J'ai connu cet ouvrage par le biais des Bulles de Sang d'encre où RIP était finaliste en 2019. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre que le duo Gaet's/Julien Monier allait remporter ce titre haut la main. Mesdames et messieurs, nous avons ici à faire à un chef d'œuvre.
Tout d'abord, l'originalité du scénario avec Derrick (pour le T1) et ses collègues qui composent une équipe chargée de nettoyer les logements des personnes mortes sans héritiers. Un thème glauque et d'une noirceur sans nom qui accompagne un scénario passionnant avec une fin qui vous laisse sans voix (pour le T1).
Ensuite, la construction des six volumes, où chaque tome reprend la même histoire avec un angle différent selon la narrateur choisi, est divinement orchestré.
Pour terminer, le style d'écriture avec des dialogues courts mais salement géniaux, des dessins aux couleurs particulièrement maîtrisées qui vous plongent aisément dans l'univers de la mort et de ses odeurs répugnantes, font de RIP mon coup de cœur de ces dernières années.
En d'autres termes, en attendant le numéro 6, foncez acheter ces œuvres!!!
Wash ! Il est trop fort ce Jérémie Moreau ! Ça fait mine de rien des années qu'il enquille les chefs d'œuvre. C'est comme avec le gars Gomont, sauf qu'au lieu de travailler un style, Jérémie explore. Il est en mouvement permanent. Il le prouve une fois encore avec Les Pizzlys qui se trouve en même temps être sa meilleure Œuvre à ce jour. Punaise ! Que de bonnes choses parues cette année ! Que de "meilleures BD" ! Rochette a sorti cette année sa meilleure, tout comme Inker...
Les Pizzlys est une œuvre en lien avec l'ambiance de fin de monde que nous connaissons actuellement. A travers les personnes d’Étienne et Zoé, frère et sœur tous deux incapables de lâcher leur téléphone portable, Moreau parle de notre civilisation qui s'oublie dans le numérique dont l'industrie est à ce jour le plus gros émetteur de CO2. Le propos est tragique, on-ne-peut-plus réaliste. Ça glace les sangs. Néanmoins, Moreau capte un truc, comme une possibilité, un espoir, une étincelle. On n'évitera rien, mais on peut s'y préparer, et préparer l'après qui est déjà là, en fait.
Côté dessins, Moreau reprend grosso modo ce qui avait conféré tant de poésie au Discours de la panthère, son œuvre précédente, à savoir des couleurs très psychédéliques mais avec lesquelles il drape ici un scénario qui monte lentement vers une acmé paroxystique où la réalité des choses se confronte à une sagesse extrêmement mature. On sent des choses qui étaient en germe sur Penss et les plis du Monde mais que, sans doute, la maturité aidant, il est parvenu à déployer dans une histoire très accrocheuse qu'il fait fleurir avec la puissance du printemps. Je ne sais pas pourquoi j'ai écrit ça ; ça m'est venu tout seul. C'est ce que je ressens. Zou !
Une bd qui divise.
Après une première lecture en début d'année, le temps de la digestion, je viens de terminer ma deuxième lecture. Elle était nécessaire pour capter ce qui m'avait échappé en janvier. D'ailleurs, une troisième lecture ne sera pas de trop, ce comics est une bouteille de "paic citron", on croit qu'il n'y a plus rien à en tirer, mais non il reste toujours quelques gouttes au fond de l'écrin.
Comment résumer ce comics ? Ben juste avec son titre : "Cages". Tout est dit !
Ce pavé va essayer d'ouvrir toutes les cages qui enferment les artistes. Pas celles avec des barreaux, mais celles qui les emprisonnent dans la création à travers Dieu, la mort et l'amour.
Ce qui divise, c'est la capacité à trouver les clefs pour en ouvrir les serrures. Mais le jeu en vaut la chandelle et derrière ces portes, il souffle un vent de liberté, mais chacun pourra en faire son interprétation.
Une narration déconcertante, mystique avec pour fil conducteur un chat noir, il ne faut pas forcément y voir l'animal de mauvais augure qui a accompagné les sorcières, mais plutôt l'emblème de fécondité (artistique) qu'il fût en Égypte.
Bref, rien ne vas vous tomber tout cuit dans le bec, il faudra gratter derrière le texte et l'image pour pouvoir picorer les "trésors" qui s'y cachent.
Cages est aussi une aventure graphique, Dave McKean mélange toujours des styles très différents, mais avec talent.
Merveilleux et envoûtant.
Une expérience extraordinaire !
A vous de voir ....
(Coucou, ça va spoiler un peu / beaucoup.. vous êtes prévenus).
Alors tout d'abord, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de laisser quelques mots ici après avoir fini la lecture il n'y a que 24h.
Pour rentrer directement dans le vif du sujet, ce C&S est la quintessence de SF que j'aime.
Alors oui, Bablet emprunte des routes scénaristiques connues, mais de mon côté j'étais persuadé que l'un des 2 protagonistes allait e rebeller de manière plus agressive vis à vis du système et des hommes.
