Une adaptation bd de Hawkmoon, ça faisait bien 10 ans que j’en entendais parler, depuis ma rencontre avec les auteurs d’Elric (Glénat) chez le même éditeur à un stand de dédicace. Et enfin, ça y est, avec une autre équipe, tout aussi talentueuse d’ailleurs, cette autre série culte appartenant au multivers du champion éternel du sieur Michael Moorcock voit le jour.
Je croise les doigts pour que l’équipe d’auteurs demeure la même, c’est à dire Jérôme Le Gris dans le rôle de maître du jeu, le duo qui se complète à merveille Benoît Dellac et Didier Poli (seul rescapé d’Elric) au dessin, et Bruno Tatti qui sublime tout cela avec sa palette de couleurs. Déjà sur le premier tome d’Elric il y avait du sacré level avec Recht, Bastide, Poli et Blondel, mais je suis très impressionné car j’ai bien l’impression qu’on est parti sur la même dynamique. Je veux dire par la que « Oh putain de bordel de merde, qu’est-ce que c’est beau ! ». J’avais lu les bouquins d’Elric le nécromancien, bien aimé les années pulp mais la suite sans plus, pas lu en revanche Hawkmoon, c’est l’occasion de se rattraper. C’est un univers un peu bâtard, et pour essayer d’en donner une définition c’est du post-apocalyptique (voir même en pleine apocalypse) se déroulant dans notre réalité, où la société est retournée à un état médiéval-féodal dystopique, mais où subsiste néanmoins des bribes d’une technologie plus avancée par rapport à la notre. Pas de trace de magie pour le moment mais si cet élément apparaît à l’avenir on pourra parler d’une série dark-science fantasy. C’est un projet ambitieux donc, avec Dellac et Poli on sort les poids lourds et les mecs assurent mais grave. Londra est flippante, on la croirait sortie de l’imaginaire de Clive Barker où les « pike head » d’Hellraiser dirigent cet empire destructeur et dévoreur. Les vaisseaux sont stylés façon Star Wars donc plutôt cool, les tenues et armures sont inspirées à fond par la fantasy plus que le médiéval historique, sachant qu’en plus on y ajoute des pistolets du XVIIIème siècle (mais qui crachent autre chose que de la poudre à canon, plus puissant) ; on a donc un univers visuel qui fait très « fourbi » mais qui reste cohérent et digeste. Et pour terminer là-dessus j’adore le style graphique, voilà si on connaît un peu le dessin de Dellac sur Nottingham ou Serpent Dieu, y aura pas de soucis, c’est un vrai régal. Respect à lui de sortir autant de séries de cette qualité dans ce laps de temps quand d’autres mettent des années à sortir un album… Force à toi mec, merci.
Quant à l’histoire, bon, j’imagine qu’on se dirige vers un Elric bis : le mythe du champion éternel où le héros est le jouet des dieux et de puissances qui le dépasse, la Loi contre le Chaos, critique intelligente contre tout type d’impérialisme rampant, le multivers tout ça… Je l’ai déjà lu, oui, mais si c’est bien raconté et que ça reste aussi bien chiadé que ce premier numéro, je veux être de la partie. La série est culte, donc en ce moment c’est la mode on adapte les grands classiques de la fantasy. Après je trouve quand même parfois les dialogues un peu poussiéreux et les péripéties ont été tellement rabâché que s’en est devenu cliché avec le temps : avec le héros qui nous fait sa victime durant trois plombs, le méchant qui est vraiment très très méchant et qui ne peut pas s’empêcher de faire le cake en toute circonstance, le héros a qui on laisse toujours la vie sauve tu te demandes pourquoi, etc. Bon, si les éditeurs manquent d’idées de cycles de fantasy de moins de 20 ans à adapter, où de grands auteurs n’ayant jamais été adapté, je peux leurs souffler quelques tuyaux…
En tout cas, pour tout amateur de fantasy, à lire impérativement. Combien la série va durer par contre je n’ai pas tout compris. J’ai lu que selon Dellac chaque roman sera divisé en deux albums. Si je compte bien, il y a sept romans, soit quatorze albums, mais pour l’instant l’éditeur prévoit d’adapter un premier cycle de quatre albums. Ça va se terminer comme Elric, je le sens bien (ou mal).
Vraiment un bel album ce « dernier week-end de Janvier » ! Tout en finesse, en subtilité, en délicatesse et également en sensualité ! Pourtant, l’auteur, Bastien Vivès, n’a rien inventé de neuf dans ce récit puisqu’il s’agit d’une énième variation sur le thème de l’amour.
Seules originalités de cette histoire : ça se passe pendant le festival de bandes dessinées d’Angoulème où on peut y reconnaitre facilement de nombreux lieux, sentir l’atmosphère particulière de cet évènement, et le personnage principal est un… dessinateur qui se soumet en trainant les pieds aux séances de dédicaces !
Mais tout cela ne présente pas l’intérêt essentiel du « Dernier week-end de Janvier » car Bastien Vivès a centré son récit sur la rencontre entre deux adultes bien établis : Denis, c’est-à-dire le dessinateur, et Vanessa. Quelques regards entre eux, quelques mots… et c’est le coup de foudre… et au diable leurs train-train habituels ! Et au placard, leurs vies de couple bien monotones et sans saveur ! Oui, il y a de l’adultère dans l’air… Je ne vous ferai ni un dessin pour que vous compreniez, ni la morale, je vous laisse juge ! Mais qu’est ce que ce récit est attachant et subtil !
Il faut dire que j’aime beaucoup le coup de crayon de Bastien Vivès et son sens de la narration qui siéent à merveille avec son scénario. Il suffit de feuilleter, parmi d’autres, la séquence en boîte de nuit pour entrevoir le talent de cet auteur, un régal de fluidité et de sensualité ! Et puis, Vanessa… qu’est-ce qu’elle est charmante !
