La série "Les Contes des cœurs perdus" est émouvante et douce, et possède toujours ce côté très sensible envers les autres, les différences, l'acceptation, la solitude. Des thèmes abordés de manière atypique et intelligente... Que ce soit Chaque jour Dracula ou le si fabuleux Chaussette. Elle est orchestrée avec brio par Loïc Clément et dessinée par divers dessinateurs/trices, selon les albums.
"Mauvais sang", le dernier en date, est joliment écrit et dessiné. Toujours avec des brillants jeux de mots dans les dialogues. C’est une lecture douce pour un moment de détente pédagogique. Dans cet album, c'est Lionel Richerand qui s'occupe des dessins + couleurs et c'est totalement merveilleux. Ce dessinateur est très talentueux et je ne le connaissais pas du tout.
L’histoire est celle d'un enfant vampire, millénaire, qui s'appelle Tristan. Il se fait beaucoup de mauvais sang ! Pourquoi ? Parce qu'il est solitaire. Il vit depuis trop longtemps sans ses parents. Mais grâce à une charmante rencontre il va retrouver une famille recomposée et qui va devenir la sienne. Cela m’a touchée car mes enfants et moi-même, nous sommes une famille recomposée et ce dialogue décrit très bien ce que nous ressentons :
"On est pas une famille décomposée, tu sais... Juste une famille recomposée ! "
"Tant qu'on est là les uns pour les autres, le reste est comme un clapotis dans une flaque."
C'est donc encore une belle réussite pour ce dernier opus pour la série Les Contes des cœurs perdus.
Bon par où commencer, déjà le dessin qui est de loin très bien travaillé. Entre les panoramas que l'auteur met à de multiples reprises et la couverture superbe qui donne envie au moindre coup d'œil de lire le tome. On a le droit à chaque tome à une belle couverture ainsi qu'un dos de livre également bien travaillé. Outre les panoramas on a également des cases souvent remplies de détails qui donnent de la vie à l'œuvre.
Dans le tome 2, au lieu d'avoir une présentation de personnage on a en 1 page, une grande case qui nous montre les différentes étapes du voyage, sans trop allonger les tomes pour ajouter du contenu qui pourrait être rébarbatif si c'était simplement à la suite de l'histoire.
Des personnages peut-être trop stéréotypés pour certains, mais qui cependant donnent de l'attachement aux personnages et qui nous permettent de bien les différencier. Magus of the Library parle selon moi de racisme et d'acceptation de chacun, ainsi que de s'accepter également. Valeur importante qui permet d'avancer sans se soucier des différences de chacun.
Ce manga, je pense, pourrait faire peur à certains dû à des moments avec pas mal de bulles. Mais à d'autres moments sans dialogue simplement des paysages à admirer.
Histoire qui n'est pas forcément novatrice, un petit garçon qui est persécuté par tout son village sauf 2 personnes, mais qui finit par se faire accepter par chacun en démontrant ses forces et sa passion. Il rêve de devenir un Kahunas, donc comme plein d'autres mangas à succès il part pour passer le concours. Donc pas forcément novateur cependant l'association de magie, de livre, d'Asie Centrale avec un dessin parfait et une histoire typique Nekketsu donne pour moi un manga qui je l'espère perdurera et qui continuera de me faire rire et vibrer pendant longtemps.
Ce n'est pas l'œuvre que je préfère pour le moment, mais elle rentre facilement dans mon top.
Histoire qui plaira à un public qui aime des mangas très shonen. Car il en suit les codes.
De toutes les BD de Pénélope Bagieu que j'ai lues, Les Strates est sans conteste celle que j'ai préférée.
L'objet en lui-même est déjà une jolie trouvaille : l'album, ressemblant à un carnet Moleskine, est le format parfait pour cette sorte de journal intime croqué au crayon. Au fil des pages, Pénélope Bagieu raconte des anecdotes de son enfance et adolescence, plus ou moins longues, tour à tour profondes et légères. Toutes ces histoires forment un ensemble cohérent, et sont autant de moments qui l'ont marquée d'une manière ou d'une autre, des strates qui l'ont conduit à devenir la femme qu'elle est aujourd'hui.
