Les derniers avis (270 avis)

Couverture de la série Les Illuminés
Les Illuminés

Quelle merveille ce livre! Commençons par le dessin! J'aime énormément le travail de Jean Dytar (une bibliographie sans fausse note (Scénario/dessin) et en particulier Florida, un de mes gros coups de coeur de l'année 2018) mais là, waouh, je ne m'attendais pas à pareille claque visuelle !! Un peu dans la même veine que David Vandermeulen pour Fritz Haber. Que c'est beau et cette idée de découpage des planches qui permet, aidé par les couleurs, de suivre en parallèle et aisément nos trois protagonistes (i.e. Rimbaud, Verlaine et Nouveau) est judicieuse et marche formidablement bien. Côté scénario, rien à redire, c'est d'une subtilité et finesse sans nom ! On ne présente plus non plus Laurent-Frédéric Bollée et on notera l'apport reconnu de Jean Dytar. Lire ce récit sur la genèse des Illuminations me donne des envies de (re)lire le(s) livre(s) de Rimbaud, (re)lire les livres de Verlaine et Nouveau, se renseigner sur cette période et ces trois auteurs et finalement, se replonger à nouveau dans cette BD ! Un immanquable de 2023 !

31/10/2023 (modifier)
Par Jashugan
Note: 5/5
Couverture de la série Blast
Blast

Ce qui est incroyable avec l'art, c'est quand bien même je n'ai rien en commun ni avec l'expérience de l'auteur, ni ses valeurs et probablement son sens moral, on ne peut s'empêcher devant une telle oeuvre d'être saisie par l'insaisissable quand l'auteur y a posé ses tripes et son âme comme cataliseur catharsistique. Mr Larcenet m'a vraiment soufflé en peignant ce récit, et il a réussi à nous partager en fond l'expression de son esprit endommagé par des affres psychiatrique, se traduisant par un récit d'une intensité dramatique effroyable et un univers graphique à l'encre de chine bouleversant. En disant ça on peut s'attendre à ce que le récit soit pénible à suivre, qu'on va souffrir avec les protagonistes et l'auteur, mais non j'ai ressenti presque de la légèreté dans le ton adopté, car le personnage principal n'a pas bien conscience dans quelle folie il évolue. On suit ce marginal malade, qui n'a pas bien conscience de ses actes (en ce sens cela me rappelle le personnage principal de Silent Hill 2 autre chef d'oeuvre sur le thème de la non expiation des horreurs commises, et que cette non acceptation a créé une inconscience post traumatique ici symbolisée par le "Blast"), et finalement on emboite le pas de sa déposition d'un personnage quelque peu simplet, voire enfantin, comme on se promenerait dans une forêt avec son labrador. Avant de comprendre de quel mal est atteint cette grosse carcasse, on lui porte une empathie réelle. C'est aussi ce qui va rendre ce récit presque effrayant, exarcerbé par les hallucinations subies par cet étrange personnage dans une explosion graphique. Il va nous intriguer, nous dégouter et au final nous toucher. Avait-il finalement conscience de ses actes, était il coupable moralement, voilà tout le rôle de la psyché et de son mécanisme difficilement traduisible qui pourra altérer notre vision de ce qu'on jugera du domaine du barbarisme ou du domaine de la névrose incontrôlée. Nous avons encore tant de choses à apprendre sur la psyché humaine. C'est aussi pourquoi les tueurs en série nous subjuguent, car il nous font apprendre beaucoup sur les formes que le conscient et l'inconscient peuvent prendre. Je ne pense pas avoir connu une oeuvre graphique aussi profonde. C'est un chef d'oeuvre, de l'art en barre.

