Après avoir vu et lu l'avis de Cacal69 j'étais curieux sur ce comics et je suis tombé sur l'ouvrage chez mon libraire. La couverture est déjà belle mais un feuilletage rapide vous en met plein la vue et à lui seul m'a poussé à prendre le livre.
Bon la qualité graphique est incroyable du début à la fin. J'ai une certaine préférence pour Phil Jimenez qui débute l'album mais c'est une question de goût et mon ressenti est peut-être aussi influencé par le fait que ce soit le premier dessinateur. En tout cas les choix graphiques notamment le design des déesses et des dieux est fantastique avec une foule de détails que l'on retrouve notamment sur les différentes tribus. Le choix des couleurs et de partis pris graphique font que l'ouvrage n'aurait pas dénoté parmi les romans graphiques.
Si l'histoire à quelques côtés classiques, son point de vue (raconter l'Histoire par le biais des perdantes) et la qualité de la narration et notamment les différents rebondissements font que la lecture des trois chapitres se fait rapidement et sans temps morts. On peut mettre effectivement un léger bémol sur les personnages masculins l'histoire aurait pu développer un personnage plus nuancé afin de laisser une lueur d'espoir montrer que tout n'est pas noir mais cela ne m'a pas gêné plus que cela.
Je remercie donc Cacal69 d'avoir posté son avis qui m'a fait découvrir ce comics que je recommande moi-même chaudement.
Mise à jour suite à lecture du tome 4.
Certains avis coulent de source, d'autres beaucoup moins et celui-ci fait partie de la seconde catégorie de par la singularité de ce comics.
Un scénario qui sort des sentiers battus.
Cole Turner est un agent spécial, il enseigne à l'académie du FBI de Quantico et il va être débauché, suite à sa présence à une conférence platiste, par Le Département des Vérités, une organisation gouvernementale dont le but est de lutter contre les théories conspirationnistes et plus particulièrement contre Black Hat.
Un black hat est un hacker mal attentionné, mais ici c'est une agence complotiste.
Avant cela Cole avait une vie normale auprès de son mari, sauf peut-être ses cauchemars récurrents où un monstre à tête d'étoile le terrorise.
Son univers bascule et il va découvrir l'envers du décor, celui qui régit le monde.
Je découvre James Tynion IV.
Les deux premiers chapitres nous présentent les différents protagonistes et la manière de le faire est remarquable. Elle se fait, dans une salle d'interrogatoire du Département des Vérités, à travers de nombreux flash-back. Et le nom du futur patron de Cole m'a laissé sans voix. Vous le connaissez tous.
Une narration captivante qui nous apprend comment fonctionnent les mouvances conspirationnistes et plus particulièrement depuis l'avènement des réseaux sociaux.
Une narration qui au fil des chapitres nous dévoile les rouages utilisés avec cette malice de nous faire douter. Il développe aussi une histoire principale qui sert de fil rouge avec cette étrange femme à la robe écarlate et aux yeux scotchés de noir.
Quelle maîtrise, je suis sous le charme de ces histoires hors normes.
Une autre découverte, Martin Simmonds et là j'en ai pris plein les mirettes.
Un style graphique qui se rapproche de Bill Sienkiewicz, David Mack et Dave McKean, excusez du peu. J'adore.
J'entends déjà certains dire : "ça manque de lisibilité, trop fouillis, trop sombre ...." Que nenni ! Justement c'est ce qui permet de naviguer à tâtons, de ressentir l'anxiété. Vous voyez "Alien" tourné sous le soleil de Corse ?
Vivement la suite.
J'en conseille la lecture, en sachant que ça passe ou ça casse.
Note : 4 et coup de cœur
Tome 2
Mazette, une intrigue qui prend de la densité (c'était déjà coton dans le premier tome).
James Tynion IV continue avec un scénario complexe et déroutant qu'il m'a été impossible de lâcher avant la fin. Bon, j'avoue quelques pauses pour assimiler l'ensemble.
Un récit qui prend une nouvelle tournure et qui mélange cryptides, tulpas, monstres et magie, une sacrée tambouille. Une recette digne d'un trois étoiles, c'est délicieux. Surprises et rebondissements seront au rendez-vous.
Je trouve le dessin de Martin Simmonds encore plus aboutit et ça mise en page est phénoménale, immersive.
Vivement le tome 3.
Je réitère, un comics qui ne plaira pas à tout le monde mais laissez-vous tenter par une putain de chiadé de lecture.
Note : 4 et toujours coup de cœur.
