Les derniers avis (141 avis)

Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série Le Sommeil du Monstre
Le Sommeil du Monstre

Alors là, j'en veux à Mr Bilal. Il nous offre avec le premier tome ce que je considère un album magistral, un 6/5. Chaque planche est une oeuvre d'art mélangeant les techniques. La narration est riche, chaque bribe d'information fait tourner l'imagination d'un monde dont on ne sait pas s'il est futuriste ou une adaptation de l'actuel. Le ton est sombre (y sont abordés les thèmes de l'hyper-sécurisation, le fanatisme, les villes sont froides...), les personnages sont durs mais l'espoir et les sentiments tapis au fond des âmes. Et puis, comme pour les autres séries de cet auteur unique, les tomes suivants sont moins ambitieux, plus bavards, plus épurés. D'une trilogie, on passe à une tétralogie sortant à une cadence interminable. Alors je relis le tome 1 en attendant que la conclusion puisse me donner le même uppercut. Et finalement, non. La série n'est pas mauvaise, loin de là, mais le sommet atteint au début laisse peu de chances à ce qui n'est "que" bon.

21/02/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Le Temps perdu
Le Temps perdu

Décrivez le monde où vous vivez en insistant sur ses aspects les plus pittoresques. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2013. Il a été réalisé par Rodolphe (scénario, de son vrai nom Rodolphe Daniel Jacquette), Vink (dessins et couleurs, de son vrai nom Vinh Khoa), et Cine (couleurs, l'épouse de Vink). Il comprend 56 pages de bande dessinée en couleurs. Il se termine par 12 pages d'études graphiques allant du croquis à l'illustration peinte en double page, et par un court texte de remerciements rédigé par Vink. Ce dernier est également l'auteur de la série Le Moine fou et de sa suite Les Voyages de He Pao. Guillaume Romain est un auteur de bande dessinée, en train de revenir au volant de sa voiture, du Salon de Cursac, un festival de bande dessinée. En ce dimanche soir, la route lui semble encore trop longue pour terminer son voyage, et il décide de s'arrêter à une auberge appelée Le temps perdu. Il est accueilli par l'hôtelière Marie Brune, à qui il demande une chambre. Elle lui tend les clés de la numéro 11, avec douche et WC. Guillaume Romain monte à l'étage et ouvre la porte. Il éprouve une vague impression de déjà-vu. Il pose son sac et se dirige vers la salle de bain pour se laver les dents. Il passe devant une gravure intitulée La pays du temps perdu, qui montre un bûcheron tenant une hache levée et s'apprêtant à cogner un tronc, dans une forêt. En tant que dessinateur, Guillaume Romain apprécie la composition de la gravure et la touche du doigt. Il se retrouve aspiré à l'intérieur de la gravure, se tenant dans la forêt, à côté du bûcheron qui lui adresse la parole. Guillaume lui demande où il peut se diriger ; le bûcheron lui indique la direction du bourg et lui confirme qu'ils sont bien dans une gravure. Le bûcheron est bien content de pouvoir poser sa hache ; Guillaume Romain se met en marche vers le bourg. Il croise un garçon assis sur une branche, essayant de trouver des éléments pittoresques dans ce qui l'entoure pour faire sa rédaction. Il s'appelle Yoyo. L'adulte et l'enfant décident de faire chemin ensemble vers le bourg. Le garçon demande à Guillaume de se taire car il a entendu un groupe de soldats devant eux. Le garde champêtre indique aux 4 soldats, 3 autres soldats qui sont en train de sortir de terre. Les quatre premiers aident les autres à s'extirper de la terre et à se nettoyer. Le sergent Plume prend leur tête et commence à marcher au pas, en levant bien haut la jambe. Guillaume et Yoyo sortent du bois et arrive à proximité du bourg. Ils entendent des notes de musique. Il s'agit du colporteur qui joue de la vielle, des notes vertes et bleues. Yoyo indique à Guillaume de se boucher les oreilles car ces notes ravissent et ensorcellent, ce qui lui permet de voler les enfants, de les emmener et de les revendre à l'autre bout du monde. Un garçon et une fillette qui jouent dans le jardin tombent sous le charme des notes, et suivent le colporteur en changeant de couleur, lui en bleu, elle en vert. Le lecteur peut aussi bien être attiré par le scénariste à la carrière impressionnante, que par le dessinateur à la sensibilité remarquable, que par le programme du titre ou de la couverture. Dès le départ, les auteurs proposent une mise en abîme, avec la mise en scène d'un personnage principal, lui-même auteur de bandes dessinées. La situation banale de la nuit d'hôtel bascule dès la page 5 dans la situation fantastique où Guillaume Romain peut pénétrer dans le monde des gravures, demandant une suspension consentie d'incrédulité au lecteur. Sous réserve qu'il accepte d'y consentir, l'intrigue se révèle charmante, facile à suivre. Guillaume Romain est fasciné par ces gravures, et par ce qu'il découvre en accompagnant Yoyo. Ces séquences à l'intérieur des gravures se parent d'onirisme, qu'il s'agisse des soldats en train de pousser en terre, ou de l'arrachage d'une maison. Le lecteur y repère facilement des allusions à des contes, comme le joueur de flûte de Hamelin, ou la belle figure de proue d'un navire de pirates. Mais ces contes sont comme gauchis, avec un déroulement ou une fin bizarre et non-conforme à la forme classique. Certaines séquences reposent