Les derniers avis (288 avis)

Couverture de la série Seuls sont les indomptés
Seuls sont les indomptés

Bon, j'arrive après la bataille. Les cinq avis précédents oscillent entre 3/5 et 4/5. Je les ai lus, et j'ai compris ce que tous ont "aimé" et "pas aimé" dans cette BD. Alors oui le film avec Kirk Douglas, oui le livre d'Edward Abbey, oui tout ça. On a vu le film (un grand souvenir d'enfance pour moi), lu le livre (pas mon préféré d'Abbey, mais quand même), et, forcément, quand on a vu la couverture de la BD chez son libraire préféré, ben on s'est dit "banco". Résultat : je le dis en toute franchise, et c'est une première pour moi : voilà l'un des rarissime cas où la BD est supérieure au livre. Rien de moins. Et pourtant, j'adore Abbey, ses clefs à mollette, ses déserts perdus, ses héros fatigués du monde… Mais là, Max de Radiguès et Hugo Piette livrent non pas une adaptation, mais une réécriture de la trame du roman. Une version surexposée (merci les couleurs), aiguisée jusqu'au fil, une réduction au sens culinaire du mot : on chauffe, on chauffe, on élimine la flotte et le superflu pour garder le suc, l'ampleur de l'histoire, l'odeur du sable et des cailloux, le rat-rat-rat des pales d'hélico, le refus de la jument Whisky face à chaque obstacle. Bon sang, c'est virtuose… Alors oui, c'est pas Usual Suspect et la fin ne cueille pas le spectateur. Mais faudrait pas oublier que c'est le second roman d'Abbey, écrit à 29 ans. Oui, encore, il ne s'était pas foulé pour le titre. Se contentant d'un "The brave cowboy" qui ne risquait pas d'attiser la curiosité des lecteurs un peu exigeants. Mais cette version là, cette BD solaire et crépusculaire à la fois, moi je la veux sur mon étagère. Et je l'offre aux amis à qui je suis sûr de faire plaisir.

18/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Nuits de Saturne
Les Nuits de Saturne

J'ai dévoré avec avidité cette adaptation d'un roman noir de Marcus Malte. Je ne connais pas l'œuvre d'origine mais Gomont lui fait honneur de brillante façon. J'ai été happé dès les premières planches par cette ambiance glauque que le graphisme de l'auteur retranscrit à merveille. Il y a beaucoup d'inventivité dans la poursuite de ces deux récits en parallèle des couples Clovis/ Nathalie et Clovis/Cesaria. Les sauts temporels soulignés par une très légère différence de couleurs sont introduits de manière si ingénieuse que la fluidité du récit reste parfaite. Gomont s'arrange à créer un équilibre qui fait monter l'intensité dramatique de façon similaire dans chacune des deux histoires. J'ai donc autant été passionné par l'histoire Brigade Rouge que par le road trip avec Césaria. Si Clovis est un personnage classique et attachant même dans ses actions troubles, j'ai beaucoup aimé l'opposition des personnages Nathalie/Césaria. Ces deux personnages s'inscrivent parfaitement dans les époques décrites, les années de plomb puis les années SIDA. Au milieu de ces ambiances mortifères il y a ces deux histoires d'amours improbables et inabouties car secondaires pour un Clovis aveugle. Le graphisme de Gomont est entièrement synchrone avec l'esprit du roman. Les expressions sont très bien travaillées avec un Clovis taiseux, une Nathalie fofolle et une Césaria profonde. Le final m'a bouleversé pour conclure une lecture qui m'a séduit de bout en bout. Un top pour ce genre.