Tome 3
Tynion IV maîtrise toujours autant son sujet, il va pousser votre cerveau dans ses derniers retranchements. Quid de la vérité et du mensonge ?
Un album centré sur le patron de Cole (je ne peux toujours pas donner son nom), sur ses origines, ses motivations et sur la naissance du département de la vérité. Un récit où fiction (?), faits historiques et croyances s'entrechoquent. Un récit qui ne cesse d'évoluer où l'on en apprendra un peu plus sur cette femme écarlate, Babalon, la mère des abominations.
Pour la partie graphique, je suis orphelin de Martin Simmonds, ce tome 3 sera dessiné par un(e) dessinateur(rice) différent(e) pour chaque chapitre.
J'ai pris plaisir à retrouver Elsa Charretier (November) dans un style moyenâgeux et enchanteur.
Tyler Boss est dans le pur style comics, tandis que John J. Pearson plagie Martin Simmonds. J'ai adoré le dessin psychédélique de Alison Sampson aux couleurs hallucinogènes. Un assemblage cohérent qui retranscrit les ambiances bien différentes des chapitres.
Note : 4.
Tome 4
Un album qui va se concentrer sur la relation entre Cole et son mari, mais aussi sur le passé pendant la guerre froide, avec le Ministère du Mensonge, l'équivalent soviétique du Department of Truth et l'énigmatique Grigori Petrov.
Avec le retour en force de Black Hat, ce quatrième tome est captivant et promet quelques belles surprises.
Une narration toujours aussi verbeuse et paradoxalement, je ne la trouve pas rébarbative, au contraire elle me séduit de plus en plus.
Cet opus marque aussi le retour de Martin Simmonds pour mon plus grand plaisir. Toujours aussi somptueux.
Note : 4 et nouveau coup de cœur.
Incontestablement, Duhamel fait partie de ces auteurs qui réinventent le genre franco-belge avec brio. Et ce one-shot en est un parfait exemple. Avec ce faux western, l’auteur n’aura de cesse de brouiller les pistes, comme le sous-entend le titre. Ce qu’il décrit ici, c’est la collision entre le monde moderne et le passé, un passé idéalisé où la réalité historique est bien souvent galvaudée, à commencer par le mythe du Far West et ses légendes. Et de façon plus générale, la frontière entre le bien et le mal est loin d’être étanche, une zone grise où les « gentils » ne sont pas irréprochables, où les « méchants » méritent aussi d’être entendus. L’auteur s’en prend aussi d’une certaine façon à ce tourisme de masse qui fait de la Terre un immense parc d’attraction.
Duhamel a ainsi trouvé l’angle d’attaque parfait pour élaborer son histoire, en confrontant un groupe de touristes à un ancien marine (que notre « marshal » Franck va voir comme une sorte d’allié), qui lui-même semble contenir une haine profonde vis-à-vis de ces hordes de « curieux », armés de leurs smartphones et leurs « selfie sticks » pour prendre la pose devant les sites les plus « instagrammables ». Cette histoire qui commence comme une visite pépère de Monument Valley va partir en vrille, et personne n’en sortira gagnant. Chacun des personnages, très variés et pour la plupart très bien campés, finira par révéler ses côtés les moins glorieux, ses petites lâchetés et autres mesquineries. Quant à Franck, lui aussi va devoir remettre en cause ses certitudes, lors d’une expérience chamanique involontaire, lui qui pensait avoir une connaissance approfondie de l’histoire du Far West et du personnage légendaire qu’il incarnait dans un spectacle pour touristes avant de se faire congédier comme un malpropre. Dans une sorte de mise en abyme ironique, cette aventure va lui permettre d’expérimenter pour de vrai l’héroïsme dont il se réclamait…
En résumé, Duhamel nous enjoint à ne pas se fier aux apparences, à se méfier des idées toutes faites, des beaux discours, des « vérités » historiques et des « fake news » actuelles. Il y a nécessité à renforcer notre esprit critique et accorder plus de place au doute, car ce sont souvent nos certitudes qui créent notre enfer. En second plan, l’auteur évoque aussi d’autres sujets plus « américains » tels que le port d’armes, la fracture civile entre pro-républicains et pro-démocrates (rallumée par qui l’on sait), ou l’artificialité bling-bling du miroir aux alouettes qu’est Las Vegas.
