Comme à son habitude depuis déjà plusieurs albums, Fabcaro nous propose ici un récit faussement sérieux, avec de grandes tirades absurdement ampoulées pour illustrer les dialogues les plus idiots possibles, avec un dessin là aussi faussement sérieux.
L'histoire se veut ici noire, un polar sombre au coeur du tournage d'un western à Hollywood. Tout du moins, ça c'est la version officielle, parce que dans les faits le crime est absurde (quelqu'un a dessiné une bite sur la joue de l'actrice principale), on nous révèle le coupable sur les premières pages, et l'enquête n'a ni queue ni tête.
Mais cet aspect chaotique est compréhensible, écrire une histoire si ambitieuse n'est pas de tout repos. Surtout quand l'auteur souffre d'une terrible hernie, menaçant ainsi de mettre fin à sa carrière à tout moment, qu'il faut aller chercher le foin chez la fermière acariâtre, et qu'il faut survivre face aux railleries de ses proches qui ne cessent de lui répéter que "quand-même, cette histoire de bite sur la joue, c'est un peu la honte".
De toute façon, c'était ça ou "les aventures de Testicule la libellule", alors...
C'est du Fabcaro classique, mais mené comme à son habitude avec talent. En tout cas je ne m'en lasse pas, j'éclate de rire à chaque relecture.
Fable écolo sur fond de surexploitation de la forêt amazonienne : les très belles planches de l'album nous emmènent à la chasse aux papillons.
Matz est un auteur que l'on connaît bien et que l'on apprécie beaucoup (la série Le Tueur, c'est lui), mais on ne le connaissait pas collectionneur de papillons !
Entre deux polars, il s'est autorisé une petite parenthèse écolo avec Frédéric Bézian pour nous emmener à la chasse aux papillons en Amazonie : Les papillons ne meurent pas de vieillesse.
Matz s'est même permis un petit clin d’œil à ses fans puisqu'il a baptisé son papillon impossible le Parides Ascanius Nolentus (son nom de ville est Alexis Nolent) !
Au fil de leur courte existence de quelques jours "les papillons, fragiles et vulnérables, ne meurent pas de vieillesse, mais de mort violente".
Voilà bien une sympathique fable écolo sur fond de surexploitation de la forêt amazonienne : un roman d'aventures, un thriller politique qui met en scène les enjeux complexes de la région.
Le dessin de Frédéric Bézian est une réussite avec un beau dégradé de gris que viennent illuminer de temps à autre seulement les parures colorées des papillons : un pari audacieux mais vraiment gagné. Le gris pointillé évoque les gravures scientifiques d'antan.
Pour profiter des changements de rythme qu'autorise la BD (F. Bézian aime à dire qu'il ne fait pas du cinéma sur papier), l'album est émaillé de planches d'entomologie 'vintage' et même de quelques beaux haïkus comme celui-ci du poète japonais Arakida Mortake :
« [...] Tombé de la branche
Une fleur y est retournée :
C'était un papillon. »
L'album semble appeler une suite, d'autant qu'une douce complicité va se nouer entre la jeune Géraldine et le brésilien Candido ... ! On attend déjà avec impatience !
La réapparition d'espèces disparues de papillons n'est pas de la science-fiction. Il y a bien sûr quelques "lâchers" volontaires pour réintroduire certains insectes mais les entomologistes découvrent également des résurrections tout à fait naturelles comme par exemple celle de la Nonagrie soulignée dans nos marais atlantiques. Cela vient compenser un petit peu les trop nombreuses extinctions.
Camille est un expert entomologiste et grand collectionneur de papillons.
Il emploie au Brésil un chasseur local, Candido.
Chez lui en France, il héberge sa jeune cousine, Géraldine qui l'aide à trier ses bestioles.
Camille et Géraldine vont rejoindre Candido en Amazonie.
Cette histoire aurait pu s'intituler l'histoire du "chasseur de papillons qui n'existent pas" ... puisque l'intrigue se noue en Amazonie lorsque l'on capture par hasard un papillon censé avoir disparu depuis de nombreuses années.
« [...] - Quel est le problème ?
- Le problème c'est que ce papillon est un Parides Ascanius Nolentus.
Le problème c'est qu'il vivait dans les marais de Rio de Janeiro ... !
... et si je dis "vivait", c'est qu'il a disparu depuis des années ... !
Regarde Candido, mon chasseur, travaille dans l'état du Roraima, au nord du Brésil, à des centaines, voire des milliers de kilomètres de Rio de Janeiro !
Tu comprends le problème, maintenant ? »
Un doux rêveur (Camille) et sa jeune cousine (Géraldine) vont accompagner le chasseur de papillons (Candido) au cœur de la forêt vierge pour confirmer la découverte énigmatique.
