Un des meilleurs comics sur Batman que j'ai lus jusqu'à présent. Si en plus, on le resitue dans la période de sa sortie (1996), il est impossible de ne pas qualifier cette œuvre de culte.
Elle amène ainsi tous les codes de la série avec une enquête sombre et très bien écrite sur fond de guerre intestine entre deux grandes familles de la pègre de Gotham : les Falcone et les Maroni. Harvey Dent constitue également l'un des personnages centraux de cette histoire avec Batman et le capitaine de police Gordon et on suit avec un plaisir non dissimulé sa lente descente vers la folie qui l'amènera à devenir "Double face". La plupart des autres "méchants" de l'univers de Batman sont également présents : Catwoman, le joker, l'homme mystère, Julian Day, Poison Ivy, etc... mais leur introduction reste bien amenée et cohérente avec l'histoire d'ensemble. La chute finale, assez ouverte, conclut plutôt bien l'intrigue et laisse place à l'imagination du lecteur quant à l'identité réelle du tueur en série Holiday.
Côté dessin, Tim Sale croque les personnages de la série de l'homme "Chauve-souris" de très belle manière (mention spéciale à la dentition du Joker!) et avec un jeu d'ombres et de couleurs très franches mettant en valeur les décors grandioses de bon nombres de scènes. Certaines pages pleines (au moins deux par chapitre) méritent ainsi que le lecteur s'y attarde pour contempler tout le savoir faire du dessinateur dans le découpage des différentes scènes d'action. Si on ajoute à cela, que j'ai eu entre les mains la très belle intégrale éditée par Black label en 2022 et comportant de nombreux bonus tels que des entretiens avec Christopher Nolan (qui s'est fortement inspiré de l'univers de cette œuvre pour sa série the dark knight, rien que ça...) ou des croquis et dessins de Tim Sale, vous comprendrez pourquoi j'ai été totalement conquis.
Un ouvrage que tout fan de Batman doit posséder.
Originalité - Histoire : 9/10
Dessin - Mise en couleurs : 9/10
NOTE GLOBALE : 18/20
Très belle BD. J'étais sceptique au départ à cause du style de dessin que je trouvais trop enfantin, ça me rappelle Mario^^. Finalement, je m'y suis habitué. Les émotions sont bien retranscrites, de manière simple mais efficace. Et la colorisation est vraiment bien.
J'ai beaucoup aimé le personnage secondaire, qui m'a fait sourire à plusieurs reprises. Côté scénario même si certaines grandes lignes sont prévisibles, on prend plaisir à poursuivre la lecture.
L'auteur, qui est infirmier, nous raconte l'histoire touchante d'une personne pleine de vie et de projets qui apprend qu'elle a un cancer. Il est particulièrement bien placé pour raconter cette histoire, et il le fait avec brio, trouvant un bon équilibre entre les moments amusants et émouvants.
Bien que le schéma narratif soit classique et quelque peu prévisible, je trouve qu'il est parfaitement maîtrisé. C'est ce qui m'a poussé à continuer ma lecture avec plaisir. Le nombre conséquent de pages est très appréciable, permettant de savourer l'histoire tranquillement, comme un bon film.
J'ai failli lâcher une larme, il a réussi à me faire passer par tous types d'émotions tout au long de ma lecture, et rien que pour ça, cela mérite une belle note qui se démarque des autres.
Une BD à avoir dans sa bibliothèque sans hésiter.
Cette bande dessinée qui m'a profondément marqué. Dès les premières pages, j'ai été transporté dans le monde de Daar, un univers médiéval fantastique où s'affrontent trois immortels et où les esclaves Chninkels sont malheureusement les premières victimes. Le récit de J'ON, ce Chninkel élu malgré lui pour une quête épique, m'a touché par sa justesse et son humanité.
La narration est fluide et riche en rebondissements, mêlant habilement action, philosophie, et humour. Les illustrations de Rosinski sont un véritable régal pour les yeux, chaque case regorgeant de détails qui donnent vie à cet univers captivant. La version noir et blanc que j'ai lue ajoute une intensité dramatique et une beauté saisissante à l'histoire.
Ce qui m'a le plus ému, c'est la façon dont l'histoire aborde des thèmes universels comme la liberté, la paix, et la quête de sens dans la vie, tout en restant accessible et divertissante. J'ai ri, j'ai été surpris, et j'ai même réfléchi sur ma propre existence à travers les aventures de J'ON.
En bref, c'est une expérience de lecture inoubliable qui mérite amplement la note maximale. C'est une BD que je recommande chaleureusement à tous, que vous soyez un amateur de fantasy ou simplement à la recherche d'une histoire bien racontée et magnifiquement illustrée.
Rarement un livre m’a semblé aussi essentiel. La lecture de ‘Le Vivant à vif’ devrait être imposée dans toutes les écoles, son étude devrait être suivie de tables de réflexions, de travaux pratiques, d’actions sur le terrain. Son constat devrait influencer les politiques menées par nos dirigeants, avec une vision mondiale. Car ‘Le Vivant à vif’ supprime toutes les frontières, son sujet concerne chacun d’entre nous. Nous provoquons une catastrophe sans précédent, nous le savons et nous sommes pourtant incapables d’agir, de nous brider, de nous unir, de nous sauver.