sur des caractéristiques macabres, telles les photographies de Ciao qui révèlent les individus dont la mort est proche, où le conteur dont la cervelle se vide et qui se creuse littéralement la tête pour chercher des traînées d'histoires, des lambeaux de rêves, dans une image littérale assez dérangeante. Il est vraisemblable que le lecteur comprenne le fin mot de l'histoire assez rapidement, mais cela ne l'empêche pas d'apprécier cette bande dessinée. S'il est tombé amoureux des pages de Vink dans la série Le moine fou, il hâte de retrouver cet artiste. Si son regard a été arrêté par la couverture, il a feuilleté la BD et il a pu constater que les pages intérieures présentent un même niveau de qualité. Vink dessine dans un registre descriptif et réaliste, avec un détourage léger des différentes formes, un trait discret noir ou brun. Les formes ainsi détourées sont ensuite nourries par la peinture de Cine qui vient elle aussi représenter les éléments, comme une technique de couleur directe. Cette technique de représentation marie la précision des traits encrés, avec la richesse de la peinture. L'intégration des traits et de la peinture atteint un niveau fusionnel qui fait que le lecteur ne peut imaginer à quoi ressemblerait une case sans la peinture ou sans les traits. Dans la postface, Vink précise qu'il a dessiné les personnages d'après des modèles et le lecteur peut constater la cohérence parfaite des traits de leur visage tout du long de la bande dessinée, ce qui leur donne une forte personnalité visuelle. L'artiste a choisi une approche naturaliste, avec des gestes posés pour les différents protagonistes, des expressions variées et nuancées, des tenues vestimentaires réalistes et différentes suivant les occupations. Certains des personnages dans le monde des gravures présentent des caractéristiques sortant plus de l'ordinaire, à commencer par les étranges soldats qui poussent comme des champignons, Beau qui semble souffrir de nanisme, la silhouette déformée du plus grand conteur de tout le pays et son habit de ménestrel, ou encore Rose et sa forte poitrine. Pour tous, le lecteur apprécie l'impression de vie qui se dégage d'eux, la manière dont la couleur directe apporte des reliefs à leurs vêtements, la texture de la peau, leur langage corporel. La première page commence par une case de la largeur de la page, montrant un panoramique d'une grande zone herbue, avec un village dans le lointain, et quelques arbres. L'attention du lecteur est également retenue par les belles couleurs ciel. Il y a visiblement de longues bandes de nuages éthérés qui retiennent les derniers rayons du soleil, avec des teintes jaune, orangée, violette. Vink & Cine n'appliquent pas des teintes vives ou agressives, mas des teintes pastel, l'aquarelle s'avérant parfaite pour rendre compte des nuances délicates. Dans une case en dessous sur la même page, le ciel a viré vers des teintes plus violettes, attestant de la diminution de la luminosité. S'il y est sensible, le lecteur peut alors prêter attention aux différents rendus du ciel au fil des séquences : un beau ciel bleu de printemps en page 8, un ciel dans une nouvelle teinte de violet en page 13, un ciel bleu avec des nuages plus consistants dans un nouveau panorama en page 18, un ciel menaçant d'orage en page 24, un ciel étoilé en page 40, un ciel d'été en page 58. Vink représente les différents environnements de manière réaliste. Le lecteur éprouve l'impression de repérer l'hôtel et d'y pénétrer avec Guillaume Romain, de regarder l'accueil, la chambre, les gravures, etc. Il regarde les différentes façades de maisons et de bâtiments, que ce soit l'alignement dans la rue où habite Romain, ou celles du village dans la première gravure. L'artiste sait aussi bien décrire une chambre d'hôtel, qu'une chambre noire, ou une salle aménagée pour un banquet de mariage. Vink & Cine sont encore meilleurs pour transcrire l'impression qui se dégage des environnements naturels. Guillaume Romain avance dans un sous-bois, avec de très belles couleurs pour les feuillages, le ruisseau, les feuilles tombées au sol, etc. Un peu plus loin (en page 18), il piquenique avec Yoyo et Beau, et le lecteur s'installerait bien à leurs côtés, sur l'herbe accueillante, à l'ombre d'un bel arbre, avec une vue dégagée sur le village. Vers la fin, Guillaume Romain est train de passer la débroussailleuse, et le lecteur peut identifier les différentes plantes formant la végétation. Il constate aussi que Vink n'a pas oublié d'équiper Guillaume avec ses équipements de protection individuelle. Le lecteur se laisse gentiment emmener dans ce récit sur le temps perdu, celui que Guillaume Romain perd en voyageant dans les gravures, et bien sûr celui qu'il retrouve. Il se laisse prendre au jeu des contes un peu bizarres et décalés pour essayer de comprendre la métaphore. Il prend plaisir à côtoyer ces personnages bienveillants et constructifs. Il ne sait trop comment réagir quand l'auteur explicite chaque séquence onirique à la fin tome, partagé entre la découverte de la solution qui lui indique s'il avait bien deviné, et une pointe de regret à voir ainsi l'onirisme s'évanouir au profit du réel. En revanche, il a pu se plonger dans des endroits pleinement matérialisés, avec une sensibilité d'artiste pour les décrire, et assister à une forme de remémoration très plaisante.

