200ème avis.
Mon choix se porte sur une série qui m’est chère, vous l’aurez compris à la vue de mon avatar.
Découverte au fil de ses parutions, je l’ai relue récemment et mon ressenti est identique à celui d’Alix. Qu’est ce que c’est bon !!
Une série qui me ravit, et qui monte en puissance à chaque tome. Je trouve le tout excessivement, magistralement, terriblement bien fait.
David Petersen m’impressionne, il assure tout lui même (scénario, dessin et couleur) et n’arrête pas de s’améliorer.
Son univers « Légendes de la garde » est juste magique à mes yeux, c’est mis en scène avec soin et dans une grande cohérence. Je peux comprendre que certains lecteurs ne s’y retrouvent pas, rien de super original ni bien sorcier au final, mais je ne sais pas trop comment expliquer, cette création résonne en moi, je trouve juste ça tout simplement génial. Vous savez, c’est quand vous avez cette petite voix dans votre tête pendant la lecture avec des : ah ouais, oh putain, ouah, trop bon, pfff (de bonheur) … à chaque page.
J’ai adoré cette transposition « moyenâgeuse » à la société « animale », l’auteur maîtrise son sujet et ses références pour nous proposer de la grande aventure à la taille de nos héros. J’ai été soufflé des combats contre les prédateurs, je les ai trouvé épiques. J’ai aimé me perdre dans cet univers, lire les bonus, suivre la carte des territoires, découvrir les différentes villes, les poèmes entre chapitres, reconstituer la chronologie, faire connaissance avec une multitude de personnages … le tout est d’une richesse incroyable.
On peut reprocher à l’œuvre certains défauts, un dessin un peu approximatif à ses débuts ou figé, une difficulté à reconnaître les personnages, un ton enfantin … mais qui ne m’ont absolument pas gêné tant le plaisir de lecture était là, du très très bon comics.
Bref une œuvre qui me parle et me touche, l’impression de retrouver mon âme d’enfant à chaque fois. Elle possède une belle place dans ma bibliothèque, et j’aime beaucoup la taille et la qualité des albums. Allez hop, soyons pas avare, culte et coup de cœur !!
Par contre, bien déçu que Gallimard ne traduise pas le recueil collectif :(
Je remercie les premiers aviseurs pour m'avoir permis de découvrir Dave McKean à travers cette histoire. Et je me joins à eux pour préciser qu'elle m'a définitivement plu.
Nous suivons Arthur et Sokol, chacun vivant dans un monde différent l'un de l'autre. Arthur est écrivain et n'arrive pas à outrepasser le deuil de sa femme. Sokol est un chasseur errant, jamais sans son faucon. La réalité, la fiction, l'imaginaire, le rêve, le surnaturel... nous traversons ces univers nuancés durant tout le récit. En cours de lecture, je me dis que je tiens là une BD au graphisme très singulier, vraiment magnifique, au dessin poétique et envoûtant. J'adore ce style où les formes se veulent imparfaites, ça dégage beaucoup de vies aux personnages et au décor. La juste dose de remplissage des cases donne à l'ensemble un caractère méditatif, on profite de tout ce qui se présente. Vraiment, je me plais à (re)parcourir les planches aléatoirement, c'est tout simplement magnifique, McKean réussit à dompter de nombreuses techniques pour dégager un style que je n'ai pas vu ailleurs.
Scénaristiquement avec ce mélange d'univers, les frontières me sont floues au début et les tournures de phrases complexes. Quelque part, ça me plaît quand je sens qu'il y a un truc à comprendre que je n'ai pas encore saisi. Alors je continue, et puis une sereine évolution de l'intrigue permet d'éclaircir l'ensemble peu à peu, sans jamais tout dévoiler. Cette part de mystère me fait complètement rejoindre le commentaire d'Alix sur l'envie de relire la BD pour la savourer davantage. Et là je ne parle pas du graphisme mais bien des pensées qui se dégagent du récit, les questions qui y sont posées et les réponses que nous réussissons à trouver.
Une des plus belles découvertes de cette année, je suis super content de mon achat. Par-dessus tout, j’aimerais découvrir les autres œuvres de Dave McKean.
Je sens que c'est le genre d'histoire que je peux lire à répétition sans m'en rassasier, parce-qu'elle aura toujours ce petit quelque chose d'insaisissable et de mystérieux. Livre à posséder pour des mondes à explorer.
Le héros est un personnage horripilant au premier abord, égoïste, têtu et coléreux. Aveuglé par son envie de restaurer la soi-disant grandeur du domaine agricole familial, Gabriel va tout sacrifier pour y arriver, à commencer par sa propre famille. Cerise sur le gâteau, le domaine en question est une exploitation forestière en faillite au cœur de la jungle africaine. C’est très bien écrit, les dialogues sont crus et le ton monte facilement. Notre héros n’a pas beaucoup de patience et toute mise en doute du succès de son opération provoque sa colère. Il ne supporte pas !!
