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Couverture de la série Halifax, mon chagrin
Halifax, mon chagrin

En cherchant comment exprimer mon ressenti sur cet album, j’ai repensé à « Automne en baie de Somme ». Pourquoi ai-je adoré Halifax alors qu’il présente bien des similitudes au niveau de la construction de son récit avec Automne en baie de Somme ? Où se fait la différence dans mon appréciation ? Dans les deux cas, nous avons un récit de type policier dans lequel le théâtre historique joue un grand rôle. Dans les deux cas, l’intrigue policière n’est pas la plus extraordinaire qui soit. Pourtant, j’ai adoré l’un et trouvé l’autre quelconque… Halifax, c’est d’abord un dessin, un style, une patte ; celle de Pascal Regnauld, un auteur rare qui me fascine. Un trait ultra-lisible, une colorisation à la fois franche et nuancée, un encrage inversé (les contours des personnages sont blancs et non noirs comme c’est le cas dans 99 pourcent des albums de bande dessinée). Dès que j’ouvre un de ses livres, je suis happé par le dessin, j’ai envie de lire l’histoire. C’est fascinant de pureté, ce trait a la beauté de l’évidence. Halifax, c’est ensuite un contexte historique. Deux accidents maritimes ont marqué la ville qui servit ainsi de base arrière pour le repêchage des cadavres du Titanic. Et là encore se trouve un des points forts du récit : cette évocation de la récupération des corps des victimes du Titanic, flottant dans des eaux glacées, avec tous les problèmes de logistique qu’elle entraine. C’est le genre d’anecdote historique qui me fascine. Et ce n’est qu’un des aspects historiques développés par cet album, et nous naviguons ainsi dans les eaux de la petite histoire derrière la grande histoire, loin de ce que l’on nous enseigne à l’école mais proches de ce qui fait que l’humanité est telle qu’elle est. Halifax, ce sont des personnages marquants autant que marqués. Marqués par l’histoire autant que par les événements fictifs auxquels ils sont confrontés. J’ai aimé ces gueules, à commencer par celle du héros, Roy Collins, qui dégage cette impression d’être aussi déterminé que désabusé. Halifax, enfin, c’est une enquête policière. Pas la plus incroyable qui soit (comme je l’ai dit en début de chronique) mais qui permet de faire le lien entre les deux tragiques naufrages sans trahir les faits historiques avérés, qui nous tient en haleine quand bien même on devine rapidement qui est l’assassin et, enfin, lorsque l’on se dit que c’était quand même un peu facile, qui nous apporte une petite information en plus qui éclaire le personnage sous un nouvel angle, le rendant plus crédible. En fait, pour moi, Halifax aurait été un ‘sans-fautes’ si l’intrigue policière avait été un peu moins linéaire. En l’état, c’est juste franchement, mais vraiment franchement bien ! Je recommande chaudement !

04/08/2022 (modifier)
Par Ju
Note: 4/5
Couverture de la série Il était une fois en France
Il était une fois en France

