Les derniers avis (282 avis)

Par Sam Cragg
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Milady ou Le Mystère des Mousquetaires
Milady ou Le Mystère des Mousquetaires

Voici un album qui fait prendre conscience de ce que la bande dessinée peut apporter de mieux. "Milady ou le mystère des mousquetaires" est un bijou de talent et d'intelligence. A la manière d'un détective, le scénariste Sylvain Venayre nous embarque dans une relecture des trois mousquetaires d'Alexandre Dumas (et Auguste Maquet) afin de nous montrer ce que nous avons été incapables de voir jusqu'à présent dans cette histoire pourtant tellement connue. Il nous propose d'adopter un angle de vue inhabituel, de nous faire faire un pas de côté de manière à observer autrement des scènes du célèbre roman afin d'en bâtir une tout autre compréhension. A l'instar d'Hercule Poirot , il débarrasse le récit des éléments qui habituellement nous aveuglent et nous égarent pour permettre à une autre réalité des faits d’apparaître à nos yeux. Chasser l'illusion pour faire surgir la vérité. Et c'est alors à une toute autre histoire que nous assistons : les héros ne sont peut-être plus les héros qu'ont célébré tant de générations d'admirateurs et leurs ennemis recouvrent soudainement un visage ami et un air plus touchant. Cette passionnante et érudite lecture des trois mousquetaires est servie par un dessin fabuleux de Frédéric Bihel. Son talent ici force l'admiration. Il est parvenu à retrouver l'ambiance des dessins et gravures du XVIIe siècle. Des cases extraordinaires succèdent à d'autres cases extraordinaires. L'ensemble est d'une sobriété exemplaire pourtant. Il est malheureusement assez rare que deux talents si singuliers s'acoquinent pour réaliser un album de bande dessinée d'une telle qualité et d'une si belle ambition, il serait dommage de passer à côté d'une aussi brillante réussite, d'un chef d’œuvre assurément.

19/02/2022 (modifier)
Par Solo
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Vernon Subutex
Vernon Subutex

