Purée ! Mais non !!??
La BD Boule à Zéro est taxée de racisme me dit-on !
C'est pas possible !!
1 -Une BD bienveillante et pleine de tendresse.
Ça c'est du racisme !
2 - De l'empathie et de l'émotion tout au long des albums.
Ça c'est du racisme !
3 - De l’humour et de l'espoir pour des enfants atteints de maladies graves.
Ça c'est du racisme !
4 - De l’humanisme, de la chaleur, de la générosité et du cœur.
Ça c'est du racisme !
5 - De la résilience et du courage face à la souffrance.
Ça c'est du racisme !
6 - Un dessin tout en rondeurs et des personnages attendrissants de toutes les couleurs -même verts - et de caractère bien affirmé.
Ah?! Un personnage est vert parce qu'il est malade ? Ouf ! J'ai cru à un moment que des petits hommes verts allaient eux aussi nous lancer une pétition.
Ça c'est du racisme !
7 - Des auteurs généreux et mobilisés à 1000% en faveur des enfants malades.
Ça c'est du racisme !
8 - Un éditeur engagé qui à offert des milliers d'exemplaires aux enfants hospitalisés.
Ça c'est du racisme !
Oui, c'est bon là... Stop On a compris !!
Bref quelles que soient les raisons pour lesquelles cette BD est raciste, et je ne doute pas qu'il en existe beaucoup d'autres que celles que je viens de mentionner, je continuerai à dévorer cette pépite qui fait œuvre d'Amour et de fraternité avec un CŒUR GROS COMME ÇA.
Mais quelle bonne idée l’auteure a eue de se servir de ce point de départ donné par sa voyante.
Avec une bonne dose d’imagination, et certainement une documentation idoine, elle nous a concocté une bien belle histoire.
On pourrait y croire à la vie de ce pauvre Edin, gamin chétif enrôlé comme apprenti sur un bateau de pêche suédois. Et à sa famille, sa mère veuve et malade, sa tante, les gens du village… puis ses amoureuses et ses déboires sentimentaux. Les ambiances semblent bien rendues et on suit avec un certain attendrissement son chemin et celui de ses proches.
J’ai beaucoup aimé le dessin, très doux, avec des paysages de toute beauté qui évoquent bien ces contrées nordiques et leur lumière très spéciale.
Magnifique travail éditorial également, à un détail près déjà relevé, grrr… Mais la couverture est superbe, et l’ouvrage orne fièrement ma bibliothèque.
Beau travail.
Je n'avais aucune idée de ce que la BD allait me proposer, et franchement c'est étonnant. Une histoire "simple" de petite ville américaine, de gamins qui jouent ensemble, croisent les types chelous, ont des familles difficiles. Et puis progressivement arrivent les ennuis. Une disparition et la suite...
Cette BD a un faux air de Stephen King dans l'ambiance (petite ville, drame flirtant un tantinet avec le fantastique, considération sociale...) mais propose quelque chose de franchement bien réussi. On progresse entre la découverte des personnages et de leurs vies, glauque et triste, la misère qui pointe partout et le sordide qui va s'inviter lorsque les ennuis commencent. Des détails m'ont surpris, parce qu'ils sont si gros qu'ils paraissent vrai : la mère qui n'a même pas regardé sa cave, par exemple. J'ai été agréablement entrainé dans le récit et j'ai été étonné que parfois, ça semble gros mais finalement terriblement réaliste. Et le folklore hobo rajoute à l'ensemble, avec ses détails comme leur code graphique.
Et la finalité est tout à fait bien trouvée : une banale histoire, en somme. Sordide, horrible et terriblement banale. Je crois bien que l'explication du pourquoi est le plus triste de ce récit, encapsulant la thématique principale : l'abandon par l’État américain d'une partie de son peuple, laissé dans son coin. C'est terrible, c'est violent mais c'est malheureusement existant...
Accompagnée de son dessin en noir et blanc qui lui convient tout à fait, faisant ressortir des paysages et des gueules, la BD étire des cases, joue sur les rythmes et s'avère une lecture prenante, fluide et saisissante. Elle instille doucement son propos et son malaise jusqu'à faire éclater ce qu'on ne pensait pas voir. Excellent récit, parfaitement bien mené et à lire !
Ouch, cette BD n'est pas à lire lorsqu'on se sent mal. Elle est belle, mais elle est dure.
Je remercie sincèrement les autrices d'avoir fait un conte, parce qu'il est difficile de lire cette BD et je pense que la lecture sans ce prisme aurait été encore plus éprouvante. Parce que son sujet est horrible : les violences (ici sexuelles) envers les enfants.
Par le conte, les autrices parlent du silence qui entoure ces sujets. Le grand silence, c'est l'omerta, le fait de ne pas en parler, et la BD l'exploite par les bulle, ces silences bruyants qui transparaissent. Les autrices jouent aussi sur les couleurs, les représentations. Cette tête décapitée qu'on remet, ces couleurs qui explosent, ces piques qui sortent ... Le langage est visuel pour faire comprendre la souffrance, la violence, l'indescriptible.
La BD exploite le conte, mais pour autant elle n'oublie pas d'être bien terre-à-terre : il faut en parler et libérer la parole, des réseaux pédophiles exploitent les nouvelles technologies tout en bénéficiant de la protection de puissant (on l'a vu récemment avec notre premier ministre ...). Sa conclusion est très claire : il faut parler, laisser tout le monde le dire, le communiquer. Et la fin est très belle sur ce qu'on peut créer ensemble.
Sincèrement, la BD est magnifique, porteuse d'espoir et pleine de sens, tout en étant dure mais sensible. Honnêtement, je ne peux que vous enjoindre à la lire. Lorsqu'un enfant sur dix a été victime de ce qu'elle raconte, il est urgent, plus qu'urgent d'en parler.
C'est en consultant le site que je me suis aperçu que seuls les deux premiers tomes étaient disponibles pour le moment. Je souhaite vraiment que Drakoo n'interrompe pas la série de Mara car j'ai trouvé bien du plaisir à cette lecture tout public. Dans un esprit de comédie type "SOS fantômes" avec un zest de Voldemort, l'autrice délivre un scénario bien ficelé et très tonique. Les personnages principaux sont très attachants bien que très classiques. L'adjonction de l'aviatrice Mary Pickett presque en hommage à l'aviatrice pionnière Bessie Coleman héroïne de Black Squaw est très sympathique. Cela permet d'introduire la thématique du racisme de façon soft mais réelle. J'ai lu les deux tomes avec plaisir même si, ça et là on peut chicaner sur quelques détails de facilité.