Ici Bablet est sur un autre créneau, celui de la préservation et du respect des droits. On y retrouve d'ailleurs quelques clins d'œil à certaines situations que l'on pourrait qualifier de "woke" en 2022.
J'ai trouvé ces cent premières pages parfaites. La relation avec la scientifique, le fait qu'elle même se coupe de son monde (celui des humains, avec ce mari qui à juste titre sent la dérive de sa femme) au profit de son "œuvre" jusqu'à sa mort exclusivement corporelle était pour moi une étape tellement forte que je me suis demandé ce qu'allait pouvoir nous proposer la BD ensuite. Je me suis senti un peu comme dans ces rares séries qui arrivent à m'emporter d'épisodes en épisodes sans forcément tout mettre dans les 90 dernières secondes. Alors oui cet "après" pourra paraitre long à chacun... mais cela a pour but de renforcer la connexion entre les 2 protagonistes. Là encore Bablet m'a agréablement surpris à ne pas tomber dans la facilité du déjà-fait / déja-vu et à faire des bonds temporels exponentiels. L'œuvre est condensée en 250 ans (soit 17/18 vies de chat ;)) et cela rend encore plus impactantes les "évolutions" humaines et leurs interconnexions avec les machines, jusqu'à ne faire plus qu'un.
J'ai retrouvé un souffle d'Asimov mais aussi de K. Dick et de son adaptation la plus connue dans ces pages, les thèmes de la durée de vie et donc de la survie lorsque l'on a la "connaissance" de l'amour, mais aussi de la vision complexe du progrès et de la déliquescence technologique des corps mais également des esprits.
Chose assez rare me concernant, j'ai noté bon nombre de phrases que j'ai réellement trouvées magnifiques, sans tomber dans le pathos ou la leçon de morale.
Je finirai cet avis décousu sur les dessins. J'ai vu quelques avis négatifs sur ce point et je les comprends. Le parti pris ici n'est pas de faire une nouvelle œuvre de SF-sombre. Bablet utilise parfaitement toute la palette graphique (certaines utilisations des couleurs m'ont fait penser au traitement de Villeneuve dans Blade Runner 2) mise à disposition. Ce n'est certes pas mon trait de crayon de prédilection, mais le principal (les expressions, les volumes, les modifications, les ambiances...) est présent.
Pour finir, clairement Bablet a réalisé une œuvre qui restera en haute place dans ma bédéthèque, et que je reprendrais plaisir à lire sous un olivier (ah non zut, on en a pas beaucoup en Picardie).
J'ai découvert cette BD grâce au commentaire posté par gruizzli qui était à ce jour l'unique avis posté. Fait surprenant au vu des nombreux échos que j'ai pu entendre ici et là sur Moon Deer...
Je me rappelle avoir été interpelé par cette première de couverture mettant en scène un petit être au regard dubitatif porté vers le ciel.
Le texte est quasiment absent de cette BD et les rares interventions sont d'une grande pertinence. En effet, certains dialogues prennent tout leur sens une fois l'histoire terminée ! J'ai plusieurs fois fait marche arrière durant la lecture après avoir reçu des indices permettant une meilleure compréhension des textes (ou des dessins d'ailleurs) jusqu'alors mystérieux.
Je noterai tout de même un point négatif qui a son importance surtout quand l'auteur fait le choix d'un récit par l'image: certaines cases sont trop chargées ce qui porte préjudice à la clarté du dessin et donc intrinsèquement de l'histoire. Je pense en priorité aux pages relatives aux biotopes des planètes et à celles des signaux d'alerte.
Il s'agit (apparemment) de la première BD de l'auteur qui a pu réaliser cet ouvrage via un financement participatif. c'est top ! Les contributaires sont d'ailleurs remerciés un à un à la fin de la BD.
Il est difficile d'en dire d'avantage sous peine de gâcher la découverte pour les prochains lecteurs.
3.5/5 que j'arrondis au supérieur pour cette première prometteuse de Yoann Kavege :)
Bon, Barbe-Rouge...
Là on touche à du très lourd, d'abord car c'est Charlier au scénario, et aussi parce que le dessin de Hubinon est magnifique.
Mais d'abord c'est quoi Barbe-Rouge ? Un pirate, le "démon des Caraïbes", qui va adopter un enfant dont les parents ont été massacrés pendant l'attaque d'un galion espagnol. Ce sont les aventures d'Eric que nous verrons tout au long de ces aventures. Le cadre temporel est peu précis, entre 1740 et 1760 en gros puisque quelques évènements historiques seront évoqués voire mis au centre de certaines histoires. A noter d'ailleurs que si Eric est le héros de l'histoire, c'est souvent barbe-Rouge qui est à l'origine des aventures (Trésors à découvrir, évasions, explorations ou pièges tendues au célèbre pirate seront la source de nombreuses aventures). On notera aussi la présence de Baba et Triple-Pattes, fidèles acolytes et amis d'Eric et de son père adoptif.
