Bon, attention, cet album est le fruit de nombreuses recherches dans des archives nationales et familiales, d'entretiens familiaux, de repérages, probablement des milliers d'heures de travail pour un auteur qui a fait de l'autobiographie et et du stakhanovisme ses deux axes de labeur. Les bonus présents en fin d'ouvrage, parmi les plus fournis que j'aie pu voir, en témoignent : deux pages entières de remerciements envers toutes celles et tous ceux qui ont aidé Tobi Dahmen dans sa tâche ; 15 pages de glossaire, pour éclairer les termes et certains éléments des quelques 525 pages de cette BD ; des précisions sur les images et les textes "authentiques" qui ont pu être reproduits, sans oublier une bibliographie impressionnante.
C'est lors d'un long trajet en train avec son père que l'auteur a commencé à constituer le squelette de ce qui allait devenir, dix ans plus tard, cette brique (1, 2 kg pour le bébé) incontournable. La disparition brutale de ce père, au début du processus, n'a pas dissuadé Tobi de continuer son entreprise, a contraire. Il a choisi de raconter les bribes de vie qu'il a pu reconstituer de manière chronologique, ce qui permet de e pas perdre de vue la situation de chaque membre de ces deux familles pendant la décennie où le destin de l'Allemagne a basculé. Il a choisi de laisser les quelques approximations qui ont pu apparaître dans les témoignages qu'il a pu recueillir, pour garder une certaine authenticité. Ainsi a-t-il imaginé la vie de son oncle sur le front russe en se basant sur ses lettres, qui se voulaient souvent allusives.
Prévoyez trois un quatre heures pour lire l'album, car il est difficile de le lâcher ; il comporte de nombreuses scènes poignantes, comme lorsque les enfants sont séparés de leurs parents, ou les retrouvent, ou qu'ils doivent détourner le regard en croisant par exemple des "travailleurs forcés" (encore un truc que je découvre sur la guerre), des prisonniers qui n'ont pas accès aux abris et doivent nettoyer les décombres après un raid aérien. Le style graphique de Dahmen est une ligne claire en tons de gris, mais on sent qu'il a extrêmement travaillé chaque case pour provoquer l'émotion sur chaque séquence, et cela fonctionne totalement.
Voici donc un nouvel album essentiel pour comprendre comme la guerre a été vécue par une (enfin, deux) famille(s) ordinaire(s) en Allemagne.
J'ai lu cette série avec les yeux de Candide. En effet je n'en avais jamais entendu parler ni du film d'ailleurs. Oui oui c'est possible !
Je n'ai toujours pas vu le film mais je me suis rattrapé avec la BD. Dès le début du récit j'ai été séduit par le ton employé par Julie Maroh. Cette montée progressive de la découverte de soi de Clémentine à partir de ses 15 ans sonne juste. L'autrice prend le temps d'installer Clémentine dans son personnage. La découverte de son moi sexuel se fait malgré ses réticences. Je ne suis pas homosexuel mais j'imagine que le débat intérieur n'a pas du être simple pour de nombreux ados, beaucoup se retrouvant à la porte de chez eux dans des conditions parfois dramatiques. Le scénario est vraiment bien construit car en dévoilant le décès de Clémentine dès les premières planches on aurait pu craindre que l'autrice tue l'effet dramatique immédiatement. En fait c'est tout le contraire, pour ma lecture, car je me suis constamment demandé comment on arrive à cette situation. Ensuite Julie Maroh prend le risque d'installer un texte pesant via une voix off lourde et omniprésente. Ici encore le piège est évité avec brio grâce à un équilibre judicieux entre cette narration indirecte et l'action sous nos yeux. Les deux textes font échos et se répondent en permanence. Ensuite c'est une histoire d'homosexualité qui reprend certains messages convenus comme la stigmatisation ou l'affirmation identitaire via la Gay Pride mais je trouve cela assez marginal. Comme le souligne Emma à la mère de Clem, si Emma avait été un garçon rien n'aurait changé et Clem serait tombé amoureuse. C'est vraiment le sentiment que j'ai eu en lisant ce récit. C'est l'histoire d'amour entre Clem et Emma qui fonde le récit avec les mêmes questionnements que pour un couple hétéro : les risques à prendre, la place que chacun donne à l'autre dans son avenir, les jalousies passagères jusqu'aux interrogations d'avoir un enfant pour compléter ce bonheur. Le militantisme pour Emma et l'intimité pour Clem. La mort de celle-ci évite à l'autrice de trancher.
Enfin le final travaille plus sur l'émotion que sur le dramatique avec un choix qui m'a surpris.
J'ai aussi apprécié le graphisme de l'autrice que je trouve très expressif sans charger trop. On reste dans la bonne mesure pour toute la palette des sentiments.
Ma seule vraie réserve concerne le saut temporel qui amène les jeunes femmes à des femmes adultes établies. Au bout de dix ans , on peut imaginer que l'amour fusionnel s'étiole. On ne voit pas dans le récit ce qu'elles ont construit pour solidifier le couple et c'est un manque. De même le graphisme a du mal à faire vieillir le couple.
Cela reste toutefois une très bonne lecture, très accessible et souvent pleine de délicatesse.
Je ne sais pas trop pourquoi ses autres productions m’ont toujours rebuté, je découvre (enfin) l’auteur avec cet album … et bien m’en a pris.
Je ne vais pas crier au génie mais une lecture plutôt très satisfaisante. Mon ressenti tend vers le 3,5 que je bonifie de bon cœur pour la bonne surprise.
Graphique tout d’abord, l’impression que l’auteur propose quelque chose de bien plus aboutie que ces précédents travaux (sa première œuvre que je ne repose pas après un rapide feuilletage). Son trait est bon et parfait pour ses forêts et montagnes enneigés, mais c’est l’utilisation d’une tonalité sépia qui donne beaucoup de charme à l’ensemble. La couverture est très classe également.
