Coup de coeur pour "Swan" de Nejib !
Si le tome 1 était déjà très bon, le tome 2 est encore plus prenant. On y trouve un véritable souffle romanesque ainsi que des rebondissements crédibles et bien amenés. Les personnages sont attachants, consistants, ils ont l'épaisseur de personnages de roman, ça bouillonne, c'est la vie qui défile sous nos yeux avec toute la galerie des artistes du XIXème siècle que Nejib croque sans fioriture mais avec un talent évident.
J'ai également apprécié les dialogues ciselés qui font mouche et la présence de nombreuses oeuvres d'art jalonnant le récit (même si je ne les ai sans doute pas toutes repérées).
Le tome 3 qui vient conclure cette superbe histoire est peut-être un peu plus attendu, mais l'ensemble est vraiment bien ficelé. Une belle série sur l'histoire de l'art que je relirai avec plaisir !
Nejib poursuit donc son chemin en traitant un de ses thèmes de prédilection : la mémoire, la construction d'un souvenir, déjà présent dans Stupor Mundi tout en affinant au passage sa technique. Le trait est parfaitement adapté, dynamique, expressif et fluide.
Ce fut un grand plaisir de parcourir ce récit aux multiples enjeux et personnages et où tout est limpide. Nejib a vraiment un talent particulier pour raconter ses histoires. Pas d'effets de manche, de prétention, tout coule de source.
C'est instructif sans être pédant (et ça donne envie de s'informer davantage), l'auteur mêle personnages fictifs et personnalités marquantes du XIXème siècle avec une facilité déconcertante, il rend hommage aux artistes (mais ne se prive pas pour autant de les croquer avec humour) tout en nous contant une histoire familiale qui a de la chair, bravo !
Tout en connaissant le sujet du livre, j’ignorais beaucoup de son déroulement, n’ayant ni lu le roman original ni vu l’adaptation cinématographique. Cette bande dessinée m’a donc permis de combler ce vide. Et de bien belle manière !
Ce qui marque en premier, c’est le dessin d’Aimée de Jongh. Facile d’accès, bénéficiant de grandes cases et d’un découpage très aéré, ce trait est une vraie invitation à la lecture. Le découpage cinématographique et la fluidité d’ensemble ne font qu’accentuer cette facilité apparente. A la lecture, ça semble ‘évident’, facile… et pour moi c’est la preuve même que c’est très bien fait.
L’histoire ensuite, pour qui ne la connaitrait pas, nous est très bien racontée. Elle est autant prenante que source de réflexion. Ces enfants laissés à eux-mêmes qui finissent par s’entre-tuer en l’absence de règles morales, voilà un sujet extrêmement violent. Et autant on se prend d’affection pour plusieurs protagonistes, autant l’évolution du récit nous semble horriblement crédible.
D’un point de vue politique, Sa Majesté des Mouches mérite d’être analysé. Ce récit prône l’ordre et le respect des règles et montre les horribles dérives auxquelles peuvent mener l’anarchie et le pouvoir de la majorité. Adapter ce récit à l’époque actuelle me semble donc assez audacieux car sa conclusion va à l’encontre de ce que prônent beaucoup de bandes dessinées actuelles (ici, la liberté de choisir et de faire ce qui nous plait mène au chaos et à la violence, alors que le respect de règles et d’un code moral auraient dû permettre la survie de l’ensemble du groupe).
En résumé, j’ai trouvé là une œuvre joliment adaptée (même si on sent à l’occasion des coupures çà et là), des personnages marquants et un sujet digne d’intérêt. Une lecture qui touche et questionne à la fois. Vraiment pas mal du tout !
Il n'est pas évident pour nous d'imaginer ce que pouvait être la vie au début du XXème siècle. Il est encore moins possible d'imaginer que la population américaine pouvait être à ce point en difficulté dans l'entre 2 guerres.
Et pourtant c'est bien dans ce cadre, historiquement vrai que ce déroule la fiction d'Aimée De Jongh.
"Jours de sable" nous conte l'histoire d'un jeune photographe envoyé au cœur des Etats Unis qui sont touchés par des tempêtes de sables et des sécheresses à répétition.
Complétement ignorant de ces choses, je ne peux que louer le travail d'enquête réalisé par l'auteure pour arriver à caler sa fiction dans un contexte réel.
La petite documentation en fin d'ouvrage me laisse à penser qu'elle y est arrivée de manière optimale.
Le dessin est très plaisant à regarder et j'ai trouvé le choix des couleurs parfaitement adapté. Il n'y a aucune fausse note à ce niveau là.
Pour ma part je serai un peu plus indulgent que Gruizzli sur le personnage de John. Son histoire combinée à sa mission et tout ce qu'il en a appris ne m'ont pas choqué. Comme si le Dust Bowl avait balayé ses illusions et enterré ses démons pour lui faire prendre conscience du réel sens de la vie. Sur moi ce point a parfaitement fonctionné.
Ce qui a moins fonctionné c'est la fin dont j'ai trouvé l'arrivée très brutale, comme si il avait fallu conclure très rapidement car on manquait de pages. J'aurai préféré un développement un peu plus long de cette partie de l'histoire.
