Comme je l’ai déjà dit, le maître intérêt de cette BD reste l’effort scénaristique. Chauvel, bien servi par les dessins efficaces de Le Saëc, excelle dans son découpage, sa construction narrative : pour ne citer qu’un exemple, il ouvre son récit sur un détail qui semble anodin, mais prend tout son sens à la fin de la BD…
La construction en flash-backs peut dérouter, si on n’a pas l’habitude. Mais comme ceux-ci sont très bien marqués, repérés clairement dans le temps, un léger effort de représentation permet de suivre parfaitement l’histoire, avec en prime l’impression d’être intelligent !
La thématique de cette BD reste, comme bien souvent chez Chauvel, la violence, mais la violence sociale, et l’humanité de ses acteurs. Plus explicitement, on voit le flic faire son boulot, être aussi humain qu’il est possible de l’être (on a notamment droit à un aperçu rapide de sa vie de famille) en ménageant son sens du devoir, et le délinquant le prendre pour un pote inconditionnel… Avant de « tomber de haut » : le flic reste un flic – pas un pourri ni un hypocrite, mais un flic qui fait son boulot quand ça commence à devenir grave.
Le jeune en conservera un sentiment amer, et tout ça, bien évidemment, finira mal.
Un BD solide, un peu noire, mais à mon sens très réaliste, et qui veut plus dépeindre de manière un peu orientée, sociologique pourrait-on presque dire, que dénoncer un système ou la société.
Une BD qui démarre comme un polar classique : un accident, un inconnu aux trousses d’une jeune fille défendue par son chevalier servant, et allons-y pour une histoire intéressante mais pas très originale.
Pourtant, au fur et à mesure que l’on progresse dans la lecture, on se dit que quelque chose cloche. C’est imperceptible, mais une photo oubliée par-ci, une ellipse par-là, et tout ça prend peu à peu l’apparence d’une histoire beaucoup plus complexe qu’elle n’en a l’air.
Pas complexe au niveau de l’intrigue, s’entend : on n’a pas affaire à un scénario à la XIII… Mais complexe au niveau humain. Il y a décidément trop d’histoires derrière cette seule et unique jeune femme.
Petit à petit, donc, le lecteur découvre une vérité surprenante, quoique simple au possible. Et toute l’histoire de s’écrouler, de se déconstruire, de s’épurer au maximum. En cela, cette BD me fait un peu penser aux « bijoux de la Castafiore », ouvrage dans lequel chaque intrigue est une fausse piste, un faux-semblant intégral, un monstre de simplicité que seule notre naïveté a rendu complexe.
Toute cette subtilité de scénario s’articule sur des personnages très attachants, du simplet Luis à sa mère abusive en passant par le mystérieux (et violent) bonhomme. On les sent tous porter un drame en germe, et tous se débattent là-contre sans s’en rendre compte…
Les personnages, très humains donc, sont bien rendus par le trait du dessinateur, qui propose là une galerie de portraits comme son scénariste propose une galerie de psychologies ; avec la finesse des « Amours fragiles », composées par les mêmes auteurs.
Voilà bel et bien une série exceptionnelle ! De longévité, de qualité et d'innovation. L'humour de Goscinny (qui n'a selon moi d'égal que celui de Franquin) allié à la perfection du trait d'Uderzo ont fait d'Astérix le mètre étalon de la BD franco-belge.
Les gags, références et clins d'oeil qui remplissent les pages sont autant de preuves de l'immensité du talent des auteurs. L'univers de nos amis gaulois est particulièrement bien développé, ce qui frappe d'ailleurs, c'est que le moindre petit personnage secondaire est traité avec autant d'attention et de minutie (j'allais dire d'amour) que les "piliers" de la série.
Astérix est devenu au fil des albums LA référence et LE représentant de la BD aussi bien auprès des non-initiés que des passionnés, et ce tour de force n'est qu'une de ses si nombreuses qualités.
L'intemporalité des histoires en est une autre, majeure.
