Les derniers avis (270 avis)

Couverture de la série L'Homme qui tua Chris Kyle
L'Homme qui tua Chris Kyle

Brüno étant l’un de mes dessinateurs préférés, mon attention a logiquement été attirée lorsque je suis tombé sur cet album. Mon intérêt s’est retrouvé grandement renforcé quand j’ai réalisé que l’album parlait du même Chris Kyle qu’« American Sniper » de Clint Eastwood. En 2014, j’avais déjà bien aimé le film, malgré le biais ultra patriotique - à l’américaine - choisi par ce cher Clint. Quand j’ai compris que Fabien Nury avait opté pour un documentaire, je n’ai plus hésité une seule seconde. Je précise encore avoir lu l’édition en noir et blanc. Après avoir feuilleté la version couleur, je ne regrette pas mon choix. Les couleurs n’apportent en effet pas grand-chose et atténuent selon moi la puissance de certaines planches. Graphiquement, les amateurs de Brüno voyageront en terres connues. Épurés, nets et tranchants, les dessins sont une réussite. Ces caractéristiques sont encore renforcées par la version B&W, ce d’autant plus que les planches sont plus grandes. Everything is bigger in Texas ! Le scénario est linéaire, mais rappelons qu’il s’agit ici d’un documentaire. Une temporalité classique est donc non seulement prévisible, mais adaptée et bienvenue. Ici et là, j’ai lu plusieurs critiques qui comparaient cet album à la série Tyler Cross, autre œuvre des mêmes auteurs. Autant le dire tout de suite, ces deux histoires n’ont rien en commun, ce qui est tout à fait normal. Tyler Cross est une fiction policière façon gangster, alors que « L’Homme qui tua Chris Kyle » relate des faits réels, avec tout ce que cela implique en terme de narration. Le suspense ne disparaît pas pour autant, surtout dans le chapitre qui traite d’Eddie Ray Routh. Nul besoin d’avoir vu le film pour comprendre et apprécier ce beau one shot. Toutefois, la lecture me paraît bien plus intéressante après l’avoir regardé. La différence de point de vue est frappante, même si prévisible. Nury et Brüno remettent l’église au milieu du village. Ils livrent sans doute ici l’histoire de Chris Kyle que Clint Eastwood aurait racontée, s’il n’était pas un américain made in Hollywood et républicain de surcroît. Si le ton reste neutre, le lecteur restera perplexe devant ce patriotisme primaire teinté de religion, cet amour irrationnel pour les armes et ce capitalisme à tout épreuve. Les interviews télévisées sont particulièrement inquiétantes… merci Fox news… Dieu pourtant sait si j’aime ce magnifique pays que sont les États-Unis. Contrairement au film, l’album couvre un spectre beaucoup plus large, puisqu’au contexte et à la vie de Chris Kyle s’ajoute le parcours de son meurtrier et l’exploitation de sa mort par son épouse, qui semble encore plus dangereuse que son défunt mari car moins primaire. « L’Homme qui tua Chris Kyle » est un bel album et une très bonne lecture que je recommande chaudement.

24/07/2020 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Far South
Far South

Composé d'histoires courtes ayant pour fil rouge un bar sordide dans une Amérique latine de début XXième siècle, Far South ravira à coup sur les amateurs de polar violent façon Sin City ou Torpedo auquel l'éditeur fait également référence. Ce mélange inédit de western sauce tortilla et de trafic de grappa met en scène une multitude de personnages récurrents aux trognes patibulaires. Qu'il s'agisse de la blonde mafieuse n'hésitant pas à payer de sa (jolie) personne pour commanditer quelques exactions peu catholiques, d'un duo de tueurs à l'humour sarcastique et à la gachette facile ou d'une armoire à glace increvable, les chapitres commencent toujours dans le tripo de Montoya pour généralement dans un bain de sang. Rodolfo Santullo tisse ainsi un univers noir sur base de flashbacks et de légendes urbaines avec le redoutable tueur mystérieux Carpincho Lopez. La sauce prend ainsi forme avec un final assez dantesque et choral plutôt inattendu mais réjouissant. Tout cela ne pourrait être qu'un joli divertissement pour adultes mais le trait de Leandro Fernandez déjà aperçu dans Northlanders ou The Old Guard décuple doublement le plaisir en rappelant celui de Risso dont il fut le disciple. Chaque chapitre possède également sa propre colorimétrie dans une bichromie vraiment jolie. Petit divertissement malin ou grosse claque graphique, Far South remplit brillamment toutes les cases de son contrat et ne devrait pas passer si inaperçu pour les amateurs de polar un rien provocateur... Une bien bonne pioche.