Malgré une belle pagination, l’album se lit relativement vite, aidé en ça par une narration agréable et aérée. Il n’y a que les passages autour des cauchemars de notre héros que j’ai trouvé moyen.
Pour l’histoire en elle-même, je m’attendais sans doute à plus de surprises, ici on reste dans le plutôt classique mais parfaitement tenu et exécuté. J’ai bien aimé ce duo improbable et attachant qui cherche à fuir la justice unilatérale de l’époque.
La fin m’a satisfait même si je penchais pour autre chose.
Pas indispensable mais du bon western qui prend le temps de poser ces personnages et ambiances.
J'ai toujours aimé regarder les portulans, les vieilles cartes, les anciens planisphères, mon imagination vagabondant sur des territoires biscornus, d'autant plus captivants qu'ils s'écartent de ce que nous connaissons aujourd'hui.
C'est dire que le sujet de cet album ne pouvait que m'intéresser.
Et je n'ai pas été déçu. Avec le personnage de Ptolémée comme guide, et avec un procédé narratif amusant, pas mal de touches d'humour, un dessin caricatural, on traverse les siècles - voire les millénaires - en retraçant l'évolution des connaissances géographiques, et surtout des méthodes et connaissances cartographiques. C'est passionnant, jamais ennuyeux.
Le mélange de péripéties inventées et de connaissances historiques et scientifiques avérées passe très bien. Et, cerise sur le gâteau, un très bon dossier scientifique, accompagné de nombreuses et belles reproductions de cartes, complète agréablement l'album.
Une chouette lecture.
Les Artilleuses, c'est le nom d'un trio de cambrioleuses aux méthodes explosives : Louison, dite "Mam'zelle Gatling", la fée citadine "plus parisienne que le jambon-beurre", Kathryn, dite "Miss Winchester", l'américaine à la gâchette facile, et enfin Lady Audrey Remington, la magicienne britannique et tête pensante de la bande. Une leader flegmatique, une beauté bourrue as de la gâchette et une surexcitée grande amatrice d'explosifs, une équipe de choc classique mais somme toute efficace.
Je crois que c'est la meilleure manière de décrire cette série : simple mais efficace. C'est un scénario on ne peut plus classique, une histoire de cambriolage qui tourne mal, une succession de courses poursuites et de fusillades autour d'une bague sigillaire risquant à tout moment de déclencher un conflit politique si elle venait à tomber entre de mauvaises mains, bref un thriller d'action bourrine centré autour d'un mac guffin justifiant le feu d'artifice constant de l'histoire.
Ici, ce récit qui n'est pas nouveau brille par son cadre alléchant d'une uchronie mélangeant Paris du début du XXe siècle et peuples féériques. La série prend place dans le même univers que dans Le Paris des merveilles, une série de roman que je n'ai pour l'instant pas encore lu mais que j'ai dans le collimateur depuis un bon moment, étant une grande amatrice de ce genre de récits bariolés mais sérieux. Je ne saurais dire si Les Artilleuses s'imbrique bien dans l'univers, il me faudra lire les romans (ou bien l'adaptation en bande-dessinée) pour pouvoir répondre à cela.
Des défauts ?
Allez, il en faut toujours !
Tout d'abord il y a l'exposition. Certains éléments de l'univers nous sont parfois introduits de manière bien maladroite par le biais de dialogues un tantinet artificiels et de didascalies prenant un peu trop de place.
Ensuite, il y a la scénario. Oui, je sais, j'en ai dit du bien plus haut en le présentant comme un bon délire vif et inventif, mais il n'en reste pas moins un peu trop classique par moment, un peu trop convenu. La lecture n'est jamais désagréable, on ne s'ennuie pas, mais l'intrigue ne casse pas non plus trois pattes à un canard sur le papier (et m'est même un peu apparue brouillonne lors du dénouement final). Bon, encore une fois, ça reste un bon délire.
Enfin il y a la sexualisation. Bon, c'est du Drakoo, maison d'édition fondée par Arleston, je ne devrais pas être surprise de trouver des seins, des fesses et des cuisses rebondi-e-s au détour d'une scène de baston, mais là ça devenait parfois risible. Vas-y que je cache la bague entre mes seins, vas-y que j'enfile mes bas en prenant bien soins de lever les jambes en l'air (pour être plus photogénique), vas-y que le cadrage et la mise en scène pensent bien à nous rappeler régulièrement que nos trois protagonistes ont quand-même des corps de pin-ups du genre mamma mia je vais m'évanouir, … Bon, en vrai je n'ai rien contre les pin ups et je trouve qu'ici le côté "pseudo coquin" colle bien avec cet aspect "série B dans un cadre du début du XXe siècle", mais j'avoue qu'au bout d'un moment c'est ridicule. Bon, au moins elles ne sont jamais réduites à ça (si ce n'est Winchester, mais elle arrive tout de même à briller à côté de ça par son côté "américaine bourrue").
Encore une fois, ces défauts sont minimes quand mis en face de mon ressenti final de cette série. C'est fun, le scénariste joue bien avec les codes des histoires de cambriolage et de complot politique, le cadre est on ne peut plus charmant, … Je pardonne volontiers les quelques ratés.
(Note réelle 3,5)
Une histoire d'amour qui brille par son cadre de campagne japonaise et son sujet de la jeunesse qui y étouffe.
Toute l'histoire tourne autour du conflit de pouvoir, des magouilles, des conflits adultes entraînant et gangrénant les relations des jeunes, du poids des attentes et du désir de liberté.
Les éponymes Mizuno et Chayama ne devraient pas être proches, leurs pères respectifs se disputent la mairie, la ville entière se divise en deux groupes dont leurs pères sont chacun les représentants. Pourtant, comme dans toute histoire d'amour avec un penchant pour l'ironie dramatique, les deux jeunes filles vont bien se rapprocher. Très vite même. Le sujet n'est pas vraiment la naissance de leur amour, car celui-ci brûle en réalité très vite, mais bien de savoir si le monde qui les entoure les laissera bien le vivre. Elles s'aiment mais doivent se voir en cachette, elles désirent partir loin d'ici mais se retrouvent bloquées par les attentes des autres (surtout les attentes familiales).