Ce livre pourrait être profondément déprimant s’il n’y avait la dernière partie qui redonne un peu espoir en éclairant les petites actions que déjà certains d’entre nous mènent au quotidien, et d’autres que nous pourrions tous mener à notre tour.
Mais de quoi est-ce qu’on cause ? Le Vivant à vif est l’adaptation au format bande dessinée du roman de Bruno David « A l’aube de la sixième extinction ». Adapté pour être compris d’un très large public, il explique de manière didactique pourquoi et comment nous, l’humanité dans son ensemble et les pays riches en particulier, sommes responsables de la future extinction de masse. Un futur qui a déjà commencé, un futur qui nous concerne tous et qui pourrait (devrait ?) nous être fatal.
Par son propos, cette bande dessinée peut être rapprochée de « Le Monde sans fin » de Blain et Jancovici. Je trouve toutefois son contenu encore plus pertinent car celui-ci ne se limite pas au seul réchauffement climatique. Même s’il montre parfois une décroissance idyllique (qui ne rêve pas d’une belle maison avec un beau potager, une alimentation saine à base de produits locaux, une mobilité douce en vélo), il n’occulte pas les aspects négatifs ou moins réjouissants de cette absolue nécessité d’arrêter d’épuiser la terre. J’ai particulièrement apprécié le fait que les auteurs soulignent le caractère énergivore des réseaux sociaux. Mieux encore, pour la première fois j’ai lu dans une bande dessinée grand public que ne pas avoir d’enfant était un acte responsable (rahhhh, que ça fait du bien dans ce monde occidental où ne pas avoir 1,7 enfant par ménage est considéré comme de l’égoïsme à l’état pur !)
Et puis Dieu sait si j’ai déjà lu pas mal de documentaires traitant de l’impact positif du végétarisme… mais c’est le premier qui me fait vraiment réfléchir à la pertinence de sauter le pas (le chapitre sur la pêche et les ressources marines m’a particulièrement marqué).
La mise en scène de Simon Hureau est soignée. Si elle destine prioritairement cette lecture vers un jeune public, elle demeure accessible à tous. Le trait de l’auteur apporte toujours autant de fraicheur à ses planches, et ses qualités de naturaliste ne sont plus à démontrer (même si ici, il reste très en deçà du travail méticuleux réalisé sur L'Oasis).
Le moins que l’on puisse dire est que c’est une lecture qui m’a marqué. Et du fait que je trouve son message essentiel, sa forme adaptée à un très large public et sa conclusion incitante, je me laisse aller pour un « culte ».
A lire
A faire lire
A relire
A partager
… et puis agir…
Une couverture qui interpelle, un quatrième de couverture qui donne envie : on continue sur les achats impulsifs.
C'est une biographie romancée, qui pour moi s'apparente à un western presque spaghetti à la Sergio Leone. En tout cas, il me semble clairement y voir des influences notoires qui fonctionnent plutôt bien. On se projette très facilement dans les ambiances, aidé par les couleurs chaudes, presque (trop) sombres, un sens du cadre bien travaillé avec de belles profondeurs sur les paysages.
Le dessin est cependant inégal. Si les décors sont magnifiques avec, comme je l'ai dit, une belle mise en couleurs, les visages de personnages sont parfois surprenant d'une case à l'autre, pouvant passer du moche grotesque au superbe. C'est assez étonnant ce déséquilibre, à se demander si ce n'est pas volontaire, et à aimer en connaitre la raison.
Quand au scénario, il est fort bien mené sur fond historique, alternant plutôt habilement les flash-back, qui viennent entrecouper l'histoire, donnant de la profondeur aux personnages au fil de la lecture.
L'ambiance western est clairement là, et un fond sonore d'Enio Morricone vient parfaitement agrémenter la lecture.
J'aurais volontiers mis un 4/5 franc, mais je tempère par ces dessins de visages qui me laisse perplexe.
Si je connaissais bien Wilfrid Lupano dont j’ai adoré Le Singe de Hartlepool, Un océan d'amour ou Les Vieux Fourneaux, je n’avais pas encore lu de BD dessinée par Jean-Baptiste Andreae, même si j’ai La Cuisine des ogres dans ma pile à lire.
J’ai pris le temps de dormir avant de réfléchir à la note car je dois avouer que j’ai été bluffé par ce cocktail d’originalité, de profondeur narrative et cet univers visuel incroyable.
J’étais passé à côté de cette série et c’est en lisant un commentaire ici que je m’en suis rendu compte.
Wilfrid Lupano, connu pour son talent à créer des histoires profondes et engageantes, brille une fois de plus avec Azimut. Le scénario est riche et complexe, mêlant aventures rocambolesques, réflexions philosophiques et satire sociale. Lupano explore des thèmes variés tels que la quête de l’immortalité, la manipulation du temps, et la critique des excès de la société moderne, le tout avec une touche d’humour et de dérision mais sans en abuser. Je trouve l’équilibre très réussi à cet égard.
Il crée ici un monde complet, étrange et fascinant où les lois du temps et de la nature sont constamment défiées. On y suit les aventures de personnages hauts en couleur autour de la quête de l’immortalité et de la recherche du “Nord”, dans ce monde où les points cardinaux sont volatils.