Le dessin est à l’image du personnage : nerveux, faussement brouillon et les humeurs des personnages, traduites en bulles, apportent de la nervosité supplémentaire. Les planches de jungles ont superbes, elles dégagent de la moiteur et l’impression d’une immensité que l’homme ne pourra jamais contrôler. Comme le miroir de la tâche démentielle qui les attend pour remettre en état le domaine. Cette vie sauvage contraste évidemment avec la vie que les enfants de Gabriel vont trouver en ville. Là encore, c’est une totale nouveauté pour eux ! Après le désenchantement, vient l’adaptation et la découverte de la liberté.
Côté ambiance, c’est très réussi. L’évolution des personnages où chacun se cherche, hésite ou refoule ses sentiments est bien traitée, c’est confus et incertain comme l’est leur situation. C’est très bien écrit, très bien construit et pas aussi simple qu’il y paraît au début de l’album. C’est moite à souhait, c’est nerveux... La complexité des personnages fait réfléchir. Pour moi, cet album est un gros coup de cœur !
Après leur Coupures irlandaises, qui remonte déjà à 2008, Vincent Bailly et Kris se retrouvent pour nous parler à nouveau de l'Irlande avec cette nouvelle série. J'avais déjà beaucoup apprécié leur premier album, c'est un réel plaisir de les retrouver dans cette Irlande contemporaine où les tensions sont toujours vives et la violence jamais bien loin.
Cette fois donc, point de coupures, même si ça va saigner aux entournures, mais bien des partitions bien huilées que chaque camp va jouer à son corps défendant suivant les fils invisibles d'une tragédie shakespearienne toute tracée. Tim et Mary, nos deux tourtereaux ne vont pas déroger à cette logique. Eux que tout oppose, vont bien malgré eux avec leur amour naissant, s'enfoncer vers un destin funeste draguant leur entourage en faisant ressurgir de bien lourds souvenirs.
C'est donc une histoire de destin tracé, de déterminisme auquel voudraient échapper Tim et Mary mais qui semble bien mal emmanché. En tout cas, j'ai dévoré cet album, pris par cette histoire merveilleusement racontée. Si la trame est classique jusqu'ici, la narration impeccable que nous proposent notre duo d'auteurs nous immerge pleinement dans les tribulations amoureuses de notre jeune couple qui essaye de s'extraire des affres de leur Histoire et celles de leurs familles. Le dessin de Vincent Bailly trouve l'équilibre parfait entre un trait expressionniste fluide et une colorisation qui sublime les ambiances qu'il pose.
Reste maintenant à attendre la suite qui je l'espère confirmera ce très très bon début de série ! LA SUITEUUUU !!!
Sommes-nous des êtres de chair ? Le bonheur, c’est la contrepartie du malheur ? Un monde sans contrainte peut-il amener ce bonheur ? Qui sommes-nous ? Qu’est-ce qui fait de nous des humains ? Tant de questions posées dans Alt-Life !
Une longue attente pour une juste anticipation
Alt-Life, je l’attendais avec impatience. J’avais une vague impression que cette BD serait un de ces trucs qui sort du lot, qui ne reste pas sur le chemin de brique jaune. Et je ne m’étais pas trompé ! Elle représente très bien ce qu’est notre époque et anticipe où nous allons.
Une immersion totale
Nous suivons l’histoire de 2 pionniers, Josiane et René, qui ont accepté de faire un avec la machine pour intégrer leur esprit dans le nouveau monde virtuel où l’humanité ira les rejoindre après une année de tests et d’évolution de ce projet qui se nomme « la génération ». Plus de retour en arrière possible pour eux, c’est une fusion parfaite entre l’homme et la machine où l’esprit est absorbé dans ce nouvel univers. Dans ce nouveau monde, pas de contrainte, ou si peu. Plus besoins de manger, de boire, d’aller aux toilettes, de prendre de douche. Tout est géré et conditionné par la machine. On peut y créer ce qu’on veut, on peut y faire ce qu’on veut, aucune limite à part notre imagination. Bref, c’est l’immersion totale. L’expérience ne sera pas vécue de la même manière par nos 2 aventuriers du virtuel. Au début, Josiane laisse libre cours à ces pulsions sexuelles inassouvies. René aura plus de difficulté à basculer complètement dans ce type de relation et se questionnera sur la réalité de la chose. Les 2 personnages évoluent dans cet univers différemment pour à la fin se retrouver tous les 2 dans une quête d’humanité. Une fois leur année passée, le reste des gens viendront les rejoindre mais avec un accès moins élevé dans leur possibilité de création mais surtout d’espace qui leur est donné. Ici aussi, dans cet univers, la disparité entre les classes sociales est présente. Les riches ont plus d’espace, les pauvres moins. Pas beaucoup d’évolution sociale!
