Cette série est de loin l’une des meilleures que j’ai eu l’occasion de lire (et j’en ai pourtant lu des milliers). Je ne reviendrai pas sur ses multiples qualités très bien décrites dans les avis précédents et insisterai plutôt sur le risque que l’auteur n’arrive jamais à terminer la série.
En effet, la parution de la série aux USA se fait d’abord en fascicules (« Issues ») d’une vingtaine de pages avant d’être publiés en albums. Selon l’auteur, 7 albums sont prévus soit environ 70 fascicules. Si les 31 premiers fascicules ont paru relativement rapidement (entre 1998 et 2010), les 3 suivants ont été nettement plus lents (le 32 en 2012, le 33 en 2013 et le 34 en … 2019). À ce rythme-là, le dernier fascicule a peu de chance de voir le jour. Il est à noter que les fascicules 32 à 34 n’existent qu’en anglais et que le fascicule 34 a paru en couleurs alors que tous les autres sont en noir et blanc. Un coloriste, différent de l’auteur, a commencé à colorer les premiers fascicules, ce qui montre peut-être un certain regain d’intérêt pour cette série. Mais, ne rêvons pas, cette série a très peu de chance d’arriver à son terme.
Dans le fond, cela n’est pas si grave car tout le monde connaît la fin de Troie – même si, semble-t-il, Homère n'aurait pas parlé du cheval de Troie dans l’Iliade, cet épisode n'étant brièvement décrit que dans le poème suivant - à savoir dans l'Odyssée. Ce qui importe le plus dans cette série n’est pas l’action en elle-même – même si elle ne manque pas d’intérêt – mais c’est plutôt les motivations avouées et secrètes des protagonistes et les interactions entre eux. On y découvre un Ulysse certes rusé mais aussi fourbe et sans pitié, un Agamemnon jaloux de son cousin Palamède, souvent dépassé par les événements et sous la coupe d’un prêtre troyen sans scrupule, un Pâris bellâtre et lâche mais non dénué d’intelligence, un Hector admirable de droiture et de dignité mais parfois un peu naïf… Bref, les personnages ont énormément de profondeur.
L’histoire est particulièrement dense et, pour bien la comprendre, il n’est pas inutile de se documenter par ailleurs (merci Wikipédia !). En effet, par exemple, pour comprendre tout le sel d’une réflexion apparemment anodine entre Aithré (servante de la fille de Priam) et Hécube (la femme de Priam), il faut à la fois avoir bien lu et retenu les chapitres précédents mais aussi avoir plus que des notions de la mythologie grecque.
Eric Shanower – tout en respectant rigoureusement l’esprit de l’Iliade (à cela près qu’il en omet l’existence réelle des dieux, ce qui est prouesse !) – introduit même ça et là un peu de fantaisie quand, par exemple, il fait entonner par Achille un chant qu’Homère a écrit dans… l’Odyssée soit un épisode qui se situe après la guerre de Troie.
En conclusion, cette série mériterait largement un 5/5 si elle était achevée. En l’état, je ne peux mettre qu’un 4/5.
Avec Eric Stalner, je n’étais pas en territoire inconnu, j’avais adoré la série La Zone. Je m’attendais donc a retrouver les sensations positives perçues précédemment. Et je vous le dis tout de go cela a été le cas !
Jonathan Lassister va - sur une seule journée - voir sa vie basculer. Il perd son travail, il se fait détrousser par un pickpocket et sa petite amie le quitte ! Désabusé il se réfugie dans un pub et c’est là qu’il rencontre monsieur Edward ! La soirée va se prolonger jusqu’au petit matin. Les pérégrinations des deux compères font que vous ne lâcherez pas cette BD ! Au fil des pages de ce thriller psychologique vous vous enfoncerez dans la nuit pour votre plus grand plaisir avec de nombreux rebondissements à la clé. Les perceptions perçues sont un régal.
L’atmosphère graphique style année 60 est merveilleuse. Le trait élégant d’Eric Stalner est parfait. Peu de couleurs au final mais que c’est beau ! Les pointes rouges distillées de-ci de-là me rappellent celles de noir burlesque d’Enrico Marini. C'est génial !
Les aventures nocturnes de ce duo improbable méritent votre attention. Un peu d’actions et un zeste d’humour, voilà qui est parfait pour passer un bon moment de lecture. C’est diaboliquement efficace.
Les auteurs ont attiré mon attention. Le titre moins : les histoires fantastiques n'ont pas vraiment ma préférence. La première image m'a intrigué: Salem, décor fin XIXième siècle? Comme dans les fameuses histoires des sorcières?