Graphiquement j'aime bien les deux couvertures proposées par l'éditeur. Le dessin fait un peu dessin animé mais reste agréable. On se situe toujours dans un registre comique assez jeunesse même pour des scènes avec des morts. A l'image du scénario c'est vif et très expressif.
La mise en couleur (avec Morgane Bride et Violette Nouvel) propose une belle variété de tons pour coller au différentes ambiances.
J'espère une suite dans pas trop longtemps.
Je me permets une "petite" MAJ après la lecture d'un excellent T3. Mara y complexifie la personnalité de ses personnages dans un récit flashback à deux voix. C'est très bien huilé et cette double vision donne beaucoup de sel à la narration. On glisse doucement d'un "tout public" à un "Youg Adult" comme le précise la quatrième. En effet Mara introduit des thématiques et des dialogues qui peuvent être moins accessibles à un jeune public. Le fort rebondissement du tome introduit plusieurs nouveaux sujets comme l'être et le paraître, l'homosexualité, les effets pervers d'une découverte scientifique. En effet ce T3 flashback met le personnage d'Anya au centre du récit avec une culture scientifique qui rappelle celle de Marie Curie. Mara équilibre ainsi son récit entre le fantastique/spiritisme (très en vogue à l'époque) et le réalisme historique de la découverte de l'uranium ( porteuse de grands espoirs à cette même époque).
C'est très intelligemment construit et donne un récit qui m'a enthousiasmé. Pour le reste nous sommes dans la continuité graphique des deux premiers tomes avec une très très belle couverture. Une série qui a vraiment de "la gueule" dans la forme et le fond.
Si le T4 est de la même force je n'hésiterai pas à monter ma note au max.
Je ne suis plus un enfant monsieur Braddock.
-
Ce tome constitue un recueil de 9 histoires courtes, d'une page à 16 pages. Elles sont toutes en couleurs. L'album comprend 44 planches de bandes dessinées. Il a été réalisé par Daniel Goossens qui a tout fait : scénario, dessins, couleurs. La première édition date de 2014.
(1) Les bidoches (4 pages) - Louis indique à Georges qu'il souhaite réaliser une adaptation de la célèbre bande dessinée des Bidoches, mais à sa manière, parce que la vie en HLM ça ne fait pas rêver, et en ajoutant aussi du drame parce que l'humour ça ne suffit pas. Le titre : Autant en emporte la Bidoche. (2) La piste des Magombos (16 pages) - Le guide Mac Cabe conduit Brenda Willis à travers la brousse jusqu'à la mission où se trouve son mari. Elle tombe sous le charme du chasseur Butch Braddock, un individu qui n'a plus son bras gauche. Elle l'accompagne dans la brousse. Il lui fait rencontrer les indigènes de la tribu Magombos, et elle assiste à une scène terrible de mise à mort d'un bébé sauvage, avec récupération de couche sale. (3) - Chagrin (5 pages) - Louis rend visite à sa mère ; il est assis dans le fauteuil en face d'elle, son chapeau à la main, pendant qu'elle tricote. Il évoque une femme qu'il voyait en bas d'un immeuble qu'il ne pouvait pas aborder faut d'avoir de quoi se payer ses tarifs. Ensuite, il évoque le sourire vertical, celui de la braguette ouverte. (4) Charmes (2 pages) - Louis continue à parler avec sa mère de son besoin d'argent pour aller voir une prostituée, qui a besoin d'argent pour se faire refaire la poitrine. Ils parlent ensuite de son charme, ou plutôt de son absence de charme à lui.
(5) Solitude (1 page) - Louis papote avec sa mère et évoque sa difficulté à mettre des femmes dans son lit. Il arrive à les faire bailler, parfois à les faire rire ; sa mère ne réagit pas. (6) Place aux jeunes (2 pages) - La mère de Louis revient de faire les courses et son fils l'attend pour lui demander de l'argent afin d'aller voir une professionnelle. Sa mère lui fait observer qu'il s'est déjà reproduit. (7) Une fille formidable (5 pages) - Louis lit un poème en prose à Georges, écrit par une femme et d'un érotisme torride. Il lui indique qu'il va rejoindre l'autrice qui est dans la pièce d'à côté. (8) La fureur du désir (3 pages) - Georges et Louis sont sur leur transat dans le joli jardin de leur pavillon. Pour sortir de la routine, Louis envisage le fait que Georges soit une péripatéticienne et que lui Louis soit son client, ce qui les met en indélicatesse face à son mac qui fait irruption dans la chambre. (9) Passions (6 pages) - Louis et Georges sont sur leur transat dans le joli jardin de leur pavillon et Louis indique à Georges qu'il ne le fait plus rêver, en se laissant pousser des doubles mentons. Ils entrent se reposer dans leur fauteuil devant la cheminée, et Louis évoque sa vie rêvée de conquêtes amoureuses.
Daniel Goossens participe à la revue Fluide Glacial depuis 1977, ce qui en fait de lui un des piliers. Il est connu et reconnu pour son humour absurde s'exprimant aussi bien contre les bébés dans L'encyclopédie des bébés , que pour révéler La vie d'Einstein . Il n'y a pas de raison objective ou logique à découvrir l'œuvre de cet auteur à l'humour fin, froid, glacé et sophistiqué, par cet album plutôt qu'un autre, ou le contraire. Le lecteur plonge donc dans une suite d'histoires courtes et il remarque que pour une raison inexplicable et qui reste inexpliquée, celle portant le titre de Le sourire vertical n'est pas répertoriée dans le sommaire, et que les pages des histoires (3) à (6) sont en fait numérotées comme s'il s'agissait d'une unique histoire. Le lecteur observe que l'auteur met en scène Louis dans toutes ses histoires sauf une (la numéro 2), sans que cela n'ait non plus d'importance. Il ne peut rien déduire non plus du nombre de pages par histoire ou du nombre de personnages mis en scène. Il ne lui reste plus qu'à prendre ces séquences comme elles viennent, sans essayer d'y retrouver un horizon d'attentes sans fondement.