Si le scénario est très bien ficelé, avec pas mal d’humour et des dialogues qui font mouche, il comporte aussi une vraie profondeur philosophique et bénéficie d’un graphisme impeccable. Qu’il s’agisse des personnages, très expressifs, ou des paysages grandioses de l’Ouest américain, le talent de Duhamel laisse admiratif. De même, la mise en couleur est léchée et contribue à créer des ambiances splendides, où les ciels, de nuit comme de jour, constituent une invitation au voyage. Le moins qu’on puisse dire, c’est que « Fausses pistes » coche toutes les cases, révélant une grande maîtrise de la part de son auteur.
Et ben cela faisait bien un moment que je n'avais pas pris autant de plaisir en lisant un comics issu de l'univers de Batman.
On est ici dans un univers alternatif où Catwoman sort de prison 10 ans après les tragiques événements qui ont amené à la mort de Batman, du Joker, de Nightwing et du commissaire Gordon et en plus Double Face est maintenant le maire de Gotham ! C'est donc une Catwoman plus vieille et dans un univers qu'elle ne reconnait plus que le récit met en vedette et bien sûr elle voudra faire un dernier grand coup, surtout que Batman lui a dit un mot mystérieux avant de mourir...
Le récit est vraiment captivant du début jusqu'à la fin. J'ai bien aimé comment l'auteur utilisait les personnages de Batman. Comme ce n'est pas canon, il peut se permettre de faire ce qu'il veut avec les personnages et j'ai trouvé que les rôles qu'ils jouaient étaient bien vus, sauf pour Double Face que je trouve trop méchant, même si dans le dernier quart le côté tragique du personnage resurvit un peu. Le scénario est un bon mélange d'aventure, de drame et d'humour. C'est le genre de chose que je recherche dans un Batman et de ce côté là j'ai été gâté. Le récit est imprévisible et intelligent. Un bon hommage au personnage de Catwoman.
Le dessin a de la classe.
Ah ah les amis, je vais vous schtroumpher un truc ... c'est le plus schtroumphant des albums de Tebo !
Une reprise/hommage est toujours casse-schtroumph.
Mais Tebo réussit le tour de force de schtroumpher sa patte sans schtroumpher l'esprit insufflé par Peyo à ces petits lutins bleus.
Le récit schtroumphe du côté de Raowl avec une quête aventureuse mais en moins trash tout en gardant l'humour qui le caractérise.
Le rythme soutenu -voyant se succéder de multiples péripéties- compense une intrigue plutôt linéaire sans être faiblarde pour autant.
Tebo tient le lecteur grâce à son découpage quasi-cinématographique.
Avec cet album, il réunit tous les ingrédients qui ont fait le succès des schtroumphs (ou presque) en les schtroumphant à sa sauce.
Cette revisite de l'univers schtroumph est donc salutaire.
C'est bon pour la santé et ça ne coûte pas plus cher que 5 fruits et légumes pour un jour.
Que demande le peuple ?
Ah oui, la suite, c'est pour quand ? :)
A schtroumpher sans tarder !
Dans un univers alternatif, Batou a cassé sa pipe lors d'un évènement appelé La Nuit du Fou, Harvey Dent est devenu maire d'une Gotham autoritaire et Selina Kyle est partie purger 10 ans de sa vie en prison.
Si Cliff Chiang propose une vision différente et rafraîchissante de Gotham, l'histoire n'en reste pas moins classique : un casse avec formation d'équipe et préparation des opérations à la Ocean Eleven. Bref, c'est un prétexte pour introduire toute une série de personnages plus ou moins connus de l'univers de Batman dans cet opus.
Le côté pile (positif) de la pièce : nous présenter des protagonistes qui ont traversé les années (Selina a 55 ans !), avec leurs doutes et leurs faiblesses, usés par une époque qui passe trop vite et les dépasse. J'ai adoré le traitement de certains d'entre eux, où le retour à la vie civile de certains vilains les rend plus humains et touchants que jamais (Killer Croc <3).
Le côté face (négatif) : vouloir inclure quasiment tous les personnages de la série animée de Bruce Timm (dont Chiang fait ici l'hommage) d'après un cahier des charges trop lourd. Ce serait probablement le seul point faible, à mon goût, de Lonely City !
Hormis cela, la réalisation est à tomber : le dessin, la couleur et la construction des pages est incroyable et certaines scènes m'ont vraiment bluffé. Catwoman (et ses amis) n'a jamais été aussi séduisante que dans Lonely City !
Décidément, Derf Backderf a l'art de me faire rire à travers ses BD, autant qu'il sait faire pleurer. Dans la droite lignée de toutes ses autres oeuvres (ce qui semble logique puisqu'il s'agit de son premier roman graphique), "Punk Rock et mobile homes" est un ouvrage sur l'adolescence, le lycée, les atypiques, la musique. Les thèmes chers à l'auteur se retrouvent ici encore, avec ce personnage central qui évoque plusieurs autre protagonistes que j'ai pu voir dans ses BD.
