Les derniers avis (38246 avis)

Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Sphères
Sphères

J'attends cette série de pied ferme depuis plusieurs semaines. Alain Brion est un auteur de grand talent, j'ai adoré son travail sur le tome 10 d'Androïdes et sur L'Epopée de Gilgamesh. Je suis toujours à la recherche d'Excalibur - Chroniques. Nous sommes en 2544 et le monde a changé. Je vais te faire un petit topo succinct de la situation : - 2055 _ Création de la station Mars-One. - 2123 _ Mars-One devient une colonie de peuplement. - 2138 _ Exploration de Vénus et Mercure. - 2203 _ Exploration de Jupiter et rencontre avec les sphères. - 2205 _ Découverte des axolotls sous la glace d'Europe. - 2494 _ La "Pax Ultimata" de la religion de l'Ultime et du Consortium spatial s'impose. L'album commence par une présentation des 8 personnages principaux et d'une chronologie de la conquête spaciale (plus complète que celle ci-dessus). Alain Brion nous dépeint un monde sous l'emprise d'une religion unique et d'un consortium, deux entités qui font la pluie et le beau temps sur Terre et dans l'espace. Un pouvoir qui pourrait être mis à mal par un petit animal découvert sur un satellite de Jupiter : l'axolotl, aux propriétés surprenantes. En parallèle, on va suivre le retour du colonel Prax'x après 300 ans de cryogénisation, il n'a pas oublié les 3 sphères disparues dans la tache rouge de Jupiter et de la navigatrice Nell'o, une jeune femme mal dans sa peau qui trouve du réconfort dans une substance psychoactive. Un récit qui démarre sur des bases qui ne sont pas novatrices, mais Brion a le savoir-faire pour rendre son récit captivant. Il impose un rythme lent qui permet de cerner les personnages et de poser les premières pierres aux fondations de l'intrigue, tout en nous faisant naviguer de la Terre à la station Mars-One en passant par le satellite Europe. Un scénario qui tient la route, la narration est maîtrisée et les protagonistes sont crédibles et charismatiques. Un premier tome qui met l'eau à la bouche. Le trait de Brion a un grain à nul autre pareil, une texture réaliste pour une immersion dans ce space opéra aux décors soignés, que ce soit la ville futuriste, les vaisseaux spatiaux ou la station orbitale. Les personnages ne sont pas en reste. Il faut prendre son temps, le moindre détail est un ravissement. La mise en couleur est magnifique. Une mise en page non académique. Un rendu époustouflant ! Impatient de savoir ce qui se cache derrière ces 3 sphères.

20/02/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série Lanfeust de Troy
Lanfeust de Troy

Un bonheur pour ado de fin de collège: un univers exotique, des bourrins sanguinaires, des seconds rôles comiques, des méchants vraiment méchants et des bombasses. Tout ce que le JDR proposait de mieux dans les années 90 est plaqué sur image. Le charadesign est sympa, les détails des vêtements, accessoires et bâtiments sont immersifs, rien à redire. Mais avec le temps, on voit de plus en plus le côté mysogine et graveleux et. Alors forcément ça relativise la note pour une BD qui se lit et relit sinon sans ennui. Edit: je viens de lire qu'il a remporté l'Alph-Art jeunesse des 9-12 ans. Franchement pour l'exemple et le côté gore de certains combats, je ne le conseillerai sûrement pas à un gamin ou une gamine de 9 ans. ------------------------------------- MàJ après relecture des 8 tomes: Je passe la note de 3 à 4 car l'alchimie entre les personnages est exemplaire, chacun est bien fouillé mais ne prend pas la couverture vers lui. De temps à temps à autres, la scène sera dédiée à Hébus et ses mouches, à Cian et son plan mariage, à Nicolède gérant ce qu'il peut encore gérer, à Cixi et son tempérament qui ne demande qu'à s'enflammer et exploser, à Lanfeust tantôt valeureux tantôt neuneu. Les contrées sont des clichés du jeu de rôle mais il fait bon s'y promener. Et il y a tous ces jeux de mots glissés par-ci par-là qui ne demandent qu'à être découverts. Contrairement aux Chroniques de la lune noire, l'auteur évite la surenchère d'action (si l'on met de côté le tome final) et exploite bien chaque pouvoir ou capacité. Malheureusement, les 2 derniers tomes tirent en longueur avec de très sérieuses affaires de cœur qui dénote avec le ton badin 2 pages avant et 2 pages plus tard et beaucoup trop de clins d'oeil bien appuyés (Astérix, Arzach, Zorro...) qui font rire puis soupirer. Lanfeust bâtissait sa propre légende, dommage qu'elle pencha vers le fan service, Gottferdom ! La fin expédiée laisse sur sa faim mais cette série nous aura tellement fait voyager qu'on passe l'éponge.