J'ai un défaut, en matière de lecture, je résiste rarement à la tentation de feuilleter la fin des albums, ou des séries, avant même d'avoir tout lu. Il n'est donc pas rare que certains effets du récit tombent à plat. Mais pour cette fois-ci, pas question que ça arrive. J'étais déterminé à lire d'une traite cette série dont j'avais plusieurs albums chez moi depuis longtemps, mais que je n'ai complétée que dernièrement, et que j'attendais donc de lire depuis un moment. Je commence donc le premier tome, le lit, ne comprend pas tout mais ai bien envie de lire la suite. Et là, je me rends compte que j'avais classé les bds de la série dans l'ordre décroissant. Je venais de lire l'intégralité du tome 6, et donc la conclusion de la série, sans avoir du tout lu les précédents tomes. Autant dire que ma lecture a parfois été embrouillées, puisque je connaissais déjà certains personnages, ou ce qui allait leur arriver, et ça m'a enlevé un peu de sel à la lecture. D'habitude, je ne me spoile qu'une partie de l'intrigue, un point culminant, mais il reste toujours des zones d'ombres qui s'éclaircissent au fur et à mesure. Là, c'était un peu différent, je conaissais déjà toute la fin et ses détail. Sans compter qu'il y a pas mal de sauts dans le temps et de flashbacks qui m'ont encore plus fait douter de la chronologie de la narration. Mais j'ai quand même beaucoup apprécié ma lecture, preuve de la réussite du duo Nury-Vallée pour cette histoire qui conte la vie de Joseph Joanovici, immigré qui fit fortune avant la guerre puis pendant, avant de terminer en disgrâce et sans le sou. L'histoire est passionnante, elle permet de se replonger dans le contexte historique de la 2e guerre mondiale a travers les yeux d'un homme assez peu scrupuleux, mais qui se retrouve en vrai danger et qui fait tout pour échapper à son funeste destin. L'ambivalence du personnage principal est très bien rendue, avec d'un côté des actes souvent très égoïstes et parfois criminels et de l'autre des instants de prise de conscience et une volonté d'aider les autres, ou de sauver sa peau coûte que coûte. Difficile de ne pas comprendre ceux qui font de lui un salaud fini comme difficile de ne pas comprendre ceux qui le érigent en héros. L'histoire de cet homme est passionnante, mais elle est aussi extrêmement bien racontée. Nury s'y connait pour dire de bonnes histoires, et il n'y a pas grand chose à redire sur la narration, peut être sur les sauts dans le temps dans les derniers albums mais vu que je n'ai pas lu dans l'ordre c'est peut être juste moi que ça a un peu perdu. C'est passionnant, on voit bien l'évolution de la personnalité du héros, et la différence entre cruelle froideur et moments de prise de conscience de ce qu'il est en train de devenir. J'ai bien aimé cette ambivalence des personnages qui ne sont pas tout blancs ou tout noirs. Joseph est présenté comme ayant des côtés bons parfois, et le "petit juge de Melun", au contraire, alors qu'il sert une cause à priori juste, celle de la justice, est présenté avec des côté plus obscurs et s'assombrit au fur et à mesure du récit. Pareil pour les autres personnages, ils sont tous plutôt bien construits et intéressants, même si évidemment certains sont plus secondaires que d'autres et donc moins profonds, comme Lucie Fer qui est essentiellement le soutien de Joseph ou son frère qui le soutient coûte que coûte puis s'en détache. Mais ils restent tous intéressants et il n'y a pas un personnage ou je me suis dit que son développement était pas terrible. Quant au dessin, c'est celui de Vallée. Il est comme d'habitude très bon, mais je note une différence avec les deux autres bds que j'ai lues de lui, à savoir Katanga et Tananarive. "Il était une fois en France" est antérieur à ces deux bds, et le style de Vallée n'en était pas au même stade de maturité. Et j'avoue que je ne sais pas exactement ce que je préfère. Ce style là est plus réaliste (surtout pour ce qui concerne les têtes des personnages) et, pour un récit "historique", ce n'est pas plus mal. A l'inverse, le style "nouveau" de Sylvain Vallée est plus marqué et plus reconnaissable, mais les têtes particulières de certains personnages atténuent un peu ce côté réaliste. Mais au moins maintenant on reconnait tous les personnages alors que dans "Il était une fois en France" j'ai parfois eu un peu de mal. Bref, quoi qu'il en soit, le dessin ici est très bon, même si j'aime bien quand les dessinateurs ont leur patte, leur petit truc particulier, et donc j'aime bien le chemin pris par le dessin de Vallée récemment. Je conseille donc évidemment cette bd pour ceux qui seraient passés à côté.