J'ai souri, parfois même ri, l'émotion a embué mes yeux et mon sang s'est glacé dans mes veines. C'est qu'au fil de ses albums Pénélope Bagieu a su parfaire son sens de la narration ; chaque histoire est bien rythmée, et elle sait trouver le ton juste quelle que soit l'émotion qu'elle veut transmettre. Le tout est porté par son dessin précis et expressif.
Les thèmes abordés sont variés, elle traite de l'enfance et de l'adolescence avec beaucoup de justesse ; je pense que la plupart des lecteurs et lectrices pourront se retrouver dans l'une ou l'autre de ses histoires.
Un très bel ouvrage aussi bien dans le fond que dans la forme.
San Francisco dans les années 1980 est la toile de fond d’un excellent thriller, bien construit, bien écrit et qu’on ne lâche pas jusqu’au dernier tome de la série. Tout commence avec un meurtre de masse, en pleine rue. Jusque-là, rien de très original. L’inspecteur Spadaccini, surnommé « Wonderball » - je ne dirai rien de l’origine de ce surnom - est chargé de l’enquête. Un type étrange, sombre violent, usant de méthodes peu réglementaires mais efficaces. Pour Spadaccini, un truc ne colle pas : le tireur a assassiné neuf personnes avec une rapidité record et avec des angles de tir improbables voire impossibles pour tout tireur normalement constitué. Et ça lui rappelle un autre meurtre à notre enquêteur : celui de J. F. Kennedy. Persuadé que ce super tireur a reçu une formation militaire hors norme, Spadaccini va remonter une piste qui le conduit jusqu’à une société secrète aux ramifications mondiales et aux projets démentiels. Mais, plus il progresse dans ses recherches, plus il s’enfonce dans une histoire sombre et complexe qui fait remonter à la surface des souvenirs effrayants de sa propre jeunesse.
Une ambiance noire très réussie, un rythme haletant, des dialogues ciselés et crus, et des silences bien placés. Les différents personnages sont très cohérents et les zones d’ombres qui entourent Spadaccini se dévoilent progressivement au fil des albums. L’excellent dessin accentue le côté glauque du scénario et le découpage dynamique lui donne un rythme cinématographique. On est totalement immergés dans cette histoire. A l’inverse, les scènes dans le désert américain sont lumineuses et saturées de soleil. Elles offrent une pause au lecteur et ça fait du bien avant de replonger dans l’action. Un gros coup de cœur !
Je ne connaissais pas Théo Grosjean avant, sa série L'homme le plus flippé du monde a l'air assez drôle et je m'y pencherai peut-être. Ici ce n'est pas vraiment l'humour qui domine. C'est plutôt dérangeant, un peu glauque. Dès les premières planches on découvre une naissance en vue subjective, du point de vue du bébé je précise. Et tout le reste de l'album de 160 pages sera du même ordre, une belle prouesse narrative. De même la colorisation verte sera de mise sur tout l'album.
On est dans les yeux de Samuel qui n'exprime rien, dès la naissance il ne pleure pas, un regard fixe qui met les autres mal à l'aise et plus tard en grandissant restera muet sans qu'on sache bien s'il a un problème pour parler ou si tout simplement il n'en a pas envie. On ne voit son visage que de temps en temps quand il croise un miroir.
Le garçon s'exprime par le dessin et à force d'entrainement devient très doué. Il est très solitaire, s'amuse avec des oiseaux morts... Il va ensuite dans une école spécialisée où il se fait un bon ami. Ses parents se séparent, puis sa mère meurt sous ses yeux. Pas très joyeux raconté comme ça mais c'est accrocheur et j'ai lu d'une traite cette histoire retraçant toute une vie.
Je connaissais déjà l'histoire de "Fatty". Ce personnage oublié aujourd'hui à part des amateurs de cinéma des années 1910-1930 était pourtant l'acteur n°1 du burlesque avant Chaplin, Keaton et Laurel et Hardy.