17/07/2020 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Notre part des ténèbres
Notre part des ténèbres

J’ai farfouillé à la librairie, au coin BD et … j’ai découvert « Notre part des ténèbres ». Et je peux vous l’annoncer haut et fort, cet album m’a procuré un intense moment jubilatoire. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas trouvé autant de plaisir à lire une bande dessinée. Le dessin est juste magnifique et le scénario captivant. Je suis très enthousiaste pour cet album qui mérite de sortir de l’anonymat. En cas de conflit social, il y a un lieu commun dont le patronat use et abuse… nous sommes tous dans le même bateau, scellant théoriquement l’alliance entre patrons et ouvriers dans la difficulté, dans la tempête. Passée cette déclaration rituelle vient l’annonce de l’arrêt de la production, la fermeture d’unités, la liste des licenciements, cyniquement appelés plan de sauvegarde de l’emploi ! Dans « Notre part des ténèbres », le personnel de Mondial laser, vendu à un fond spéculatif, délocalisé, vidé de ses salariés et de ses machines, décide de donner corps aux métaphores maritimes des dirigeants et des actionnaires réunis sur un navire de luxe pour célébrer le jour de l’an et les bénéfices records de l’année. C’est alors un jeu de cache-cache qui commence. Au cœur d’un cauchemar polaire, par force 10 avec des creux de dix mètres, ce n’est pas la nef des fous, mais la nef du capitalisme qui fait naufrage. S’ils sont tous dans le même bateau, pour une fois, ceux qui seront épargnés ne seront pas ceux qui d’ordinaire attendent leur salut du dieu Profit. Pour résumer, nous sommes sur un thriller social politique entre le loup de Wall Street et Titanic. C’est évidemment séduisant et cela m’a harponné tout le long de ma lecture. Je recommande vivement cet album.

10/07/2020 (modifier)
Par Gaston
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Konosuba - Sois béni monde merveilleux !
Konosuba - Sois béni monde merveilleux !