26/07/2022 (modifier)
Couverture de la série Waco Horror - Elisabeth Freeman, l'infiltrée
Waco Horror - Elisabeth Freeman, l'infiltrée

En découvrant cet album et son titre, j’ai un temps pensé qu’il traitait du siège et du massacre qui se sont déroulés dans les années 1990, autour d’une secte d’illuminés. Mais en fait pas du tout, il s’agit d’une autre horreur, liée aux lynchages de Noirs, au début du XXème siècle. Le sujet est violent, mais son traitement est plutôt « doux », presque calme. Du fait du dessin de Stéphane Soularue, et de la colorisation « apaisée ». Mais aussi ce de certains choix, comme celui de montrer indirectement l’extrême violence du lynchage de Jesse Washington. Les photos existantes, qui ont choqué l’opinion à l’époque, sont ainsi seulement évoquées. Mais un très long passage, où une gamine témoin de la scène décrit ce qu’elle a vu, en accompagnant son témoignage de dessins, et d’une rare brutalité ! Cet album est aussi l’occasion pour moi de découvrir le personnage d’Elisabeth Freeman, qui a milité au sein des suffragettes anglaises (sujet exploré dans le précédent album des scénaristes, Jujitsuffragettes - Les Amazones de Londres), avant de faire de même en Amérique. Elle est aussi ici une pionnière du reportage de guerre (et quasi une enquêtrice de haut vol !), car envoyée enquêter sur cette sordide affaire par le journal d’un homme noir engagé, Du Bois (que je connaissais, lui). Beau personnage, de conviction, que cette Elisabeth Freeman, qui se rend compte que toutes les luttes sont liées, et que l’égalité des droits est valable pour les Noirs comme pour les femmes. Dans un dossier et une interview en fin d’album, les auteurs expliquent comment ils en sont arrivés à traiter de ce sujet, et il semblerait qu’ils n’aient pas modifié grand-chose à la personnalité et aux actions de madame Freeman, effectivement un sacré bout de femme et une belle personnalité. Un album intéressant et une lecture recommandée.

19/07/2022 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Oiseaux lumineux
Les Oiseaux lumineux

D'abord un grand merci à Noirdesir pour la découverte de cet album. Je découvre Andrei Puica auteur roumain, dont c'est la première bd publiée en France. Une lecture hypnotique, le dessin est d'une incroyable originalité et d'une puissance évocatrice hors norme. Je suis subjugué par tant d'imagination et la mise en page audacieuse. Il sert à merveille ce conte onirique. Et la superbe mise en couleur magnifie le tout. Mais que c'est BEAU ! Encore un récit impossible à résumer. Une ville perchée sur un rocher erre dans l'espace et on va y découvrir ses habitants, ceux qui ont survécu aux massacres et les oppresseurs. La dystopie. Une narration onirique, philosophique, symbolique et poétique où la métaphore est bien présente. Un conte à plusieurs niveaux de lecture que je vous laisse découvrir. Chacun en aura sa propre interprétation. Le bien et le mal ne sont-ils pas inséparables ? Quid du libre arbitre ? Une lecture qui se mérite. Andrei Puica, un artiste à suivre. Un gros coup de cœur graphique.

13/07/2022 (modifier)
Couverture de la série L'Empire des hauts murs
L'Empire des hauts murs