La manière de nous raconter l'histoire de Julien Frey est bien choisie. Ici c'est Buster Keaton, l'ami de toujours, qui nous raconte l'histoire de Roscoe alors qu'il est sur la fin de sa carrière. Débutant le récit au moment de la rencontre des deux acteurs, on suit alors la vie de Roscoe faite de débauche et d'excès en tout genre. Il nous dépeint bien la vie de ce grand costaud (ou enrobé) et ces travers incluant même des anecdotes légendaires (le fait qu'il aurait donné son pantalon à Chaplin). Puis vient le scandale et les procès il nous montre tous les détails qui amèneront à l'acquittement de Roscoe mais à la nécessité des trois procès pour qu'il soit totalement innocenté. Enfin nous avons la fin de Roscoe et ses difficultés à revenir dans le monde d'Hollywood et du spectacle en général malgré son innocence. Toute cette histoire est traversée par l'amitié de Buster et Fatty et on s'attache à ses deux personnages.
Le trait de Nadar correspond bien à l'histoire et on reconnait du premier coup d’œil les protagonistes. Roscoe nous est tout de suite sympathique. J'aime beaucoup aussi le choix des couleurs.
Ce n'est peut-être pas ce qu'on pourrait appeler un album culte mais j'ai beaucoup aimé cette lecture et c'est un coup de coeur. Achat indispensable pour les passionnés de cinéma.
Élégant, émoustillant et malin : Rabaté est en grande forme.
Le dessin d'abord : le trait noir et fragile (et tellement humain !) rehaussé d'un ombrage de pèche sur les peaux. La couleur atténuée, presque bicolore bleu pâle et bistre. Dans l'ensemble une sorte de clarté lunaire qui rappelle peut-être un passé glorieux à l'auteur, les années 60.
Ce décor surexposé met en scène la confrontation de brocanteurs douteux et issus de parcours peu enviables avec la jeunesse dorée d'un village de bord de mer. Dans ce scénario, vaguement anarchiste, où les enfants des rupins s'encanaillent, un seul se rebelle véritablement contre son avenir de militaire fils de gradé.
C'est l'amour impromptu qui fait dérailler les projets et l'ordre social en même temps. Comme on aimerait que cette historiette puisse être vraie...
Peut-être l'est-elle finalement ?
C'est amusant, en lisant cet album sans voir les auteurs, j'étais persuadé que le dessinateur était Thierry Martin (Le Roman de Renart) dont j'aime beaucoup le style. C'est n'est pourtant pas lui mais bien Léonard Chemineau qui est ici au dessin, dans un style plus doux et mignon que celui que je lui connaissais dans Le Travailleur de la nuit ou Julio Popper. C'est en tout cas un style de dessin que j'apprécie vraiment. Il est à la fois esthétique, épuré et en même très lisible. Les décors sont beaux, lumineux, et les personnages sont très réussis. J'aime surtout la bouille de la mule dont les expressions me font rire presque à chaque fois.
L'histoire n'est pas en reste.
Son cadre historique est excellent et tellement rare en BD. Quel incroyable contraste entre la finesse de ce califat Andalou du Xe siècle et la barbarie violente du monde Franc et Viking de la même époque. Et quelle plongée intéressante dans cet univers. Quelle surprise d'y voir des gardes musulmans armés, vêtus et coiffés comme des soldats francs, loin des clichés de l'arabe en turban et au sabre courbe. Quelle surprise d'y voir justement quelques vikings aborder les rivages espagnols. Et quel véritable intérêt de découvrir les relations entre les peuples de l'époque, les machinations politiques et leur impact sur la science et la littérature qui ont fait la gloire du monde arabe d'alors.
Cela, nous le découvrons par le biais d'une véritable histoire à l'échelle humaine avec quatre protagonistes principaux, dont une mule, lancés dans une aventure pour sauver des livres précieux. C'est un récit qui mêle aventure et humour, avec de bons personnages, des dialogues ciselés, et surtout une très bonne tenue de route tant dans le rythme que dans l'attachement à son intrigue, sa crédibilité et son intelligence.
Un vrai plaisir de lecture qui apporte en outre son lot d'informations historiques particulièrement instructives.