"Jours de sable" est un belle BD à offrir et à l'aube d'un changement climatique majeur un bon rappel que nous ne sommes que des grains de poussières face aux forces de la nature. Il conviendrait donc de la respecter un peu plus si nous espérons continuer à pouvoir vivre.
Il s’agit d’une des premières séries du célèbre Riad Sattouf, cela se ressent dans le dessin qui a un style plus simple et cartoon que sa célèbre série L'Arabe du futur, mais également dans l’atmosphère qui s'en dégage et qui se trouve être très début année 2000.
C’est l’histoire de Jérémie, un anti-héros comme Sattouf aime les créer qui est un peu loser et malchanceux dans la vie ainsi qu’avec les filles. Ses histoires s’entremêlent avec celles de ces amis Jean-Jacques et Sandrine qui sont des personnages tout autant comiques; certains passages sont vraiment hilarants.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas sincèrement ri à voix haute en face d’une BD, c’est le travail le plus drôle de Sattouf.
Les trois albums peuvent se lire séparément et j’ai ma préférence pour le premier album Les Jolis pieds de Florence qui vaut vraiment le détour. Lire cette série rend heureux !
Le temps détruit tout. Pour une fois l'expression n'est pas galvaudée et disons le de suite : l'Orfèvre va vous retourner la tête au sens propre comme au figuré puisqu'on y raconte deux histoires se rejoignant quelque soit le choix initial du lecteur pour entamer sa lecture.
Partant d'un concept assez fou, ce travail sur 10 ans réalisé entièrement par un artiste inconnu dont c'est la première œuvre risque de marquer durablement votre rétine aussi bien sur le fond que la forme.
Sur le fond : il s'agit d'une enquête policière se déroulant dans une ville de Paris au XXième siècle sans plus de précisions au bord de tensions entre le peuple et les autorités. C'est dans ce contexte tendu que l'inspecteur Cisife va rechercher la vérité autour du meurtre sordide d'une femme inconnue dans une sombre ruelle écartée. Privilégiant la manière forte, les divers indices vont l'emmener un peu plus loin vers des personnages peu recommandables...
En parallèle, un autre flic va mettre sa vie en danger à l'autre bout de la ville pour sauver une autre femme traquée pour des souvenirs dont elle n'a plus connaissance....
Sur la forme : les deux histoires se rejoignent puisque les histoires se répondent par un jeu de miroirs : il faut en effet lire le livre uniquement sur les pages supérieures jusqu'à la fin de l'ouvrage puis le retourner et recommencer le même principe. Ce qui semble être un gadget narratif se révèle bien plus malin que cela et je n'ai eu de cesse d'aller au bout de l'aventure en écarquillant les yeux constamment, amusé par le procédé et entrainé par le rythme effréné de cette histoire policière à tiroirs.
Aurélien Lozes utilise un dessin écrit au bic noir dans un trait très précis et utilise des animaux anthropomorphes pour illustrer sa galerie de personnages ambigus de la même façon que Blacksad. C'est à la fois malin, audacieux et bourré de références cachées dont il ne convient pas ici de dévoiler pour laisser place à la surprise.
Le récit est assez violent et entrecoupé de scènes d'action réussies. Ce polar noir à la mise en scène audacieuse flirte fréquemment avec la raison mais également l'intelligence de son lecteur.
Il serait cruel d'en dévoiler davantage tout comme le fin mot de l'histoire s'il existe puisqu'on dénombre au minimum deux façons de lire cet ouvrage à moins qu'il s'agisse d'une boucle à l'infini ? Il y subsiste tellement de non dits et de mystères que l'envie de vite y retourner et s'y perdre littéralement me fait furieusement envie.
Voilà un album qui est resté trainer assez longtemps dans ma pile à lire. Je l’ai acheté par pure curiosité. Je suis rarement un grand fan des prix d’Angoulême, mais là l’audace créative faisait que je devais me faire mon propre avis.
Et j’ai pris beaucoup de plaisir dans ma lecture. Je trouve que Martin Panchaud réussit le pari audacieux de transformer des cercles colorés et une vue aérienne en une véritable expérience narrative. Difficile de croire qu’un tel minimalisme graphique puisse captiver, mais dès les premières pages, la magie opère. En tous cas, ça a très bien marché pour moi.
On pourrait penser que ce style, à la limite de l’abstraction, nuirait à l’immersion. Pourtant, il n’en est rien, cette représentation géométrique parvient étrangement à transmettre une profonde humanité.
Le récit suit Simon, un adolescent malmené par la vie, qui voit sa chance tourner après avoir gagné une grosse somme d’argent. Ce scénario, qui pourrait sembler convenu à première vue, prend une autre dimension sous la plume de Panchaud. Chaque rebondissement est minutieusement orchestré, avec une narration fluide et des surprises bien dosées. On se retrouve plongé dans une sorte de polar social, teinté d’humour noir, où la naïveté et la cruauté s’entremêlent avec brio. Ce qui pourrait n’être qu’un simple road movie se transforme en une aventure humaine, où chaque péripétie est une nouvelle épreuve pour ce jeune héros attachant. (oui je me suis attaché à un cercle !)