Dès les premières pages, on retrouve (revoit?) l'émeute populaire contre la sorcellerie, le feu, le juge dépassé par les événements, la haute dame intolérante, etc… On est vraiment dans Salem, pardon, Shaalem, avec une histoire du même genre, mais racontée d'une façon différente, avec la bouteille de "Rhum Letendre" dans le coin.
Puis viens la page 30: le train Brostown-Shaalem nous rappelle que Salem est situé non loin de Boston et donc, nous confirme ainsi notre première impression! Et l'histoire continue, me passionnant de plus en plus pour cette jeune bonne sorcière qui se bat toute seule, avec ses deux amis, contre cette mouvance des méchantes sorcières.
Pour la galerie, il y a même un Magasin général à demi montré, quelque part…!
Et c'est bel et bien une histoire de sorcières, le groupe des méchantes contre une toute petite bonne sorcière, rejetée des siens, on ne sait pourquoi, avec ses deux amis, aussi marginaux dans leur société et qui finissent quand même par gagner dans cette histoire. Et quelle histoire! Et qui, de plus, se déroule dans un décor archi-connu, mais montré d'une façon tellement différente! Et qui nous laisse sur notre faim… Pourquoi cette jeune bonne sorcière avait-elle été rejetée? Est-ce vraiment la fin des méchantes sorcières? Et ce corbeau noir, que l'on voit à la fin de l'histoire, il vient faire quoi, là-dedans? Et pourquoi, à la dernière image, nous renvoit-on en Transylvanie, patrie de la sorcellerie?
Et surtout… pourquoi ce point d'interrogation, juste après le mot "fin?" ?
Vivement le tome 2 du Sarcophage des âmes!
Un polar bien ancré dans l’histoire des années 1920, une touche de fantastique comme fil rouge (ou boule rouge en fait !) : j’ai trouvé cette lecture très agréable.
Pourtant, comme Mac Arthur, je reconnais que Stalner n’a pas créé quelque chose de révolutionnaire, avec ses deux personnages principaux que tout semble opposer (un vieux flic bourru qui n’aime pas qu’on lui fasse à l’envers et une très jeune aristocrate émancipée et énervante), mais dont on devine rapidement qu’ils vont finir par bien s’entendre.
De la même manière l’intrigue purement politico-policière sent le déjà-vu.
Mais voilà, avec quelques ingrédients simples et sans faire de folie, Stalner a su développer une histoire des plus plaisantes. La narration est très fluide et agréable, les dialogues sont bien construits (le flic s’en sort mieux dans ce domaine d’ailleurs).
Ce qui bonifie clairement l’ensemble, c’est tout d’abord le dessin, que j’ai trouvé chouette. Et surtout la colorisation, très grisâtre, avec de petites touches de rouge de plus en plus présentes : le rendu est vraiment très sympathique.
Ensuite, la présence du fantastique, avec cette boule venue d’on ne sait où, donne des petites touches absurdes, parfois loufoques – y compris lorsqu’elle semble annoncer un drame. Je n’ai personnellement pas été frustré de ne pas en savoir plus sur elle. De toute façon, je pense qu’une « explication », un retour du rationnel, auraient été forcément décevants, je préfère rester sur cette fin, qui laisse le mystère et un peu de poésie flotter dans l’air, comme dans la dernière case.
D’autres albums peuvent être envisageables. Je ne sais si c’est une bonne idée, la magie, l’équilibre fragile de celui-ci risquant de ne pas résister à des redites. En tout cas si une suite parait, j’irais certainement vérifier si j’ai eu tort de la craindre.
Un album surprenant et fort recommandable en tout cas.
Quand l'Homme veut devenir Dieu, il ne peut que se brûler les ailes.
Après avoir découvert Mathieu Bablet avec Adrastée et la mythologie, voici un space opéra qui fera date dans le domaine de la science-fiction.
Un récit qui sur le fond reste classique mais qui a su maintenir mon intérêt de la première à la dernière page. Une narration maîtrisée qui visite le racisme avec les animoïdes et la publicité très sexualisée. Une dystopie réaliste qui fait réfléchir sur l'intérêt de protéger notre belle planète.
Une relecture toujours aussi jouissive.
Parlons du dessin maintenant, là où il fera consensus, c'est dans les décors, on est véritablement plongé dans l'espace, dans ce grand vide. Bablet utilise un appareillage numérique pour les couleurs et ainsi reproduire un effet photographique du plus bel effet. Bluffant !
Son trait précis, minutieux et détaillé pour la représentation de la station orbitale apporte du réalisme au récit. Remarquable !
Par contre, là où son dessin fera débat c'est sur les personnages aux visages disgracieux et aux petits "pieds bandés" issus d'un Japon d'un autre temps. Alors oui, cela ne permet pas toujours de différencier les personnages, il faut rester concentré, mais ce petit effort en vaut la peine.
