4.5
Cette BD ma foi est fort bien, avec -tout a déjà été dit mais bon- de somptueux dessins, de magnifiques couleurs et, seul "point faible", un scénario pas original mais tellement bien fait qu'il ne réduit en rien le plaisir que j'ai eu à le lire.
Pour l'instant au bout de 6 albums, ca ne s'essoufle pas (pour le moment...espérons que ce ne soit pas une série à rallonge), les graphismes sont magnifiques, le scénario est toujours aussi intrigant, bref c'est une très bonne BD.
Sans toutefois mettre 5/5 car c'est vraiment pour les BDs exceptionnelles (ceci dit DCEDC n'en est pas loin).
J'aime beaucoup quand un auteur retourne sur les traces de sa famille, sur son passé (Giroud dans Azrayen, Dethan dans Ingrid), cela donne souvent une oeuvre forte dans laquelle l'auteur met beaucoup de lui-même. C'est la cas ici : Makyo, pourtant quasi-exclusivement scénariste, décidant même de faire l'album en solo. Malgré un certain classicisme et des pistes intéressantes mal développées dans le second tome (je suis entièrement d'accord avec Altaïr sur ce point là), "Le coeur en Islande" reste très touchant. Malgré l'imperfection de son trait, notamment au début, Makyo sublime ses défauts et laisse parler son coeur justement. Rendant compte rigoureusement de la vie infernale de ces marins au grand large, Makyo réalise une oeuvre personnelle et très touchante.
Efficace est le mot qui me vient à l'esprit pour commenter cette série dans l'univers de "Yiu". Quoique la lecture du cycle mère ne soit pas une absolue nécessité, elle permet de mieux comprendre la motivation de la jeune Yiu et met en perspective la tache qui l'attends dans le cycle principal face à l'antéchrist.
Moins ambitieux que "Yiu", ce spin off antérieur se consacre à l'action pure et dure et réussit parfaitement sa tache. Les dessins ne sont peut-être pas aussi impressionant mais il y a un vrai sens du découpage et un dynamisme certain. Très bon dans le genre action quoi, avec de plus un deuxième tome qui casse vraiment la baraque.
Le premier tome est vraiment spécial, avec ses grands dessins pleine page, mais c'est probablement celui que j'ai le plus aimé. Non Téhi ne raconte pas grand-chose sur 60 pages mais il le fait diablement bien! L'action omniprésente sur ces 4 tomes vient en complément d'une intrigue extrêmement bien posée, dans un univers apocalyptique réfléchi à l'organisation sociale, religieuse et politique bien établie, ce qui permet de dérouler l'histoire avec une grande cohérence.
Le travail graphique (dessin, design, couleur, ...) est superbe et m'a scotché du début à la fin. Les pleines pages sont incroyablement belles. Au final une BD assez peu abordable mais qui, dans le genre SF, tranche avec 90% de la production habituelle, de qualité bien plus incertaine.
"HK" est une BD que j'ai découverte récemment et qui m'a totalement emballée. Le premier cycle est notamment absolument excellent, scénaristiquement très dense et finalement assez noir. J'aime beaucoup la patte de Trantkat mais pour avoir lu les nouvelles versions du 1.1 en deux tomes (recolorisation impeccable et nécessaire, cases rajoutées pour coller au nouveau format quand ce ne sont pas des pages rajoutées ou montées différemment), j'ai la très nette impression qu'on va atteindre une dimension qualitative très supérieure.
Si je mets 5, c'est notamment par rapport à ce futur prometteur parce que je dois reconnaitre que le tome 2.1 m'a un peu déçu. Passons sur la scène de cul qui n'apporte rien mais qui est absolument superbe et diablement osée. Non, ce qui ma chagrine, c'est qu'il ne se passe pas grand chose dans ce "Massilia"... HK était plus intéressant en délinquant un peu collabo qu'en bidasse moyen sur le vieux port. J'espère que la barre sera redressée pour la suite. Et chapeau pour cette réédition qui pour une fois se justifie complétement.