L’humanité en question
Il est difficile de bien décrire Alt-Life tant cette BD est complexe et regorge d’éléments philosophiques et de questionnements sur notre humanité. En fait, pour bien la comprendre vous allez devoir la lire ! Alt-Life est tellement collée sur notre époque que ça peut paraître épeurant en lecture. Tant de ressemblance avec nous, ce que nous vivons, ce que nous sommes. Et cette anticipation de devenir de pur esprit de la machine dans un nouveau monde est bien présente dans les diverses formes d’art depuis très longtemps. Quand j’ai terminé ma 1re lecture, j’ai ressenti plusieurs émotions. La peur, la peur de voir cet avenir arriver. Un avenir où on laisse tomber notre monde pour s’enfuir dans un nouveau qui, malgré les précautions, ressemblera de plus en plus à notre ancien monde. La colère, la colère de participer tacitement à cette inexorable évolution de notre société pour le meilleur et le pire. L’excitation, car je suis un être de pulsions et avoir la possibilité de vivre ces pulsions sans contrainte et conséquence est tentante mais tout aussi troublante. L’espoir, car à la fin de cette histoire, Josiane et René recherche cette réalité, la réalité qui pue, qui fait mal, qui nous fait pleurer, qui nous frustre mais aussi qui nous stimule, qui nous rend heureux, qui nous donne du plaisir, qui fait de nous des humains. Car la grande question de cette BD, et elle est très Dickienne cette question, qu’est-ce qui fait de nous des humains ?
Une BD qui porte à réflexion
Alors, lisez Alt-Life ! Pour la grande qualité du scénario : quand vous aurez terminé de la lire, elle vous restera en tête fort longtemps. Pour la qualité graphique qui colle à l’histoire de façon parfaite avec son petit côté psychédélique dans la couleur et les dessins. Pour la profonde réflexion qu’elle vient mettre en nous. Une grande BD !
Rarement vu une aussi grande BD.
Par le format, bien-sûr, qui magnifie un dessin extrêmement expressif où le destin pluvieux du héros est représenté avec tellement de vérité qu'on a peine à croire, en refermant le livre, que nous soyons en période de sècheresse et de forte chaleur. Dans la galerie (très généreuse sur ce coup là) on voit à la fois les vues de la ville (avec ses lumières artificielles, ses reflets de feux rouges et de phares de voitures, de vitrines et de salles de brasseries, mais à voir en vrai, c'est beaucoup mieux) et la description la plus près de la réalité que j'ai jamais vue, de la première cigarette, avant de partir au boulot. Dans un film ça ferait maniéré, esthétisant, mais dans une BD, ça touche : le réalisme en devient poétique. L'alternance de grilles serrées et de pleines pages est somptueuse tout en laissant voir tous les traits de construction, ce n'est pas simple à faire et c'est très réussi.
Ensuite l'histoire évoque les films des années 60, (j'ai pensé à Mélodie en sous-sol par certains aspects) avec des types en costard, des 404 et des déesses, mais aussi les chansons de Renaud qui décrivent des petites vies foireuses... C'est poignant, on ne sait pas si on doit rire ou pleurer, mais je ne pense pas que ce serait utile de vous raconter l'histoire, la galerie fait le boulot. C'est parfaitement construit et les dialogues sont savoureux, les personnages, peu nombreux, ont de l'épaisseur. Évidemment quand c'est bien, c'est toujours trop court.
Bref, 140 pages à lire absolument, je vous le recommande.
Ce "Raptor" est envoûtant, mystique et poétique.
Le Pays de Galles au XIX° siècle, l'histoire de deux hommes, l'un, Arthur, a perdu sa femme, l'autre, Sókol (faucon en slave) erre dans un monde fantastique chassant les monstres.
Mon troisième McKean et ils ont tous un point commun, celui d'avoir comme fil conducteur un animal. Le chat pour Cages, le chien pour Black Dog - Les Rêves de Paul Nash et ici un rapace et plus particulièrement un faucon. Dans la mythologie celtes, le faucon est la mémoire du monde, un symbole ascensionnel, il annonce aussi la victoire de la lumière sur les ténèbres. Il aura toute sa place dans ce récit.
Une narration a deux niveaux, l'un ancré dans le réel et l'autre dans l'imaginaire.
Je me suis laissé aller au gré des ressacs, les ressacs de l'art, la nature, la vie et la mort. Des thèmes exploités de façon lyrique. Quelle maestria !
Visuellement c'est toujours aussi beau et les couleurs sont superbes. Du travail d'orfèvre.
Une lecture immersive.
Un diamant ciselé.
Note réelle : 4,5.
Yes Yes Yes !!!
Je suis à genoux devant l'œuvre monumentale de Jarry, ce gars doit avoir une porte spatio-temporelle dans sa chambre pour retranscrire ce qui se passe dans le vrai monde de la fantasy.
Les nains, ces cognards dont on se fout du gueuloir dans les livres de trousse-pets, s'exposent ici pleinement comme ce qu'ils ont été, sont et seront toujours: des durs, des cupides, des passionnés, des bourrus...
L'idée géniale est de présenter tout leur panel au travers des 5 ordres qui fondent leur peuple, à la fois soudé et furieusement axé sur le "chacun pour sa gueule". Et comment chacun de ces ordres a ses propres coutumes, héros et modes de fonctionnement, chaque lecteur y trouvera des affinités ou réticences. Approchez approchez, mesdames et messieurs, on a de tout:
- la forge et ses légendes (le cycle culte de Redwin est devenu pour moi une référence, achat de la trilogie obligatoire!)