Un bon, un très bon roman graphique, voilà ce que je retiens du « Dernier week-end de Janvier ». Bastien Vivès a un tel talent qu’il peut transformer facilement un récit banal en une histoire attachante et joliment mise en page. Vivement son prochain album !
C'est en parcourant le sujet du forum réservé aux plus belles couvertures de BD que je suis tombé sur celle du tome 1 de Papeete. Quelle claque visuelle ! Sublime. Tout comme celle du tome 2.
Le dessin de Morice est d'ailleurs très beau. J'ai adoré me plonger dans ses planches. L'art de la perspective est maîtrisé à l'absolu, par exemple. Bel artiste. Et gentil bonhomme qui plus est. Rencontré deux fois à Angougou en 2012 et 2013 pour deux dédicaces des deux tomes de Papeete, Morice est vraiment un homme abordable et adorable (cela va souvent ensemble me direz-vous). Je le suivrai désormais, c'est sûr.
L'histoire maintenant. Un tome 1 alléchant. Envoûtant. La petite histoire dans la grande Histoire. Tout est bien ficelé, tout donne envie de tourner les pages. A partir d'un évènement peu connu de la Grande Guerre, Didier Quella-Guyot nous emmène dans un polar efficace qui nous transporte dans Tahiti. J'ai vraiment adoré ce tome. Le rythme, les coups de théâtre, les odeurs, les couleurs sont bien retranscrites à travers le dessin, certes, mais aussi par le scénario. Le tome 2 est dans la même veine. Sauf qu'il manque peut-être un tome 3 en effet. Je ne sais pas si c'est de la frustration ou si, en effet, l'histoire se termine trop vite mais j'ai trouvé ce tome 2 un peu trop rapide.
Mais il faut bien une fin à tout...
J'ai vraiment beaucoup aimé ce diptyque et je le conseille à tous les amateurs de polars et à toutes les personnes qui aiment voyager et apprendre des autres.
Mon album préféré de la collection, je suis d’ailleurs étonné du peu d’avis ?!
A sa sortie je m’en suis bien méfié, j’avais trop vite catalogué Tébo en auteur jeunesse pipi caca, une belle bêtise !!
Il m’avait déjà agréablement surpris avec Alice au pays des singes mais il n’assurait que le scénario. Cette fois ci, il officie en tant qu’auteur complet et j’y ai découvert véritablement son trait, au potentiel comique indéniable.
Je trouve sa version de la célèbre souris : cultissime, à mes yeux une reprise de très haute volée. Je n’imagine même pas les contraintes, vétos etc de la maison mère pour ce genre d’exercice, laissant une liberté toute relative aux différents repreneurs.
Tébo s’en sort comme un chef, il a tout compris et trouve le bon angle pour son hommage. Son aventure est une petite friandise, un petit bonbon sucré qui trouve le juste équilibre et joue avec les codes. Ça s’adresse aux petits comme aux grands je trouve, une prouesse.
Ce Mickey troisième âge, qui raconte ses nombreuses aventures à un de ses arrières petits neveux, est absolument jubilatoire. C’est varié et fun, une sorte de best of de l’univers.
Déjà on a le droit à de nombreux environnements ou périodes (far west, prohibition, espace …), l’apparition de nombreux personnages de la franchise (Dingo, Donald, Pat, Minnie …) et le nouveau, Norbert (le petit neveu) est fort réussi.
Mais c’est surtout le ton donné par l’auteur qui relève l’ensemble. Pépé Mickey n’hésitant pas à enjoliver ses histoires, les AR avec Norbert sont drôlissimes. C’est frais et rythmé.
Le tout est accentué par le dessin, dynamique et comique, j’adore les bouilles des persos, les pages des chapitres et les dessins double pages.
L’ensemble va à cent à l’heure jusqu’à l’épilogue. Je ressors à chaque fois émerveillé de ma lecture. Si il n’y avait qu’un album à posséder de notre héros, ça serait celui la.
Moomin est un curieux personnage, un troll en forme d’hippopotame dont il n’existe qu’une seule famille, vivant dans la vallée des Moomins.
Né de l’imagination d’une artiste finlandaise, il prend vie d’abord sous forme de roman jeunesse à la fin de la guerre. L’auteure le déclinera en bd dans les années 50. C’est donc vieux et pourtant, c’est d’une incroyable modernité.
J’ai découvert les Moomins en cherchant de la littérature jeunesse pour mes enfants. Et bien sûr je lis tout avant de leur donner. Et je suis tombée amoureuse, littéralement. Des romans.
Je n’ai lu la forme bd que bien après, et c’est ça qui me perturbe un peu dans mon avis, j’ai du mal à faire la part des choses.
J’aime beaucoup la bd. Comme je le disais, malgré l’âge, je la trouve très moderne, le dessin, la mise en page, le rythme. Le dessin est incroyable, quelle expressivité sur ces hippopotames sans bouche, avec quelques traits, toutes les émotions passent. Les autres créatures peuplant cette vallée sont bien expressives aussi. Et l’auteure utilise joyeusement les objets et éléments du décor pour séparer les cases, j’adore.
Le rythme est soutenu, Moomin et ses amis vivent de petites aventures de quelques pages. L’intérêt est renouvelé par les thématiques différentes. Parfois purement divertissantes mais souvent sujets de société. Le rapport à l’autorité, la reconnaissance sociale, l’amitié, le désir de posséder, l’image de soi, la jalousie… Vous ai-je dit déjà que c’était moderne ? On s’attendrait presque à voir un thème sur les réseaux sociaux et les likes…
Voilà, quatre étoiles pour la bd, mais j’en aurais mis cinq pour les romans. Surtout le premier que j’ai lu, « Moumine le troll », petit pamphlet contre la société de consommation bien enrobé en conte pour enfants, j’adore.