Enfin, sort en langue française l'adaptation en manga d'un des meilleurs light novels jamais créés ! Habituellement, je ne suis pas du genre à mettre 5 étoiles à une série qui vient de sortir, particulièrement pour les longs mangas, j'attends au moins qu'une dizaine de tomes soient disponibles, mais là Konosuba est l'exception à la règle avec Iruma-Kun qui va sortir à la rentrée. Oh joie cette année ne sera pas totalement merdique ! J'ai découvert la franchise avec la première saison de l'anime. Au début, j'ai regardé par curiosité et sans grande conviction et puis au fil des épisodes je suis complètement tombé amoureux de cet univers. J'ai alors recherché le light novel sur internet et aussi les différents mangas et spin-off de la série dont celui-ci, qui adapte bien la série mère. J'ai ensuite écouté avec plaisir la seconde saison et aussi le film qui est un des meilleurs films d'animation que j'ai vus ! D'ailleurs, le scénariste de Pulp Fiction adore le film donc ça prouve que j'ai bon goût ! De quoi parle Konosuba ? Et ben un jour un jeune Japonais meurt et va se réincarner dans un univers de fantasy rpg et il va sauver le monde. En gros, l'intrigue la plus banale depuis une dizaine d'années au Japon, où on retrouve ce schéma dans des centaines de séries à travers différents médiums. En plus, le gars il se retrouve entouré de belles filles, que c'est cliché tout ça ! Sauf que la série est avant tout une comédie et tourne les clichés du genre en ridicule. Ainsi, Kazuma, le héros, est très loin du modèle style du jeune héros japonais valeureux et chaste. C'est un pervers qui agit souvent comme un gros con, même s'il a bon cœur par moment, et les filles qui l'entourent sont vraiment les pires compagnons qu'on puisse imaginer. Par exemple, Megumin la mage est très bonne avec un sort d'explosion et c'est le seul truc qu'elle sait faire, et en plus elle ne peut jeter le sort d'une fois par jour ! Il y a de l'originalité dans le scénario, les situations sont imprévisibles et le scénario est vite prenant. Même si c'est avant tout une comédie, il y a tout de même des moments sérieux et des scènes d'action, comme dans toute bonne fantasy qui se respecte. Les personnages vont se développer au fil des tomes et ne sont pas juste là pour faire les mêmes blagues encore et encore comme c'est le cas avec certaines séries japonaises. On n'hésite pas à aller à l'encontre de certains clichés. Par exemple, Kazuma est entouré principalement par trois femmes, Aqua, Darkness et Megumin. Si les deux dernières vont développer des sentiments amoureux pour lui, cela prend plus de temps qu'avec un manga harem normal où parfois les filles tombent amoureuses du héros juste parce qu'il a été gentil avec elles ou parce qu'il les a sauvées d'une situation dangereuse. Pour ce qui est d'Aqua, alors qu'elle a le rôle désigné de la fille qui passe son temps à détester le héros alors que dans le fond elle l'aime, et ben ici ils vont juste rester des amis. J'ai lu les 8 premiers tomes de ce manga (la traduction est un peu en retard) et c'est vraiment fidèle à la série. L'humour est excellent et se renouvelle bien, il y a de l'imagination, notamment au niveau des ennemis et la manière dont le groupe les bat. Le dessin est bon, bien mieux que certaines adaptations de light novels qui ont un dessin vraiment moyen. Bref, j'adore cet univers, les personnages sont attachants malgré leurs défauts, et c'est une de mes séries cultes que je suis content de partager sur ce site !

29/06/2020 (modifier)
Couverture de la série Les Oiseaux lumineux
Les Oiseaux lumineux

Je découvre avec cet album la maison d’édition, et cet auteur roumain, dont le travail – graphique en particulier – mérite indéniablement d’être connu et reconnu. C’est en effet ce qui saute aux yeux dès qu’on ouvre l’album (et ce qui me l’a fait acheter – j’allais dire les yeux fermés, mais ce serait plutôt les yeux écarquillés !) : j’ai vraiment trouvé très beau l’univers créé par Andrei Puica ! Un univers qui fait la part belle à l’onirisme, à un fantastique merveilleux, tout en développant en parallèle un monde quasi post apocalyptique, une cité dans l’espace sans ancrage (géographique, sidéral ou temporel), sur laquelle une sourde fatalité oppresse quelques rares survivants. Et ce qui magnifie vraiment ce dessin et cet univers, c’est la colorisation, qui joue sur toutes les nuances du mauve, du violet, en allant parfois vers des verts pâles. Un univers noir et lumineux à la fois, d’une grande beauté, très géométrique (quelque chose des décors d’Escher parfois). L’histoire est, elle, moins facile à appréhender, et surtout à résumer. Certains aspects la font pencher vers un public jeune, mais en fait ce n’est pas vraiment le public cible. Car il y a, par-delà la poésie de l’ensemble (un peu du "Roi et l’oiseau" de Prévert et Grimault, dans certaines séquences – les décors, un peu la colorisation, mais aussi l’omniprésence de plumes m’y ont fait penser), un conte philosophique qui se révèle plus difficile d’accès et ne livre pas facilement tous ses secrets. Mais peu importe, je me suis laissé porter par le courant, sans chercher à le remonter pour en trouver la source. Mais c’est clair que l’intrigue peut rebuter certains lecteurs. Une chouette découverte, achat d’impulsion que je ne regrette pas. Note réelle 3,5/5.