24/12/2021 (MAJ le 20/02/2025) (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Les Contes de la ruelle
Les Contes de la ruelle

3.5 + coup de coeur = 4 Le premier avis compile tous les mots qui me sont venus à l'esprit: quiétude, douceur, fantastique, poésie... oui, cela peut paraître mièvre pour un lectorat adulte Occidental mais le public Asiatique aime se laisser emporter par la romance ou la nostalgie. L'auteur a sacrément changé son style en optant pour des aquarelles éthèrant l'atmosphère. Je redoutais un récit gnangnan en découvrant ce papy à la bouche très bizarrement dessinée et tenant des propos semblant à l'Ouest mais suis rapidement tombé sous le charme. Les histoires ne sont pas de qualité égale mais l'une ou l'autre fera toujours mouche (celle des timbres me concernant) et pourront même faire verser une petite larme lorsqu'arrivera la fin du livre et le moment de quitter ce joyeux quartier insouciant..

20/02/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Aux soirs de grande ardeur
Aux soirs de grande ardeur

Décidemment, que de bonnes choses en ce début d'année ! Ce nouvel essai de Nicolas Puzenat vient s'ajouter à la liste. J'aime d'emblée son dessin, qui tout au long de ma lecture, m'évoquait tout un tas de trucs plutôt chouettes. Dans certaines cases, j'étais chez Duchazeau et son Dieu qui pue, Dieu qui pète. Mélangeant les techniques, Puzenat donne naissance à un univers exotique totalement original, comme il l'avait déjà fait pour Megafauna. Il pousse cependant le bouchon. Ici, on pourrait aussi bien se trouver sur les berges du Mékong, au fin fond de l'Afrique, dans la jungle péruvienne, les statues évoquant quant à elles celles de l'ile de Pâque. Graphiquement, ce mélange répond à un mix de techniques du meilleur effet. Les ciels, les atmosphères du soir, pour ne rien dire des effets de flammes dues à l'incendie, tout concourt à nous mettre ailleurs. Les couleurs sont excellemment bien choisies. L'histoire est elle à la hauteur et brille notamment par plusieurs détails qui apportent une richesse supplémentaire, ajoutant du sens. C'est bien entendu le cas de cette affaire de chuchoteurs. Ca, c'est la grosses idée. Les chuchoteurs, symboles de notre héritage familial, de nos conventions sociales, du poids de l'histoire, de nos voix intérieures, cette lutte morale qui tempête parfois sous les cranes... Une idée qui aurait toutefois méritée d'être plus fouillée. J'aime les personnages dont je me sens très proche, que ce soit le cuisto, sa servante ou son amante. Cette curieuse relation à trois est très belle à suivre, et la fin est plutôt déroutante, mais bien posée. Un mot tout de même de l'incendie évoqué dans cette BD, et que l'actualité vient étonnement percuter : comment en effet ne pas songer à l'incendie qui vient de ravager Los Angeles ? Encore un bon coup de cœur, tiens !

20/02/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Didier, la 5e roue du tracteur
Didier, la 5e roue du tracteur