Là où Panchaud excelle, c’est dans l’alliance entre cette narration atypique et un scénario solide. Le graphisme, bien que déconcertant au premier abord, finit par devenir invisible, tant il sert le récit. On oublie que l’on suit des cercles colorés et on s’immerge totalement dans cette histoire qui mêle drame, suspense et critique sociale. Le style minimaliste pourrait en rebuter certains, mais il faut admettre que c’est précisément cette originalité qui donne toute sa force à l’ouvrage.
En définitive, “La Couleur des choses” n’est pas simplement une expérience graphique ; c’est une BD qui réussit à allier forme et fond de manière exemplaire. Panchaud nous prouve que l’art de la bande dessinée est loin d’être figé, et que même les choix les plus risqués peuvent aboutir à des œuvres marquantes. À la fois ludique et profond, ce livre est une véritable pépite, un OVNI dans le paysage du neuvième art, qui mérite largement les éloges qu’il a reçus. Un pari graphique audacieux, mais totalement réussi.
C'est ma première incursion en territoire Hanuka. Et c'est bien évidemment le titre (c'est d'actualité) qui m'a attiré vers le Juif Arabe.
C'est très bon. A commencer par ce graphisme minimaliste mais qui tire l'essentiel, que ce soit des expressions ou des paysages. Ça m'a énormément rappelé Ronson de César Sebastian, l'une de mes dernières lectures et gros coup de cœur. C'est tout à fait le genre de dessin que j'affectionne. Question couleurs, j'aime aussi beaucoup le choix de ces aplats de couleurs qui apportent un côté très dynamique. Enfin, Asaf Hanuka procède à une petite inversion des conventions qui, mine de rien, apporte un gros surplus de sens. En effet, les scènes censées se dérouler dans le présent sont en noir et blanc, contenant parfois une discrète touche de couleur qui fait, là encore, toujours sens (par exemple le bleu de la mer qui étincelle comme une lueur d'espoir, ou le rouge qui détoure le visage lors d'une scène tragique), alors que les flashbacks et les souvenirs racontés par le père de l'auteur (ou l'un de ses amis) sont en couleurs. Personnellement, j'y décèle une résonance forte avec la situation actuelle, terrible et embourbée (d'où les scènes actuelles en noir et blanc donc), bien que cette BD ait été réalisée bien avant les attentats du Hamas contre Israël et le massacre des palestiniens de Gaza par l'état hébreux (presque 40000 morts à ce jour). Toujours selon cette idée, les souvenirs, du point de vue de l'auteur, demeurent vivants et apportent toute la nuance que mérite la situation présente (d'où les scènes passées en couleurs).
Je ne veux rien dévoiler de l'histoire, sinon qu'elle est assez folledingue, et surtout très touchante, à commencer par le fait qu'elle soit vraie. En effet, l'auteur enquête sur son histoire familiale, occasion pour lui comme pour le lecteur, de plonger au cœur des relations intimes qui unissaient (autrefois) juifs et arabes. Mais elle est aussi bouleversante parce qu'elle résonne bien entendu on-ne-peut-plus fortement avec l'actualité. Ainsi, au fil des pages, on parvient à entrevoir toute la complexité de l'Histoire, et tout particulièrement celle de la famille de l'auteur, la petite histoire. Par ce biais, Hanuka apporte de la nuance ! Nuance salutaire, toujours, contre les prises de position radicales qui semblent désormais être devenue la norme dans notre monde numérisé, sommant les individus de prendre immédiatement position et de tenir cette position coute que coute, quitte à envenimer les choses. Non, "les choses" ne sont jamais noires ou blanches. C'est une idée à laquelle je crois dur comme fer. Il existe derrière toute situation une palette de couleurs subtiles, palette que l'auteur orchestre donc parfaitement.
Outre le fait que l'actualité vient percuter cette BD de plein fouet, il y a dans ces souvenirs une urgence que vient souligner un dénouement peu commun. Sans en dire plus, la tension monte progressivement à mesure que l'histoire avance. Le tissage scénaristique où s'entrecroisent passés et présents (je mets ces mots volontairement au pluriel) débouche sur une enquête en définitive presque policière, et quand le dénouement éclate, le lecteur en a partout sur lui et gros dans la tête, assez nourrir une réflexion sur le sujet. Une histoire magnifique au point qu'elle en devient presque une parabole, mais aussi un ouvrage salutaire et tout à fait bienvenu. Gros coup de cœur !
Je suis surpris d'être le premier à attribuer la note maximale à cette BD, mais je comprends pourquoi : je suppose que d'autres auraient également attribué la note maximale s'ils n'avaient pas déjà toute l'histoire en tête et s'ils n'avaient pas lu ou vu autant d'adaptations.
Personnellement, je n'avais jamais vraiment lu ou vu la véritable histoire de -L'Île au trésor-. Bien que j'aie vu de nombreuses adaptations, fidèles ou non, j'étais trop jeune pour m'en souvenir. J'ai aussi lu des séries comme Long John Silver, qui se déroule après, ou encore la série télévisée "Black Sails", un préquel, que j'inclus d’ailleurs dans mes séries préférées de tous les temps. Donc, je connaissais certains personnages et quelques bribes de l'intrigue, mais j'ai découvert bien plus en lisant cette BD apparemment fidèle à l’œuvre originale.