27/06/2020 (modifier)
Par Erik
Note: 5/5
Couverture de la série Les 5 Terres
Les 5 Terres

J'attendais une série comme celle-là depuis bien longtemps. Il faut dire qu'elle a tout pour séduire avec ces personnages animaliers anthropomorphes, dans un univers médiéval-fantastique. Il y a également un croisement avec une intrigue à la Game of Thrones dont les auteurs s'inspirent sans se cacher ce qui n'est pas pour me déplaire tant que la qualité est bien présente sur le fond et la forme. Tome 1 : De toutes mes forces Le premier tome se termine d'ailleurs sur un coup de théâtre ahurissant que je n'avais pas vu venir. A chaque fois, le lecteur est pris de court. Il croit qu'une scène se terminera comme il se l'imagine mais ce n'est pas toujours le cas. Il y a un véritable effet de surprise à de nombreuses reprises qui déjoue tout les pronostics. J'aurais cependant deux bémols sur la forme à apporter : - Dans la postface, on nous indique qu'il y a eu une bataille à Drakhenor. Or, dans le récit, il s'agit bien de Dhakenor. Une petite faute de frappe est venue se glisser ce qui peut entraîner le lecteur dans une petite incompréhension. - Par ailleurs, une carte des 5 terres est dessinée ce qui nous permet de prendre connaissance de la typologie des lieux d'action. On remarquera un point désignant une ville non nommée sur le continent d'Ithara. Or, on remarquera que ce point a totalement disparu dans la carte du second tome. C'est vrai que ce ne sont que des détails mais c'est cela qui fait ou pas la qualité d'une oeuvre. C'est dommage qu'il n'y a personne de compétent pour relire et signaler ces fautes qui alourdissent l'oeuvre avant sa publication. Tome 2 : Quelqu'un de vivant Pour autant, je suis très enthousiaste sur le scénario qui m'a littéralement subjugué. Les dessins sont également extraordinaires jusque dans les détails. On y croit à ces animaux qui ont des comportements si humains. Le second tome se poursuit en complexifiant davantage la situation entre les différents protagonistes. Il faut dire qu'il y a une multiplication de personnages et chacun joue un rôle bien particulier qu'il nous faut suivre pour bien comprendre l'intrigue qui gagne d'ailleurs en profondeur. On peut dire que le scénario est assez bien ficelé, avec également des personnages qui sont très intéressants. Cependant, comme dans la célèbre série Game of Thrones, les prétendants au trône ou les occupants à ce poste suprême ne font pas long feu. Le final est encore une fois assez surprenant. Tome 3 : L'amour d'un imbécile Il faut apprécier ce genre de saga médiévale sur fond de complots politiques et de manigances pour accéder au pouvoir. Ce troisième tome sera aussi riche que fascinant à bien des égards. Je rehausse la note à 5 étoiles en accordant le maximum pour une série ambitieuse qui le mérite incontestablement. C'est également mon coup de coeur du moment. Les lions envisagent un putsch pour faire tomber les tigres déjà durement éprouvés. Néanmoins, le jeune héritier Méderion a bien plus d'un tour dans son sac pour délivrer une leçon digne de ce nom afin de se débarrasser de la totalité de ses adversaires internes. Tome 4 : La même férocité Cette série s'avère comme la meilleure tout confondue de la prochaine décennie. Il est vrai que chacun des tomes n'a point déçu dans un genre fantasy animalière emprunt d'un soupçon à la "Game of thrones". Nous sommes au quatrième tome et on découvre encore une nouvelle intrigue qui pourrait faire basculer le pouvoir royal du jeune tigre Médérion. Or, ce dernier s'est plutôt bien débrouiller jusqu'à présent. Il a prouvé une certaine habileté politique à la manière du prince de Machiavel en ayant prémédité chacun de ses actes et surtout dans l'art de la manipulation des foules et autre assemblée constituante. Il est bien dommage de découvrir une facette que l'on va pas trop appréciée avec cette cruauté insoupçonnée non pas que le pouvoir corrompt. Je suis toujours autant bluffé par autant d'ingéniosité au niveau de ce scénario. On va suivre trois intrigues différentes qui se chevauchent : celle du jeune roi et de sa nouvelle ombre idéaliste, le petit groupe d'otages bien décidé à réaliser leur évasion d'Angléon et la traque de la princesse en fuite. Il est dommage d'avoir un peu perdu les autres province de ce royaume complexe à gouverner. Au niveau graphisme, c'est toujours la perfection et surtout la qualité que l'on attend. Rien à redire car la maîtrise est bien présente. C'est tout simplement somptueux à souhait. Au final, un tome plein de surprise qui a su me convaincre en ma qualité de lecteur fan. Tome 5 : L'objet de votre haine Cette série est incontestablement l'une des meilleures de ces dernières années avec un plaisir de lecture toujours aussi présent d'un tome à l'autre. On peut se féliciter d'un rythme de parution plutôt rapide et d'une qualité graphique incomparable avec des personnages animaliers qui font très humains. Que dire également d'un découpage des planches qui respectent la cohérence du scénario ? C'est époustouflant. Dans les trois premiers tomes, on a assisté à une valse du pouvoir à Angléon avec pas moins de