Véritable phénomène, Astérix est et restera dans le coeur de tous comme la BD phare de la deuxième partie du XXème siècle. Et de loin !
... Difficile...
L'album en soit n'est pas une bande dessinée, mais plutôt un recueil de textes écrits à chaud par Larcenet, et très largement illustrés.
Le processus de gestation est intéressant : écrits comme un journal intime pour "aplanir les choses", Larcenet s'est mis à dessiner sur ses textes, presque par hasard, fasciné. Le résultat est pour le moins surprenant, étrange et déstabilisant. Vous qui connaissiez Bill Baroud, La Loi des Series, "Les super-héros injustement méconnus" et autres séries comiques, vous allez tomber de haut ! Larcenet livre ici ses pensées les plus noires, son malaise le plus profond. Pas sous forme très réfléchie ni très élaborée, mais le sentiment de ce malaise, tant par les textes que par les dessins.
Après ça, on voit ses autres séries avec un autre oeil...
Giacomo, c'est un de ces héros que l'on apprend à suivre et à aimer au fil des épisodes.
On découvre avec plaisir qu'il se bonifie avec le temps (dessins et couleurs sont de plus en plus agréables) et que la qualité est toujours au rendez vous.
Un grand bravo particulier au souci de réalisme dans la reconstitution de Venise, l'atmosphère de décadence raffinée est particulièrement bien rendue.
Une valeur sûre, indéniablement.
Au risque de ne pas être très original, j'avoue avoir appris à lire, moi aussi, grâce aux albums de Tintin. Donc un incontestable sentiment de nostalgie influence en partie mon jugement.
Quand j'étais gosse, Tintin me faisait rêver. C'est vrai que le contexte de chaque album donne naissance à des aventures exaltantes, rocambolesques et captivantes. Et je me rends compte que la magie opère toujours, après chaque lecture, malgré les années qui s'amoncèlent. C'est d'ailleurs une raison de plus d'aimer les aventures de Tintin : je suis à chaque fois surpris des émotions qu'elles réveillent en moi.
Alors oui, la ligne claire d'Hergé, autrefois novatrice, a pris de l'âge et semble parfois dépassée par le graphisme de certains auteurs actuels. Malgré tout, ce style reste percutant et la maîtrise dont fait preuve Hergé fait oublier le reste.
Quant aux personnages, c'est sans conteste les acolytes et compères du célèbre reporter qui mènent la barque. Tintin, lisse et trop parfait est vite dépassé dans le coeur des lecteurs par le capitaine Haddock en tête (Mille Sabords !), ses disputes somptueuses avec Tryphon Tournesol (les albums "lunaires" au summum) et les inénarrables Dupondt (la scène de la jeep dans L'Or Noir par exemple), ainsi qu'une foule d'autres personnages, tous très charismatiques.
Pour résumer, Tintin paraît daté, et pourtant le relire procure toujours un plaisir certain, et peut même parfois se comparer à une cure de jouvence. Malgré tout ce qu'on peut lui reprocher, il reste une référence parmi les références, et ça, ça force le respect.
Attention, lorsque vous ouvrez une BD de Raymond Calbuth, vous entrez dans un monde à part, un monde dont vous ne reviendrez peut-être pas !
Raymond habite Ronchin, il est mégalo, parano, schizo, mytho, et c'est pour ça que je l'aime Raymond. Monique aussi l'aime, elle l'admire même. Monique c'est sa femme, mais Raymond le confesse : jamais plus de 50 ans avec la même femme !
Faut dire que c'est un tombeur. 'Puis un gars important : il n'hésite pas à écrire aux présidents des USA et de Russie pour exiger le démantèlement des armes nucléaires ! Un aventurier des temps modernes aussi : n'écoutant que son courage à deux mains, il organise une opération-commando pour libérer les Vaches-qui-rient honteusement parquées dans les rayons du supermarché ...