Jusque là tout va bien pour cette petite équipe qui joue les Tintin en Amazonie, mais on se doute qu'avec Matz au scénario, la balade des gentils écolos ne sera pas de tout repos.
Ainsi Camille rédige un article pour le National Geographic et appelle à sanctuariser le secteur pour le protéger de la déforestation : évidemment les sociétés multinationales ne voient pas d'un très bon œil les projecteurs de l'écologie soudainement braqués sur une région où ils prospéraient jusqu'ici à l'abri des regards et nos héros devront également faire face à l'hostilité des paysans locaux qui exploitent ces terres pour l'orpaillage et le pâturage.
Au détour d'une belle planche d'entomologiste (page 25), l'album nous apprendra que le mot papillon vient du grec psukhê qui signifie souffle, le souffle de la vie qui caresse ce qu'il touche et par extension âme puisque celle-ci s'envole dans notre dernier soupir.
Cette série jeunesse m'a procuré une belle lecture à la fois classique et surprenante. Le schéma central est classique avec ce jeune Wally à la recherche du père et voulant resouder le noyau familial avec l'aide merveilleuse d'une renarde espiègle. Les auteurs proposent un univers qui équilibre le merveilleux, le fantastique et une comédie familiale. La surprise provient de ce troisième volet où le récit familial introduit des thématiques décalées: une fratrie de type Cain/Abel et un comportement maternel qui prend à rebours les stéréotypes usuels. C'est une volonté scénaristique qui ouvre la lecture à un lectorat plus adulte mais qui risque de désorienter des lecteur-ices plus jeunes. Toutefois le récit n'est jamais ennuyeux et présente des rebondissements qui entretiennent le rythme et l'intérêt de la lecture. Le final sous forme d'une morale sociale est bien dans l'esprit du récit.
J'ai beaucoup apprécié le graphisme qui m'a fait penser à du Sfar jeunesse ( Héliotrope, le petit prince ou les Sardines). Comme je possède la nouvelle édition grand format et en couleur j'ai goûté les belles planches dans une mise en scène très dynamique. Comme il y a beaucoup de situations nocturnes la mise en couleur bleutée est très importante pour bien faire passer l'ambiance. De ce côté le travail réalisé est une vraie réussite qui apporte un excellent confort de lecture pour tous les âges.
Depuis quelques années, J'ai pour habitude d'acheter la version noir et blanc, et la version couleur à chaque sortie d'un album signé Nury et Brüno. Avec cet album, je n'ai pas dérogé à cette habitude, aussi j'ai été surpris de découvrir une version n&b d'une grande qualité éditoriale : un grand format avec dos toilé. Le dessin de Brüno y prend toute son importance car, il faut le dire, son style inimitable et simple à la fois fait beaucoup dans le succès de ses albums signés avec Fabien Nury.
Pourtant à la lecture de cet album, dans les deux versions, je dois dire que ma préférence va, pour une fois, vers la version courante, les couleurs de Laurence Croix, apportant au récit une touche des années 40 qui n'est pas pour me déplaire.
Le duo d'auteurs n'ayant pas signé un one shot ici, cet album se présente comme une longue introduction qui oscille entre récit de Charles Burns et le réel avec l'histoire romancée de Ronald Hubbard, créateur de la scientologie.
Car, je crois que cette histoire, dont nous ne connaissons pas encore le nombre de volumes qui la composera, s'achemine sans nul doute vers cette "découverte révolutionnaire" dont il est fait mention sur le quatrième de couverture.
Mais cet album ne se limite pas à cela, l'auteur distille sa vision du monde éditorial de l'Amérique des années 40, dominé par le polar et la science fiction, comme le prouvent les couvertures des revues présentes dans le dossier en fin d'album.
Même si le lecteur peut sembler rester sur sa faim, j'ai beaucoup aimé ce premier album, et j'ai hâte de découvrir la suite.
Adieu Eri est un one-shot marquant de Tatsuki Fujimoto, qui mêle habilement deuil, fiction et cinéma. À travers le regard de Yuta, un ado qui filme sa mère mourante puis rencontre Eri, le récit brouille volontairement la frontière entre réalité et mise en scène. Le découpage façon storyboard et la narration non linéaire rendent l’expérience unique. Poétique, étrange et émouvant, ce manga interroge le pouvoir des souvenirs et du récit.