Jean-Baptiste Andreae offre de son côté une véritable symphonie visuelle avec ses illustrations. J’ai été sous le charme dès les premières cases. Son style est à la fois détaillé et onirique, parfaitement adapté à l’univers fantastique d’Azimut. Les décors sont somptueux, foisonnants de détails, et les personnages sont dessinés avec une expressivité et une originalité remarquables.
Les couleurs vives et les jeux de lumière renforcent l’atmosphère féerique de la série. Chaque page est une œuvre d’art en soi, invitant le lecteur à s’attarder pour apprécier la minutie et la créativité des illustrations.
L’univers d’Azimut est à la fois merveilleux et déroutant. Lupano et Andreae ont créé des lieux, des créatures et des objets fantastiques qui constituent un univers unique et fascinant.
J’ai trouvé cette série exceptionnelle et on est pour moi sur un cinq étoiles coup de cœur. Et le commentaire d’Alix m’a amené à commander les premiers tomes de La Nef des fous pour essayer de prolonger ce genre d’expériences.
A la fin des années 80, 2 auteurs ont révolutionné le monde du comics: Alan Moore avec Watchmen et Frank Miller avec The Dark Night Returns et Electra Assassin. Je comprends que certains puissent être désarçonnés par cette histoire tant elle est novatrice.
Novatrice par le scénario: énormément de « Off », avec l’utilisation d’un vocabulaire très cru dans une histoire foisonnante où se croisent une Ninja conditionnée à abattre une créature monstrueuse qui aurait pris les traits d’un futur président des États Unis. Une sorte de JFK en puissance au sourire « ultra brite », des agents secrets Américains reconstruits de toute pièce par une société qui en fait des sur hommes. Un président Americain en fonction représenté sous les traits d’un Nixon obsédé par la bombe atomique qu’il dit pouvoir activer a tout moment. Le tout sur fond de régîmes Sud Américain déstabilisés par les services secrets des États Unis, qui dans les années 80 avaient encore la phobie d’inavoué des régimes communistes à leurs portes. Si Elektra agit et combat, elle ne parle jamais tel l’agent tueur qu’elle est devenue. Seule référence au monde des comics classique, son idylle brève avec Daredevil sur lequel Frank Miller s’est longuement attardé par ailleurs chez Marvel.
Cette mini série est également novatrice par le dessin de Bill Sienkiewicz: des dessins qui semblent être réalisés en couleurs directes, des collages également puisque la tête du futur président Ken Wind est systématiquement représentée par une photo ou on le voit avec un sourire figé. Je me souviens qu à la fin des années 80 ce graphisme a vraiment été un choc visuel pour beaucoup, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Un classique que les amateurs de Comics doivent avoir lu au moins une fois dans leur vie.
Ce sont les avis précédents qui m'ont convaincu pour l'achat et effectivement je confirme que cet album mérite toutes ces critiques positives.
Un album composé de quatre chapitres distincts centrés sur un personnage différent donne à l'ensemble un récit dynamique qui ne faiblira pas jusqu'à la dernière page.
Dieu-fauve est une bd mêlant fantasy et aventure dans une ambiance apocalyptique avec comme référence le mythe du déluge. Sensé laver le monde du mal, ce déluge va au contraire raviver la soif du pouvoir des survivants et notre héros profite du désastre pour se venger. En résumé, une aventure sans pitié pour tous les protagonistes qui vivent dans un monde où le plus fort est celui qui dirige.
Le dessin donne vie efficacement aux combats et aux scènes d'actions. L'utilisation de peu de couleurs par case détermine instantanément l'ambiance et procure du confort à la lecture.
Un superbe moment de lecture
Les bd abordant quelques problématiques actuelles ne sont pas légions, du moins c'est une des premières que je découvre qui va en ce sens et qui pousse à la réflexion. Alors certes, parfois cela paraît manichéen (pour reprendre les termes de mes prédécesseurs), ça ne retranscrit pas parfaitement la réalité mais ça à le mérite d'éveiller les consciences, d'ouvrir les yeux et de comprendre qu'effectivement l'or ne pousse pas sur les arbres, que les lobby pharmaceutiques ne sont pas là pour votre bien être, que les droits dont nous jouissons ne sont pas sortis de terre comme une patate en automne mais qu'ils résultent d'une lutte acharnée entre travailleurs et patrons, que bon nombre d'écosystèmes sont bafoués pour une montagne de deniers, etc... Ça c'est la réalité, ne tient qu'à vous, lecteur, de compléter cet influx avec d'autres bouquins.
Je ne parle même pas des "problématiques" sociales, lié à l'enfance, le rôle de parent, l'envie de se réaliser dans un monde qui nous conditionne, etc... bref une belle oeuvre vouée à déclencher une pagaille entre nos neurones alanguis.
Si les personnages peuvent paraître caricaturaux, ce n'est pas tant un défaut, ils représentent à merveille les badauds peuplant notre petite planète et créent des interactions tout bonnement splendides entre les générations, les milieux de vies, etc...
Évidement c'est excessivement bien amené avec de l'humour, des personnages attachants et un dessins caricaturales qui colle parfaitement au récit.
Enfin une lecture un minimum engagé en toute légèreté... non mais quelle prouesse ! Chapeau bas à ce duo qui a réussi un coup de maître avec ces 6 premiers albums.