21/02/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Sphères
Sphères

J'attends cette série de pied ferme depuis plusieurs semaines. Alain Brion est un auteur de grand talent, j'ai adoré son travail sur le tome 10 d'Androïdes et sur L'Epopée de Gilgamesh. Je suis toujours à la recherche d'Excalibur - Chroniques. Nous sommes en 2544 et le monde a changé. Je vais te faire un petit topo succinct de la situation : - 2055 _ Création de la station Mars-One. - 2123 _ Mars-One devient une colonie de peuplement. - 2138 _ Exploration de Vénus et Mercure. - 2203 _ Exploration de Jupiter et rencontre avec les sphères. - 2205 _ Découverte des axolotls sous la glace d'Europe. - 2494 _ La "Pax Ultimata" de la religion de l'Ultime et du Consortium spatial s'impose. L'album commence par une présentation des 8 personnages principaux et d'une chronologie de la conquête spaciale (plus complète que celle ci-dessus). Alain Brion nous dépeint un monde sous l'emprise d'une religion unique et d'un consortium, deux entités qui font la pluie et le beau temps sur Terre et dans l'espace. Un pouvoir qui pourrait être mis à mal par un petit animal découvert sur un satellite de Jupiter : l'axolotl, aux propriétés surprenantes. En parallèle, on va suivre le retour du colonel Prax'x après 300 ans de cryogénisation, il n'a pas oublié les 3 sphères disparues dans la tache rouge de Jupiter et de la navigatrice Nell'o, une jeune femme mal dans sa peau qui trouve du réconfort dans une substance psychoactive. Un récit qui démarre sur des bases qui ne sont pas novatrices, mais Brion a le savoir-faire pour rendre son récit captivant. Il impose un rythme lent qui permet de cerner les personnages et de poser les premières pierres aux fondations de l'intrigue, tout en nous faisant naviguer de la Terre à la station Mars-One en passant par le satellite Europe. Un scénario qui tient la route, la narration est maîtrisée et les protagonistes sont crédibles et charismatiques. Un premier tome qui met l'eau à la bouche. Le trait de Brion a un grain à nul autre pareil, une texture réaliste pour une immersion dans ce space opéra aux décors soignés, que ce soit la ville futuriste, les vaisseaux spatiaux ou la station orbitale. Les personnages ne sont pas en reste. Il faut prendre son temps, le moindre détail est un ravissement. La mise en couleur est magnifique. Une mise en page non académique. Un rendu époustouflant ! Impatient de savoir ce qui se cache derrière ces 3 sphères.

20/02/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série Lanfeust de Troy
Lanfeust de Troy