Note réelle : 3,5/5
J'ai une relation particulière avec le premier roman de William Golding. Comme certains ici et comme l'autrice, je l'ai découvert en cours d'anglais, vers l'âge de 13 à 15 ans. Ce fut immédiatement un choc. Dans un récit d'une puissance, d'une fulgurance que j'ai rarement rencontrées depuis, l'auteur britannique a su saisir la substantifique moëlle de deux aspects de l'Homme : le délicat passage de l'enfance à l'adolescence, avec une autonomie renforcée mais parfois chaotique, et d'autre part la frontière fragile entre la civilisation et la barbarie. Un roman court, tétanisant, que j'ai dévoré à l'époque en VO, et relu dans la langue d'origine et en français depuis.
Une histoire qui m'a hanté pendant une trentaine d'années, au point de vouloir moi-même l'adapter en bande dessinée. Mais les éventuels problèmes liés aux droits d'auteur (Golding étant mort en 1993) et peut-être une immaturité dans le projet l'ont bien vite fait capoter; Je referme là la parenthèse personnelle pour revenir à l'album d'Aimée de Jongh.
Lorsque j'ai vu la sortie de cet album, j'ai eu un petit pincement au cœur, et n'ai pas hésité longtemps avant de l'acquérir (après l'avoir bien sûr feuilleté pour m'assurer qu'au moins mes yeux se régaleraient). J'ai mis un peu plus de temps avant de le lire, souhaitant bien sûr m'entourer des meilleurs conditions pour lire cet album que, quelque part, j'attendais impatiemment. Et le résultat ne m'a déçu. Sur le plan graphique tout d'abord. Il fallait un(e) artiste au style à la fois anguleux et au trait bien affirmé pour adapter cette histoire, qui s'adresse autant aux jeunes ados qu'aux adultes. Aimée de Jongh requiert en effet ces qualités, avec une mise en couleurs qui insiste sur les verts et les nuances de feu, des nuances qui ont toute leur importance dans le récit. J'ai beaucoup aimé également son traitement des moments-clés, tels l'acharnement des enfants sur Simon, la chute de Piggy, ou encore la découverte de la conque et les premiers échanges entre les enfants. J'ai beaucoup aimé ses choix de cadrages, sur les visages ou sur d'autres parties du corps, que ce soit pendant les scènes d'action ou plus contemplatives. Pour moi on n'est pas loin de l'adaptation que j'aurais aimé voir.
Je recommande donc cette lecture à toute personne de plus de 12 ans si elle ne connaît pas le roman, car c'est pour moi, tout simplement, une excellente adaptation d'un roman majeur du XXème siècle.
Un régal de suivre cette bande de bras cassés aux trognes expressives et variées.
Les planches aérées et dynamiques rendent la lecture fluide.
J'avais parfois l'impression de lire du Tarantino : des personnages hauts en couleur, beaucoup d'action et une touche d'ultra-violence.
Scénaristiquement, c'est pas mal mais il y a quelques facilités : notre groupe se retrouve souvent au mauvais endroit au mauvais moment et j'ai eu du mal à croire que John, José et Chiquita puissent travailler pour un tocard comme le père de Lily.
Le cadre m'a rappelé celui des tomes 3 et 4 de West, qui évoquaient aussi les révolutions cubaines et leurs lots de magouilles américaines, mais à une époque antérieure.
On nage encore plus dans la caricature amusante ici.
Pour le moment, la partie historique évoquée en introduction est assez détachée de la trame principale. J'espère que la suite de l'histoire ne versera pas trop dans l'action.
La scène dépeinte en couverture n'apparait pas dans l'album. Un peu d'anticipation ?
Je suis un peu déçu après la lecture du tome 2 de la série de P.H. Gomont. En ça je partage l'avis de Canarde. Le tome 1 est original, vif avec un scénario très fluide et souvent drôle.
Le couple Slava-Lavrine fonctionne à merveille et l'empathie est immédiate pour Nina et sa bande de mineurs menée par un papa gorille. Gomont réussit à créer une atmosphère de western dans un état sans foi ni loi sauf celle du plus fort.
Le graphisme de type humoristique donne un ton léger qui amène de la dérision à une réalité conduite par des escrocs ou des mafieux. Si le trait est quelque peu minimaliste Gomont sait proposer de très beaux décors extérieurs au moment où il le faut.
Malheureusement j'ai trouvé le tome 2 bien en dessous. Le couple Lavrine/Slava est disloqué et Slava devient même insignifiant à courir après Nina pour tirer son coup. Sans Lavrine ce tome est une coquille vide où Nina comble les faiblesses d'un scénario devenu très convenu en se déshabillant de plus en plus souvent. C'est agréable comme visuel mais cela vide Slava de sa consistance. La voix off devient envahissante sans qu'on sache qui parle du narrateur ou de l'auteur. Enfin le personnage de Nina devient très trouble avec ce passage à la délation voire à la complicité d'assassinat sans aucun remords.
Pour finir je trouve l'image que propose l'auteur des Russes caricaturale et très discutable.