Keum Suk Gendry-kim est une autrice et traductrice sud-coréenne.
Elle a d’abord étudié à Sejong avant de rejoindre Strasbourg et qui, après quelques années en France, est retournée vivre en Corée. En plus de ses nombreux travaux de traduction, elle est à la fois l’autrice de bande dessinée jeunesse (dont certaines inédites en francophonie) et de bandes dessinées autobiographiques et reportages.
Son ouvrage, "Les Mauvaises Herbes" est paru une première fois aux éditions Delcourt en 2018. Il a été publié en 7 langues et a reçu de nombreux prix à travers le monde. Il ressort aujourd’hui aux éditions Futuropolis et mérite amplement un nouveau coup de projecteur
Les « Mauvaises Herbes » est une histoire vraie. Elle est basée sur le témoignage et les souvenirs d’une dame, Lee Oksun, que l’autrice rencontre au détour de la visite d’un centre pour « femmes de réconfort ». Les femmes de réconfort, c’est ainsi que l’on appelait les esclaves sexuelles de l’armée japonaise, en 1943, en pleine guerre du Pacifique. A l’époque, la Corée se trouvait sous occupation nippone. Oksun, a 16 ans et est vendue par ses parents adoptifs comme esclave sexuelle à l'armée japonaise basée en Chine. Après avoir vécu 60 ans loin de son pays, Sun revient sur sa terre natale. Sa rencontre avec Keum Suk Gendry-kim va lui permettre de relater l’enfer qu’elle a vécu à l’époque… un enfer qu’elle décrit de façon très factuelle et qui ne fait que souligner l’horreur qu’on vécues des tas de femmes durant cette période méconnue de l’histoire.
C’est un ouvrage long de 500 pages que nous propose l’autrice et, le moins que l’on puisse dire c’est que la force et la puissance de ce témoignage nous fait difficilement arrêter la lecture. Keum Suk Gendry-kim alterne sa narration entre ses rencontres avec une Oksun âgée et le récit imagée de la jeunesse (et du calvaire) de cette dernière. En ce sens, l’histoire rappelle Maus un autre grand témoignage en bande dessinée récit qui lui aussi alternait entre l’horreur des camps de concentrations et le témoignage qu’un homme en faisait à son fils.
Keum Suk Gendry-kim relate avec beaucoup de simplicité et de force un récit empli de tristesse, de violence, voire parfois d’un certain nihilisme. Le détachement avec lequel Oksun raconte certains passage de sa vie en captivité est parfois glaçant. On a le cœur brisé pour cette femme qui tant bien que mal, construite , s’est construite une vie malgré les horreurs qu’elle a vécu enfant et jeune femme. De son propre aveu, Oksun semble avoir fait le deuil d’un bonheur qu’elle n’aura finalement jamais connu. La narration que propose Keum Suk Gendry-kim est à la fois dure, pudique et très poétique. On ressent au plus profond de notre chaire les brimades, les humiliations et l’injustice que vivent Oksun et ces autres « femmes de réconfort ». On se sent finalement impuissant face à une profonde et honteuse injustice qui, malheureusement fait partie d’une histoire trop peu racontée.
Le trait de Keum Suk Gendry-kim est fascinant. Son dessin est en noir et blanc, son trait est « gras », réalisé au pinceau et à la plume (nous semble-t-il) et constitué de gros aplats noirs. C’est un dessin aussi brut que l’histoire qu’il raconte (et sans doute que le témoignage d’Oksun) et dont parfois ressortent des vrais moments de grâces, notamment dans la représentation de la végétation (dont les « mauvaises herbes » qui ont, en partie, inspiré le titre) et de certaines scènes entre ces différentes femmes de réconfort.
Cet ouvrage est véritablement un témoignage coup de poing. A titre personnel, c’est une partie de l’histoire que je ne connaissais que trop peu, voire pas du tout. Découvrir le traitement que ces femmes ont subies il y a à peine 80 ans (quasiment rien à l’échelle de l’histoire humaine) a quelque chose de profondément choquant, déstabilisant, éprouvant…
La vie d’Oksun, telle que décrite dans ce livre, a été une succession d’épreuves et d’injustices. Des épreuves que la jeune femme a traversé avec une colère étouffée et, parfois, une résignation perturbante et glaçante. Quand on réalise à quel point la situation de cette jeune femme et de ses camarades d’infortunes était désespérée (ainsi que celle, dans une moindre mesure, de certains des militaires japonais, pris eux aussi dans un engrenage malsain), on ne peut que saluer la force de caractère et d’abnégation de cette femme qui se sera, envers et contre tout, accrochée à un instinct de survie. Un instinct de survie dans tout ce qu’il a de plus primaire. Une volonté de vivre qui lui aura permis de croiser la route de Keum Suk Gendry-kim et de faire en sorte que son histoire ne soit jamais oubliée
« Les Mauvaises Herbes » est un récit dévastateur qui ne vous laissera pas indemne. Une histoire froide et profondément humaine qui donne, enfin, une voix, à celles qui en ont été privées pendant trop longtemps. Une histoire qui, nous l’espérons, accordera à leur courage toute la place qu’il mérite dans l’histoire de l’humanité.
