaude pour le manoir de Saint Rose, une ambiance bleutée et nocturne pour la première traversée en bateau, des tons jaune, rouge et vert pour Macao entre l’environnement aqueux et les éclairages artificiels, on encore des couleurs plus claires pour la journée à Los Angeles, etc. Dans le même temps, ce parti pris de couleurs tranche avec les habitudes des bandes dessinée d’aventure, généralement dans des tons plus clairs, plus réalistes tout en étant plus lumineux. Il en va de même pour les dessins : leur registre n’est pas celui de la ligne claire, avec des traits de contour et de texture plus épais et plus denses, une approche plus tactile de la représentation, des expressions de visage moins épurées tout en pouvant aller vers l’exagération des émotions, des variations de registre à dessein (par exemple les vagues de la mer démontée en page onze, ou un dessin plus comics pour représenter Captain America en pages trente et trente-et-un). Globalement le registre graphique évoque plus une bande dessinée réaliste qu’une bande dessinée tout public. Dès la première page, le lecteur comprend d’ailleurs que ce récit comprend plusieurs niveaux de lecture : l’auteur se met en scène créant ainsi une mise en abîme. Il est à la recherche d’un de ses propres dessins qui revêt une importance cruciale pour lui. Devenu un personnage de bande dessinée, il utilise des conventions du récit d’aventure, qu’il enrichit ou qu’il détourne, qu’il rapproche entre elles. En fonction de sa culture et de sa sensibilité, le lecteur peut en identifier certaines sans peine : le héros tourmenté par un traumatisme originel (Saint Rose utilisant l’aventure comme un baume pour apaiser le traumatisme du décès de son épouse), l’intervention de Captain America, la recherche d’un volatile (pouvant faire penser à un volatile d’une autre nature comme le Faucon Maltais), etc. Le récit constitue une aventure en bonne et due forme, un hommage sincère et respectueux du genre, tout en présentant d’autres facettes. Le lecteur peut relever quelques criques ponctuelles comme le comportement de Basile de Hûre plein aux as qui estime que le monde lui appartient, ou des voleurs déguisés en Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre qui expliquent leur choix (ils cultivent cette ressemblance dans un effort de réappropriation de leur corpus en adéquation avec un substrat synchronique dans un dessin post-moderniste. Ce que Sartre résume en Gloire & Pognon), ou encore un groupe de jeunes femmes prisonnières et blasées dont le premier réflexe est de faire un selfie lors de l’attaque armée de l’île, etc. Arrivé à la fin, le lecteur se rend compte que pour un peu, il en aurait oublié le personnage central du récit, celui qui fournit la dynamique de l’intrigue, à la recherche du dessin ultime, l’auteur lui-même ou son avatar. Celui-ci établit qu’il sait réaliser un récit d’aventure haut en couleurs, et dans le même temps sa vie apparaît bien plus prosaïque que celle de ses personnages, et même terne. Ainsi lors d’un repas à bord du bateau entre lui et l’équipe de Saint Rose, chacun évoque des souvenirs d’aventures et Micol se lance : Angoulême n’est pas une ville très glamour certes, mais un soir pendant le festival Killofer monte sur une tale et… Conchobhar O’Muc l’interrompt évoquer la jungle du Costa Rica où ils avaient partagé le campement des botanistes suédoises, ça c’était glamour. Le quotidien s’avère incapable de se mesurer à la séduction et au charme de l’imaginaire. La conclusion de l’aventure s’avère encore plus critique quand Hughes porte un jugement sur la qualité de son dessin retrouvé. Dans le même temps, Hughes se livre à une profession de foi quant à son métier en deux phrases concises et éclairantes. Une couverture qui promet une aventure exotique et haute en couleurs : un récit qui tient ces promesses, emmenant le lecteur dans des endroits spectaculaires, avec des péripéties classiques et surprenantes. L’investissement de l’artiste de la metteuse en couleurs donnent à voir ces tribulations au premier degré. En arrière-plan, l’histoire charrie également des réflexions sociales, et une mise en scène de la tâche sans cesse renouvelée de créer de nouveaux dessins, un métier dont le plaisir se trouve dans le fait de continuer à chercher à réaliser le dessin ultime.

15/01/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Envahisseur
L'Envahisseur

Très très bel album. Avec comme cadre temporel la crise sanitaire du Covid, Jose Antonio Pérez Ledo nous conte l'histoire d'Omar, un jeune réfugié originaire du Maroc, qui es mis à la porte du foyer où il était hébergé le jour de ses 18ans. Il galère quelques temps, avant de trouver une activité, puis un abri providentiel, jusqu'au jour où Vicente, son bienfaiteur, fait un malaise dû au coronavirus... deux mondes, deux modes de vie se rencontrent, avec carol qui elle choisit de s'isoler, et évite de rendre visite à son père pendant cette période si particulière... Tout en délicatesse, le scénariste nous fait d'abord suivre Carol, puis Omar, une fois qu'ils se sont rencontrés. C'est très finement amené, il y a de nombreuses plages de silence qui nous permettent de saisir la sidération, l'émerveillement ou juste la compassion dans les regards et les attitudes d'Omar, de Carole et de son père. Le contexte est dramatique (aujourd'hui encore, cinq ans après le début de la pandémie, on ignore le nombre exact de victimes au niveau mondial), mais nous faisons la rencontre de personnes ordinaires, isolées et bienveillantes. L'amitié et la solidarité vont sauver, quelque part, la vie de ces deux jeunes gens. Aucun misérabilisme, aucune fatalité, et même les agents de la guardia civil, qui doivent effectuer la tâche ingrate de contrôler toute personne trainant dehors pendant le confinement, n'est pas montrée comme une force de coercition. Ces nuances donnent à ce one shot une qualité rare, mais certaine. Alex Orbe est le talentueux dessinateur, qui a d'ailleurs déjà travaille avec Pérez Ledo. Dans une ligne claire bicolore et des cases pleines de vie, il propose une impression visuelle quasi parfaite de cette histoire ordinaire.

15/01/2025 (modifier)