Je lirai le tome 3 pour voir où veut nous mener Gomont mais je reste dubitatif pour le moment.
J'ai lu le tome 3 plusieurs fois avant d'infléchir mon avis car mes doutes n'étaient pas justifiés.
J'ai décidé d'augmenter ma note de une étoile après la relecture de l'excellent tome 3 de la série. Après un tome 2 que j'avais trouvé en demi teinte, Gomont nous entraine dans un récit qui allie intensité dramatique, nostalgie sociale et réflexion intime sur le vécu de l'artiste et sa prise réelle sur la réalité des événements. Si Volodia, Lavrine et Nina restent premiers dans les deux premières thématiques, Gomont donne une véritable profondeur au personnage de Slava qui se révèle ainsi pleinement. Ce final dramatique et inattendu est la pierre d'angle qui consolide l'ensemble de la série lui donnant une valeur épique sur le sens de l'histoire sociale et sa relation avec les artistes.
Je suppose que Gomont met beaucoup de lui même dans le personnage de Slava et de son impuissance à modifier le cours des choses avec son simple pinceau. Ce développement m'a ému ce qui est déjà la preuve que l'artiste n'a pas failli.
J'ai dévoré avec avidité cette adaptation d'un roman noir de Marcus Malte. Je ne connais pas l'œuvre d'origine mais Gomont lui fait honneur de brillante façon. J'ai été happé dès les premières planches par cette ambiance glauque que le graphisme de l'auteur retranscrit à merveille. Il y a beaucoup d'inventivité dans la poursuite de ces deux récits en parallèle des couples Clovis/ Nathalie et Clovis/Cesaria. Les sauts temporels soulignés par une très légère différence de couleurs sont introduits de manière si ingénieuse que la fluidité du récit reste parfaite. Gomont s'arrange à créer un équilibre qui fait monter l'intensité dramatique de façon similaire dans chacune des deux histoires. J'ai donc autant été passionné par l'histoire Brigade Rouge que par le road trip avec Césaria. Si Clovis est un personnage classique et attachant même dans ses actions troubles, j'ai beaucoup aimé l'opposition des personnages Nathalie/Césaria.
Ces deux personnages s'inscrivent parfaitement dans les époques décrites, les années de plomb puis les années SIDA. Au milieu de ces ambiances mortifères il y a ces deux histoires d'amours improbables et inabouties car secondaires pour un Clovis aveugle.
Le graphisme de Gomont est entièrement synchrone avec l'esprit du roman. Les expressions sont très bien travaillées avec un Clovis taiseux, une Nathalie fofolle et une Césaria profonde.
Le final m'a bouleversé pour conclure une lecture qui m'a séduit de bout en bout.
Un top pour ce genre.
Azur asphalte est une tranche de vie un peu particulière.
Les illustrations à l'aquarelle sont la vraie réussite de ce roman graphique, que l'auteur a eu la bonne idée de ne pas cloisonner dans des cases un peu trop strictement refermées. Elles donnent un sacré souffle, du détachement aussi car invitant à les lire tels des tableaux, ce que l'aspect quasi documentaire de l'intrigue accentuera.
Ce dernier point va constituer la petite réserve pointant malheureusement à mi-chemin. L'intrigue est parfaitement plantée, très ancrée dans un quotidien laborieux (celui de deux sœurs, des trentenaires prolos joignant péniblement les deux bouts financièrement, dans la belle ville de Nice), mais trop soucieuse de décrire un quotidien banal, de s'inscrire pleinement dans la chronique sociale, d'atteindre la justesse et la plus parfaite crédibilité, elle avance sans véritable enjeu ni moteur de l'intrigue. Il faut accepter ce postulat et dès lors vivre les situations présentées et les goûter simplement, apprécier ici l'humour des dialogues populaires et de quelques situations, être touché là par la mélancolie et de la tendresse à l'égard de ces vies simples ne se concevant que dans le combat pour une modeste dignité, et il est vrai, regretter que l'auteur ait délibérément refuser de s'aventurer sur le terrain social ou politique, à moins que cela ne soit justement son discours, que je ne partage pas, de n'envisager le social que sous l'angle purement individuel et d'ignorer la politique : le "struggle for life" des personnages est tristement égoïste dans sa relation au travail, le collectif ne se conçoit que dans le cadre familial ou des relations amicales/amoureuses, et les joies simples sont bassement mercantiles, assujetties aux acteurs majeurs de l'économie et de l'industrie culturelle.
Une très belle chronique sociale, aux magnifiques illustrations, qui tourne un peu à vide, sans révolte, malgré un quotidien pour le moins laborieux. Une parfaite introduction à un récit qui n'aura malheureusement pas lieu.