29/10/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Jonathan
Jonathan

2023, bientôt 50 ans que le premier album est sorti. Je déniche un lot dans une librairie d'occasion, je les achète. C'est pas cher et ça fait un avis de plus ! Retour à la maison, je commence le premier volume. J'en sors surpris : ça a été publié dans le journal Tintin, ça ? Ça parle d'une guerre que les occidentaux n'ont jamais vraiment regardée en face. Ça mentionne des ethnies inconnues, on a des morts, des bombardements. C'est vraiment fait pour enfant ? Je continue les lectures et l'étonnement grandit. On parle de vols d'œuvres culturelles par les occidentaux, de disparus dans l'Himalaya par manque de préparation, de maladies mentales. Chaque volume est une histoire mais toutes ensemble tissent une trame narrative qui se suit. C'est prenant, c'est passionnant. L'auteur évolue, et ça se sent. Le dessin du premier volume, plus grossier, s'affine. On sent l'amour pour la montagne, pour le Tibet, pour les populations locales. On mentionne quantité de noms inconnus en occident, ça parle de pays qu'on ne connait qu'en carte postale. Le tout accompagné de bandes originales à chaque album : Mike Oldfield, Kate Bush, Pink Floyd, Brian Eno, du classique parfois … Tiens, il a les mêmes goûts que mon papa, qui me les a transmis ! Et puis la césure, les albums américains. Cosey a changé d'imaginaires, tout comme dans ses BD. On oublie les montagnes de l'Asie, on a les plaines de l'Amérique. C'est le passage de Saigon-Hanoi à Orchidea. Mais Jonathan reste le même, il est toujours affublé de ses vêtements iconiques, sa coupe de cheveux et son spleen mélancolique. Jonathan, c'est du Corto Maltese inspiré par l'Asie et l'Amérique, c'est du baroudeur qui n'a jamais d'attaches. Il aime, il avance, il découvre. Jonathan ne juge pas, il est spectateur d'un monde, s'inscrit dedans et accepte les gens tels qu'ils sont. Marginaux, rêveurs, idéalistes, tous portés par leur foi en quelque chose. Jonathan, lui, regarde. Je ressors de ma lecture. C'est prenant. Une envie me vient d'aller prendre mes chaussures et de marcher dans les Vosges. On est en automne, c'est le moment où la forêt sera magnifique et j'ai soudainement envie de montagne. La BD qui habite après sa lecture, n'est-elle pas la meilleure ? Lorsqu'on est encore baigné par une ambiance, c'est qu'elle nous marque, après tout. Et j'ai envie de retourner faire des escapades avec Jonathan, voir un peu le monde et vivre quelques instants encore dans l'Himalaya. Il va falloir que je me procure les albums manquants. Et si je me remettais un Mike Oldfield en attendant ?

19/10/2023 (modifier)
Couverture de la série Le Goût du Japon
Le Goût du Japon

C'est avec un grand plaisir que je retrouve la fascinante épopée du kimono fantastique de Nancy Peña. Sur les pas de l'intrépide et moderne Alice Barnes, l'autrice nous fait voyager dans un Japon traditionnel qui s'ouvre au monde extérieur. C'est donc à une confrontation culturelle intense que nous invite cette escapade japonaise. Le scénario transpire de la grande culture de l'autrice qui nous fait passer des références littéraires anglaises aux contes traditionnels japonais avec un grand brio. Deux mondes éloignés géographiquement mais qui peuvent se rejoindre tellement le fantastique et l'onirique imbibent les deux cultures littéraires. Le titre renvoie à un ouvrage collectif qui montre la difficulté à "comprendre le Japon". Mais "ici c'est le Japon" le lecteur comme Neville doit "accepter de ne pas comprendre" mais plutôt utiliser son "nonsense anglais". Il faut donc se laisser porter dans ce monde où les Kamis vous invitent au détachement. Graphiquement cet ouvrage est une merveille. Déjà la très belle couverture est digne des plus jolies gravures. L'intérieur est du même niveau, chaque planche est une merveille de courbes, de finesse, de foisonnement et de précision. Le dessin de Nancy participe pleinement à la narration qui nous rappelle l'importance du rapport à la nature pour les japonais. Nature instable, exigeante et qui invite à l'humilité de l'éphémère tellement tout peut changer d'un jour à l'autre. La mise en couleur en bichromie rouge/noire ajoute de la profondeur à cette univers poétique et fantastique. Nancy Peña conclut magnifiquement son cycle du chat du kimono par un ouvrage d'une intelligence rare. Son originalité des scénarii et son talent graphique en font à mon goût une artiste d'exception dans le monde de la BD.

12/10/2023 (modifier)
Par Patoun
Note: 5/5
Couverture de la série Sapiens (Albin Michel)
Sapiens (Albin Michel)