On termine quand même ? - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il est paru initialement en 2018, avec un scénario de Pascal Rabaté, des dessins et une mise en couleurs de François Ravard. Le soleil se lève sur la ferme de Didier. Il vient de se réveiller et il se dirige vers les toilettes. Il pousse un cri déchirant en faisant ses besoins. Il se rend chez le médecin en mobylette. Avant d'entendre l'avis du professionnel de santé, il lui dit qu'il sait qu'il va mourir, et il est triste de ne pas avoir encore connu le vrai amour alors qu'il a déjà 45 ans. Le docteur lui prescrit un traitement pour ses hémorroïdes, lui conseille de ne plus boire d'alcool pendant quelques jours, et lui suggère de s'inscrire sur un site de rencontre pour résoudre son autre problème. Il rentre à la ferme sur sa mobylette (ayant mis un coussin sur la selle) et n'est pas du tout surpris de voir Régis en slip et en bottes en train de se rouler une clope sur le pas de la porte. Il lui demande où se trouve sa sœur Soazic. Ayant eu la réponse, il se dirige vers l'étable où Soazic vient de terminer de traire les vaches. Il lui demande ce que fait Régis à la ferme. Elle le toise bizarrement en lui disant que la cuite d'hier avait dû être sévère. La vieille Didier était parti à la ferme de Régis pour participer à la vente aux enchères de tous ses biens, car il avait fait faillite. Le commissaire-priseur avait commencé par le tracteur, un modèle 635 Massey Ferguson de 2010, avec une mise à prix de départ fixée à 1.200 euros. Didier avait commencé à enchérir, mais son attention avait été détournée par le comportement de Régis. Ce dernier avait commencé par aller dire au revoir à ses vaches, en tenant à la main, une corde avec un nœud coulant. Puis il avait enlevé son bleu de travail devant tout le monde, pour se retrouver en slip et en bottes, et il était rentré chez lui avec sa corde à nœud coulant à la main. Didier s'était précipité au carreau de la porte pour voir ce qui allait se passer, alors que la vente aux enchères se poursuivait sans interruption. À son grand soulagement, Régis était ressorti sain et sauf. Au temps présent, Soazic voit que Didier a recouvré la mémoire et elle lui enjoint de prêter de quoi s'habiller à Régis. Puis ils prennent le petit déjeuner tous les trois dans la cuisine. Régis demande comment il peut aider. Soazic lui répond qu'il sait très bien qu'il y a toujours quelque chose à faire à la ferme. Didier lui demande s'il s'y connaît en internet. La couverture affiche clairement le parfum d'autodérision du récit : les casseroles tirées par le tracteur, la mention du célibat encore frais, sans compter que ce sont les vaches qui occupent le premier plan, et le titre apporte la touche finale. Le lecteur fait connaissance avec Didier dès la première page. Dès la deuxième, il connaît son âge (45 ans), son naturel inquiet (la fin est proche) et le drame de sa vie (il est célibataire). Il est facile de se moquer de ce paysan, pas très bon gestionnaire, sans vie affective, avec comme seul ami un fermier ayant fait faillite, prenant des cuites non maîtrisées de temps à autre, et vivant avec sa sœur qui assure les corvées ménagères (il ne sait pas faire la lessive), ainsi qu'une part significative des tâches de la ferme. Il est vrai que Didier est en surcharge pondérale, qu'il porte des grosses lunettes et que ses cheveux commencent à s'éclaircir, sachant qu'il est déjà grisonnant. Pour autant, le lecteur éprouve immédiatement une forte sympathie pour ce monsieur. D'un côté, il représente tout ce que la société réprouve de manière implicite (surcharge pondérale, métier sans gloire, absence totale de dimension spectaculaire) ; de l'autre côté, il a un cœur gros comme ça. En effet c'est le seul à se préoccuper de Régis, de s'inquiéter d'un possible suicide, de l'accueillir chez lui sans demande de compensation. Il apparaît en creux qu'il n'exploite en rien sa sœur, et que ce sont les hasards de la vie qui les ont amenés à continuer à habiter sous le même toit. Il échappe même au ridicule car ce n'est pas qu'il ne se respecte pas, c'est qu'il est dépourvu de toute vanité. Par voie de conséquence, il est impossible de se moquer de lui, ou de le mépriser. Bien sûr, les dessins participent pour beaucoup à dresser le portrait de Didier, à lui insuffler un élan vital. Dans la deuxième page, François Ravard représente Didier en slip dans le cabinet du médecin. Il ne minimise pas la dimension de sa brioche, mais sans la transformer non plus en étalage de viande, ou en tas de saindoux. Il montre les bajoues importantes sans être flasques, ainsi que les énormes lunettes, très fonctionnelles et dépourvues de toute qualité esthétique. Bien sûr Didier apparaît à plusieurs reprises comme un peu pathétique, que ce soit dans sa tenue de travail très ample, déconfit dans sa chemise trop petite (qu'il n'a portée que deux fois), surpris que les ronds de son maillot à pois rouge se déforment, ou encore courant tout nu dans un champ moissonné. Pourtant il ne s'agit pas de misérabilisme ou de méchanceté. En effet par ailleurs, Didier est montré comme un individu calme et posé, sensible et faisant preuve d'empathie. Il est en décalage avec la France qui gagne, avec les battants. En observant son visage, le lecteur peut voir qu'il n'est pas dépressif ou aigri. Il montre son désaccord par une moue désapprobatrice quand une réaction, une remarque ou une situation va à l'encontre de ses convictions ou de ses émotions. De la même manière, le lecteur s'attache très rapidement aux autres personnages. La plastique de Soazic n'est pas celle