Bon alors que dire du dessin ? Commençons par celui de Hubinon. Je le trouve très joli, mieux que dans Buck Danny. Les navires sont superbement réalisés, on a d'ailleurs souvent droit à de grandes cases au début ou en fin d'album qui montrent tout le talent du dessinateur. Il faut dire aussi que Hubinon n'en est pas à son premier essai, il avait déjà dessiné la série Surcouf au début des années 1950. Côté personnages, si les mouvements peuvent avoir l'air parfois peu naturels, ils ne me dérangent pas tant que ça. En effet, les personnages semblent souvent figés, même si cela tend à s'améliorer dans les scènes d'actions. A la mort de Hubinon en 1979, c'est Jijé qui reprend le flambeau avec son fils Lorg. A la première lecture, je n'aimais pas du tout le dessin de Jijé en général, mais je suis revenu sur ma décision. Même s'il est en dessous de Jerry Spring à mon sens, on ne peut pas le critiquer sur la fluidité et le dynamisme des dessins. Mention spéciale aux navires qui sont très bien dessinés d'ailleurs. C'est ensuite Gaty et Pellerin qui reprennent le dessin. Je n'ai rien à dire sur les deux albums de Pellerin, ils sont très bien dessinés mais les personnages (surtout Eric) changent beaucoup de physionomie, il faut le savoir. Pellerin ne dessinera que deux albums pour se concentrer sur sa célèbre série l'Epervier. Quant à Gaty, je n'ai lu que ses premiers albums. Son dessin s'approche de celui de Jijé, je lui trouve donc les mêmes qualités. A partir du 25, je n'ai pas lu les albums. Je ne peux donc pas me prononcer sur les dessins de Bourgne mais ils sont apparemment très beaux.
Côté scénario, on retrouve du pur Charlier. Déjà les cycles à rallonge, comme dans Buck Danny ou Blueberry. J'aime beaucoup ces histoires qui tiennent en deux, trois ou quatre albums. Ca permet de bien poser l'histoire, ne pas se précipiter. Je trouve quand même quelques albums en dessous, comme le trésor de Barbe-Rouge, mais dans l'ensemble c'est du très bon. Pillages, abordages, missions secrètes et chasses aux trésors constituent l'essentiel des albums de Barbe-Rouge scénarisés par Charlier, mais on aura droit à des histoires plus originales, comme la révolte des esclaves de la Jamaïque en deux tomes (les deux dessinés par Pellerin) qui atteindra des sommets. Evidemment, qui dit Charlier dit aussi bandeaux explicatifs et dialogues à n'en plus finir. Beaucoup maintenant trouvent que c'est un défaut et que ça ralentit l'action. Et bah moi j'aime bien. D'abord, parce que la BD ne se finit pas en 20 minutes (à une époque où les BD sont de plus en plus chères et de plus en plus rapides à lire, c'est bon de retrouver des vieilles histoires qui tiennent 45 minutes voire une heure pour les plus lents), mais aussi car comme dit précédemment, ils aident à bien structurer l'histoire. Les albums que je recommande vivement : Le démon des Caraïbes, le cycle Vaisseau fantôme/L'île de l'homme mort, le cycle La mission secrète de l'épervie/Barbe-Rouge à la rescousse, le cycle de Khaïr le More jusqu'au Raid sur la Corne d'Or, et enfin le cycle Pellerin. (Tous ces albums représentent la majorité des 25 premiers tomes)
Vous l'aurez compris, Barbe-Rouge est une BD que j'adore. Je recommande donc vivement la lecture de cette série CULTE. Pour ceux qui voudraient juste la découvrir, je recommande la lecture des nouvelles intégrales dont les dossiers sont bien fournis et nous apprennent pleins de choses sur la vie des auteurs et leur manière de travailler. Pour ceux qui seraient très intéressés après leur première lecture, j'ajouterai qu'il faut prendre ABSOLUMENT les vieilles éditions (ou rééditions) rien que pour les magnifiques couvertures d'Yves Thos, puis celles de Pellerin. BD indispensable donc !
J'avais hésité à mettre 4/5 puis ai finalement opté pour un 5 car je n'arrive pas à trouver de défaut à cette série.
Le dessin est très bon et dynamique (mention spéciale à la meilleure représentation de pluie intense que j'aie vu dans une bd), les scénarii intelligents, les personnages travaillés...
Les designs sont excellents et l'ensemble très dépaysant tout en gardant une cohérence qui n'est pas présente dans d'autres (pourtant bonnes) séries comme par exemple Sillage.
On sent vraiment que les auteurs se creusent la tête pour arriver à ce résultat!
Bref, le seul défaut de cette série est qu'elle ne soit pas plus connue car j'aurais voulu la lire plus tôt...
J'espère donc que mon avis aidera à la faire découvrir au plus grand nombre.
Ohhhh mais c'est énorme ça !