Le pas de la manu n'a aucun rapport avec notre Président en exercice, il s'agit de la manufacture d'armes de Saint-Étienne qui a fait travailler beaucoup de monde depuis des décennies. C'est d'ailleurs de là comme je l'ai appris que vient le FAMAS, qui s'avère être un acronyme : fusil d'assaut de la manufacture d'armes de Saint-Étienne. Encore un savoir-faire qui se perd et une industrie dont la France a perdu la souveraineté...
Pour en revenir à ce récit, parfois cela fait rire et suscite des jalousies dans le monde ouvrier, car pour certains ce sont des planqués, payés à l'heure et pas à la pièce et qui ont parfois pas mal de temps pour des activités personnelles. C'est ce qui s'appelle la perruque et souvent ce sont de petites pièces pour bricoler, mais l'un d'entre eux veut y construire son bateau et ça représente un sacré paquet d'heures de boulot. Mais comment faire pour sortir le moteur discrètement au nez et à la barbe des gardiens de l'entrée ?
Bel hommage à ce monde ouvrier, on sent l'affection de l'auteur Baptiste Deyrail pour ce milieu. En tout cas son dessin, whaou. Plus de 200 planches avec une technique expliquée à la fin, comme de l'huile sur des plaques de zinc. De toute beauté. Une ambiance façon films de Renoir où on croise d'ailleurs un sosie de Gabin. Je dis bravo.
Le genre fantastique est un exercice difficile. Il a été peu utilisé dans la littérature française à quelques exceptions notables (Maupassant ou Mérimée).
La série Niklos Koda présente tous les critères du genre et je trouve que c'est une réussite totale.
Pourtant l'introduction d'un élément fantastique en BD peut être une facilité de scénario qui a tendance à m'agacer. C'est le cas dans Jessica Blandy où je trouve le personnage de Razza superfétatoire, débarquant au milieu de la série comme un cheveu sur la soupe.
Ici rien de tel, nous sommes plongés dans une ambiance fantastique dès les premières pages du tome 1. Le personnage de Barrio Jésus restera central dans l'esprit du récit jusqu'à la conclusion du tome 15.
Le dessin d'Olivier Grenson est parmi ceux que je préfère. L'expression de ses visages, ses positions de corps (Aïcha en tailleur sage sur son bureau jambes croisées devant Niklos, merveille d'érotisme), j'en raffole.
Mais le plus pour moi, ce sont toutes ces ambiances un peu glauques de Paris, Prague, Marrakech, Barcelone, Le Caire et autres villes d'Asie ou du Moyen Orient. C'est une vraie invitation à la rêverie et la flânerie un peu frissonnante.
Niklos est-il le Nième séducteur qui permet d'introduire une bonne dose d'érotisme dans le récit ? Et bien non. Le personnage murit au fil des épisodes. Il devient papa de Seleni et le rapport père-fille humainement et en magie va apporter énormément au récit.
D'ailleurs, il ne fait pas très bon entrer dans le lit du beau Koda, beaucoup y perdront la vie.
Cette paternité est une première trouvaille du scénario. La seconde c'est la confrontation de Niklos à deux méchants très intéressants. L'un matériel qui tendra vers le surnaturel Hali Mirvic, et l'autre surnaturel qui finira vers le réel, Barrio.
Je trouve chaque tome bon et d'un niveau sensiblement égal. Ce qui est rare dans une série mi-longue comme celle-ci.
Les femmes sont magnifiques, sur un modèle de magasines ouest européen mais cela correspond à l'action et à la géographie. Les scènes érotiques sont bien placées, dans la logique de l'action et de la construction de la personnalité ambiguë de Koda.
Les personnages secondaires du cercle sont vraiment top avec une véritable influence sur l'histoire.
Enfin l'élément fantastique du récit. C'est un parti pris qu'il faut accepter tout de suite. Je trouve que Dufaux respecte tous les codes du genre. C'est vraiment très bien fait.
Il y a à la fois unité du récit à travers les cartes et originalité des situations à travers le cercle.