d'une pinup, mais d'une femme au visage avec un menton trop petit et un nez trop gros, ainsi qu'un bassin un peu empâté. Les expressions de son visage indiquent qu'elle a conservé un amour propre plus développé que son frère. Elle a, elle aussi, accepté sa condition de fermière dont la vie est accaparée par la ferme, sans pour avoir renoncé à la possibilité d'une vie différente. Elle n'a pas totalement accepté les choses comme elles sont, et elle continue à lutter contre ce qui l'agace chez son frère (à commencer par sa mollesse). Elle n'a pas baissé les bras face à une sorte de stase régissant sa vie. Le lecteur observe donc son langage corporel ainsi que les expressions de son visage et voit apparaître des jugements de valeur, des moments d'énervement, une volonté d'agir, le plaisir d'avoir une idée nouvelle. Régis vient compléter ce trio, avec une morphologie très fine, mais également dépourvue de toute élégance. Par comparaison avec les postures ou les expressions de Didier, il apparaît plus résigné. Il ne se plaint pas d'avoir tout perdu, mais il n'a pas l'énergie de se lancer dans un nouveau projet. Il prend les jours comme ils viennent, avec la mine d'un individu qui n'attend plus rien, sans être amer pour autant. Advienne que pourra. Dès la première case, le lecteur se retrouve à observer une cour de ferme dans une case de la largeur de la page, avec une luminosité de lever de soleil, des couleurs portant une part d'ombre, mais commençant déjà à se réchauffer. En page 6, il voit Didier au loin sur sa mobylette, avec un champ vert et jaune au premier plan, et des champs avec quelques arbres dans le lointain. L'artiste n'a utilisé quasiment aucun trait pour délimiter les contours, tout est représenté à la couleur directe, avec à nouveau une ambiance lumineuse paisible pour un jour ensoleillé. Quelques pages plus loin, Didier va voir son poirier dans le jardin, avec le chat qui court, quelques poules qui picorent, et les éoliennes discrètement esquissées au loin en fond de case. François Ravard a l'art et la manière de composer ses cases, en dosant soigneusement les éléments très précis, et les éléments esquissés, ou dont la forme se trouve discrètement peinte dans une teinte pale. À l'instar de ces éoliennes présentes dans quelques cases, le lecteur peut aussi remarquer de minuscules détails s'il s'en donne la peine : le coussin ajouté sur la selle de la mobylette, le collier de protection autour de la tête du chat, la manique accrochée au mur de la cuisine, les pneus sur le tas de fumier, les enseignes du coiffeur et du bar en forme de jeu de mots, la pompe à eau dans le jardin de la ferme de Régis, etc. Il est facile de se laisser prendre par la douceur de la narration visuelle et de ne pas prêter attention à ses menus détails. Il est tout aussi facile de prendre le temps de laisser son regard se poser sur une case ou une autre et d'en découvrir la richesse. Cette stratégie de représentation porte ses fruits en décrivant à la fois un quotidien très pragmatique et concret, réaliste (l'aménagement de la cuisine, les travaux de la ferme), à la fois l'ambiance de l'environnement que le regard embrasse dans son ensemble, sans forcément le scruter à chaque passage. Le lecteur se rend compte que ce mode de représentation fonctionne aussi avec les personnages, à la fois pour les petits gestes du quotidien (Régis en train de rouler sa clope), à la fois pour l'impression générale (la détresse de Didier dans le cabinet de consultation). Le lecteur se sent donc privilégié de pouvoir côtoyer ces individus ordinaires, dans leur vie spécifique. Il ressent une grande tendresse pour Didier et son sentiment que la vie ne lui a pas apporté ce qu'il attendait, pour Soazic vaguement excédée par un quotidien auquel il manque l'espoir d'un avenir, pour Régis résigné sans être abattu. Il ressent une pleine et entière adhésion à leurs projets. De ce fait, il ressent une forte curiosité pour le projet de Didier (s'inscrire sur un site de rencontre). Il sourit en voyant que Didier prend de la distance avec cet outil, au point que ce sont Soazic et Régis (ensemble ou chacun dans son coin) qui s'approprient le projet et accompagnent Didier, pour être sûr qu'il aboutisse. Bien sûr, la confrontation avec la réalité va être cruelle et brutale. Didier, avec l'aide de Soazic et Régis, va pouvoir mener son projet à bien. Dans le même temps, cette dynamique va initier d'autres changements inattendus. Malgré la douceur chaleureuse de la forme du récit et des illustrations, il est bien question du mal-être de plusieurs individus, d'avoir envie de faire quelque chose de sa vie, de désirer ce que l'on n'a pas et qui semble un dû au vu de ce qu'on a déjà accompli. Didier est contraint d'apprendre à se connaître en se mesurant à la réalité de son désir, ainsi qu'à ce qu'obtiennent les autres. De la même manière que le récit ne baigne pas dans le misérabilisme, il ne se complaît pas non plus dans l'amertume. Il y a ce que l'on veut, et ce dont on a besoin. L'effort fourni par Didier pour s'arracher à sa stase ne lui apporte pas ce qu'il avait escompté, mais il ne retourne pas au point de départ. Il est difficile de résister au second degré contenu dans le titre de cet ouvrage, ainsi qu'à sa couverture faussement naïve (les petits cœurs dans le ciel). Il est impossible de ne pas succomber à la gentillesse de la narration, ainsi qu'à sa cruauté sous-jacente, à son regard sur un quotidien dont les spécificités chassent la banalité, dont les personnages apparaissent faciles et agréables à vivre, à la fois pour leurs qualités et pour leurs défauts.