12/04/2025 (modifier)
Par Andecavii
Note: 4/5
Couverture de la série Fauve - L'Exorciste du Louvre
Fauve - L'Exorciste du Louvre

Fauve Navarre est exorciste pour le musée du Louvre. Elle utilise sa capacité à communiquer avec les œuvres d'art pour aider ces dernières a maîtriser leurs émotions, causées par leur auteur ou les visiteurs. Chapitre après chapitre, elle règle les problèmes qui se présentent à elle, et nous (re)fait découvrir l'histoire derrière une création. Sous couvert de fantastique, Paula Andrade nous donne un petit cours d'histoire de l'art et nous permet de mieux connaître les œuvres "classiques", en nous racontant pourquoi ou comment elles ont été créées. L'exorciste calme les tableaux ou sculptures, et avec des anecdotes nous explique pourquoi ils génèrent de si grandes émotions. Chaque "problème" à traiter est court, réglé en 1 ou 2 chapitres, et c'est à nous ensuite d'approfondir si on le souhaite avec d'autres lectures, ou tout simplement, une visite au musée ! Cela peut être frustrant, mais on évite aussi un trop-plein d'informations qui pourrait nous sortir de la lecture plaisir, et cette manière de faire rend le manga plus accessible aux petits lecteurs. (je me tâte d'ailleurs à le proposer pour un prix des lecteurs lycéens) Les personnages ont des personnalités bien marquées (fantasque, blasé, sauvage, et tous passionnés par l'art), et les touches d'humour allègent le ton. En espérant que l'autrice n'en abusera pas à l'avenir, pour garder l'histoire centrée sur les œuvres plus que sur la vie des personnages. Un début de série qui donne envie d'en lire plus !

04/04/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série La Trilogie Nikopol
La Trilogie Nikopol

Je viens de relire cette série m'ayant marqué il y a plus de 25 ans, comme tout lecteur je pense (en bien ou en mal). Un dessin unique, un univers immersif (je ne connaissais pas encore la bande de Métal Hurlant), tant de codes de BD brisés... Wow! Et pourtant, plus j'avançais dans les albums et moins j'y comprenais. En effet, j'avais lu les 3 albums d'une traite, une oeuvre s'étalant sur 10 ans et reflétant l'évolution de l'auteur qui passe de dessinateur BD pur à celui d'artiste complet, à la manière de Giraud devenu Moebius. Du tome 1 purement SF et dystopique, on passe à un tome 2 plus romancé et un tome 3 onirique. Point de vue graphique, un découpage en gaufrier fait place à des cases de plus en plus grandes, les planches devenant des tableaux, les coups de fusain se faisant de plus en plus voyants. Même en lisant les albums l'un après l'autre, l'oeuvre demande une acceptation à suivre Bilal qui tantôt nous tient par la main et tantôt nous abandonne dans sa forêt mentale, remplie de névroses de toutes sortes. C'est fou de voir que ces 3 albums laissent voir ce que Bilal avait fait avant (par exemple Mémoires d'outre-espace) ou fera ensuite (Bug me vient de suite à l'esprit), un artiste toujours en doute de lui et de notre monde. L'oeuvre est dépressive mais offre de beaux moments de répits comiques ou d'action. Comment prendre au sérieux ces Dieux égyptiens en quête de carburant pour leur pyramide ? Pourtant gare à Horus narguant ses pairs comme nous autres simples mortels insignifiants (pourtant, à bien y regarder, qui souhaiterait vivre dans leur Olympe dépeuplé, condamné à des séances de sauna éternelles ?). Vraiment une oeuvre marquante que j'aurai noté différemment suivant la date de lecture ou la découverte tome par tome. Dans tous les cas, une série qui mérite une belle place dans l'histoire de la BD.

26/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Dans un rayon de soleil
Dans un rayon de soleil