Le Baron, nom que s'est donné un étudiant étrange, fan de Tolkien et plutôt barré dans son genre, traverse le récit au son des musiques punk qui l'émaillent. On retrouve les groupes emblématiques de ces années-là, dans l'ambiance autant que dans les thématiques. C'est la petite ville de la Rust Belt, les avenirs sombres, le lycée violent, les luttes entre jeunes ... L'ambiance de ces lycées n'a visiblement pas changé, avec une certaine propension au harcèlement (malheureusement toujours d'actualité). Et par dessus ça, l'affirmation d'un jeune homme issu de basse condition.
Ce que j'aime chez l'auteur, c'est qu'il ne se contente pas de l'histoire banale et classique du lycée, l'ambiance et les copains. Il relie ça à d'autres thématiques tout aussi importantes, comme la question de la crise dans ces anciennes cités industrielles, les malades mentaux, l'ambiance de caravanes dans lesquelles des gens vivent à l'année, ou même l'oncle alcoolique qui se révèle finalement investi d'une certaine personnalité juste avant la fin. Derf Backderf ne se prive pas de brouiller les pistes sur les personnages, certains réservant de sacrées surprises avec l'avancée du récit. Déjà Otto, dit Le Baron, puisqu'il agit d'une façon bien souvent déconcertante, mélange de jeune très banal et d'un rôle plus mature, assez lucide sur la réalité de son monde. Mais le casting n'est pas en reste et transpire les anecdotes vécues. C'est surtout une galerie de personnages étranges qui donne corps à ce récit, chacun semblant plus taré l'un que l'autre.
L'intérêt principal de cette BD, pour moi, c'est l'humour. Il est assené par grandes claques dans la gueule du lecteur, avec ces moments hallucinants et surréalistes mais en même temps terriblement drôle. Je ne me suis pas remis de la session de sac sur la tête, tellement inattendue. J'ai aussi adoré l'ambiance qui s'en dégage, mélange de souvenirs de jeunesse mais aussi d'une période de nouveauté musicale qui explose les codes. C'est le début du punk rock, de l'ambiance fuck le système et des audaces sur scène. Le dessin de Backderf correspond tout à fait à ce qu'il faut attendre de ce genre de récit, avec ses personnages très longilignes et aux tronches impayables. C'est un poil moins maitrisé que ce qu'il fait dans d'autres récits du genre, mais je ne peux qu'approuver. J'aime beaucoup cet auteur, il me le rends bien volume après volume. Franchement, j'ai hâte de continuer à le lire !
De la fraîcheur! Voilà ce que j’ai ressenti à la lecture de cette série.
Composée de quatre album, je les ai enchaînés sans m’en rendre compte tellement j’ai été emporté dans l’histoire.
Olive c’est l’histoire d’une jeune adolescente mal dans sa peau et bouc émissaire de son lycée, qui s’évade dans un monde (son monde), imaginaire, pour fuir le quotidien.
Jusqu’au jour où dans le monde réel on lui impose de partager sa chambre à l’internat, et que dans Son Monde, un astronaute débarque…
Commence alors une enquête où le réel et l’imaginaire s’entremêlent, qui l’emmènera au bout de l’onirisme et du monde réel.
C’est la première série que je lis un album, autant pour la scénariste que pour la dessinatrice, et c’est une très belle découverte.
Le scénario est vraiment bien écrit, c’est fluide, je me suis laissé prendre au jeu très facilement et à chaque fin d’album, qu’une seule envie, lire la suite!! Voir où cela allait me mener, n’arrivant pas du tout à anticiper les événements. Et je n’ai pas été déçu un seul instant.
Quand aux dessins, ils collent parfaitement à l’histoire. Ils sont beaux, claire, jamais confus, on comprend bien tout ce qui ce passe, si c’est dans le monde réel ou imaginaire. Avec un vrai style graphique. Le découpage est parfaitement réalisé.
Il ne manque presque rien pour que ce soit un coup de cœur.
Une série parfaite pour les ados et pré ados, et qui ravira aussi les adultes qui souhaitent une lecture légère, agréable, avec une touche d’originalité, et sans grande prétention.
Elle remplit parfaitement sont boulot.
Et ben cette BD ne fait pas l' unanimité ici... Comme je le disais dans un autre avis, l' humour c' est variable d' une personne à l' autre... Et chez moi, ça m' éclate !!!