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Moon River
Comme à son habitude depuis déjà plusieurs albums, Fabcaro nous propose ici un récit faussement sérieux, avec de grandes tirades absurdement ampoulées pour illustrer les dialogues les plus idiots possibles, avec un dessin là aussi faussement sérieux. L'histoire se veut ici noire, un polar sombre au coeur du tournage d'un western à Hollywood. Tout du moins, ça c'est la version officielle, parce que dans les faits le crime est absurde (quelqu'un a dessiné une bite sur la joue de l'actrice principale), on nous révèle le coupable sur les premières pages, et l'enquête n'a ni queue ni tête. Mais cet aspect chaotique est compréhensible, écrire une histoire si ambitieuse n'est pas de tout repos. Surtout quand l'auteur souffre d'une terrible hernie, menaçant ainsi de mettre fin à sa carrière à tout moment, qu'il faut aller chercher le foin chez la fermière acariâtre, et qu'il faut survivre face aux railleries de ses proches qui ne cessent de lui répéter que "quand-même, cette histoire de bite sur la joue, c'est un peu la honte". De toute façon, c'était ça ou "les aventures de Testicule la libellule", alors... C'est du Fabcaro classique, mais mené comme à son habitude avec talent. En tout cas je ne m'en lasse pas, j'éclate de rire à chaque relecture.
Les Papillons ne meurent pas de vieillesse
Fable écolo sur fond de surexploitation de la forêt amazonienne : les très belles planches de l'album nous emmènent à la chasse aux papillons. Matz est un auteur que l'on connaît bien et que l'on apprécie beaucoup (la série Le Tueur, c'est lui), mais on ne le connaissait pas collectionneur de papillons ! Entre deux polars, il s'est autorisé une petite parenthèse écolo avec Frédéric Bézian pour nous emmener à la chasse aux papillons en Amazonie : Les papillons ne meurent pas de vieillesse. Matz s'est même permis un petit clin d’œil à ses fans puisqu'il a baptisé son papillon impossible le Parides Ascanius Nolentus (son nom de ville est Alexis Nolent) ! Au fil de leur courte existence de quelques jours "les papillons, fragiles et vulnérables, ne meurent pas de vieillesse, mais de mort violente". Voilà bien une sympathique fable écolo sur fond de surexploitation de la forêt amazonienne : un roman d'aventures, un thriller politique qui met en scène les enjeux complexes de la région. Le dessin de Frédéric Bézian est une réussite avec un beau dégradé de gris que viennent illuminer de temps à autre seulement les parures colorées des papillons : un pari audacieux mais vraiment gagné. Le gris pointillé évoque les gravures scientifiques d'antan. Pour profiter des changements de rythme qu'autorise la BD (F. Bézian aime à dire qu'il ne fait pas du cinéma sur papier), l'album est émaillé de planches d'entomologie 'vintage' et même de quelques beaux haïkus comme celui-ci du poète japonais Arakida Mortake : « [...] Tombé de la branche Une fleur y est retournée : C'était un papillon. » L'album semble appeler une suite, d'autant qu'une douce complicité va se nouer entre la jeune Géraldine et le brésilien Candido ... ! On attend déjà avec impatience ! La réapparition d'espèces disparues de papillons n'est pas de la science-fiction. Il y a bien sûr quelques "lâchers" volontaires pour réintroduire certains insectes mais les entomologistes découvrent également des résurrections tout à fait naturelles comme par exemple celle de la Nonagrie soulignée dans nos marais atlantiques. Cela vient compenser un petit peu les trop nombreuses extinctions. Camille est un expert entomologiste et grand collectionneur de papillons. Il emploie au Brésil un chasseur local, Candido. Chez lui en France, il héberge sa jeune cousine, Géraldine qui l'aide à trier ses bestioles. Camille et Géraldine vont rejoindre Candido en Amazonie. Cette histoire aurait pu s'intituler l'histoire du "chasseur de papillons qui n'existent pas" ... puisque l'intrigue se noue en Amazonie lorsque l'on capture par hasard un papillon censé avoir disparu depuis de nombreuses années. « [...] - Quel est le problème ? - Le problème c'est que ce papillon est un Parides Ascanius Nolentus. Le problème c'est qu'il vivait dans les marais de Rio de Janeiro ... ! ... et si je dis "vivait", c'est qu'il a disparu depuis des années ... ! Regarde Candido, mon chasseur, travaille dans l'état du Roraima, au nord du Brésil, à des centaines, voire des milliers de kilomètres de Rio de Janeiro ! Tu comprends le problème, maintenant ? » Un doux rêveur (Camille) et sa jeune cousine (Géraldine) vont accompagner le chasseur de papillons (Candido) au cœur de la forêt vierge pour confirmer la découverte énigmatique. Jusque là tout va bien pour cette petite équipe qui joue les Tintin en Amazonie, mais on se doute qu'avec Matz au scénario, la balade des gentils écolos ne sera pas de tout repos. Ainsi Camille rédige un article pour le National Geographic et appelle à sanctuariser le secteur pour le protéger de la déforestation : évidemment les sociétés multinationales ne voient pas d'un très bon œil les projecteurs de l'écologie soudainement braqués sur une région où ils prospéraient jusqu'ici à l'abri des regards et nos héros devront également faire face à l'hostilité des paysans locaux qui exploitent ces terres pour l'orpaillage et le pâturage. Au détour d'une belle planche d'entomologiste (page 25), l'album nous apprendra que le mot papillon vient du grec psukhê qui signifie souffle, le souffle de la vie qui caresse ce qu'il touche et par extension âme puisque celle-ci s'envole dans notre dernier soupir.