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Batman - Un long Halloween
Un des meilleurs comics sur Batman que j'ai lus jusqu'à présent. Si en plus, on le resitue dans la période de sa sortie (1996), il est impossible de ne pas qualifier cette œuvre de culte. Elle amène ainsi tous les codes de la série avec une enquête sombre et très bien écrite sur fond de guerre intestine entre deux grandes familles de la pègre de Gotham : les Falcone et les Maroni. Harvey Dent constitue également l'un des personnages centraux de cette histoire avec Batman et le capitaine de police Gordon et on suit avec un plaisir non dissimulé sa lente descente vers la folie qui l'amènera à devenir "Double face". La plupart des autres "méchants" de l'univers de Batman sont également présents : Catwoman, le joker, l'homme mystère, Julian Day, Poison Ivy, etc... mais leur introduction reste bien amenée et cohérente avec l'histoire d'ensemble. La chute finale, assez ouverte, conclut plutôt bien l'intrigue et laisse place à l'imagination du lecteur quant à l'identité réelle du tueur en série Holiday. Côté dessin, Tim Sale croque les personnages de la série de l'homme "Chauve-souris" de très belle manière (mention spéciale à la dentition du Joker!) et avec un jeu d'ombres et de couleurs très franches mettant en valeur les décors grandioses de bon nombres de scènes. Certaines pages pleines (au moins deux par chapitre) méritent ainsi que le lecteur s'y attarde pour contempler tout le savoir faire du dessinateur dans le découpage des différentes scènes d'action. Si on ajoute à cela, que j'ai eu entre les mains la très belle intégrale éditée par Black label en 2022 et comportant de nombreux bonus tels que des entretiens avec Christopher Nolan (qui s'est fortement inspiré de l'univers de cette œuvre pour sa série the dark knight, rien que ça...) ou des croquis et dessins de Tim Sale, vous comprendrez pourquoi j'ai été totalement conquis. Un ouvrage que tout fan de Batman doit posséder. Originalité - Histoire : 9/10 Dessin - Mise en couleurs : 9/10 NOTE GLOBALE : 18/20
Je suis au-delà de la mort !
Très belle BD. J'étais sceptique au départ à cause du style de dessin que je trouvais trop enfantin, ça me rappelle Mario^^. Finalement, je m'y suis habitué. Les émotions sont bien retranscrites, de manière simple mais efficace. Et la colorisation est vraiment bien. J'ai beaucoup aimé le personnage secondaire, qui m'a fait sourire à plusieurs reprises. Côté scénario même si certaines grandes lignes sont prévisibles, on prend plaisir à poursuivre la lecture. L'auteur, qui est infirmier, nous raconte l'histoire touchante d'une personne pleine de vie et de projets qui apprend qu'elle a un cancer. Il est particulièrement bien placé pour raconter cette histoire, et il le fait avec brio, trouvant un bon équilibre entre les moments amusants et émouvants. Bien que le schéma narratif soit classique et quelque peu prévisible, je trouve qu'il est parfaitement maîtrisé. C'est ce qui m'a poussé à continuer ma lecture avec plaisir. Le nombre conséquent de pages est très appréciable, permettant de savourer l'histoire tranquillement, comme un bon film. J'ai failli lâcher une larme, il a réussi à me faire passer par tous types d'émotions tout au long de ma lecture, et rien que pour ça, cela mérite une belle note qui se démarque des autres. Une BD à avoir dans sa bibliothèque sans hésiter.
Le Grand Pouvoir du Chninkel
Cette bande dessinée qui m'a profondément marqué. Dès les premières pages, j'ai été transporté dans le monde de Daar, un univers médiéval fantastique où s'affrontent trois immortels et où les esclaves Chninkels sont malheureusement les premières victimes. Le récit de J'ON, ce Chninkel élu malgré lui pour une quête épique, m'a touché par sa justesse et son humanité. La narration est fluide et riche en rebondissements, mêlant habilement action, philosophie, et humour. Les illustrations de Rosinski sont un véritable régal pour les yeux, chaque case regorgeant de détails qui donnent vie à cet univers captivant. La version noir et blanc que j'ai lue ajoute une intensité dramatique et une beauté saisissante à l'histoire. Ce qui m'a le plus ému, c'est la façon dont l'histoire aborde des thèmes universels comme la liberté, la paix, et la quête de sens dans la vie, tout en restant accessible et divertissante. J'ai ri, j'ai été surpris, et j'ai même réfléchi sur ma propre existence à travers les aventures de J'ON. En bref, c'est une expérience de lecture inoubliable qui mérite amplement la note maximale. C'est une BD que je recommande chaleureusement à tous, que vous soyez un amateur de fantasy ou simplement à la recherche d'une histoire bien racontée et magnifiquement illustrée.