Culte !!!
Du trash, de l' irrévérencieux, de l' humour pipi-caca, du politiquement incorrect et le tout servi par un dessin que je trouve excellent !!! On suit cette punkette sodomisatrice de koala en peluche à coups de banane, amatrice de bière et autres substances illégales dans une Australie post-apo, entourée d' une ribambelle de compagnons plus tarés les uns que les autres... C' est déjanté bien comme j' aime et c' est pour ça que je kiffe. Un moment de folies et politiquement incorrect, ça fait un bien fou dans notre société de plus en plus bien-pensante et paternaliste. D' ailleurs plus je vieillis, plus ça me plaît !
Même avis pour le film, c' est une bouze !!! Et idem pour la traduction qui fait perdre pour certaines vannes tout leur sens...
Mais n' empêche, si tu veux du nimportnawak à la sauce Sex Pistols, fonce !!!
De prime abord, il pourrait paraître surprenant de voir Thierry Murat aborder un genre auquel il ne nous a pas habitués : l’essai socio-philosophique. L’homme est plutôt coutumier de fictions intemporelles traitées sur un mode poétique, avec pour fil rouge le rapport de l’Homme à la nature. Et pourtant, à y regarder de plus près, cela s’avère plutôt logique. Le projet de cette bande dessinée est à sa seule initiative. C’est lui qui a contacté Miguel Benasayag après avoir lu son essai, lui proposant d’en faire le « prolongement graphique ». Dans son livre, Benasayag traite peu ou prou, même si son approche est beaucoup plus rationnelle, des thèmes irrigant l’œuvre de Murat, à savoir : notre lien perdu à la nature dans notre course au progrès. Plus concrètement, le philosophe essayiste nous alerte dans son ouvrage des dangers liés au rêve scientifique de concevoir le cerveau « parfait » en l’envisageant plus ou moins comme un ordinateur.
A l’évidence, Thierry Murat n’est pas technophobe, mais entretient une méfiance viscérale vis-à-vis des nouvelles technologies, avec nombre de questionnements et d’inquiétudes. Le livre de Benasayag constituait pour lui l’occasion rêvée de l’exprimer, conscient qu’il n’avait pas forcément la légitimité en tant que bédéiste de produire lui-même un tel essai. Son rôle était plutôt d’en faire une adaptation, d’autant que Benasayag lui avait manifesté pleinement son enthousiasme, tout en lui conseillant d’en faire non pas une simple adaptation mais plutôt une « transduction ».
Difficile de dire si Murat a respecté la consigne liée à ce terme savant (qui consisterait à coder « les informations du monde extérieur par [nos] récepteurs sensoriels » !) mais on peut au moins reconnaître qu’il s’est approprié formidablement le support d’origine. Ainsi, au fil des pages reprenant des passages du livre s’égrènent les discussions entre les deux hommes, sur un ton amical et avec une complicité qui s’est installée dès la première prise de contact. Murat ne se dépare pas de son style graphique « impressionniste », avec cette tournure sobre et un peu sombre qu’on lui connaît, faisant que l’image répond au texte sans le parasiter. Il sait également faire preuve d’humour en glissant des strips plus « cartoon » où il se met en scène avec Benasayag. Tout cela contribue à insuffler un peu de légèreté à un sujet tout de même assez ardu, si passionnant soit-il.
On ne s’étendra pas sur le fond, qui concerne davantage l’ouvrage de Miguel Benasayag, mais la bande dessinée semble avoir parfaitement synthétisé son propos et permet ainsi au lecteur d’alimenter sa réflexion, sans qu’il lui soit demandé d’être érudit d’un point de vue scientifique et philosophique. Et sur ce plan, le projet est une totale réussite. Globalement, il nous invite à faire preuve de vigilance à l’égard de nos outils technologiques et de maintenir notre lien avec le vivant. Notre cerveau n’est pas une simple machine que l’on pourra déterritorialiser comme bon nous semble, mais un organe avec une « histoire vieille de sept millions d’années », tandis que les algorithmes, eux, « ont colonisé le monde entier avec une vitesse incroyable, en quinze ans à peine… » !
A défaut d’augmenter votre cerveau par des artifices en forme de miroirs aux alouettes, cet ouvrage fera sans doute carburer vos neurones, à un moment où ceux-ci sont de moins en moins sollicités par les promesses des « prothèses numériques » (Google ne nous sert-il pas déjà à pallier nos trous de mémoires ?). Si certains termes du livre peuvent paraître compliqués, il ne faudra pas s’arrêter à cela et déployer ses « capteurs sensoriels » pour en tirer la substantifique moelle qui permettra (ou pas) de « réinitialiser son propre logiciel interne » et revenir vers ce qui fait de nous des humains.