J'avais beaucoup aimé Sur la route de West de la même autrice et j'ai donc décidé de m'essayer à ses autres créations, en commençant par cet album. Bon, je vais rentrer dans le vif du sujet : j'ai adoré ! Tellement de choses à dire, si peu de mots pour les décrire. Je rejoins ce que dit Gruizzli : comment bien résumer cette histoire sans perdre les personnes ne connaissant pas ou n'ayant jamais lu de récit de ce genre ? Bon, on va essayer quand-même ! C'est un space opera, mêlant ici science fiction et fantaisie. C'est de la science fiction délirante : on joue à des sports qui nous paraissent étranges, la population humanoïde semble être peuplée uniquement par des personnes AFAB, les recoins de l'univers ont des noms cocasses, les vaisseaux ont des formes de cétacés, les planètes sont étranges et magnifiques, ... L'histoire est une quête personnelle, la quête presque insensée d'une personne entrainant et déclenchant une remise en question et une évolution dans la vie de tous-tes les autres membres de son équipage. L'histoire parle de sentiments, d'amour, de regrets, de conséquences, d'aller de l'avant. Toute cette esthétique spatiale est parfaite pour appuyer le sentiment de perdition des personnages. Iels sont perdu-e-s, errent, fuient en avant, mais se cherchent aussi et cherchent à changer leur vie, à être heureux-ses. L'histoire est sincèrement touchante. Le récit est construit sur plusieurs temporalités, on revient souvent sur des évènements passés dans des sortes de flashbacks afin de mieux comprendre comment tel-le ou tel-le personne est arrivé-e là où iel est. La mise en scène joue habilement avec ces moments, ne nous révélant bien évidemment certaines informations passées qu'au moment le plus efficace, le plus marquant, et jouant même à quelques petits moments sur des superpositions temporelles. C'est prenant, rythmé et fluide de bout en bout. Je ne peux que vous conseiller la lecture (ne vous laissez pas décourager par la taille de l'album). Personnellement, j'ai eu un énorme coup de cœur, et je m'en veux sincèrement de ne pas oser vous en raconter davantage, mais je pense que l'album gagne à être découvert à l'aveugle. Une histoire touchante, un dessin et un jeu des couleurs magnifiques, quelques larmes versées, la recette pour un bon coup de cœur. Seul bémol à mes yeux : l'œuvre contient un personnage non-binaire (personnage très sympathique d'ailleurs), mais la traduction française n'arrête pas d'employer le pronom "iel" entre guillemets. Alors, quand il s'agit d'appuyer ou de citer ce mot je peux comprendre, mais à chaque utilisation j'ai vraiment trouvé ça bizarre. En fait, pour une (excellente) scène où un personnage tient un très beau discours sur le respect d'autrui et la nécessité de respecter ce qui est important à autrui et non pas qu'à nous-même, c'est quand-même con que le personnage emploi plusieurs fois le mot "iel" entre guillemets, ostracisant par là-même Ellie qu'elle essayait pourtant de défendre. Un pronom c'est juste fait pour remplacer un nom, donc là ça reviendrait à ne prononcer le nom que d'une seule personne entre guillemets, ce qui à l'oral se traduirait par un insistance sur ledit nom. Avouez que ça donnerait l'impression d'ostraciser voire de ridiculiser le nom de la personne, non ? Bon, c'est toujours mieux que les nombreuses VF sur lesquelles je suis tombée et où les pronoms neutres et les personnages non-binaires étaient tout bonnement effacés du scénario. On progresse petit à petit, je suppose... L'album m'a tellement touché que je passe outre le défaut de la VF pour ma note. Cinq étoiles, je n'ai pas honte de les lui donner, il les vaut.

18/03/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
Couverture de la série Le Chanteur perdu
Le Chanteur perdu