Dethan allie ici un dessin toujours aussi somptueux à une histoire moins anodine que ses autres oeuvres. Sur les traces de sa famille maternelle, "évadée" de ce qui allait devenir la R.D.A., Dethan nous raconte la fin de la guerre, la souffrance d'Allemands qui ne comprenaient pas forcément grand-chose à ce qu'il se passait (et ce n'est pas être négationniste que de reconnaître qu'il y en avait), sans pour autant tous les dédouaner (le voisin membre du parti national socialiste). Le résultat est brillant, subtile alliance entre sujet sérieux et situations anodines de l'enfance, servi par un dessin de toute beauté. Une évidente réussite.
Ah, Isabelle Dethan... C'est beau, c'est frais, c'est construit sur plein de petits riens, de situations anodines, de souvenirs d'enfance. Alors non, il ne se passe pas grand chose, on n'est pas happé par l'intrigue, emporté dans des aventures improbables mais j'ai par contre été totalement envoûté par cet univers empli de nostalgie et d'une poésie évidente.
Le dessin est magnifique, il est presque dommage qu'il n'y ait pas de couleur, comme sur "Eva aux mains bleues", tant le résultat serait somptueux.
Dans le genre totalement inutile et complètement indispensable, "Tante Henriette ou l'éloge de l'avarice" est à ne pas manquer.
Ce recueil, d'environ 200 pages, regroupe un ensemble de 8 nouvelles réalisées entre mai et août 1993 par Taniguchi. Il s'agit d'adaptations en bande dessinée d'oeuvres de Utsumi. L'orme du caucase qui donne son nom au recueil est la première nouvelle. Il y a d'un côté un sentiment qu'on peut ressentir à la lecture de L'Homme qui marche à savoir l'émerveillement pour peu de choses. Ou du moins pour des choses qui ne nous paraissent pas valoir le coup de s'y attarder ou encore qu'on ne prend pas le temps d'apprécier. C'est ce qu'on ressent devant ces deux hommes face à l'orme du Caucase majestueux. Il était là bien avant tout le monde mais il gêne le voisinage, donc il faut se résoudre à l'abattre car les gens ne pensent qu'à eux et pas à l'arbre qui lui n'a rien demandé.
Je dirais que le dénominateur commun de la majorité des nouvelles est la famille. Les relations dans une famille entre 2 frères, entre une femme et sa belle-fille ou autre sont très bien décrites et cet album est plein de bons sentiments. Il déborde de gentillesse comme le dit le romancier Yoshikawa dans sa postface, pas de violence mais de la tranquillité et de l'apaisement.
Les dessins sont très bons comme d'habitude avec Taniguchi, vraiment très fins même si on pourra lui reprocher de dessiner souvent des visages très semblables.
Pour conclure, on peut dire que voilà encore un très bel ouvrage de Taniguchi à se procurer.
Ca y est, ce bon vieux Julius m'est enfin passé entre les mains, et après avoir eu des avis divers sur cette série au fil des tomes, je me suis mis d'accord avec moi-même en refermant le cinquième.
En effet, les différents opus de la série sont assez inégaux : le premier tome exploite une idée tout bonnement géniale, mais j'ai eu quelque peu l'impression que l'auteur se reposait sur l'originalité facile de son fil conducteur. Toutefois, tant de trouvailles font de "L'origine" un excellent album. Le deuxième tome n'a malheureusement fait que confirmer l'impression du tome 1 : MAM exploite à fond l'univers décalé qu'il a créé, sans s'intéresser assez, ici, à ses personnages. Le tome 3, lui, est clairement incontournable ; alors que l'on pense avoir compris le petit jeu de l'auteur, il bouscule toutes les règles d'un monde sans règles, et la fin cyclique déconcerte tant on se rend compte de la cohérence parfaite de l'oeuvre. Le tome du miroir est très intéressant, ne serait-ce que pour l'intérêt de l'exercice de style, mais je n'ai pas vraiment pris de plaisir à le lire, le déclic n'a pas fonctionné pleinement.