- le talion et ses marionnettistes contrôlant le pouvoir (le moins emballant pour moi mais qui expliquent bien des choses sur le monde dans sa globalité)
- le temple et ses apports mystiques (quelle galerie, on ne s'attend pas à autant de diversité)
- les errants et ses servitudes (mais aussi ses libertés de choix même s'ils auront toujours un coût monstrueux)
- le bouclier et ses batailles incessantes (se faire botter le cul durant tant d'années pour casser des peaux vertes durant des siècles, ça impose le respect)
On s'attache aux personnes, les quitte à regret puis les retrouve avec plaisir lors d'un tome suivant, merveilleuses croisées de destins.
Beaucoup d'histoires font du fan service pour d'autres types de lecteurs qui auront une bonne raison pour se lancer dans cette série (on y revit des scènes du film 300 ou Braveheart, de la série Game of Thrones, de livres fantastiques divers et variés.
Seul reproche, les histoires devant se terminer en 1 tome, il y a parfois de grosses ellipses et la fin un peu vite expédiée. Mais ce n'est que pour mieux se réjouir de découvrir d'autres personnages le tomes suivants. Ah et autre chose, faut un peu vous calmer avec ces effets de colorisation numérique, on n'est pas aux States les gars.
Reste maintenant à découvrir les autres séries de cet univers : Elfes, Orcs et gobelins, Mages... que de belles choses à découvrir, merci à vous !
Lax est un maître conteur en humanité ! Je ne sais pas si sa formidable histoire d'Amédée Fario est pure fiction ou possède un fond de réalité mais peu importe.
Mon premier avis sur le site était dédié à Marathon, c'est dire si l'effort solitaire avec un dépassement de soi gratuit m'attire. Même si mes légendes sont plutôt Zatopek, Mimoun ou Abebe Bikila, j'ai aussi rêvé sur les noms de Gaul, Coppi, Bahamontes Thévenet ou Hinault.
Petit-Breton est un nom que l'on se transmettait de génération en génération comme le trésor d'un patrimoine sportif historique qu'il ne faut pas oublier.
Merci à Lax de nous rendre ce patrimoine en images si belles. Au-delà de la belle histoire d'Amédée, c'est la formidable histoire des premiers Tours que l'auteur fait revivre.
Effort, solidarité, créativité de la technique et de l'hygiène sportive, vision des organisateurs sur l'impact populaire d'un grand événement sportif, il y a tous ces thèmes très bien mis en valeur dans l'ouvrage.
Evidemment, 1910,1911,1912,1913, le récit s'égraine comme une pendule tragique qui avance vers l'indicible. L'ombre portée de la guerre est toujours présent dans l'esprit du lecteur.
Toutes ces vies, ces histoires non écrites à cause de ces vieillards ventripotents et galonnés qui vont envoyer des millions d'Amédée à la mort et produire des monstres encore plus terrifiants. 100 ans après, j'en ai encore de l'amertume dans la bouche et un ouvrage comme celui de Lax nous rappelle ce monstrueux gâchis.
Je suis fan du dessin de Lax depuis ma lecture du Choucas. Lax ne nous vend pas de la Pin-up ou du BG body buildé (encore que Amédée est BG et Adeline à croquer) mais ses visages dans l'effort sont magnifiques.
Son trait presque caricatural se prête bien aux rictus grotesques qu'ont tous les sportifs (moi le premier) au bout de leurs forces.
Lax partage avec Cosey ses grandioses descriptions de montagne. Ici nous sommes gâtés. C'est dur, caillouteux, anguleux et froid mais c'est beau. Les teintes jaunes et bleutées sont piles dans les ambiances voulues.
Lax revient aussi sur le thème du handicap surmonté, probablement un hommage à son frère, cela enrichit aussi un récit qui n'a aucune faiblesse à mes yeux.
Pour finir, voilà une histoire qui crée de l'émotion, de l'empathie pour tous les personnages. Une lecture qui ne m'a pas laissé insensible.
J'ai vraiment pris une véritable claque graphique comme je me souviens pas en avoir pris dans de la BD franco-belge.
Ce n'est pas la première BD que je lis dessinée par Ledroit. J'avais lu "les Chroniques de la Lune Noire", sans finir, et j'étais pas fan, le dessin de Ledroit à l'époque était plutôt criard et brouillon. J'avais lu Sha (en entier) et commencé Requiem, Chevalier Vampire sans finir. Le dessin de Ledroit s'était grandement amélioré, c'était même bon, je trouve, mais pas vraiment dans mon style, car trop agressif.
Mais dans Wika, il a passé un énorme cap, je trouve que chaque planche est magnifique, ça donne l'impression de lire un artbook avec un scénario.
Même si le principal intérêt de cette BD est graphique, le scénario est pas mal. Normalement, j'apprécie quand les dessins servent bien le scénario, même c'est pour moi l'intérêt d'une BD comparée à un roman. Là c'est plutôt le contraire, le scénario sert bien les dessins. Il fait le boulot, même si c'est pas ce que retiendrai principalement de cette BD.