Je suis fan du style Bablet.
Toujours coup de cœur.
"Silence" est une véritable pépite de la bande dessinée. Cette oeuvre magistrale m'a captivé et émerveillé avec son mélange unique de chronique paysanne, d'onirisme et de fantastique.
L'histoire nous transporte dans le village fictif de Beausonge, immergé dans l'atmosphère envoûtante de l'Ardenne. Au coeur de cette aventure se trouve Silence, un jeune homme muet au cœur pur, qui devient l'homme à tout faire de l'odieux Abel Mauvy. Mais à travers sa rencontre avec une sorcière aveugle, Silence découvre ses origines et les raisons de se venger de son maître tyrannique.
Ce qui rend "Silence" si exceptionnel, c'est le talent artistique de Comès. Son trait graphique en noir et blanc est d'une beauté saisissante, utilisant habilement les contrastes et les jeux d'ombre pour créer une ambiance sombre et mystérieuse. Chaque page est une véritable œuvre d'art, avec des détails minutieux et des expressions émotionnelles qui transpercent l'âme des personnages.
Les personnages de "Silence" sont profondément complexes et nuancés. Silence lui-même est un protagoniste attachant et vulnérable, dont la force réside dans sa pureté et son innocence face à la cruauté du monde. Abel Mauvy, en tant qu'antagoniste, incarne la brutalité et la méchanceté, créant un contraste saisissant avec Silence. Les autres personnages, tels que la sorcière aveugle Sara et le mystérieux Blanche-neige, ajoutent des dimensions fascinantes à l'histoire, apportant des éléments de destinée, de vengeance et de quête d'identité.
Au-delà de l'histoire captivante, "Silence" explore des thèmes profonds tels que l'intégration sociale, la superstition et les relations familiales. Comès nous invite à réfléchir sur la nature humaine, la dualité entre le bien et le mal, et les chemins tortueux de la destinée. Tout en étant ancrée dans la réalité paysanne, l'histoire bascule dans le fantastique, offrant une dimension onirique qui transcende les limites de la bande dessinée.
En lisant avidement cette série je me suis retrouvé adolescent dévorant les récits de Henri de Monfreid dans ces aventures sur la mer Rouge.
Je suis fan de Jack London même si je ne connais pas ses écrits sur ses aventures maritimes des mers du Sud.
J'ai retrouvé dans le scénario de Nury cette ambiance unique d'aventuriers gentlemen-brigands qui ont sillonné les mers du Sud au tournant du siècle précédent pour y faire fortune ou y trouver la mort.
Au delà du profit et des trafics (perles, drogues, armes, essences rares...) c'est surtout l'adrénaline et ce sentiment de liberté que l'on retrouve chez Grief et ses alter ego qui ont donné sens à leurs actions.
Dans son excellent scénario qui mêle trahison, loyauté, honneur et amour Nury transcrit à merveille la personnalité de ces seigneurs des mers mi pirates mi aristocrates.
L'ouvrage m'a d'autant plus touché qu'il est porté par le formidable graphisme de Henninot. Il ne manque que l'odeur du sel et la brulure du soleil pour sentir le roulis des cotres. Le trait réaliste est fin, précis et dynamique.
Les émotions des marins sont palpables et la dramaturgie du récit est soutenu par ces images impressionnantes de la tempête qui oeuvre sur l'île mais aussi dans les coeurs et les esprits des personnages.
Une excellente lecture pour les amoureux d'aventures où la fiction et la réalité sont imbriquées.
Alors ça c'est vraiment très bien !
Nous voilà avec une nouvelle petite série fantastique américaine à destination des préados. Maxine vient d'arriver dans un nouveau collège, et cela ne va pas être facile pour elle. Petite, elle est la cible de harceleurs scolaires. Accolée malgré elle à une autre collégienne que l'on traite de sorcière, elle va devoir faire avec la sagacité de cette dernière. Elle rencontre un autre collégien qui semble ne pas exister ; et pire encore, elle "voit" des créatures qui semblent tenir certaines personnes sous leur emprise... Mais aussi trouver leur versant bienveillant. Des ingrédients que l'on trouve dans pas mal d'histoires ces dernières années, mais plus rarement ensemble, et encore plus rarement avec succès. Car c'est plutôt bien ficelé : les dialogues me semblent faire mouche. Les parents de Maxine, sans être des monstres d'indifférence, sont un peu accaparés par leur installation dans leur nouvel environnement, et il y a fort à parier que le camarade harceleur ait quelques soucis personnels...
Bref, cette histoire d'India Swift, qui a aussi une carrière d'animatrice 2D après avoir été formée aux Gobelins, est d'autant plus sympathique qu'elle bénéficie d'un dessin aussi nerveux qu'expressif, aussi à l'aise dans les scènes d'action que dans les séquences intimistes.