Décidément, Didier Tronchet ne cesse de m'étonner. Le virage plus personnel entrepris avec sa BD Là-bas est tout à fait singulier. Adolescent, je n'ai jamais trop accroché avec son univers. Sans doute étais-je trop jeune, et son humour trop mature pour moi alors. C'est grace aux chroniqueurs précédents que je me suis lancé dans cette lecture, occasion de redire combien BDthèque est quand même très très bien... Le chanteur perdu m'a séduit pour plusieurs raison. D'abord parce qu'elle ravive la mémoire oubliée d'un jeune prodige de la chanson qui m'était totalement inconnu. Longtemps, j'ai boudé la chanson française qui pour moi représentait le monde d'avant, le monde de mes parents. Depuis, j'ai eu l'occasion de réparer mon erreur, notamment en découvrant le répertoire d'un certain Pierre Perret, auteur de grand talent dont les chansons splendides parviennent à me tirer les larmes (écouter sa chanson Ma femme pour s'en convaincre). Et c'est là une autre raison de mon enthousiasme pour Le chanteur perdu : on apprend que c'est le même Pierre Perret qui a produit à l'époque le seul et unique disque du fameuse chanteur qui s'appelle en réalité Jean-Claude Rémy. Bien entendu, il y a d'autres motifs de satisfaction. Cette histoire vraie est très touchante, également très bien racontée. Tronchet y maintient tout le long un certain suspens non sans se départir d'une certaine autodérision. Ce récit personnel prend la forme d'une enquête haletante à l'échelle de l'intime, et plus arrive la fin, plus on doute avec l'auteur. On sent une réelle montée en tension. C'est superbe. Je terminerai en conseillant à tout le monde d'aller regarder sur Youtube la vidéo de Didier Tronchet et Jean-Claude Rémy chantant ensemble sur la petite île du bout du monde évoquée dans la BD. J'en suis encore tout retourné !

15/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Serpent majuscule
Le Serpent majuscule

Adaptation très réussie du roman de Pierre Lemaitre : un polar amoral à l'humour pince sans rire, noir et délicieusement rétro. En 2021, Pierre Lemaitre et son éditeur (Albin Michel) avaient eu la bonne idée de ressortir un fond de tiroir pour profiter de la renommée grandissante de l'auteur. C'était un thriller immoral et délicieusement divertissant, empreint d'un humour noir et pince-sans-rire, qui nous replongeait dans les années 80, à l'époque où l'on sillonnait les routes en Renault 5 (et pas le nouveau modèle électrique, hein !). Pierre Lemaitre, Dominique Monféry et les éditions Rue de Sèvres nous remettent ça et adaptent Le serpent majuscule en bande dessinée. Lemaitre n'en est bien sûr pas à son coup d'essai : il a déjà adapté plusieurs de ses romans en BD (Au revoir là-haut, la série Brigade Verhoeven, ...). Quant à Dominique Monféry il est connu dans le monde du dessin animé. C'est une BD avec une héroïne mais messieurs voyons, calmez-vous, ce n'est pas du côté de Superwoman que ça se passe, plutôt du côté de Carmen Cru : l'héroïne en question est une vieille dame très âgée, prénommée Mathilde. Accessoirement, Mathilde Perrin est aussi tueuse à gages, oui, oui. Ludo, son chien, est un dalmatien, facile à reconnaître car c'est lui qui fait la couverture du bouquin comme de la BD et que "généralement, les grands chiens blancs avec des tâches noires, c'est pas des saint-bernards". Le flic c'est René, un vieux garçon plus ou moins amoureux de la dame de compagnie de son vieux père. Et puis il y a Henri, le commanditaire de Mathilde, ils se sont connus pendant la guerre, dans la Résistance où la jeune et belle Mathilde s'était déjà forgé une solide réputation (savoureux flash back !) ! Jusque là tout allait bien et Mathilde enchaînait les petits boulots ou les missions, avec efficacité. Elle était réputée pour fournir des "prestations parfaites", elle était même "insoupçonnable, un agent exceptionnel". Elle trouvait même que "c'est agréable comme métier, mais qu'est-ce que c'est salissant". Mais avec l'âge, tout n'est peut-être plus aussi net, la vue baisse, on a vite fait de confondre un bout de papier avec un autre. Et puis Mathilde se lâche un peu avec son gros revolver, ça ne se fait pas de tirer dans les ... Au point d'éveiller l'intérêt des flics : "l'étonnant c'est cette balle de gros calibre dans les ... c'est pas fréquent". Ça fait un peu mafia non ? "Les ritals, ils tirent dans les burnes ! Sont très connus pour ça !", en tout cas c'est l'avis du commissaire, le patron pas très futé de René. [...] - Cette femme je ne la sens pas. - Franchement, René ... Vous voyez une bonne femme de 60 ans armée d'un 'desert eagle' dézinguer trois personnes en une semaine ? - Il faut bien que quelqu'un l'ait fait ... - Un ancien légionnaire, faites-moi confiance ! Quelques bonnes raisons d'ouvrir cet album ? Ah bien sûr le plaisir de se replonger dans cette histoire savoureuse de Pierre Lemaitre ! Le roman sans prétention [clic] était une simple histoire de tueur à gage, mais bien montée et bien racontée, où l'on passait un bon moment. Avec l'auteur lui-même aux commandes de l'adaptation, il est naturel que le plaisir soit de nouveau au rendez-vous de cette histoire immorale où les cadavres s'accumulent rapidement. Mais une histoire plus subtile qu'il n'y parait et qui s'adapte parfaitement au format BD. Et puis, bonne surprise, les dessins et couleurs de Dominique Monféry sont superbes. Des visages très expressifs, un style pastel ou aquarelle et des tons sépias qui rappellent les années passées, les années 80. Ce n'est pas une simple réinterprétation marketing de Lemaitre, c'est véritablement un bel album. Un polar noir (et jaune), une version "3ème âge" de la série Le Tueur de Matz et Jacamon.