Moomin est une institution en Scandinavie. Au Japon aussi où il s’est largement exporté. Succès bien mérité.
Je ne lis presque plus de bandes dessinées, mais quand c'est un prof de ma fille qui est aux crayons, je ne me pose pas de questions et je replonge sans hésiter !
Damien, c'est une voilier de 10 mètres, personnage à part entière d'une aventure autour du monde hors du commun, dont je n'avais jamais entendu parler avant ma lecture ! Réalisé de 1969 à 1973, avec des équipements de navigation qui n'ont rien à voir avec ce que l'on connait aujourd'hui, ce voyage commencé à 3 et terminé à 2 a conduit nos aventuriers d'extrêmes en extrêmes : qu'ils soient climatiques, visuels ou émotionnels et les a surtout transformés humainement parlant, forcément.
168 pages c'est beaucoup, et finalement pas encore assez pour tout raconter, alors j'ai parfois été un peu désarçonnée par les sauts dans le temps et des transitions abruptes mais c'est vraiment pour dire quelque chose !
Le dessin de Vincent est juste magnifique (mer calme ou déchaînée, grand nord, forêt amazonienne, îles paradisiaques, villages perdus ou métropoles gigantesques : on en prend plein les yeux sans les désagréments du voyage !).
Bref : je recommande vivement !
En cherchant comment exprimer mon ressenti sur cet album, j’ai repensé à « Automne en baie de Somme ». Pourquoi ai-je adoré Halifax alors qu’il présente bien des similitudes au niveau de la construction de son récit avec Automne en baie de Somme ? Où se fait la différence dans mon appréciation ?
Dans les deux cas, nous avons un récit de type policier dans lequel le théâtre historique joue un grand rôle. Dans les deux cas, l’intrigue policière n’est pas la plus extraordinaire qui soit. Pourtant, j’ai adoré l’un et trouvé l’autre quelconque…
Halifax, c’est d’abord un dessin, un style, une patte ; celle de Pascal Regnauld, un auteur rare qui me fascine. Un trait ultra-lisible, une colorisation à la fois franche et nuancée, un encrage inversé (les contours des personnages sont blancs et non noirs comme c’est le cas dans 99 pourcent des albums de bande dessinée). Dès que j’ouvre un de ses livres, je suis happé par le dessin, j’ai envie de lire l’histoire. C’est fascinant de pureté, ce trait a la beauté de l’évidence.
Halifax, c’est ensuite un contexte historique. Deux accidents maritimes ont marqué la ville qui servit ainsi de base arrière pour le repêchage des cadavres du Titanic. Et là encore se trouve un des points forts du récit : cette évocation de la récupération des corps des victimes du Titanic, flottant dans des eaux glacées, avec tous les problèmes de logistique qu’elle entraine. C’est le genre d’anecdote historique qui me fascine. Et ce n’est qu’un des aspects historiques développés par cet album, et nous naviguons ainsi dans les eaux de la petite histoire derrière la grande histoire, loin de ce que l’on nous enseigne à l’école mais proches de ce qui fait que l’humanité est telle qu’elle est.
Halifax, ce sont des personnages marquants autant que marqués. Marqués par l’histoire autant que par les événements fictifs auxquels ils sont confrontés. J’ai aimé ces gueules, à commencer par celle du héros, Roy Collins, qui dégage cette impression d’être aussi déterminé que désabusé.
Halifax, enfin, c’est une enquête policière. Pas la plus incroyable qui soit (comme je l’ai dit en début de chronique) mais qui permet de faire le lien entre les deux tragiques naufrages sans trahir les faits historiques avérés, qui nous tient en haleine quand bien même on devine rapidement qui est l’assassin et, enfin, lorsque l’on se dit que c’était quand même un peu facile, qui nous apporte une petite information en plus qui éclaire le personnage sous un nouvel angle, le rendant plus crédible.
En fait, pour moi, Halifax aurait été un ‘sans-fautes’ si l’intrigue policière avait été un peu moins linéaire. En l’état, c’est juste franchement, mais vraiment franchement bien !
Je recommande chaudement !
J'ai un défaut, en matière de lecture, je résiste rarement à la tentation de feuilleter la fin des albums, ou des séries, avant même d'avoir tout lu. Il n'est donc pas rare que certains effets du récit tombent à plat. Mais pour cette fois-ci, pas question que ça arrive. J'étais déterminé à lire d'une traite cette série dont j'avais plusieurs albums chez moi depuis longtemps, mais que je n'ai complétée que dernièrement, et que j'attendais donc de lire depuis un moment. Je commence donc le premier tome, le lit, ne comprend pas tout mais ai bien envie de lire la suite. Et là, je me rends compte que j'avais classé les bds de la série dans l'ordre décroissant. Je venais de lire l'intégralité du tome 6, et donc la conclusion de la série, sans avoir du tout lu les précédents tomes.
Autant dire que ma lecture a parfois été embrouillées, puisque je connaissais déjà certains personnages, ou ce qui allait leur arriver, et ça m'a enlevé un peu de sel à la lecture. D'habitude, je ne me spoile qu'une partie de l'intrigue, un point culminant, mais il reste toujours des zones d'ombres qui s'éclaircissent au fur et à mesure. Là, c'était un peu différent, je conaissais déjà toute la fin et ses détail. Sans compter qu'il y a pas mal de sauts dans le temps et de flashbacks qui m'ont encore plus fait douter de la chronologie de la narration.
Mais j'ai quand même beaucoup apprécié ma lecture, preuve de la réussite du duo Nury-Vallée pour cette histoire qui conte la vie de Joseph Joanovici, immigré qui fit fortune avant la guerre puis pendant, avant de terminer en disgrâce et sans le sou.