Daniel Goossens fait comme tout le monde et appâte le lecteur avec une magnifique couverture, vaguement évocatrice du souvenir que le lecteur peut se faire d'Autant en emporte le vent. Il observe un coup de crayon agile et élégant qui croque des personnages avec un gros nez. Il n'y a que les protagonistes du récit La piste des Magombos qui échappent à un appendice nasal surdéveloppé. Étrangement, ça ne les rend pas plus crédibles. Au contraire, l'auteur se déchaîne avec l'humour absurde, ce qui ne fait que plus ressortir le ridicule de la tonalité romantique de ces beaux acteurs. Les gros nez deviennent la manifestation de l'intention comique, l'élément qui assure la cohérence des personnages avec leur fonction de ressort comique. Pour le reste, le lecteur est frappé par la qualité descriptive des dessins et leur richesse. En tant qu'artiste Goossens réalise des planches à l'identique de ce qu'il ferait pour une comédie dramatique ou un récit d'aventures. Les acteurs présentent des morphologies bien distinctes. Ils bénéficient de tenues vestimentaires spécifiques, parfois teintées d'une touche d'exagération : le décolleté pigeonnant du chemisier rouge de Brenda Willis, les pagnes et les parures stéréotypées des Magombos, la robe et les charentaises très confortables de la mère de Louis, les tenues racoleuses et voyantes des différentes prostituées.
De séquence en séquence, le lecteur peut se projeter dans chaque endroit grâce à un travail soigné du chef décorateur. La recréation du salon d'une maison de riches propriétaires du Sud est consistante et cohérente. La page d'ouverture du deuxième récit montre les différents animaux qu'évoque le guide : serpent, alligator, toucan, calaos, grenouille du Brésil. Le Citroën type H (utilitaire léger de type fourgon automobile) est d'une authenticité remarquable. Le salon de la mère de louis est confortable et accueillant. Le lecteur se dit qu'il aimerait bien profiter du soleil sur un transat, dans le jardin de Georges et Louis (mais de préférence sans eux). L'opulence des différents intérieurs décrits dans la dernière histoire atteste de l'aisance financière des différentes femmes de Louis. Pour ses découpages de planche, Goossens privilégie les cases bien détourées et sagement alignées. Le nombre de case par page est en moyenne de 6, mais il peut monter jusqu'à 12 quand il s'agit d'une discussion entre Louis et sa mère, et que l'intérêt visuel réside dans le langage corporel des interlocuteurs : variation des postures, expressions des visages. Il n'y a que dans l'histoire Une fille formidable, où Goossens se lâche un peu avec des dessins différents coexistant au sein d'une même case, ou des cases sans bordure, pour que la forme de la narration soit à l'unisson du poème en prose.
Le lecteur plonge dans une suite de 10 saynètes (ou 5, ça dépend comment il compte, mais on ne va pas revenir dessus) grâce à des images soignées, des acteurs avec une trogne marquée, mais avec un jeu d'acteur naturaliste, des décors réalistes et détaillés. En total décalage, dès la première histoire, il est confronté sans ménagement à l'humour puissant de l'auteur. Cela commence par un jeu sur une référence, celle aux Bidochon et à Binet dont les noms sont écorchés. Par la suite, Goossens effectue d'autres références plus ou moins marquées, parfois à ses propres œuvres (L'encyclopédie des bébés), parfois à des films précis ( Autant en emporte le vent dans la première histoire), parfois de manière plus générique (le héros viril et marqué par ses aventures), parfois à des stéréotypes culturels (à de nombreuses reprises sur les prostituées dans ce tome), d'autres fois à des humoristes comme Fabrice Luchini ou Édika (une maladie imaginaire appelée Delirium Profondicum). Il peut aussi effectuer des variations humoristiques sur des expressions toutes faites comme Femme qui rit à moitié dans son lit, Couvrir une femme de bijoux, Un individu dans sa tour d'ivoire. Il s'amuse également beaucoup avec les conventions propres aux publicités télévisuelles pour les couches. Enfin il n'hésite pas à utiliser une citation totalement inventée de René Chateaubriand : Le désespoir, c'est une culotte vide ; à quoi bon mettre les mains dans le désespoir ?
Le lecteur peut prendre la première saynète comme une aimable moquerie des producteurs ou auteurs se lançant dans l'adaptation cinématographique d'une œuvre (ici une série de bande dessinée) sans rien en connaître et en la transformant tellement qu'il ne reste plus rien de la création originelle. La deuxième histoire commence comme un pastiche d'une comédie dramatique où une femme va découvrir les vraies valeurs de la vie au contact d'un homme marquée par la nature, et des indigènes africains. Mais rapidement, l'histoire se transforme en une réclame pour les couches pour bébé (avec les petites fronces à l'entrejambe), aboutissant à un manteau de couches sales que même Lady Gaga n'aurait pas eu l'audace de concevoir. Goossens met en œuvre un humour absurde à froid, en utilisant des conventions et des stéréotypes de différents genres littéraires en dehors de leur contexte, à contretemps, les désamorçant totalement. Parfois, le lecteur a besoin de prendre un peu de recul pour mesurer l'absurdité d'une situation allant jusqu'à l'obscène, par exemple Louis taxant sa mère pour aller voir les prostituées, en lui expliquant leurs difficultés économiques. En fonction de son état d'esprit, le lecteur peut trouver les situations juste absurdes sans aucune dimension comique (les blagues filées sur les couches souillées), ou au contraire d'une perspicacité pénétrante et élégante (la transposition des formes de poitrine et de seins, à la forme des portefeuilles des hommes). Dans tous les cas, il sait que l'auteur maîtrise chaque abus de langage, chaque situation absurde, et qu'il le fait sciemment.
L'appréciation de ce tome et de cette forme d'humour dépend beaucoup de l'état d'esprit du lecteur. Le savoir-faire et les compétences de l'auteur apparaissent comme une évidence, qu'il s'agisse de la qualité de ses dessins et de sa narration visuelle, ou de l'inventivité des différentes situations. Pour ressentir l'effet comique des situations et des propos, le lecteur doit y participer activement, en se moquant de ce qui lui est montré, soit de la bêtise des personnages, soit de leur misère affective. Ce sens de l'absurde repose sur la conviction profonde que la vie est dépourvue de sens et que chacun est prisonnier de sa finitude ce qui fait de lui un idiot se heurtant à ses limites. De ce point de vue, il devient drôle que Louis s'ouvre de sa misère sexuelle à sa mère, ou que la frustration soit au cœur de la vie de tout être humain, sans espoir d'y échapper. C'est un humour qui ne peut pas laisser indifférent, mais qui peut aussi s'avérer très dérangeant. Une inventivité extraordinaire, et une vision de la vie peut-être trop décapante, trop décillée qui fait que le lecteur n'éprouve pas d'envie de s'identifier aux personnages.
Un manga horrifique comme je l'aime.
Dans le futur, un groupe d'étudiant sont en voyage dans l'espace et tout va bien jusqu'à ce que le vaisseau soit victime d'une catastrophe qui va l'endommager et il y a rien à faire sauf attendre et espérer que les secours arrivent avant le manque d'oxygène... On sait déjà que cela va mal se finir parce qu'on suit un groupe de pilleurs de vaisseaux qui sont tombés sur le journal d'un des étudiants, mais cela reste un scénario qui contient des surprises et des retournements de situations tout le long des 3 tomes.