Et c'est donc avec des yeux d'enfant que j'ai découvert et dévoré cette série incroyable.
Sinon ce qui m'a vraiment bluffé, au-delà du récit, c'est le choix des animaux anthropomorphes et leur représentation graphique magnifiquement dessinée. In-cro-ya-ble ! Chaque personnage est parfaitement incarné par l'animal choisi, les expressions, les aptitudes, les caractères... c'est du génie. Certains préféreront sûrement une adaptation sans cet aspect anthropomorphique, mais si vous aimez le genre, alors foncez !
Bref, non seulement l'histoire est captivante, mais le dessin l'est tout autant. J'imagine que le roman offre plus de détails et nous plonge plus longtemps dans cet univers de piraterie et de chasse au trésor, mais en 3 tomes seulement, je n'ai ressenti aucune précipitation pour accélérer le rythme ou conclure l'histoire, même si quelques planches supplémentaires pour le final n'auraient pas été de refus. J'en ressors dans tous les cas complètement satisfait.
Un autre coup de cœur qui va se transformer en un achat de l'intégrale ainsi que du roman que je garderai au chaud pour une future lecture.
Ahlala ... Magnifique !
Comme souvent avec Carole Maurel d'ailleurs, dont j'adore toujours autant le dessin et l'utilisation des couleurs. Je ne pense pas que c'est la plus grande artiste vivante, mais indéniablement c'est une de celle que je suis le plus assidument pour ses productions. Elle a un coup de crayon que j'adore, une manière qui semble toujours d'une douceur infinie de croquer les visages, et puis cette colorisation ! Des couleurs chaudes, les jeux de contrastes entre les planches, dans les planches ! C'est toujours un régal visuel, je ne m'en lasse pas.
Ici, la dessinatrice s'est adjoint le concours de Elodie Font, que j'avoue ne pas connaitre, et qui réussie à merveille à retranscrire son parcours de femme aimant les femmes, dans une société qui ne favorise pas ce genre de relations. J'ai déjà lu pas mal de textes sur l'homosexualité, la découverte de celle-ci par les concernés, les échecs, les tensions, les luttes ... Mais c'est toujours aussi agréable de lire un récit qui donne envie de croire que demain sera meilleur. J'irais même plus loin : en tant qu'hétéro, ce récit m'a ému jusqu'à mouiller mes yeux et donne furieusement envie de revivre une jeunesse amoureuse ! C'est dire le travail accompli sur la narration !
La BD est excellente, je dois le dire. Tout concours à faire ressortir les états d'âme de Elodie, à faire comprendre la difficulté qu'elle a eu à se vivre comme lesbienne, mais aussi à découvrir sa propre homophobie et son rapport avec les LGBT, la violence que fut le mariage pour tous et les échecs qu'elle vécue en tant que personne amoureuse ... Comme tant d'autres, hétéro ou non. La BD ne présente pas un parcours atypique, elle présente un parcours ordinaire d'une femme. Une femme qui a du apprendre à sortir de la norme insidieusement imposée.
Que ce soit à lire comme une œuvre féministe, LGBT, pro-liberté, dans tout les cas c'est un récit incroyablement inspirant. Et qui donne un peu foi en l'avenir, même si tout ne semble pas devenir plus rose ... Un rose dont nous aurions bien besoin pourtant !
A titre personnel, j'ai été intéressé par les mouvements LGBT avec la lecture du Le Bleu est une couleur chaude, mais c'est vraiment avec le mariage pour tous que j'ai découvert avec horreur et effroi ce qu'on pouvait penser de personnes qui s'aiment. La BD en parle d'ailleurs et je suis d'accord sur l'impact que ces manifestations colossales ont pu avoir, autant en libérant une parole homophobe qu'en soudant un peu plus tout ceux qui se sentaient en désaccord profond avec ce discours rétrograde. Et la BD m'a fait ressentir ce passage là, ce souffle de renouveau. Espérons qu'il dure éternellement !
Lorsque j'ai ouvert "Before Watchmen: Minutemen", j'ai été immédiatement plongé dans l'univers des années 40. Le dessin rétro de Darwyn Cooke m'a transporté dans une époque où les super-héros étaient encore des pionniers, des aventuriers costumés prêts à défendre la justice.
Derrière leurs masques, les Minutemen avaient des personnalités complexes, avec des secrets, des conflits internes et des motivations variées. Certains cherchaient la notoriété, tandis que d’autres luttaient pour la justice.
Le récit explore les aspects sombres du groupe, y compris des révélations sur les abus, la dépression, l’alcoolisme et la sexualité. Il montre que les super-héros ne sont pas toujours des modèles de vertu. L'intrigue sombre et réaliste m'a tenue en haleine. Les Minutemen ne sont pas des héros parfaits, mais des individus complexes avec leurs failles et leurs démons intérieurs. Les révélations sur leur passé ont ajouté une profondeur inattendue à l'histoire.
En lisant cette bande dessinée, j'ai ressenti une nostalgie pour une époque que je n'ai jamais connue. Les pages se sont enchaînées, et j'ai été captivé par les dilemmes moraux auxquels les Minutemen étaient confrontés.