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Légendes de la Garde
200ème avis. Mon choix se porte sur une série qui m’est chère, vous l’aurez compris à la vue de mon avatar. Découverte au fil de ses parutions, je l’ai relue récemment et mon ressenti est identique à celui d’Alix. Qu’est ce que c’est bon !! Une série qui me ravit, et qui monte en puissance à chaque tome. Je trouve le tout excessivement, magistralement, terriblement bien fait. David Petersen m’impressionne, il assure tout lui même (scénario, dessin et couleur) et n’arrête pas de s’améliorer. Son univers « Légendes de la garde » est juste magique à mes yeux, c’est mis en scène avec soin et dans une grande cohérence. Je peux comprendre que certains lecteurs ne s’y retrouvent pas, rien de super original ni bien sorcier au final, mais je ne sais pas trop comment expliquer, cette création résonne en moi, je trouve juste ça tout simplement génial. Vous savez, c’est quand vous avez cette petite voix dans votre tête pendant la lecture avec des : ah ouais, oh putain, ouah, trop bon, pfff (de bonheur) … à chaque page. J’ai adoré cette transposition « moyenâgeuse » à la société « animale », l’auteur maîtrise son sujet et ses références pour nous proposer de la grande aventure à la taille de nos héros. J’ai été soufflé des combats contre les prédateurs, je les ai trouvé épiques. J’ai aimé me perdre dans cet univers, lire les bonus, suivre la carte des territoires, découvrir les différentes villes, les poèmes entre chapitres, reconstituer la chronologie, faire connaissance avec une multitude de personnages … le tout est d’une richesse incroyable. On peut reprocher à l’œuvre certains défauts, un dessin un peu approximatif à ses débuts ou figé, une difficulté à reconnaître les personnages, un ton enfantin … mais qui ne m’ont absolument pas gêné tant le plaisir de lecture était là, du très très bon comics. Bref une œuvre qui me parle et me touche, l’impression de retrouver mon âme d’enfant à chaque fois. Elle possède une belle place dans ma bibliothèque, et j’aime beaucoup la taille et la qualité des albums. Allez hop, soyons pas avare, culte et coup de cœur !! Par contre, bien déçu que Gallimard ne traduise pas le recueil collectif :(
Raptor
Je remercie les premiers aviseurs pour m'avoir permis de découvrir Dave McKean à travers cette histoire. Et je me joins à eux pour préciser qu'elle m'a définitivement plu. Nous suivons Arthur et Sokol, chacun vivant dans un monde différent l'un de l'autre. Arthur est écrivain et n'arrive pas à outrepasser le deuil de sa femme. Sokol est un chasseur errant, jamais sans son faucon. La réalité, la fiction, l'imaginaire, le rêve, le surnaturel... nous traversons ces univers nuancés durant tout le récit. En cours de lecture, je me dis que je tiens là une BD au graphisme très singulier, vraiment magnifique, au dessin poétique et envoûtant. J'adore ce style où les formes se veulent imparfaites, ça dégage beaucoup de vies aux personnages et au décor. La juste dose de remplissage des cases donne à l'ensemble un caractère méditatif, on profite de tout ce qui se présente. Vraiment, je me plais à (re)parcourir les planches aléatoirement, c'est tout simplement magnifique, McKean réussit à dompter de nombreuses techniques pour dégager un style que je n'ai pas vu ailleurs. Scénaristiquement avec ce mélange d'univers, les frontières me sont floues au début et les tournures de phrases complexes. Quelque part, ça me plaît quand je sens qu'il y a un truc à comprendre que je n'ai pas encore saisi. Alors je continue, et puis une sereine évolution de l'intrigue permet d'éclaircir l'ensemble peu à peu, sans jamais tout dévoiler. Cette part de mystère me fait complètement rejoindre le commentaire d'Alix sur l'envie de relire la BD pour la savourer davantage. Et là je ne parle pas du graphisme mais bien des pensées qui se dégagent du récit, les questions qui y sont posées et les réponses que nous réussissons à trouver. Une des plus belles découvertes de cette année, je suis super content de mon achat. Par-dessus tout, j’aimerais découvrir les autres œuvres de Dave McKean. Je sens que c'est le genre d'histoire que je peux lire à répétition sans m'en rassasier, parce-qu'elle aura toujours ce petit quelque chose d'insaisissable et de mystérieux. Livre à posséder pour des mondes à explorer.