20/02/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série L'abîme de l'oubli
L'abîme de l'oubli

J'étais curieux de découvrir le dernier Paco Roca ; ça fait quelques années que je suis son travail et j'appréhende toujours un peu, car à mon sens il est capable du meilleur comme du très moyen (même si c'est souvent vers le haut que la balance penche). Avec "L'abîme de l'oubli", on retrouve le meilleur, Paco Roca utilisant à nouveau un de ses thèmes fétiche, la mémoire, pour déterrer le l'oubli les tragiques exécutions post guerre civile espagnole. Il s'appuie cette fois sur le savoir faire du scénariste et journaliste Rodrigo Terrasa pour faire sortir de l'oubli les milliers de victimes du franquisme délibérément vouées à l'oubli. Car ce que je ne savais pas (ou avait oublié ?) c'est que les victimes du franquismes ne furent pas seulement celles de la période de guerre civile. Plus d'un an et semi après sa fin, des vagues d'arrestations et d'exécutions ont fait rage dans toute l'Espagne faisant des dizaines de milliers de morts. La dictature du Caudillo n'était pas du genre à oublier ni à pardonner ! De nombreuses fosses communes ont ainsi fleuri dans de nombreux cimetières sans qu'on identifie ni n'autorise cette dernière pour que l'oubli règne ; et comme le dit l'écrivain Michel Folco, "Mourir n'est rien, c'est être oublié qui est terrible." C'est ce qu'aura vécu toute sa vie Pepica Celda ; son père sera exécuté alors qu'elle a 8 ans le 14 septembre 1940 ; plus jamais elle ne pleurera ; elle passera sa vie à chercher à retrouver le corps de son père pour l'enterrer à côté de celui de sa mère, comme elle le lui avait promis. C'est tout ce travail de recherches, face à la volonté de tout faire pour que la mémoire de ces personnes soit effacée, qui est ici mis en valeur. C'est aussi et toujours cette omerta et cette volonté de ne pas remuer le passé de cette douloureuse période qui est mise en exergue. La société espagnole, ou du moins sa composante droitière, a tout fait pour ne surtout pas laisser ressurgir ces remugles dérangeants d'une période qu'elle peine à assumer. C'est enfin la réhabilitation de personnes qui sont de véritables "héros" à leur échelle pour permettre ce travail de souvenir : ce fossoyeur qui collecta pendant des années le moindre indice possible et les dissimula pour permettre plus tard que des familles retrouvent leur disparus et puissent leur offrir une sépulture digne est profondément marquant. Bref, de son trait si singulier, réaliste et minimaliste tout à la fois, Paco Roca aidé de Rodigo Terrasa, rendent leur fierté et leur dignité à ces personnes qui se sont battu pour que la mémoire soit retrouvée et qu'on oubli pas ni ces gens assassinés ni les horreurs commises par le Franquisme.

19/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Bergères Guerrières
Bergères Guerrières

Eh bien, voilà une série qui n'a pas volé son excellente réputation ! Un univers simple dans la forme mais riche dans le fond, des personnages attachants et murissant avec le récit, une aventure tout public mais qui arrive à traiter avec sérieux ses sujets lourds, des dessins magnifiques, un peuple à la culture très marquée, et un monde qui donne sincèrement envie d'être exploré. Il n'y a pas à dire, la recette est alléchante et le plat final réussi ! Une série culte, à n'en pas douter ! Le tout commence assez simplement, dans ce qui nous semble être le début d'une quête initiatique pour une jeune fille souhaitant plus que tout rejoindre l'ordre des Bergères Guerrières, une sorte de force armée exclusivement féminine fondée suite au départ des hommes du village partis il y a des années pour rejoindre la guerre. Mais voilà, cette simple histoire d'épanouissement et les rêves de gloire de notre héroïne, Molly, volent en éclat lorsqu'une terrible malebête décide d'attaquer leur village. Le récit est vraiment prenant, mais je me garde de trop vous en dire, l'histoire mérite vraiment d'être découverte. Je vous dirais simplement que la série parle de guerre, de peur, de deuil, d'honneur et de magie. Les enfants mûrissent, la quête initiatique et épique prend rapidement des allures de tragédie, on craint pour nos personnages, le récit ne leur fait pas de cadeau et ici préparez-vous à ce que les actions aient des conséquences et que la bonté des gens ne suffise pas à leur assurer une fin heureuse. Pas qu'elle ait besoin de moi pour aider à sa renommée, mais je conseille sincèrement la lecture de cette série.

19/02/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série A qui profite l'exil ? - Le Business des frontières fermées
A qui profite l'exil ? - Le Business des frontières fermées