Cette histoire d'amour douce-amère, pour laquelle on craint jusqu'au bout une fin tragique, est sincèrement prenante.
Deux petits bémols cependant.
Bon, les bémols sont légers, il s'agit surtout d'un problème d'exécution.
En premier lieu, il s'agit de l'aspect un peu trop sexualisé de la relation entre ces deux jeunes filles. Bon, qu'elles fassent des séances de galipettes entre deux cours n'est pas le problème (l'âge, le besoin de liberté, tout ça tout ça), je parle surtout du fait que la mise en scène insiste un chouïa trop à un moment. En fait, mis à part ce moment, l'œuvre est en réalité assez chaste, on ne nous cache pas qu'elles font l'amour mais la mise en scène ne s'y arrête pas (ou en tout cas très peu - en tout cas suffisamment peu pour que je ne m'inquiète pas des intensions de l'auteur) et préfère se concentrer sur leur relation et leur situation compliquée. Sauf qu'au début du premier album, on a un moment très bizarre où Mizuno lèche les larmes de Chayama dans ce qui me semble être une scène qui se voulait (peut-être) pseudo-érotique, ou en tout cas émoustillante. Bon, c'est au tout début de l'histoire, peut-être un moment de folie du scénariste qui s'est fort heureusement recentré par la suite, mais il n'empêche que c'est bizarre.
Ensuite, il y a l'antagoniste. Elle est très intéressante sur le papier, elle aussi reflétant le mal-être d'une jeunesse se sentant abandonnée dans la campagne et se sentant obligée de suivre aveuglément les conflits locaux pour se sentir exister mais exprimant le tout de manière bien plus violente, bien plus névrosée. Là où Chayama et Mizuno se cachent, Aikawa frappe et harcèle. Elle harcèle Chayama qu'elle juge responsable de sa situation de vie compliquée. Oui, comme tous-tes les autres jeunes du lycée, Aikawa a choisi son camp dans ce conflit de pouvoir. Sa situation familiale et économique semble désastreuse et on comprend son profond dégoût pour la famille de Chayama (qui est bien plus riche). On n'excuse jamais ce qu'elle fait subir à Chayama mais on l'humanise suffisamment pour rendre le tout crédible.
Pourtant, à partir du deuxième album, sa cruauté semble prendre des proportions un tantinet exagérées, surtout lors de la scène de confrontation finale (vous verrez quand vous y serez). En fait, c'est surtout la mise en scène qui me titille, faisant passer un moment terrifiant où une jeune fille franchit officiellement la ligne entre les violences physiques et la pure tentative de meurtre pour une vulgaire scène de conflit final avec une méchante très méchante. Je blâme le manque de subtilité et le côté trop exagéré pour une histoire qui m'avait semblé jusque là joliment (et tristement) réaliste. J'exagère un peu, la scène reste intéressante (surtout sur son propos), et la violence du moment reste cohérente et forte, mais le tout m'a vraiment semblé over the top (comme dirait ma mamie).
Après, le personnage reste bon et sa scène finale fait mal au cœur. On n'excuse toujours pas ce qu'elle a fait (et encore heureux) mais on parvient à nous faire sympathiser avec sa situation.
Bon, maintenant que j'arrive à la fin de mon avis, je réalise que j'ai malheureusement plus insisté sur les défauts de l'œuvre que sur ses qualités. Croyez-moi, l'œuvre reste sincèrement très bonne. L'histoire est intéressante, les personnages plus complexes qu'il n'y parait, les dessins assez jolis, ... Non, vraiment, ignorez ma tendance à m'étendre sur les défauts, la lecture reste bonne.
(Note réelle 3,5)
3.5
J'ai bien aimé ce one-shot, mais je préviens tout de suite que c'est le genre d'histoire où soit on entre dans le délire de l'auteur, soit on reste au dehors de l'œuvre et on s'ennui ferme.
Je pense que pour aimer cet album il faut être fan de l'œuvre de Lovecraft ce qui est au final logique vu que le récit parle de lui et qu'on est dans une ambiance digne de ce que l'on retrouvait dans ses histoires. En plus de références à l'œuvre de Lovecraft, il y aussi des références tirés de la littérature anglophones en général (Edgar Allan Poe, John Carter, Stephen King...) et donc le lecteur qui n'a pas de grande connaissance dans ce domaine risque de passer à coté du scénario.
Le point fort est sans aucun doute le dessin qui est vraiment superbe. On voit que le dessinateur a beaucoup travaillé dessus, c'est une pure merveille pour les yeux !
J'ai été un peu réticent à lire cet ouvrage. En effet dans Comme une comète - Une histoire de post-partum et d'albinisme son autrice, Aurélie Crop raconte les horreurs dont sont victimes les enfants albinos dans certains pays d'Afrique à cause de superstitions ou de sorcellerie. Heureusement mes craintes étaient injustifiées. Edimo , dont j'apprécie beaucoup le travail, propose un scénario optimiste tout en abordant avec réalisme les obstacles que rencontrent les enfants albinos et leurs parents. L'action se passe à Yaoudé mais pourrait probablement être déplacée dans de nombreux endroits. L'Occident n'étant pas en reste comme le montre Aurélie Crop avec les nombreuses images négatives et stigmatisantes que véhiculent le cinéma .
Malgré trois dessinateurs différents le récit reste cohérent et fluide. Edimo evite une leçon de morale rébarbative mais introduit de façon pertinente les difficultés rencontrées: abandon de la mère, difficulté à se loger, risque d'enlèvement de l'enfant pour alimenter des pratiques de sorcellerie, risque de viol pour guérir du SIDA c'est malheureusement le quotidien pour des enfants albinos qui sont vus porteurs de la malchance ou de la malédiction.