A suivre, car même s'il n'en est fait aucune mention dans ce premier tome, c'est bien une série en plusieurs volets qui débute.
Bon on va pas tourner autour du pot, le label 619 a encore frappé !!
J’adore cette collection, elle nous propose toujours des albums soignés et c’est mené par une chouette génération d’auteurs fidèles. Il y en a du talent et ils ne cessent de s’améliorer au fil du temps.
Leur catalogue est rempli de pépites, Frontier ne déroge pas à la règle.
A mes yeux, une aussi belle surprise que Hoka Hey ! de Neyef, j’adore ces albums que l’on n’attend pas et qui te font Waouh. Comme son comparse avant lui, Guillaume Singelin franchit un cap en tant qu’auteur complet. J’aime ses précédentes œuvres mais là c’est la belle claque, ce sentiment est renforcé par la taille et la beauté de l’écrin.
J’ai adoré son style graphique et le parti pris du côté kawaii des personnages ne m’a absolument pas dérangé, chaque case est un délice de détails, et que dire des couleurs et des décors magnifiques, un plaisir pour les yeux.
Le tout est dans une narration impeccable pour une histoire fluide et prenante, c’est rempli de persos charismatiques et attachants (notre trio et leur petit compagnon en tête). Les thématiques développées sont passionnantes, divertissantes et intelligentes pour un récit dur mais plein d’optimisme, il y a un côté feel good bien agréable.
Un voyage spatial au top, je ne peux que conseiller sa découverte, un album fort attachant.
Il était temps pour moi de retourner en librairie, après plusieurs semaines sans prendre connaissance des sorties récentes, et boum! Voilà t'y pas qu'est sorti un Chabouté y'a 2 jours. Béni soit le Dieu du destin, j'achète sans hésiter.
Je vais me répéter, mais le dessin de Chabouté sait m'absorber dès la première planche. Son style est pour moi l'art de la contemplation. Le muet occupe un tiers du récit, au début. Et puis, peu à peu, les personnages du musée font naître les phylactères. Certains sont immobiles, d'autres ont la bougeotte. Certains sont taiseux et pensifs quand d'autres bavardent, se querellent ou se questionnent. Ces personnages, ce sont tantôt les visiteurs du musée d'Orsay, tantôt les œuvres d'art qui, après une journée à les écouter sans bouger, prennent vie durant la nuit. Tout au long du récit, Chabouté nous fait alterner les moments diurnes et nocturnes. Le quotidien défile en même temps que le temps semble s'arrêter, dans un moment où le lecteur rencontre toutes ses œuvres traversant les âges.
La parole donnée aux peintures et aux sculptures amènent des situations tout à fait absurdes qui prêtent à rire (à commencer par Héraclès). Il y a beaucoup d'humour oui, mais aussi une simplicité poétique que je ne saurai pas décrire. Je vais simplement rappeler que Chabouté réussit encore à porter un regard artistique formidable sur des faits et évènements qui semblent basiques, dont on ne prête pas vraiment attention. Et, fait rare ressenti: Chabouté ne met pas autant en exergue la bêtise humaine ni sa cruauté. On retrouve sa vision critique et sombre bien sûr, mais je la trouve bien faible face aux passages qui redonnent foi en l'humanité. Peut-être que le fait de poser l'Art plutôt que l'Homme au centre de son récit lui fait changer d'état d'esprit.
Enfin, au niveau du dessin, c'est ce qui me fait ajouter le coup de coeur. Alors OK, de base j'adore. Mais là, c'est pas pareil. J'adore plus. Et je vais vous dire pourquoi en fait. A force de lire Chabouté, je trouvais le faciès des personnages assez répétitifs quelle que soit la BD. Grosso modo. Mais cette fois, et peut-être grâce à tous ses visiteurs éphémères qui vont qui viennent, l'auteur s'est amusé à jouer avec les formes pour nous offrir des visages et expressions bien plus variées qu'à l'accoutumée.
Après Yellow Cab, Chabouté prouve encore son audace (si tenté qu'il cherche à prouver quoi que ce soit). Voilà un objet curieux, au récit simple et poétique et dont le dessin rend l'ensemble profondément enivrant.
Dans tout ça, le lecteur peut jouer à s'identifier parmi tous ces visiteurs dessinés, il peut également se divertir ou s'interloquer devant les scènes nocturnes, ou encore réfléchir sur l'intérêt qu'il porte sur l'Art. Et par-dessus tout, j'espère qu'il n'en finira pas d'apprécier le monde incroyablement riche du quotidien, aussi basique semble-t-il être.