05/03/2025 (modifier)
Couverture de la série La Terre verte
La Terre verte

Rencontre aux sommets entre deux éminents artistes du Neuvième art, Alain Ayroles génial scénariste qui accumule les succès critiques et publics (Garulfo, De Cape et de Crocs, etc...) et Hervé Tanquerelle dessinateur classique aux style et traits facilement identifiables, le monsieur possède d'ailleurs lui aussi une bibliographie bien fournie et jalonnée de multiples pépites (Racontars Arctiques, Le Dernier Atlas). Tout comme pour Les Indes fourbes, avec la formation d'un tel duo, les auteurs se savent attendus, le récit est ambitieux et s'étale sur plus de 250 pages. A trop vouloir en faire, en mettre, va-t-on sombrer dans la grandiloquence et le pompeux ? Alors, quid du résultat ? Eh bien, autant le dire d'entrée, et vous l'aurez vu à ma note plus haut, l'éléphant a accouché d'une ......baleine…..Et à bosse* qui plus est ! (*clin d'oeil au personnage principal!) Véritable pièce de théâtre déclinée en Bande Dessinée, "Shakespearienne" dans l'âme, cette tragédie haletante et sans fausses notes comble les attentes et rempli les attendus d'un tel exercice. Proposant donc une structure théâtrale, un découpage en cinq actes et multiples scènes, le séquençage qui en découle est de ce fait ultra rythmé et sans réel temps mort, on lit (avale) le livre avec gourmandise. D'autres codes sont empruntés avec réussite tel l’aparté quand le personnage principal Richard s’adresse directement aux lecteurs. Cette grande fresque nous conte l'histoire d'un personnage comme je les aime : Ambigus, retors, antipathique mais également parfois touchant et attachant, particulièrement révélé à travers ses multiples faiblesses dont la principale et plus évidente, son handicap physique. En parfait contrepoint d'un personnage aussi complexe et charismatique, le récit, d'une grande richesse, fourmille de formidables personnages secondaires très travaillés et tout aussi intéressants et subtils. L'écriture d'Ayroles, aussi bien dans le descriptif que dans les dialogues est de concert avec l'ambition et le propos, finement ciselé, parfaite. Le verbe, tout en équilibre et justesse, sonne fort et beau. Le scénario et l'écriture qui va avec à eux seuls auraient suffît à en faire une très grande BD mais ils sont soutenus par un dessin très détaillé, sublime et admirable tout au long des 250 pages sans signe d'essoufflement qui la transforme derechef en immense BD. Le trait de Tanquerelle est je trouve d'ailleurs, tout en gardant sa griffe, plus grand public que précédemment, me rappelant par moment Matthieu Bonhomme. Même pas besoin de mentionner que c'est un gigantesque coup de coeur. Ce sera difficile de faire mieux en 2025, la barre est placée très (trop!) haut. Lu dans sa version Noir Et Blanc, hâtez vous de vous la procurer s'il en reste en magasin, sinon, faites comme moi et ruez vous sur la version couleur disponible début Avril (Du peu entrevue des pages disponibles sur le net, le travail de colorisation semble remarquable !). Paul le Poulpe voit l'avenir, vous ne le regretterez pas (et paf, le prochain posteur mettra une étoile !). A peine sortie et déjà UN CLASSIQUE.