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Swan
Coup de coeur pour "Swan" de Nejib ! Si le tome 1 était déjà très bon, le tome 2 est encore plus prenant. On y trouve un véritable souffle romanesque ainsi que des rebondissements crédibles et bien amenés. Les personnages sont attachants, consistants, ils ont l'épaisseur de personnages de roman, ça bouillonne, c'est la vie qui défile sous nos yeux avec toute la galerie des artistes du XIXème siècle que Nejib croque sans fioriture mais avec un talent évident. J'ai également apprécié les dialogues ciselés qui font mouche et la présence de nombreuses oeuvres d'art jalonnant le récit (même si je ne les ai sans doute pas toutes repérées). Le tome 3 qui vient conclure cette superbe histoire est peut-être un peu plus attendu, mais l'ensemble est vraiment bien ficelé. Une belle série sur l'histoire de l'art que je relirai avec plaisir ! Nejib poursuit donc son chemin en traitant un de ses thèmes de prédilection : la mémoire, la construction d'un souvenir, déjà présent dans Stupor Mundi tout en affinant au passage sa technique. Le trait est parfaitement adapté, dynamique, expressif et fluide. Ce fut un grand plaisir de parcourir ce récit aux multiples enjeux et personnages et où tout est limpide. Nejib a vraiment un talent particulier pour raconter ses histoires. Pas d'effets de manche, de prétention, tout coule de source. C'est instructif sans être pédant (et ça donne envie de s'informer davantage), l'auteur mêle personnages fictifs et personnalités marquantes du XIXème siècle avec une facilité déconcertante, il rend hommage aux artistes (mais ne se prive pas pour autant de les croquer avec humour) tout en nous contant une histoire familiale qui a de la chair, bravo !
Sa Majesté des Mouches
Tout en connaissant le sujet du livre, j’ignorais beaucoup de son déroulement, n’ayant ni lu le roman original ni vu l’adaptation cinématographique. Cette bande dessinée m’a donc permis de combler ce vide. Et de bien belle manière ! Ce qui marque en premier, c’est le dessin d’Aimée de Jongh. Facile d’accès, bénéficiant de grandes cases et d’un découpage très aéré, ce trait est une vraie invitation à la lecture. Le découpage cinématographique et la fluidité d’ensemble ne font qu’accentuer cette facilité apparente. A la lecture, ça semble ‘évident’, facile… et pour moi c’est la preuve même que c’est très bien fait. L’histoire ensuite, pour qui ne la connaitrait pas, nous est très bien racontée. Elle est autant prenante que source de réflexion. Ces enfants laissés à eux-mêmes qui finissent par s’entre-tuer en l’absence de règles morales, voilà un sujet extrêmement violent. Et autant on se prend d’affection pour plusieurs protagonistes, autant l’évolution du récit nous semble horriblement crédible. D’un point de vue politique, Sa Majesté des Mouches mérite d’être analysé. Ce récit prône l’ordre et le respect des règles et montre les horribles dérives auxquelles peuvent mener l’anarchie et le pouvoir de la majorité. Adapter ce récit à l’époque actuelle me semble donc assez audacieux car sa conclusion va à l’encontre de ce que prônent beaucoup de bandes dessinées actuelles (ici, la liberté de choisir et de faire ce qui nous plait mène au chaos et à la violence, alors que le respect de règles et d’un code moral auraient dû permettre la survie de l’ensemble du groupe). En résumé, j’ai trouvé là une œuvre joliment adaptée (même si on sent à l’occasion des coupures çà et là), des personnages marquants et un sujet digne d’intérêt. Une lecture qui touche et questionne à la fois. Vraiment pas mal du tout !
Jours de sable
Il n'est pas évident pour nous d'imaginer ce que pouvait être la vie au début du XXème siècle. Il est encore moins possible d'imaginer que la population américaine pouvait être à ce point en difficulté dans l'entre 2 guerres. Et pourtant c'est bien dans ce cadre, historiquement vrai que ce déroule la fiction d'Aimée De Jongh. "Jours de sable" nous conte l'histoire d'un jeune photographe envoyé au cœur des Etats Unis qui sont touchés par des tempêtes de sables et des sécheresses à répétition. Complétement ignorant de ces choses, je ne peux que louer le travail d'enquête réalisé par l'auteure pour arriver à caler sa fiction dans un contexte réel. La petite documentation en fin d'ouvrage me laisse à penser qu'elle y est arrivée de manière optimale. Le dessin est très plaisant à regarder et j'ai trouvé le choix des couleurs parfaitement adapté. Il n'y a aucune fausse note à ce niveau là. Pour ma part je serai un peu plus indulgent que Gruizzli sur le personnage de John. Son histoire combinée à sa mission et tout ce qu'il en a appris ne m'ont pas choqué. Comme si le Dust Bowl avait balayé ses illusions et enterré ses démons pour lui faire prendre conscience du réel sens de la vie. Sur moi ce point a parfaitement fonctionné. Ce qui a moins fonctionné c'est la fin dont j'ai trouvé l'arrivée très brutale, comme si il avait fallu conclure très rapidement car on manquait de pages. J'aurai préféré un développement un peu plus long de cette partie de l'histoire. "Jours de sable" est un belle BD à offrir et à l'aube d'un changement climatique majeur un bon rappel que nous ne sommes que des grains de poussières face aux forces de la nature. Il conviendrait donc de la respecter un peu plus si nous espérons continuer à pouvoir vivre.