Le dernier tome, tout récent, est quant à lui tout à fait indispensable, à l'égal du tome 3, autant par son scénario (point de fuite et consorts sont brillamment utilisés pour fabriquer un scénario prenant malgré son absurdité brute) que par les petites surprises (forcément plaisantes) qui parcourent l'album, tel que le passage en 3D, avec lunettes et tout (la classe).
Bref, Mathieu est incroyablement doué, même si j'ai eu l'impression (peut-être pleine d'espoir) qu'il pouvait encore faire beaucoup mieux si l'originalité primait moins sur les personnages et le scénario.
Je partage entièrement l'avis d'elveen.
Ce one shot retrace le destin tragique de Gwynplaine, jeune homme au visage hilare abandonné par une bande de comprachicos repentis. Le visage déformé de Gwynplaine (bouche fendue et gencives dénudées) est animé d'un rire perpétuel, d'où le surnom de "l'homme qui rit".
De Felipe centre son récit autour d'un trio marginalisé mais fortement uni : Gwynplaine (le personnage central), Ursus (philosophe nomade, mi-guérisseur, mi-saltimbanque) accompagné de Homo (le loup) et Déa (nourrisson aveugle devenue jeune femme).
La trame de l’histoire est relativement simple mais le récit pèse par les propos sombres mis en avant par l’auteur. En effet, De Felipe s’applique à retranscrire les souffrances et l’espoir de l’homme qui rit sous un trait en parfaite adéquation avec la noirceur du récit. L’alternance des tons chauds et froids participe grandement à l’ambiance glauque mais captivante qui se dégage des planches. J’ai donc apprécié le graphisme et j’ai suivi le récit avec intérêt grâce à des dialogues percutants. Un regret peut être : les desseins de Lord Bellew à l’égard de l’homme qui rit ne sont pas dévoilés mais cela n’est que secondaire après tout . . .
Une bd vite lue (une deuxième lecture est d’ailleurs vivement conseillée) mais elle vaut le détour !
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De Cape et de Crocs
4.5 Cette BD ma foi est fort bien, avec -tout a déjà été dit mais bon- de somptueux dessins, de magnifiques couleurs et, seul "point faible", un scénario pas original mais tellement bien fait qu'il ne réduit en rien le plaisir que j'ai eu à le lire. Pour l'instant au bout de 6 albums, ca ne s'essoufle pas (pour le moment...espérons que ce ne soit pas une série à rallonge), les graphismes sont magnifiques, le scénario est toujours aussi intrigant, bref c'est une très bonne BD. Sans toutefois mettre 5/5 car c'est vraiment pour les BDs exceptionnelles (ceci dit DCEDC n'en est pas loin).
Le Coeur en Islande
J'aime beaucoup quand un auteur retourne sur les traces de sa famille, sur son passé (Giroud dans Azrayen, Dethan dans Ingrid), cela donne souvent une oeuvre forte dans laquelle l'auteur met beaucoup de lui-même. C'est la cas ici : Makyo, pourtant quasi-exclusivement scénariste, décidant même de faire l'album en solo. Malgré un certain classicisme et des pistes intéressantes mal développées dans le second tome (je suis entièrement d'accord avec Altaïr sur ce point là), "Le coeur en Islande" reste très touchant. Malgré l'imperfection de son trait, notamment au début, Makyo sublime ses défauts et laisse parler son coeur justement. Rendant compte rigoureusement de la vie infernale de ces marins au grand large, Makyo réalise une oeuvre personnelle et très touchante.
Yiu - Premières missions
Efficace est le mot qui me vient à l'esprit pour commenter cette série dans l'univers de "Yiu". Quoique la lecture du cycle mère ne soit pas une absolue nécessité, elle permet de mieux comprendre la motivation de la jeune Yiu et met en perspective la tache qui l'attends dans le cycle principal face à l'antéchrist. Moins ambitieux que "Yiu", ce spin off antérieur se consacre à l'action pure et dure et réussit parfaitement sa tache. Les dessins ne sont peut-être pas aussi impressionant mais il y a un vrai sens du découpage et un dynamisme certain. Très bon dans le genre action quoi, avec de plus un deuxième tome qui casse vraiment la baraque.