J'ai oublié les couleurs... Subliiiiimes
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Mauvais Sang
La série "Les Contes des cœurs perdus" est émouvante et douce, et possède toujours ce côté très sensible envers les autres, les différences, l'acceptation, la solitude. Des thèmes abordés de manière atypique et intelligente... Que ce soit Chaque jour Dracula ou le si fabuleux Chaussette. Elle est orchestrée avec brio par Loïc Clément et dessinée par divers dessinateurs/trices, selon les albums. "Mauvais sang", le dernier en date, est joliment écrit et dessiné. Toujours avec des brillants jeux de mots dans les dialogues. C’est une lecture douce pour un moment de détente pédagogique. Dans cet album, c'est Lionel Richerand qui s'occupe des dessins + couleurs et c'est totalement merveilleux. Ce dessinateur est très talentueux et je ne le connaissais pas du tout. L’histoire est celle d'un enfant vampire, millénaire, qui s'appelle Tristan. Il se fait beaucoup de mauvais sang ! Pourquoi ? Parce qu'il est solitaire. Il vit depuis trop longtemps sans ses parents. Mais grâce à une charmante rencontre il va retrouver une famille recomposée et qui va devenir la sienne. Cela m’a touchée car mes enfants et moi-même, nous sommes une famille recomposée et ce dialogue décrit très bien ce que nous ressentons : "On est pas une famille décomposée, tu sais... Juste une famille recomposée ! " "Tant qu'on est là les uns pour les autres, le reste est comme un clapotis dans une flaque." C'est donc encore une belle réussite pour ce dernier opus pour la série Les Contes des cœurs perdus.
Magus of the Library
Bon par où commencer, déjà le dessin qui est de loin très bien travaillé. Entre les panoramas que l'auteur met à de multiples reprises et la couverture superbe qui donne envie au moindre coup d'œil de lire le tome. On a le droit à chaque tome à une belle couverture ainsi qu'un dos de livre également bien travaillé. Outre les panoramas on a également des cases souvent remplies de détails qui donnent de la vie à l'œuvre. Dans le tome 2, au lieu d'avoir une présentation de personnage on a en 1 page, une grande case qui nous montre les différentes étapes du voyage, sans trop allonger les tomes pour ajouter du contenu qui pourrait être rébarbatif si c'était simplement à la suite de l'histoire. Des personnages peut-être trop stéréotypés pour certains, mais qui cependant donnent de l'attachement aux personnages et qui nous permettent de bien les différencier. Magus of the Library parle selon moi de racisme et d'acceptation de chacun, ainsi que de s'accepter également. Valeur importante qui permet d'avancer sans se soucier des différences de chacun. Ce manga, je pense, pourrait faire peur à certains dû à des moments avec pas mal de bulles. Mais à d'autres moments sans dialogue simplement des paysages à admirer. Histoire qui n'est pas forcément novatrice, un petit garçon qui est persécuté par tout son village sauf 2 personnes, mais qui finit par se faire accepter par chacun en démontrant ses forces et sa passion. Il rêve de devenir un Kahunas, donc comme plein d'autres mangas à succès il part pour passer le concours. Donc pas forcément novateur cependant l'association de magie, de livre, d'Asie Centrale avec un dessin parfait et une histoire typique Nekketsu donne pour moi un manga qui je l'espère perdurera et qui continuera de me faire rire et vibrer pendant longtemps. Ce n'est pas l'œuvre que je préfère pour le moment, mais elle rentre facilement dans mon top. Histoire qui plaira à un public qui aime des mangas très shonen. Car il en suit les codes.