L'histoire est passionnante, elle permet de se replonger dans le contexte historique de la 2e guerre mondiale a travers les yeux d'un homme assez peu scrupuleux, mais qui se retrouve en vrai danger et qui fait tout pour échapper à son funeste destin. L'ambivalence du personnage principal est très bien rendue, avec d'un côté des actes souvent très égoïstes et parfois criminels et de l'autre des instants de prise de conscience et une volonté d'aider les autres, ou de sauver sa peau coûte que coûte. Difficile de ne pas comprendre ceux qui font de lui un salaud fini comme difficile de ne pas comprendre ceux qui le érigent en héros.
L'histoire de cet homme est passionnante, mais elle est aussi extrêmement bien racontée. Nury s'y connait pour dire de bonnes histoires, et il n'y a pas grand chose à redire sur la narration, peut être sur les sauts dans le temps dans les derniers albums mais vu que je n'ai pas lu dans l'ordre c'est peut être juste moi que ça a un peu perdu. C'est passionnant, on voit bien l'évolution de la personnalité du héros, et la différence entre cruelle froideur et moments de prise de conscience de ce qu'il est en train de devenir.
J'ai bien aimé cette ambivalence des personnages qui ne sont pas tout blancs ou tout noirs. Joseph est présenté comme ayant des côtés bons parfois, et le "petit juge de Melun", au contraire, alors qu'il sert une cause à priori juste, celle de la justice, est présenté avec des côté plus obscurs et s'assombrit au fur et à mesure du récit. Pareil pour les autres personnages, ils sont tous plutôt bien construits et intéressants, même si évidemment certains sont plus secondaires que d'autres et donc moins profonds, comme Lucie Fer qui est essentiellement le soutien de Joseph ou son frère qui le soutient coûte que coûte puis s'en détache. Mais ils restent tous intéressants et il n'y a pas un personnage ou je me suis dit que son développement était pas terrible.
Quant au dessin, c'est celui de Vallée. Il est comme d'habitude très bon, mais je note une différence avec les deux autres bds que j'ai lues de lui, à savoir Katanga et Tananarive. "Il était une fois en France" est antérieur à ces deux bds, et le style de Vallée n'en était pas au même stade de maturité.
Et j'avoue que je ne sais pas exactement ce que je préfère. Ce style là est plus réaliste (surtout pour ce qui concerne les têtes des personnages) et, pour un récit "historique", ce n'est pas plus mal. A l'inverse, le style "nouveau" de Sylvain Vallée est plus marqué et plus reconnaissable, mais les têtes particulières de certains personnages atténuent un peu ce côté réaliste. Mais au moins maintenant on reconnait tous les personnages alors que dans "Il était une fois en France" j'ai parfois eu un peu de mal.
Bref, quoi qu'il en soit, le dessin ici est très bon, même si j'aime bien quand les dessinateurs ont leur patte, leur petit truc particulier, et donc j'aime bien le chemin pris par le dessin de Vallée récemment.
Je conseille donc évidemment cette bd pour ceux qui seraient passés à côté.
En découvrant cet album et son titre, j’ai un temps pensé qu’il traitait du siège et du massacre qui se sont déroulés dans les années 1990, autour d’une secte d’illuminés. Mais en fait pas du tout, il s’agit d’une autre horreur, liée aux lynchages de Noirs, au début du XXème siècle.
Le sujet est violent, mais son traitement est plutôt « doux », presque calme. Du fait du dessin de Stéphane Soularue, et de la colorisation « apaisée ».
Mais aussi ce de certains choix, comme celui de montrer indirectement l’extrême violence du lynchage de Jesse Washington. Les photos existantes, qui ont choqué l’opinion à l’époque, sont ainsi seulement évoquées. Mais un très long passage, où une gamine témoin de la scène décrit ce qu’elle a vu, en accompagnant son témoignage de dessins, et d’une rare brutalité !
Cet album est aussi l’occasion pour moi de découvrir le personnage d’Elisabeth Freeman, qui a milité au sein des suffragettes anglaises (sujet exploré dans le précédent album des scénaristes, Jujitsuffragettes - Les Amazones de Londres), avant de faire de même en Amérique. Elle est aussi ici une pionnière du reportage de guerre (et quasi une enquêtrice de haut vol !), car envoyée enquêter sur cette sordide affaire par le journal d’un homme noir engagé, Du Bois (que je connaissais, lui). Beau personnage, de conviction, que cette Elisabeth Freeman, qui se rend compte que toutes les luttes sont liées, et que l’égalité des droits est valable pour les Noirs comme pour les femmes.
Dans un dossier et une interview en fin d’album, les auteurs expliquent comment ils en sont arrivés à traiter de ce sujet, et il semblerait qu’ils n’aient pas modifié grand-chose à la personnalité et aux actions de madame Freeman, effectivement un sacré bout de femme et une belle personnalité.
Un album intéressant et une lecture recommandée.
D'abord un grand merci à Noirdesir pour la découverte de cet album.
Je découvre Andrei Puica auteur roumain, dont c'est la première bd publiée en France.
Une lecture hypnotique, le dessin est d'une incroyable originalité et d'une puissance évocatrice hors norme. Je suis subjugué par tant d'imagination et la mise en page audacieuse. Il sert à merveille ce conte onirique. Et la superbe mise en couleur magnifie le tout.
Mais que c'est BEAU !
Encore un récit impossible à résumer.
Une ville perchée sur un rocher erre dans l'espace et on va y découvrir ses habitants, ceux qui ont survécu aux massacres et les oppresseurs. La dystopie.
Une narration onirique, philosophique, symbolique et poétique où la métaphore est bien présente.
Un conte à plusieurs niveaux de lecture que je vous laisse découvrir. Chacun en aura sa propre interprétation.
Le bien et le mal ne sont-ils pas inséparables ? Quid du libre arbitre ?
Une lecture qui se mérite.
Andrei Puica, un artiste à suivre.
Un gros coup de cœur graphique.