La malle aux images propose des titres qui s'orientent vers le domaine de l'enfance. Comme les ouvrages ne sont pas toujours produits par des "spécialistes" de la littérature jeunesse cela donne des ouvrages originaux et intéressants. J'ai vraiment eu un coup de coeur pour "L'Empire des Hauts Murs" de Simon Hureau. J'affectionne particulièrement le graphisme de Hureau. Son trait fin, précis et souple fait vivre ses héros de façon très convaincante. Mais surtout Hureau soigne ses décors et ses extérieurs. Il n'est jamais meilleur qu'au milieu de vieilles pierres envahies par les ronces et peuplées d'araignées monstrueuses. (j'aime les araignées !!). C'est le cas dans cette bâtisse aux mille fenêtres où Matteo et son frère Didi vont découvrir l'Aventure à la rencontre de cette bande de joyeux gamins menés par la Princesse pirate. Aventure pleine d'un courage de 12 ans pour se découvrir et découvrir l'autre. Un Autre présent mais aussi un Autre absent mais qui peuple toutes ces salles abandonnées. Que de costumes, de livres, de jeux, de fêtes, de chats à découvrir, inventer et vivre. Simon Hureau nous montre que les concepteurs de jeux vidéo n'ont rien inventé en capturant les enfants dans des jeux labyrinthes. Sauf que dans ces derniers, il manque cette intensité vécue et cette poésie du moment unique d'une nuit étoilée sur un toit, les uns à côté des autres et que l'on voudrait partager avec tous les enfants du monde. Une très belle lecture poétique où Simon Hureau nous invite à prendre soin du monde de l'enfance et du monde de l'histoire. Car les bulldozers des promoteurs ne sont pas si différents de ceux de Daesh quand ils détruisent ce qui fait notre âme.

07/07/2022 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Bertille & Bertille
Bertille & Bertille

Bertille & Bertille est un réjouissant cocktail de genres : à la fois profondément ancré dans le genre policier, dans le pur fantastique limite science-fiction, mais aussi dans l'Historique. Le cadre est sa première originalité puisque l'histoire se déroule peu de temps après la Première Guerre Mondiale. L'ambiance politique de l'époque joue un rôle très présent, avec un gouvernement soucieux de montrer la France victorieuse sous son meilleur jour quitte à mentir au peuple et à mettre une arrogante pression sur ses fonctionnaires. Le héros lui-même est un ancien des tranchées qui n'a pas gardé de séquelles physiques, contrairement à son meilleur ami, mais ça l'a rendu nettement plus rude et taiseux, n'hésitant pas à faire preuve de violence pour arriver à ses fins. Je suppose que la série comportera une suite d'histoires complètes en un tome. Pour ce qui est de la première, elle mêle deux intrigues en parallèle. Il y a d'abord l'enquête du commissaire Bertille pour retrouver un militant anarchiste ardemment recherché par le préfet de Paris et pour comprendre ce qui se trame autour de lui. Nous sommes ici dans le cadre d'une enquête policière très réaliste, crédible et bien menée. Et en parallèle donc, il y a tout le mystère autour de cette étrange boule rouge qui s'est écrasée dans la forêt sous les yeux du commissaire et dont il est chargé de s'occuper avant d'être remplacé par de plus hautes autorités quand il s'avère que la boule est indestructible et surtout qu'elle grandit inlassablement. Cette partie là de l'intrigue flirte nettement plus avec le fantastique et la science-fiction sans pour autant réduire le réalisme de l'ensemble. Les réactions de tous les protagonistes sont crédibles et tiennent la route du moment qu'on accepte le concept incroyable de cette boule mystérieuse. Et c'est là qu'intervient aussi l'autre Bertille, une riche héritière un peu extravagante, elle aussi témoin de l'atterrissage de la boule. Elle va rapidement lier des liens avec le commissaire bougon, lui apporter sa légèreté, son imagination et lui ouvrir l'esprit sur une autre manière d'appréhender cet évènement fantastique. La relation entre les deux personnages fonctionne très bien et on s'attache autant à l'une qu'à l'autre. L'ensemble est mis en scène avec un graphisme élégant, en teintes sépia marquées de rouge par-ci par-là pour rappeler la couleur de la fameuse boule. De l'ouvrage de qualité. J'ai pris grand plaisir à lire cette BD. J'ai beaucoup apprécié sa maturité, son cadre historique, son rythme, son ton à la fois léger et sérieux, la complexité crédible et prenante de ses protagonistes, ainsi que son mélange de ton, entre le polar sérieux, la politique grinçante et le fantastique teinté d'un peu d'absurde et de poésie. Je lirai avec grand plaisir d'autres aventures de ces deux héros là.