Le scénario est prenant et l'auteur explore bien ce qui peut arriver lorsque des ados sont laissé à eux-mêmes dans une situation où un seul a une chance de survivre. On va aborder plusieurs thèmes qui sont bien utilisés, j'ai aimé l'ambiance huis-clos du vaisseau et il y a une bonne ambiance qui se dégage du dessin. L'intrigue se passe dans un futur où la terre est dirigée par une dictature. On ne voit pas grand chose de ce qui se passe sur Terre et dans les colonies, mais l'auteur distille bien les informations et on comprend facilement la situation actuelle des humains dans cet univers.
Je regrette toutefois que certains élèves soient un peu difficiles à différencier et aussi par moment on dirait qu'il y avait des nouveaux élèves qui semblaient sortir de nulle part. On tombe aussi sur le cliché du récit se passant dans le passé narré par une personne et il y a des scènes sans le narrateur !
Aimer les filles ou les garçons, c'est aimer de toute façon.
On va découvrir au travers plusieurs histoires le parcours d'une jeune fille, Ichiko. On va suivre son parcours amoureux de lesbienne aux travers différentes thématiques (certaines ne sont pas spécifiques à l'homosexualité) : le coming out, le premier amour, le regard des autres, la jalousie, le plaisir de la chair, la peur d'être rejetée, la relation à distance. Bref, la découverte de soi, un passage obligé pour grandir.
Évidemment, pour apprécier cette lecture il faut un minimum aimer la romance, ce qui est mon cas. J'ai trouvé Ichiko très touchante, on ressent ses doutes et ses questionnements de jeune fille (on ne peut pas lui demander de penser comme une personne de 30/40 ans) qui va entrer dans le monde des adultes. Ici, pas de pupilles bandées ou de biceps amoureux mais plutôt un sourire qui pleure. Le ton est léger et les dialogues sont justes. Alors oui, elles font souvent l'amour, mais n'est-ce pas de leur âge ?
Graphiquement, un dessin qui m'a charmé avec son trait simple, fin et épuré.
Une belle lecture.
Ce n'est pas le premier Darryl Cunningham que je lis, et même si je ne suis pas en total accord avec lui sur certains points, je reconnais que ses documentaires ont l'avantage de ne pas être trop partisans, permettant ainsi de toucher un plus large public par des faits examinés scrupuleusement.
Cette BD est un bon pendant à d'autres sur l'économie (je pense à Economix, Capital & Idéologie ou encore La Survie de l'Espèce) avec une centralisation ici sur le néolibéralisme et la façon dont celui-ci a conduit à la crise bancaire de 2008. La BD s'ouvre de manière originale en présentant une autrice que je ne connaissais pas, mais qui a eu une pensée politique importante dans la construction de plusieurs personnes devenues par la suite importantes dans la politique américaine. Et franchement, cette dame fait froid dans le dos. Son discours, sa pensée, sa façon d'être la font passer pour une fasciste s'imaginant libératrice de l'humanité. Une femme impressionnante, mais pas dans le bon sens du terme.
C'est assez originale de présenter cette autrice en premier lieu, puisque cette idéologie de l'égoïsme est ce qui transparait par la suite. Sauf que finalement, les crises (notamment donc celle de 2008) présentent bel et bien les limites de ces pensées. Le déroulé du discours est glaçant, en même temps qu'il montre implacablement l'incapacité du néo-libéralisme à tenir ses promesses. Ce qu'il crée comme monde, nous le connaissons désormais bien : l'enrichissement des plus riches, l'appropriation du monde par une petite élite, la privatisation de tout, le délaissement de tout ceux qui n'ont rien. La plus belle dystopie que le monde capitaliste pouvait nous vendre ...
Cette BD est franchement bien faite, malgré son dessin simplifié au maximum. L'exposé est clair, démontrant dès l'origine les défauts de cette pensée et du système qui le défend. Les trois parties, bien équilibrées et très claires dans leurs propositions, mettent en lumière tous les rouages qui se sont imbriqués les uns dans les autres jusqu'à un final incroyable. Décortiquer l'opposition droite-gauche sous un angle psychologique est assez fou, même si je trouve que sa démonstration semble vouloir proposer un sophisme du juste milieu ("Nous avons besoin des deux"). En tout cas, malgré plusieurs lectures à ce sujet, j'ai encore appris des choses. Et surtout, j'ai été étonné de découvrir Alan Greenspan surpris que sa pensée politique soit finalement mauvaise, après quarante années à la défendre.
Je retirerais surtout de cette BD que l'égoïsme est lié par essence au néo-libéralisme, mais aussi que Ayn Rand est l'autrice préférée de Donald Trump. Et que si la pensée de gauche a disparu de nos radars, il nous appartient de faire renaitre dans l'espace public la défense de l'entraide et de la solidarité.
Je connaissais le Zidrou humoriste, policier, fantastique voire historique ou presque gore (Marina) et même au centre d'une polémique de stéréotype raciste, mais je n'avais pas encore rencontré le Zidrou poète. C'est chose faite avec cette série qui m'a vraiment beaucoup plu. Les auteurs nous proposent un véritable poème (romantique) d'amour chargé d'une belle émotion. Sa construction est assez étonnante. J'ai emprunté ce volume dans la section jeunesse et effectivement cela débute sur un mode d'illustrations d'un conte pour enfants sur un sujet que je ne connaissais pas: la poste maritime. Cette accroche m'a tout de suite intéressé d'autant qu'elle introduit la thématique principale sur l'amour de la mer et l'amour de son métier. Comme ce poème est aussi conte, le fantastique a droit de cité dans la rencontre avec une baleine vieille comme la terre et la culture humaine. Puis le réalisme reprend ses droits avec un amour à sa belle et quelques planches surprenantes si on les imagine entre les mains de jeunes enfants. Malheureusement même par une belle nuit de mai, les chants les plus beaux … Zidrou se fait alors porteur de la poésie Romantique où la souffrance ( d'un accouchement par césarienne ?) est moteur de la création la plus belle.
Il serait injuste de réduire cette œuvre au travail de Zidrou tellement le graphisme de Judith Vanistendael apporte à la série. Ses peintures sont à la fois belles et touchantes. Judith propose un équilibre subtil entre l'illustration posée et le dynamisme des cases BD. C'est une succession de temps forts et de temps faibles qui nous conduit à travers la houle et le danger de vivre toujours présents.