Le Vivant à vif
Rarement un livre m’a semblé aussi essentiel. La lecture de ‘Le Vivant à vif’ devrait être imposée dans toutes les écoles, son étude devrait être suivie de tables de réflexions, de travaux pratiques, d’actions sur le terrain. Son constat devrait influencer les politiques menées par nos dirigeants, avec une vision mondiale. Car ‘Le Vivant à vif’ supprime toutes les frontières, son sujet concerne chacun d’entre nous. Nous provoquons une catastrophe sans précédent, nous le savons et nous sommes pourtant incapables d’agir, de nous brider, de nous unir, de nous sauver. Ce livre pourrait être profondément déprimant s’il n’y avait la dernière partie qui redonne un peu espoir en éclairant les petites actions que déjà certains d’entre nous mènent au quotidien, et d’autres que nous pourrions tous mener à notre tour. Mais de quoi est-ce qu’on cause ? Le Vivant à vif est l’adaptation au format bande dessinée du roman de Bruno David « A l’aube de la sixième extinction ». Adapté pour être compris d’un très large public, il explique de manière didactique pourquoi et comment nous, l’humanité dans son ensemble et les pays riches en particulier, sommes responsables de la future extinction de masse. Un futur qui a déjà commencé, un futur qui nous concerne tous et qui pourrait (devrait ?) nous être fatal. Par son propos, cette bande dessinée peut être rapprochée de « Le Monde sans fin » de Blain et Jancovici. Je trouve toutefois son contenu encore plus pertinent car celui-ci ne se limite pas au seul réchauffement climatique. Même s’il montre parfois une décroissance idyllique (qui ne rêve pas d’une belle maison avec un beau potager, une alimentation saine à base de produits locaux, une mobilité douce en vélo), il n’occulte pas les aspects négatifs ou moins réjouissants de cette absolue nécessité d’arrêter d’épuiser la terre. J’ai particulièrement apprécié le fait que les auteurs soulignent le caractère énergivore des réseaux sociaux. Mieux encore, pour la première fois j’ai lu dans une bande dessinée grand public que ne pas avoir d’enfant était un acte responsable (rahhhh, que ça fait du bien dans ce monde occidental où ne pas avoir 1,7 enfant par ménage est considéré comme de l’égoïsme à l’état pur !) Et puis Dieu sait si j’ai déjà lu pas mal de documentaires traitant de l’impact positif du végétarisme… mais c’est le premier qui me fait vraiment réfléchir à la pertinence de sauter le pas (le chapitre sur la pêche et les ressources marines m’a particulièrement marqué). La mise en scène de Simon Hureau est soignée. Si elle destine prioritairement cette lecture vers un jeune public, elle demeure accessible à tous. Le trait de l’auteur apporte toujours autant de fraicheur à ses planches, et ses qualités de naturaliste ne sont plus à démontrer (même si ici, il reste très en deçà du travail méticuleux réalisé sur L'Oasis). Le moins que l’on puisse dire est que c’est une lecture qui m’a marqué. Et du fait que je trouve son message essentiel, sa forme adaptée à un très large public et sa conclusion incitante, je me laisse aller pour un « culte ». A lire A faire lire A relire A partager … et puis agir…
La Fleur au fusil
Une couverture qui interpelle, un quatrième de couverture qui donne envie : on continue sur les achats impulsifs. C'est une biographie romancée, qui pour moi s'apparente à un western presque spaghetti à la Sergio Leone. En tout cas, il me semble clairement y voir des influences notoires qui fonctionnent plutôt bien. On se projette très facilement dans les ambiances, aidé par les couleurs chaudes, presque (trop) sombres, un sens du cadre bien travaillé avec de belles profondeurs sur les paysages. Le dessin est cependant inégal. Si les décors sont magnifiques avec, comme je l'ai dit, une belle mise en couleurs, les visages de personnages sont parfois surprenant d'une case à l'autre, pouvant passer du moche grotesque au superbe. C'est assez étonnant ce déséquilibre, à se demander si ce n'est pas volontaire, et à aimer en connaitre la raison. Quand au scénario, il est fort bien mené sur fond historique, alternant plutôt habilement les flash-back, qui viennent entrecouper l'histoire, donnant de la profondeur aux personnages au fil de la lecture. L'ambiance western est clairement là, et un fond sonore d'Enio Morricone vient parfaitement agrémenter la lecture. J'aurais volontiers mis un 4/5 franc, mais je tempère par ces dessins de visages qui me laisse perplexe.
Azimut
Si je connaissais bien Wilfrid Lupano dont j’ai adoré Le Singe de Hartlepool, Un océan d'amour ou Les Vieux Fourneaux, je n’avais pas encore lu de BD dessinée par Jean-Baptiste Andreae, même si j’ai La Cuisine des ogres dans ma pile à lire. J’ai pris le temps de dormir avant de réfléchir à la note car je dois avouer que j’ai été bluffé par ce cocktail d’originalité, de profondeur narrative et cet univers visuel incroyable. J’étais passé à côté de cette série et c’est en lisant un commentaire ici que je m’en suis rendu compte. Wilfrid Lupano, connu pour son talent à créer des histoires profondes et engageantes, brille une fois de plus avec Azimut. Le scénario est riche et complexe, mêlant aventures rocambolesques, réflexions philosophiques et satire sociale. Lupano explore des thèmes variés tels que la quête de l’immortalité, la manipulation du temps, et la critique des excès de la société moderne, le tout avec une touche d’humour et de dérision mais sans en abuser. Je trouve l’équilibre très réussi à cet égard. Il crée ici un monde complet, étrange et fascinant où les lois du temps et de la nature sont constamment défiées. On y suit les aventures de personnages hauts en couleur autour de la quête de l’immortalité et de la recherche du “Nord”, dans ce monde où les points cardinaux sont volatils. Jean-Baptiste Andreae offre de son côté une véritable symphonie visuelle avec ses illustrations. J’ai été sous le charme dès les premières cases. Son style est à la fois détaillé et onirique, parfaitement adapté à l’univers fantastique d’Azimut. Les décors sont somptueux, foisonnants de détails, et les personnages sont dessinés avec une expressivité et une originalité remarquables. Les couleurs vives et les jeux de lumière renforcent l’atmosphère féerique de la série. Chaque page est une œuvre d’art en soi, invitant le lecteur à s’attarder pour apprécier la minutie et la créativité des illustrations. L’univers d’Azimut est à la fois merveilleux et déroutant. Lupano et Andreae ont créé des lieux, des créatures et des objets fantastiques qui constituent un univers unique et fascinant. J’ai trouvé cette série exceptionnelle et on est pour moi sur un cinq étoiles coup de cœur. Et le commentaire d’Alix m’a amené à commander les premiers tomes de La Nef des fous pour essayer de prolonger ce genre d’expériences.