« Cerveaux augmentés » n’est pas destiné à distraire, mais à communiquer des « données » nous permettant de retrouver, tant que faire se peut, notre libre arbitre dans un monde où l’on peut avoir parfois la sensation que la technologie décide à notre place. Lire ce livre passionnant, extrêmement enrichissant, nécessite certes un certain effort intellectuel, dont les intelligences artificielles « rêvent » assurément — en admettant qu’elles aient commencé à rêver — de nous délester… Une lecture brillante et indispensable, et une voie, peut-être, vers la désaccoutumance technologique et l’addiction à nos smartphones.
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Wonder Woman Historia
Après avoir vu et lu l'avis de Cacal69 j'étais curieux sur ce comics et je suis tombé sur l'ouvrage chez mon libraire. La couverture est déjà belle mais un feuilletage rapide vous en met plein la vue et à lui seul m'a poussé à prendre le livre. Bon la qualité graphique est incroyable du début à la fin. J'ai une certaine préférence pour Phil Jimenez qui débute l'album mais c'est une question de goût et mon ressenti est peut-être aussi influencé par le fait que ce soit le premier dessinateur. En tout cas les choix graphiques notamment le design des déesses et des dieux est fantastique avec une foule de détails que l'on retrouve notamment sur les différentes tribus. Le choix des couleurs et de partis pris graphique font que l'ouvrage n'aurait pas dénoté parmi les romans graphiques. Si l'histoire à quelques côtés classiques, son point de vue (raconter l'Histoire par le biais des perdantes) et la qualité de la narration et notamment les différents rebondissements font que la lecture des trois chapitres se fait rapidement et sans temps morts. On peut mettre effectivement un léger bémol sur les personnages masculins l'histoire aurait pu développer un personnage plus nuancé afin de laisser une lueur d'espoir montrer que tout n'est pas noir mais cela ne m'a pas gêné plus que cela. Je remercie donc Cacal69 d'avoir posté son avis qui m'a fait découvrir ce comics que je recommande moi-même chaudement.
The Department of Truth
Mise à jour suite à lecture du tome 4. Certains avis coulent de source, d'autres beaucoup moins et celui-ci fait partie de la seconde catégorie de par la singularité de ce comics. Un scénario qui sort des sentiers battus. Cole Turner est un agent spécial, il enseigne à l'académie du FBI de Quantico et il va être débauché, suite à sa présence à une conférence platiste, par Le Département des Vérités, une organisation gouvernementale dont le but est de lutter contre les théories conspirationnistes et plus particulièrement contre Black Hat. Un black hat est un hacker mal attentionné, mais ici c'est une agence complotiste. Avant cela Cole avait une vie normale auprès de son mari, sauf peut-être ses cauchemars récurrents où un monstre à tête d'étoile le terrorise. Son univers bascule et il va découvrir l'envers du décor, celui qui régit le monde. Je découvre James Tynion IV. Les deux premiers chapitres nous présentent les différents protagonistes et la manière de le faire est remarquable. Elle se fait, dans une salle d'interrogatoire du Département des Vérités, à travers de nombreux flash-back. Et le nom du futur patron de Cole m'a laissé sans voix. Vous le connaissez tous. Une narration captivante qui nous apprend comment fonctionnent les mouvances conspirationnistes et plus particulièrement depuis l'avènement des réseaux sociaux. Une narration qui au fil des chapitres nous dévoile les rouages utilisés avec cette malice de nous faire douter. Il développe aussi une histoire principale qui sert de fil rouge avec cette étrange femme à la robe écarlate et aux yeux scotchés de noir. Quelle maîtrise, je suis sous le charme de ces histoires hors normes. Une autre découverte, Martin Simmonds et là j'en ai pris plein les mirettes. Un style graphique qui se rapproche de Bill Sienkiewicz, David Mack et Dave McKean, excusez du peu. J'adore. J'entends déjà certains dire : "ça manque de lisibilité, trop fouillis, trop sombre ...." Que nenni ! Justement c'est ce qui permet de naviguer à tâtons, de ressentir l'anxiété. Vous voyez "Alien" tourné sous le soleil de Corse ? Vivement la suite. J'en conseille la lecture, en sachant que ça passe ou ça casse. Note : 4 et coup de cœur Tome 2 Mazette, une intrigue qui prend de la densité (c'était déjà coton dans le premier tome). James Tynion IV continue avec un scénario complexe et déroutant qu'il m'a été impossible de lâcher avant la fin. Bon, j'avoue quelques pauses pour assimiler l'ensemble. Un récit qui prend une nouvelle tournure et qui mélange cryptides, tulpas, monstres et magie, une sacrée tambouille. Une recette digne d'un trois étoiles, c'est délicieux. Surprises et rebondissements seront au rendez-vous. Je trouve le dessin de Martin Simmonds encore plus aboutit et ça mise en page est phénoménale, immersive. Vivement le tome 3. Je