30/06/2022 (modifier)
Couverture de la série Légendes de la Garde
Légendes de la Garde

200ème avis. Mon choix se porte sur une série qui m’est chère, vous l’aurez compris à la vue de mon avatar. Découverte au fil de ses parutions, je l’ai relue récemment et mon ressenti est identique à celui d’Alix. Qu’est ce que c’est bon !! Une série qui me ravit, et qui monte en puissance à chaque tome. Je trouve le tout excessivement, magistralement, terriblement bien fait. David Petersen m’impressionne, il assure tout lui même (scénario, dessin et couleur) et n’arrête pas de s’améliorer. Son univers « Légendes de la garde » est juste magique à mes yeux, c’est mis en scène avec soin et dans une grande cohérence. Je peux comprendre que certains lecteurs ne s’y retrouvent pas, rien de super original ni bien sorcier au final, mais je ne sais pas trop comment expliquer, cette création résonne en moi, je trouve juste ça tout simplement génial. Vous savez, c’est quand vous avez cette petite voix dans votre tête pendant la lecture avec des : ah ouais, oh putain, ouah, trop bon, pfff (de bonheur) … à chaque page. J’ai adoré cette transposition « moyenâgeuse » à la société « animale », l’auteur maîtrise son sujet et ses références pour nous proposer de la grande aventure à la taille de nos héros. J’ai été soufflé des combats contre les prédateurs, je les ai trouvé épiques. J’ai aimé me perdre dans cet univers, lire les bonus, suivre la carte des territoires, découvrir les différentes villes, les poèmes entre chapitres, reconstituer la chronologie, faire connaissance avec une multitude de personnages … le tout est d’une richesse incroyable. On peut reprocher à l’œuvre certains défauts, un dessin un peu approximatif à ses débuts ou figé, une difficulté à reconnaître les personnages, un ton enfantin … mais qui ne m’ont absolument pas gêné tant le plaisir de lecture était là, du très très bon comics. Bref une œuvre qui me parle et me touche, l’impression de retrouver mon âme d’enfant à chaque fois. Elle possède une belle place dans ma bibliothèque, et j’aime beaucoup la taille et la qualité des albums. Allez hop, soyons pas avare, culte et coup de cœur !! Par contre, bien déçu que Gallimard ne traduise pas le recueil collectif :(

24/06/2022 (modifier)
Par Solo
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Raptor
Raptor

Je remercie les premiers aviseurs pour m'avoir permis de découvrir Dave McKean à travers cette histoire. Et je me joins à eux pour préciser qu'elle m'a définitivement plu. Nous suivons Arthur et Sokol, chacun vivant dans un monde différent l'un de l'autre. Arthur est écrivain et n'arrive pas à outrepasser le deuil de sa femme. Sokol est un chasseur errant, jamais sans son faucon. La réalité, la fiction, l'imaginaire, le rêve, le surnaturel... nous traversons ces univers nuancés durant tout le récit. En cours de lecture, je me dis que je tiens là une BD au graphisme très singulier, vraiment magnifique, au dessin poétique et envoûtant. J'adore ce style où les formes se veulent imparfaites, ça dégage beaucoup de vies aux personnages et au décor. La juste dose de remplissage des cases donne à l'ensemble un caractère méditatif, on profite de tout ce qui se présente. Vraiment, je me plais à (re)parcourir les planches aléatoirement, c'est tout simplement magnifique, McKean réussit à dompter de nombreuses techniques pour dégager un style que je n'ai pas vu ailleurs. Scénaristiquement avec ce mélange d'univers, les frontières me sont floues au début et les tournures de phrases complexes. Quelque part, ça me plaît quand je sens qu'il y a un truc à comprendre que je n'ai pas encore saisi. Alors je continue, et puis une sereine évolution de l'intrigue permet d'éclaircir l'ensemble peu à peu, sans jamais tout dévoiler. Cette part de mystère me fait complètement rejoindre le commentaire d'Alix sur l'envie de relire la BD pour la savourer davantage. Et là je ne parle pas du graphisme mais bien des pensées qui se dégagent du récit, les questions qui y sont posées et les réponses que nous réussissons à trouver. Une des plus belles découvertes de cette année, je suis super content de mon achat. Par-dessus tout, j’aimerais découvrir les autres œuvres de Dave McKean. Je sens que c'est le genre d'histoire que je peux lire à répétition sans m'en rassasier, parce-qu'elle aura toujours ce petit quelque chose d'insaisissable et de mystérieux. Livre à posséder pour des mondes à explorer.

