Après avoir lu quelques Chabouté sur des thèmes voisins, je dois dire que je n’ai pas été très étonné par la qualité de ce type de chronique (il faudrait que je relise Servais, tiens !). Ce qui détache Silence des autres, c’est son ambiance. A la fois fantastique, intimiste, il mise sur le côté poignant des personnages, sur la tragédie (ou la comédie) des situations pour nous emporter. Et ça marche ! On ne peut que rester admiratif devant cette belle œuvre, pleine de sensibilité et de charisme.
Tiens, marrant que j’aie lu cette BD quelques jours seulement après un nouveau passage de Vénus devant le Soleil. Un ouvrage tout à fait intéressant, fauché en plein vol par la disparition de Jean-Paul Dethorey. Au passage, les planches crayonnées de Bourgeon sont superbes, c’est toujours un plaisir de regarder son dessin. Mais celui de Dethorey, certes moins travaillé, n’en était pas moins fort agréable à l’œil ; de même, le texte d’Autheman, fort documenté et non exempt d’humour, rend l’ensemble assez pertinent pour qui s’intéresse à l’histoire des pionniers, des découvreurs et autres explorateurs. On apprécie particulièrement les petites anecdotes sur la vie du bord. Par contre on a du mal à s’intéresser aux personnages. Pour ceux qui veulent en savoir plus, il existe quelques relations de ce voyage inachevé.
Faujour fait partie des jeunes de Charlie Hebdo et je dois avouer que c'est un de ceux que j'aime le plus tant son cynisme et son phrasé sont efficaces.
Ici, il me fait beaucoup penser à Riss (cf. mémé femme pratique) : même ironie, même pêche, même fatalisme et même violence dans les propos.
Son trait semble très instinctif, entre Binet et Cabu (si si !) relevé par quelques rares touches de rouge au milieu de dégradés de gris très simples.
Bref, un album étonnant comme un bon Charlie Hebdo. ;)
Inspiration littéraire et théâtrale, aventures rocambolesques dans un XVIème siècle d'opérette, humour léger et fantaisie débridée… les amateurs de la série De Cape et de Crocs (je crois savoir qu'il y en a quelques-uns, parmi les habitués du site ;) ) devraient se précipiter sur cette petite série méconnue qui a, à mon avis, tout pour leur plaire. Avec des couleurs chatoyantes, des personnages plus mignons et attachants et une distribution assurée par un gros éditeur, je vous garantis que les péripéties de la Bouchère auraient eu de quoi connaître un succès comparable à celui de l'excellente série d'Ayroles et Masbou.
Malheureusement, c'est en noir et blanc, les héros n'ont pas le charisme d'Eusèbe, Don Lope et Armand, et les éditions de l'An 2 n'ont pas la présence en librairies de Delcourt, donc cette petite série reste pour l'instant dans un relatif anonymat, ce qui ne veut pas dire qu'elle ne mérite pas qu'on la découvre, loin s'en faut.
C'est drôle, original, enlevé, plein de personnages improbables et rigolos (la bestiole qui cite la Bible, les moines espagnols initiés aux secrets de Shaolin, les pêcheurs qui pêchent en pleine terre…), c'est rythmé, les dessins sont très sympas… Seule la fin m'a un peu déçu (à ce propos, je ne sais pas si le deuxième tome sera le dernier ou si ça n'est que la conclusion d'un premier cycle) mais à part ça, pas grand chose à redire. Bref, un de mes coups de cœur du moment.
Je suis relativement surpris par les critiques négatives sur cette série qui ne va certes pas révolutionner le 9ème Art, mais qui présente cependant des qualités indéniables.
Au premier rang de ces qualités figure indéniablement le scénario qui est bien moins manichéen que nombre de productions disons plus "cotées" et apporte des nuances aux personnages particulièrement bienvenues. Que les détracteurs de "l'Epée ..." me citent des séries avec de tels rebondissements et des héros aussi subtils, réfléchissez bien, vous n'en trouverez pas tant que cela !
Le graphisme, s'il ne constitue pas un atout majeur, n'en demeure pas moins agréable et se situe dans la moyenne des oeuvres produites ces 15 dernières années.
Au final, je persiste et je signe en clamant haut et fort que cette série mérite votre attention et se révèle moins évidente que de prime abord, car ayant une tonalité bien plus sombre que ne laisse supposer le graphisme assez proche du style Soleil (Crisse oblige).
Alors je ne connais pas Cleet BORIS, je ne sais pas si il était un bon musicien (Ancien membre de l’Affaire Louis’ Trio), mais c'est un excellent auteur de BD.