Wally Doyle et le Passe-Mémoire
Cette série jeunesse m'a procuré une belle lecture à la fois classique et surprenante. Le schéma central est classique avec ce jeune Wally à la recherche du père et voulant resouder le noyau familial avec l'aide merveilleuse d'une renarde espiègle. Les auteurs proposent un univers qui équilibre le merveilleux, le fantastique et une comédie familiale. La surprise provient de ce troisième volet où le récit familial introduit des thématiques décalées: une fratrie de type Cain/Abel et un comportement maternel qui prend à rebours les stéréotypes usuels. C'est une volonté scénaristique qui ouvre la lecture à un lectorat plus adulte mais qui risque de désorienter des lecteur-ices plus jeunes. Toutefois le récit n'est jamais ennuyeux et présente des rebondissements qui entretiennent le rythme et l'intérêt de la lecture. Le final sous forme d'une morale sociale est bien dans l'esprit du récit. J'ai beaucoup apprécié le graphisme qui m'a fait penser à du Sfar jeunesse ( Héliotrope, le petit prince ou les Sardines). Comme je possède la nouvelle édition grand format et en couleur j'ai goûté les belles planches dans une mise en scène très dynamique. Comme il y a beaucoup de situations nocturnes la mise en couleur bleutée est très importante pour bien faire passer l'ambiance. De ce côté le travail réalisé est une vraie réussite qui apporte un excellent confort de lecture pour tous les âges.
Electric Miles
Depuis quelques années, J'ai pour habitude d'acheter la version noir et blanc, et la version couleur à chaque sortie d'un album signé Nury et Brüno. Avec cet album, je n'ai pas dérogé à cette habitude, aussi j'ai été surpris de découvrir une version n&b d'une grande qualité éditoriale : un grand format avec dos toilé. Le dessin de Brüno y prend toute son importance car, il faut le dire, son style inimitable et simple à la fois fait beaucoup dans le succès de ses albums signés avec Fabien Nury. Pourtant à la lecture de cet album, dans les deux versions, je dois dire que ma préférence va, pour une fois, vers la version courante, les couleurs de Laurence Croix, apportant au récit une touche des années 40 qui n'est pas pour me déplaire. Le duo d'auteurs n'ayant pas signé un one shot ici, cet album se présente comme une longue introduction qui oscille entre récit de Charles Burns et le réel avec l'histoire romancée de Ronald Hubbard, créateur de la scientologie. Car, je crois que cette histoire, dont nous ne connaissons pas encore le nombre de volumes qui la composera, s'achemine sans nul doute vers cette "découverte révolutionnaire" dont il est fait mention sur le quatrième de couverture. Mais cet album ne se limite pas à cela, l'auteur distille sa vision du monde éditorial de l'Amérique des années 40, dominé par le polar et la science fiction, comme le prouvent les couvertures des revues présentes dans le dossier en fin d'album. Même si le lecteur peut sembler rester sur sa faim, j'ai beaucoup aimé ce premier album, et j'ai hâte de découvrir la suite.
