Les derniers avis (18 avis)

Par Josq
Note: 4/5
Couverture de la série À la poursuite du trésor de Décalécatán
À la poursuite du trésor de Décalécatán

Tous les lecteurs de Spirou connaissent bien les Fabrice et Fabrice qui font un édito très déjanté dans chaque numéro. Les lecteurs de Spirou savent aussi qu'ils ont eu droit à leur première aventure complète cette année, dont est tiré l'album ici présent. J'ai toujours eu un peu du mal avec le dessin de Fabrice Erre, et ce n'est pas tout à fait cet album qui va me faire changer d'avis, même si je trouve qu'on s'y habitue finalement assez bien, et qu'il nous offre quelques décors qui valent la peine. Dans tous les cas, le dessin est finalement assez secondaire par rapport au scénario et aux dialogues de Fabcaro, qui est ici en très grande forme. Son double et celui de son dessinateur, qu'il met en scène ici, sont prodigieusement idiots, parfois à l'excès même pour le lecteur. Pire, cela suspend parfois la suspension d'incrédulité, quand on se demande comment les autres personnages peuvent se méprendre sur l'identité et les compétences du duo de Fabrice. Même si le ton de la comédie est censé faire disparaître la suspension d'incrédulité, c'est parfois vraiment trop gros... Mais le fait est que ça passe. Je me suis même pris à éclater de rire un certain nombre de fois, tant les effets comiques ménagés par Fabcaro et Fabrice Erre touchent juste, et réussissent à surprendre. C'est finalement bien ce qui me fait ajouter une quatrième étoile à cette bande dessinée, dont je ne suis pas certain qu'elle la mérite réellement. Mais la surprise a bel et bien été là du début à la fin, me réservant quelques moments de pure hilarité. Et finalement, c'est bien là le plus important : qu'une bande dessinée humoristique soit encore capable de me surprendre quand j'ai l'impression d'avoir fait le tour du genre, ça mérite bien une aussi grande générosité !

03/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Calle Málaga
Calle Málaga

De très beaux dessins et une colorisation grandiose : ce sont les images qui racontent l'histoire. Un court récit, comme une nouvelle, l'histoire d'un homme taiseux et solitaire qui erre comme un fantôme dans les rues d'une ville déserte, hors-saison. Enfant, le scénariste français Mark Eacersall a grandi dans le souvenir de l'atelier de son père qui, le dimanche, peignait d'après des cartes postales d'Espagne. De quoi alimenter son imagination puisqu'il nous invite, avec cet album, dans une station balnéaire hors-saison. C'est le normand James Blondel qui signe les dessins et la remarquable colorisation de Calle Málaga. Quelque part en Espagne, Calle Málaga s'étouffe sous les couleurs orangées du soleil, même si l'on est encore hors-saison. Dans cette ambiance de ville fantôme, erre un jeune homme solitaire. Son visage reste souvent dans l'ombre des éclairages somptueux de Blondel : l'homme seul est comme un spectre dans la ville déserte. Le gars est un sombre taiseux et on devine bien sûr qu'il est en cavale, qu'il fuit la police et peut-être même ses complices. Sur le palier de son appartement, il fait la rencontre d'un personnage sympa, un petit gros jovial, un peu envahissant, qui va même l'emmener dans la sierra pour admirer les fleurs du printemps. L'album est court, le récit également : s'il s'agissait d'un écrit on parlerait d'une nouvelle. Un personnage ou deux, le décor de la ville déserte, deux ou trois péripéties à peine suggérées, des souvenirs presque, et la chute. C'est remarquable d'autant que ce ne sont pas les bulles et les dialogues qui viennent envahir ces très belles planches. Mark Eacersall le dit lui-même : c'est « une narration silencieuse, où ce sont les images qui parlent ». Et puis il y a les planches de James Blondel : une ligne bien claire et très nette magnifiée par une colorisation superbe. C'est sans hésitation, un des plus beaux albums qu'on ait vus cette année. Alors qu'en reste-t-il une fois l'album refermé ? « Une nuit à la belle étoile ... avec un ami. ». Ah, voilà une belle conclusion.