C'est en somme une histoire simple... et complexe. Nous avons deux supposées sorcières, qui aidées par un gamin au coeur sur la main, essaient d'échapper à l'inquisition. Très vite les questions s'accumulent : qui sont-elles vraiment ? D'où viennent leurs pouvoirs ? Comment Georg les a-t-il sorties de leur prison ? Petit à petit on raccroche les wagons, on reconstitue le puzzle... Mais ce n'est pas facile, car Ongle et Pluie elles-mêmes ont oublié jusqu'à leur nom, leur vie d'avant, si tant est qu'elles en aient eu une... Le pauvre Georg, en butte avec ces questions constantes, essaie néanmoins d'aider ces deux malheureuses, armé de ses piètres talents et de sa gentillesse. Ce qui n'est pas facile. D'autant plus que le Mage lancé à leur poursuite, n'a aucune pitié, même si lui-même est en proie à des démons comparables à ceux de ses proies...
Le récit est incroyable, il brasse le traumatisme (j'ai RESSENTI physiquement la souffrance infinie des deux fuyardes), la rédemption et encense l'amitié, envers et contre tout. Les scènes où la tendresse qui lie ces trois personnages mais aussi leur séparation, la frustration de Georg, sont purement déchirantes. A la fin de ce premier volume Aniss El Hamouri laisse encore de nombreuses zones d'ombre au sujet de ses personnages, de leurs origines et de leur destin. Il y a plus de 200 pages, et on ne les voit pas passer, j'ai rarement connu une telle prouesse !
Graphiquement il y a du Sfar dans le style d'El Hamouri, mais dans une dimension différente, à la fois plus maîtrisée et plus torturée. Le tout est réalisé en bichromie, avec un brun savamment dosé. On eût pu croire qu'il utiliserait une autre couleur pour les scènes oniriques, mais elles sont dans les mêmes tons, respectant ainsi l'impression donnée par Ongle, que rêves et réalité sont difficilement différenciables, tellement l'horreur est présente partout...
Il va falloir attendre un an avant de lire la suite, espérons qu'elle sera à la hauteur de ce premier segment.
Manimal : Les vieux de la veille se souviennent probablement de cette courte série télé américaine diffusée sur FR3, euh France 3 dans les années 80. Si l'ensemble de cette oeuvre n'aura pas perduré dans la durée (annulée par manque d'audience outre-Atlantique), ses multiples rediffusions plus son caractère fantastique auront marqué durablement les gamins que nous étions, à savoir un justicier ayant la faculté de se transformer par la pensée en n'importe quel animal (mais surtout en faucon et en panthère pour des raisons probablement budgétaires).
Anouk Ricard s'est souvenue également de cette série et décide dès lors d'en développer sa propre version gauloise. Jonathan Chase devient ainsi Francis et sera Animan avec les mêmes pouvoirs mais dans un contexte assumé cette fois pour la rigolade !
La bande dessinée étant sans limites coté effets spéciaux, cette fois notre brave héros va devenir tour à tour un toutou pour discuter avec les chiens, une guêpe pour piquer les malfrats ou même un lombric pour aller mener une enquête outre tombe au sens propre !!!
Bien évidemment notre héros va trouver sur sa route son ennemi juré, Objecto dont la particularité est de se transformer en objets familiers !
Une nouvelle fois, le sens de la dérision de Anouk Ricard fait mouche. Ses dessins si simples forment un parfait contrepoids avec des dialogues absurdes et le rire est souvent au rendez=vous ! Francis vit avec une grenouille dotée de la parole et qui ignore la double vie de son compagnon. L'ensemble est un mélange déconnant de vie de couple, d'enquêtes improbables sans oublier l'aspect super héros dans un rythme pétaradant entrecoupé de petits strips.
Animan c'est un peu la synthèse de tout son travail, de Commissaire Toumi à Boule de Feu, et si elle dessine toujours aussi mal les voitures, son trait naïf participe grandement à la cohésion de l'ensemble sur un ton résolument décalé. Que du bonheur à lire et à relire, encore un sans fautes pour une autrice décidément pas comme les autres.
J'ai une infinie sympathie pour cette série.
Vanyda y évoque merveilleusement l'adolescence et les bouleversements rencontrés durant cette période : le corps qui se transforme, la découverte du sentiment amoureux, la personnalité qui se fixe, les amitiés qui évoluent en conséquence... Cela est réalisé avec une délicatesse rare, proche de celle vue dans l'inégalée série TV "My so-called life" / "Angéla 15 ans".
Vanyda parvient grâce à un trait rond, aérien et volontiers enfantin, à une mise en page dynamique et légère, à des cadrages réinterrogeant les situations, à signifier des sentiments aussi vaporeux que la timidité, le trouble, l’amour naissant, à donner vie au bouillonnement intérieur, aux doutes tus, à esquisser des sentiments éphémères.
Avec bienveillance, Vanyda invite son lecteur dans l’intimité de personnages devenus familiers, révélant une complicité douce et silencieuse, chaude comme des souvenirs nostalgiquement suspendus, belle comme une vérité malicieusement reconnue.
