Les derniers avis (37444 avis)

Par Don Lope
Note: 4/5
Couverture de la série Les Poissart (Les Damnés de la terre associés)
Les Poissart (Les Damnés de la terre associés)

Faut-il le répéter : Tronchet est un auteur majeur de bande dessinée. Son humour noir et son cynisme sont sans égaux, tels que le démontrent "Raymond Calbuth", "Jean-Claude Tergal", "Welcome Land" ou "Houppeland". Mais à côté des "Damnés de la terre associés", ces différents opus se lisent comme un "Oui-Oui et la girafe rose". Jamais Tronchet n’est allé aussi loin; c’est tellement cynique que c’en est parfois presque gênant. Oui, j’ai ressenti de la compassion pour les Poissards vivant ad vitam eternam dans leur caravane ou les enfants cancéreux du sanatorium. Tronchet pousse le bouchon tellement loin que j’avais parfois honte de rigoler autant (Goofy craquant lors d’une visite aux enfants malades : « Regardez-les là !! On nous fait faire le guignol pour leur arracher un dernier sourire avant la morgue !! Dans deux mois la mucoviscidose aura fini des les bouffer, étouffés dans leur vomi !!! Je supporte plus moi !! ». Un enfant sous perfusion : « T’as compris la blague, toi ? »). Il fourmille tellement d’idées qu’il livre 6 albums entiers d’une égale qualité et regorgeant malgré tout d’une sincère tendresse. A lire absolument donc, mais le second degré ne doit pas être oublié au vestiaire.

12/01/2004 (modifier)
Par Don Lope
Note: 4/5
Couverture de la série Tosca
Tosca

"Tosca", c’est un peu la grosse machine qui en fera fuir certains : par le scénariste d’"IRS", par le dessinateur des "Maîtres de l’orge", quand on a dit ça, on a tout dit non? Et bien moi je suis assez client de cette grosse machine. Alors, c’est sûr que c’est pas follement original : un indic du FBI substitué à un fils de maffieux honni pendant des années, c’est pas le pitch du siècle mais ça fonctionne pourtant très bien. Le scénario est carré, les personnages sont bien cernés et les guerres intestines entre deux factions siciliennes donnent un plus indéniable à cette histoire d’infiltration. Le côté manichéen est même assez bien évité, les auteurs ne cataloguant pas systématiquement les bons d'un côté et les méchants de l'autre (le FBI ne s’embarrasse pas trop de devoir tuer un ou plusieurs innocents). Mon seul regret : le règlement de compte entre maffieux et policiers dans le troisième tome; on est à la limite du grand guignol. Faire du Peckinpah ou du Tarantino en BD n’est pas des plus évident, on frise ici le ridicule. Une BD blockbuster donc, mais qui devrait plaire au plus grand nombre.

12/01/2004 (modifier)
Par Don Lope
Note: 4/5
Couverture de la série Tranches de brie
Tranches de brie

Un Margerin des débuts, très orienté extra-terrestres, avec notamment une histoire tordante de fin du monde où les habitants se sachant perdus provoquent cataclysmes sur cataclysmes. L’ensemble est très original et parfois assez cynique. Pas mal d’histoires sont en noir et blanc.

12/01/2004 (modifier)
Par Don Lope
Note: 4/5
Couverture de la série Y'a plus de jeunesse
Y'a plus de jeunesse

Un excellent album de Margerin. Moins connu que ses Lucien, cet album vaut le détour. Pour tout dire je suis à deux doigts de lui mettre la note maximale. Qu’il décrive le trip d’un dessinateur devant sa page blanche, les performances de Flipo le roi du smurf, l’honneur entaché d’un motard ne parvenant pas à semer une mobylette ou les affres d’un instituteur repensant aux conneries qu’il faisait quand il était môme, Margerin fait mouche à chaque fois. L’ensemble est hilarant et certaines histoires sont mêmes politiquement plus engagées qu’à l’habitude. Du très très bon.

12/01/2004 (modifier)
Couverture de la série Le Japon Révélé - Visions of Japan
Le Japon Révélé - Visions of Japan

Un ouvrage amusant et qui va au-delà des stéréotypes habituels. Cet album contient également une étude sur les mangas et des notes explicatives. Pour un petit tirage (avis aux collectionneurs d'albums rares), cet album est joliment réalisé et nous permet de découvrir de jeunes auteurs souvent trop ignorés des grandes maisons d'éditions trop conservatives. Rapport qualité/quantité/prix excellent.