De mon point de vue, rares sont les BD tirées d'un livre dont le résultat est au moins à la hauteur du format originel. Sapiens en fait indéniablement partie. (j'ai lu les deux premiers tomes de la série après avoir écouté l'ensemble du livre en version audio) Pourtant les risques de déconvenue étaient grands tellement le livre regorge d'informations cruciales relatives à la compréhension de l'Histoire humaine. Je suis convaincu que le dessin est ici le garant de cette réussite. Malgré un gros travail de synthèse (très bien mené), les illustrations permettent, en un nombre de pages limité (relatif tout de même : c'est un pavé !) ainsi qu'un volume de texte condensé, de retranscrire l'essentiel du livre. Je ne vais pas m'attarder longtemps sur cette description. Je dirais simplement qu'il est quasi impératif de lire cette œuvre tellement on en apprend sur l'apparition de nos sociétés humaines et sur le cheminement qui nous a conduit à aujourd'hui. Certains arguments avancés sont encore au stade de l'hypothèse scientifique mais il est surprenant de découvrir comment une succession possible de hasards, ou à l'inverse, un détail anodin, peuvent changer le cours de l'Humanité de manière irréversible. Pour résumé, @Sapiens est à l'anthropologie ce qu'@Economix est aux sciences économiques (de manière vulgarisée bien évidemment). Culte donc de ce point de vue ! ;) Petit coup de cœur pour l'originalité des mini-scénarios explicatifs présents tout au long de la lecture ! Note réelle : 4,5 / 5

04/10/2023 (modifier)
Par Cosme
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Une nuit avec toi
Une nuit avec toi

J’ai été complètement séduit par cet album. Le postulat de départ m’a beaucoup intrigué et m’a donné envie de me plonger dans cette bande dessinée, bien m’en a pris. Je ne connaissais pas cette autrice, ce fut donc une très belle découverte. L’histoire est simple de prime abord, une femme, subissant des avances lourdes d’un homme, et cela vire au drame. L’album est très vite lu malgré ses plus de 150 planches. Et c’est là où se trouve tout le talent de Maran Hrachyan, car finalement en une histoire simple, sous forme de polar, et sans trop de mots, elle réussit à nous offrir un magnifique album, qui est un énorme résumé de ce que peuvent subir les femmes au quotidien, du comportement des hommes à leur égard, jusqu’au comportement et au jugement de la société. C’est simple, bref, concis, précis, incisif, percutant. Pas besoin de fioritures, pas besoin d’explications, tout se comprend et se ressent, à travers les mots, à travers les dessins. Il est merveilleusement bien écrit, bien dessiné. Les dessins accompagnent idéalement le scénario, et sont à son image. Fait au crayon à papier, et colorisés numériquement, il ce dégage une véritable ambiance oppressante. Un vrai plaidoyer pour le droit des femmes, et de la plus belle manière qu’il puisse être fait. Du féminisme comme j’aime, du vrai féminisme, comme il se fait trop rare aujourd’hui, sur de vrais problèmes de société, sur notre fonctionnement et nos violences phallocrates insinueuses et permanentes, quotidiennes, nuisant à des millions, des milliards de femmes à travers le monde. C’est un réel coup de cœur pour moi, je vais m’intéresser rapidement à ce que hrachyan a pu faire d’autre, et à ce qu’elle fera à l’avenir. A lire, à offrir, à prêter, à partager, à découvrir et à faire découvrir.

29/09/2023 (modifier)
Par Spooky
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Rwanda - À la poursuite des génocidaires
Rwanda - À la poursuite des génocidaires

Le génocide rwandais est l'un des pires massacres de l'Histoire récente, et il a fait l'objet de pas mal de films, livres et même BD de qualité. Celle-ci s'attache au combat d'Alain et Dafroza Gauthier, un couple franco-rwandais qui n'a de cesse, depuis près de 30 ans, d'enquêter et documenter cette abominable boucherie qui a fait un million de morts en 100 jours, en 1994. C'est ce combat inlassable, qui ne s'arrêtera jamais, qui nous est retracé par le journaliste et scénariste Thomas Zribi. Le récit est émaillé de certains des témoignages de rescapés de différents massacres perpétrés dans le pays aux 1000 collines. Des histoires glaçantes. J'ai plus d'une fois ressenti une colère, une tristesse immenses en lisant tout ça. Quand on réfléchit deux secondes, c'est le conflit le plus idiot qui soit : ce n'est pas une guerre entre deux couleurs de peau, deux religions, deux... Les Hutus et les Tutsis partagent depuis toujours la même langue, la même religion, la même couleur de peau, la même culture. Leurs noms désignaient à l'origine simplement deux classes sociales : cultivateurs pour les uns, éleveurs pour les autres. C'est l'ancien colonisateur belge qui, pour contrer les envies d'indépendance et de rébellion des Tutsis, a monté les voisins Hutus vers des attaques armées. La France, plus tard, a profité du départ des Belges pour accroître son influence dans la région. Pendant le génocide, elle a d'ailleurs fait preuve d'une inaction criminelle, pour ne pas dire de complicité, même si l'armée française n'a pas participé aux massacres. Lors de ces évènements de 1994, les tueurs étaient très organisés. Après avoir probablement commandité la destruction de l'avion du président du pays lors d'un voyage de retour de Tanzanie (et ainsi empêché la mise en oeuvre d'un accord de paix), les dignitaires hutus ont soigneusement préparé ce génocide, désignant des responsables dans chaque préfecture, chaque commune, chaque quartier, avec chacun un groupe de tueurs sous ses ordres. Ainsi ce qui avait sauvé les Tutsis dans les années 50, 60 et 70, les églises, n'a pas arrêté les génocidaires. Ainsi des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées dans des pièges mortels. Ainsi des latrines creusées par les captifs sous la menace sont devenues des fosses communes. Ainsi de suite, je ne peux en dire plus. L'horreur absolue, la barbarie totale. L'album est donc un hommage à ce couple qui a fondé un collectif, et qui espère qu'au moins une partie des commanditaires et dignitaires se verra finir sa vie en prison. Après 20 ans, les premières condamnations arrivent, mais elles ne sont encore qu'une poignée. Damien Roudeau, connu pour ses BD sur les laissés-pour-compte et les opprimés, apporte une fois de plus son trait plein d'humanité et de sensibilité à ce récit essentiel.