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L'Âge de Bronze
Cette série est de loin l’une des meilleures que j’ai eu l’occasion de lire (et j’en ai pourtant lu des milliers). Je ne reviendrai pas sur ses multiples qualités très bien décrites dans les avis précédents et insisterai plutôt sur le risque que l’auteur n’arrive jamais à terminer la série. En effet, la parution de la série aux USA se fait d’abord en fascicules (« Issues ») d’une vingtaine de pages avant d’être publiés en albums. Selon l’auteur, 7 albums sont prévus soit environ 70 fascicules. Si les 31 premiers fascicules ont paru relativement rapidement (entre 1998 et 2010), les 3 suivants ont été nettement plus lents (le 32 en 2012, le 33 en 2013 et le 34 en … 2019). À ce rythme-là, le dernier fascicule a peu de chance de voir le jour. Il est à noter que les fascicules 32 à 34 n’existent qu’en anglais et que le fascicule 34 a paru en couleurs alors que tous les autres sont en noir et blanc. Un coloriste, différent de l’auteur, a commencé à colorer les premiers fascicules, ce qui montre peut-être un certain regain d’intérêt pour cette série. Mais, ne rêvons pas, cette série a très peu de chance d’arriver à son terme. Dans le fond, cela n’est pas si grave car tout le monde connaît la fin de Troie – même si, semble-t-il, Homère n'aurait pas parlé du cheval de Troie dans l’Iliade, cet épisode n'étant brièvement décrit que dans le poème suivant - à savoir dans l'Odyssée. Ce qui importe le plus dans cette série n’est pas l’action en elle-même – même si elle ne manque pas d’intérêt – mais c’est plutôt les motivations avouées et secrètes des protagonistes et les interactions entre eux. On y découvre un Ulysse certes rusé mais aussi fourbe et sans pitié, un Agamemnon jaloux de son cousin Palamède, souvent dépassé par les événements et sous la coupe d’un prêtre troyen sans scrupule, un Pâris bellâtre et lâche mais non dénué d’intelligence, un Hector admirable de droiture et de dignité mais parfois un peu naïf… Bref, les personnages ont énormément de profondeur. L’histoire est particulièrement dense et, pour bien la comprendre, il n’est pas inutile de se documenter par ailleurs (merci Wikipédia !). En effet, par exemple, pour comprendre tout le sel d’une réflexion apparemment anodine entre Aithré (servante de la fille de Priam) et Hécube (la femme de Priam), il faut à la fois avoir bien lu et retenu les chapitres précédents mais aussi avoir plus que des notions de la mythologie grecque. Eric Shanower – tout en respectant rigoureusement l’esprit de l’Iliade (à cela près qu’il en omet l’existence réelle des dieux, ce qui est prouesse !) – introduit même ça et là un peu de fantaisie quand, par exemple, il fait entonner par Achille un chant qu’Homère a écrit dans… l’Odyssée soit un épisode qui se situe après la guerre de Troie. En conclusion, cette série mériterait largement un 5/5 si elle était achevée. En l’état, je ne peux mettre qu’un 4/5.
13h17 dans la vie de Jonathan Lassiter
Avec Eric Stalner, je n’étais pas en territoire inconnu, j’avais adoré la série La Zone. Je m’attendais donc a retrouver les sensations positives perçues précédemment. Et je vous le dis tout de go cela a été le cas ! Jonathan Lassister va - sur une seule journée - voir sa vie basculer. Il perd son travail, il se fait détrousser par un pickpocket et sa petite amie le quitte ! Désabusé il se réfugie dans un pub et c’est là qu’il rencontre monsieur Edward ! La soirée va se prolonger jusqu’au petit matin. Les pérégrinations des deux compères font que vous ne lâcherez pas cette BD ! Au fil des pages de ce thriller psychologique vous vous enfoncerez dans la nuit pour votre plus grand plaisir avec de nombreux rebondissements à la clé. Les perceptions perçues sont un régal. L’atmosphère graphique style année 60 est merveilleuse. Le trait élégant d’Eric Stalner est parfait. Peu de couleurs au final mais que c’est beau ! Les pointes rouges distillées de-ci de-là me rappellent celles de noir burlesque d’Enrico Marini. C'est génial ! Les aventures nocturnes de ce duo improbable méritent votre attention. Un peu d’actions et un zeste d’humour, voilà qui est parfait pour passer un bon moment de lecture. C’est diaboliquement efficace.