Yiu
Le premier tome est vraiment spécial, avec ses grands dessins pleine page, mais c'est probablement celui que j'ai le plus aimé. Non Téhi ne raconte pas grand-chose sur 60 pages mais il le fait diablement bien! L'action omniprésente sur ces 4 tomes vient en complément d'une intrigue extrêmement bien posée, dans un univers apocalyptique réfléchi à l'organisation sociale, religieuse et politique bien établie, ce qui permet de dérouler l'histoire avec une grande cohérence. Le travail graphique (dessin, design, couleur, ...) est superbe et m'a scotché du début à la fin. Les pleines pages sont incroyablement belles. Au final une BD assez peu abordable mais qui, dans le genre SF, tranche avec 90% de la production habituelle, de qualité bien plus incertaine.
HK
"HK" est une BD que j'ai découverte récemment et qui m'a totalement emballée. Le premier cycle est notamment absolument excellent, scénaristiquement très dense et finalement assez noir. J'aime beaucoup la patte de Trantkat mais pour avoir lu les nouvelles versions du 1.1 en deux tomes (recolorisation impeccable et nécessaire, cases rajoutées pour coller au nouveau format quand ce ne sont pas des pages rajoutées ou montées différemment), j'ai la très nette impression qu'on va atteindre une dimension qualitative très supérieure. Si je mets 5, c'est notamment par rapport à ce futur prometteur parce que je dois reconnaitre que le tome 2.1 m'a un peu déçu. Passons sur la scène de cul qui n'apporte rien mais qui est absolument superbe et diablement osée. Non, ce qui ma chagrine, c'est qu'il ne se passe pas grand chose dans ce "Massilia"... HK était plus intéressant en délinquant un peu collabo qu'en bidasse moyen sur le vieux port. J'espère que la barre sera redressée pour la suite. Et chapeau pour cette réédition qui pour une fois se justifie complétement.
Ingrid
Dethan allie ici un dessin toujours aussi somptueux à une histoire moins anodine que ses autres oeuvres. Sur les traces de sa famille maternelle, "évadée" de ce qui allait devenir la R.D.A., Dethan nous raconte la fin de la guerre, la souffrance d'Allemands qui ne comprenaient pas forcément grand-chose à ce qu'il se passait (et ce n'est pas être négationniste que de reconnaître qu'il y en avait), sans pour autant tous les dédouaner (le voisin membre du parti national socialiste). Le résultat est brillant, subtile alliance entre sujet sérieux et situations anodines de l'enfance, servi par un dessin de toute beauté. Une évidente réussite.
Tante Henriette ou l'Eloge de l'Avarice
Ah, Isabelle Dethan... C'est beau, c'est frais, c'est construit sur plein de petits riens, de situations anodines, de souvenirs d'enfance. Alors non, il ne se passe pas grand chose, on n'est pas happé par l'intrigue, emporté dans des aventures improbables mais j'ai par contre été totalement envoûté par cet univers empli de nostalgie et d'une poésie évidente. Le dessin est magnifique, il est presque dommage qu'il n'y ait pas de couleur, comme sur "Eva aux mains bleues", tant le résultat serait somptueux. Dans le genre totalement inutile et complètement indispensable, "Tante Henriette ou l'éloge de l'avarice" est à ne pas manquer.