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J'ai connu cet ouvrage par le biais des Bulles de Sang d'encre où RIP était finaliste en 2019. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre que le duo Gaet's/Julien Monier allait remporter ce titre haut la main. Mesdames et messieurs, nous avons ici à faire à un chef d'œuvre. Tout d'abord, l'originalité du scénario avec Derrick (pour le T1) et ses collègues qui composent une équipe chargée de nettoyer les logements des personnes mortes sans héritiers. Un thème glauque et d'une noirceur sans nom qui accompagne un scénario passionnant avec une fin qui vous laisse sans voix (pour le T1). Ensuite, la construction des six volumes, où chaque tome reprend la même histoire avec un angle différent selon la narrateur choisi, est divinement orchestré. Pour terminer, le style d'écriture avec des dialogues courts mais salement géniaux, des dessins aux couleurs particulièrement maîtrisées qui vous plongent aisément dans l'univers de la mort et de ses odeurs répugnantes, font de RIP mon coup de cœur de ces dernières années. En d'autres termes, en attendant le numéro 6, foncez acheter ces œuvres!!!
Les Pizzlys
Wash ! Il est trop fort ce Jérémie Moreau ! Ça fait mine de rien des années qu'il enquille les chefs d'œuvre. C'est comme avec le gars Gomont, sauf qu'au lieu de travailler un style, Jérémie explore. Il est en mouvement permanent. Il le prouve une fois encore avec Les Pizzlys qui se trouve en même temps être sa meilleure Œuvre à ce jour. Punaise ! Que de bonnes choses parues cette année ! Que de "meilleures BD" ! Rochette a sorti cette année sa meilleure, tout comme Inker... Les Pizzlys est une œuvre en lien avec l'ambiance de fin de monde que nous connaissons actuellement. A travers les personnes d’Étienne et Zoé, frère et sœur tous deux incapables de lâcher leur téléphone portable, Moreau parle de notre civilisation qui s'oublie dans le numérique dont l'industrie est à ce jour le plus gros émetteur de CO2. Le propos est tragique, on-ne-peut-plus réaliste. Ça glace les sangs. Néanmoins, Moreau capte un truc, comme une possibilité, un espoir, une étincelle. On n'évitera rien, mais on peut s'y préparer, et préparer l'après qui est déjà là, en fait. Côté dessins, Moreau reprend grosso modo ce qui avait conféré tant de poésie au Discours de la panthère, son œuvre précédente, à savoir des couleurs très psychédéliques mais avec lesquelles il drape ici un scénario qui monte lentement vers une acmé paroxystique où la réalité des choses se confronte à une sagesse extrêmement mature. On sent des choses qui étaient en germe sur Penss et les plis du Monde mais que, sans doute, la maturité aidant, il est parvenu à déployer dans une histoire très accrocheuse qu'il fait fleurir avec la puissance du printemps. Je ne sais pas pourquoi j'ai écrit ça ; ça m'est venu tout seul. C'est ce que je ressens. Zou !
Cages
Une bd qui divise. Après une première lecture en début d'année, le temps de la digestion, je viens de terminer ma deuxième lecture. Elle était nécessaire pour capter ce qui m'avait échappé en janvier. D'ailleurs, une troisième lecture ne sera pas de trop, ce comics est une bouteille de "paic citron", on croit qu'il n'y a plus rien à en tirer, mais non il reste toujours quelques gouttes au fond de l'écrin. Comment résumer ce comics ? Ben juste avec son titre : "Cages". Tout est dit ! Ce pavé va essayer d'ouvrir toutes les cages qui enferment les artistes. Pas celles avec des barreaux, mais celles qui les emprisonnent dans la création à travers Dieu, la mort et l'amour. Ce qui divise, c'est la capacité à trouver les clefs pour en ouvrir les serrures. Mais le jeu en vaut la chandelle et derrière ces portes, il souffle un vent de liberté, mais chacun pourra en faire son interprétation. Une narration déconcertante, mystique avec pour fil conducteur un chat noir, il ne faut pas forcément y voir l'animal de mauvais augure qui a accompagné les sorcières, mais plutôt l'emblème de fécondité (artistique) qu'il fût en Égypte. Bref, rien ne vas vous tomber tout cuit dans le bec, il faudra gratter derrière le texte et l'image pour pouvoir picorer les "trésors" qui s'y cachent. Cages est aussi une aventure graphique, Dave McKean mélange toujours des styles très différents, mais avec talent. Merveilleux et envoûtant. Une expérience extraordinaire ! A vous de voir ....