Les Pauvres aventures de Jérémie
Il s’agit d’une des premières séries du célèbre Riad Sattouf, cela se ressent dans le dessin qui a un style plus simple et cartoon que sa célèbre série L'Arabe du futur, mais également dans l’atmosphère qui s'en dégage et qui se trouve être très début année 2000. C’est l’histoire de Jérémie, un anti-héros comme Sattouf aime les créer qui est un peu loser et malchanceux dans la vie ainsi qu’avec les filles. Ses histoires s’entremêlent avec celles de ces amis Jean-Jacques et Sandrine qui sont des personnages tout autant comiques; certains passages sont vraiment hilarants. Ça faisait longtemps que je n’avais pas sincèrement ri à voix haute en face d’une BD, c’est le travail le plus drôle de Sattouf. Les trois albums peuvent se lire séparément et j’ai ma préférence pour le premier album Les Jolis pieds de Florence qui vaut vraiment le détour. Lire cette série rend heureux !
L'Orfèvre (Lozes)
Le temps détruit tout. Pour une fois l'expression n'est pas galvaudée et disons le de suite : l'Orfèvre va vous retourner la tête au sens propre comme au figuré puisqu'on y raconte deux histoires se rejoignant quelque soit le choix initial du lecteur pour entamer sa lecture. Partant d'un concept assez fou, ce travail sur 10 ans réalisé entièrement par un artiste inconnu dont c'est la première œuvre risque de marquer durablement votre rétine aussi bien sur le fond que la forme. Sur le fond : il s'agit d'une enquête policière se déroulant dans une ville de Paris au XXième siècle sans plus de précisions au bord de tensions entre le peuple et les autorités. C'est dans ce contexte tendu que l'inspecteur Cisife va rechercher la vérité autour du meurtre sordide d'une femme inconnue dans une sombre ruelle écartée. Privilégiant la manière forte, les divers indices vont l'emmener un peu plus loin vers des personnages peu recommandables... En parallèle, un autre flic va mettre sa vie en danger à l'autre bout de la ville pour sauver une autre femme traquée pour des souvenirs dont elle n'a plus connaissance.... Sur la forme : les deux histoires se rejoignent puisque les histoires se répondent par un jeu de miroirs : il faut en effet lire le livre uniquement sur les pages supérieures jusqu'à la fin de l'ouvrage puis le retourner et recommencer le même principe. Ce qui semble être un gadget narratif se révèle bien plus malin que cela et je n'ai eu de cesse d'aller au bout de l'aventure en écarquillant les yeux constamment, amusé par le procédé et entrainé par le rythme effréné de cette histoire policière à tiroirs. Aurélien Lozes utilise un dessin écrit au bic noir dans un trait très précis et utilise des animaux anthropomorphes pour illustrer sa galerie de personnages ambigus de la même façon que Blacksad. C'est à la fois malin, audacieux et bourré de références cachées dont il ne convient pas ici de dévoiler pour laisser place à la surprise. Le récit est assez violent et entrecoupé de scènes d'action réussies. Ce polar noir à la mise en scène audacieuse flirte fréquemment avec la raison mais également l'intelligence de son lecteur. Il serait cruel d'en dévoiler davantage tout comme le fin mot de l'histoire s'il existe puisqu'on dénombre au minimum deux façons de lire cet ouvrage à moins qu'il s'agisse d'une boucle à l'infini ? Il y subsiste tellement de non dits et de mystères que l'envie de vite y retourner et s'y perdre littéralement me fait furieusement envie.
La Couleur des choses
Voilà un album qui est resté trainer assez longtemps dans ma pile à lire. Je l’ai acheté par pure curiosité. Je suis rarement un grand fan des prix d’Angoulême, mais là l’audace créative faisait que je devais me faire mon propre avis. Et j’ai pris beaucoup de plaisir dans ma lecture. Je trouve que Martin Panchaud réussit le pari audacieux de transformer des cercles colorés et une vue aérienne en une véritable expérience narrative. Difficile de croire qu’un tel minimalisme graphique puisse captiver, mais dès les premières pages, la magie opère. En tous cas, ça a très bien marché pour moi. On pourrait penser que ce style, à la limite de l’abstraction, nuirait à l’immersion. Pourtant, il n’en est rien, cette représentation géométrique parvient étrangement à transmettre une profonde humanité. Le récit suit Simon, un adolescent malmené par la vie, qui voit sa chance tourner après avoir gagné une grosse somme d’argent. Ce scénario, qui pourrait sembler convenu à première vue, prend une autre dimension sous la plume de Panchaud. Chaque rebondissement est minutieusement orchestré, avec une narration fluide et des surprises bien dosées. On se retrouve plongé dans une sorte de polar social, teinté d’humour noir, où la naïveté et la cruauté s’entremêlent avec brio. Ce qui pourrait n’être qu’un simple road movie se transforme en une aventure humaine, où chaque péripétie est une nouvelle épreuve pour ce jeune héros attachant. (oui je me suis attaché à un cercle !) Là où Panchaud excelle, c’est dans l’alliance entre cette narration atypique et un scénario solide. Le graphisme, bien que déconcertant au premier abord, finit par devenir invisible, tant il sert le récit. On oublie que l’on suit des cercles colorés et on s’immerge totalement dans cette histoire qui mêle drame, suspense et critique sociale. Le style minimaliste pourrait en rebuter certains, mais il faut admettre que c’est précisément cette originalité qui donne toute sa force à l’ouvrage. En définitive, “La Couleur des choses” n’est pas simplement une expérience graphique ; c’est une BD qui réussit à allier forme et fond de manière exemplaire. Panchaud nous prouve que l’art de la bande dessinée est loin d’être figé, et que même les choix les plus risqués peuvent aboutir à des œuvres marquantes. À la fois ludique et profond, ce livre est une véritable pépite, un OVNI dans le paysage du neuvième art, qui mérite largement les éloges qu’il a reçus. Un pari graphique audacieux, mais totalement réussi.