Le graphisme est proposé par trois dessinateurs qui prennent en charge trois étapes de la vie d'Agnès. Sa naissance à Yaoundé dans un style réaliste au stylo très maitrisé. Il lance magnifiquement l'album avec ce manque de couleur qui traduit l'isolement et le danger dans lequel se trouve Chantal et sa fille.
Nyembi poursuit dans un style plus naïf la vie au village protecteur et Ejob conclut par un très bel épisode à Yaoudé autour de la journée mondiale de l'albinisme. Son style semi réaliste est très travaillé avec de beaux extérieurs de Yaoundé très bien travaillés. Ces trois épisodes permettent aussi de montrer l'évolution de la société Camerounaise qui doit trouver son équilibre entre tradition et modernité.
Une belle lecture optimiste et dépaysante qui permet de sensibiliser à un handicap souvent mal connu.
Je pourrais faire très vite dans mon avis: le Comté c'est super bon, le Jura super beau et les agriculteurs du coins super sympas ( sans oublier les Montbéliardes super belles) .
je résume en une ligne l'excellent reportage de Fred Bernard sur la fabrication du célèbre fromage. Le Comté n'est pas uniquement célèbre par son goût ou sa texture mais aussi par tout le processus coopératif qui entoure sa fabrication. Fred propose bien des pages explicatives et techniques sur les foins, la traite, le transport, l'affinage , le stockage et les contrôles . Toutefois cette "technique" de fabrication va de pair avec un savoir faire de haute qualité à tous les stades. C'est bien une chaîne de confiance qui existe entre les différents intervenants, paysans, fromagers, crémiers pour proposer un produit haut de gamme sans être luxueux. Une organisation humaine pensée autour des fruitières à taille humaine faite pour pérenniser la qualité loin des grands groupes alimentaires.
Dans le contexte actuel d'une agriculture raisonnée, ce modèle est ausculté dans de nombreux rassemblements à l'étranger.
A travers de nombreuses et intéressantes interviews Fred rend hommage au travail de ces femmes et hommes amoureux de leur terroir.
L'auteur utilise un graphisme humoristique qui dynamise la narration en la rendant vive et plaisante. Cela fait du bien de lire un ouvrage positif sur l'agriculture où les vaches sont à l'honneur.
Une très belle lecture documentaire où l'on apprend de nombreuses choses et qui donne envie d'aller se promener des les caves du Doubs ou du Jura pour une belle dégustation vin et Comté.
Ce "Sandman - Nuits Éternelles" est une bombe.
Le plaisir de retrouver la plume de Neil Gaiman, il raconte des histoires comme personne. Toujours son phrasé si singulier empreint d'onirisme, de noirceur et de mysticisme qui transporte le lecteur dans une autre dimension.
Le plaisir aussi de retrouver les Éternels, chacun aura droit à son petit récit.
Mais c'est surtout le panel de dessinateurs qui vont se succéder qui m'a émerveillé.
Death.
Deux histoires sans lien apparent dans des espaces temps différents, dont une sur le principe d'un jour sans fin. Une île de la lagune de Venise comme décor. On ne peut pas tromper Death, un jour ou l'autre c'est elle qui gagne, quoi qu'on fasse. Le dessin de Philip Craig Russel me séduit toujours autant, j'aime son trait fin, doux et chaleureux. Les couleurs de Lovern Kindzierski sont dépaysantes. Très beau !
4 étoiles.
Desire.
Il y a forcément un prix à payer pour contrôler le désir et l'amour. C'est Milo Manara qui s'occupe de la partie graphique et le résultat m'a laissé bouche bée, les femmes sont désirables, sensuelles et souvent dénudées (il est vrai qu'elles sortent toutes du même moule). Les chaudes couleurs sont superbes. Que c'est beau !
4 étoiles.
Dream.
Dream vient présenter sa fiancée, Killalla de l'Éclat, à sa famille au cours d'un colloque réunissant toutes les galaxies. Débats et trahison seront au menu.
Je découvre Miguelanxo Prado et là je prends un belle claque dans la tronche. Des planches magnifiques, les décors sont féeriques et les couleurs mates apportent une ambiance onirique. Magnifique !
4,5 étoiles.
Despair.
15 portraits du désespoir. Des récits singuliers, on n'est plus vraiment dans de la bande dessinée. Une succession de tableaux accompagnés de textes positionnés soit à côté, soit sur le tableau même. Dave McKean est à la conception graphique et Barron Storey au dessin et le résultat est surprenant. Une mise en page qui va d'une pleine page à 51 cases pour une planche. Je disais donc des tableaux parce qu'il s'agit d'œuvres d'art. Un mélange hétéroclite d'expressionnisme, de futurisme, de surréalisme... Je suis amateur de ce type d'expérimentations.
4,5 étoiles.
Delirium.
Plusieurs personnages mentalement déséquilibrés vont venir en aide à Délire.
J'ai eu le bonheur de suivre l'évolution graphique de Bill Sienkiewicz, de ses débuts sur Moon Knight dans les années 80/81, puis sur The New Mutants - L'Intégrale et son Elektra (Delcourt) jusqu'à ce "Sandman - Nuits Éternelles". Je suis totalement sous le charme de son travail, il fait partie des rares artistes à élever le comics au rang d'art à part entière. La mise en page est un chaos ordonné. Grandiose !
5 étoiles.
Destruction.
Au large de la Sardaigne, des fouilles archéologiques doivent dévoiler le futur. Le dessin de Glenn Fabry fait très classique lorsqu'on le compare à ses prédécesseurs, tout comme la colorisation de Chris Chuckry. Agréable.
3,5 étoiles.
Destiny.
Destiny et son livre. Frank Quitely propose de magnifiques planches, libres de cases, au trait fin et minutieux et aux couleurs dans des tons ternes et brumeux. Superbe !
4 étoiles.
Une alchimie parfaite entre texte et dessin pour une explosion des plaisirs.