Une BD documentaire très bien faite, qui pose une question en couverture et y répond à la fin avec une réponse qui ne va pas plaire à tout le monde ... Mais qui a le mérite de remettre l'église au centre du village sur la question épineuse et souvent débattue de l'immigration. Il est rigolo de voir que le sujet de l'immigration, de l'immigré, revient sans cesse dans nos débats publics avec en permanence le même bout de la lorgnette : la violence (qu'ils exercent, qu'on exerce) et la répression. Mais en s'intéressant à eux en tant qu'humain, on découvre bien des choses. La BD commence en Europe, dévoilant la politique sécuritaire européenne qui nous coûte des millions pour permettre à ces gens de risquer leur vie en tentant de rentrer, tandis que nous fermons de plus en plus les frontières. Après ce tour d'horizon, la BD passe en Afrique où nous découvrons les migrants, ces fameuses personnes qui tentent le passage vers l'Europe. Les noms, les visages, les vies... Tout devient tout à coup tangible, ce ne sont plus "des migrants", masse informes de gens venus nous envahir, mais des humains qui ont un vécu, une vie. Et leurs histoires sont autant de façons de vivre la misère, l'espoir, les malheurs. Les trajets longs, coûteux, les morts, les disparus, les viols, tout ceux qui ne reviendront pas ... Et à la fin, on change à nouveau : direction le Sénégal. Ici, c'est un aperçu du "Pourquoi ?" qui sera présenté. Non exhaustif, mais néanmoins très représentatif, il symbolise ce que ces personnes fuient. Et ce qui les fait fuir est le même monstre qui les empêchera de passer : le capitalisme. Celui qui aime la main-d’œuvre corvéable à merci pour des salaires de misères. Celui qui fait tourner une industrie de l'armement en temps de paix, parce que le business n'attend pas. Celui qui va vider les eaux des pêcheurs du Sénégal avec des traités ratifiés par des élites corrompus, qui affameront les locaux et les pousseront à partir. Cette partie est pleine d'espoir, sur des gens qui s'organisent, des personnes qui veulent changer les choses. Mais elle met surtout en lumière ce que c'est, l'immigration : la résultante de nos politiques, que nous votons et maintenons en consommant, en ne luttant pas et en restant passif. La BD se conclut sur un ensemble de portraits de la réalité des migrants en France aujourd'hui. Des parcours de vie divers, depuis l'Afrique jusqu'aux pays de l'Est, chacun venu sans papiers et parfois régularisé, parfois non. Travaillant dans la pénibilité et le déni du droit du travail, pour des salaires de misère et souvent en danger, exploité dans leurs horaires, ils se taisent car "non-légaux". Mais toujours aussi humain, non ? Cette BD n'est pas un manuel de solution mais de réponse. Pourquoi viennent-ils ? Pourquoi l'Europe ? Comment peuvent-ils risquer leurs vies ainsi ? La réponse fait mal : regardons-nous dans un miroir. Nous voulons leur poissons pas cher, et leurs métaux précieux pour nos téléphones. Nous voulons de la main-d’œuvre dans nos pays vieillissant. Nous soutenons ces politiques en votant pour des partis, en restant dans l'instrumentalisation de la peur, celle de l'autre, l'immigré, le voleur, le dangereux. Nous nous coupons d'une humanité, nous pillons le monde avec nos entreprises, nous les soutenons par nos supermarchés, et nous votons pour qu'ils continuent. Le problème, c'est le capitalisme. Et si nous le soutenons, en définitive, le problème c'est nous.

19/02/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Les Brûlures
Les Brûlures