03/06/2025 (modifier)
Couverture de la série La Madone de Pellini
La Madone de Pellini

J'ai été vraiment séduit par la lecture de ce diptyque très peu connu et injustement noté à mes yeux. François Rivière propose une BD littéraire avec un récit en abyme très intelligemment construit autour de la personnalité de Henry James. Je n'ai rien lu de ce célèbre auteur américain mais mes recherches montrent comment Rivière a su coller au plus près de l'esprit de cet écrivain très éclectique. En outre je suis friand des récits fantastiques qui mettent en scène des tableaux vivants qui font un pont entre deux situations éloignées de plusieurs siècles. La construction de la série est surprenante avec deux tomes bien distincts. Le tome 1 centré sur la relation Nora-Francesco pose le récit dans une ambiance victorienne fin de siècle où l'indicible et le spiritisme sont en vogue. En outre Rivière utilise un narrateur menteur que ne renierait pas James. Les dialogues sont d'un excellent niveau et si l'action est peu présente, l'étrangeté de la situation donne tout son sel à la narration. Le tome 2 dévoile l'intrigue dans un récit purement fantastique teinté d'une résolution d'une énigme policière inattendue. En outre le graphisme de Federici est un argument fort pour le plaisir de lecture. L'auteur italien propose un trait réaliste voire naturaliste qui colle parfaitement au genre littéraire de James. Ses cases sont finement travaillées dans son univers descriptif des rues de Londres où des alentours de Lamb House. Mais Federici ne se contente pas du descriptif, il sait passer d'une ambiance réaliste à une séquence fantastique avec adresse dans sa narration graphique réussissant même à faire vivre une ambiance florentine du XVème siècle avec une belle crédibilité. Une lecture surprise pleine de qualité et très sous-évaluée à mes yeux.

03/06/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Black Gospel
Black Gospel

Le scénariste Laurent-Frédéric Bollée commence à avoir une belle carrière derrière lui, et il a encore de quoi faire de belles choses pour les décennies à venir. Il souhaitait depuis longtemps faire une BD parlant du fameux discours de Martin Luther King, en 1963, au cours duquel il déclama le fameux "I have a dream...". Mais raconté par le petit bout de la lorgnette. Il s'est alors intéressé à un double meurtre ayant eu lieu la veille, celui des career girls, qui a été complètement éclipsé par le fameux discours. Et a commencé à imaginer quelque chose de similaire, l'œuvre d'un copycat. De fil en aiguille les différents éléments ont été intégrés à son script, et c'est ainsi qu'un flic de New York débarque à Washington sur la piste de ce copycat. L'histoire en elle-même est un polar, certes de bonne facture, mais assez classique en elle-même dans son déroulement, avec cependant quelques petits éléments tirés par les cheveux. Mais cela ne nuit pas vraiment à l lecture et au suivi de l'enquête, qui est plutôt intéressante. Bollée se réclame de l'influence de James Ellroy, et je pense qu'il se débrouille pas mal. Boris Beuzelin, lui, revendique une inspiration du côté de Frank Miller pour sa gestion du noir et blanc, et si la maîtrise est un peu fluctuante, il y a de vraise superbes cases dans ce noir et blanc tétanisant. J'y vois aussi un peu de Brüno pour l'épure sur certains passages. Une vraie réussite.

03/06/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Ulysse & Cyrano
Ulysse & Cyrano

Voilà un moment que la lecture de cet album m'attendait, c'est chose faite, et je ne peux que conforter les avis et impressions des autres lecteurs : C'est d'un classicisme univoque, mais magistralement structuré et réalisé. Rien que le soin porté à l'édition de l'objet met déjà l'eau à la bouche de tout lecteur qui se respecte. Grand format, couverture rigide toilée, papier épais : ça donne le ton ! Stéphane Servain nous régale de planches magnifiques, parfaitement valorisées par ce grand format. Du côté de l'histoire, on est dans le classique : Ulysse, jeune héritier qui ne veux pas suivre les traces de la famille de "la haute" et ne rêve que de devenir cuisinier, épaulé par le rustre mais attachant Cyrano qui a tout plaqué de façon fracassante quand il tenait un resto étoilé, après n'avoir pas reçu le Prix qu'il escomptait. Les personnages secondaires sont aussi dans la même veine, mais toujours aussi efficaces dans cette mécanique bien huilée, ou plutôt dans petit plat délicieusement mitonné ! Bref, un très bon moment de lecture, qui, s'il ne révolutionnera pas la BD, ne nous en laissera pas pour autant un très bon arrière goût pour les gourmets que nous sommes.