L'Orme du Caucase
Ce recueil, d'environ 200 pages, regroupe un ensemble de 8 nouvelles réalisées entre mai et août 1993 par Taniguchi. Il s'agit d'adaptations en bande dessinée d'oeuvres de Utsumi. L'orme du caucase qui donne son nom au recueil est la première nouvelle. Il y a d'un côté un sentiment qu'on peut ressentir à la lecture de L'Homme qui marche à savoir l'émerveillement pour peu de choses. Ou du moins pour des choses qui ne nous paraissent pas valoir le coup de s'y attarder ou encore qu'on ne prend pas le temps d'apprécier. C'est ce qu'on ressent devant ces deux hommes face à l'orme du Caucase majestueux. Il était là bien avant tout le monde mais il gêne le voisinage, donc il faut se résoudre à l'abattre car les gens ne pensent qu'à eux et pas à l'arbre qui lui n'a rien demandé. Je dirais que le dénominateur commun de la majorité des nouvelles est la famille. Les relations dans une famille entre 2 frères, entre une femme et sa belle-fille ou autre sont très bien décrites et cet album est plein de bons sentiments. Il déborde de gentillesse comme le dit le romancier Yoshikawa dans sa postface, pas de violence mais de la tranquillité et de l'apaisement. Les dessins sont très bons comme d'habitude avec Taniguchi, vraiment très fins même si on pourra lui reprocher de dessiner souvent des visages très semblables. Pour conclure, on peut dire que voilà encore un très bel ouvrage de Taniguchi à se procurer.
Julius Corentin Acquefacques
Ca y est, ce bon vieux Julius m'est enfin passé entre les mains, et après avoir eu des avis divers sur cette série au fil des tomes, je me suis mis d'accord avec moi-même en refermant le cinquième. En effet, les différents opus de la série sont assez inégaux : le premier tome exploite une idée tout bonnement géniale, mais j'ai eu quelque peu l'impression que l'auteur se reposait sur l'originalité facile de son fil conducteur. Toutefois, tant de trouvailles font de "L'origine" un excellent album. Le deuxième tome n'a malheureusement fait que confirmer l'impression du tome 1 : MAM exploite à fond l'univers décalé qu'il a créé, sans s'intéresser assez, ici, à ses personnages. Le tome 3, lui, est clairement incontournable ; alors que l'on pense avoir compris le petit jeu de l'auteur, il bouscule toutes les règles d'un monde sans règles, et la fin cyclique déconcerte tant on se rend compte de la cohérence parfaite de l'oeuvre. Le tome du miroir est très intéressant, ne serait-ce que pour l'intérêt de l'exercice de style, mais je n'ai pas vraiment pris de plaisir à le lire, le déclic n'a pas fonctionné pleinement. Le dernier tome, tout récent, est quant à lui tout à fait indispensable, à l'égal du tome 3, autant par son scénario (point de fuite et consorts sont brillamment utilisés pour fabriquer un scénario prenant malgré son absurdité brute) que par les petites surprises (forcément plaisantes) qui parcourent l'album, tel que le passage en 3D, avec lunettes et tout (la classe). Bref, Mathieu est incroyablement doué, même si j'ai eu l'impression (peut-être pleine d'espoir) qu'il pouvait encore faire beaucoup mieux si l'originalité primait moins sur les personnages et le scénario.
L'Homme qui rit
Je partage entièrement l'avis d'elveen. Ce one shot retrace le destin tragique de Gwynplaine, jeune homme au visage hilare abandonné par une bande de comprachicos repentis. Le visage déformé de Gwynplaine (bouche fendue et gencives dénudées) est animé d'un rire perpétuel, d'où le surnom de "l'homme qui rit". De Felipe centre son récit autour d'un trio marginalisé mais fortement uni : Gwynplaine (le personnage central), Ursus (philosophe nomade, mi-guérisseur, mi-saltimbanque) accompagné de Homo (le loup) et Déa (nourrisson aveugle devenue jeune femme). La trame de l’histoire est relativement simple mais le récit pèse par les propos sombres mis en avant par l’auteur. En effet, De Felipe s’applique à retranscrire les souffrances et l’espoir de l’homme qui rit sous un trait en parfaite adéquation avec la noirceur du récit. L’alternance des tons chauds et froids participe grandement à l’ambiance glauque mais captivante qui se dégage des planches. J’ai donc apprécié le graphisme et j’ai suivi le récit avec intérêt grâce à des dialogues percutants. Un regret peut être : les desseins de Lord Bellew à l’égard de l’homme qui rit ne sont pas dévoilés mais cela n’est que secondaire après tout . . . Une bd vite lue (une deuxième lecture est d’ailleurs vivement conseillée) mais elle vaut le détour !