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Hawkmoon
Une adaptation bd de Hawkmoon, ça faisait bien 10 ans que j’en entendais parler, depuis ma rencontre avec les auteurs d’Elric (Glénat) chez le même éditeur à un stand de dédicace. Et enfin, ça y est, avec une autre équipe, tout aussi talentueuse d’ailleurs, cette autre série culte appartenant au multivers du champion éternel du sieur Michael Moorcock voit le jour. Je croise les doigts pour que l’équipe d’auteurs demeure la même, c’est à dire Jérôme Le Gris dans le rôle de maître du jeu, le duo qui se complète à merveille Benoît Dellac et Didier Poli (seul rescapé d’Elric) au dessin, et Bruno Tatti qui sublime tout cela avec sa palette de couleurs. Déjà sur le premier tome d’Elric il y avait du sacré level avec Recht, Bastide, Poli et Blondel, mais je suis très impressionné car j’ai bien l’impression qu’on est parti sur la même dynamique. Je veux dire par la que « Oh putain de bordel de merde, qu’est-ce que c’est beau ! ». J’avais lu les bouquins d’Elric le nécromancien, bien aimé les années pulp mais la suite sans plus, pas lu en revanche Hawkmoon, c’est l’occasion de se rattraper. C’est un univers un peu bâtard, et pour essayer d’en donner une définition c’est du post-apocalyptique (voir même en pleine apocalypse) se déroulant dans notre réalité, où la société est retournée à un état médiéval-féodal dystopique, mais où subsiste néanmoins des bribes d’une technologie plus avancée par rapport à la notre. Pas de trace de magie pour le moment mais si cet élément apparaît à l’avenir on pourra parler d’une série dark-science fantasy. C’est un projet ambitieux donc, avec Dellac et Poli on sort les poids lourds et les mecs assurent mais grave. Londra est flippante, on la croirait sortie de l’imaginaire de Clive Barker où les « pike head » d’Hellraiser dirigent cet empire destructeur et dévoreur. Les vaisseaux sont stylés façon Star Wars donc plutôt cool, les tenues et armures sont inspirées à fond par la fantasy plus que le médiéval historique, sachant qu’en plus on y ajoute des pistolets du XVIIIème siècle (mais qui crachent autre chose que de la poudre à canon, plus puissant) ; on a donc un univers visuel qui fait très « fourbi » mais qui reste cohérent et digeste. Et pour terminer là-dessus j’adore le style graphique, voilà si on connaît un peu le dessin de Dellac sur Nottingham ou Serpent Dieu, y aura pas de soucis, c’est un vrai régal. Respect à lui de sortir autant de séries de cette qualité dans ce laps de temps quand d’autres mettent des années à sortir un album… Force à toi mec, merci. Quant à l’histoire, bon, j’imagine qu’on se dirige vers un Elric bis : le mythe du champion éternel où le héros est le jouet des dieux et de puissances qui le dépasse, la Loi contre le Chaos, critique intelligente contre tout type d’impérialisme rampant, le multivers tout ça… Je l’ai déjà lu, oui, mais si c’est bien raconté et que ça reste aussi bien chiadé que ce premier numéro, je veux être de la partie. La série est culte, donc en ce moment c’est la mode on adapte les grands classiques de la fantasy. Après je trouve quand même parfois les dialogues un peu poussiéreux et les péripéties ont été tellement rabâché que s’en est devenu cliché avec le temps : avec le héros qui nous fait sa victime durant trois plombs, le méchant qui est vraiment très très méchant et qui ne peut pas s’empêcher de faire le cake en toute circonstance, le héros a qui on laisse toujours la vie sauve tu te demandes pourquoi, etc. Bon, si les éditeurs manquent d’idées de cycles de fantasy de moins de 20 ans à adapter, où de grands auteurs n’ayant jamais été adapté, je peux leurs souffler quelques tuyaux… En tout cas, pour tout amateur de fantasy, à lire impérativement. Combien la série va durer par contre je n’ai pas tout compris. J’ai lu que selon Dellac chaque roman sera divisé en deux albums. Si je compte bien, il y a sept romans, soit quatorze albums, mais pour l’instant l’éditeur prévoit d’adapter un premier cycle de quatre albums. Ça va se terminer comme Elric, je le sens bien (ou mal).
Dernier week-end de janvier
Vraiment un bel album ce « dernier week-end de Janvier » ! Tout en finesse, en subtilité, en délicatesse et également en sensualité ! Pourtant, l’auteur, Bastien Vivès, n’a rien inventé de neuf dans ce récit puisqu’il s’agit d’une énième variation sur le thème de l’amour. Seules originalités de cette histoire : ça se passe pendant le festival de bandes dessinées d’Angoulème où on peut y reconnaitre facilement de nombreux lieux, sentir l’atmosphère particulière de cet évènement, et le personnage principal est un… dessinateur qui se soumet en trainant les pieds aux séances de dédicaces ! Mais tout cela ne présente pas l’intérêt essentiel du « Dernier week-end de Janvier » car Bastien Vivès a centré son récit sur la rencontre entre deux adultes bien établis : Denis, c’est-à-dire le dessinateur, et Vanessa. Quelques regards entre eux, quelques mots… et c’est le coup de foudre… et au diable leurs train-train habituels ! Et au placard, leurs vies de couple bien monotones et sans saveur ! Oui, il y a de l’adultère dans l’air… Je ne vous ferai ni un dessin pour que vous compreniez, ni la morale, je vous laisse juge ! Mais qu’est ce que ce récit est attachant et subtil ! Il faut dire que j’aime beaucoup le coup de crayon de Bastien Vivès et son sens de la narration qui siéent à merveille avec son scénario. Il suffit de feuilleter, parmi d’autres, la séquence en boîte de nuit pour entrevoir le talent de cet auteur, un régal de fluidité et de sensualité ! Et puis, Vanessa… qu’est-ce qu’elle est charmante ! Un bon, un très bon roman graphique, voilà ce que je retiens du « Dernier week-end de Janvier ». Bastien Vivès a un tel talent qu’il peut transformer facilement un récit banal en une histoire attachante et joliment mise en page. Vivement son prochain album !