Adieu Eri
Adieu Eri est un one-shot marquant de Tatsuki Fujimoto, qui mêle habilement deuil, fiction et cinéma. À travers le regard de Yuta, un ado qui filme sa mère mourante puis rencontre Eri, le récit brouille volontairement la frontière entre réalité et mise en scène. Le découpage façon storyboard et la narration non linéaire rendent l’expérience unique. Poétique, étrange et émouvant, ce manga interroge le pouvoir des souvenirs et du récit. Note réelle : 3,5/5
Sa Majesté des Mouches
J'ai une relation particulière avec le premier roman de William Golding. Comme certains ici et comme l'autrice, je l'ai découvert en cours d'anglais, vers l'âge de 13 à 15 ans. Ce fut immédiatement un choc. Dans un récit d'une puissance, d'une fulgurance que j'ai rarement rencontrées depuis, l'auteur britannique a su saisir la substantifique moëlle de deux aspects de l'Homme : le délicat passage de l'enfance à l'adolescence, avec une autonomie renforcée mais parfois chaotique, et d'autre part la frontière fragile entre la civilisation et la barbarie. Un roman court, tétanisant, que j'ai dévoré à l'époque en VO, et relu dans la langue d'origine et en français depuis. Une histoire qui m'a hanté pendant une trentaine d'années, au point de vouloir moi-même l'adapter en bande dessinée. Mais les éventuels problèmes liés aux droits d'auteur (Golding étant mort en 1993) et peut-être une immaturité dans le projet l'ont bien vite fait capoter; Je referme là la parenthèse personnelle pour revenir à l'album d'Aimée de Jongh. Lorsque j'ai vu la sortie de cet album, j'ai eu un petit pincement au cœur, et n'ai pas hésité longtemps avant de l'acquérir (après l'avoir bien sûr feuilleté pour m'assurer qu'au moins mes yeux se régaleraient). J'ai mis un peu plus de temps avant de le lire, souhaitant bien sûr m'entourer des meilleurs conditions pour lire cet album que, quelque part, j'attendais impatiemment. Et le résultat ne m'a déçu. Sur le plan graphique tout d'abord. Il fallait un(e) artiste au style à la fois anguleux et au trait bien affirmé pour adapter cette histoire, qui s'adresse autant aux jeunes ados qu'aux adultes. Aimée de Jongh requiert en effet ces qualités, avec une mise en couleurs qui insiste sur les verts et les nuances de feu, des nuances qui ont toute leur importance dans le récit. J'ai beaucoup aimé également son traitement des moments-clés, tels l'acharnement des enfants sur Simon, la chute de Piggy, ou encore la découverte de la conque et les premiers échanges entre les enfants. J'ai beaucoup aimé ses choix de cadrages, sur les visages ou sur d'autres parties du corps, que ce soit pendant les scènes d'action ou plus contemplatives. Pour moi on n'est pas loin de l'adaptation que j'aurais aimé voir. Je recommande donc cette lecture à toute personne de plus de 12 ans si elle ne connaît pas le roman, car c'est pour moi, tout simplement, une excellente adaptation d'un roman majeur du XXème siècle.
Havana Split
Un régal de suivre cette bande de bras cassés aux trognes expressives et variées. Les planches aérées et dynamiques rendent la lecture fluide. J'avais parfois l'impression de lire du Tarantino : des personnages hauts en couleur, beaucoup d'action et une touche d'ultra-violence. Scénaristiquement, c'est pas mal mais il y a quelques facilités : notre groupe se retrouve souvent au mauvais endroit au mauvais moment et j'ai eu du mal à croire que John, José et Chiquita puissent travailler pour un tocard comme le père de Lily. Le cadre m'a rappelé celui des tomes 3 et 4 de West, qui évoquaient aussi les révolutions cubaines et leurs lots de magouilles américaines, mais à une époque antérieure. On nage encore plus dans la caricature amusante ici. Pour le moment, la partie historique évoquée en introduction est assez détachée de la trame principale. J'espère que la suite de l'histoire ne versera pas trop dans l'action. La scène dépeinte en couverture n'apparait pas dans l'album. Un peu d'anticipation ?
Slava
Je suis un peu déçu après la lecture du tome 2 de la série de P.H. Gomont. En ça je partage l'avis de Canarde. Le tome 1 est original, vif avec un scénario très fluide et souvent drôle. Le couple Slava-Lavrine fonctionne à merveille et l'empathie est immédiate pour Nina et sa bande de mineurs menée par un papa gorille. Gomont réussit à créer une atmosphère de western dans un état sans foi ni loi sauf celle du plus fort. Le graphisme de type humoristique donne un ton léger qui amène de la dérision à une réalité conduite par des escrocs ou des mafieux. Si le trait est quelque peu minimaliste Gomont sait proposer de très beaux décors extérieurs au moment où il le faut. Malheureusement j'ai trouvé le tome 2 bien en dessous. Le couple Lavrine/Slava est disloqué et Slava devient même insignifiant à courir après Nina pour tirer son coup. Sans Lavrine ce tome est une coquille vide où Nina comble les faiblesses d'un scénario devenu très convenu en se déshabillant de plus en plus souvent. C'est agréable comme visuel mais cela vide Slava de sa consistance. La voix off devient envahissante sans qu'on sache qui parle du narrateur ou de l'auteur. Enfin le personnage de Nina devient très trouble avec ce passage à la délation voire à la complicité d'assassinat sans aucun remords. Pour finir je trouve l'image que propose l'auteur des Russes caricaturale et très discutable. Je lirai le tome 3 pour voir où veut nous mener Gomont mais je reste dubitatif pour le moment. J'ai lu le tome 3 plusieurs fois avant d'infléchir mon avis car mes doutes n'étaient pas justifiés. J'ai décidé d'augmenter ma note de une étoile après la relecture de l'excellent tome 3 de la série. Après un tome 2 que j'avais trouvé en demi teinte, Gomont nous entraine dans un récit qui allie intensité dramatique, nostalgie sociale et réflexion intime sur le vécu de l'artiste et sa prise réelle sur la réalité des événements. Si Volodia, Lavrine et Nina restent premiers dans les deux premières thématiques, Gomont donne une véritable profondeur au personnage de Slava qui se révèle ainsi pleinement. Ce final dramatique et inattendu est la pierre d'angle qui consolide l'ensemble de la série lui donnant une valeur épique sur le sens de l'histoire sociale et sa relation avec les artistes. Je suppose que Gomont met beaucoup de lui même dans le personnage de Slava et de son impuissance à modifier le cours des choses avec son simple pinceau. Ce développement m'a ému ce qui est déjà la preuve que l'artiste n'a pas failli.