Le Sarcophage des âmes
Les auteurs ont attiré mon attention. Le titre moins : les histoires fantastiques n'ont pas vraiment ma préférence. La première image m'a intrigué: Salem, décor fin XIXième siècle? Comme dans les fameuses histoires des sorcières? Dès les premières pages, on retrouve (revoit?) l'émeute populaire contre la sorcellerie, le feu, le juge dépassé par les événements, la haute dame intolérante, etc… On est vraiment dans Salem, pardon, Shaalem, avec une histoire du même genre, mais racontée d'une façon différente, avec la bouteille de "Rhum Letendre" dans le coin. Puis viens la page 30: le train Brostown-Shaalem nous rappelle que Salem est situé non loin de Boston et donc, nous confirme ainsi notre première impression! Et l'histoire continue, me passionnant de plus en plus pour cette jeune bonne sorcière qui se bat toute seule, avec ses deux amis, contre cette mouvance des méchantes sorcières. Pour la galerie, il y a même un Magasin général à demi montré, quelque part…! Et c'est bel et bien une histoire de sorcières, le groupe des méchantes contre une toute petite bonne sorcière, rejetée des siens, on ne sait pourquoi, avec ses deux amis, aussi marginaux dans leur société et qui finissent quand même par gagner dans cette histoire. Et quelle histoire! Et qui, de plus, se déroule dans un décor archi-connu, mais montré d'une façon tellement différente! Et qui nous laisse sur notre faim… Pourquoi cette jeune bonne sorcière avait-elle été rejetée? Est-ce vraiment la fin des méchantes sorcières? Et ce corbeau noir, que l'on voit à la fin de l'histoire, il vient faire quoi, là-dedans? Et pourquoi, à la dernière image, nous renvoit-on en Transylvanie, patrie de la sorcellerie? Et surtout… pourquoi ce point d'interrogation, juste après le mot "fin?" ? Vivement le tome 2 du Sarcophage des âmes!
Bertille & Bertille
Un polar bien ancré dans l’histoire des années 1920, une touche de fantastique comme fil rouge (ou boule rouge en fait !) : j’ai trouvé cette lecture très agréable. Pourtant, comme Mac Arthur, je reconnais que Stalner n’a pas créé quelque chose de révolutionnaire, avec ses deux personnages principaux que tout semble opposer (un vieux flic bourru qui n’aime pas qu’on lui fasse à l’envers et une très jeune aristocrate émancipée et énervante), mais dont on devine rapidement qu’ils vont finir par bien s’entendre. De la même manière l’intrigue purement politico-policière sent le déjà-vu. Mais voilà, avec quelques ingrédients simples et sans faire de folie, Stalner a su développer une histoire des plus plaisantes. La narration est très fluide et agréable, les dialogues sont bien construits (le flic s’en sort mieux dans ce domaine d’ailleurs). Ce qui bonifie clairement l’ensemble, c’est tout d’abord le dessin, que j’ai trouvé chouette. Et surtout la colorisation, très grisâtre, avec de petites touches de rouge de plus en plus présentes : le rendu est vraiment très sympathique. Ensuite, la présence du fantastique, avec cette boule venue d’on ne sait où, donne des petites touches absurdes, parfois loufoques – y compris lorsqu’elle semble annoncer un drame. Je n’ai personnellement pas été frustré de ne pas en savoir plus sur elle. De toute façon, je pense qu’une « explication », un retour du rationnel, auraient été forcément décevants, je préfère rester sur cette fin, qui laisse le mystère et un peu de poésie flotter dans l’air, comme dans la dernière case. D’autres albums peuvent être envisageables. Je ne sais si c’est une bonne idée, la magie, l’équilibre fragile de celui-ci risquant de ne pas résister à des redites. En tout cas si une suite parait, j’irais certainement vérifier si j’ai eu tort de la craindre. Un album surprenant et fort recommandable en tout cas.
Shangri-La
Quand l'Homme veut devenir Dieu, il ne peut que se brûler les ailes. Après avoir découvert Mathieu Bablet avec Adrastée et la mythologie, voici un space opéra qui fera date dans le domaine de la science-fiction. Un récit qui sur le fond reste classique mais qui a su maintenir mon intérêt de la première à la dernière page. Une narration maîtrisée qui visite le racisme avec les animoïdes et la publicité très sexualisée. Une dystopie réaliste qui fait réfléchir sur l'intérêt de protéger notre belle planète. Une relecture toujours aussi jouissive. Parlons du dessin maintenant, là où il fera consensus, c'est dans les décors, on est véritablement plongé dans l'espace, dans ce grand vide. Bablet utilise un appareillage numérique pour les couleurs et ainsi reproduire un effet photographique du plus bel effet. Bluffant ! Son trait précis, minutieux et détaillé pour la représentation de la station orbitale apporte du réalisme au récit. Remarquable ! Par contre, là où son dessin fera débat c'est sur les personnages aux visages disgracieux et aux petits "pieds bandés" issus d'un Japon d'un autre temps. Alors oui, cela ne permet pas toujours de différencier les personnages, il faut rester concentré, mais ce petit effort en vaut la peine. Je suis fan du style Bablet. Toujours coup de cœur.