Le Juif arabe
C'est ma première incursion en territoire Hanuka. Et c'est bien évidemment le titre (c'est d'actualité) qui m'a attiré vers le Juif Arabe. C'est très bon. A commencer par ce graphisme minimaliste mais qui tire l'essentiel, que ce soit des expressions ou des paysages. Ça m'a énormément rappelé Ronson de César Sebastian, l'une de mes dernières lectures et gros coup de cœur. C'est tout à fait le genre de dessin que j'affectionne. Question couleurs, j'aime aussi beaucoup le choix de ces aplats de couleurs qui apportent un côté très dynamique. Enfin, Asaf Hanuka procède à une petite inversion des conventions qui, mine de rien, apporte un gros surplus de sens. En effet, les scènes censées se dérouler dans le présent sont en noir et blanc, contenant parfois une discrète touche de couleur qui fait, là encore, toujours sens (par exemple le bleu de la mer qui étincelle comme une lueur d'espoir, ou le rouge qui détoure le visage lors d'une scène tragique), alors que les flashbacks et les souvenirs racontés par le père de l'auteur (ou l'un de ses amis) sont en couleurs. Personnellement, j'y décèle une résonance forte avec la situation actuelle, terrible et embourbée (d'où les scènes actuelles en noir et blanc donc), bien que cette BD ait été réalisée bien avant les attentats du Hamas contre Israël et le massacre des palestiniens de Gaza par l'état hébreux (presque 40000 morts à ce jour). Toujours selon cette idée, les souvenirs, du point de vue de l'auteur, demeurent vivants et apportent toute la nuance que mérite la situation présente (d'où les scènes passées en couleurs). Je ne veux rien dévoiler de l'histoire, sinon qu'elle est assez folledingue, et surtout très touchante, à commencer par le fait qu'elle soit vraie. En effet, l'auteur enquête sur son histoire familiale, occasion pour lui comme pour le lecteur, de plonger au cœur des relations intimes qui unissaient (autrefois) juifs et arabes. Mais elle est aussi bouleversante parce qu'elle résonne bien entendu on-ne-peut-plus fortement avec l'actualité. Ainsi, au fil des pages, on parvient à entrevoir toute la complexité de l'Histoire, et tout particulièrement celle de la famille de l'auteur, la petite histoire. Par ce biais, Hanuka apporte de la nuance ! Nuance salutaire, toujours, contre les prises de position radicales qui semblent désormais être devenue la norme dans notre monde numérisé, sommant les individus de prendre immédiatement position et de tenir cette position coute que coute, quitte à envenimer les choses. Non, "les choses" ne sont jamais noires ou blanches. C'est une idée à laquelle je crois dur comme fer. Il existe derrière toute situation une palette de couleurs subtiles, palette que l'auteur orchestre donc parfaitement. Outre le fait que l'actualité vient percuter cette BD de plein fouet, il y a dans ces souvenirs une urgence que vient souligner un dénouement peu commun. Sans en dire plus, la tension monte progressivement à mesure que l'histoire avance. Le tissage scénaristique où s'entrecroisent passés et présents (je mets ces mots volontairement au pluriel) débouche sur une enquête en définitive presque policière, et quand le dénouement éclate, le lecteur en a partout sur lui et gros dans la tête, assez nourrir une réflexion sur le sujet. Une histoire magnifique au point qu'elle en devient presque une parabole, mais aussi un ouvrage salutaire et tout à fait bienvenu. Gros coup de cœur !