02/06/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série À la poursuite de Jack Gilet
À la poursuite de Jack Gilet

Très bonne surprise que cet album, par le biais duquel je découvre le talent de David Ratte. ! Jack Gilet est bourreau aux États-Unis au début du XXe siècle. Mais bourreau pour... animaux ! Il est donc chargé de l'exécution des sentences prononcées par les juges à l'encontre d'animaux qui ont généralement tué des personnes. Le métier a effectivement existé, mais c'est vrai que le thème est peu banal et pourrait être assez cocasse, si la mort des pauvres bêtes n'était en jeu. L'album nous fait donc découvrir le triste quotidien de ce Jack Gilet jusqu'à l’exécution prévue d'une éléphante, qui devait être l'apothéose de sa carrière. Mais son périple l'oblige à partager sa route avec un jeune garçon complètement psychopathe qui ne rêve que de devenir bourreau pour être humain et une jeune femme qui cherche elle à se venger de l'exécution par Jack d'une de ses chèvres... L'album oscille donc entre le tragique et le comique, servi par le magnifique dessin de David Ratte. Entre les trognes des personnages qui émaillent ce périple, les grands espaces américains magnifiquement rendus et le regards des animaux qui sont au centre de ce récit, David Ratte se fait plaisir et le partage avec efficacité. Un très bon album !

02/06/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Le Génie de la forêt
Le Génie de la forêt