Le bonheur surprise depuis ce début d'année grâce à ce duo d'auteurs que je ne connaissais que de nom. Je ne sais pas si l'adaptation est réussie, mais cette BD est une pépite. Très difficile à résumer sans partir sur un mémoire mais bon, on y va. Tout au long du récit, nous suivons la vie tourmentée de Vernon Subutex. Mélomane proche de la cinquantaine, ancien disquaire d'une boutique parisienne appelée "Revolver", dont il a fallu mettre la clé sous la porte. Il réussira à se débrouiller pour vivre convenablement pendant quelques temps grâce à ses petites affaires, puis surtout grâce à Alex Bleach, véritable star de la scène rock internationale. Le problème, c'est qu'Alex finit par mourir : Vernon a perdu à la fois un de ses plus vieux amis autant que celui qui payait son loyer. Quelques jours avant sa mort, Alex lui a remis une clé USB contenant son "testament". Sans savoir ce que cela contient vraiment, ce petit objet suscite des convoitises. Vernon, de son côté, entame sa vie de SDF quasi-assumée et cherche essentiellement à renouer le contact avec son cercle social afin de trouver un toit où dormir. Au même titre que l'avenir opaque et précaire de Vernon, le lecteur ne sait pas comment cela peut bien terminer. Déroutant au début, on finit par comprendre qu'à travers l'intrigue, l'auteur veut aussi et surtout mettre en avant un point de vue sur l'évolution sociale en France, grosso modo entre les années 80 et aujourd'hui. Il n'y a aucun filtre, c'est trash, punk, et tout le récit résonne avec la culture Sexe, Drogue et Rock'n'Roll. Et pour ajouter encore plus d'intérêt, l'auteur donne une voix à des individus qui sont généralement écartés de la société, jugés sans réflexion : star system dépressive, actrice porno, SDF, transexuel, trader, drogué, bourgeoise complètement dévergondée, producteur haineux, musulman... Toute cette ambiance underground dégage non seulement des péripéties originales, mais elle permet surtout de mettre en avant une génération qui a pu se paumer en cours de route. L'esprit rock 70'/80' est terminé, le monde évolue et certains deviennent des laissés pour compte qui assument leur exclusion sociale, ou qui la subissent. Alors ils encaissent, parce-que faut dire qu'ils prennent chers. Il y a quelque chose comme ça dans ce récit. L'ensemble peut paraître négatif et dépressif, sauf que j'y trouve énormément de beauté et d'espoir malgré tout. Puisque la musique est reine dans ce récit, je traduirais musicalement cette BD par du Mano Solo : ça souffre au quotidien, il y a du "no future" à chaque planche, mais chacun continue le combat, comme quand Vernon répond à Alex en disant "Je suis un Warrior !!!". Et enfin, il y a de l'humour, beaucoup d'humour. Vernon est terriblement attachant, et solide mentalement. Beaucoup l'apprécient, le lecteur aussi, forcément. Pourquoi ? C'était le meilleur disquaire de Paris. Au fond, tout le monde apprécie Vernon. Et puis grâce à lui, ce récit regorge énormément de références musicales que j'ai eu plaisir à croiser. Tous les autres personnages sont vachement haut en couleurs et ont chacun une personnalité unique qui fait vivre le scénario à 10000%. Scénaristiquement, les scènes s'entre-mêlent, le passé se marie avec le présent, les péripéties se croisent... Tout ce petit monde est fait pour se rencontrer un de ces quatre, et c'est diablement bien fichu. Je terminerai avec le dessin. C'est encore le genre où si je feuillette, je fais bof. Comme un imbécile, je me dis que ça paraît un peu trop "crado", et puis finalement le graphisme joue complètement son rôle pour nous happer dans cette histoire. Il y a des audaces graphiques bluffantes, à commencer par les pleines pages. Les couleurs font vivre les planches, c'est un bouquin en ébullition que j'ai eu entre les mains. Le seul reproche à lui donner serait peut-être le manque de régularités. La fin du premier tome suffirait presque, en tout cas il ne nous fait pas trop languir pour le second (et dernier). Alors pourquoi attendre ? Je vous conseille vraiment de foncer vous le procurer. C'est une lecture très dense, il faut prendre son temps pour la savourer. Merci également au travail éditorial, les pages sont épaisses, ce qui en fait un livre très agréable à parcourir. Ce roman graphique plaira certainement à la génération visée par l'histoire, aux lecteurs proches de la culture punk, aux amateurs de musique, aux curieux intéressés par les problématiques sociétales, mais aussi psychologiques... Bref c'est hyper diversifié, on ne s'ennuiera pas lors des relectures. Je suis quand même pressé de savoir comment va finir cette histoire. A suivre de très très près!

10/02/2022 (modifier)
Couverture de la série Le Monde sans fin
Le Monde sans fin

La lecture de Saison brune m'avait laissé saisi, en état de choc, et pour tout dire assez désespéré. En allant glaner des informations sur le sujet du réchauffement climatique, je suis tombé par hasard sur une vidéo de Jean-Marc Jancovici. Faut-il le présenter ? Polytechnicien, inventeur du bilan carbone, co-fondateur du Shift Project, infatigable vulgarisateur, travaillant sur le sujet du réchauffement climatique depuis plus de 20 ans maintenant, il a sa cohorte de fans... et de détracteurs. Quoiqu'on en pense, il connaît très bien son sujet. Il pourra même paraître arrogant à certains. Forcément, il a 20 ans d'avance sur celui qui - comme moi - débarque sur le sujet ! Il fait en outre montre d'un esprit très vif et souvent taquin, pour ne pas dire carrément rentre-dedans, y compris lorsqu'il est audité par des sénateurs. Une de ses grandes forces est de présenter des choses complexes avec une limpidité évidente. Qu'on ne s'y trompe cependant pas, ses affirmations restent discutables. Ou plutôt, puisque nous sommes dans le domaine scientifique, vérifiables. Au minimum, ses conférences disponibles sur YouTube ont l'immense mérite d'apporter à tous ceux qui prennent le temps de les regarder des informations pointues et précises sur des sujets qui sinon n'ont qu'une visibilité ridicule dans nos médias, que ce soit en volume ou en profondeur. Sans surprise, cet album reprend le fond de son propos. En près de 200 pages, la somme d'informations est très importante. Et des sujets évoqués en à peine deux pages pourront ensuite conduire le lecteur intéressé à plusieurs heures d'approfondissement. Il constitue à mon avis une excellente approche d'une écologie non punitive et relevant d'une simple nécessité de survie. Loin de susciter un effroi paralysant, il incite bien plutôt à l'action en donnant les clés permettant la compréhension et le choix éclairé. Alors, à lire ? Oui, évidemment ! Culte ? Oui, de facto ! Et pour citer Jean-Marc Jancovici dans ce livre : Le reste n'a qu'une importance relative.