Une œuvre surprise bien plus riche qu'il n'y paraît et à découvrir. J'ai été complétement sous le charme.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Boule à zéro
Purée ! Mais non !!?? La BD Boule à Zéro est taxée de racisme me dit-on ! C'est pas possible !! 1 -Une BD bienveillante et pleine de tendresse. Ça c'est du racisme ! 2 - De l'empathie et de l'émotion tout au long des albums. Ça c'est du racisme ! 3 - De l’humour et de l'espoir pour des enfants atteints de maladies graves. Ça c'est du racisme ! 4 - De l’humanisme, de la chaleur, de la générosité et du cœur. Ça c'est du racisme ! 5 - De la résilience et du courage face à la souffrance. Ça c'est du racisme ! 6 - Un dessin tout en rondeurs et des personnages attendrissants de toutes les couleurs -même verts - et de caractère bien affirmé. Ah?! Un personnage est vert parce qu'il est malade ? Ouf ! J'ai cru à un moment que des petits hommes verts allaient eux aussi nous lancer une pétition. Ça c'est du racisme ! 7 - Des auteurs généreux et mobilisés à 1000% en faveur des enfants malades. Ça c'est du racisme ! 8 - Un éditeur engagé qui à offert des milliers d'exemplaires aux enfants hospitalisés. Ça c'est du racisme ! Oui, c'est bon là... Stop On a compris !! Bref quelles que soient les raisons pour lesquelles cette BD est raciste, et je ne doute pas qu'il en existe beaucoup d'autres que celles que je viens de mentionner, je continuerai à dévorer cette pépite qui fait œuvre d'Amour et de fraternité avec un CŒUR GROS COMME ÇA.
Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux
Mais quelle bonne idée l’auteure a eue de se servir de ce point de départ donné par sa voyante. Avec une bonne dose d’imagination, et certainement une documentation idoine, elle nous a concocté une bien belle histoire. On pourrait y croire à la vie de ce pauvre Edin, gamin chétif enrôlé comme apprenti sur un bateau de pêche suédois. Et à sa famille, sa mère veuve et malade, sa tante, les gens du village… puis ses amoureuses et ses déboires sentimentaux. Les ambiances semblent bien rendues et on suit avec un certain attendrissement son chemin et celui de ses proches. J’ai beaucoup aimé le dessin, très doux, avec des paysages de toute beauté qui évoquent bien ces contrées nordiques et leur lumière très spéciale. Magnifique travail éditorial également, à un détail près déjà relevé, grrr… Mais la couverture est superbe, et l’ouvrage orne fièrement ma bibliothèque. Beau travail.
Colorado train
Je n'avais aucune idée de ce que la BD allait me proposer, et franchement c'est étonnant. Une histoire "simple" de petite ville américaine, de gamins qui jouent ensemble, croisent les types chelous, ont des familles difficiles. Et puis progressivement arrivent les ennuis. Une disparition et la suite... Cette BD a un faux air de Stephen King dans l'ambiance (petite ville, drame flirtant un tantinet avec le fantastique, considération sociale...) mais propose quelque chose de franchement bien réussi. On progresse entre la découverte des personnages et de leurs vies, glauque et triste, la misère qui pointe partout et le sordide qui va s'inviter lorsque les ennuis commencent. Des détails m'ont surpris, parce qu'ils sont si gros qu'ils paraissent vrai : la mère qui n'a même pas regardé sa cave, par exemple. J'ai été agréablement entrainé dans le récit et j'ai été étonné que parfois, ça semble gros mais finalement terriblement réaliste. Et le folklore hobo rajoute à l'ensemble, avec ses détails comme leur code graphique. Et la finalité est tout à fait bien trouvée : une banale histoire, en somme. Sordide, horrible et terriblement banale. Je crois bien que l'explication du pourquoi est le plus triste de ce récit, encapsulant la thématique principale : l'abandon par l’État américain d'une partie de son peuple, laissé dans son coin. C'est terrible, c'est violent mais c'est malheureusement existant... Accompagnée de son dessin en noir et blanc qui lui convient tout à fait, faisant ressortir des paysages et des gueules, la BD étire des cases, joue sur les rythmes et s'avère une lecture prenante, fluide et saisissante. Elle instille doucement son propos et son malaise jusqu'à faire éclater ce qu'on ne pensait pas voir. Excellent récit, parfaitement bien mené et à lire !
Grand Silence
Ouch, cette BD n'est pas à lire lorsqu'on se sent mal. Elle est belle, mais elle est dure. Je remercie sincèrement les autrices d'avoir fait un conte, parce qu'il est difficile de lire cette BD et je pense que la lecture sans ce prisme aurait été encore plus éprouvante. Parce que son sujet est horrible : les violences (ici sexuelles) envers les enfants. Par le conte, les autrices parlent du silence qui entoure ces sujets. Le grand silence, c'est l'omerta, le fait de ne pas en parler, et la BD l'exploite par les bulle, ces silences bruyants qui transparaissent. Les autrices jouent aussi sur les couleurs, les représentations. Cette tête décapitée qu'on remet, ces couleurs qui explosent, ces piques qui sortent ... Le langage est visuel pour faire comprendre la souffrance, la violence, l'indescriptible. La BD exploite le conte, mais pour autant elle n'oublie pas d'être bien terre-à-terre : il faut en parler et libérer la parole, des réseaux pédophiles exploitent les nouvelles technologies tout en bénéficiant de la protection de puissant (on l'a vu récemment avec notre premier ministre ...). Sa conclusion est très claire : il faut parler, laisser tout le monde le dire, le communiquer. Et la fin est très belle sur ce qu'on peut créer ensemble. Sincèrement, la BD est magnifique, porteuse d'espoir et pleine de sens, tout en étant dure mais sensible. Honnêtement, je ne peux que vous enjoindre à la lire. Lorsqu'un enfant sur dix a été victime de ce qu'elle raconte, il est urgent, plus qu'urgent d'en parler.