La vie, c'est comme la piscine. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2019. Il a été réalisé par Zidrou (Benoît Drousie) pour le scénario, et par Laurent Bonneau pour les dessins et les couleurs. Dans une petite station balnéaire, Assane Ndiaye (surnommé Nutella) est en train de regarder la mer dorée par le soleil, derrière ses lunettes de soleil. Il est assis au comptoir d'une paillote et s'allume une clope en songeant qu'il y a toujours quelqu'un pour t'apprendre à nager, mais jamais personne pour t'apprendre à te noyer. La serveuse (avec un badge marqué Consuela, mais en fait c'est la robe de la précédente) lui demande s'il va se baigner. Au vu de sa réponse négative, elle lui propose de venir se baigner avec elle en fin de service. Inspecteur de police, Assane Ndiaye se souvient quand il s'est retrouvé à contempler le cadavre de Giorgia Bocelli, 17 ans, nue sur le plateau de la morgue, avec son tatouage Hello Kitty sur l'intérieur de la cuisse droite. C'était une entraîneuse travaillant au bar Le Phare, à qui on a arraché cinq dents à vif et trois ongles aux pieds. Il repense aussi à ses séances à la piscine, à cette belle nageuse en combinaison, avec bonnet et lunettes, sa façon d'enchaîner les longueurs, avec des demi-tours impeccables. Il se superpose l'image de la tête d'une femme maintenue de force sous l'eau d'une piscine privée, jusqu'à ce qu'elle s'asphyxie. deux hommes la torturent pour lui arracher des informations. À un autre moment, Light (le collègue de Nutella) l'amène jusqu'à la piscine municipale. À la piscine municipale, la belle nageuse arrive dans une robe à fleur. Dans le couloir, elle dit bonjour à Édith, une femme de 87 ans, déjà en maillot de bain, qui s'apprête à rejoindre le bassin. Celui-ci est très lumineux grâce à une grande baie vitrée, légèrement entrouverte, et un superbe vitrail non figuratif. La belle nageuse s'approche de son casier, alors qu'Assane est déjà en maillot. Il l'observe et la contemple à la dérobée. Il demande à Maïtena, la femme de ménage si elle la connaît. Cette dernière se moque de lui en disant qu'elle ne souhaite pas renseigner un flic. Light et Nutella se trouvent au bord du bassin de la piscine privée devant une magnifique demeure. C'est le jardinier et sa femme qui ont trouvé le corps d'Adriana Totti, 23 ans, celle à qui on a maintenu la tête sous l'eau, puis brûlée avec le barbecue à 2.500 degrés, puis achevée de trois balles dans la tête. Nutella ne comprend pas comment Light peut être en train de manger un hamburger devant un tel spectacle. La barista sert son café à Assane, avec beaucoup de crème fraîche comme il l'a demandé. Elle lui fait observer qu'il n'a pas répondu à sa proposition de venir se baigner avec elle le soir. Cette bande dessinée constitue une étrange lecture. Cela commence comme un polar bien noir avec ces assassinats sadiques, avec un inspecteur désabusé, à qui il manque une forme d'envie ou d'entrain. Dès la première page, les dessins occupent une place prépondérante dans la narration, avec seulement 3 cases qui sont de la largeur de la page. Le mode de rendu se focalise plus sur l'impression donnée par ce spectacle de soleil qui commence à décliner, que sur les détails concrets de la plage, de la mer, ou des nuages. Le lecteur ressent que cette page est en phase avec l'état d'esprit d'Assane Ndiaye, que son état d'esprit colore la manière dont il perçoit ce qui l'entoure. Il s'agit donc d'un polar où l'enquête est indissolublement liée à l'environnement dans laquelle elle se déroule, mais aussi à la personnalité de celui qui la mène. Il faut un peu de temps au lecteur pour se rendre compte que toutes les scènes ne se déroulent pas dans un ordre chronologique, et qu'il y a au moins deux fils chronologiques qui s'entremêlent. Cette construction narrative ne gêne en rien la compréhension du récit, le lecteur se rendant compte qu'une partie de ce qu'il découvre constitue des souvenirs qui reviennent à l'esprit du personnage principal, ou des éclairages sur une sensation, une émotion. Le lecteur se laisse donc emmener par ce savant désordre chronologique et accompagne Assane Ndiaye à la morgue ou sur les lieux du crime. Les images montrent le corps dénudé de la première victime sur la table de la morgue, avec son étrange tatouage, une partie des coups portés à la deuxième victime, et mentionne la troisième victime. Le lecteur observe les réactions des deux inspecteurs : l'un blasé, l'autre affecté dans une mesure difficile à apprécier. Light semble compenser ce contact avec les pires exactions des êtres humains, en se gorgeant de sucre et de graisse, comme en atteste son obésité assumée. Une remarque en passant de Ndiaye permet de comprendre que l'accumulation d'horreurs lui pèse, et qu'il aspire à un autre métier. Le scénariste fait le nécessaire pour étoffer un peu le personnage principal, indiquer qu'il est impliqué dans son métier, mais qu'il apprécierait que sa profession ne l'oblige pas à contempler les horreurs commises par les pires représentants de l'humanité. Au final, d'ailleurs, il le voit plus en train de draguer gentiment qu'en train de travailler. Au travers de la nageuse, Zidrou met en scène personnage féminin mystérieux, abimé par la vie, ayant certainement accompli des actes répréhensibles. Le lecteur se sent un peu moins concerné par l'enquête qui avance sans réelle difficulté, de cadavre en découverte d'indice bien pratique. Le lecteur se prête d'autant plus volontiers au jeu de la construction du récit, que les planches font la part belle aux grandes images, avec trois ou quatre cases par planche, et souvent des cases panoramiques de la largeur de la page. Le lecteur commence par admirer ce début de coucher de soleil et le jeu de lumière qu'il génère. Par la suite, il découvre le bâtiment de la piscine dans un dessin en double page, puis le bassin de la piscine dans un dessin pleine page (p. 21). Il voit la voiture des enquêteurs sur l'autoroute dans un autre dessin en pleine page, p. 41. À deux reprises, l'artiste représente la côte avec la mer, dans un dessein en double page, une fois de jour, une fois de nuit. Laurent Bonneau réalise lui-même sa mise en couleurs, en couleur directe, avec une approche oscillant entre naturalisme et impressionnisme. Lorsqu'il bascule dans ce deuxième mode, cela a pour effet d'installer une ambiance qui entre en résonance avec l'état d'esprit du personnage principal, sa manière d'être songeur, de ressentir un affect particulier. Le lecteur se rend aussi compte que l'artiste utilise aussi l'aquarelle pour saisir avec une exactitude surnaturelle l'impression que produit la masse d'eau dans le bassin de la piscine, le jeu des lumières, mêlant de manière étonnante des éléments descriptifs précis, avec une colorisation rendant compte de sensations. Laurent Bonneau joue sur le degré de précision des traits de contour, de manière à s'adapter à la nature de la scène, à mettre en avant plutôt une représentation descriptive, ou plutôt une représentation d'impression, de sensation. En fonction de la sensibilité du lecteur et des scènes concernées, le résultat peut être extraordinaire, ou juste correct. Par exemple, en pages 9 & 10, quatre cases montrent l'intérieur d'une boîte de nuit. Les traits de contour se font un peu plus lâches et imprécis, avec une colorisation jouant sur des tons verdâtres et violets pour rendre compte de l'éclairage tamisé. Le lecteur a l'impression de se tenir aux côtés des protagonistes dans cette ambiance feutrée. Les sensations sont encore plus immergeantes quand la mystérieuse nageuse plonge dans le bassin dans une savante structure de cases sur deux pages, en pages 14 & 15. L'impression devient plus mitigée quand le dessinateur se contente de trois cases de la largeur de la page, avec uniquement des têtes en train parler, comme la discussion entre Nutella et Light en page 61. Les camaïeux en fond de case n'apportent pas grand-chose en termes d'émotion et les 3 cases semblent assez vides en termes narratifs. Le lecteur tombe sous le charme de très belles pages, et ne prête pas forcément une grande attention au mélange des fils chronologiques, d'autant que les informations sont dispensées avec parcimonie et que l'incidence d'un fil sur l'autre n'est pas patente. Sans qu'il s'en désintéresse, il se dit que cet entrelacement est plus une technique pour rythmer la narration par des séquences courtes de nature différente, plutôt qu'un jeu de réponses les unes entre les autres, pour faire ressortir des points communs ou des oppositions. Ayant achevé sa lecture, il comprend mieux pourquoi Zidrou a choisi cette structure qui se révèle plus complexe que prévue, transformant l'enquête en une histoire à chute, dont l'effet est rétroactif. Le scénariste a réussi un exercice de style périlleux, sans perdre son lecteur, en jouant sur une juxtaposition lisible qui cache bien son jeu. En ouvrant cette BD, le lecteur n'est pas trop sûr de ce qui l'attend : une enquête sur des meurtres sordides, en bord de mer. Il commence déjà par apprécier la qualité picturale de la narration visuelle, avec des pages aux couleurs envoutantes. Il suit une intrigue assez linéaire, étrangement réarrangée en plusieurs fils temporels. Il savoure le plaisir visuel de lecture en ressentant un début d'affection pour Assane Ndiaye. Il s'incline devant l'habileté de la structure du scénario, tout en ressentant un effet exercice de style un peu artificiel.