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Bon, attention, cet album est le fruit de nombreuses recherches dans des archives nationales et familiales, d'entretiens familiaux, de repérages, probablement des milliers d'heures de travail pour un auteur qui a fait de l'autobiographie et et du stakhanovisme ses deux axes de labeur. Les bonus présents en fin d'ouvrage, parmi les plus fournis que j'aie pu voir, en témoignent : deux pages entières de remerciements envers toutes celles et tous ceux qui ont aidé Tobi Dahmen dans sa tâche ; 15 pages de glossaire, pour éclairer les termes et certains éléments des quelques 525 pages de cette BD ; des précisions sur les images et les textes "authentiques" qui ont pu être reproduits, sans oublier une bibliographie impressionnante. C'est lors d'un long trajet en train avec son père que l'auteur a commencé à constituer le squelette de ce qui allait devenir, dix ans plus tard, cette brique (1, 2 kg pour le bébé) incontournable. La disparition brutale de ce père, au début du processus, n'a pas dissuadé Tobi de continuer son entreprise, a contraire. Il a choisi de raconter les bribes de vie qu'il a pu reconstituer de manière chronologique, ce qui permet de e pas perdre de vue la situation de chaque membre de ces deux familles pendant la décennie où le destin de l'Allemagne a basculé. Il a choisi de laisser les quelques approximations qui ont pu apparaître dans les témoignages qu'il a pu recueillir, pour garder une certaine authenticité. Ainsi a-t-il imaginé la vie de son oncle sur le front russe en se basant sur ses lettres, qui se voulaient souvent allusives. Prévoyez trois un quatre heures pour lire l'album, car il est difficile de le lâcher ; il comporte de nombreuses scènes poignantes, comme lorsque les enfants sont séparés de leurs parents, ou les retrouvent, ou qu'ils doivent détourner le regard en croisant par exemple des "travailleurs forcés" (encore un truc que je découvre sur la guerre), des prisonniers qui n'ont pas accès aux abris et doivent nettoyer les décombres après un raid aérien. Le style graphique de Dahmen est une ligne claire en tons de gris, mais on sent qu'il a extrêmement travaillé chaque case pour provoquer l'émotion sur chaque séquence, et cela fonctionne totalement. Voici donc un nouvel album essentiel pour comprendre comme la guerre a été vécue par une (enfin, deux) famille(s) ordinaire(s) en Allemagne.
Le Bleu est une couleur chaude
J'ai lu cette série avec les yeux de Candide. En effet je n'en avais jamais entendu parler ni du film d'ailleurs. Oui oui c'est possible ! Je n'ai toujours pas vu le film mais je me suis rattrapé avec la BD. Dès le début du récit j'ai été séduit par le ton employé par Julie Maroh. Cette montée progressive de la découverte de soi de Clémentine à partir de ses 15 ans sonne juste. L'autrice prend le temps d'installer Clémentine dans son personnage. La découverte de son moi sexuel se fait malgré ses réticences. Je ne suis pas homosexuel mais j'imagine que le débat intérieur n'a pas du être simple pour de nombreux ados, beaucoup se retrouvant à la porte de chez eux dans des conditions parfois dramatiques. Le scénario est vraiment bien construit car en dévoilant le décès de Clémentine dès les premières planches on aurait pu craindre que l'autrice tue l'effet dramatique immédiatement. En fait c'est tout le contraire, pour ma lecture, car je me suis constamment demandé comment on arrive à cette situation. Ensuite Julie Maroh prend le risque d'installer un texte pesant via une voix off lourde et omniprésente. Ici encore le piège est évité avec brio grâce à un équilibre judicieux entre cette narration indirecte et l'action sous nos yeux. Les deux textes font échos et se répondent en permanence. Ensuite c'est une histoire d'homosexualité qui reprend certains messages convenus comme la stigmatisation ou l'affirmation identitaire via la Gay Pride mais je trouve cela assez marginal. Comme le souligne Emma à la mère de Clem, si Emma avait été un garçon rien n'aurait changé et Clem serait tombé amoureuse. C'est vraiment le sentiment que j'ai eu en lisant ce récit. C'est l'histoire d'amour entre Clem et Emma qui fonde le récit avec les mêmes questionnements que pour un couple hétéro : les risques à prendre, la place que chacun donne à l'autre dans son avenir, les jalousies passagères jusqu'aux interrogations d'avoir un enfant pour compléter ce bonheur. Le militantisme pour Emma et l'intimité pour Clem. La mort de celle-ci évite à l'autrice de trancher. Enfin le final travaille plus sur l'émotion que sur le dramatique avec un choix qui m'a surpris. J'ai aussi apprécié le graphisme de l'autrice que je trouve très expressif sans charger trop. On reste dans la bonne mesure pour toute la palette des sentiments. Ma seule vraie réserve concerne le saut temporel qui amène les jeunes femmes à des femmes adultes établies. Au bout de dix ans , on peut imaginer que l'amour fusionnel s'étiole. On ne voit pas dans le récit ce qu'elles ont construit pour solidifier le couple et c'est un manque. De même le graphisme a du mal à faire vieillir le couple. Cela reste toutefois une très bonne lecture, très accessible et souvent pleine de délicatesse.
La Femme à l'étoile
Je ne sais pas trop pourquoi ses autres productions m’ont toujours rebuté, je découvre (enfin) l’auteur avec cet album … et bien m’en a pris. Je ne vais pas crier au génie mais une lecture plutôt très satisfaisante. Mon ressenti tend vers le 3,5 que je bonifie de bon cœur pour la bonne surprise. Graphique tout d’abord, l’impression que l’auteur propose quelque chose de bien plus aboutie que ces précédents travaux (sa première œuvre que je ne repose pas après un rapide feuilletage). Son trait est bon et parfait pour ses forêts et montagnes enneigés, mais c’est l’utilisation d’une tonalité sépia qui donne beaucoup de charme à l’ensemble. La couverture est très classe également. Malgré une belle pagination, l’album se lit relativement vite, aidé en ça par une narration agréable et aérée. Il n’y a que les passages autour des cauchemars de notre héros que j’ai trouvé moyen. Pour l’histoire en elle-même, je m’attendais sans doute à plus de surprises, ici on reste dans le plutôt classique mais parfaitement tenu et exécuté. J’ai bien aimé ce duo improbable et attachant qui cherche à fuir la justice unilatérale de l’époque. La fin m’a satisfait même si je penchais pour autre chose. Pas indispensable mais du bon western qui prend le temps de poser ces personnages et ambiances.