Bref, Tronchet nous brosse le portrait sans concession d'un doux-dingue qui se prend pour le centre du monde. Évidemment, il faut se laisser guider, entrer dans le délire et se lâcher, et alors là, c'est grandiose ! Les esprits chagrins dénigreront le dessin "cra-cra" de Tronchet. Sachez voir au-delà ! Vous vous rendrez compte que finalement, c'est parfaitement approprié aux persos et aux gags.
Léger bémol toutefois : possédant l'ancienne édition en 4 tomes, j'ai peur que le redécoupage en 6 tomes ne fasse un peu "light". Quant à l'inédit 7ème tome, j'avoue être resté sur ma faim. Tronchet semble avoir laissé Raymond Calbuth de côté trop longtemps, il manque un peu de la fraîcheur des premiers albums.
Mais quoi qu'il en soit, cette série reste à mes yeux garante de bons moments de rigolade, et je dis : Merci Monsieur Tronchet !
Pour moi, Hugo Pratt et Corto Maltese appartiennent au panthéon de la Bande Dessinée.
Le dessin est magnifique et démontre une grande maitrise du noir et blanc pour les albums mais aussi des couleurs pour les aquarelles de Pratt. Les ambiances et les atmosphères sont bien rendues.
Quant aux scénarios, ile mettent en scène des aventures extraordinaires où se mêlent action, philosophie, ethnologie, fantastique et amour. De plus, il s'inspire souvent d'évènements historiques qui rendent les histoires encore plus intéressantes.
Corto est une superbe incarnation du romantisme et il continue de faire rêver de nombreux lecteurs (et lectrices).
Pas tout à fait d'accord avec tous les avis émis ici. Le dessin de Ross est superbe, à condition, bien sûr d'aimer le dessin hyper-réaliste, qui frise presque le mauvais goût mais est toujours d'une force expressive et possède un sens de l'allégorie hors du commun. Un dessin par lequel passe pas mal de dérision et d'humour (cela dépend à quel degré on le lit). Les scénarios de Dini, ceux des deux tomes que j'ai lu, (Batman et Superman) sont très très bons, ils dressent à chaque fois un portrait du personnage en trouvant la faille qui le caractérise par-dessus tout. Et son style narratif, combiné aux "illustrations" de Ross (est-ce encore de la bd) est une forme narrative diablement efficace.
"War on crime" me paraît être le meilleur des deux. Batman, allégorie de la vengeance, passe par la rédemption et s'interroge sur certains mécanismes sociaux propres à un système aussi pourri que l'amérique. La critique sociale est pertinente même si elle tombe vite, d'une manière admirablement cliché (j'ai pas mal ri) dans une esthétique judéo-chrétienne... qui ratrappe la bonne morale américaine. Si vous désirez du Ross plus acerbe, allez lire le délicieux Uncle Sam (voir ce titre).
Ma première opinion sur la série n'était pas très positive... Je trouvais le dessin moche, le scénario et les dialogues insipides... Et puis, j'ai donné une seconde chance à la petite Anita, et finalement... Même si les couleurs sont un peu spéciales (il semble que Cromwell n'en utilise que quatre : noir, blanc, gris et orange), en fait le dessin est très sympa. Les dialogues sont plutôt rigolos, l'histoire n'est pas si tarte et on se laisse complètement emporter par ce tourbillon d'action et d'aventure, plein de retournements de situation et de bonnes idées (le coup du robot aux personnalités multiples, par exemple, dont le cerveau détraqué s'invente une nouvelle personnalité presque à chaque changement de situation). Et puis la p'tite Anita ne manque pas de charme et de caractère, avec une vision intéressante du monde, de la société, de la vie... "Votre rébellion, je m'en fous ! Qu'est-ce que vous allez faire ? Foutre un système à la place d'un autre ? Quel intérêt ? Du monde, je ne veux pas en faire partie. D'aucun monde. Marcher à côté, oui ! Mais surtout ne pas sympathiser, ne pas lui adresser la parole. Jamais trinquer avec. M'en servir comme il est. Prendre le bon. Surtout rien créer, rien remplacer..." Bien dit, Anita !