trois monarques différents. Depuis trois tomes, malgré la tentative d'un coup d'état, le jeune roi Méderion se maintient au pouvoir mais cela lui coûte plutôt cher. Il faut procéder à des arrestations parmi les étudiants dont la révolte était pourtant légitime. On commence à voir une césure dans son couple au sens large qu'il compose avec son ombre Térys. A noter que c'est la critique d'un pouvoir monarchique absolue même si un conseil composé de nobles élus conseillent le monarque dans la gestion du royaume. J'ai bien aimé car on va jusqu'au fond des choses dans l'analyse de ce que doit être le pouvoir. Il s'agit de transformer une société profondément inégalitaire. Or, le jeune roi ne croit pas du tout à l'égalité. C'est un concept qui lui est étranger. Pour autant, ses arguments sonnent comme une évidence car l'égalité n'a jamais existé dans la nature entre les forts et les faibles. Il y a également la disgrâce provoqué par la trahison familiale car on sait comment le jeune Méderion a fini par occuper le trône. Il ne croit pas non plus au peuple qui n'a aucune sagesse pour prendre les décisions qui s'imposent. Bref, on s'aperçoit qu'au bout de la logique, il ne faut pas simplement vouloir changer les choses mais le faire concrètement en accordant plus de pouvoir au peuple dans l'égalité. Ce jeune roi veut cependant réformer les choses mais cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. Il a besoin de temps pour abolir certains privilèges. Il a besoin également de réaffirmer son autorité pour se maintenir au pouvoir et ne pas être destituer de ses fonctions. Il sait qu'une minorité active et déterminé peut faire basculer une majorité indécise. On l'a vu récemment avec les partisans de Donald Trump au sein de la plus grande démocratie au monde. Il s'agit pour le jeune roi de ne pas remettre en cause les institutions. Plus que jamais tout ces thèmes sont d'actualité au sein même de notre monde. C'est en cela que cette série fort intelligente pose les bonnes questions. L'objet de votre haine ne sera pas l'épisode le plus riche de la saga mais certainement le plus remarquable pour la qualité de son univers. Tome 6 : Pas la force Ce premier cycle vient de s'achever tout en apothéose. Encore une fois, le récit va prendre non seulement une accélération mais également une toute autre tournure à la merci d'un événement qui retourne incontestablement la situation du royaume d'Angléon. Je ne l'avais pas vu venir malgré des signes précurseurs et cela m'a plutôt marqué. C'est vrai qu'après coup, on se dit que cela devait bien arriver. Cela nous fait dire qu'un dirigeant ne reçoit jamais une gifle pour rien même si l'acte est tout à fait répréhensible et condamnable. Il paye le prix de la contestation populaire suite à de difficiles décisions politiques prises. C'est tout à fait d'actualité. Je rêve d'une adaptation au cinéma de cette saga digne de la série désormais culte « Game of thrones ». Cela serait une bonne idée mais attendons également la suite et surtout la fin. Evidemment, je donne la note maximum car on a atteint la perfection à tous les niveaux : un dessin magnifiques, des personnages très intéressants aussi bien les uns que les autres, un rythme de parution rapide, une intrigue qui donne envie de poursuivre. Tome 7 : L'heure du cadeau Ce septième tome inaugure le second cycle après celui des félins d'Angléon. Nous voici parmi les primates. Nous connaissons déjà un personnage à savoir Keona qui revient d'Angléon libéré par la nouvelle reine et qui va rejoindre son peuple et notamment sa mère qui règne sur ce royaume. Pour autant, on va se concentrer surtout sur Alissa qui est libéré de prison après 5 années et qui rejoint son clan avec son oncle à la tête. On se demande si Alissa ne serait pas la première fille de la reine car celle-ci n'est pas mentionné dans la présentation des personnages. C'est assez étrange et cela prête à confusion. Je dois dire que j'ai eu à plaisir de découvrir ce nouveau monde qui semble entouré par une immense jungle où des recherches archéologiques sont entrepris pour découvrir des racines. Il y a également une dimension moins politique que dans le premier cycle bien qu'on puisse percevoir quelques bribes. Je trouve que c'est suffisamment bien dosé. Il se passera des choses moins fracassantes que dans le premier cycle également comme pour mieux nous présenter les personnages. C'est un tome qui prend un peu plus de temps avec une multitude de protagonistes poursuivant des objectifs variés. Ce n'est pas plus mal. Pour le graphisme, c'est toujours aussi somptueux. Je suis toujours aussi impressionné par la finesse du dessin et de ces personnages qui ressemblent presque à des humains et dont on capte toutes les émotions. Le découpage entre les scènes est également impeccablement réalisé. Bref, les intrigues sont bien ficelées. C'est un second cycle qui semble repartir à zéro pour nous offrir le meilleur après un premier cycle magistral. Au final, une saga qu'on ne manquera pas de suivre tant la perfection semble être atteinte grâce aux talents des auteurs. Note Dessin : 5/5 – Note Scénario : 5/5 – Note Globale : 5/5