L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit. – Artistote - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2024. Il a été réalisé par Vincent Zabus avec la collaboration de Francis Hallé pour le scénario et les dialogues, par Nicoby pour les dessins, et par Philippe Ory & Pierre Janneteau pour les couleurs. Il comprend quatre-vingt-seize pages de bande dessinée. Il se termine par un glossaire de sept pages, recensant soixante-trois termes, allant de Anthropocentrisme à V.O.C. (composés organiques volatils), en passant par Cambium, Chablis, Écologie, Fente de timidité, Particules fines, Plante épiphyte, Réitération, Sentiment océanique, Sylvigenèse, symbiose, etc. À Montpellier, Francis Hallé reçoit chez lui le philosophe Aristote. Il indique à son hôte qu’il n’est pas d’accord avec sa classification. Aristote explique qu’il a juste voulu faire un petit classement, il adore ranger, hiérarchiser, organiser. Devant l’attitude fermée de son interlocuteur, il développe son point de vue : il a classé les organismes du plus simple au plus complexe, dans une pyramide. Alors… Tout en bas, le minéral… Puis le végétal. Au-dessus les animaux. Et enfin nous, tout en haut. L’être humain est au sommet de tout. Même si Francis est botaniste et qu’il va sans doute le heurter, Aristote conclut que pour lui l’existence du végétal n’est justifiée que par l’usage qu’en font les humains. Francis lui répond de manière sèche que le philosophe aurait mieux fait de ne jamais se mêler de botanique. Il ajoute que ce classement est tout simplement à l’origine de la crise écologique actuelle. Il explique que le prestige dont Aristote jouit va conduire l’Église à reprendre ses idées au moyen âge, et ça va s’amplifier à la renaissance. Résultat : à partir du XVIIIe siècle, toute l’Europe admet ce principe de l‘échelle de la nature, qui influence encore considérablement la vision du monde contemporaine. Et c’est grave : c’est l’anthropocentrisme qui laisse croire à l’homme qu’il occupe une place particulière sur la Terre, qu’il est le plus important, que la nature est à son service. Francis et Aristote sortent à l’extérieur et ils regardent Voltaire assis sur une chaise, en train d’écrire que depuis qu’il s’est retiré à Ferney, il ne fait que planter des arbres. Voltaire sait qu’il est trop vieux pour jamais voir leurs fruits, ni pouvoir profiter de leur ombre, mais il ne voit pas de meilleur moyen de s’occuper de l’avenir. Francis raconte ensuite qu’il y a quelques années, des scientifiques japonais ont prouvé qu’une promenade en forêt – ils parlent même de Shinrin-yoku, de bains de forêt – avait plein de bienfaits : ça diminue les rythmes cardiaques, la tension, le stress… puis les deux hommes se placent devant un arbre de grande envergure et Francis explique que l’arbre est une forme de vie qui n’est pas du tout comme celle d’un humain, une altérité radicale. Le fait d’avoir des arbres et de la nature tout autour donne l’impression de les connaître. Mais à vrai dire, on ne les connaît pas du tout. Même les arbres les plus communs posent, aux scientifiques, de nombreuses questions. Les découvertes à faire sont encore énormes. Le lecteur constate rapidement que ce récit s’apparente à un exposé des connaissances et des théories du botaniste Francis Hallé, au cours d’une discussions avec Aristote (-384 à -322). Ce chercheur est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, la majeure partie ayant trait aux arbres, évoquant son exploration des canopées forestières avec le radeau des cimes, l’architecture des plantes, la vie des arbres, la forêt tropicale, la beauté du vivant. Le lecteur profite ainsi de cet exposé très vivant, des remarques d’Aristote, parfois taquin, souvent émerveillé, jouant le rôle du candide. L’auteur intègre une poignée de citations du philosophe, de type maxime, sans développer sa pensée, au-delà de la pyramide de l’ordre naturel. La discussion constitue une forme très agréable, facile à suivre commençant avec la remise en cause de la pyramide, puis les auteurs enchainent avec l’altérité radicale des arbres, la beauté de la nature, la notion d’immortalité des arbres avec un séquoia, ceux unitaires et ceux coloniaires, les réitérations, la rénovation de la charpente de Notre-Dame, l’efficacité d’un être constitué de trois organes (racine, tige, feuille) et fonctionnant avec la photosynthèse, les sens de la vue et de l’ouïe appliqués aux arbres (avec les exemples du cyprès et de la codariocalyx motorius), la symbiose avec les champignons et avec les fourmis, la forêt primaire, la canopée, pour finir avec le sentiment océanique. Ce genre d’ouvrage à visée vulgarisatrice choisit souvent la technique de mettre en scène un avatar du sachant qui va ainsi exposer ses connaissances directement au lecteur, ou au bénéfice d’un personnage novice. Ici, les auteurs ont opté pour une solution très légèrement distincte : Aristote a été un botaniste avec une vision très différente de l’ordre naturel. Francis peut s’adresser à lui en tenant pour acquis des informations basiques tout en lui faisant des mises à jour du fait des deux millénaires écoulés. Les auteurs mettent également à profit le médium de la bande dessinée pour faire voyager les deux personnes, leur faire changer d’endroit en un clin d’œil, ou juste d’une case à l’autre, alors que le dialogue continue. Francis évoque les bains de forêt (Shinrin-yoku), et les balades en forêt. En effet il va entraîner son interlocuteur (et par là-même le lecteur) à une longue balade. Elle commence donc dans sa maison à Montpellier. Les deux personnages sortent dans le jardin, et saluent Voltaire en passant, puis ils vont se planter devant un arbre d’une dimension majestueuse. Et c’est parti pour la balade : le Parthénon (un séquoia géant formé de plusieurs troncs en cercle issus d'un même arbre, en Californie), une haie de houx royal de Tasmanie, un petit passage par le jardin botanique de Xishuangbanna en Chine, un bref retour à la maison, avant de repartir pour Kyoto au Japon, puis une forêt primaire, une forêt tropicale, et un séjour inoubliable dans le radeau des cimes sur la canopée pour revenir en Europe et évoquer un projet de forêt primaire de soixante-dix mille hectares dans les Ardennes franco-belges et la région réunissant Vosges du Nord françaises et Rhénanie-Palatinat allemande. Les dessins s’inscrivent dans une veine descriptive, semi-réaliste, simplifiée, avec un trait de contour fin et léger, des formes nourries par une mise en couleur de type naturaliste, rendant bien compte des ambiances arborées. Le lecteur se rend compte qu’il apprécie de pouvoir accompagner ainsi les deux personnages en balades. Le degré de simplification dans les représentations rend les dessins immédiatement lisibles, pour une lecture facile. Dans le même temps, l’artiste sait inclure des éléments visuels spécifiques et particuliers comme la forme des tuiles du toit de la maison de Francis, la rambarde de sa terrasse, les différentes formes d’arbres, des engins d’abattage d’arbres identifiables et conformes à la réalité de cette industrie, quelques schémas simples en petit nombre, l’urbanisme spécifique de Kyoto, la forme caractéristique du radeau des cimes en hexagone avec ses filets, et bien sûr les différentes configurations des forêts, d’arbres clairsemés à la pénombre du sous-bois de la forêt tropicale, le spectacle magnifique de la canopée, et une ou deux coupes montrant le réseau racinaire, ainsi que sa symbiose avec les filaments des champignons. Outre la conviction des propos du botaniste, le lecteur ressent une envie irrépressible d’aller faire un tour en forêt, simplement en regardant les dessins. Aristote et Francis sont représentés comme deux adultes, avec des postures et des gestes mesurés et posés, à l’exception du passage où le botaniste explique l’incidence des arbres sur la structure physique de l’être humain. Lors de cette séquence, le lecteur en oublie que Francis a déjà vécu huit décennies. Les échanges des deux hommes comprennent une forte proportion d’informations scientifiques vulgarisées, ainsi que des prises de position et des réactions émotionnelles. Il y a bien sûr l’admiration de Francis Hallé pour les arbres, le scepticisme initial d’Aristote qui évolue progressivement vers un émerveillement. Ainsi l’exposé échappe à l’aridité encyclopédique et se trouve incarné au travers de la personnalité du botaniste. S’il est déjà familier des travaux du chercheur, le lecteur trouvera une synthèse de ses idées directrices, dans une formulation tout public. S’il est ignorant en la matière, le lecteur va de découverte en découverte. Il commence par retrouver des principes bien connus sur la fonction des arbres, de la captation du CO2 au rafraîchissement de plusieurs degrés en cas de canicule. Puis il passe à des notions moins basiques : le principe de coloniarité qui fait d’une forêt un tout plus grand que la simple somme des arbres qui la composent, en mettant en avant des capacités de communication entre les arbres. Il découvre également le concept de timidité des arbres : des sujets de la même espèce qui se développent à proximité, de telle sorte que leurs cimes ne se touchent pas, laissant une fente de timidité. Le tome se termine avec ce projet d’initier une nouvelle forêt primaire en Europe, en passant en revue tous les bénéfices associés : lutter contre le réchauffement climatique, reconstituer un grand réservoir de biodiversité, protéger la vie humaine, assurer l’abondance et la qualité des ressources hydriques, développer la recherche, encourager le développement territorial, la citoyenneté, les pratiques artistiques… Une balade en forêt avec un botaniste de renommée mondiale : une proposition fort sympathique. Le scénariste et le dessinateur mettent en scène cette balade entre Francis Hallé et Aristote, dans un mode narratif agréable et facile. Le lecteur ressent vite l’envie irrépressible de se promener en forêt tout en s’acculturant avec des termes comme canopée et chablis, avec les propriétés des arbres comme la communication entre eux, jusqu’à la découverte du fonctionnement d’une forêt primaire. Une balade relaxante et enrichissante.