réitère, un comics qui ne plaira pas à tout le monde mais laissez-vous tenter par une putain de chiadé de lecture. Note : 4 et toujours coup de cœur. Tome 3 Tynion IV maîtrise toujours autant son sujet, il va pousser votre cerveau dans ses derniers retranchements. Quid de la vérité et du mensonge ? Un album centré sur le patron de Cole (je ne peux toujours pas donner son nom), sur ses origines, ses motivations et sur la naissance du département de la vérité. Un récit où fiction (?), faits historiques et croyances s'entrechoquent. Un récit qui ne cesse d'évoluer où l'on en apprendra un peu plus sur cette femme écarlate, Babalon, la mère des abominations. Pour la partie graphique, je suis orphelin de Martin Simmonds, ce tome 3 sera dessiné par un(e) dessinateur(rice) différent(e) pour chaque chapitre. J'ai pris plaisir à retrouver Elsa Charretier (November) dans un style moyenâgeux et enchanteur. Tyler Boss est dans le pur style comics, tandis que John J. Pearson plagie Martin Simmonds. J'ai adoré le dessin psychédélique de Alison Sampson aux couleurs hallucinogènes. Un assemblage cohérent qui retranscrit les ambiances bien différentes des chapitres. Note : 4. Tome 4 Un album qui va se concentrer sur la relation entre Cole et son mari, mais aussi sur le passé pendant la guerre froide, avec le Ministère du Mensonge, l'équivalent soviétique du Department of Truth et l'énigmatique Grigori Petrov. Avec le retour en force de Black Hat, ce quatrième tome est captivant et promet quelques belles surprises. Une narration toujours aussi verbeuse et paradoxalement, je ne la trouve pas rébarbative, au contraire elle me séduit de plus en plus. Cet opus marque aussi le retour de Martin Simmonds pour mon plus grand plaisir. Toujours aussi somptueux. Note : 4 et nouveau coup de cœur.
Fausses pistes
Incontestablement, Duhamel fait partie de ces auteurs qui réinventent le genre franco-belge avec brio. Et ce one-shot en est un parfait exemple. Avec ce faux western, l’auteur n’aura de cesse de brouiller les pistes, comme le sous-entend le titre. Ce qu’il décrit ici, c’est la collision entre le monde moderne et le passé, un passé idéalisé où la réalité historique est bien souvent galvaudée, à commencer par le mythe du Far West et ses légendes. Et de façon plus générale, la frontière entre le bien et le mal est loin d’être étanche, une zone grise où les « gentils » ne sont pas irréprochables, où les « méchants » méritent aussi d’être entendus. L’auteur s’en prend aussi d’une certaine façon à ce tourisme de masse qui fait de la Terre un immense parc d’attraction. Duhamel a ainsi trouvé l’angle d’attaque parfait pour élaborer son histoire, en confrontant un groupe de touristes à un ancien marine (que notre « marshal » Franck va voir comme une sorte d’allié), qui lui-même semble contenir une haine profonde vis-à-vis de ces hordes de « curieux », armés de leurs smartphones et leurs « selfie sticks » pour prendre la pose devant les sites les plus « instagrammables ». Cette histoire qui commence comme une visite pépère de Monument Valley va partir en vrille, et personne n’en sortira gagnant. Chacun des personnages, très variés et pour la plupart très bien campés, finira par révéler ses côtés les moins glorieux, ses petites lâchetés et autres mesquineries. Quant à Franck, lui aussi va devoir remettre en cause ses certitudes, lors d’une expérience chamanique involontaire, lui qui pensait avoir une connaissance approfondie de l’histoire du Far West et du personnage légendaire qu’il incarnait dans un spectacle pour touristes avant de se faire congédier comme un malpropre. Dans une sorte de mise en abyme ironique, cette aventure va lui permettre d’expérimenter pour de vrai l’héroïsme dont il se réclamait… En résumé, Duhamel nous enjoint à ne pas se fier aux apparences, à se méfier des idées toutes faites, des beaux discours, des « vérités » historiques et des « fake news » actuelles. Il y a nécessité à renforcer notre esprit critique et accorder plus de place au doute, car ce sont souvent nos certitudes qui créent notre enfer. En second plan, l’auteur évoque aussi d’autres sujets plus « américains » tels que le port d’armes, la fracture civile entre pro-républicains et pro-démocrates (rallumée par qui l’on sait), ou l’artificialité bling-bling du miroir aux alouettes qu’est Las Vegas. Si le scénario est très bien ficelé, avec pas mal d’humour et des dialogues qui font mouche, il comporte aussi une vraie profondeur philosophique et bénéficie d’un graphisme impeccable. Qu’il s’agisse des personnages, très expressifs, ou des paysages grandioses de l’Ouest américain, le talent de Duhamel laisse admiratif. De même, la mise en couleur est léchée et contribue à créer des ambiances splendides, où les ciels, de nuit comme de jour, constituent une invitation au voyage. Le moins qu’on puisse dire, c’est que « Fausses pistes » coche toutes les cases, révélant une grande maîtrise de la part de son auteur.