Spirite
C'est en consultant le site que je me suis aperçu que seuls les deux premiers tomes étaient disponibles pour le moment. Je souhaite vraiment que Drakoo n'interrompe pas la série de Mara car j'ai trouvé bien du plaisir à cette lecture tout public. Dans un esprit de comédie type "SOS fantômes" avec un zest de Voldemort, l'autrice délivre un scénario bien ficelé et très tonique. Les personnages principaux sont très attachants bien que très classiques. L'adjonction de l'aviatrice Mary Pickett presque en hommage à l'aviatrice pionnière Bessie Coleman héroïne de Black Squaw est très sympathique. Cela permet d'introduire la thématique du racisme de façon soft mais réelle. J'ai lu les deux tomes avec plaisir même si, ça et là on peut chicaner sur quelques détails de facilité. Graphiquement j'aime bien les deux couvertures proposées par l'éditeur. Le dessin fait un peu dessin animé mais reste agréable. On se situe toujours dans un registre comique assez jeunesse même pour des scènes avec des morts. A l'image du scénario c'est vif et très expressif. La mise en couleur (avec Morgane Bride et Violette Nouvel) propose une belle variété de tons pour coller au différentes ambiances. J'espère une suite dans pas trop longtemps. Je me permets une "petite" MAJ après la lecture d'un excellent T3. Mara y complexifie la personnalité de ses personnages dans un récit flashback à deux voix. C'est très bien huilé et cette double vision donne beaucoup de sel à la narration. On glisse doucement d'un "tout public" à un "Youg Adult" comme le précise la quatrième. En effet Mara introduit des thématiques et des dialogues qui peuvent être moins accessibles à un jeune public. Le fort rebondissement du tome introduit plusieurs nouveaux sujets comme l'être et le paraître, l'homosexualité, les effets pervers d'une découverte scientifique. En effet ce T3 flashback met le personnage d'Anya au centre du récit avec une culture scientifique qui rappelle celle de Marie Curie. Mara équilibre ainsi son récit entre le fantastique/spiritisme (très en vogue à l'époque) et le réalisme historique de la découverte de l'uranium ( porteuse de grands espoirs à cette même époque). C'est très intelligemment construit et donne un récit qui m'a enthousiasmé. Pour le reste nous sommes dans la continuité graphique des deux premiers tomes avec une très très belle couverture. Une série qui a vraiment de "la gueule" dans la forme et le fond. Si le T4 est de la même force je n'hésiterai pas à monter ma note au max.
Passions
Je ne suis plus un enfant monsieur Braddock. - Ce tome constitue un recueil de 9 histoires courtes, d'une page à 16 pages. Elles sont toutes en couleurs. L'album comprend 44 planches de bandes dessinées. Il a été réalisé par Daniel Goossens qui a tout fait : scénario, dessins, couleurs. La première édition date de 2014. (1) Les bidoches (4 pages) - Louis indique à Georges qu'il souhaite réaliser une adaptation de la célèbre bande dessinée des Bidoches, mais à sa manière, parce que la vie en HLM ça ne fait pas rêver, et en ajoutant aussi du drame parce que l'humour ça ne suffit pas. Le titre : Autant en emporte la Bidoche. (2) La piste des Magombos (16 pages) - Le guide Mac Cabe conduit Brenda Willis à travers la brousse jusqu'à la mission où se trouve son mari. Elle tombe sous le charme du chasseur Butch Braddock, un individu qui n'a plus son bras gauche. Elle l'accompagne dans la brousse. Il lui fait rencontrer les indigènes de la tribu Magombos, et elle assiste à une scène terrible de mise à mort d'un bébé sauvage, avec récupération de couche sale. (3) - Chagrin (5 pages) - Louis rend visite à sa mère ; il est assis dans le fauteuil en face d'elle, son chapeau à la main, pendant qu'elle tricote. Il évoque une femme qu'il voyait en bas d'un immeuble qu'il ne pouvait pas aborder faut d'avoir de quoi se payer ses tarifs. Ensuite, il évoque le sourire vertical, celui de la braguette ouverte. (4) Charmes (2 pages) - Louis continue à parler avec sa mère de son besoin d'argent pour aller voir une prostituée, qui a besoin d'argent pour se faire refaire la poitrine. Ils parlent ensuite de son charme, ou plutôt de son absence de charme à lui. (5) Solitude (1 page) - Louis papote avec sa mère et évoque sa difficulté à mettre des femmes dans son lit. Il arrive à les faire bailler, parfois à les faire rire ; sa mère ne réagit pas. (6) Place aux jeunes (2 pages) - La mère de Louis revient de faire les courses et son fils l'attend pour lui demander de l'argent afin d'aller voir une professionnelle. Sa mère lui fait observer qu'il s'est déjà reproduit. (7) Une fille formidable (5 pages) - Louis lit un poème en prose à Georges, écrit par une femme et d'un érotisme torride. Il lui indique qu'il va rejoindre l'autrice qui est dans la pièce d'à côté. (8) La fureur du désir (3 pages) - Georges et Louis sont sur leur transat dans le joli jardin de leur pavillon. Pour sortir de la routine, Louis envisage le fait que Georges soit une péripatéticienne et que lui Louis soit son client, ce qui les met en indélicatesse face à son mac qui fait irruption dans la chambre. (9) Passions (6 pages) - Louis et Georges sont sur leur transat dans le joli jardin de leur pavillon et Louis indique à Georges qu'il ne le fait plus rêver, en se laissant pousser des doubles mentons. Ils entrent se reposer dans leur fauteuil devant la cheminée, et Louis évoque sa vie rêvée de conquêtes amoureuses. Daniel Goossens participe à la revue Fluide Glacial depuis 1977, ce qui en fait de lui un des piliers. Il est connu et reconnu pour son humour absurde s'exprimant aussi bien contre les bébés dans L'encyclopédie des bébés , que pour révéler La vie d'Einstein . Il n'y a pas de raison objective ou logique à découvrir l'œuvre de cet auteur à l'humour fin, froid, glacé et sophistiqué, par cet album plutôt qu'un autre, ou le contraire. Le lecteur plonge donc dans une suite d'histoires courtes et il remarque que pour une raison inexplicable et qui reste inexpliquée, celle portant le titre de Le sourire vertical n'est pas répertoriée dans le sommaire, et que les pages des histoires (3) à (6) sont en fait numérotées comme s'il s'agissait d'une unique histoire. Le lecteur observe que l'auteur met en scène Louis dans toutes ses histoires sauf une (la numéro 2), sans que cela n'ait non plus d'importance. Il ne peut rien déduire non plus du nombre de pages par histoire ou du nombre de personnages mis en scène. Il ne lui reste plus qu'à prendre ces séquences comme elles viennent, sans essayer d'y retrouver un horizon d'attentes sans fondement. Daniel Goossens fait comme tout le monde et appâte le lecteur avec une magnifique couverture, vaguement évocatrice du souvenir que le lecteur peut se faire d'Autant en emporte le vent. Il observe un coup de crayon