Créature et plus précisément le tome 1 "Chimère", est une bd "décalée" l'histoire est loin d'être commune, et le scénario est extrêmement bien fait, on y découvre les inconvénients de l'immortalité et de la différence.
Le dessin est pas mal du tout et la créature est remarquablement dessinée.
Donc à lire et à découvrir!
Une bande dessinée de très grande qualité:
Un scénario mêlant poésie, nostalgie, et un brin d'humour, un univers formidable où évoluent des héros attachants, le soleil des plages de Méditerranée... Un décor de rêve quoi! Et tout cela servi par un scénario original et un dessin sans fioritures, efficace et agréable à l'oeil.
En somme, à lire absolument, et à réserver pour l'une des meilleures places de sa bdthèque!
Bonne lecture!
Ces dessins! C'est vraiment à couper le souffle. Toutes les cases sont des oeuvres d'art. J'adore. Rien que pour cela, j'aurais déjà mis 4/5.
Mais en plus, le scénario, si on peut parler de scénario, ne vient pas gâcher l'oeuvre par des clichés genre "les gentils indiens contre les mauvais espagnols". Ici, on assiste à la migration d'un peuple à la recherche de son identité, de sa liberté, qu'il a bradées contre le "confort" que procure la "civilisation" des "envahisseurs". Je met des guillemets, car il s'agit de mon interprétation. Les auteurs se limitent, à mon sens, à décrire le choc entre les civilisations, et à transcrire le journal d'une femme au destin exceptionnel.
Cette bd est vraiment un très bel objet, qui mérite vraiment un petit coin dans votre bibliothèque.
C'est en lisant l'avis de Switch ci-dessous que je me suis rendu à quel point je suis d'accord avec lui concernant cette série. Jeremiah est une série dont j'ai lu et relu chaque tome avec grand plaisir.
Concernant le dessin, il est vrai qu'on voit le style d'Hermann évoluer. D'un style déjà très bon mais un peu classique dans la colorisation, il passe à la couleur directe au bout de certains albums et cela devient vraiment excellent.
Hermann a su créer un monde post-apocalyptique mêlant western et monde à la Mad Max plein d'originalité et surtout plein d'âme. Ses personnages aussi sont très bons (Jeremiah, d'accord, mais surtout Kurdy (et sa mule Ezra) qui est un excellent second rôle).
Chaque tome a une histoire sérieuse, parfois très originale (parfois moins hélas : le thème "les deux étrangers arrivent en ville et se retrouvent impliqués dans une affaire qui ne les concerne pas et qu'ils auraient aimer éviter" se répète assez souvent, surtout dans les derniers tomes), toujours très humaine et intelligente. Mais comme Switch, je trouve en effet qu'il aurait été préférable qu'Hermann ait pu approfondir davantage chacune de ses histoires : le principe d'une histoire par tome permet de profiter indépendamment de chaque album, mais cela a aussi ses désavantages, car les histoires manquent un peu de profondeur.
Heureusement, le monde de Jeremiah et ses personnages, eux, ne manquent sûrement pas de profondeur.
"Jeremiah" est, à mon sens, l'oeuvre la plus ambitieuse et la plus personnelle de Hermann. Il nous entraîne dans un "Road Movie" déjanté dans un monde en lambeaux qui permet aux aspects les plus sombres et abjects de l'humanité de s'exprimer en toute impunité.
Les deux héros sont magnifiques d'antagonismes et gagnent au fil de leurs aventures une profondeur rarement atteinte dans le monde de la bd.
Certes, tous les albums ne sont pas d'un intérêt égal, mais au vu de la longévité de cette série, la qualité moyenne est impressionnante. Seul bémol, j'aurais personnellement aimé que certaines histoires soient un peu plus développées. En effet, le choix d'un tome par aventure, s'il permet de conserver une dynamique au récit, oblige l'auteur à aller à l'essentiel quitte parfois à être trop superficiel dans le traitement des protagonistes autres que nos deux héros.
C'est cet aspect qui m'empêche de mettre un 5 pourtant bien mérité sur le plan graphique.
En conclusion, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre "Jeremiah" et le "Blueberry" de Giraud, car nous sommes en présence dans les deux cas de séries au long cours qui nous permettent de suivre l'évolution graphique de deux maîtres emblématiques du 9ème Art. Il est impressionant de constater la maturation de l'art de Hermann au fil des albums, et cette série est, contrairement à ces autres séries plus conventionnelles, un formidable laboratoire d'expérimentation stylistique.