Malaterre
Le héros est un personnage horripilant au premier abord, égoïste, têtu et coléreux. Aveuglé par son envie de restaurer la soi-disant grandeur du domaine agricole familial, Gabriel va tout sacrifier pour y arriver, à commencer par sa propre famille. Cerise sur le gâteau, le domaine en question est une exploitation forestière en faillite au cœur de la jungle africaine. C’est très bien écrit, les dialogues sont crus et le ton monte facilement. Notre héros n’a pas beaucoup de patience et toute mise en doute du succès de son opération provoque sa colère. Il ne supporte pas !! Le dessin est à l’image du personnage : nerveux, faussement brouillon et les humeurs des personnages, traduites en bulles, apportent de la nervosité supplémentaire. Les planches de jungles ont superbes, elles dégagent de la moiteur et l’impression d’une immensité que l’homme ne pourra jamais contrôler. Comme le miroir de la tâche démentielle qui les attend pour remettre en état le domaine. Cette vie sauvage contraste évidemment avec la vie que les enfants de Gabriel vont trouver en ville. Là encore, c’est une totale nouveauté pour eux ! Après le désenchantement, vient l’adaptation et la découverte de la liberté. Côté ambiance, c’est très réussi. L’évolution des personnages où chacun se cherche, hésite ou refoule ses sentiments est bien traitée, c’est confus et incertain comme l’est leur situation. C’est très bien écrit, très bien construit et pas aussi simple qu’il y paraît au début de l’album. C’est moite à souhait, c’est nerveux... La complexité des personnages fait réfléchir. Pour moi, cet album est un gros coup de cœur !
Partitions irlandaises
Après leur Coupures irlandaises, qui remonte déjà à 2008, Vincent Bailly et Kris se retrouvent pour nous parler à nouveau de l'Irlande avec cette nouvelle série. J'avais déjà beaucoup apprécié leur premier album, c'est un réel plaisir de les retrouver dans cette Irlande contemporaine où les tensions sont toujours vives et la violence jamais bien loin. Cette fois donc, point de coupures, même si ça va saigner aux entournures, mais bien des partitions bien huilées que chaque camp va jouer à son corps défendant suivant les fils invisibles d'une tragédie shakespearienne toute tracée. Tim et Mary, nos deux tourtereaux ne vont pas déroger à cette logique. Eux que tout oppose, vont bien malgré eux avec leur amour naissant, s'enfoncer vers un destin funeste draguant leur entourage en faisant ressurgir de bien lourds souvenirs. C'est donc une histoire de destin tracé, de déterminisme auquel voudraient échapper Tim et Mary mais qui semble bien mal emmanché. En tout cas, j'ai dévoré cet album, pris par cette histoire merveilleusement racontée. Si la trame est classique jusqu'ici, la narration impeccable que nous proposent notre duo d'auteurs nous immerge pleinement dans les tribulations amoureuses de notre jeune couple qui essaye de s'extraire des affres de leur Histoire et celles de leurs familles. Le dessin de Vincent Bailly trouve l'équilibre parfait entre un trait expressionniste fluide et une colorisation qui sublime les ambiances qu'il pose. Reste maintenant à attendre la suite qui je l'espère confirmera ce très très bon début de série ! LA SUITEUUUU !!!
Alt-Life
Sommes-nous des êtres de chair ? Le bonheur, c’est la contrepartie du malheur ? Un monde sans contrainte peut-il amener ce bonheur ? Qui sommes-nous ? Qu’est-ce qui fait de nous des humains ? Tant de questions posées dans Alt-Life ! Une longue attente pour une juste anticipation Alt-Life, je l’attendais avec impatience. J’avais une vague impression que cette BD serait un de ces trucs qui sort du lot, qui ne reste pas sur le chemin de brique jaune. Et je ne m’étais pas trompé ! Elle représente très bien ce qu’est notre époque et anticipe où nous allons. Une immersion totale Nous suivons l’histoire de 2 pionniers, Josiane et René, qui ont accepté de faire un avec la machine pour intégrer leur esprit dans le nouveau monde virtuel où l’humanité ira les rejoindre après une année de tests et d’évolution de ce projet qui se nomme « la génération ». Plus de retour en arrière possible pour eux, c’est une fusion parfaite entre l’homme et la machine où l’esprit est absorbé dans ce nouvel univers. Dans ce nouveau monde, pas de contrainte, ou si peu. Plus besoins de manger, de boire, d’aller aux toilettes, de prendre de douche. Tout est géré et conditionné par la machine. On peut y créer ce qu’on veut, on peut y faire ce qu’on veut, aucune limite à part notre imagination. Bref, c’est l’immersion totale. L’expérience ne sera pas vécue de la même manière par nos 2 aventuriers du virtuel. Au début, Josiane laisse libre cours à ces pulsions sexuelles inassouvies. René aura plus de difficulté à basculer complètement dans ce type de relation et se questionnera sur la réalité de la chose. Les 2 personnages évoluent dans cet univers différemment pour à la fin se retrouver tous les 2 dans une quête d’humanité. Une fois leur année passée, le reste des gens viendront les rejoindre mais avec un accès moins élevé dans leur possibilité de création mais surtout d’espace qui leur est donné. Ici aussi, dans cet univers, la disparité entre les classes sociales est présente. Les riches ont plus d’espace, les pauvres moins. Pas beaucoup d’évolution sociale! L’humanité en question Il est difficile de bien décrire Alt-Life tant cette BD est complexe et regorge d’éléments philosophiques et de questionnements sur notre humanité. En fait, pour bien la comprendre vous allez devoir la lire ! Alt-Life est tellement collée sur notre époque que ça peut paraître épeurant en lecture. Tant de ressemblance avec nous, ce que nous vivons, ce que nous sommes. Et cette anticipation de devenir de pur esprit de la machine dans un nouveau monde est bien présente dans les diverses formes d’art depuis très longtemps. Quand j’ai terminé ma 1re lecture, j’ai ressenti plusieurs émotions. La peur, la peur de voir cet avenir arriver. Un avenir où on laisse tomber notre monde pour s’enfuir dans un nouveau qui, malgré les précautions, ressemblera de plus en plus à notre ancien monde. La colère, la colère de participer tacitement à cette inexorable évolution de notre société pour le meilleur et le pire. L’excitation, car je suis un être de pulsions et avoir la possibilité de vivre ces pulsions sans contrainte et conséquence est tentante mais tout aussi troublante. L’espoir, car à la fin de cette histoire, Josiane et René recherche cette réalité, la réalité qui pue, qui fait mal, qui nous fait pleurer, qui nous frustre mais aussi qui nous stimule, qui nous rend heureux, qui nous donne du plaisir, qui fait de nous des humains. Car la grande question de cette BD, et elle est très Dickienne cette question, qu’est-ce qui fait de nous des humains ? Une BD qui porte à réflexion Alors, lisez Alt-Life ! Pour la grande qualité du scénario : quand vous aurez terminé de la lire, elle vous restera en tête fort longtemps. Pour la qualité graphique qui colle à l’histoire de façon parfaite avec son petit côté psychédélique dans la couleur et les dessins. Pour la profonde réflexion qu’elle vient mettre en nous. Une grande BD !