agile et élégant qui croque des personnages avec un gros nez. Il n'y a que les protagonistes du récit La piste des Magombos qui échappent à un appendice nasal surdéveloppé. Étrangement, ça ne les rend pas plus crédibles. Au contraire, l'auteur se déchaîne avec l'humour absurde, ce qui ne fait que plus ressortir le ridicule de la tonalité romantique de ces beaux acteurs. Les gros nez deviennent la manifestation de l'intention comique, l'élément qui assure la cohérence des personnages avec leur fonction de ressort comique. Pour le reste, le lecteur est frappé par la qualité descriptive des dessins et leur richesse. En tant qu'artiste Goossens réalise des planches à l'identique de ce qu'il ferait pour une comédie dramatique ou un récit d'aventures. Les acteurs présentent des morphologies bien distinctes. Ils bénéficient de tenues vestimentaires spécifiques, parfois teintées d'une touche d'exagération : le décolleté pigeonnant du chemisier rouge de Brenda Willis, les pagnes et les parures stéréotypées des Magombos, la robe et les charentaises très confortables de la mère de Louis, les tenues racoleuses et voyantes des différentes prostituées. De séquence en séquence, le lecteur peut se projeter dans chaque endroit grâce à un travail soigné du chef décorateur. La recréation du salon d'une maison de riches propriétaires du Sud est consistante et cohérente. La page d'ouverture du deuxième récit montre les différents animaux qu'évoque le guide : serpent, alligator, toucan, calaos, grenouille du Brésil. Le Citroën type H (utilitaire léger de type fourgon automobile) est d'une authenticité remarquable. Le salon de la mère de louis est confortable et accueillant. Le lecteur se dit qu'il aimerait bien profiter du soleil sur un transat, dans le jardin de Georges et Louis (mais de préférence sans eux). L'opulence des différents intérieurs décrits dans la dernière histoire atteste de l'aisance financière des différentes femmes de Louis. Pour ses découpages de planche, Goossens privilégie les cases bien détourées et sagement alignées. Le nombre de case par page est en moyenne de 6, mais il peut monter jusqu'à 12 quand il s'agit d'une discussion entre Louis et sa mère, et que l'intérêt visuel réside dans le langage corporel des interlocuteurs : variation des postures, expressions des visages. Il n'y a que dans l'histoire Une fille formidable, où Goossens se lâche un peu avec des dessins différents coexistant au sein d'une même case, ou des cases sans bordure, pour que la forme de la narration soit à l'unisson du poème en prose. Le lecteur plonge dans une suite de 10 saynètes (ou 5, ça dépend comment il compte, mais on ne va pas revenir dessus) grâce à des images soignées, des acteurs avec une trogne marquée, mais avec un jeu d'acteur naturaliste, des décors réalistes et détaillés. En total décalage, dès la première histoire, il est confronté sans ménagement à l'humour puissant de l'auteur. Cela commence par un jeu sur une référence, celle aux Bidochon et à Binet dont les noms sont écorchés. Par la suite, Goossens effectue d'autres références plus ou moins marquées, parfois à ses propres œuvres (L'encyclopédie des bébés), parfois à des films précis ( Autant en emporte le vent dans la première histoire), parfois de manière plus générique (le héros viril et marqué par ses aventures), parfois à des stéréotypes culturels (à de nombreuses reprises sur les prostituées dans ce tome), d'autres fois à des humoristes comme Fabrice Luchini ou Édika (une maladie imaginaire appelée Delirium Profondicum). Il peut aussi effectuer des variations humoristiques sur des expressions toutes faites comme Femme qui rit à moitié dans son lit, Couvrir une femme de bijoux, Un individu dans sa tour d'ivoire. Il s'amuse également beaucoup avec les conventions propres aux publicités télévisuelles pour les couches. Enfin il n'hésite pas à utiliser une citation totalement inventée de René Chateaubriand : Le désespoir, c'est une culotte vide ; à quoi bon mettre les mains dans le désespoir ? Le lecteur peut prendre la première saynète comme une aimable moquerie des producteurs ou auteurs se lançant dans l'adaptation cinématographique d'une œuvre (ici une série de bande dessinée) sans rien en connaître et en la transformant tellement qu'il ne reste plus rien de la création originelle. La deuxième histoire commence comme un pastiche d'une comédie dramatique où une femme va découvrir les vraies valeurs de la vie au contact d'un homme marquée par la nature, et des indigènes africains. Mais rapidement, l'histoire se transforme en une réclame pour les couches pour bébé (avec les petites fronces à l'entrejambe), aboutissant à un manteau de couches sales que même Lady Gaga n'aurait pas eu l'audace de concevoir. Goossens met en œuvre un humour absurde à froid, en utilisant des conventions et des stéréotypes de différents genres littéraires en dehors de leur contexte, à contretemps, les désamorçant totalement. Parfois, le lecteur a besoin de prendre un peu de recul pour mesurer l'absurdité d'une situation allant jusqu'à l'obscène, par exemple Louis taxant sa mère pour aller voir les prostituées, en lui expliquant leurs difficultés économiques. En fonction de son état d'esprit, le lecteur peut trouver les situations juste absurdes sans aucune dimension comique (les blagues filées sur les couches souillées), ou au contraire d'une perspicacité pénétrante et élégante (la transposition des formes de poitrine et de seins, à la forme des portefeuilles des hommes). Dans tous les cas, il sait que l'auteur maîtrise chaque abus de langage, chaque situation absurde, et qu'il le fait sciemment. L'appréciation de ce tome et de cette forme d'humour dépend beaucoup de l'état d'esprit du lecteur. Le savoir-faire et les compétences de l'auteur apparaissent comme une évidence, qu'il s'agisse de la qualité de ses dessins et de sa narration visuelle, ou de l'inventivité des différentes situations. Pour ressentir l'effet comique des situations et des propos, le lecteur doit y participer activement, en se moquant de ce qui lui est montré, soit de la bêtise des personnages, soit de leur misère affective. Ce sens de l'absurde repose sur la conviction profonde que la vie est dépourvue de sens et que chacun est prisonnier de sa finitude ce qui fait de lui un idiot se heurtant à ses limites. De ce point de vue, il devient drôle que Louis s'ouvre de sa misère sexuelle à sa mère, ou que la frustration soit au cœur de la vie de tout être humain, sans espoir d'y échapper. C'est un humour qui ne peut pas laisser indifférent, mais qui peut aussi s'avérer très dérangeant. Une inventivité extraordinaire, et une vision de la vie peut-être trop décapante, trop décillée qui fait que le lecteur n'éprouve pas d'envie de s'identifier aux personnages.