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Silence
Après avoir lu quelques Chabouté sur des thèmes voisins, je dois dire que je n’ai pas été très étonné par la qualité de ce type de chronique (il faudrait que je relise Servais, tiens !). Ce qui détache Silence des autres, c’est son ambiance. A la fois fantastique, intimiste, il mise sur le côté poignant des personnages, sur la tragédie (ou la comédie) des situations pour nous emporter. Et ça marche ! On ne peut que rester admiratif devant cette belle œuvre, pleine de sensibilité et de charisme.
Le passage de Vénus
Tiens, marrant que j’aie lu cette BD quelques jours seulement après un nouveau passage de Vénus devant le Soleil. Un ouvrage tout à fait intéressant, fauché en plein vol par la disparition de Jean-Paul Dethorey. Au passage, les planches crayonnées de Bourgeon sont superbes, c’est toujours un plaisir de regarder son dessin. Mais celui de Dethorey, certes moins travaillé, n’en était pas moins fort agréable à l’œil ; de même, le texte d’Autheman, fort documenté et non exempt d’humour, rend l’ensemble assez pertinent pour qui s’intéresse à l’histoire des pionniers, des découvreurs et autres explorateurs. On apprécie particulièrement les petites anecdotes sur la vie du bord. Par contre on a du mal à s’intéresser aux personnages. Pour ceux qui veulent en savoir plus, il existe quelques relations de ce voyage inachevé.
Restons digne !
Faujour fait partie des jeunes de Charlie Hebdo et je dois avouer que c'est un de ceux que j'aime le plus tant son cynisme et son phrasé sont efficaces. Ici, il me fait beaucoup penser à Riss (cf. mémé femme pratique) : même ironie, même pêche, même fatalisme et même violence dans les propos. Son trait semble très instinctif, entre Binet et Cabu (si si !) relevé par quelques rares touches de rouge au milieu de dégradés de gris très simples. Bref, un album étonnant comme un bon Charlie Hebdo. ;)
La Bouchère
Inspiration littéraire et théâtrale, aventures rocambolesques dans un XVIème siècle d'opérette, humour léger et fantaisie débridée… les amateurs de la série De Cape et de Crocs (je crois savoir qu'il y en a quelques-uns, parmi les habitués du site ;) ) devraient se précipiter sur cette petite série méconnue qui a, à mon avis, tout pour leur plaire. Avec des couleurs chatoyantes, des personnages plus mignons et attachants et une distribution assurée par un gros éditeur, je vous garantis que les péripéties de la Bouchère auraient eu de quoi connaître un succès comparable à celui de l'excellente série d'Ayroles et Masbou. Malheureusement, c'est en noir et blanc, les héros n'ont pas le charisme d'Eusèbe, Don Lope et Armand, et les éditions de l'An 2 n'ont pas la présence en librairies de Delcourt, donc cette petite série reste pour l'instant dans un relatif anonymat, ce qui ne veut pas dire qu'elle ne mérite pas qu'on la découvre, loin s'en faut. C'est drôle, original, enlevé, plein de personnages improbables et rigolos (la bestiole qui cite la Bible, les moines espagnols initiés aux secrets de Shaolin, les pêcheurs qui pêchent en pleine terre…), c'est rythmé, les dessins sont très sympas… Seule la fin m'a un peu déçu (à ce propos, je ne sais pas si le deuxième tome sera le dernier ou si ça n'est que la conclusion d'un premier cycle) mais à part ça, pas grand chose à redire. Bref, un de mes coups de cœur du moment.
L'Epée de Cristal
Je suis relativement surpris par les critiques négatives sur cette série qui ne va certes pas révolutionner le 9ème Art, mais qui présente cependant des qualités indéniables. Au premier rang de ces qualités figure indéniablement le scénario qui est bien moins manichéen que nombre de productions disons plus "cotées" et apporte des nuances aux personnages particulièrement bienvenues. Que les détracteurs de "l'Epée ..." me citent des séries avec de tels rebondissements et des héros aussi subtils, réfléchissez bien, vous n'en trouverez pas tant que cela ! Le graphisme, s'il ne constitue pas un atout majeur, n'en demeure pas moins agréable et se situe dans la moyenne des oeuvres produites ces 15 dernières années. Au final, je persiste et je signe en clamant haut et fort que cette série mérite votre attention et se révèle moins évidente que de prime abord, car ayant une tonalité bien plus sombre que ne laisse supposer le graphisme assez proche du style Soleil (Crisse oblige).