Geographia
J'ai toujours aimé regarder les portulans, les vieilles cartes, les anciens planisphères, mon imagination vagabondant sur des territoires biscornus, d'autant plus captivants qu'ils s'écartent de ce que nous connaissons aujourd'hui. C'est dire que le sujet de cet album ne pouvait que m'intéresser. Et je n'ai pas été déçu. Avec le personnage de Ptolémée comme guide, et avec un procédé narratif amusant, pas mal de touches d'humour, un dessin caricatural, on traverse les siècles - voire les millénaires - en retraçant l'évolution des connaissances géographiques, et surtout des méthodes et connaissances cartographiques. C'est passionnant, jamais ennuyeux. Le mélange de péripéties inventées et de connaissances historiques et scientifiques avérées passe très bien. Et, cerise sur le gâteau, un très bon dossier scientifique, accompagné de nombreuses et belles reproductions de cartes, complète agréablement l'album. Une chouette lecture.
Les Artilleuses
Les Artilleuses, c'est le nom d'un trio de cambrioleuses aux méthodes explosives : Louison, dite "Mam'zelle Gatling", la fée citadine "plus parisienne que le jambon-beurre", Kathryn, dite "Miss Winchester", l'américaine à la gâchette facile, et enfin Lady Audrey Remington, la magicienne britannique et tête pensante de la bande. Une leader flegmatique, une beauté bourrue as de la gâchette et une surexcitée grande amatrice d'explosifs, une équipe de choc classique mais somme toute efficace. Je crois que c'est la meilleure manière de décrire cette série : simple mais efficace. C'est un scénario on ne peut plus classique, une histoire de cambriolage qui tourne mal, une succession de courses poursuites et de fusillades autour d'une bague sigillaire risquant à tout moment de déclencher un conflit politique si elle venait à tomber entre de mauvaises mains, bref un thriller d'action bourrine centré autour d'un mac guffin justifiant le feu d'artifice constant de l'histoire. Ici, ce récit qui n'est pas nouveau brille par son cadre alléchant d'une uchronie mélangeant Paris du début du XXe siècle et peuples féériques. La série prend place dans le même univers que dans Le Paris des merveilles, une série de roman que je n'ai pour l'instant pas encore lu mais que j'ai dans le collimateur depuis un bon moment, étant une grande amatrice de ce genre de récits bariolés mais sérieux. Je ne saurais dire si Les Artilleuses s'imbrique bien dans l'univers, il me faudra lire les romans (ou bien l'adaptation en bande-dessinée) pour pouvoir répondre à cela. Des défauts ? Allez, il en faut toujours ! Tout d'abord il y a l'exposition. Certains éléments de l'univers nous sont parfois introduits de manière bien maladroite par le biais de dialogues un tantinet artificiels et de didascalies prenant un peu trop de place. Ensuite, il y a la scénario. Oui, je sais, j'en ai dit du bien plus haut en le présentant comme un bon délire vif et inventif, mais il n'en reste pas moins un peu trop classique par moment, un peu trop convenu. La lecture n'est jamais désagréable, on ne s'ennuie pas, mais l'intrigue ne casse pas non plus trois pattes à un canard sur le papier (et m'est même un peu apparue brouillonne lors du dénouement final). Bon, encore une fois, ça reste un bon délire. Enfin il y a la sexualisation. Bon, c'est du Drakoo, maison d'édition fondée par Arleston, je ne devrais pas être surprise de trouver des seins, des fesses et des cuisses rebondi-e-s au détour d'une scène de baston, mais là ça devenait parfois risible. Vas-y que je cache la bague entre mes seins, vas-y que j'enfile mes bas en prenant bien soins de lever les jambes en l'air (pour être plus photogénique), vas-y que le cadrage et la mise en scène pensent bien à nous rappeler régulièrement que nos trois protagonistes ont quand-même des corps de pin-ups du genre mamma mia je vais m'évanouir, … Bon, en vrai je n'ai rien contre les pin ups et je trouve qu'ici le côté "pseudo coquin" colle bien avec cet aspect "série B dans un cadre du début du XXe siècle", mais j'avoue qu'au bout d'un moment c'est ridicule. Bon, au moins elles ne sont jamais réduites à ça (si ce n'est Winchester, mais elle arrive tout de même à briller à côté de ça par son côté "américaine bourrue"). Encore une fois, ces défauts sont minimes quand mis en face de mon ressenti final de cette série. C'est fun, le scénariste joue bien avec les codes des histoires de cambriolage et de complot politique, le cadre est on ne peut plus charmant, … Je pardonne volontiers les quelques ratés. (Note réelle 3,5)
Mizuno et Chayama
Une histoire d'amour qui brille par son cadre de campagne japonaise et son sujet de la jeunesse qui y étouffe. Toute l'histoire tourne autour du conflit de pouvoir, des magouilles, des conflits adultes entraînant et gangrénant les relations des jeunes, du poids des attentes et du désir de liberté. Les éponymes Mizuno et Chayama ne devraient pas être proches, leurs pères respectifs se disputent la mairie, la ville entière se divise en deux groupes dont leurs pères sont chacun les représentants. Pourtant, comme dans toute histoire d'amour avec un penchant pour l'ironie dramatique, les deux jeunes filles vont bien se rapprocher. Très vite même. Le sujet n'est pas vraiment la naissance de leur amour, car celui-ci brûle en réalité très vite, mais bien de savoir si le monde qui les entoure les laissera bien le vivre. Elles s'aiment mais doivent se voir en cachette, elles désirent partir loin d'ici mais se retrouvent bloquées par les attentes des autres (surtout les attentes familiales). Cette histoire d'amour douce-amère, pour laquelle on craint jusqu'au bout une fin tragique, est sincèrement prenante. Deux petits bémols cependant. Bon, les bémols sont légers, il s'agit surtout d'un problème d'exécution. En premier lieu, il s'agit de l'aspect un peu trop sexualisé de la relation entre ces deux jeunes filles. Bon, qu'elles fassent des séances de galipettes entre deux cours n'est pas le problème (l'âge, le besoin de liberté, tout