Silence
"Silence" est une véritable pépite de la bande dessinée. Cette oeuvre magistrale m'a captivé et émerveillé avec son mélange unique de chronique paysanne, d'onirisme et de fantastique. L'histoire nous transporte dans le village fictif de Beausonge, immergé dans l'atmosphère envoûtante de l'Ardenne. Au coeur de cette aventure se trouve Silence, un jeune homme muet au cœur pur, qui devient l'homme à tout faire de l'odieux Abel Mauvy. Mais à travers sa rencontre avec une sorcière aveugle, Silence découvre ses origines et les raisons de se venger de son maître tyrannique. Ce qui rend "Silence" si exceptionnel, c'est le talent artistique de Comès. Son trait graphique en noir et blanc est d'une beauté saisissante, utilisant habilement les contrastes et les jeux d'ombre pour créer une ambiance sombre et mystérieuse. Chaque page est une véritable œuvre d'art, avec des détails minutieux et des expressions émotionnelles qui transpercent l'âme des personnages. Les personnages de "Silence" sont profondément complexes et nuancés. Silence lui-même est un protagoniste attachant et vulnérable, dont la force réside dans sa pureté et son innocence face à la cruauté du monde. Abel Mauvy, en tant qu'antagoniste, incarne la brutalité et la méchanceté, créant un contraste saisissant avec Silence. Les autres personnages, tels que la sorcière aveugle Sara et le mystérieux Blanche-neige, ajoutent des dimensions fascinantes à l'histoire, apportant des éléments de destinée, de vengeance et de quête d'identité. Au-delà de l'histoire captivante, "Silence" explore des thèmes profonds tels que l'intégration sociale, la superstition et les relations familiales. Comès nous invite à réfléchir sur la nature humaine, la dualité entre le bien et le mal, et les chemins tortueux de la destinée. Tout en étant ancrée dans la réalité paysanne, l'histoire bascule dans le fantastique, offrant une dimension onirique qui transcende les limites de la bande dessinée.
Fils du Soleil
En lisant avidement cette série je me suis retrouvé adolescent dévorant les récits de Henri de Monfreid dans ces aventures sur la mer Rouge. Je suis fan de Jack London même si je ne connais pas ses écrits sur ses aventures maritimes des mers du Sud. J'ai retrouvé dans le scénario de Nury cette ambiance unique d'aventuriers gentlemen-brigands qui ont sillonné les mers du Sud au tournant du siècle précédent pour y faire fortune ou y trouver la mort. Au delà du profit et des trafics (perles, drogues, armes, essences rares...) c'est surtout l'adrénaline et ce sentiment de liberté que l'on retrouve chez Grief et ses alter ego qui ont donné sens à leurs actions. Dans son excellent scénario qui mêle trahison, loyauté, honneur et amour Nury transcrit à merveille la personnalité de ces seigneurs des mers mi pirates mi aristocrates. L'ouvrage m'a d'autant plus touché qu'il est porté par le formidable graphisme de Henninot. Il ne manque que l'odeur du sel et la brulure du soleil pour sentir le roulis des cotres. Le trait réaliste est fin, précis et dynamique. Les émotions des marins sont palpables et la dramaturgie du récit est soutenu par ces images impressionnantes de la tempête qui oeuvre sur l'île mais aussi dans les coeurs et les esprits des personnages. Une excellente lecture pour les amoureux d'aventures où la fiction et la réalité sont imbriquées.
La Fille et le Kibrille
Alors ça c'est vraiment très bien ! Nous voilà avec une nouvelle petite série fantastique américaine à destination des préados. Maxine vient d'arriver dans un nouveau collège, et cela ne va pas être facile pour elle. Petite, elle est la cible de harceleurs scolaires. Accolée malgré elle à une autre collégienne que l'on traite de sorcière, elle va devoir faire avec la sagacité de cette dernière. Elle rencontre un autre collégien qui semble ne pas exister ; et pire encore, elle "voit" des créatures qui semblent tenir certaines personnes sous leur emprise... Mais aussi trouver leur versant bienveillant. Des ingrédients que l'on trouve dans pas mal d'histoires ces dernières années, mais plus rarement ensemble, et encore plus rarement avec succès. Car c'est plutôt bien ficelé : les dialogues me semblent faire mouche. Les parents de Maxine, sans être des monstres d'indifférence, sont un peu accaparés par leur installation dans leur nouvel environnement, et il y a fort à parier que le camarade harceleur ait quelques soucis personnels... Bref, cette histoire d'India Swift, qui a aussi une carrière d'animatrice 2D après avoir été formée aux Gobelins, est d'autant plus sympathique qu'elle bénéficie d'un dessin aussi nerveux qu'expressif, aussi à l'aise dans les scènes d'action que dans les séquences intimistes. A suivre, car même s'il n'en est fait aucune mention dans ce premier tome, c'est bien une série en plusieurs volets qui débute.