Les Strates
De toutes les BD de Pénélope Bagieu que j'ai lues, Les Strates est sans conteste celle que j'ai préférée. L'objet en lui-même est déjà une jolie trouvaille : l'album, ressemblant à un carnet Moleskine, est le format parfait pour cette sorte de journal intime croqué au crayon. Au fil des pages, Pénélope Bagieu raconte des anecdotes de son enfance et adolescence, plus ou moins longues, tour à tour profondes et légères. Toutes ces histoires forment un ensemble cohérent, et sont autant de moments qui l'ont marquée d'une manière ou d'une autre, des strates qui l'ont conduit à devenir la femme qu'elle est aujourd'hui. J'ai souri, parfois même ri, l'émotion a embué mes yeux et mon sang s'est glacé dans mes veines. C'est qu'au fil de ses albums Pénélope Bagieu a su parfaire son sens de la narration ; chaque histoire est bien rythmée, et elle sait trouver le ton juste quelle que soit l'émotion qu'elle veut transmettre. Le tout est porté par son dessin précis et expressif. Les thèmes abordés sont variés, elle traite de l'enfance et de l'adolescence avec beaucoup de justesse ; je pense que la plupart des lecteurs et lectrices pourront se retrouver dans l'une ou l'autre de ses histoires. Un très bel ouvrage aussi bien dans le fond que dans la forme.
Wonderball
San Francisco dans les années 1980 est la toile de fond d’un excellent thriller, bien construit, bien écrit et qu’on ne lâche pas jusqu’au dernier tome de la série. Tout commence avec un meurtre de masse, en pleine rue. Jusque-là, rien de très original. L’inspecteur Spadaccini, surnommé « Wonderball » - je ne dirai rien de l’origine de ce surnom - est chargé de l’enquête. Un type étrange, sombre violent, usant de méthodes peu réglementaires mais efficaces. Pour Spadaccini, un truc ne colle pas : le tireur a assassiné neuf personnes avec une rapidité record et avec des angles de tir improbables voire impossibles pour tout tireur normalement constitué. Et ça lui rappelle un autre meurtre à notre enquêteur : celui de J. F. Kennedy. Persuadé que ce super tireur a reçu une formation militaire hors norme, Spadaccini va remonter une piste qui le conduit jusqu’à une société secrète aux ramifications mondiales et aux projets démentiels. Mais, plus il progresse dans ses recherches, plus il s’enfonce dans une histoire sombre et complexe qui fait remonter à la surface des souvenirs effrayants de sa propre jeunesse. Une ambiance noire très réussie, un rythme haletant, des dialogues ciselés et crus, et des silences bien placés. Les différents personnages sont très cohérents et les zones d’ombres qui entourent Spadaccini se dévoilent progressivement au fil des albums. L’excellent dessin accentue le côté glauque du scénario et le découpage dynamique lui donne un rythme cinématographique. On est totalement immergés dans cette histoire. A l’inverse, les scènes dans le désert américain sont lumineuses et saturées de soleil. Elles offrent une pause au lecteur et ça fait du bien avant de replonger dans l’action. Un gros coup de cœur !
Le Spectateur
Je ne connaissais pas Théo Grosjean avant, sa série L'homme le plus flippé du monde a l'air assez drôle et je m'y pencherai peut-être. Ici ce n'est pas vraiment l'humour qui domine. C'est plutôt dérangeant, un peu glauque. Dès les premières planches on découvre une naissance en vue subjective, du point de vue du bébé je précise. Et tout le reste de l'album de 160 pages sera du même ordre, une belle prouesse narrative. De même la colorisation verte sera de mise sur tout l'album. On est dans les yeux de Samuel qui n'exprime rien, dès la naissance il ne pleure pas, un regard fixe qui met les autres mal à l'aise et plus tard en grandissant restera muet sans qu'on sache bien s'il a un problème pour parler ou si tout simplement il n'en a pas envie. On ne voit son visage que de temps en temps quand il croise un miroir. Le garçon s'exprime par le dessin et à force d'entrainement devient très doué. Il est très solitaire, s'amuse avec des oiseaux morts... Il va ensuite dans une école spécialisée où il se fait un bon ami. Ses parents se séparent, puis sa mère meurt sous ses yeux. Pas très joyeux raconté comme ça mais c'est accrocheur et j'ai lu d'une traite cette histoire retraçant toute une vie.