Un bonheur pour ado de fin de collège: un univers exotique, des bourrins sanguinaires, des seconds rôles comiques, des méchants vraiment méchants et des bombasses. Tout ce que le JDR proposait de mieux dans les années 90 est plaqué sur image. Le charadesign est sympa, les détails des vêtements, accessoires et bâtiments sont immersifs, rien à redire. Mais avec le temps, on voit de plus en plus le côté mysogine et graveleux et. Alors forcément ça relativise la note pour une BD qui se lit et relit sinon sans ennui. Edit: je viens de lire qu'il a remporté l'Alph-Art jeunesse des 9-12 ans. Franchement pour l'exemple et le côté gore de certains combats, je ne le conseillerai sûrement pas à un gamin ou une gamine de 9 ans. ------------------------------------- MàJ après relecture des 8 tomes: Je passe la note de 3 à 4 car l'alchimie entre les personnages est exemplaire, chacun est bien fouillé mais ne prend pas la couverture vers lui. De temps à temps à autres, la scène sera dédiée à Hébus et ses mouches, à Cian et son plan mariage, à Nicolède gérant ce qu'il peut encore gérer, à Cixi et son tempérament qui ne demande qu'à s'enflammer et exploser, à Lanfeust tantôt valeureux tantôt neuneu. Les contrées sont des clichés du jeu de rôle mais il fait bon s'y promener. Et il y a tous ces jeux de mots glissés par-ci par-là qui ne demandent qu'à être découverts. Contrairement aux Chroniques de la lune noire, l'auteur évite la surenchère d'action (si l'on met de côté le tome final) et exploite bien chaque pouvoir ou capacité. Malheureusement, les 2 derniers tomes tirent en longueur avec de très sérieuses affaires de cœur qui dénote avec le ton badin 2 pages avant et 2 pages plus tard et beaucoup trop de clins d'oeil bien appuyés (Astérix, Arzach, Zorro...) qui font rire puis soupirer. Lanfeust bâtissait sa propre légende, dommage qu'elle pencha vers le fan service, Gottferdom ! La fin expédiée laisse sur sa faim mais cette série nous aura tellement fait voyager qu'on passe l'éponge.

24/12/2021 (MAJ le 20/02/2025) (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Les Contes de la ruelle
Les Contes de la ruelle

3.5 + coup de coeur = 4 Le premier avis compile tous les mots qui me sont venus à l'esprit: quiétude, douceur, fantastique, poésie... oui, cela peut paraître mièvre pour un lectorat adulte Occidental mais le public Asiatique aime se laisser emporter par la romance ou la nostalgie. L'auteur a sacrément changé son style en optant pour des aquarelles éthèrant l'atmosphère. Je redoutais un récit gnangnan en découvrant ce papy à la bouche très bizarrement dessinée et tenant des propos semblant à l'Ouest mais suis rapidement tombé sous le charme. Les histoires ne sont pas de qualité égale mais l'une ou l'autre fera toujours mouche (celle des timbres me concernant) et pourront même faire verser une petite larme lorsqu'arrivera la fin du livre et le moment de quitter ce joyeux quartier insouciant..

20/02/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Aux soirs de grande ardeur
Aux soirs de grande ardeur

Décidemment, que de bonnes choses en ce début d'année ! Ce nouvel essai de Nicolas Puzenat vient s'ajouter à la liste. J'aime d'emblée son dessin, qui tout au long de ma lecture, m'évoquait tout un tas de trucs plutôt chouette. Dans certaines cases, j'étais chez Duchazeau et son Dieu qui pue, Dieu qui pète. Mélangeant les techniques, Puzenat donne naissance à un univers exotique totalement original, comme il l'avait déjà fait pour Megafauna. Il pousse cependant le bouchon. Ici, on pourrait aussi bien se trouver sur les berges du Mékong, au fin fond de l'Afrique, dans la jungle péruvienne, les statues évoquant quant à elles celles de l'ile de Pâque. Graphiquement, ce mélange répond à un mix de techniques du meilleur effet. Les ciels, les atmosphères du soir, pour ne rien dire des effets de flammes dues à l'incendie, tout concourt à nous mettre ailleurs. Les couleurs sont excellemment bien choisies. L'histoire est elle à la hauteur et brille notamment par plusieurs détails qui apportent une richesse supplémentaire, ajoutent du sens. C'est bien entendu le cas de cette affaire de chuchoteurs. Ca, c'est la grosses idée. Les chuchoteurs, symboles de notre héritage familial, de nos conventions sociales, du poids de l'histoire, de nos voix intérieures, cette lutte morale qui tempête parfois sous les cranes... J'aime les personnages dont je me sens très proches, que ce soit le cuisto, sa servante ou son amante. Cette curieuse relation à trois est très belle à suivre, et la fin est plutôt déroutant, mais bien posée. Un mot tout de même de l'incendie évoqué dans cette BD, et que l'actualité vient étonnement percuter : comment en effet ne pas songer à l'incendie qui vient de ravager Los Angeles ? Encore un bon coup de cœur, tiens !