Frontier
Bon on va pas tourner autour du pot, le label 619 a encore frappé !! J’adore cette collection, elle nous propose toujours des albums soignés et c’est mené par une chouette génération d’auteurs fidèles. Il y en a du talent et ils ne cessent de s’améliorer au fil du temps. Leur catalogue est rempli de pépites, Frontier ne déroge pas à la règle. A mes yeux, une aussi belle surprise que Hoka Hey ! de Neyef, j’adore ces albums que l’on n’attend pas et qui te font Waouh. Comme son comparse avant lui, Guillaume Singelin franchit un cap en tant qu’auteur complet. J’aime ses précédentes œuvres mais là c’est la belle claque, ce sentiment est renforcé par la taille et la beauté de l’écrin. J’ai adoré son style graphique et le parti pris du côté kawaii des personnages ne m’a absolument pas dérangé, chaque case est un délice de détails, et que dire des couleurs et des décors magnifiques, un plaisir pour les yeux. Le tout est dans une narration impeccable pour une histoire fluide et prenante, c’est rempli de persos charismatiques et attachants (notre trio et leur petit compagnon en tête). Les thématiques développées sont passionnantes, divertissantes et intelligentes pour un récit dur mais plein d’optimisme, il y a un côté feel good bien agréable. Un voyage spatial au top, je ne peux que conseiller sa découverte, un album fort attachant.
Musée
Il était temps pour moi de retourner en librairie, après plusieurs semaines sans prendre connaissance des sorties récentes, et boum! Voilà t'y pas qu'est sorti un Chabouté y'a 2 jours. Béni soit le Dieu du destin, j'achète sans hésiter. Je vais me répéter, mais le dessin de Chabouté sait m'absorber dès la première planche. Son style est pour moi l'art de la contemplation. Le muet occupe un tiers du récit, au début. Et puis, peu à peu, les personnages du musée font naître les phylactères. Certains sont immobiles, d'autres ont la bougeotte. Certains sont taiseux et pensifs quand d'autres bavardent, se querellent ou se questionnent. Ces personnages, ce sont tantôt les visiteurs du musée d'Orsay, tantôt les œuvres d'art qui, après une journée à les écouter sans bouger, prennent vie durant la nuit. Tout au long du récit, Chabouté nous fait alterner les moments diurnes et nocturnes. Le quotidien défile en même temps que le temps semble s'arrêter, dans un moment où le lecteur rencontre toutes ses œuvres traversant les âges. La parole donnée aux peintures et aux sculptures amènent des situations tout à fait absurdes qui prêtent à rire (à commencer par Héraclès). Il y a beaucoup d'humour oui, mais aussi une simplicité poétique que je ne saurai pas décrire. Je vais simplement rappeler que Chabouté réussit encore à porter un regard artistique formidable sur des faits et évènements qui semblent basiques, dont on ne prête pas vraiment attention. Et, fait rare ressenti: Chabouté ne met pas autant en exergue la bêtise humaine ni sa cruauté. On retrouve sa vision critique et sombre bien sûr, mais je la trouve bien faible face aux passages qui redonnent foi en l'humanité. Peut-être que le fait de poser l'Art plutôt que l'Homme au centre de son récit lui fait changer d'état d'esprit. Enfin, au niveau du dessin, c'est ce qui me fait ajouter le coup de coeur. Alors OK, de base j'adore. Mais là, c'est pas pareil. J'adore plus. Et je vais vous dire pourquoi en fait. A force de lire Chabouté, je trouvais le faciès des personnages assez répétitifs quelle que soit la BD. Grosso modo. Mais cette fois, et peut-être grâce à tous ses visiteurs éphémères qui vont qui viennent, l'auteur s'est amusé à jouer avec les formes pour nous offrir des visages et expressions bien plus variées qu'à l'accoutumée. Après Yellow Cab, Chabouté prouve encore son audace (si tenté qu'il cherche à prouver quoi que ce soit). Voilà un objet curieux, au récit simple et poétique et dont le dessin rend l'ensemble profondément enivrant. Dans tout ça, le lecteur peut jouer à s'identifier parmi tous ces visiteurs dessinés, il peut également se divertir ou s'interloquer devant les scènes nocturnes, ou encore réfléchir sur l'intérêt qu'il porte sur l'Art. Et par-dessus tout, j'espère qu'il n'en finira pas d'apprécier le monde incroyablement riche du quotidien, aussi basique semble-t-il être.