ça tout ça), je parle surtout du fait que la mise en scène insiste un chouïa trop à un moment. En fait, mis à part ce moment, l'œuvre est en réalité assez chaste, on ne nous cache pas qu'elles font l'amour mais la mise en scène ne s'y arrête pas (ou en tout cas très peu - en tout cas suffisamment peu pour que je ne m'inquiète pas des intensions de l'auteur) et préfère se concentrer sur leur relation et leur situation compliquée. Sauf qu'au début du premier album, on a un moment très bizarre où Mizuno lèche les larmes de Chayama dans ce qui me semble être une scène qui se voulait (peut-être) pseudo-érotique, ou en tout cas émoustillante. Bon, c'est au tout début de l'histoire, peut-être un moment de folie du scénariste qui s'est fort heureusement recentré par la suite, mais il n'empêche que c'est bizarre. Ensuite, il y a l'antagoniste. Elle est très intéressante sur le papier, elle aussi reflétant le mal-être d'une jeunesse se sentant abandonnée dans la campagne et se sentant obligée de suivre aveuglément les conflits locaux pour se sentir exister mais exprimant le tout de manière bien plus violente, bien plus névrosée. Là où Chayama et Mizuno se cachent, Aikawa frappe et harcèle. Elle harcèle Chayama qu'elle juge responsable de sa situation de vie compliquée. Oui, comme tous-tes les autres jeunes du lycée, Aikawa a choisi son camp dans ce conflit de pouvoir. Sa situation familiale et économique semble désastreuse et on comprend son profond dégoût pour la famille de Chayama (qui est bien plus riche). On n'excuse jamais ce qu'elle fait subir à Chayama mais on l'humanise suffisamment pour rendre le tout crédible. Pourtant, à partir du deuxième album, sa cruauté semble prendre des proportions un tantinet exagérées, surtout lors de la scène de confrontation finale (vous verrez quand vous y serez). En fait, c'est surtout la mise en scène qui me titille, faisant passer un moment terrifiant où une jeune fille franchit officiellement la ligne entre les violences physiques et la pure tentative de meurtre pour une vulgaire scène de conflit final avec une méchante très méchante. Je blâme le manque de subtilité et le côté trop exagéré pour une histoire qui m'avait semblé jusque là joliment (et tristement) réaliste. J'exagère un peu, la scène reste intéressante (surtout sur son propos), et la violence du moment reste cohérente et forte, mais le tout m'a vraiment semblé over the top (comme dirait ma mamie). Après, le personnage reste bon et sa scène finale fait mal au cœur. On n'excuse toujours pas ce qu'elle a fait (et encore heureux) mais on parvient à nous faire sympathiser avec sa situation. Bon, maintenant que j'arrive à la fin de mon avis, je réalise que j'ai malheureusement plus insisté sur les défauts de l'œuvre que sur ses qualités. Croyez-moi, l'œuvre reste sincèrement très bonne. L'histoire est intéressante, les personnages plus complexes qu'il n'y parait, les dessins assez jolis, ... Non, vraiment, ignorez ma tendance à m'étendre sur les défauts, la lecture reste bonne. (Note réelle 3,5)
Le Dernier Jour de Howard Phillips Lovecraft
3.5 J'ai bien aimé ce one-shot, mais je préviens tout de suite que c'est le genre d'histoire où soit on entre dans le délire de l'auteur, soit on reste au dehors de l'œuvre et on s'ennui ferme. Je pense que pour aimer cet album il faut être fan de l'œuvre de Lovecraft ce qui est au final logique vu que le récit parle de lui et qu'on est dans une ambiance digne de ce que l'on retrouvait dans ses histoires. En plus de références à l'œuvre de Lovecraft, il y aussi des références tirés de la littérature anglophones en général (Edgar Allan Poe, John Carter, Stephen King...) et donc le lecteur qui n'a pas de grande connaissance dans ce domaine risque de passer à coté du scénario. Le point fort est sans aucun doute le dessin qui est vraiment superbe. On voit que le dessinateur a beaucoup travaillé dessus, c'est une pure merveille pour les yeux !
Pour une couleur de peau
J'ai été un peu réticent à lire cet ouvrage. En effet dans Comme une comète - Une histoire de post-partum et d'albinisme son autrice, Aurélie Crop raconte les horreurs dont sont victimes les enfants albinos dans certains pays d'Afrique à cause de superstitions ou de sorcellerie. Heureusement mes craintes étaient injustifiées. Edimo , dont j'apprécie beaucoup le travail, propose un scénario optimiste tout en abordant avec réalisme les obstacles que rencontrent les enfants albinos et leurs parents. L'action se passe à Yaoudé mais pourrait probablement être déplacée dans de nombreux endroits. L'Occident n'étant pas en reste comme le montre Aurélie Crop avec les nombreuses images négatives et stigmatisantes que véhiculent le cinéma . Malgré trois dessinateurs différents le récit reste cohérent et fluide. Edimo evite une leçon de morale rébarbative mais introduit de façon pertinente les difficultés rencontrées: abandon de la mère, difficulté à se loger, risque d'enlèvement de l'enfant pour alimenter des pratiques de sorcellerie, risque de viol pour guérir du SIDA c'est malheureusement le quotidien pour des enfants albinos qui sont vus porteurs de la malchance ou de la malédiction. Le graphisme est proposé par trois dessinateurs qui prennent en charge trois étapes de la vie d'Agnès. Sa naissance à Yaoundé dans un style réaliste au stylo très maitrisé. Il lance magnifiquement l'album avec ce manque de couleur qui traduit l'isolement et le danger dans lequel se trouve Chantal et sa fille. Nyembi poursuit dans un style plus naïf la vie au village protecteur et Ejob conclut par un très bel épisode à Yaoudé autour de la journée mondiale de l'albinisme. Son style semi réaliste est très travaillé avec de beaux extérieurs de Yaoundé très bien travaillés. Ces trois épisodes permettent aussi de montrer l'évolution de la société Camerounaise qui doit trouver son équilibre entre tradition et modernité. Une belle lecture optimiste et dépaysante qui permet de sensibiliser à un handicap souvent mal connu.