12/01/2004 (modifier)
Par Guilhem
Note: 5/5
Couverture de la série Naüja
Naüja

Je ne peux laisser laisser cette magnifique série subir ainsi les affronts d'une critique négative. En effet, "Naüja" ne manque en rien de qualité. Les deux derniers tomes ayant été suffisament défendus, c'est au premier que je vais m'attacher. Celui-ci plonge le lecteur dans un univers frais très dépaysant. C'est le souffle des steppes que j'ai ressenti à la lecture de ce tome. Et c'est là tout ce qui fait le charme de cette bd, elle apporte une bouffée d'air à un lecteur lassé d'heroïc fantasy lourde d'hormones mâles pas toujours de très bon goût, ou asphixié par les univers SF sombres et désespérés... Cette fraîcheur tend bien vite vers l'épopée puis le conte. C'est cette évolution habile des styles du récit, de l'aventure classique au conte et à la legende, qui donne à cet ouvrage aux dessins et aux couleurs sublimes toute sa valeur. Une lecture que je recommande chaudement.

11/01/2004 (modifier)
Par JBT900
Note: 4/5
Couverture de la série Retour Ecrémé
Retour Ecrémé

Une superbe découverte! Acheté dans l'après midi, je l’ai lu sitôt arrivé chez moi et j’ai vraiment été conquis par cette petite bande dessinée qui, l’air de ne pas y toucher, apporte une fraîcheur et un plaisir de lecture qui m’ont enchanté. Le dessin minimaliste mais très expressif associé à des dialogues drôles et abondants, voilà qui apporte une personnalité et une force toute particulière à cet album. Cette fable sur la condition du Zombie est une petite perle d’humour qui se lit avec délectation tout au long des 6 chapitres. Et l’épilogue de cette fable tour à tour sociale et humaine se termine de bien belle façon. Je n’avais jamais rien lu de Ibn Al Rabin jusqu’à aujourd’hui et je dois avouer que je suis vraiment sous le charme de ce petit album qui est à coup sûr un de mes coups de cœur de l’année. Enfin, même si ce n’est pas très passionnant d’en parler, il faut quand même remarquer que 10 € pour cet album constitue un effort louable de la part d’Atrabile. Je souhaite vivement à ce « Retour écrémé » de rencontrer le succès, car il le mérite vraiment.

11/01/2004 (modifier)
Couverture de la série Candélabres
Candélabres

Ah, voilà une très bonne bd, qu’est ce que je dis, culte ! "Candélabres" ne brille pas par son dessin, lisse, simple, pauvre en décors, mais plutôt par son excellent scénario. Le scénario est original, il est très agréable à lire et très accrochant, j’ai lu les trois tomes qui composent pour l’instant cette série d’un seul coup, sans m’autoriser une pause entre les albums, ce que je fais habituellement. Le scénario est tellement bien qu’après la lecture des trois tomes, j’ai tout de suite voulu me renseigner pour savoir quand paraîtra le tome 4 et puis par la même occasion le tome 5 qui finira la série. Enfin les couleurs sont un peu fades, le ton est un peu vieux à mon goût, mais cela ne change rien à la lecture. Cependant, il reste beaucoup de questions essentielles qui restent sans réponses. Qui sont les Candélabres ? Comment sont-ils apparus sur Terre ? Qui est Paul ? J’espère que la scénariste Algésiras saura nous donner des réponses pas bidon, mais vu son imagination, je pense qu’on peut lui faire confiance. Bref, une série trop méconnue mais extraordinairement bien.

10/01/2004 (modifier)
Par Remyz
Note: 4/5
Couverture de la série Naüja
Naüja

Je suis vraiment surpris de la note qu'obtient cette série, elle a de nombreuses qualités et il ne faut surtout pas s'arrêter au premier tome qui ne reflète pas ce que vaut la série. Tout d'abord, les dessins sont vraiment sublimes. Ca devient une habitude chez Paquet, mais tout est beau. Les décors sont somptueux et les personnages bien maîtrisés. On ne peut qu'être enchanté par les dessins d'Elias, un talentueux dessinateur comme les éditions Paquet savent si bien les trouver. Je ne vois vraiment pas quoi dire de plus sur les dessins, sinon d'ouvrir l'album pour vous faire votre propre avis. Les couleurs de Castillo sont elles aussi sublimes, elles s'associent parfaitement au dessin. A aucun moment on n'est choqué par la couleur utilisée... C'est vraiment de l'excellent travail ! L'histoire ne semble pas passionante dans le premier tome, elle est lente et on sait peu de choses de ce monde qui semble baigner dans l'heroïc fantasy. Le second et le troisième tome nous emmènent à la frontière du conte (surtout le troisième, avec le rêve). L'histoire en elle-même devient très intéressante au second tome, avec différentes quêtes. Le tout orchestré par une prophétie ancienne qui est sur le point de se renouveler. L'histoire est très bien découpée, et tient la route. On est vraiment envoûté par cette dernière, et on veut connaître le fin mot de l'histoire qui est, il est vrai, assez prévisible. Ce premier cycle (s'il y en a un deuxième) est donc réussi, les principaux personnages sont attachants et nous font alterner entre rire avec Raspa, serieux avec Gorb, et mystère avec la Mash Arim. Les péripéties sont bien dosées et servent l'histoire tout en laissant des parts d'ombres concernant certaines scènes. Bref, "Naüja" est sans doute au même titre que "Lock", une série de qualité qui a fait découvrir les prometteuses éditions Paquet !