24/02/2020 (MAJ le 21/06/2020) (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Nellie Bly
Nellie Bly

J'avais vaguement entendu parler de Nellie Bly, considérée comme l'une des pionnières du journalisme d'investigation, et une figure féministe de premier plan, mais je n'en savais pas grand-chose. Cet album vient à point pour combler, au moins de manière superficielle, mes lacunes. Car cette femme a eu un destin exceptionnel. Repérée par le propriétaire d'un quotidien après sa lettre d'indignation concernant un éditorial masculiniste, elle se voit mise au défi d'infiltrer différents milieux dans lesquels les femmes sont victimes de violence ou d'injustice. A force de persévérance, d'énergie, de convictions, elle parvient à se faire engager dans le milieu journalistique, alors ultra-massivement masculin, puis à se faire remarquer par les professionnels et le public. Le point culminant de sa carrière sera ainsi sans doute son tour du monde en moins de 80 jours (un peu plus de 72, en fait), réalisant le roman de Jules Verne (qu'elle rencontra en cours de route, à Amiens) à une époque (la fin du XIXème siècle où voyager seule était impensable. La BD, qui compte tout de même près de 150 pages, ne s'attache pas à retracer de manière exhaustive ces hauts faits, mais à les inclure dans un récit sur sa vie, qu'elle eut la gentillesse de raconter à deux apprenties journalistes à quelques mois de sa disparition. L'itinéraire hors du commun d'une femme proactive, déterminée et libre, qui a surmonté les handicaps et les préjugés inhérents à son sexe, au nom de sa seule passion : le journalisme. Quelques (très rapides) portraits de femmes journalistes qui ont compté et comptent encore. Nellie Bly a ouvert une voie, c'est une figure à admirer pour les jeunes femmes d'aujourd'hui. La journaliste italienne Luciana Cimino nous propose donc un album essentiel, accompagnée au dessin par son compatriote Sergio Algozzino, qui indique dans les bonus avoir mis du temps à trouver la technique adaptée à son récit ; après avoir essayé l'aquarelle il s'est rabattu sur le numérique, lequel lui a permis de nuancer son trait et ses ambiances de bien des manières ; et je dois avouer que son trait "épaissi", tel qu'il le décrit, permet de bien saisir les expressions des personnages, et que sa mise en scène est fort réussie. Un album que je recommande.