Carbone & Silicium
(Coucou, ça va spoiler un peu / beaucoup.. vous êtes prévenus). Alors tout d'abord, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de laisser quelques mots ici après avoir fini la lecture il n'y a que 24h. Pour rentrer directement dans le vif du sujet, ce C&S est la quintessence de SF que j'aime. Alors oui, Bablet emprunte des routes scénaristiques connues, mais de mon côté j'étais persuadé que l'un des 2 protagonistes allait e rebeller de manière plus agressive vis à vis du système et des hommes. Ici Bablet est sur un autre créneau, celui de la préservation et du respect des droits. On y retrouve d'ailleurs quelques clins d'œil à certaines situations que l'on pourrait qualifier de "woke" en 2022. J'ai trouvé ces cent premières pages parfaites. La relation avec la scientifique, le fait qu'elle même se coupe de son monde (celui des humains, avec ce mari qui à juste titre sent la dérive de sa femme) au profit de son "œuvre" jusqu'à sa mort exclusivement corporelle était pour moi une étape tellement forte que je me suis demandé ce qu'allait pouvoir nous proposer la BD ensuite. Je me suis senti un peu comme dans ces rares séries qui arrivent à m'emporter d'épisodes en épisodes sans forcément tout mettre dans les 90 dernières secondes. Alors oui cet "après" pourra paraitre long à chacun... mais cela a pour but de renforcer la connexion entre les 2 protagonistes. Là encore Bablet m'a agréablement surpris à ne pas tomber dans la facilité du déjà-fait / déja-vu et à faire des bonds temporels exponentiels. L'œuvre est condensée en 250 ans (soit 17/18 vies de chat ;)) et cela rend encore plus impactantes les "évolutions" humaines et leurs interconnexions avec les machines, jusqu'à ne faire plus qu'un. J'ai retrouvé un souffle d'Asimov mais aussi de K. Dick et de son adaptation la plus connue dans ces pages, les thèmes de la durée de vie et donc de la survie lorsque l'on a la "connaissance" de l'amour, mais aussi de la vision complexe du progrès et de la déliquescence technologique des corps mais également des esprits. Chose assez rare me concernant, j'ai noté bon nombre de phrases que j'ai réellement trouvées magnifiques, sans tomber dans le pathos ou la leçon de morale. Je finirai cet avis décousu sur les dessins. J'ai vu quelques avis négatifs sur ce point et je les comprends. Le parti pris ici n'est pas de faire une nouvelle œuvre de SF-sombre. Bablet utilise parfaitement toute la palette graphique (certaines utilisations des couleurs m'ont fait penser au traitement de Villeneuve dans Blade Runner 2) mise à disposition. Ce n'est certes pas mon trait de crayon de prédilection, mais le principal (les expressions, les volumes, les modifications, les ambiances...) est présent. Pour finir, clairement Bablet a réalisé une œuvre qui restera en haute place dans ma bédéthèque, et que je reprendrais plaisir à lire sous un olivier (ah non zut, on en a pas beaucoup en Picardie).
Moon deer
J'ai découvert cette BD grâce au commentaire posté par gruizzli qui était à ce jour l'unique avis posté. Fait surprenant au vu des nombreux échos que j'ai pu entendre ici et là sur Moon Deer... Je me rappelle avoir été interpelé par cette première de couverture mettant en scène un petit être au regard dubitatif porté vers le ciel. Le texte est quasiment absent de cette BD et les rares interventions sont d'une grande pertinence. En effet, certains dialogues prennent tout leur sens une fois l'histoire terminée ! J'ai plusieurs fois fait marche arrière durant la lecture après avoir reçu des indices permettant une meilleure compréhension des textes (ou des dessins d'ailleurs) jusqu'alors mystérieux. Je noterai tout de même un point négatif qui a son importance surtout quand l'auteur fait le choix d'un récit par l'image: certaines cases sont trop chargées ce qui porte préjudice à la clarté du dessin et donc intrinsèquement de l'histoire. Je pense en priorité aux pages relatives aux biotopes des planètes et à celles des signaux d'alerte. Il s'agit (apparemment) de la première BD de l'auteur qui a pu réaliser cet ouvrage via un financement participatif. c'est top ! Les contributaires sont d'ailleurs remerciés un à un à la fin de la BD. Il est difficile d'en dire d'avantage sous peine de gâcher la découverte pour les prochains lecteurs. 3.5/5 que j'arrondis au supérieur pour cette première prometteuse de Yoann Kavege :)
Barbe-Rouge