Nettoyage à sec
Rarement vu une aussi grande BD. Par le format, bien-sûr, qui magnifie un dessin extrêmement expressif où le destin pluvieux du héros est représenté avec tellement de vérité qu'on a peine à croire, en refermant le livre, que nous soyons en période de sècheresse et de forte chaleur. Dans la galerie (très généreuse sur ce coup là) on voit à la fois les vues de la ville (avec ses lumières artificielles, ses reflets de feux rouges et de phares de voitures, de vitrines et de salles de brasseries, mais à voir en vrai, c'est beaucoup mieux) et la description la plus près de la réalité que j'ai jamais vue, de la première cigarette, avant de partir au boulot. Dans un film ça ferait maniéré, esthétisant, mais dans une BD, ça touche : le réalisme en devient poétique. L'alternance de grilles serrées et de pleines pages est somptueuse tout en laissant voir tous les traits de construction, ce n'est pas simple à faire et c'est très réussi. Ensuite l'histoire évoque les films des années 60, (j'ai pensé à Mélodie en sous-sol par certains aspects) avec des types en costard, des 404 et des déesses, mais aussi les chansons de Renaud qui décrivent des petites vies foireuses... C'est poignant, on ne sait pas si on doit rire ou pleurer, mais je ne pense pas que ce serait utile de vous raconter l'histoire, la galerie fait le boulot. C'est parfaitement construit et les dialogues sont savoureux, les personnages, peu nombreux, ont de l'épaisseur. Évidemment quand c'est bien, c'est toujours trop court. Bref, 140 pages à lire absolument, je vous le recommande.
Raptor
Ce "Raptor" est envoûtant, mystique et poétique. Le Pays de Galles au XIX° siècle, l'histoire de deux hommes, l'un, Arthur, a perdu sa femme, l'autre, Sókol (faucon en slave) erre dans un monde fantastique chassant les monstres. Mon troisième McKean et ils ont tous un point commun, celui d'avoir comme fil conducteur un animal. Le chat pour Cages, le chien pour Black Dog - Les Rêves de Paul Nash et ici un rapace et plus particulièrement un faucon. Dans la mythologie celtes, le faucon est la mémoire du monde, un symbole ascensionnel, il annonce aussi la victoire de la lumière sur les ténèbres. Il aura toute sa place dans ce récit. Une narration a deux niveaux, l'un ancré dans le réel et l'autre dans l'imaginaire. Je me suis laissé aller au gré des ressacs, les ressacs de l'art, la nature, la vie et la mort. Des thèmes exploités de façon lyrique. Quelle maestria ! Visuellement c'est toujours aussi beau et les couleurs sont superbes. Du travail d'orfèvre. Une lecture immersive. Un diamant ciselé. Note réelle : 4,5.