24/09/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Bagarre érotique - Récits d'une travailleuse du sexe
Bagarre érotique - Récits d'une travailleuse du sexe

Suite à l'avis de Cacal, je me suis plongé dans cette BD qui parle d'un sujet encore bien tabou et si clivant, la prostitution. Et alors là ... Je me suis réservé l'avis pour le 1.000e que je laisse sur ce site, parce qu'il le fallait. Cette BD est un chef-d’œuvre, cette BD est à lire, à acheter et à offrir ! Parce qu'elle contient tout et que c'est d'une pertinence rare ! Merde, l'auteure à 24 ans et elle est capable de nous pondre ça ! Mais bon, comme à chaque fois que j'aime une BD je m'emballe, commençons par le début et les défauts : cette BD n'est pas une BD. En tant que telle, il n'y a pratiquement jamais de juxtaposition d'images pour leur conférer un sens. C'est avant tout du texte, stylisé et mis en scène, avec quelques images qui servent de support ou d'ajouts. Donc en terme d'art narratif et de narration par l'image, c'est non. Deuxième point, le dessin est pas franchement beau ni particulièrement léché. On sent une certaine volonté très punk dans les représentations mais globalement ça serait assez difficile de le qualifier de beau. Après, il y a des visuels qui marquent plus d'une fois. Maintenant, le reste. Et là, je suis partisan de dire que c'est parfait ! Une démonstration rigoureuse, claire et précise de son propos. Lequel ? La prostitution, le féminisme, le capitalisme, les normes de genre, la sexualité, la masculinité, le patriarcat, la révolution ... Je m'emballe un poil, mais pour une fois, POUR UNE FOIS, que je lis un traité féministe qui montre justement comment cette lutte pour des droits passe par une lutte contre le capitalisme et des idéologies qu'on nous fourre dans le crane depuis l'enfance. Quelle belle idée, parler de pute pour parler de révolution ! Parce que si tout le monde a un avis sur elles, souvent sans les connaitre, je suis pratiquement certain que déconstruire notre avis sur elles est la clé pour déconstruire bien d'autres choses. J'ai listé en haut les thèmes que la BD aborde, mais c'est ahurissant de voir à quel point elle a tout lié de manière parfaitement fluide dans son propos et à quel point c'est marquant dans les phrases (c'est catchy !) et dans le déroulé. Je n'ai jamais senti de fabrication artificielle de son propos qui déroule tout naturellement l'argumentaire. Et quel plaisir de lire tant de critiques envers ce que je déteste tant, entre objectivisation des prostituées pour un combat ou un autre, réflexion sur la sexualité et les normes, le travail et le mode de vie, le rapport des genres et la construction sociale de ceux-ci ... Pour ma part, elle a prêché un converti (j'étais déjà bien plus ouvert sur la question de la prostitution suite à des échanges avec des femmes travaillant en tant que TDS) mais je suis tellement content de voir ça. De lire qu'il faut arrêter définitivement ce concours de quéquettes permanent entre hommes, qu'il faut laisser les femmes jouir librement comme elles l'entendent, qu'il faut déconstruire les genres et notre rapport au sexe ... Oui, je suis d'accord, la véritable révolution sexuelle n'a pas encore eu lieu et nous pouvons y arriver ! Je m'épanche, mais je dois surtout me contenir pour ne pas redire tout ce qui est contenu ici. Parce que Klou a fait parfaitement bien son travail, je dois juste dire : courrez le lire, remettez en question vos préjugés sur la prostitution (vous en avez, ne me faites pas croire le contraire), repensez votre sexualité et faisons enfin la révolution des mœurs, celle qui nous laissera tous plus libres et plus heureux ! Peut-être l’œuvre la plus révolutionnaire que j'ai vu publiée ces dernières années. Klou, si tu me lis, de la part d'un hétéréo-cis-blanc, merci, merci merci !