Bon, Barbe-Rouge... Là on touche à du très lourd, d'abord car c'est Charlier au scénario, et aussi parce que le dessin de Hubinon est magnifique. Mais d'abord c'est quoi Barbe-Rouge ? Un pirate, le "démon des Caraïbes", qui va adopter un enfant dont les parents ont été massacrés pendant l'attaque d'un galion espagnol. Ce sont les aventures d'Eric que nous verrons tout au long de ces aventures. Le cadre temporel est peu précis, entre 1740 et 1760 en gros puisque quelques évènements historiques seront évoqués voire mis au centre de certaines histoires. A noter d'ailleurs que si Eric est le héros de l'histoire, c'est souvent barbe-Rouge qui est à l'origine des aventures (Trésors à découvrir, évasions, explorations ou pièges tendues au célèbre pirate seront la source de nombreuses aventures). On notera aussi la présence de Baba et Triple-Pattes, fidèles acolytes et amis d'Eric et de son père adoptif. Bon alors que dire du dessin ? Commençons par celui de Hubinon. Je le trouve très joli, mieux que dans Buck Danny. Les navires sont superbement réalisés, on a d'ailleurs souvent droit à de grandes cases au début ou en fin d'album qui montrent tout le talent du dessinateur. Il faut dire aussi que Hubinon n'en est pas à son premier essai, il avait déjà dessiné la série Surcouf au début des années 1950. Côté personnages, si les mouvements peuvent avoir l'air parfois peu naturels, ils ne me dérangent pas tant que ça. En effet, les personnages semblent souvent figés, même si cela tend à s'améliorer dans les scènes d'actions. A la mort de Hubinon en 1979, c'est Jijé qui reprend le flambeau avec son fils Lorg. A la première lecture, je n'aimais pas du tout le dessin de Jijé en général, mais je suis revenu sur ma décision. Même s'il est en dessous de Jerry Spring à mon sens, on ne peut pas le critiquer sur la fluidité et le dynamisme des dessins. Mention spéciale aux navires qui sont très bien dessinés d'ailleurs. C'est ensuite Gaty et Pellerin qui reprennent le dessin. Je n'ai rien à dire sur les deux albums de Pellerin, ils sont très bien dessinés mais les personnages (surtout Eric) changent beaucoup de physionomie, il faut le savoir. Pellerin ne dessinera que deux albums pour se concentrer sur sa célèbre série l'Epervier. Quant à Gaty, je n'ai lu que ses premiers albums. Son dessin s'approche de celui de Jijé, je lui trouve donc les mêmes qualités. A partir du 25, je n'ai pas lu les albums. Je ne peux donc pas me prononcer sur les dessins de Bourgne mais ils sont apparemment très beaux. Côté scénario, on retrouve du pur Charlier. Déjà les cycles à rallonge, comme dans Buck Danny ou Blueberry. J'aime beaucoup ces histoires qui tiennent en deux, trois ou quatre albums. Ca permet de bien poser l'histoire, ne pas se précipiter. Je trouve quand même quelques albums en dessous, comme le trésor de Barbe-Rouge, mais dans l'ensemble c'est du très bon. Pillages, abordages, missions secrètes et chasses aux trésors constituent l'essentiel des albums de Barbe-Rouge scénarisés par Charlier, mais on aura droit à des histoires plus originales, comme la révolte des esclaves de la Jamaïque en deux tomes (les deux dessinés par Pellerin) qui atteindra des sommets. Evidemment, qui dit Charlier dit aussi bandeaux explicatifs et dialogues à n'en plus finir. Beaucoup maintenant trouvent que c'est un défaut et que ça ralentit l'action. Et bah moi j'aime bien. D'abord, parce que la BD ne se finit pas en 20 minutes (à une époque où les BD sont de plus en plus chères et de plus en plus rapides à lire, c'est bon de retrouver des vieilles histoires qui tiennent 45 minutes voire une heure pour les plus lents), mais aussi car comme dit précédemment, ils aident à bien structurer l'histoire. Les albums que je recommande vivement : Le démon des Caraïbes, le cycle Vaisseau fantôme/L'île de l'homme mort, le cycle La mission secrète de l'épervie/Barbe-Rouge à la rescousse, le cycle de Khaïr le More jusqu'au Raid sur la Corne d'Or, et enfin le cycle Pellerin. (Tous ces albums représentent la majorité des 25 premiers tomes) Vous l'aurez compris, Barbe-Rouge est une BD que j'adore. Je recommande donc vivement la lecture de cette série CULTE. Pour ceux qui voudraient juste la découvrir, je recommande la lecture des nouvelles intégrales dont les dossiers sont bien fournis et nous apprennent pleins de choses sur la vie des auteurs et leur manière de travailler. Pour ceux qui seraient très intéressés après leur première lecture, j'ajouterai qu'il faut prendre ABSOLUMENT les vieilles éditions (ou rééditions) rien que pour les magnifiques couvertures d'Yves Thos, puis celles de Pellerin. BD indispensable donc !
Orbital
J'avais hésité à mettre 4/5 puis ai finalement opté pour un 5 car je n'arrive pas à trouver de défaut à cette série. Le dessin est très bon et dynamique (mention spéciale à la meilleure représentation de pluie intense que j'aie vu dans une bd), les scénarii intelligents, les personnages travaillés... Les designs sont excellents et l'ensemble très dépaysant tout en gardant une cohérence qui n'est pas présente dans d'autres (pourtant bonnes) séries comme par exemple Sillage. On sent vraiment que les auteurs se creusent la tête pour arriver à ce résultat! Bref, le seul défaut de cette série est qu'elle ne soit pas plus connue car j'aurais voulu la lire plus tôt... J'espère donc que mon avis aidera à la faire découvrir au plus grand nombre.