10/01/2004 (modifier)
Couverture de la série Où le regard ne porte pas...
Où le regard ne porte pas...

Il en est de certaines illustrations de couverture comme d'un croissant à la frangipane sur le présentoir d'une boulangerie : on craque, sans réfléchir, ça semble si bon. "Où le regard ne porte pas..." s'ouvre sur une toile de Magritte. Ce dessin extraordinaire, bleu comme l'enfer, aux deux enfants suspendus dans le vide, est le plus beau que j'ai vu depuis, peut-être, le premier tome de Blacksad. (attention, l'image fournie pas BDP n'est pas la bonne : le lettrage du titre a changé, et surtout s'inscrit en blanc sur le bleu, petit nuage accroché aux rêves des deux gamins...) Un album double, déjà, à peine plus cher qu'un format standard... Olivier Pont aux dessins : tiens, c'est lui qui a réalisé cette couverture ? Le mec qui dessine les guides de La Honte, avec ces filles anguleuses qui ont toutes la même tête ? Vous pouvez ricaner, un peu, jusqu'à ce que les décors vous agrippent le regard pour ne plus vous faire penser à autre chose pendant les 90 pages du récit. C'est l'explosion du cadre, les collines italiennes arides et écrasées de soleil qui cherchent à déborder des frontières du livre : Pont est un grand gosse avec une boîte de peinture, qui s'amuse à reproduire la démesure du paysage ouvert devant lui. Toute l'italie paysanne du début du siècle m'a envahi les narines, je me suis retrouvé en plein Carlo Lévi, comme si "Le Christ s'est arrêté à Eboli" avait soudain croisé les collines de Pagnol. La chaleur, le bleu azur de la méditerrannée qui se confond avec celui du ciel, le mode de vie des paysans rudes et incultes, attachés à la terre de leur clan... impression étrange de voir un album de Philippe Francq qui aurait lâché règles et compas pour mettre de la rondeur partout, jusque dans les escarpes rocheuses des petites criques où se baignent les quatre héros. Un univers foisonnant de personnages secondaires, depuis le père citadin effectuant son "retour à la terre" et persuadé de faire fortune dans la pêche grâce au progrès, dans lequel on ne peut s'empêcher de retrouver Jean de Florette avec qui il partage le même optimisme fanatique et le goût des calculs prévisionnels, jusqu'au chef de clan incapable de raisonner autrement qu'en termes de tradition et d'autarcie, que l'on pourrait croire sorti de Astérix en Corse. Au coeur de l'histoire de ces adultes qui s'affrontent, moins pour la possession de la terre que pour une question d'incompréhension séculaire, les auteurs m'ont régalé de la naissance d'un amour encore incertain entre deux gamins, William le citadin, venu de Londres avec son père, et Lisa, adorable Lisa aux cheveux noirs qui connaît tous recoins de la garrigue. On pense à Pagnol, une nouvelle fois, pour l'amitié qui se crée entre Marcel et Lili, le coureur des collines... Quelle pudeur dans les regards, dans les sentiments ! Quelle justesse de ton aussi : là où certains font tomber amoureux des personnages le temps d'une page puis passent à autre chose, les auteurs font durer les rapports de tendresse chez ces enfants qui n'ont encore que dix ans. Tout est dans les attitudes, dans le non-dit : c'est dans les silences que l'histoire prend réellement forme, à la manière d'un récit de Larcenet... cet album, c'est Larcenet qui aurait dessiné un scénario de Claude Sautet. Les expressions des enfants, leurs visages, leurs petits gestes presque invisibles aux yeux des autres... C'est scandaleux d'être aussi doué, d'émouvoir à ce point avec une histoire qui n'a pas d'intrigue proprement dite, en dehors du mystère qui semble réunir les quatre enfants. On retiendra de nombreuses scènes déjà cultes, n'en doutez pas : les enfants qui jouent à "GeooOOOoorges" avec des herbes de provence, la tronche fabuleuse de l'âne à qui ont insère un piment rouge dans la rotondité charnue en guise d'épreuve initiatique, ou encore une poignée de main entre deux hommes, si discrète que personne ne la remarque, et qui scelle une amitié au premier regard. Les dialogues sont en accord avec le reste : sans faute. Le récit, tout à tour raconté par William ou Lisa, se laisse porter par des réflexions enfantines parfaitement écrites, où décidément Pagnol aurait sa place. Ce n'est ni puéril ni infantile : c'est simplement "juste", tel que cela doit l'être, et souvent très drôle, aussi. Qui s'en plaindra ? Une critique honteusement longue pour un album qui se défend très bien de lui-même. Ces derniers temps Dargaud semble décidé à publier de grandes bandes dessinées de qualité, et après Le Combat Ordinaire, "Où le regard ne porte pas..." est la première à m'émouvoir à ce point. La fin, aussi triste qu'elle est excitante, m'a achevé. Je compte déjà les jours d'ici le deuxième et probablement dernier tome.

10/01/2004 (modifier)