31/01/2022 (modifier)
Par doumé
Note: 5/5
Couverture de la série Monstres
Monstres

Monstrueux ! Un album d'une intensité émotionnelle rarement atteinte pour un album de 360 pages, l'auteur nous fait plonger dans des drames humains où la violence est omniprésente. Les personnages sont victimes de leurs histoires à travers plusieurs générations.Des lésions post traumatiques ou de chocs liés à l'enfance, tous les personnages vivent un enfer administré par des militaires qui n'ont qu'un objectif concevoir le soldat parfait en s'adonnant à des expérimentations sur des cobayes humains. L'histoire s'étale sur plusieurs décennies et nous est racontée sans respecter la chronologie des événements. L'auteur utilise les changements d'époque avec beaucoup de talent pour nous faire vivre les angoisses de ses personnages et nous distille petit à petit des indices pour découvrir l'origine de leurs folies. En toile de fond, l'auteur dénonce plusieurs thèmes: l'alcoolisme, les violences faites aux femmes et aux enfants, la folie de la guerre qui détruit les hommes et l'auteur ne fait pas dans la dentelle, c'est sans filtre et brutal. Le dessin est en noir et blanc avec des cases très détaillées, les décors et les représentations des personnages à travers les ages sont vraiment réussis. Un niveau de qualité impressionnant pendant 360 pages qui doit représenter pour l'auteur un travail considérable. Une descente dans l'enfer créé par Barry Windsor-Smith où la noirceur humaine parait ne pas avoir de limite.

30/01/2022 (modifier)
Par Xmbroise
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Klaw
Klaw

Suivant cet ouvrage depuis mes 10 ans (aujourd’hui 18) j’ai, je pense, pu lire The klaw de la meilleure manière possible. Pour moi cette bande dessiné se lit sous plusieurs générations. A ses débuts on rencontre un gamin qui découvre ses pouvoirs et qui se venge de ses tortionnaires au lycée, puis par la suite il est pris sous l’aile d’un mentor, grosse bataille, des gens meurent, d’autres non, bref le début est assez puéril et gentil. En revanche au fur et mesure de la publication des tomes on en découvre de plus en plus sur ces fameux dieux ancestraux asiatiques. L’histoire se complique à base de guerre de gang, de possession de ces fameux dieux, de nouveaux personnages et de nouvelles intrigues très intéressantes. Ce que je pense de cet ouvrage c’est qu’il est fait pour être lu en fonction de sa parution. L'œuvre devient de plus en plus mature et compliquée au fur et à mesure des tomes. Si vous êtes un grand amateur de bd, vous allez sûrement ne pas être emballé par ses débuts, mais un petit garçon oui (ce fut mon cas). Par la suite nous grandissons, devenons plus mature, intelligent,… et nous devons faire face aux mystères et intrigues de la bd qui sont vachement plus intéressants que ceux du début, qui sont d’ailleurs plus apte à plaire à ces amateurs. Quant au style graphique, je le qualifierai de moderne et évolutif, il se marquera de plus en plus avec les tomes.

20/01/2022 (modifier)
Par Cacal69
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Maudit sois-tu
Maudit sois-tu