Papeete 1914
C'est en parcourant le sujet du forum réservé aux plus belles couvertures de BD que je suis tombé sur celle du tome 1 de Papeete. Quelle claque visuelle ! Sublime. Tout comme celle du tome 2. Le dessin de Morice est d'ailleurs très beau. J'ai adoré me plonger dans ses planches. L'art de la perspective est maîtrisé à l'absolu, par exemple. Bel artiste. Et gentil bonhomme qui plus est. Rencontré deux fois à Angougou en 2012 et 2013 pour deux dédicaces des deux tomes de Papeete, Morice est vraiment un homme abordable et adorable (cela va souvent ensemble me direz-vous). Je le suivrai désormais, c'est sûr. L'histoire maintenant. Un tome 1 alléchant. Envoûtant. La petite histoire dans la grande Histoire. Tout est bien ficelé, tout donne envie de tourner les pages. A partir d'un évènement peu connu de la Grande Guerre, Didier Quella-Guyot nous emmène dans un polar efficace qui nous transporte dans Tahiti. J'ai vraiment adoré ce tome. Le rythme, les coups de théâtre, les odeurs, les couleurs sont bien retranscrites à travers le dessin, certes, mais aussi par le scénario. Le tome 2 est dans la même veine. Sauf qu'il manque peut-être un tome 3 en effet. Je ne sais pas si c'est de la frustration ou si, en effet, l'histoire se termine trop vite mais j'ai trouvé ce tome 2 un peu trop rapide. Mais il faut bien une fin à tout... J'ai vraiment beaucoup aimé ce diptyque et je le conseille à tous les amateurs de polars et à toutes les personnes qui aiment voyager et apprendre des autres.
La Jeunesse de Mickey
Mon album préféré de la collection, je suis d’ailleurs étonné du peu d’avis ?! A sa sortie je m’en suis bien méfié, j’avais trop vite catalogué Tébo en auteur jeunesse pipi caca, une belle bêtise !! Il m’avait déjà agréablement surpris avec Alice au pays des singes mais il n’assurait que le scénario. Cette fois ci, il officie en tant qu’auteur complet et j’y ai découvert véritablement son trait, au potentiel comique indéniable. Je trouve sa version de la célèbre souris : cultissime, à mes yeux une reprise de très haute volée. Je n’imagine même pas les contraintes, vétos etc de la maison mère pour ce genre d’exercice, laissant une liberté toute relative aux différents repreneurs. Tébo s’en sort comme un chef, il a tout compris et trouve le bon angle pour son hommage. Son aventure est une petite friandise, un petit bonbon sucré qui trouve le juste équilibre et joue avec les codes. Ça s’adresse aux petits comme aux grands je trouve, une prouesse. Ce Mickey troisième âge, qui raconte ses nombreuses aventures à un de ses arrières petits neveux, est absolument jubilatoire. C’est varié et fun, une sorte de best of de l’univers. Déjà on a le droit à de nombreux environnements ou périodes (far west, prohibition, espace …), l’apparition de nombreux personnages de la franchise (Dingo, Donald, Pat, Minnie …) et le nouveau, Norbert (le petit neveu) est fort réussi. Mais c’est surtout le ton donné par l’auteur qui relève l’ensemble. Pépé Mickey n’hésitant pas à enjoliver ses histoires, les AR avec Norbert sont drôlissimes. C’est frais et rythmé. Le tout est accentué par le dessin, dynamique et comique, j’adore les bouilles des persos, les pages des chapitres et les dessins double pages. L’ensemble va à cent à l’heure jusqu’à l’épilogue. Je ressors à chaque fois émerveillé de ma lecture. Si il n’y avait qu’un album à posséder de notre héros, ça serait celui la.
Moomin
Moomin est un curieux personnage, un troll en forme d’hippopotame dont il n’existe qu’une seule famille, vivant dans la vallée des Moomins. Né de l’imagination d’une artiste finlandaise, il prend vie d’abord sous forme de roman jeunesse à la fin de la guerre. L’auteure le déclinera en bd dans les années 50. C’est donc vieux et pourtant, c’est d’une incroyable modernité. J’ai découvert les Moomins en cherchant de la littérature jeunesse pour mes enfants. Et bien sûr je lis tout avant de leur donner. Et je suis tombée amoureuse, littéralement. Des romans. Je n’ai lu la forme bd que bien après, et c’est ça qui me perturbe un peu dans mon avis, j’ai du mal à faire la part des choses. J’aime beaucoup la bd. Comme je le disais, malgré l’âge, je la trouve très moderne, le dessin, la mise en page, le rythme. Le dessin est incroyable, quelle expressivité sur ces hippopotames sans bouche, avec quelques traits, toutes les émotions passent. Les autres créatures peuplant cette vallée sont bien expressives aussi. Et l’auteure utilise joyeusement les objets et éléments du décor pour séparer les cases, j’adore. Le rythme est soutenu, Moomin et ses amis vivent de petites aventures de quelques pages. L’intérêt est renouvelé par les thématiques différentes. Parfois purement divertissantes mais souvent sujets de société. Le rapport à l’autorité, la reconnaissance sociale, l’amitié, le désir de posséder, l’image de soi, la jalousie… Vous ai-je dit déjà que c’était moderne ? On s’attendrait presque à voir un thème sur les réseaux sociaux et les likes… Voilà, quatre étoiles pour la bd, mais j’en aurais mis cinq pour les romans. Surtout le premier que j’ai lu, « Moumine le troll », petit pamphlet contre la société de consommation bien enrobé en conte pour enfants, j’adore. Moomin est une institution en Scandinavie. Au Japon aussi où il s’est largement exporté. Succès bien mérité.