02/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Mauro Caldi
Mauro Caldi

Mon avis porte sur les six premiers numéros qui sont le fondement de la série. J'ai vraiment apprécié cette lecture qui présente une ambiance originale de l'Italie des années 50. Denis Lapière propose un personnage naïf et attachant au cœur de deux thématiques italiennes symboliques: Ferrari et la maffia. Cela donne une galerie de personnages mi humoristiques mi cyniques au sein d'aventures bien construites. Alors que le graphisme peut incliner vers une lecture de jeune ado, les personnages qui entourent Mauro ont tous un passé trouble (Gigi, Joanna, Don Rossellini) ce qui rend les récits plus ambigus et plus intéressants. Les tomes 5 et 6 présentent des fins plus convenues mais les quatre premiers tomes sont vraiment bons. Le graphisme de Michel Constant est un régal d'élégance . C'est avant tout l'élégance des Ferrari conduites par la légende Fangio qui apparait dans certains épisodes. Ensuite Clément travail sur l'élégance des costumes des jolies filles ou des don assez peu sympathiques. Enfin Clément ne néglige pas la beauté des paysages ou de l'architecture des villes transalpines. Le graphisme semi réaliste rond de Clément possède un côté humoristique qui ferait penser à des vieilles séries classiques mais on s'en démarque assez vite avec un grand nombre de cadavres et des situations adultes (adultère, corruption). Une série qui dégage une ambiance que j'aime beaucoup. un peu dans un style Don Camillo des années 60.

01/06/2025 (modifier)