20/02/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Didier, la 5e roue du tracteur
Didier, la 5e roue du tracteur

On termine quand même ? - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il est paru initialement en 2018, avec un scénario de Pascal Rabaté, des dessins et une mise en couleurs de François Ravard. Le soleil se lève sur la ferme de Didier. Il vient de se réveiller et il se dirige vers les toilettes. Il pousse un cri déchirant en faisant ses besoins. Il se rend chez le médecin en mobylette. Avant d'entendre l'avis du professionnel de santé, il lui dit qu'il sait qu'il va mourir, et il est triste de ne pas avoir encore connu le vrai amour alors qu'il a déjà 45 ans. Le docteur lui prescrit un traitement pour ses hémorroïdes, lui conseille de ne plus boire d'alcool pendant quelques jours, et lui suggère de s'inscrire sur un site de rencontre pour résoudre son autre problème. Il rentre à la ferme sur sa mobylette (ayant mis un coussin sur la selle) et n'est pas du tout surpris de voir Régis en slip et en bottes en train de se rouler une clope sur le pas de la porte. Il lui demande où se trouve sa sœur Soazic. Ayant eu la réponse, il se dirige vers l'étable où Soazic vient de terminer de traire les vaches. Il lui demande ce que fait Régis à la ferme. Elle le toise bizarrement en lui disant que la cuite d'hier avait dû être sévère. La vieille Didier était parti à la ferme de Régis pour participer à la vente aux enchères de tous ses biens, car il avait fait faillite. Le commissaire-priseur avait commencé par le tracteur, un modèle 635 Massey Ferguson de 2010, avec une mise à prix de départ fixée à 1.200 euros. Didier avait commencé à enchérir, mais son attention avait été détournée par le comportement de Régis. Ce dernier avait commencé par aller dire au revoir à ses vaches, en tenant à la main, une corde avec un nœud coulant. Puis il avait enlevé son bleu de travail devant tout le monde, pour se retrouver en slip et en bottes, et il était rentré chez lui avec sa corde à nœud coulant à la main. Didier s'était précipité au carreau de la porte pour voir ce qui allait se passer, alors que la vente aux enchères se poursuivait sans interruption. À son grand soulagement, Régis était ressorti sain et sauf. Au temps présent, Soazic voit que Didier a recouvré la mémoire et elle lui enjoint de prêter de quoi s'habiller à Régis. Puis ils prennent le petit déjeuner tous les trois dans la cuisine. Régis demande comment il peut aider. Soazic lui répond qu'il sait très bien qu'il y a toujours quelque chose à faire à la ferme. Didier lui demande s'il s'y connaît en internet. La couverture affiche clairement le parfum d'autodérision du récit : les casseroles tirées par le tracteur, la mention du célibat encore frais, sans compter que ce sont les vaches qui occupent le premier plan, et le titre apporte la touche finale. Le lecteur fait connaissance avec Didier dès la première page. Dès la deuxième, il connaît son âge (45 ans), son naturel inquiet (la fin est proche) et le drame de sa vie (il est célibataire). Il est facile de se moquer de ce paysan, pas très bon gestionnaire, sans vie affective, avec comme seul ami un fermier ayant fait faillite, prenant des cuites non maîtrisées de temps à autre, et vivant avec sa sœur qui assure les corvées ménagères (il ne sait pas faire la lessive), ainsi qu'une part significative des tâches de la ferme. Il est vrai que Didier est en surcharge pondérale, qu'il porte des grosses lunettes et que ses cheveux commencent à s'éclaircir, sachant qu'il est déjà grisonnant. Pour autant, le lecteur éprouve immédiatement une forte sympathie pour ce monsieur. D'un côté, il représente tout ce que la société réprouve de manière implicite (surcharge pondérale, métier sans gloire, absence totale de dimension spectaculaire) ; de l'autre côté, il a un cœur gros comme ça. En effet c'est le seul à se préoccuper de Régis, de s'inquiéter d'un possible suicide, de l'accueillir chez lui sans demande de compensation. Il apparaît en creux qu'il n'exploite en rien sa sœur, et que ce sont les hasards de la vie qui les ont amenés à continuer à habiter sous le même toit. Il échappe même au ridicule car ce n'est pas qu'il ne se respecte pas, c'est qu'il est dépourvu de toute vanité. Par voie de conséquence, il est impossible de se moquer de lui, ou de le mépriser. Bien sûr, les dessins participent pour beaucoup à dresser le portrait de Didier, à lui insuffler un élan vital. Dans la deuxième page, François Ravard représente Didier en slip dans le cabinet du médecin. Il ne minimise pas la dimension de sa brioche, mais sans la transformer non plus en étalage de viande, ou en tas de saindoux. Il montre les bajoues importantes sans être flasques, ainsi que les énormes lunettes, très fonctionnelles et dépourvues de toute qualité esthétique. Bien sûr Didier apparaît à plusieurs reprises comme un peu pathétique, que ce soit dans sa tenue de travail très ample, déconfit dans sa chemise trop petite (qu'il n'a portée que deux fois), surpris que les ronds de son maillot à pois rouge se déforment, ou encore courant tout nu dans un champ moissonné. Pourtant il ne s'agit pas de misérabilisme ou de méchanceté. En effet par ailleurs, Didier est montré comme un individu calme et posé, sensible et faisant preuve d'empathie. Il est en décalage avec la France qui gagne, avec les battants. En observant son visage, le lecteur peut voir qu'il n'est pas dépressif ou aigri. Il montre son désaccord par une moue désapprobatrice quand une réaction, une remarque ou une situation va à l'encontre de ses convictions ou de ses émotions. De la même manière, le lecteur s'attache très rapidement aux