19/06/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Malaterre
Malaterre

Le héros est un personnage horripilant au premier abord, égoïste, têtu et coléreux. Aveuglé par son envie de restaurer la soi-disant grandeur du domaine agricole familial, Gabriel va tout sacrifier pour y arriver, à commencer par sa propre famille. Cerise sur le gâteau, le domaine en question est une exploitation forestière en faillite au cœur de la jungle africaine. C’est très bien écrit, les dialogues sont crus et le ton monte facilement. Notre héros n’a pas beaucoup de patience et toute mise en doute du succès de son opération provoque sa colère. Il ne supporte pas !! Le dessin est à l’image du personnage : nerveux, faussement brouillon et les humeurs des personnages, traduites en bulles, apportent de la nervosité supplémentaire. Les planches de jungles ont superbes, elles dégagent de la moiteur et l’impression d’une immensité que l’homme ne pourra jamais contrôler. Comme le miroir de la tâche démentielle qui les attend pour remettre en état le domaine. Cette vie sauvage contraste évidemment avec la vie que les enfants de Gabriel vont trouver en ville. Là encore, c’est une totale nouveauté pour eux ! Après le désenchantement, vient l’adaptation et la découverte de la liberté. Côté ambiance, c’est très réussi. L’évolution des personnages où chacun se cherche, hésite ou refoule ses sentiments est bien traitée, c’est confus et incertain comme l’est leur situation. C’est très bien écrit, très bien construit et pas aussi simple qu’il y paraît au début de l’album. C’est moite à souhait, c’est nerveux... La complexité des personnages fait réfléchir. Pour moi, cet album est un gros coup de cœur !

12/06/2022 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Partitions irlandaises
Partitions irlandaises

Après leur Coupures irlandaises, qui remonte déjà à 2008, Vincent Bailly et Kris se retrouvent pour nous parler à nouveau de l'Irlande avec cette nouvelle série. J'avais déjà beaucoup apprécié leur premier album, c'est un réel plaisir de les retrouver dans cette Irlande contemporaine où les tensions sont toujours vives et la violence jamais bien loin. Cette fois donc, point de coupures, même si ça va saigner aux entournures, mais bien des partitions bien huilées que chaque camp va jouer à son corps défendant suivant les fils invisibles d'une tragédie shakespearienne toute tracée. Tim et Mary, nos deux tourtereaux ne vont pas déroger à cette logique. Eux que tout oppose, vont bien malgré eux avec leur amour naissant, s'enfoncer vers un destin funeste draguant leur entourage en faisant ressurgir de bien lourds souvenirs. C'est donc une histoire de destin tracé, de déterminisme auquel voudraient échapper Tim et Mary mais qui semble bien mal emmanché. En tout cas, j'ai dévoré cet album, pris par cette histoire merveilleusement racontée. Si la trame est classique jusqu'ici, la narration impeccable que nous proposent notre duo d'auteurs nous immerge pleinement dans les tribulations amoureuses de notre jeune couple qui essaye de s'extraire des affres de leur Histoire et celles de leurs familles. Le dessin de Vincent Bailly trouve l'équilibre parfait entre un trait expressionniste fluide et une colorisation qui sublime les ambiances qu'il pose. Reste maintenant à attendre la suite qui je l'espère confirmera ce très très bon début de série ! LA SUITEUUUU !!!

03/06/2022 (modifier)