Fatty - Le premier roi d'Hollywood
Je connaissais déjà l'histoire de "Fatty". Ce personnage oublié aujourd'hui à part des amateurs de cinéma des années 1910-1930 était pourtant l'acteur n°1 du burlesque avant Chaplin, Keaton et Laurel et Hardy. La manière de nous raconter l'histoire de Julien Frey est bien choisie. Ici c'est Buster Keaton, l'ami de toujours, qui nous raconte l'histoire de Roscoe alors qu'il est sur la fin de sa carrière. Débutant le récit au moment de la rencontre des deux acteurs, on suit alors la vie de Roscoe faite de débauche et d'excès en tout genre. Il nous dépeint bien la vie de ce grand costaud (ou enrobé) et ces travers incluant même des anecdotes légendaires (le fait qu'il aurait donné son pantalon à Chaplin). Puis vient le scandale et les procès il nous montre tous les détails qui amèneront à l'acquittement de Roscoe mais à la nécessité des trois procès pour qu'il soit totalement innocenté. Enfin nous avons la fin de Roscoe et ses difficultés à revenir dans le monde d'Hollywood et du spectacle en général malgré son innocence. Toute cette histoire est traversée par l'amitié de Buster et Fatty et on s'attache à ses deux personnages. Le trait de Nadar correspond bien à l'histoire et on reconnait du premier coup d’œil les protagonistes. Roscoe nous est tout de suite sympathique. J'aime beaucoup aussi le choix des couleurs. Ce n'est peut-être pas ce qu'on pourrait appeler un album culte mais j'ai beaucoup aimé cette lecture et c'est un coup de coeur. Achat indispensable pour les passionnés de cinéma.
Sous les galets la plage
Élégant, émoustillant et malin : Rabaté est en grande forme. Le dessin d'abord : le trait noir et fragile (et tellement humain !) rehaussé d'un ombrage de pèche sur les peaux. La couleur atténuée, presque bicolore bleu pâle et bistre. Dans l'ensemble une sorte de clarté lunaire qui rappelle peut-être un passé glorieux à l'auteur, les années 60. Ce décor surexposé met en scène la confrontation de brocanteurs douteux et issus de parcours peu enviables avec la jeunesse dorée d'un village de bord de mer. Dans ce scénario, vaguement anarchiste, où les enfants des rupins s'encanaillent, un seul se rebelle véritablement contre son avenir de militaire fils de gradé. C'est l'amour impromptu qui fait dérailler les projets et l'ordre social en même temps. Comme on aimerait que cette historiette puisse être vraie... Peut-être l'est-elle finalement ?
La Bibliomule de Cordoue
C'est amusant, en lisant cet album sans voir les auteurs, j'étais persuadé que le dessinateur était Thierry Martin (Le Roman de Renart) dont j'aime beaucoup le style. C'est n'est pourtant pas lui mais bien Léonard Chemineau qui est ici au dessin, dans un style plus doux et mignon que celui que je lui connaissais dans Le Travailleur de la nuit ou Julio Popper. C'est en tout cas un style de dessin que j'apprécie vraiment. Il est à la fois esthétique, épuré et en même très lisible. Les décors sont beaux, lumineux, et les personnages sont très réussis. J'aime surtout la bouille de la mule dont les expressions me font rire presque à chaque fois. L'histoire n'est pas en reste. Son cadre historique est excellent et tellement rare en BD. Quel incroyable contraste entre la finesse de ce califat Andalou du Xe siècle et la barbarie violente du monde Franc et Viking de la même époque. Et quelle plongée intéressante dans cet univers. Quelle surprise d'y voir des gardes musulmans armés, vêtus et coiffés comme des soldats francs, loin des clichés de l'arabe en turban et au sabre courbe. Quelle surprise d'y voir justement quelques vikings aborder les rivages espagnols. Et quel véritable intérêt de découvrir les relations entre les peuples de l'époque, les machinations politiques et leur impact sur la science et la littérature qui ont fait la gloire du monde arabe d'alors. Cela, nous le découvrons par le biais d'une véritable histoire à l'échelle humaine avec quatre protagonistes principaux, dont une mule, lancés dans une aventure pour sauver des livres précieux. C'est un récit qui mêle aventure et humour, avec de bons personnages, des dialogues ciselés, et surtout une très bonne tenue de route tant dans le rythme que dans l'attachement à son intrigue, sa crédibilité et son intelligence. Un vrai plaisir de lecture qui apporte en outre son lot d'informations historiques particulièrement instructives.