Elektra (Delcourt)
A la fin des années 80, 2 auteurs ont révolutionné le monde du comics: Alan Moore avec Watchmen et Frank Miller avec The Dark Night Returns et Electra Assassin. Je comprends que certains puissent être désarçonnés par cette histoire tant elle est novatrice. Novatrice par le scénario: énormément de « Off », avec l’utilisation d’un vocabulaire très cru dans une histoire foisonnante où se croisent une Ninja conditionnée à abattre une créature monstrueuse qui aurait pris les traits d’un futur président des États Unis. Une sorte de JFK en puissance au sourire « ultra brite », des agents secrets Américains reconstruits de toute pièce par une société qui en fait des sur hommes. Un président Americain en fonction représenté sous les traits d’un Nixon obsédé par la bombe atomique qu’il dit pouvoir activer a tout moment. Le tout sur fond de régîmes Sud Américain déstabilisés par les services secrets des États Unis, qui dans les années 80 avaient encore la phobie d’inavoué des régimes communistes à leurs portes. Si Elektra agit et combat, elle ne parle jamais tel l’agent tueur qu’elle est devenue. Seule référence au monde des comics classique, son idylle brève avec Daredevil sur lequel Frank Miller s’est longuement attardé par ailleurs chez Marvel. Cette mini série est également novatrice par le dessin de Bill Sienkiewicz: des dessins qui semblent être réalisés en couleurs directes, des collages également puisque la tête du futur président Ken Wind est systématiquement représentée par une photo ou on le voit avec un sourire figé. Je me souviens qu à la fin des années 80 ce graphisme a vraiment été un choc visuel pour beaucoup, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Un classique que les amateurs de Comics doivent avoir lu au moins une fois dans leur vie.
Le Dieu-Fauve
Ce sont les avis précédents qui m'ont convaincu pour l'achat et effectivement je confirme que cet album mérite toutes ces critiques positives. Un album composé de quatre chapitres distincts centrés sur un personnage différent donne à l'ensemble un récit dynamique qui ne faiblira pas jusqu'à la dernière page. Dieu-fauve est une bd mêlant fantasy et aventure dans une ambiance apocalyptique avec comme référence le mythe du déluge. Sensé laver le monde du mal, ce déluge va au contraire raviver la soif du pouvoir des survivants et notre héros profite du désastre pour se venger. En résumé, une aventure sans pitié pour tous les protagonistes qui vivent dans un monde où le plus fort est celui qui dirige. Le dessin donne vie efficacement aux combats et aux scènes d'actions. L'utilisation de peu de couleurs par case détermine instantanément l'ambiance et procure du confort à la lecture. Un superbe moment de lecture
Les Vieux Fourneaux
Les bd abordant quelques problématiques actuelles ne sont pas légions, du moins c'est une des premières que je découvre qui va en ce sens et qui pousse à la réflexion. Alors certes, parfois cela paraît manichéen (pour reprendre les termes de mes prédécesseurs), ça ne retranscrit pas parfaitement la réalité mais ça à le mérite d'éveiller les consciences, d'ouvrir les yeux et de comprendre qu'effectivement l'or ne pousse pas sur les arbres, que les lobby pharmaceutiques ne sont pas là pour votre bien être, que les droits dont nous jouissons ne sont pas sortis de terre comme une patate en automne mais qu'ils résultent d'une lutte acharnée entre travailleurs et patrons, que bon nombre d'écosystèmes sont bafoués pour une montagne de deniers, etc... Ça c'est la réalité, ne tient qu'à vous, lecteur, de compléter cet influx avec d'autres bouquins. Je ne parle même pas des "problématiques" sociales, lié à l'enfance, le rôle de parent, l'envie de se réaliser dans un monde qui nous conditionne, etc... bref une belle oeuvre vouée à déclencher une pagaille entre nos neurones alanguis. Si les personnages peuvent paraître caricaturaux, ce n'est pas tant un défaut, ils représentent à merveille les badauds peuplant notre petite planète et créent des interactions tout bonnement splendides entre les générations, les milieux de vies, etc... Évidement c'est excessivement bien amené avec de l'humour, des personnages attachants et un dessins caricaturales qui colle parfaitement au récit. Enfin une lecture un minimum engagé en toute légèreté... non mais quelle prouesse ! Chapeau bas à ce duo qui a réussi un coup de maître avec ces 6 premiers albums.