19/02/2025 (modifier)
Couverture de la série La Boite à musique
La Boite à musique

Bon, le premier tome ne m'avait pas fait une très bonne impression : une jeune fille vient tout juste de perdre sa mère, celle-ci lui a légué une boîte à musique qui se révèle caché l'unique passage vers un monde extraordinaire appelé Pandorient, peuplé de créatures étranges et diverses, et elle se révèlera plus ou moins chargée du rôle de protectrice de cette boîte et par la même occasion des habitants de ce monde. Classique, mais peut toujours être bien tourné. Ce premier album n'y arrivait pas, rythme beaucoup trop rapide, impression de survoler l'histoire à ma lecture, pas vraiment d'attache avec les personnages, le tout n'était sauvé que par le dessin magnifique et le très beau travail de lumières. Généralement, j'aime toujours donner sa chance jusqu'au bout à une série, me disant qu'un miracle peut toujours se produire, qu'une série peut toujours s'améliorer, qu'il faut parfois laisser le temps à une œuvre de se révéler. Bien souvent les séries que je lis, regarde ou écoute n'arrivent pas à relever la barre et je reste finalement dans mon ressenti initial. Il est bon de tomber quelques fois sur les exceptions ! Oui : dès le tome deux, la série s'améliore. Meilleur rythme, début d'une intrigue filée (qui commence à devenir intéressante dès le tome trois), introduction de personnages hauts en couleurs, meilleure caractérisations des personnages que l'on connaissait déjà, un traitement du sujet du deuil de l'héroïne plus poussé, un humour qui reste bon enfant mais parvient à être plus fin, plus juste, le tout, encore une fois, avec un dessin magnifique, vif et rayonnant (littéralement, je trouve sincèrement le travail de Gijé sur la lumière remarquable). Non contente de se révéler très bonne, cette série a même réussi à me déclencher un coup de cœur ! Comme ça, sans prévenir, au détour du troisième album ! Tout n'est pas parfait pour autant, il y a notamment une intrigue du tome quatre, liée à une discrimination des relations inter-espèces, dont j'ai trouvé la résolution beaucoup trop rapide et facile. Pas de quoi me faire lever les sourcils non plus, la série a toujours eu un petit côté candide sur les bords, mais tout de même. J'aimerais vous parler de plusieurs choses qui m'ont plus, mais les albums étant courts et les intrigues mine de rien assez simples, je préfère tout de même vous laisser les découvrir. Mais croyez moi, même si elles sont simples, après le premier album un peu mou, ça vaut sincèrement la lecture, ne serait-ce que par curiosité. Pas de nouvelles pour la suite de la série depuis quatre ans, je croise les doigts pour qu'elle ne soit pas abandonnée, il y a vraiment du bon potentiel dans cette série jeunesse et l'intrigue filée autours de la Pandoccident intrigue et est pour le moment laissée en suspens. (Note réelle 3,5) Petite note au passage, pour la blagounette, je note une légère coquille narrative au quatrième album : une pandorientale, ne connaissant rien de notre monde donc, référence à un moment Roméo.

18/02/2025 (modifier)