20/06/2020 (modifier)
Par PatrikGC
Note: 4/5
Couverture de la série Fanny et Cie
Fanny et Cie

Une BD injustement méconnue, tout comme Bob et Bobette, dont on retrouve l'esprit en plus adulte. Le dessin est classique, clair et net, avec des décors assez bien détaillés. Rien de transcendantal, mais du boulot correct. Les histoires sont très variées, mais souvent avec une pointe de critique envers certains événements. Certains scénarios sont très prévisibles, mais toujours avec une grosse louche d'humour qui n'évite pas forcément la facilité ou la lourdeur, c'est de l'humour flamand un poil absurde parfois, pas toujours bien vu des francophones. Le but de cette BD est de divertir, point barre. Il y a beaucoup de jeux de mots, parfois difficilement traduisibles en Français. Au départ plutôt axée sur le père, la BD se recentre très souvent sur la fille (ce qui explique le titre français mais aussi à l'export dans d'autres pays), ce qui permet parfois certaines situations coquines, mais rien de répréhensible puisque nous sommes dans une BD familiale. Merho produit avec une bonne régularité les albums de cette série depuis 1977. Plus de 130 opus ont vu le jour, sans compter certains demi-albums publicitaires. Depuis quelques années, l'auteur est en train de passer la main à ses successeurs. Par contre, en Français, il semblerait qu'il n'y ait que 3 albums (2 Fanny et Cie, 1 Les Marteaux), et 4 demi-albums publicitaires.