autres personnages. La plastique de Soazic n'est pas celle d'une pinup, mais d'une femme au visage avec un menton trop petit et un nez trop gros, ainsi qu'un bassin un peu empâté. Les expressions de son visage indiquent qu'elle a conservé un amour propre plus développé que son frère. Elle a, elle aussi, accepté sa condition de fermière dont la vie est accaparée par la ferme, sans pour avoir renoncé à la possibilité d'une vie différente. Elle n'a pas totalement accepté les choses comme elles sont, et elle continue à lutter contre ce qui l'agace chez son frère (à commencer par sa mollesse). Elle n'a pas baissé les bras face à une sorte de stase régissant sa vie. Le lecteur observe donc son langage corporel ainsi que les expressions de son visage et voit apparaître des jugements de valeur, des moments d'énervement, une volonté d'agir, le plaisir d'avoir une idée nouvelle. Régis vient compléter ce trio, avec une morphologie très fine, mais également dépourvue de toute élégance. Par comparaison avec les postures ou les expressions de Didier, il apparaît plus résigné. Il ne se plaint pas d'avoir tout perdu, mais il n'a pas l'énergie de se lancer dans un nouveau projet. Il prend les jours comme ils viennent, avec la mine d'un individu qui n'attend plus rien, sans être amer pour autant. Advienne que pourra. Dès la première case, le lecteur se retrouve à observer une cour de ferme dans une case de la largeur de la page, avec une luminosité de lever de soleil, des couleurs portant une part d'ombre, mais commençant déjà à se réchauffer. En page 6, il voit Didier au loin sur sa mobylette, avec un champ vert et jaune au premier plan, et des champs avec quelques arbres dans le lointain. L'artiste n'a utilisé quasiment aucun trait pour délimiter les contours, tout est représenté à la couleur directe, avec à nouveau une ambiance lumineuse paisible pour un jour ensoleillé. Quelques pages plus loin, Didier va voir son poirier dans le jardin, avec le chat qui court, quelques poules qui picorent, et les éoliennes discrètement esquissées au loin en fond de case. François Ravard a l'art et la manière de composer ses cases, en dosant soigneusement les éléments très précis, et les éléments esquissés, ou dont la forme se trouve discrètement peinte dans une teinte pale. À l'instar de ces éoliennes présentes dans quelques cases, le lecteur peut aussi remarquer de minuscules détails s'il s'en donne la peine : le coussin ajouté sur la selle de la mobylette, le collier de protection autour de la tête du chat, la manique accrochée au mur de la cuisine, les pneus sur le tas de fumier, les enseignes du coiffeur et du bar en forme de jeu de mots, la pompe à eau dans le jardin de la ferme de Régis, etc. Il est facile de se laisser prendre par la douceur de la narration visuelle et de ne pas prêter attention à ses menus détails. Il est tout aussi facile de prendre le temps de laisser son regard se poser sur une case ou une autre et d'en découvrir la richesse. Cette stratégie de représentation porte ses fruits en décrivant à la fois un quotidien très pragmatique et concret, réaliste (l'aménagement de la cuisine, les travaux de la ferme), à la fois l'ambiance de l'environnement que le regard embrasse dans son ensemble, sans forcément le scruter à chaque passage. Le lecteur se rend compte que ce mode de représentation fonctionne aussi avec les personnages, à la fois pour les petits gestes du quotidien (Régis en train de rouler sa clope), à la fois pour l'impression générale (la détresse de Didier dans le cabinet de consultation). Le lecteur se sent donc privilégié de pouvoir côtoyer ces individus ordinaires, dans leur vie spécifique. Il ressent une grande tendresse pour Didier et son sentiment que la vie ne lui a pas apporté ce qu'il attendait, pour Soazic vaguement excédée par un quotidien auquel il manque l'espoir d'un avenir, pour Régis résigné sans être abattu. Il ressent une pleine et entière adhésion à leurs projets. De ce fait, il ressent une forte curiosité pour le projet de Didier (s'inscrire sur un site de rencontre). Il sourit en voyant que Didier prend de la distance avec cet outil, au point que ce sont Soazic et Régis (ensemble ou chacun dans son coin) qui s'approprient le projet et accompagnent Didier, pour être sûr qu'il aboutisse. Bien sûr, la confrontation avec la réalité va être cruelle et brutale. Didier, avec l'aide de Soazic et Régis, va pouvoir mener son projet à bien. Dans le même temps, cette dynamique va initier d'autres changements inattendus. Malgré la douceur chaleureuse de la forme du récit et des illustrations, il est bien question du mal-être de plusieurs individus, d'avoir envie de faire quelque chose de sa vie, de désirer ce que l'on n'a pas et qui semble un dû au vu de ce qu'on a déjà accompli. Didier est contraint d'apprendre à se connaître en se mesurant à la réalité de son désir, ainsi qu'à ce qu'obtiennent les autres. De la même manière que le récit ne baigne pas dans le misérabilisme, il ne se complaît pas non plus dans l'amertume. Il y a ce que l'on veut, et ce dont on a besoin. L'effort fourni par Didier pour s'arracher à sa stase ne lui apporte pas ce qu'il avait escompté, mais il ne retourne pas au point de départ. Il est difficile de résister au second degré contenu dans le titre de cet ouvrage, ainsi qu'à sa couverture faussement naïve (les petits cœurs dans le ciel). Il est impossible de ne pas succomber à la gentillesse de la narration, ainsi qu'à sa cruauté sous-jacente, à son regard sur un quotidien dont les spécificités chassent la banalité, dont les personnages apparaissent faciles et agréables à vivre, à la fois pour leurs qualités et pour leurs défauts.