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Comme je l’ai déjà dit, le maître intérêt de cette BD reste l’effort scénaristique. Chauvel, bien servi par les dessins efficaces de Le Saëc, excelle dans son découpage, sa construction narrative : pour ne citer qu’un exemple, il ouvre son récit sur un détail qui semble anodin, mais prend tout son sens à la fin de la BD… La construction en flash-backs peut dérouter, si on n’a pas l’habitude. Mais comme ceux-ci sont très bien marqués, repérés clairement dans le temps, un léger effort de représentation permet de suivre parfaitement l’histoire, avec en prime l’impression d’être intelligent ! La thématique de cette BD reste, comme bien souvent chez Chauvel, la violence, mais la violence sociale, et l’humanité de ses acteurs. Plus explicitement, on voit le flic faire son boulot, être aussi humain qu’il est possible de l’être (on a notamment droit à un aperçu rapide de sa vie de famille) en ménageant son sens du devoir, et le délinquant le prendre pour un pote inconditionnel… Avant de « tomber de haut » : le flic reste un flic – pas un pourri ni un hypocrite, mais un flic qui fait son boulot quand ça commence à devenir grave. Le jeune en conservera un sentiment amer, et tout ça, bien évidemment, finira mal. Un BD solide, un peu noire, mais à mon sens très réaliste, et qui veut plus dépeindre de manière un peu orientée, sociologique pourrait-on presque dire, que dénoncer un système ou la société.
Belle comme la mort
Une BD qui démarre comme un polar classique : un accident, un inconnu aux trousses d’une jeune fille défendue par son chevalier servant, et allons-y pour une histoire intéressante mais pas très originale. Pourtant, au fur et à mesure que l’on progresse dans la lecture, on se dit que quelque chose cloche. C’est imperceptible, mais une photo oubliée par-ci, une ellipse par-là, et tout ça prend peu à peu l’apparence d’une histoire beaucoup plus complexe qu’elle n’en a l’air. Pas complexe au niveau de l’intrigue, s’entend : on n’a pas affaire à un scénario à la XIII… Mais complexe au niveau humain. Il y a décidément trop d’histoires derrière cette seule et unique jeune femme. Petit à petit, donc, le lecteur découvre une vérité surprenante, quoique simple au possible. Et toute l’histoire de s’écrouler, de se déconstruire, de s’épurer au maximum. En cela, cette BD me fait un peu penser aux « bijoux de la Castafiore », ouvrage dans lequel chaque intrigue est une fausse piste, un faux-semblant intégral, un monstre de simplicité que seule notre naïveté a rendu complexe. Toute cette subtilité de scénario s’articule sur des personnages très attachants, du simplet Luis à sa mère abusive en passant par le mystérieux (et violent) bonhomme. On les sent tous porter un drame en germe, et tous se débattent là-contre sans s’en rendre compte… Les personnages, très humains donc, sont bien rendus par le trait du dessinateur, qui propose là une galerie de portraits comme son scénariste propose une galerie de psychologies ; avec la finesse des « Amours fragiles », composées par les mêmes auteurs.
Astérix
Voilà bel et bien une série exceptionnelle ! De longévité, de qualité et d'innovation. L'humour de Goscinny (qui n'a selon moi d'égal que celui de Franquin) allié à la perfection du trait d'Uderzo ont fait d'Astérix le mètre étalon de la BD franco-belge. Les gags, références et clins d'oeil qui remplissent les pages sont autant de preuves de l'immensité du talent des auteurs. L'univers de nos amis gaulois est particulièrement bien développé, ce qui frappe d'ailleurs, c'est que le moindre petit personnage secondaire est traité avec autant d'attention et de minutie (j'allais dire d'amour) que les "piliers" de la série. Astérix est devenu au fil des albums LA référence et LE représentant de la BD aussi bien auprès des non-initiés que des passionnés, et ce tour de force n'est qu'une de ses si nombreuses qualités. L'intemporalité des histoires en est une autre, majeure. Véritable phénomène, Astérix est et restera dans le coeur de tous comme la BD phare de la deuxième partie du XXème siècle. Et de loin !