27/02/2025 (modifier)
Par Brodeck
Note: 4/5
Couverture de la série Sphères
Sphères

Je viens de refermer l'album et je me suis régalé. C'est certainement classique dans le genre, " On a déjà vu ça mille fois " diront sans doute des lecteurs ès science-fiction, mais que c'est bien fait ! Le dessin, très détaillé, est superbe (le souci de l'esthétisme et celui de la vraisemblance sont visibles jusque dans les tenues des personnages), on en prend plein les yeux : appartements futuristes, ruelles à l'atmosphère palpable, paysages immenses et personnages bien typés, charismatiques (je vous conseille de prendre connaissance du trombinoscope avant de vous lancer). A cela s'ajoutent de bons dialogues dans l'ensemble, des vaisseaux crédibles et qui ont de l'allure, alors attachez votre ceinture et c'est parti, dépaysement garanti ! Plusieurs quêtes se mêlent, on passe d'un lieu à l'autre, mais l'ensemble demeure fluide et prenant et on apprécie l'intrigue bien ficelée. C'est pour l'instant un très bon tome d'introduction, l'histoire avance doucement, mais les personnages et les enjeux sont exposés clairement. Alors oui, il y a peut-être un passage notamment qui sent la testostérone, mais je ne me suis pas ennuyé une seconde. Hâte de découvrir le prochain tome !

22/02/2025 (modifier)
Couverture de la série La Route
La Route

Autant le dire dès le début mais si vous cherchez une BD pour vous distraire et vous remonter le moral, passez directement votre chemin. Cette œuvre est froide, âpre, dure et sans espoir. Cette nouvelle adaptation d'un roman par Larcenet est une nouvelle fois une réussite, après l'excellent Le Rapport de Brodeck qui m'avait également emballé (peut-être un poil plus d'ailleurs). Pourtant, au contraire de cette dernière œuvre, il semblait beaucoup plus difficile d'adapter le livre de Mc Carthy tant les émotions passent essentiellement par les silences entre un père et son fils et les descriptions de ce monde désolé. Cette BD est d'autant plus réussie que Larcenet arrive à s'approprier l'ouvrage initial tout en restant fidèle à l'histoire. A cet effet, la fin très ouverte qui rejoint à quelques détails près celle du film, reste pour moi la meilleure manière de finir cette histoire. Ainsi, Larcenet arrive de très belle manière, par le dessin essentiellement, à transcrire cette amour entre un père et son fils dans un monde post-apocalyptique et déshumanisé ne laissant plus beaucoup de place à l'espoir. Les "alors d'accord" concluant chaque réponse du père aux questions parfois naïves mais toujours touchantes de son fils agissent comme autant de pincements au cœur du lecteur. Le sujet du suicide est également traité amenant chacun à se questionner sur ce qu'il ferait à pareille place. Mais c'est bien par le dessin que cette œuvre de Larcenet mérite à mon sens la note ultime. Tout comme dans "Le rapport Bordeck", le trait est fin et soigné et le monde fourmille de détails. Les corps sont décharnés et les visages presque morts. Les teintes de gris nuancées parfois de rouge, de jaune, de mauve et d'ocre sont vraiment du plus bel effet et transcrivent de très belle manière le côté poussiéreux de cette Terre dévorée par les flammes et suffoquant de ses cendres. Une œuvre magnifique qui a su me toucher. Le cœur me dit donc de réhausser ma note à 5/5. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 9/10 NOTE GLOBALE : 17,5/20

10/02/2025 (modifier)