20/02/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série L'abîme de l'oubli
L'abîme de l'oubli

J'étais curieux de découvrir le dernier Paco Roca ; ça fait quelques années que je suis son travail et j'appréhende toujours un peu, car à mon sens il est capable du meilleur comme du très moyen (même si c'est souvent vers le haut que la balance penche). Avec "L'abîme de l'oubli", on retrouve le meilleur, Paco Roca utilisant à nouveau un de ses thèmes fétiche, la mémoire, pour déterrer le l'oubli les tragiques exécutions post guerre civile espagnole. Il s'appuie cette fois sur le savoir faire du scénariste et journaliste Rodrigo Terrasa pour faire sortir de l'oubli les milliers de victimes du franquisme délibérément vouées à l'oubli. Car ce que je ne savais pas (ou avait oublié ?) c'est que les victimes du franquismes ne furent pas seulement celles de la période de guerre civile. Plus d'un an et semi après sa fin, des vagues d'arrestations et d'exécutions ont fait rage dans toute l'Espagne faisant des dizaines de milliers de morts. La dictature du Caudillo n'était pas du genre à oublier ni à pardonner ! De nombreuses fosses communes ont ainsi fleuri dans de nombreux cimetières sans qu'on identifie ni n'autorise cette dernière pour que l'oubli règne ; et comme le dit l'écrivain Michel Folco, "Mourir n'est rien, c'est être oublié qui est terrible." C'est ce qu'aura vécu toute sa vie Pepica Celda ; son père sera exécuté alors qu'elle a 8 ans le 14 septembre 1940 ; plus jamais elle ne pleurera ; elle passera sa vie à chercher à retrouver le corps de son père pour l'enterrer à côté de celui de sa mère, comme elle le lui avait promis. C'est tout ce travail de recherches, face à la volonté de tout faire pour que la mémoire de ces personnes soit effacée, qui est ici mis en valeur. C'est aussi et toujours cette omerta et cette volonté de ne pas remuer le passé de cette douloureuse période qui est mise en exergue. La société espagnole, ou du moins sa composante droitière, a tout fait pour ne surtout pas laisser ressurgir ces remugles dérangeants d'une période qu'elle peine à assumer. C'est enfin la réhabilitation de personnes qui sont de véritables "héros" à leur échelle pour permettre ce travail de souvenir : ce fossoyeur qui collecta pendant des années le moindre indice possible et les dissimula pour permettre plus tard que des familles retrouvent leur disparus et puissent leur offrir une sépulture digne est profondément marquant. Bref, de son trait si singulier, réaliste et minimaliste tout à la fois, Paco Roca aidé de Rodigo Terrasa, rendent leur fierté et leur dignité à ces personnes qui se sont battu pour que la mémoire soit retrouvée et qu'on oubli pas ni ces gens assassinés ni les horreurs commises par le Franquisme.