Damien - L'Empreinte du vent
Je ne lis presque plus de bandes dessinées, mais quand c'est un prof de ma fille qui est aux crayons, je ne me pose pas de questions et je replonge sans hésiter ! Damien, c'est une voilier de 10 mètres, personnage à part entière d'une aventure autour du monde hors du commun, dont je n'avais jamais entendu parler avant ma lecture ! Réalisé de 1969 à 1973, avec des équipements de navigation qui n'ont rien à voir avec ce que l'on connait aujourd'hui, ce voyage commencé à 3 et terminé à 2 a conduit nos aventuriers d'extrêmes en extrêmes : qu'ils soient climatiques, visuels ou émotionnels et les a surtout transformés humainement parlant, forcément. 168 pages c'est beaucoup, et finalement pas encore assez pour tout raconter, alors j'ai parfois été un peu désarçonnée par les sauts dans le temps et des transitions abruptes mais c'est vraiment pour dire quelque chose ! Le dessin de Vincent est juste magnifique (mer calme ou déchaînée, grand nord, forêt amazonienne, îles paradisiaques, villages perdus ou métropoles gigantesques : on en prend plein les yeux sans les désagréments du voyage !). Bref : je recommande vivement !
Halifax, mon chagrin
En cherchant comment exprimer mon ressenti sur cet album, j’ai repensé à « Automne en baie de Somme ». Pourquoi ai-je adoré Halifax alors qu’il présente bien des similitudes au niveau de la construction de son récit avec Automne en baie de Somme ? Où se fait la différence dans mon appréciation ? Dans les deux cas, nous avons un récit de type policier dans lequel le théâtre historique joue un grand rôle. Dans les deux cas, l’intrigue policière n’est pas la plus extraordinaire qui soit. Pourtant, j’ai adoré l’un et trouvé l’autre quelconque… Halifax, c’est d’abord un dessin, un style, une patte ; celle de Pascal Regnauld, un auteur rare qui me fascine. Un trait ultra-lisible, une colorisation à la fois franche et nuancée, un encrage inversé (les contours des personnages sont blancs et non noirs comme c’est le cas dans 99 pourcent des albums de bande dessinée). Dès que j’ouvre un de ses livres, je suis happé par le dessin, j’ai envie de lire l’histoire. C’est fascinant de pureté, ce trait a la beauté de l’évidence. Halifax, c’est ensuite un contexte historique. Deux accidents maritimes ont marqué la ville qui servit ainsi de base arrière pour le repêchage des cadavres du Titanic. Et là encore se trouve un des points forts du récit : cette évocation de la récupération des corps des victimes du Titanic, flottant dans des eaux glacées, avec tous les problèmes de logistique qu’elle entraine. C’est le genre d’anecdote historique qui me fascine. Et ce n’est qu’un des aspects historiques développés par cet album, et nous naviguons ainsi dans les eaux de la petite histoire derrière la grande histoire, loin de ce que l’on nous enseigne à l’école mais proches de ce qui fait que l’humanité est telle qu’elle est. Halifax, ce sont des personnages marquants autant que marqués. Marqués par l’histoire autant que par les événements fictifs auxquels ils sont confrontés. J’ai aimé ces gueules, à commencer par celle du héros, Roy Collins, qui dégage cette impression d’être aussi déterminé que désabusé. Halifax, enfin, c’est une enquête policière. Pas la plus incroyable qui soit (comme je l’ai dit en début de chronique) mais qui permet de faire le lien entre les deux tragiques naufrages sans trahir les faits historiques avérés, qui nous tient en haleine quand bien même on devine rapidement qui est l’assassin et, enfin, lorsque l’on se dit que c’était quand même un peu facile, qui nous apporte une petite information en plus qui éclaire le personnage sous un nouvel angle, le rendant plus crédible. En fait, pour moi, Halifax aurait été un ‘sans-fautes’ si l’intrigue policière avait été un peu moins linéaire. En l’état, c’est juste franchement, mais vraiment franchement bien ! Je recommande chaudement !
Il était une fois en France
J'ai un défaut, en matière de lecture, je résiste rarement à la tentation de feuilleter la fin des albums, ou des séries, avant même d'avoir tout lu. Il n'est donc pas rare que certains effets du récit tombent à plat. Mais pour cette fois-ci, pas question que ça arrive. J'étais déterminé à lire d'une traite cette série dont j'avais plusieurs albums chez moi depuis longtemps, mais que je n'ai complétée que dernièrement, et que j'attendais donc de lire depuis un moment. Je commence donc le premier tome, le lit, ne comprend pas tout mais ai bien envie de lire la suite. Et là, je me rends compte que j'avais classé les bds de la série dans l'ordre décroissant. Je venais de lire l'intégralité du tome 6, et donc la conclusion de la série, sans avoir du tout lu les précédents tomes. Autant dire que ma lecture a parfois été embrouillées, puisque je connaissais déjà certains personnages, ou ce qui allait leur arriver, et ça m'a enlevé un peu de sel à la lecture. D'habitude, je ne me spoile qu'une partie de l'intrigue, un point culminant, mais il reste toujours des zones d'ombres qui s'éclaircissent au fur et à mesure. Là, c'était un peu différent, je conaissais déjà toute la fin et ses détail. Sans compter qu'il y a pas mal de sauts dans le temps et de flashbacks qui m'ont encore plus fait douter de la chronologie de la narration. Mais j'ai quand même beaucoup apprécié ma lecture, preuve de la réussite du duo Nury-Vallée pour cette histoire qui conte la vie de Joseph Joanovici, immigré qui fit fortune avant la guerre puis pendant, avant de terminer en disgrâce et sans le sou. L'histoire est passionnante, elle permet de se replonger dans le contexte historique de la 2e guerre mondiale a travers les yeux d'un homme assez peu scrupuleux, mais qui se retrouve en vrai danger et qui fait