Mise à jour suite à la lecture du dernier tome. Je vais faire mon ronchon, y a des coups de pieds au cul qui se perdent ! Je vous exhorte à vous pencher sur ce fabuleux "Maudit sois-tu" qui porte bien son triste nom. Une très très belle surprise, tant d'un point de vue du scénario que du dessin. J'ai dévoré les 2 albums à la suite sans pouvoir décrocher et ce jour le dernier opus qui clos de façon remarquable ce superbe triptyque. La boucle est bouclée avec pour fil conducteur ..... une broche. Philippe Pélaez mène d'une main de maître son scénario avec une narration fluide et cette idée de mélanger personnages fictifs et réels est ingénieuse. Ce récit à rebours est une mécanique infernale. Une véritable horloge suisse. j'ai été happé par cette folle histoire. Histoire intrigante, dérangeante et surprenante. Toutes les pièces du puzzle s'imbriquent. C'est diabolique ! Tome 1 : 2019, un meurtre dans les égouts de Londres, et à partir de là une intrigue à multiples rebondissements se met en place. Chasse à l'homme. Dîner mondain. Expérience à la Frankenstein... Un oligarque russe veut se venger pour laver la honte qui gangrène sa famille. Pour cela, il va réunir les 4 descendants de ceux, qui 170 ans auparavant, sont la cause de son déshonneur. Tome 2 : 1848, le docteur Moreau aidé du comte Zaroff réunit dans son manoir Mary Shelley, Émily Brontë, Richard Burton et Charles Darwin. Il veut présenter le résultat de ses expériences à ses illustres invités. Il n'aura pas le résultat escompté. Tome 3 : 1815 à 1822, Mary Shelley, Lord Byron, John Polidori, Joseph Burton et le docteur Darwin. On y découvre la création du roman de Frankenstein, ce qui donnera des idées à certains pour passer de la fiction à la réalité. Un tome plus intimiste qui joue sur les fêlures de Mary. Une narration non linéaire faite de nombreux flash-back. Je découvre le dessin de Carlos Puerta et je dois dire que son style réaliste est parfaitement maîtrisé, même si j'ai eu un peu de mal au début avec les visages. La colorisation "sépia" fait ressortir une ambiance oppressante digne des meilleurs thrillers. Il a su donner une âme à chaque période du récit. Envoûtant. Etes-vous prêt(e) pour une expérience où le réel et l'imaginaire s’entrechoquent ? Je rehausse ma note d'une étoile et nouveau coup de cœur.

27/06/2021 (MAJ le 20/01/2022) (modifier)
Par LuluZifer
Note: 4/5
Couverture de la série Mauvais Sang
Mauvais Sang

La série "Les Contes des cœurs perdus" est émouvante et douce, et possède toujours ce côté très sensible envers les autres, les différences, l'acceptation, la solitude. Des thèmes abordés de manière atypique et intelligente... Que ce soit Chaque jour Dracula ou le si fabuleux Chaussette. Elle est orchestrée avec brio par Loïc Clément et dessinée par divers dessinateurs/trices, selon les albums. "Mauvais sang", le dernier en date, est joliment écrit et dessiné. Toujours avec des brillants jeux de mots dans les dialogues. C’est une lecture douce pour un moment de détente pédagogique. Dans cet album, c'est Lionel Richerand qui s'occupe des dessins + couleurs et c'est totalement merveilleux. Ce dessinateur est très talentueux et je ne le connaissais pas du tout. L’histoire est celle d'un enfant vampire, millénaire, qui s'appelle Tristan. Il se fait beaucoup de mauvais sang ! Pourquoi ? Parce qu'il est solitaire. Il vit depuis trop longtemps sans ses parents. Mais grâce à une charmante rencontre il va retrouver une famille recomposée et qui va devenir la sienne. Cela m’a touchée car mes enfants et moi-même, nous sommes une famille recomposée et ce dialogue décrit très bien ce que nous ressentons : "On est pas une famille décomposée, tu sais... Juste une famille recomposée ! " "Tant qu'on est là les uns pour les autres, le reste est comme un clapotis dans une flaque." C'est donc encore une belle réussite pour ce dernier opus pour la série Les Contes des cœurs perdus.

13/01/2022 (modifier)
Par GetLoms
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Magus of the Library
Magus of the Library