19/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Bergères Guerrières
Bergères Guerrières

Eh bien, voilà une série qui n'a pas volé son excellente réputation ! Un univers simple dans la forme mais riche dans le fond, des personnages attachants et murissant avec le récit, une aventure tout public mais qui arrive à traiter avec sérieux ses sujets lourds, des dessins magnifiques, un peuple à la culture très marquée, et un monde qui donne sincèrement envie d'être exploré. Il n'y a pas à dire, la recette est alléchante et le plat final réussi ! Une série culte, à n'en pas douter ! Le tout commence assez simplement, dans ce qui nous semble être le début d'une quête initiatique pour une jeune fille souhaitant plus que tout rejoindre l'ordre des Bergères Guerrières, une sorte de force armée exclusivement féminine fondée suite au départ des hommes du village partis il y a des années pour rejoindre la guerre. Mais voilà, cette simple histoire d'épanouissement et les rêves de gloire de notre héroïne, Molly, volent en éclat lorsqu'une terrible malebête décide d'attaquer leur village. Le récit est vraiment prenant, mais je me garde de trop vous en dire, l'histoire mérite vraiment d'être découverte. Je vous dirais simplement que la série parle de guerre, de peur, de deuil, d'honneur et de magie. Les enfants mûrissent, la quête initiatique et épique prend rapidement des allures de tragédie, on craint pour nos personnages, le récit ne leur fait pas de cadeau et ici préparez-vous à ce que les actions aient des conséquences et que la bonté des gens ne suffise pas à leur assurer une fin heureuse. Pas qu'elle ait besoin de moi pour aider à sa renommée, mais je conseille sincèrement la lecture de cette série.

19/02/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série A qui profite l'exil ? - Le Business des frontières fermées
A qui profite l'exil ? - Le Business des frontières fermées

Une BD documentaire très bien faite, qui pose une question en couverture et y répond à la fin avec une réponse qui ne va pas plaire à tout le monde ... Mais qui a le mérite de remettre l'église au centre du village sur la question épineuse et souvent débattue de l'immigration. Il est rigolo de voir que le sujet de l'immigration, de l'immigré, revient sans cesse dans nos débats publics avec en permanence le même bout de la lorgnette : la violence (qu'ils exercent, qu'on exerce) et la répression. Mais en s'intéressant à eux en tant qu'humain, on découvre bien des choses. La BD commence en Europe, dévoilant la politique sécuritaire européenne qui nous coûte des millions pour permettre à ces gens de risquer leur vie en tentant de rentrer, tandis que nous fermons de plus en plus les frontières. Après ce tour d'horizon, la BD passe en Afrique où nous découvrons les migrants, ces fameuses personnes qui tentent le passage vers l'Europe. Les noms, les visages, les vies... Tout devient tout à coup tangible, ce ne sont plus "des migrants", masse informes de gens venus nous envahir, mais des humains qui ont un vécu, une vie. Et leurs histoires sont autant de façons de vivre la misère, l'espoir, les malheurs. Les trajets longs, coûteux, les morts, les disparus, les viols, tout ceux qui ne reviendront pas ... Et à la fin, on change à nouveau : direction le Sénégal. Ici, c'est un aperçu du "Pourquoi ?" qui sera présenté. Non exhaustif, mais néanmoins très représentatif, il symbolise ce que ces personnes fuient. Et ce qui les fait fuir est le même monstre qui les empêchera de passer : le capitalisme. Celui qui aime la main-d’œuvre corvéable à merci pour des salaires de misères. Celui qui fait tourner une industrie de l'armement en temps de paix, parce que le business n'attend pas. Celui qui va vider les eaux des pêcheurs du Sénégal avec des traités ratifiés par des élites corrompus, qui affameront les locaux et les pousseront à partir. Cette partie est pleine d'espoir, sur des gens qui s'organisent, des personnes qui veulent changer les choses. Mais elle met surtout en lumière ce que c'est, l'immigration : la résultante de nos politiques, que nous votons et maintenons en consommant, en ne luttant pas et en restant passif. La BD se conclut sur un ensemble de portraits de la réalité des migrants en France aujourd'hui. Des parcours de vie divers, depuis l'Afrique jusqu'aux pays de l'Est, chacun venu sans papiers et parfois régularisé, parfois non. Travaillant dans la pénibilité et le déni du droit du travail, pour des salaires de misère et souvent en danger, exploité dans leurs horaires, ils se taisent car "non-légaux". Mais toujours aussi humain, non ? Cette BD n'est pas un manuel de solution mais de réponse. Pourquoi viennent-ils ? Pourquoi l'Europe ? Comment peuvent-ils risquer leurs vies ainsi ? La réponse fait mal : regardons-nous dans un miroir. Nous voulons leur poissons pas cher, et leurs métaux précieux pour nos téléphones. Nous voulons de la main-d’œuvre dans nos pays vieillissant. Nous soutenons ces politiques en votant pour des partis, en restant dans l'instrumentalisation de la peur, celle de l'autre, l'immigré, le voleur, le dangereux. Nous nous coupons d'une humanité, nous pillons le monde avec nos entreprises, nous les soutenons par nos supermarchés, et nous votons pour qu'ils continuent. Le problème, c'est le capitalisme. Et si nous le soutenons, en définitive, le problème c'est nous.

19/02/2025 (modifier)