Nains
Yes Yes Yes !!! Je suis à genoux devant l'œuvre monumentale de Jarry, ce gars doit avoir une porte spatio-temporelle dans sa chambre pour retranscrire ce qui se passe dans le vrai monde de la fantasy. Les nains, ces cognards dont on se fout du gueuloir dans les livres de trousse-pets, s'exposent ici pleinement comme ce qu'ils ont été, sont et seront toujours: des durs, des cupides, des passionnés, des bourrus... L'idée géniale est de présenter tout leur panel au travers des 5 ordres qui fondent leur peuple, à la fois soudé et furieusement axé sur le "chacun pour sa gueule". Et comment chacun de ces ordres a ses propres coutumes, héros et modes de fonctionnement, chaque lecteur y trouvera des affinités ou réticences. Approchez approchez, mesdames et messieurs, on a de tout: - la forge et ses légendes (le cycle culte de Redwin est devenu pour moi une référence, achat de la trilogie obligatoire!) - le talion et ses marionnettistes contrôlant le pouvoir (le moins emballant pour moi mais qui expliquent bien des choses sur le monde dans sa globalité) - le temple et ses apports mystiques (quelle galerie, on ne s'attend pas à autant de diversité) - les errants et ses servitudes (mais aussi ses libertés de choix même s'ils auront toujours un coût monstrueux) - le bouclier et ses batailles incessantes (se faire botter le cul durant tant d'années pour casser des peaux vertes durant des siècles, ça impose le respect) On s'attache aux personnes, les quitte à regret puis les retrouve avec plaisir lors d'un tome suivant, merveilleuses croisées de destins. Beaucoup d'histoires font du fan service pour d'autres types de lecteurs qui auront une bonne raison pour se lancer dans cette série (on y revit des scènes du film 300 ou Braveheart, de la série Game of Thrones, de livres fantastiques divers et variés. Seul reproche, les histoires devant se terminer en 1 tome, il y a parfois de grosses ellipses et la fin un peu vite expédiée. Mais ce n'est que pour mieux se réjouir de découvrir d'autres personnages le tomes suivants. Ah et autre chose, faut un peu vous calmer avec ces effets de colorisation numérique, on n'est pas aux States les gars. Reste maintenant à découvrir les autres séries de cet univers : Elfes, Orcs et gobelins, Mages... que de belles choses à découvrir, merci à vous !
L'Aigle sans orteils
Lax est un maître conteur en humanité ! Je ne sais pas si sa formidable histoire d'Amédée Fario est pure fiction ou possède un fond de réalité mais peu importe. Mon premier avis sur le site était dédié à Marathon, c'est dire si l'effort solitaire avec un dépassement de soi gratuit m'attire. Même si mes légendes sont plutôt Zatopek, Mimoun ou Abebe Bikila, j'ai aussi rêvé sur les noms de Gaul, Coppi, Bahamontes Thévenet ou Hinault. Petit-Breton est un nom que l'on se transmettait de génération en génération comme le trésor d'un patrimoine sportif historique qu'il ne faut pas oublier. Merci à Lax de nous rendre ce patrimoine en images si belles. Au-delà de la belle histoire d'Amédée, c'est la formidable histoire des premiers Tours que l'auteur fait revivre. Effort, solidarité, créativité de la technique et de l'hygiène sportive, vision des organisateurs sur l'impact populaire d'un grand événement sportif, il y a tous ces thèmes très bien mis en valeur dans l'ouvrage. Evidemment, 1910,1911,1912,1913, le récit s'égraine comme une pendule tragique qui avance vers l'indicible. L'ombre portée de la guerre est toujours présent dans l'esprit du lecteur. Toutes ces vies, ces histoires non écrites à cause de ces vieillards ventripotents et galonnés qui vont envoyer des millions d'Amédée à la mort et produire des monstres encore plus terrifiants. 100 ans après, j'en ai encore de l'amertume dans la bouche et un ouvrage comme celui de Lax nous rappelle ce monstrueux gâchis. Je suis fan du dessin de Lax depuis ma lecture du Choucas. Lax ne nous vend pas de la Pin-up ou du BG body buildé (encore que Amédée est BG et Adeline à croquer) mais ses visages dans l'effort sont magnifiques. Son trait presque caricatural se prête bien aux rictus grotesques qu'ont tous les sportifs (moi le premier) au bout de leurs forces. Lax partage avec Cosey ses grandioses descriptions de montagne. Ici nous sommes gâtés. C'est dur, caillouteux, anguleux et froid mais c'est beau. Les teintes jaunes et bleutées sont piles dans les ambiances voulues. Lax revient aussi sur le thème du handicap surmonté, probablement un hommage à son frère, cela enrichit aussi un récit qui n'a aucune faiblesse à mes yeux. Pour finir, voilà une histoire qui crée de l'émotion, de l'empathie pour tous les personnages. Une lecture qui ne m'a pas laissé insensible.
Wika
J'ai vraiment pris une véritable claque graphique comme je me souviens pas en avoir pris dans de la BD franco-belge. Ce n'est pas la première BD que je lis dessinée par Ledroit. J'avais lu "les Chroniques de la Lune Noire", sans finir, et j'étais pas fan, le dessin de Ledroit à l'époque était plutôt criard et brouillon. J'avais lu Sha (en entier) et commencé Requiem, Chevalier Vampire sans finir. Le dessin de Ledroit s'était grandement amélioré, c'était même bon, je trouve, mais pas vraiment dans mon style, car trop agressif. Mais dans Wika, il a passé un énorme cap, je trouve que chaque planche est magnifique, ça donne l'impression de lire un artbook avec un scénario. Même si le principal intérêt de cette BD est graphique, le scénario est pas mal. Normalement, j'apprécie quand les dessins servent bien le scénario, même c'est pour moi l'intérêt d'une BD comparée à un roman. Là c'est plutôt le contraire, le scénario sert bien les dessins. Il fait le boulot, même si c'est pas ce que retiendrai principalement de cette BD.