Chroniques de la fruitière
Je pourrais faire très vite dans mon avis: le Comté c'est super bon, le Jura super beau et les agriculteurs du coins super sympas ( sans oublier les Montbéliardes super belles) . je résume en une ligne l'excellent reportage de Fred Bernard sur la fabrication du célèbre fromage. Le Comté n'est pas uniquement célèbre par son goût ou sa texture mais aussi par tout le processus coopératif qui entoure sa fabrication. Fred propose bien des pages explicatives et techniques sur les foins, la traite, le transport, l'affinage , le stockage et les contrôles . Toutefois cette "technique" de fabrication va de pair avec un savoir faire de haute qualité à tous les stades. C'est bien une chaîne de confiance qui existe entre les différents intervenants, paysans, fromagers, crémiers pour proposer un produit haut de gamme sans être luxueux. Une organisation humaine pensée autour des fruitières à taille humaine faite pour pérenniser la qualité loin des grands groupes alimentaires. Dans le contexte actuel d'une agriculture raisonnée, ce modèle est ausculté dans de nombreux rassemblements à l'étranger. A travers de nombreuses et intéressantes interviews Fred rend hommage au travail de ces femmes et hommes amoureux de leur terroir. L'auteur utilise un graphisme humoristique qui dynamise la narration en la rendant vive et plaisante. Cela fait du bien de lire un ouvrage positif sur l'agriculture où les vaches sont à l'honneur. Une très belle lecture documentaire où l'on apprend de nombreuses choses et qui donne envie d'aller se promener des les caves du Doubs ou du Jura pour une belle dégustation vin et Comté.
Sandman - Nuits Éternelles
Ce "Sandman - Nuits Éternelles" est une bombe. Le plaisir de retrouver la plume de Neil Gaiman, il raconte des histoires comme personne. Toujours son phrasé si singulier empreint d'onirisme, de noirceur et de mysticisme qui transporte le lecteur dans une autre dimension. Le plaisir aussi de retrouver les Éternels, chacun aura droit à son petit récit. Mais c'est surtout le panel de dessinateurs qui vont se succéder qui m'a émerveillé. Death. Deux histoires sans lien apparent dans des espaces temps différents, dont une sur le principe d'un jour sans fin. Une île de la lagune de Venise comme décor. On ne peut pas tromper Death, un jour ou l'autre c'est elle qui gagne, quoi qu'on fasse. Le dessin de Philip Craig Russel me séduit toujours autant, j'aime son trait fin, doux et chaleureux. Les couleurs de Lovern Kindzierski sont dépaysantes. Très beau ! 4 étoiles. Desire. Il y a forcément un prix à payer pour contrôler le désir et l'amour. C'est Milo Manara qui s'occupe de la partie graphique et le résultat m'a laissé bouche bée, les femmes sont désirables, sensuelles et souvent dénudées (il est vrai qu'elles sortent toutes du même moule). Les chaudes couleurs sont superbes. Que c'est beau ! 4 étoiles. Dream. Dream vient présenter sa fiancée, Killalla de l'Éclat, à sa famille au cours d'un colloque réunissant toutes les galaxies. Débats et trahison seront au menu. Je découvre Miguelanxo Prado et là je prends un belle claque dans la tronche. Des planches magnifiques, les décors sont féeriques et les couleurs mates apportent une ambiance onirique. Magnifique ! 4,5 étoiles. Despair. 15 portraits du désespoir. Des récits singuliers, on n'est plus vraiment dans de la bande dessinée. Une succession de tableaux accompagnés de textes positionnés soit à côté, soit sur le tableau même. Dave McKean est à la conception graphique et Barron Storey au dessin et le résultat est surprenant. Une mise en page qui va d'une pleine page à 51 cases pour une planche. Je disais donc des tableaux parce qu'il s'agit d'œuvres d'art. Un mélange hétéroclite d'expressionnisme, de futurisme, de surréalisme... Je suis amateur de ce type d'expérimentations. 4,5 étoiles. Delirium. Plusieurs personnages mentalement déséquilibrés vont venir en aide à Délire. J'ai eu le bonheur de suivre l'évolution graphique de Bill Sienkiewicz, de ses débuts sur Moon Knight dans les années 80/81, puis sur The New Mutants - L'Intégrale et son Elektra (Delcourt) jusqu'à ce "Sandman - Nuits Éternelles". Je suis totalement sous le charme de son travail, il fait partie des rares artistes à élever le comics au rang d'art à part entière. La mise en page est un chaos ordonné. Grandiose ! 5 étoiles. Destruction. Au large de la Sardaigne, des fouilles archéologiques doivent dévoiler le futur. Le dessin de Glenn Fabry fait très classique lorsqu'on le compare à ses prédécesseurs, tout comme la colorisation de Chris Chuckry. Agréable. 3,5 étoiles. Destiny. Destiny et son livre. Frank Quitely propose de magnifiques planches, libres de cases, au trait fin et minutieux et aux couleurs dans des tons ternes et brumeux. Superbe ! 4 étoiles. Une alchimie parfaite entre texte et dessin pour une explosion des plaisirs. Culte et coup de cœur.