Jim Hawkins
Je suis surpris d'être le premier à attribuer la note maximale à cette BD, mais je comprends pourquoi : je suppose que d'autres auraient également attribué la note maximale s'ils n'avaient pas déjà toute l'histoire en tête et s'ils n'avaient pas lu ou vu autant d'adaptations. Personnellement, je n'avais jamais vraiment lu ou vu la véritable histoire de -L'Île au trésor-. Bien que j'aie vu de nombreuses adaptations, fidèles ou non, j'étais trop jeune pour m'en souvenir. J'ai aussi lu des séries comme Long John Silver, qui se déroule après, ou encore la série télévisée "Black Sails", un préquel, que j'inclus d’ailleurs dans mes séries préférées de tous les temps. Donc, je connaissais certains personnages et quelques bribes de l'intrigue, mais j'ai découvert bien plus en lisant cette BD apparemment fidèle à l’œuvre originale. Et c'est donc avec des yeux d'enfant que j'ai découvert et dévoré cette série incroyable. Sinon ce qui m'a vraiment bluffé, au-delà du récit, c'est le choix des animaux anthropomorphes et leur représentation graphique magnifiquement dessinée. In-cro-ya-ble ! Chaque personnage est parfaitement incarné par l'animal choisi, les expressions, les aptitudes, les caractères... c'est du génie. Certains préféreront sûrement une adaptation sans cet aspect anthropomorphique, mais si vous aimez le genre, alors foncez ! Bref, non seulement l'histoire est captivante, mais le dessin l'est tout autant. J'imagine que le roman offre plus de détails et nous plonge plus longtemps dans cet univers de piraterie et de chasse au trésor, mais en 3 tomes seulement, je n'ai ressenti aucune précipitation pour accélérer le rythme ou conclure l'histoire, même si quelques planches supplémentaires pour le final n'auraient pas été de refus. J'en ressors dans tous les cas complètement satisfait. Un autre coup de cœur qui va se transformer en un achat de l'intégrale ainsi que du roman que je garderai au chaud pour une future lecture.
Coming In
Ahlala ... Magnifique ! Comme souvent avec Carole Maurel d'ailleurs, dont j'adore toujours autant le dessin et l'utilisation des couleurs. Je ne pense pas que c'est la plus grande artiste vivante, mais indéniablement c'est une de celle que je suis le plus assidument pour ses productions. Elle a un coup de crayon que j'adore, une manière qui semble toujours d'une douceur infinie de croquer les visages, et puis cette colorisation ! Des couleurs chaudes, les jeux de contrastes entre les planches, dans les planches ! C'est toujours un régal visuel, je ne m'en lasse pas. Ici, la dessinatrice s'est adjoint le concours de Elodie Font, que j'avoue ne pas connaitre, et qui réussie à merveille à retranscrire son parcours de femme aimant les femmes, dans une société qui ne favorise pas ce genre de relations. J'ai déjà lu pas mal de textes sur l'homosexualité, la découverte de celle-ci par les concernés, les échecs, les tensions, les luttes ... Mais c'est toujours aussi agréable de lire un récit qui donne envie de croire que demain sera meilleur. J'irais même plus loin : en tant qu'hétéro, ce récit m'a ému jusqu'à mouiller mes yeux et donne furieusement envie de revivre une jeunesse amoureuse ! C'est dire le travail accompli sur la narration ! La BD est excellente, je dois le dire. Tout concours à faire ressortir les états d'âme de Elodie, à faire comprendre la difficulté qu'elle a eu à se vivre comme lesbienne, mais aussi à découvrir sa propre homophobie et son rapport avec les LGBT, la violence que fut le mariage pour tous et les échecs qu'elle vécue en tant que personne amoureuse ... Comme tant d'autres, hétéro ou non. La BD ne présente pas un parcours atypique, elle présente un parcours ordinaire d'une femme. Une femme qui a du apprendre à sortir de la norme insidieusement imposée. Que ce soit à lire comme une œuvre féministe, LGBT, pro-liberté, dans tout les cas c'est un récit incroyablement inspirant. Et qui donne un peu foi en l'avenir, même si tout ne semble pas devenir plus rose ... Un rose dont nous aurions bien besoin pourtant ! A titre personnel, j'ai été intéressé par les mouvements LGBT avec la lecture du Le Bleu est une couleur chaude, mais c'est vraiment avec le mariage pour tous que j'ai découvert avec horreur et effroi ce qu'on pouvait penser de personnes qui s'aiment. La BD en parle d'ailleurs et je suis d'accord sur l'impact que ces manifestations colossales ont pu avoir, autant en libérant une parole homophobe qu'en soudant un peu plus tout ceux qui se sentaient en désaccord profond avec ce discours rétrograde. Et la BD m'a fait ressentir ce passage là, ce souffle de renouveau. Espérons qu'il dure éternellement !
Before Watchmen - Minutemen
Lorsque j'ai ouvert "Before Watchmen: Minutemen", j'ai été immédiatement plongé dans l'univers des années 40. Le dessin rétro de Darwyn Cooke m'a transporté dans une époque où les super-héros étaient encore des pionniers, des aventuriers costumés prêts à défendre la justice. Derrière leurs masques, les Minutemen avaient des personnalités complexes, avec des secrets, des conflits internes et des motivations variées. Certains cherchaient la notoriété, tandis que d’autres luttaient pour la justice. Le récit explore les aspects sombres du groupe, y compris des révélations sur les abus, la dépression, l’alcoolisme et la sexualité. Il montre que les super-héros ne sont pas toujours des modèles de vertu. L'intrigue sombre et réaliste m'a tenue en haleine. Les Minutemen ne sont pas des héros parfaits, mais des individus complexes avec leurs failles et leurs démons intérieurs. Les révélations sur leur passé ont ajouté une profondeur inattendue à l'histoire. En lisant cette bande dessinée, j'ai ressenti une nostalgie pour une époque que je n'ai jamais connue. Les pages se sont enchaînées, et j'ai été captivé par les dilemmes moraux auxquels les Minutemen étaient confrontés.