Mauvaises Herbes
Keum Suk Gendry-kim est une autrice et traductrice sud-coréenne. Elle a d’abord étudié à Sejong avant de rejoindre Strasbourg et qui, après quelques années en France, est retournée vivre en Corée. En plus de ses nombreux travaux de traduction, elle est à la fois l’autrice de bande dessinée jeunesse (dont certaines inédites en francophonie) et de bandes dessinées autobiographiques et reportages. Son ouvrage, "Les Mauvaises Herbes" est paru une première fois aux éditions Delcourt en 2018. Il a été publié en 7 langues et a reçu de nombreux prix à travers le monde. Il ressort aujourd’hui aux éditions Futuropolis et mérite amplement un nouveau coup de projecteur Les « Mauvaises Herbes » est une histoire vraie. Elle est basée sur le témoignage et les souvenirs d’une dame, Lee Oksun, que l’autrice rencontre au détour de la visite d’un centre pour « femmes de réconfort ». Les femmes de réconfort, c’est ainsi que l’on appelait les esclaves sexuelles de l’armée japonaise, en 1943, en pleine guerre du Pacifique. A l’époque, la Corée se trouvait sous occupation nippone. Oksun, a 16 ans et est vendue par ses parents adoptifs comme esclave sexuelle à l'armée japonaise basée en Chine. Après avoir vécu 60 ans loin de son pays, Sun revient sur sa terre natale. Sa rencontre avec Keum Suk Gendry-kim va lui permettre de relater l’enfer qu’elle a vécu à l’époque… un enfer qu’elle décrit de façon très factuelle et qui ne fait que souligner l’horreur qu’on vécues des tas de femmes durant cette période méconnue de l’histoire. C’est un ouvrage long de 500 pages que nous propose l’autrice et, le moins que l’on puisse dire c’est que la force et la puissance de ce témoignage nous fait difficilement arrêter la lecture. Keum Suk Gendry-kim alterne sa narration entre ses rencontres avec une Oksun âgée et le récit imagée de la jeunesse (et du calvaire) de cette dernière. En ce sens, l’histoire rappelle Maus un autre grand témoignage en bande dessinée récit qui lui aussi alternait entre l’horreur des camps de concentrations et le témoignage qu’un homme en faisait à son fils. Keum Suk Gendry-kim relate avec beaucoup de simplicité et de force un récit empli de tristesse, de violence, voire parfois d’un certain nihilisme. Le détachement avec lequel Oksun raconte certains passage de sa vie en captivité est parfois glaçant. On a le cœur brisé pour cette femme qui tant bien que mal, construite , s’est construite une vie malgré les horreurs qu’elle a vécu enfant et jeune femme. De son propre aveu, Oksun semble avoir fait le deuil d’un bonheur qu’elle n’aura finalement jamais connu. La narration que propose Keum Suk Gendry-kim est à la fois dure, pudique et très poétique. On ressent au plus profond de notre chaire les brimades, les humiliations et l’injustice que vivent Oksun et ces autres « femmes de réconfort ». On se sent finalement impuissant face à une profonde et honteuse injustice qui, malheureusement fait partie d’une histoire trop peu racontée. Le trait de Keum Suk Gendry-kim est fascinant. Son dessin est en noir et blanc, son trait est « gras », réalisé au pinceau et à la plume (nous semble-t-il) et constitué de gros aplats noirs. C’est un dessin aussi brut que l’histoire qu’il raconte (et sans doute que le témoignage d’Oksun) et dont parfois ressortent des vrais moments de grâces, notamment dans la représentation de la végétation (dont les « mauvaises herbes » qui ont, en partie, inspiré le titre) et de certaines scènes entre ces différentes femmes de réconfort. Cet ouvrage est véritablement un témoignage coup de poing. A titre personnel, c’est une partie de l’histoire que je ne connaissais que trop peu, voire pas du tout. Découvrir le traitement que ces femmes ont subies il y a à peine 80 ans (quasiment rien à l’échelle de l’histoire humaine) a quelque chose de profondément choquant, déstabilisant, éprouvant… La vie d’Oksun, telle que décrite dans ce livre, a été une succession d’épreuves et d’injustices. Des épreuves que la jeune femme a traversé avec une colère étouffée et, parfois, une résignation perturbante et glaçante. Quand on réalise à quel point la situation de cette jeune femme et de ses camarades d’infortunes était désespérée (ainsi que celle, dans une moindre mesure, de certains des militaires japonais, pris eux aussi dans un engrenage malsain), on ne peut que saluer la force de caractère et d’abnégation de cette femme qui se sera, envers et contre tout, accrochée à un instinct de survie. Un instinct de survie dans tout ce qu’il a de plus primaire. Une volonté de vivre qui lui aura permis de croiser la route de Keum Suk Gendry-kim et de faire en sorte que son histoire ne soit jamais oubliée « Les Mauvaises Herbes » est un récit dévastateur qui ne vous laissera pas indemne. Une histoire froide et profondément humaine qui donne, enfin, une voix, à celles qui en ont été privées pendant trop longtemps. Une histoire qui, nous l’espérons, accordera à leur courage toute la place qu’il mérite dans l’histoire de l’humanité.