Créature
Alors je ne connais pas Cleet BORIS, je ne sais pas si il était un bon musicien (Ancien membre de l’Affaire Louis’ Trio), mais c'est un excellent auteur de BD. Créature et plus précisément le tome 1 "Chimère", est une bd "décalée" l'histoire est loin d'être commune, et le scénario est extrêmement bien fait, on y découvre les inconvénients de l'immortalité et de la différence. Le dessin est pas mal du tout et la créature est remarquablement dessinée. Donc à lire et à découvrir!
Où le regard ne porte pas...
Une bande dessinée de très grande qualité: Un scénario mêlant poésie, nostalgie, et un brin d'humour, un univers formidable où évoluent des héros attachants, le soleil des plages de Méditerranée... Un décor de rêve quoi! Et tout cela servi par un scénario original et un dessin sans fioritures, efficace et agréable à l'oeil. En somme, à lire absolument, et à réserver pour l'une des meilleures places de sa bdthèque! Bonne lecture!
La terre sans mal
Ces dessins! C'est vraiment à couper le souffle. Toutes les cases sont des oeuvres d'art. J'adore. Rien que pour cela, j'aurais déjà mis 4/5. Mais en plus, le scénario, si on peut parler de scénario, ne vient pas gâcher l'oeuvre par des clichés genre "les gentils indiens contre les mauvais espagnols". Ici, on assiste à la migration d'un peuple à la recherche de son identité, de sa liberté, qu'il a bradées contre le "confort" que procure la "civilisation" des "envahisseurs". Je met des guillemets, car il s'agit de mon interprétation. Les auteurs se limitent, à mon sens, à décrire le choc entre les civilisations, et à transcrire le journal d'une femme au destin exceptionnel. Cette bd est vraiment un très bel objet, qui mérite vraiment un petit coin dans votre bibliothèque.
Jeremiah
C'est en lisant l'avis de Switch ci-dessous que je me suis rendu à quel point je suis d'accord avec lui concernant cette série. Jeremiah est une série dont j'ai lu et relu chaque tome avec grand plaisir. Concernant le dessin, il est vrai qu'on voit le style d'Hermann évoluer. D'un style déjà très bon mais un peu classique dans la colorisation, il passe à la couleur directe au bout de certains albums et cela devient vraiment excellent. Hermann a su créer un monde post-apocalyptique mêlant western et monde à la Mad Max plein d'originalité et surtout plein d'âme. Ses personnages aussi sont très bons (Jeremiah, d'accord, mais surtout Kurdy (et sa mule Ezra) qui est un excellent second rôle). Chaque tome a une histoire sérieuse, parfois très originale (parfois moins hélas : le thème "les deux étrangers arrivent en ville et se retrouvent impliqués dans une affaire qui ne les concerne pas et qu'ils auraient aimer éviter" se répète assez souvent, surtout dans les derniers tomes), toujours très humaine et intelligente. Mais comme Switch, je trouve en effet qu'il aurait été préférable qu'Hermann ait pu approfondir davantage chacune de ses histoires : le principe d'une histoire par tome permet de profiter indépendamment de chaque album, mais cela a aussi ses désavantages, car les histoires manquent un peu de profondeur. Heureusement, le monde de Jeremiah et ses personnages, eux, ne manquent sûrement pas de profondeur.
Jeremiah
"Jeremiah" est, à mon sens, l'oeuvre la plus ambitieuse et la plus personnelle de Hermann. Il nous entraîne dans un "Road Movie" déjanté dans un monde en lambeaux qui permet aux aspects les plus sombres et abjects de l'humanité de s'exprimer en toute impunité. Les deux héros sont magnifiques d'antagonismes et gagnent au fil de leurs aventures une profondeur rarement atteinte dans le monde de la bd. Certes, tous les albums ne sont pas d'un intérêt égal, mais au vu de la longévité de cette série, la qualité moyenne est impressionnante. Seul bémol, j'aurais personnellement aimé que certaines histoires soient un peu plus développées. En effet, le choix d'un tome par aventure, s'il permet de conserver une dynamique au récit, oblige l'auteur à aller à l'essentiel quitte parfois à être trop superficiel dans le traitement des protagonistes autres que nos deux héros. C'est cet aspect qui m'empêche de mettre un 5 pourtant bien mérité sur le plan graphique. En conclusion, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre "Jeremiah" et le "Blueberry" de Giraud, car nous sommes en présence dans les deux cas de séries au long cours qui nous permettent de suivre l'évolution graphique de deux maîtres emblématiques du 9ème Art. Il est impressionant de constater la maturation de l'art de Hermann au fil des albums, et cette série est, contrairement à ces autres séries plus conventionnelles, un formidable laboratoire d'expérimentation stylistique.