L'artiste de la famille
... Difficile... L'album en soit n'est pas une bande dessinée, mais plutôt un recueil de textes écrits à chaud par Larcenet, et très largement illustrés. Le processus de gestation est intéressant : écrits comme un journal intime pour "aplanir les choses", Larcenet s'est mis à dessiner sur ses textes, presque par hasard, fasciné. Le résultat est pour le moins surprenant, étrange et déstabilisant. Vous qui connaissiez Bill Baroud, La Loi des Series, "Les super-héros injustement méconnus" et autres séries comiques, vous allez tomber de haut ! Larcenet livre ici ses pensées les plus noires, son malaise le plus profond. Pas sous forme très réfléchie ni très élaborée, mais le sentiment de ce malaise, tant par les textes que par les dessins. Après ça, on voit ses autres séries avec un autre oeil...
Giacomo C.
Giacomo, c'est un de ces héros que l'on apprend à suivre et à aimer au fil des épisodes. On découvre avec plaisir qu'il se bonifie avec le temps (dessins et couleurs sont de plus en plus agréables) et que la qualité est toujours au rendez vous. Un grand bravo particulier au souci de réalisme dans la reconstitution de Venise, l'atmosphère de décadence raffinée est particulièrement bien rendue. Une valeur sûre, indéniablement.
Les Aventures de Tintin
Au risque de ne pas être très original, j'avoue avoir appris à lire, moi aussi, grâce aux albums de Tintin. Donc un incontestable sentiment de nostalgie influence en partie mon jugement. Quand j'étais gosse, Tintin me faisait rêver. C'est vrai que le contexte de chaque album donne naissance à des aventures exaltantes, rocambolesques et captivantes. Et je me rends compte que la magie opère toujours, après chaque lecture, malgré les années qui s'amoncèlent. C'est d'ailleurs une raison de plus d'aimer les aventures de Tintin : je suis à chaque fois surpris des émotions qu'elles réveillent en moi. Alors oui, la ligne claire d'Hergé, autrefois novatrice, a pris de l'âge et semble parfois dépassée par le graphisme de certains auteurs actuels. Malgré tout, ce style reste percutant et la maîtrise dont fait preuve Hergé fait oublier le reste. Quant aux personnages, c'est sans conteste les acolytes et compères du célèbre reporter qui mènent la barque. Tintin, lisse et trop parfait est vite dépassé dans le coeur des lecteurs par le capitaine Haddock en tête (Mille Sabords !), ses disputes somptueuses avec Tryphon Tournesol (les albums "lunaires" au summum) et les inénarrables Dupondt (la scène de la jeep dans L'Or Noir par exemple), ainsi qu'une foule d'autres personnages, tous très charismatiques. Pour résumer, Tintin paraît daté, et pourtant le relire procure toujours un plaisir certain, et peut même parfois se comparer à une cure de jouvence. Malgré tout ce qu'on peut lui reprocher, il reste une référence parmi les références, et ça, ça force le respect.
Raymond Calbuth
Attention, lorsque vous ouvrez une BD de Raymond Calbuth, vous entrez dans un monde à part, un monde dont vous ne reviendrez peut-être pas ! Raymond habite Ronchin, il est mégalo, parano, schizo, mytho, et c'est pour ça que je l'aime Raymond. Monique aussi l'aime, elle l'admire même. Monique c'est sa femme, mais Raymond le confesse : jamais plus de 50 ans avec la même femme ! Faut dire que c'est un tombeur. 'Puis un gars important : il n'hésite pas à écrire aux présidents des USA et de Russie pour exiger le démantèlement des armes nucléaires ! Un aventurier des temps modernes aussi : n'écoutant que son courage à deux mains, il organise une opération-commando pour libérer les Vaches-qui-rient honteusement parquées dans les rayons du supermarché ... Bref, Tronchet nous brosse le portrait sans concession d'un doux-dingue qui se prend pour le centre du monde. Évidemment, il faut se laisser guider, entrer dans le délire et se lâcher, et alors là, c'est grandiose ! Les esprits chagrins dénigreront le dessin "cra-cra" de Tronchet. Sachez voir au-delà ! Vous vous rendrez compte que finalement, c'est parfaitement approprié aux persos et aux gags. Léger bémol toutefois : possédant l'ancienne édition en 4 tomes, j'ai peur que le redécoupage en 6 tomes ne fasse un peu "light". Quant à l'inédit 7ème tome, j'avoue être resté sur ma faim. Tronchet semble avoir laissé Raymond Calbuth de côté trop longtemps, il manque un peu de la fraîcheur des premiers albums. Mais quoi qu'il en soit, cette série reste à mes yeux garante de bons moments de rigolade, et je dis : Merci Monsieur Tronchet !