tout pour échapper à son funeste destin. L'ambivalence du personnage principal est très bien rendue, avec d'un côté des actes souvent très égoïstes et parfois criminels et de l'autre des instants de prise de conscience et une volonté d'aider les autres, ou de sauver sa peau coûte que coûte. Difficile de ne pas comprendre ceux qui font de lui un salaud fini comme difficile de ne pas comprendre ceux qui le érigent en héros. L'histoire de cet homme est passionnante, mais elle est aussi extrêmement bien racontée. Nury s'y connait pour dire de bonnes histoires, et il n'y a pas grand chose à redire sur la narration, peut être sur les sauts dans le temps dans les derniers albums mais vu que je n'ai pas lu dans l'ordre c'est peut être juste moi que ça a un peu perdu. C'est passionnant, on voit bien l'évolution de la personnalité du héros, et la différence entre cruelle froideur et moments de prise de conscience de ce qu'il est en train de devenir. J'ai bien aimé cette ambivalence des personnages qui ne sont pas tout blancs ou tout noirs. Joseph est présenté comme ayant des côtés bons parfois, et le "petit juge de Melun", au contraire, alors qu'il sert une cause à priori juste, celle de la justice, est présenté avec des côté plus obscurs et s'assombrit au fur et à mesure du récit. Pareil pour les autres personnages, ils sont tous plutôt bien construits et intéressants, même si évidemment certains sont plus secondaires que d'autres et donc moins profonds, comme Lucie Fer qui est essentiellement le soutien de Joseph ou son frère qui le soutient coûte que coûte puis s'en détache. Mais ils restent tous intéressants et il n'y a pas un personnage ou je me suis dit que son développement était pas terrible. Quant au dessin, c'est celui de Vallée. Il est comme d'habitude très bon, mais je note une différence avec les deux autres bds que j'ai lues de lui, à savoir Katanga et Tananarive. "Il était une fois en France" est antérieur à ces deux bds, et le style de Vallée n'en était pas au même stade de maturité. Et j'avoue que je ne sais pas exactement ce que je préfère. Ce style là est plus réaliste (surtout pour ce qui concerne les têtes des personnages) et, pour un récit "historique", ce n'est pas plus mal. A l'inverse, le style "nouveau" de Sylvain Vallée est plus marqué et plus reconnaissable, mais les têtes particulières de certains personnages atténuent un peu ce côté réaliste. Mais au moins maintenant on reconnait tous les personnages alors que dans "Il était une fois en France" j'ai parfois eu un peu de mal. Bref, quoi qu'il en soit, le dessin ici est très bon, même si j'aime bien quand les dessinateurs ont leur patte, leur petit truc particulier, et donc j'aime bien le chemin pris par le dessin de Vallée récemment. Je conseille donc évidemment cette bd pour ceux qui seraient passés à côté.
Waco Horror - Elisabeth Freeman, l'infiltrée
En découvrant cet album et son titre, j’ai un temps pensé qu’il traitait du siège et du massacre qui se sont déroulés dans les années 1990, autour d’une secte d’illuminés. Mais en fait pas du tout, il s’agit d’une autre horreur, liée aux lynchages de Noirs, au début du XXème siècle. Le sujet est violent, mais son traitement est plutôt « doux », presque calme. Du fait du dessin de Stéphane Soularue, et de la colorisation « apaisée ». Mais aussi ce de certains choix, comme celui de montrer indirectement l’extrême violence du lynchage de Jesse Washington. Les photos existantes, qui ont choqué l’opinion à l’époque, sont ainsi seulement évoquées. Mais un très long passage, où une gamine témoin de la scène décrit ce qu’elle a vu, en accompagnant son témoignage de dessins, et d’une rare brutalité ! Cet album est aussi l’occasion pour moi de découvrir le personnage d’Elisabeth Freeman, qui a milité au sein des suffragettes anglaises (sujet exploré dans le précédent album des scénaristes, Jujitsuffragettes - Les Amazones de Londres), avant de faire de même en Amérique. Elle est aussi ici une pionnière du reportage de guerre (et quasi une enquêtrice de haut vol !), car envoyée enquêter sur cette sordide affaire par le journal d’un homme noir engagé, Du Bois (que je connaissais, lui). Beau personnage, de conviction, que cette Elisabeth Freeman, qui se rend compte que toutes les luttes sont liées, et que l’égalité des droits est valable pour les Noirs comme pour les femmes. Dans un dossier et une interview en fin d’album, les auteurs expliquent comment ils en sont arrivés à traiter de ce sujet, et il semblerait qu’ils n’aient pas modifié grand-chose à la personnalité et aux actions de madame Freeman, effectivement un sacré bout de femme et une belle personnalité. Un album intéressant et une lecture recommandée.
Les Oiseaux lumineux
D'abord un grand merci à Noirdesir pour la découverte de cet album. Je découvre Andrei Puica auteur roumain, dont c'est la première bd publiée en France. Une lecture hypnotique, le dessin est d'une incroyable originalité et d'une puissance évocatrice hors norme. Je suis subjugué par tant d'imagination et la mise en page audacieuse. Il sert à merveille ce conte onirique. Et la superbe mise en couleur magnifie le tout. Mais que c'est BEAU ! Encore un récit impossible à résumer. Une ville perchée sur un rocher erre dans l'espace et on va y découvrir ses habitants, ceux qui ont survécu aux massacres et les oppresseurs. La dystopie. Une narration onirique, philosophique, symbolique et poétique où la métaphore est bien présente. Un conte à plusieurs niveaux de lecture que je vous laisse découvrir. Chacun en aura sa propre interprétation. Le bien et le mal ne sont-ils pas inséparables ? Quid du libre arbitre ? Une lecture qui se mérite. Andrei Puica, un artiste à suivre. Un gros coup de cœur graphique.