Bon par où commencer, déjà le dessin qui est de loin très bien travaillé. Entre les panoramas que l'auteur met à de multiples reprises et la couverture superbe qui donne envie au moindre coup d'œil de lire le tome. On a le droit à chaque tome à une belle couverture ainsi qu'un dos de livre également bien travaillé. Outre les panoramas on a également des cases souvent remplies de détails qui donnent de la vie à l'œuvre. Dans le tome 2, au lieu d'avoir une présentation de personnage on a en 1 page, une grande case qui nous montre les différentes étapes du voyage, sans trop allonger les tomes pour ajouter du contenu qui pourrait être rébarbatif si c'était simplement à la suite de l'histoire. Des personnages peut-être trop stéréotypés pour certains, mais qui cependant donnent de l'attachement aux personnages et qui nous permettent de bien les différencier. Magus of the Library parle selon moi de racisme et d'acceptation de chacun, ainsi que de s'accepter également. Valeur importante qui permet d'avancer sans se soucier des différences de chacun. Ce manga, je pense, pourrait faire peur à certains dû à des moments avec pas mal de bulles. Mais à d'autres moments sans dialogue simplement des paysages à admirer. Histoire qui n'est pas forcément novatrice, un petit garçon qui est persécuté par tout son village sauf 2 personnes, mais qui finit par se faire accepter par chacun en démontrant ses forces et sa passion. Il rêve de devenir un Kahunas, donc comme plein d'autres mangas à succès il part pour passer le concours. Donc pas forcément novateur cependant l'association de magie, de livre, d'Asie Centrale avec un dessin parfait et une histoire typique Nekketsu donne pour moi un manga qui je l'espère perdurera et qui continuera de me faire rire et vibrer pendant longtemps. Ce n'est pas l'œuvre que je préfère pour le moment, mais elle rentre facilement dans mon top. Histoire qui plaira à un public qui aime des mangas très shonen. Car il en suit les codes.

05/01/2022 (modifier)
Couverture de la série Les Strates
Les Strates

De toutes les BD de Pénélope Bagieu que j'ai lues, Les Strates est sans conteste celle que j'ai préférée. L'objet en lui-même est déjà une jolie trouvaille : l'album, ressemblant à un carnet Moleskine, est le format parfait pour cette sorte de journal intime croqué au crayon. Au fil des pages, Pénélope Bagieu raconte des anecdotes de son enfance et adolescence, plus ou moins longues, tour à tour profondes et légères. Toutes ces histoires forment un ensemble cohérent, et sont autant de moments qui l'ont marquée d'une manière ou d'une autre, des strates qui l'ont conduit à devenir la femme qu'elle est aujourd'hui. J'ai souri, parfois même ri, l'émotion a embué mes yeux et mon sang s'est glacé dans mes veines. C'est qu'au fil de ses albums Pénélope Bagieu a su parfaire son sens de la narration ; chaque histoire est bien rythmée, et elle sait trouver le ton juste quelle que soit l'émotion qu'elle veut transmettre. Le tout est porté par son dessin précis et expressif. Les thèmes abordés sont variés, elle traite de l'enfance et de l'adolescence avec beaucoup de justesse ; je pense que la plupart des lecteurs et lectrices pourront se retrouver dans l'une ou l'autre de ses histoires. Un très bel ouvrage aussi bien dans le fond que dans la forme.

30/12/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Wonderball
Wonderball

San Francisco dans les années 1980 est la toile de fond d’un excellent thriller, bien construit, bien écrit et qu’on ne lâche pas jusqu’au dernier tome de la série. Tout commence avec un meurtre de masse, en pleine rue. Jusque-là, rien de très original. L’inspecteur Spadaccini, surnommé « Wonderball » - je ne dirai rien de l’origine de ce surnom - est chargé de l’enquête. Un type étrange, sombre violent, usant de méthodes peu réglementaires mais efficaces. Pour Spadaccini, un truc ne colle pas : le tireur a assassiné neuf personnes avec une rapidité record et avec des angles de tir improbables voire impossibles pour tout tireur normalement constitué. Et ça lui rappelle un autre meurtre à notre enquêteur : celui de J. F. Kennedy. Persuadé que ce super tireur a reçu une formation militaire hors norme, Spadaccini va remonter une piste qui le conduit jusqu’à une société secrète aux ramifications mondiales et aux projets démentiels. Mais, plus il progresse dans ses recherches, plus il s’enfonce dans une histoire sombre et complexe qui fait remonter à la surface des souvenirs effrayants de sa propre jeunesse. Une ambiance noire très réussie, un rythme haletant, des dialogues ciselés et crus, et des silences bien placés. Les différents personnages sont très cohérents et les zones d’ombres qui entourent Spadaccini se dévoilent progressivement au fil des albums. L’excellent dessin accentue le côté glauque du scénario et le découpage dynamique lui donne un rythme cinématographique. On est totalement immergés dans cette histoire. A l’inverse, les scènes dans le désert américain sont lumineuses et saturées de soleil. Elles offrent une pause au lecteur et ça fait du bien avant de replonger dans l’action. Un gros coup de cœur !

25/12/2021 (modifier)