Ils brûlent
Ohhhh mais c'est énorme ça ! C'est en somme une histoire simple... et complexe. Nous avons deux supposées sorcières, qui aidées par un gamin au coeur sur la main, essaient d'échapper à l'inquisition. Très vite les questions s'accumulent : qui sont-elles vraiment ? D'où viennent leurs pouvoirs ? Comment Georg les a-t-il sorties de leur prison ? Petit à petit on raccroche les wagons, on reconstitue le puzzle... Mais ce n'est pas facile, car Ongle et Pluie elles-mêmes ont oublié jusqu'à leur nom, leur vie d'avant, si tant est qu'elles en aient eu une... Le pauvre Georg, en butte avec ces questions constantes, essaie néanmoins d'aider ces deux malheureuses, armé de ses piètres talents et de sa gentillesse. Ce qui n'est pas facile. D'autant plus que le Mage lancé à leur poursuite, n'a aucune pitié, même si lui-même est en proie à des démons comparables à ceux de ses proies... Le récit est incroyable, il brasse le traumatisme (j'ai RESSENTI physiquement la souffrance infinie des deux fuyardes), la rédemption et encense l'amitié, envers et contre tout. Les scènes où la tendresse qui lie ces trois personnages mais aussi leur séparation, la frustration de Georg, sont purement déchirantes. A la fin de ce premier volume Aniss El Hamouri laisse encore de nombreuses zones d'ombre au sujet de ses personnages, de leurs origines et de leur destin. Il y a plus de 200 pages, et on ne les voit pas passer, j'ai rarement connu une telle prouesse ! Graphiquement il y a du Sfar dans le style d'El Hamouri, mais dans une dimension différente, à la fois plus maîtrisée et plus torturée. Le tout est réalisé en bichromie, avec un brun savamment dosé. On eût pu croire qu'il utiliserait une autre couleur pour les scènes oniriques, mais elles sont dans les mêmes tons, respectant ainsi l'impression donnée par Ongle, que rêves et réalité sont difficilement différenciables, tellement l'horreur est présente partout... Il va falloir attendre un an avant de lire la suite, espérons qu'elle sera à la hauteur de ce premier segment.
Animan
Manimal : Les vieux de la veille se souviennent probablement de cette courte série télé américaine diffusée sur FR3, euh France 3 dans les années 80. Si l'ensemble de cette oeuvre n'aura pas perduré dans la durée (annulée par manque d'audience outre-Atlantique), ses multiples rediffusions plus son caractère fantastique auront marqué durablement les gamins que nous étions, à savoir un justicier ayant la faculté de se transformer par la pensée en n'importe quel animal (mais surtout en faucon et en panthère pour des raisons probablement budgétaires). Anouk Ricard s'est souvenue également de cette série et décide dès lors d'en développer sa propre version gauloise. Jonathan Chase devient ainsi Francis et sera Animan avec les mêmes pouvoirs mais dans un contexte assumé cette fois pour la rigolade ! La bande dessinée étant sans limites coté effets spéciaux, cette fois notre brave héros va devenir tour à tour un toutou pour discuter avec les chiens, une guêpe pour piquer les malfrats ou même un lombric pour aller mener une enquête outre tombe au sens propre !!! Bien évidemment notre héros va trouver sur sa route son ennemi juré, Objecto dont la particularité est de se transformer en objets familiers ! Une nouvelle fois, le sens de la dérision de Anouk Ricard fait mouche. Ses dessins si simples forment un parfait contrepoids avec des dialogues absurdes et le rire est souvent au rendez=vous ! Francis vit avec une grenouille dotée de la parole et qui ignore la double vie de son compagnon. L'ensemble est un mélange déconnant de vie de couple, d'enquêtes improbables sans oublier l'aspect super héros dans un rythme pétaradant entrecoupé de petits strips. Animan c'est un peu la synthèse de tout son travail, de Commissaire Toumi à Boule de Feu, et si elle dessine toujours aussi mal les voitures, son trait naïf participe grandement à la cohésion de l'ensemble sur un ton résolument décalé. Que du bonheur à lire et à relire, encore un sans fautes pour une autrice décidément pas comme les autres.
Celle que...
J'ai une infinie sympathie pour cette série. Vanyda y évoque merveilleusement l'adolescence et les bouleversements rencontrés durant cette période : le corps qui se transforme, la découverte du sentiment amoureux, la personnalité qui se fixe, les amitiés qui évoluent en conséquence... Cela est réalisé avec une délicatesse rare, proche de celle vue dans l'inégalée série TV "My so-called life" / "Angéla 15 ans". Vanyda parvient grâce à un trait rond, aérien et volontiers enfantin, à une mise en page dynamique et légère, à des cadrages réinterrogeant les situations, à signifier des sentiments aussi vaporeux que la timidité, le trouble, l’amour naissant, à donner vie au bouillonnement intérieur, aux doutes tus, à esquisser des sentiments éphémères. Avec bienveillance, Vanyda invite son lecteur dans l’intimité de personnages devenus familiers, révélant une complicité douce et silencieuse, chaude comme des souvenirs nostalgiquement suspendus, belle comme une vérité malicieusement reconnue.