17/09/2023 (modifier)
Couverture de la série Le Vagabond des Étoiles
Le Vagabond des Étoiles

Intrigante, frappante, saisissante, remarquable, marquante, il y avait longtemps qu'une bd ne m'avait autant transporté. Cette adaptation d'une œuvre de Jack London est magistralement réalisée par Riff Reb's. Décidément, le bonhomme sait y faire, et il met au service de cette œuvre toute la puissance de son trait, qui rend à merveille des personnages âpres, durs. Sa colorisation, encore une fois, est magistrale. Il utilise à perfection la bichromie. Non seulement le résultat est beau, mais en plus elle change selon le fil narratif, participant ainsi pleinement à la narration. Cet écrin graphique illustre une histoire révoltante et fascinante. Révoltante parce que les traitements réservés aux prisonniers relèvent de la torture pure et simple. Jack London sait présenter les choses de façon remarquablement convaincante. Aucun des personnages de cet univers carcéral n'est, même de loin, sympathique. Darrel Standing non plus, d'une intransigeance totale, d'une arrogance folle et d'une absence de tact confinant à la sociopathie. Et cependant, il est impossible cautionner ce qu'on lui inflige. Fascinante parce que Darrel Standing, s'échappant de son quotidien insupportable par une forme d'autohypnose, pense se souvenir de vies passées. Ces histoires se déroulant à travers toute l'histoire de l'humanité, sont partielles. Toutes sont dures, âpres, cruelles, et pourtant fascinantes. Résultat de son imagination ou souvenirs de ses réincarnations ? Le lecteur choisira son interprétation. A la lecture de ce plaidoyer contre des conditions de détention indignes, contre la peine de mort, contre la bêtise humaine, mais aussi pour la fraternité humaine, on ne peut rester insensible. Le temps qui me sépare de la corde m'est désormais compté. De toutes mes incarnations passées, je ne vous en aurai fait goûter que quelques instants. Il se trouve que Jack London est mort l'année suivant la parution du "Vagabond des étoiles". Sans cela, que d'histoires aurait-il encore pu nous laisser ! Note réelle : 4,5 / 5, mais je pousse avec plaisir jusqu'à 5.

09/09/2023 (modifier)
Par Yannis
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Wonder Woman Historia
Wonder Woman Historia

Après avoir vu et lu l'avis de Cacal69 j'étais curieux sur ce comics et je suis tombé sur l'ouvrage chez mon libraire. La couverture est déjà belle mais un feuilletage rapide vous en met plein la vue et à lui seul m'a poussé à prendre le livre. Bon la qualité graphique est incroyable du début à la fin. J'ai une certaine préférence pour Phil Jimenez qui débute l'album mais c'est une question de goût et mon ressenti est peut-être aussi influencé par le fait que ce soit le premier dessinateur. En tout cas les choix graphiques notamment le design des déesses et des dieux est fantastique avec une foule de détails que l'on retrouve notamment sur les différentes tribus. Le choix des couleurs et de partis pris graphique font que l'ouvrage n'aurait pas dénoté parmi les romans graphiques. Si l'histoire à quelques côtés classiques, son point de vue (raconter l'Histoire par le biais des perdantes) et la qualité de la narration et notamment les différents rebondissements font que la lecture des trois chapitres se fait rapidement et sans temps morts. On peut mettre effectivement un léger bémol sur les personnages masculins l'histoire aurait pu développer un personnage plus nuancé afin de laisser une lueur d'espoir montrer que tout n'est pas noir mais cela ne m'a pas gêné plus que cela. Je remercie donc Cacal69 d'avoir posté son avis qui m'a fait découvrir ce comics que je recommande moi-même chaudement.

31/08/2023 (modifier)