Corto Maltese
Pour moi, Hugo Pratt et Corto Maltese appartiennent au panthéon de la Bande Dessinée. Le dessin est magnifique et démontre une grande maitrise du noir et blanc pour les albums mais aussi des couleurs pour les aquarelles de Pratt. Les ambiances et les atmosphères sont bien rendues. Quant aux scénarios, ile mettent en scène des aventures extraordinaires où se mêlent action, philosophie, ethnologie, fantastique et amour. De plus, il s'inspire souvent d'évènements historiques qui rendent les histoires encore plus intéressantes. Corto est une superbe incarnation du romantisme et il continue de faire rêver de nombreux lecteurs (et lectrices).
Les Plus Grands Super-Heros du Monde
Pas tout à fait d'accord avec tous les avis émis ici. Le dessin de Ross est superbe, à condition, bien sûr d'aimer le dessin hyper-réaliste, qui frise presque le mauvais goût mais est toujours d'une force expressive et possède un sens de l'allégorie hors du commun. Un dessin par lequel passe pas mal de dérision et d'humour (cela dépend à quel degré on le lit). Les scénarios de Dini, ceux des deux tomes que j'ai lu, (Batman et Superman) sont très très bons, ils dressent à chaque fois un portrait du personnage en trouvant la faille qui le caractérise par-dessus tout. Et son style narratif, combiné aux "illustrations" de Ross (est-ce encore de la bd) est une forme narrative diablement efficace. "War on crime" me paraît être le meilleur des deux. Batman, allégorie de la vengeance, passe par la rédemption et s'interroge sur certains mécanismes sociaux propres à un système aussi pourri que l'amérique. La critique sociale est pertinente même si elle tombe vite, d'une manière admirablement cliché (j'ai pas mal ri) dans une esthétique judéo-chrétienne... qui ratrappe la bonne morale américaine. Si vous désirez du Ross plus acerbe, allez lire le délicieux Uncle Sam (voir ce titre).
Anita Bomba
Ma première opinion sur la série n'était pas très positive... Je trouvais le dessin moche, le scénario et les dialogues insipides... Et puis, j'ai donné une seconde chance à la petite Anita, et finalement... Même si les couleurs sont un peu spéciales (il semble que Cromwell n'en utilise que quatre : noir, blanc, gris et orange), en fait le dessin est très sympa. Les dialogues sont plutôt rigolos, l'histoire n'est pas si tarte et on se laisse complètement emporter par ce tourbillon d'action et d'aventure, plein de retournements de situation et de bonnes idées (le coup du robot aux personnalités multiples, par exemple, dont le cerveau détraqué s'invente une nouvelle personnalité presque à chaque changement de situation). Et puis la p'tite Anita ne manque pas de charme et de caractère, avec une vision intéressante du monde, de la société, de la vie... "Votre rébellion, je m'en fous ! Qu'est-ce que vous allez faire ? Foutre un système à la place d'un autre ? Quel intérêt ? Du monde, je ne veux pas en faire partie. D'aucun monde. Marcher à côté, oui ! Mais surtout ne pas sympathiser, ne pas lui adresser la parole. Jamais trinquer avec. M'en servir comme il est. Prendre le bon. Surtout rien créer, rien remplacer..." Bien dit, Anita !