08/06/2020 (modifier)
Couverture de la série Zaroff
Zaroff

Comme d’autres avant moi, je n’ai jamais lu le roman ni vu son adaptation filmique. Le nom du personnage éponyme m’évoquait vaguement quelque chose sans trop savoir de quoi il en retournait. Mais il n’y a pas besoin de s’être déjà immergé dans le bouquin ou le film pour apprécier cette suite non officielle, c’est exactement le même principe que sur Long John Silver avec une histoire qui prend pour point de départ un « et si... ». En l’occurrence ici, et si le tueur Zaroff avait survécu au piège tendu par sa proie Sanger Rainsford, que serait-il advenu de lui ? Eh bien visiblement il a toujours ses mauvaises habitudes. Nouveau terrain de chasse, de nouveaux sbires, mais la passion de la chasse à l’homme est toujours là (enfin disons qu'il a besoin d'un stimuli mais comme Rocky Balboa dans le 6ème film, la bête "est toujours là, au fond"). C’est donc sur sa nouvelle île, à la géographie totalement fantastique mais j’y reviendrai, que le comte s’adonne au plaisir sadique de traquer et buter des proies humaines qui ont eu le malheur de s’aventurer trop prêt de son île sauvage. Pour éviter la redite, le scénariste Sylvain Runberg apporte un élément rocambolesque à cette suite : cette fois-ci le chasseur devient la proie, devra survivre et triompher de ses adversaires (je vous épargne le spoiler du pourquoi du comment). C’est plutôt marrant car j’imagine que dans le média de base il est plutôt perçu comme le méchant, bien que le personnage fascine déjà à ce moment là. Mais cette fois on le suit de prêt, on vit les évènements de son point de vu, et sans aller jusqu’à dire qu’on éprouve de la sympathie pour lui, on est amené à mieux comprendre ce qui le motive, sa nature profonde. Tous sont des pourris dans cette histoire, à l’exception de la famille de Zaroff, car oui, le diable a une sœur et des nièces, et il a même des principes ! On ne touche pas aux siens. Il me fait penser à ces génocidaires, certains tueurs en séries qui démontrent qu’on peut être la pire des raclures, l’homme est un loup pour l’homme, et en même temps avoir une facette d’homme cultivé, très courtois, qui présente bien etc. Donc voilà, le récit fait son taf niveau divertissement et en plus ce n’est pas dénué de fond, je me suis bien marré. Graphiquement je savais à quoi m’attendre avec Miville-Deschênes qui est au sommet de son art ici. Je crois que pour lui aussi cette aventure représente un superbe terrain de jeu, lui qui adore dessiner des animaux, il s’en donne à cœur joie avec toute cette faune sauvage. L’île du comte Zaroff serait inspiré de l’île de King Kong que ça ne m’étonnerait pas. C’est un jungle luxuriante avec tout un tas de bestioles, mais à la géographie improbable : ça monte, ça descend, il y a des chutes d’eau, des ravins, des crevasses de plusieurs centaines de mètres, des marais de crocodiles, des grottes souterraines, une plage, etc. Un vrai décor fantastique propice à l’aventure et au suspens car du coup ce n’est pas seulement de l’homme dont il faut se méfier. J’apprécie beaucoup le style de ce québécois, au trait bien rond, net et semi-réaliste. De même que sa coloration, pour moi le plus impressionnant chez lui, un vrai travail d’artistes, c’est beau quoi, il joue subtilement avec sa palette, c’est du old school au pinceau et cela se voit. Une bien bel objet à exposer dans sa bibliothèque tel un trophée de chasse. Un scénario honnête et plutôt bien torché, servi par un dessin sublime et dynamique, que demander de plus ?

01/06/2020 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5
Couverture de la série L'Homme qui tua Chris Kyle
L'Homme qui tua Chris Kyle

Comme certains, je n'ai pas attendu la sortie de l'album en couleur pour me procurer la version n&b, tant je suis fan du dessin en n&b très épuré de Brüno. (je possède d'ailleurs l'ensemble de ses albums en n&b) Ce livre s'ouvre sur la célèbre réplique de "L'homme qui tua Liberty Valance" de John Ford "quand la légende devient réalité, on imprime la légende", ce qui sied parfaitement à cette histoire. Le scénario se base sur l'histoire de Chris Kyle (qui avait déjà fait l'objet d'un film "American sniper" de Clint Eastwood) mais surtout va beaucoup plus loin que le film, à travers notamment le portrait d'Eddie Ray Routh, le meurtrier. En suivant ces deux personnages, Chris Kyle et Eddie Ray Routh, Fabien Nury nous dresse un portrait sans concession des États-Unis, empreints de nationalisme, de suprématie blanche, mais aussi et surtout très attachés aux armes à feu, et au business (le destin de la veuve de Chris Kyle est d'ailleurs à ce point remarquable). Bien sûr cet album relève beaucoup plus du reportage dessiné que d'une aventure classique dont nous avaient habitués Nury et Brüno. D'ailleurs, il n'y a pas de dialogue ici (Fabien Nury s'en explique d'ailleurs dans le très bon dossier présent à la fin de l'album). Avec un découpage assez original, les auteurs utilisent les clip vidéo, les interviews TV données par les différents protagonistes pour nous livrer leur version de l'histoire. Certes on peut regretter un peu trop de copié/collé niveau dessin, mais sur la pagination (152 pages) cela passe. Graphiquement, le travail de Brüno est parfait, et je me contenterai uniquement de la version noir et blanc tant elle est parfaite à mes yeux. Pour ceux qui s'attendaient à une aventure type Tyler Cross, jetez-y un coup d’œil tout de même, cela vaut le coup d’œil. En tout cas , j'ai bien aimé cet album à la fois déconcertant sur la forme mais passionnant sur le fond.

25/05/2020 (modifier)