Le Pas de la Manu
Le pas de la manu n'a aucun rapport avec notre Président en exercice, il s'agit de la manufacture d'armes de Saint-Étienne qui a fait travailler beaucoup de monde depuis des décennies. C'est d'ailleurs de là comme je l'ai appris que vient le FAMAS, qui s'avère être un acronyme : fusil d'assaut de la manufacture d'armes de Saint-Étienne. Encore un savoir-faire qui se perd et une industrie dont la France a perdu la souveraineté... Pour en revenir à ce récit, parfois cela fait rire et suscite des jalousies dans le monde ouvrier, car pour certains ce sont des planqués, payés à l'heure et pas à la pièce et qui ont parfois pas mal de temps pour des activités personnelles. C'est ce qui s'appelle la perruque et souvent ce sont de petites pièces pour bricoler, mais l'un d'entre eux veut y construire son bateau et ça représente un sacré paquet d'heures de boulot. Mais comment faire pour sortir le moteur discrètement au nez et à la barbe des gardiens de l'entrée ? Bel hommage à ce monde ouvrier, on sent l'affection de l'auteur Baptiste Deyrail pour ce milieu. En tout cas son dessin, whaou. Plus de 200 planches avec une technique expliquée à la fin, comme de l'huile sur des plaques de zinc. De toute beauté. Une ambiance façon films de Renoir où on croise d'ailleurs un sosie de Gabin. Je dis bravo.
Niklos Koda
Le genre fantastique est un exercice difficile. Il a été peu utilisé dans la littérature française à quelques exceptions notables (Maupassant ou Mérimée). La série Niklos Koda présente tous les critères du genre et je trouve que c'est une réussite totale. Pourtant l'introduction d'un élément fantastique en BD peut être une facilité de scénario qui a tendance à m'agacer. C'est le cas dans Jessica Blandy où je trouve le personnage de Razza superfétatoire, débarquant au milieu de la série comme un cheveu sur la soupe. Ici rien de tel, nous sommes plongés dans une ambiance fantastique dès les premières pages du tome 1. Le personnage de Barrio Jésus restera central dans l'esprit du récit jusqu'à la conclusion du tome 15. Le dessin d'Olivier Grenson est parmi ceux que je préfère. L'expression de ses visages, ses positions de corps (Aïcha en tailleur sage sur son bureau jambes croisées devant Niklos, merveille d'érotisme), j'en raffole. Mais le plus pour moi, ce sont toutes ces ambiances un peu glauques de Paris, Prague, Marrakech, Barcelone, Le Caire et autres villes d'Asie ou du Moyen Orient. C'est une vraie invitation à la rêverie et la flânerie un peu frissonnante. Niklos est-il le Nième séducteur qui permet d'introduire une bonne dose d'érotisme dans le récit ? Et bien non. Le personnage murit au fil des épisodes. Il devient papa de Seleni et le rapport père-fille humainement et en magie va apporter énormément au récit. D'ailleurs, il ne fait pas très bon entrer dans le lit du beau Koda, beaucoup y perdront la vie. Cette paternité est une première trouvaille du scénario. La seconde c'est la confrontation de Niklos à deux méchants très intéressants. L'un matériel qui tendra vers le surnaturel Hali Mirvic, et l'autre surnaturel qui finira vers le réel, Barrio. Je trouve chaque tome bon et d'un niveau sensiblement égal. Ce qui est rare dans une série mi-longue comme celle-ci. Les femmes sont magnifiques, sur un modèle de magasines ouest européen mais cela correspond à l'action et à la géographie. Les scènes érotiques sont bien placées, dans la logique de l'action et de la construction de la personnalité ambiguë de Koda. Les personnages secondaires du cercle sont vraiment top avec une véritable influence sur l'histoire. Enfin l'élément fantastique du récit. C'est un parti pris qu'il faut accepter tout de suite. Je trouve que Dufaux respecte tous les codes du genre. C'est vraiment très bien fait. Il y a à la fois unité du récit à travers les cartes et originalité des situations à travers le cercle. J'ai oublié les couleurs... Subliiiiimes