Léviathan (Ki-oon)
Un manga horrifique comme je l'aime. Dans le futur, un groupe d'étudiant sont en voyage dans l'espace et tout va bien jusqu'à ce que le vaisseau soit victime d'une catastrophe qui va l'endommager et il y a rien à faire sauf attendre et espérer que les secours arrivent avant le manque d'oxygène... On sait déjà que cela va mal se finir parce qu'on suit un groupe de pilleurs de vaisseaux qui sont tombés sur le journal d'un des étudiants, mais cela reste un scénario qui contient des surprises et des retournements de situations tout le long des 3 tomes. Le scénario est prenant et l'auteur explore bien ce qui peut arriver lorsque des ados sont laissé à eux-mêmes dans une situation où un seul a une chance de survivre. On va aborder plusieurs thèmes qui sont bien utilisés, j'ai aimé l'ambiance huis-clos du vaisseau et il y a une bonne ambiance qui se dégage du dessin. L'intrigue se passe dans un futur où la terre est dirigée par une dictature. On ne voit pas grand chose de ce qui se passe sur Terre et dans les colonies, mais l'auteur distille bien les informations et on comprend facilement la situation actuelle des humains dans cet univers. Je regrette toutefois que certains élèves soient un peu difficiles à différencier et aussi par moment on dirait qu'il y avait des nouveaux élèves qui semblaient sortir de nulle part. On tombe aussi sur le cliché du récit se passant dans le passé narré par une personne et il y a des scènes sans le narrateur !
Love My Life
Aimer les filles ou les garçons, c'est aimer de toute façon. On va découvrir au travers plusieurs histoires le parcours d'une jeune fille, Ichiko. On va suivre son parcours amoureux de lesbienne aux travers différentes thématiques (certaines ne sont pas spécifiques à l'homosexualité) : le coming out, le premier amour, le regard des autres, la jalousie, le plaisir de la chair, la peur d'être rejetée, la relation à distance. Bref, la découverte de soi, un passage obligé pour grandir. Évidemment, pour apprécier cette lecture il faut un minimum aimer la romance, ce qui est mon cas. J'ai trouvé Ichiko très touchante, on ressent ses doutes et ses questionnements de jeune fille (on ne peut pas lui demander de penser comme une personne de 30/40 ans) qui va entrer dans le monde des adultes. Ici, pas de pupilles bandées ou de biceps amoureux mais plutôt un sourire qui pleure. Le ton est léger et les dialogues sont justes. Alors oui, elles font souvent l'amour, mais n'est-ce pas de leur âge ? Graphiquement, un dessin qui m'a charmé avec son trait simple, fin et épuré. Une belle lecture.
L'Ère de l'égoïsme
Ce n'est pas le premier Darryl Cunningham que je lis, et même si je ne suis pas en total accord avec lui sur certains points, je reconnais que ses documentaires ont l'avantage de ne pas être trop partisans, permettant ainsi de toucher un plus large public par des faits examinés scrupuleusement. Cette BD est un bon pendant à d'autres sur l'économie (je pense à Economix, Capital & Idéologie ou encore La Survie de l'Espèce) avec une centralisation ici sur le néolibéralisme et la façon dont celui-ci a conduit à la crise bancaire de 2008. La BD s'ouvre de manière originale en présentant une autrice que je ne connaissais pas, mais qui a eu une pensée politique importante dans la construction de plusieurs personnes devenues par la suite importantes dans la politique américaine. Et franchement, cette dame fait froid dans le dos. Son discours, sa pensée, sa façon d'être la font passer pour une fasciste s'imaginant libératrice de l'humanité. Une femme impressionnante, mais pas dans le bon sens du terme. C'est assez originale de présenter cette autrice en premier lieu, puisque cette idéologie de l'égoïsme est ce qui transparait par la suite. Sauf que finalement, les crises (notamment donc celle de 2008) présentent bel et bien les limites de ces pensées. Le déroulé du discours est glaçant, en même temps qu'il montre implacablement l'incapacité du néo-libéralisme à tenir ses promesses. Ce qu'il crée comme monde, nous le connaissons désormais bien : l'enrichissement des plus riches, l'appropriation du monde par une petite élite, la privatisation de tout, le délaissement de tout ceux qui n'ont rien. La plus belle dystopie que le monde capitaliste pouvait nous vendre ... Cette BD est franchement bien faite, malgré son dessin simplifié au maximum. L'exposé est clair, démontrant dès l'origine les défauts de cette pensée et du système qui le défend. Les trois parties, bien équilibrées et très claires dans leurs propositions, mettent en lumière tous les rouages qui se sont imbriqués les uns dans les autres jusqu'à un final incroyable. Décortiquer l'opposition droite-gauche sous un angle psychologique est assez fou, même si je trouve que sa démonstration semble vouloir proposer un sophisme du juste milieu ("Nous avons besoin des deux"). En tout cas, malgré plusieurs lectures à ce sujet, j'ai encore appris des choses. Et surtout, j'ai été étonné de découvrir Alan Greenspan surpris que sa pensée politique soit finalement mauvaise, après quarante années à la défendre. Je retirerais surtout de cette BD que l'égoïsme est lié par essence au néo-libéralisme, mais aussi que Ayn Rand est l'autrice préférée de Donald Trump. Et que si la pensée de gauche a disparu de nos radars, il nous appartient de faire renaitre dans l'espace public la défense de l'entraide et de la solidarité.
La Baleine bibliothèque
Je connaissais le Zidrou humoriste, policier, fantastique voire historique ou presque gore (Marina) et même au centre d'une polémique de stéréotype raciste, mais je n'avais pas encore rencontré le Zidrou poète. C'est chose faite avec cette série qui m'a vraiment beaucoup plu. Les auteurs nous proposent un véritable poème (romantique) d'amour chargé d'une belle émotion. Sa construction est assez étonnante. J'ai emprunté ce volume dans la section jeunesse et effectivement cela débute sur un mode d'illustrations d'un conte pour enfants sur un sujet que je ne connaissais pas: la poste maritime. Cette accroche m'a tout de suite intéressé d'autant qu'elle introduit la thématique principale sur l'amour de la mer et l'amour de son métier. Comme ce poème est aussi conte, le fantastique a droit de cité dans la rencontre avec une baleine vieille comme la terre et la culture humaine. Puis le réalisme reprend ses droits avec un amour à sa belle et quelques planches surprenantes si on les imagine entre les mains de jeunes enfants. Malheureusement même par une belle nuit de mai, les chants les plus beaux … Zidrou se fait alors porteur de la poésie Romantique où la souffrance ( d'un accouchement par césarienne ?) est moteur de la création la plus belle. Il serait injuste de réduire cette œuvre au travail de Zidrou tellement le graphisme de Judith Vanistendael apporte à la série. Ses peintures sont à la fois belles et touchantes. Judith propose un équilibre subtil entre l'illustration posée et le dynamisme des cases BD. C'est une succession de temps forts et de temps faibles qui nous conduit à travers la houle et le danger de vivre toujours présents. Une œuvre surprise bien plus riche qu'il n'y paraît et à découvrir. J'ai été complétement sous le charme.