Les Nuits de Saturne
J'ai dévoré avec avidité cette adaptation d'un roman noir de Marcus Malte. Je ne connais pas l'œuvre d'origine mais Gomont lui fait honneur de brillante façon. J'ai été happé dès les premières planches par cette ambiance glauque que le graphisme de l'auteur retranscrit à merveille. Il y a beaucoup d'inventivité dans la poursuite de ces deux récits en parallèle des couples Clovis/ Nathalie et Clovis/Cesaria. Les sauts temporels soulignés par une très légère différence de couleurs sont introduits de manière si ingénieuse que la fluidité du récit reste parfaite. Gomont s'arrange à créer un équilibre qui fait monter l'intensité dramatique de façon similaire dans chacune des deux histoires. J'ai donc autant été passionné par l'histoire Brigade Rouge que par le road trip avec Césaria. Si Clovis est un personnage classique et attachant même dans ses actions troubles, j'ai beaucoup aimé l'opposition des personnages Nathalie/Césaria. Ces deux personnages s'inscrivent parfaitement dans les époques décrites, les années de plomb puis les années SIDA. Au milieu de ces ambiances mortifères il y a ces deux histoires d'amours improbables et inabouties car secondaires pour un Clovis aveugle. Le graphisme de Gomont est entièrement synchrone avec l'esprit du roman. Les expressions sont très bien travaillées avec un Clovis taiseux, une Nathalie fofolle et une Césaria profonde. Le final m'a bouleversé pour conclure une lecture qui m'a séduit de bout en bout. Un top pour ce genre.
Azur Asphalte
Azur asphalte est une tranche de vie un peu particulière. Les illustrations à l'aquarelle sont la vraie réussite de ce roman graphique, que l'auteur a eu la bonne idée de ne pas cloisonner dans des cases un peu trop strictement refermées. Elles donnent un sacré souffle, du détachement aussi car invitant à les lire tels des tableaux, ce que l'aspect quasi documentaire de l'intrigue accentuera. Ce dernier point va constituer la petite réserve pointant malheureusement à mi-chemin. L'intrigue est parfaitement plantée, très ancrée dans un quotidien laborieux (celui de deux sœurs, des trentenaires prolos joignant péniblement les deux bouts financièrement, dans la belle ville de Nice), mais trop soucieuse de décrire un quotidien banal, de s'inscrire pleinement dans la chronique sociale, d'atteindre la justesse et la plus parfaite crédibilité, elle avance sans véritable enjeu ni moteur de l'intrigue. Il faut accepter ce postulat et dès lors vivre les situations présentées et les goûter simplement, apprécier ici l'humour des dialogues populaires et de quelques situations, être touché là par la mélancolie et de la tendresse à l'égard de ces vies simples ne se concevant que dans le combat pour une modeste dignité, et il est vrai, regretter que l'auteur ait délibérément refuser de s'aventurer sur le terrain social ou politique, à moins que cela ne soit justement son discours, que je ne partage pas, de n'envisager le social que sous l'angle purement individuel et d'ignorer la politique : le "struggle for life" des personnages est tristement égoïste dans sa relation au travail, le collectif ne se conçoit que dans le cadre familial ou des relations amicales/amoureuses, et les joies simples sont bassement mercantiles, assujetties aux acteurs majeurs de l'économie et de l'industrie culturelle. Une très belle chronique sociale, aux magnifiques illustrations, qui tourne un peu à vide, sans révolte, malgré un quotidien pour le moins laborieux. Une parfaite introduction à un récit qui n'aura malheureusement pas lieu.