Catwoman - Lonely City
Et ben cela faisait bien un moment que je n'avais pas pris autant de plaisir en lisant un comics issu de l'univers de Batman. On est ici dans un univers alternatif où Catwoman sort de prison 10 ans après les tragiques événements qui ont amené à la mort de Batman, du Joker, de Nightwing et du commissaire Gordon et en plus Double Face est maintenant le maire de Gotham ! C'est donc une Catwoman plus vieille et dans un univers qu'elle ne reconnait plus que le récit met en vedette et bien sûr elle voudra faire un dernier grand coup, surtout que Batman lui a dit un mot mystérieux avant de mourir... Le récit est vraiment captivant du début jusqu'à la fin. J'ai bien aimé comment l'auteur utilisait les personnages de Batman. Comme ce n'est pas canon, il peut se permettre de faire ce qu'il veut avec les personnages et j'ai trouvé que les rôles qu'ils jouaient étaient bien vus, sauf pour Double Face que je trouve trop méchant, même si dans le dernier quart le côté tragique du personnage resurvit un peu. Le scénario est un bon mélange d'aventure, de drame et d'humour. C'est le genre de chose que je recherche dans un Batman et de ce côté là j'ai été gâté. Le récit est imprévisible et intelligent. Un bon hommage au personnage de Catwoman. Le dessin a de la classe.
Qui est ce schtroumpf ?
Ah ah les amis, je vais vous schtroumpher un truc ... c'est le plus schtroumphant des albums de Tebo ! Une reprise/hommage est toujours casse-schtroumph. Mais Tebo réussit le tour de force de schtroumpher sa patte sans schtroumpher l'esprit insufflé par Peyo à ces petits lutins bleus. Le récit schtroumphe du côté de Raowl avec une quête aventureuse mais en moins trash tout en gardant l'humour qui le caractérise. Le rythme soutenu -voyant se succéder de multiples péripéties- compense une intrigue plutôt linéaire sans être faiblarde pour autant. Tebo tient le lecteur grâce à son découpage quasi-cinématographique. Avec cet album, il réunit tous les ingrédients qui ont fait le succès des schtroumphs (ou presque) en les schtroumphant à sa sauce. Cette revisite de l'univers schtroumph est donc salutaire. C'est bon pour la santé et ça ne coûte pas plus cher que 5 fruits et légumes pour un jour. Que demande le peuple ? Ah oui, la suite, c'est pour quand ? :) A schtroumpher sans tarder !
Catwoman - Lonely City
Dans un univers alternatif, Batou a cassé sa pipe lors d'un évènement appelé La Nuit du Fou, Harvey Dent est devenu maire d'une Gotham autoritaire et Selina Kyle est partie purger 10 ans de sa vie en prison. Si Cliff Chiang propose une vision différente et rafraîchissante de Gotham, l'histoire n'en reste pas moins classique : un casse avec formation d'équipe et préparation des opérations à la Ocean Eleven. Bref, c'est un prétexte pour introduire toute une série de personnages plus ou moins connus de l'univers de Batman dans cet opus. Le côté pile (positif) de la pièce : nous présenter des protagonistes qui ont traversé les années (Selina a 55 ans !), avec leurs doutes et leurs faiblesses, usés par une époque qui passe trop vite et les dépasse. J'ai adoré le traitement de certains d'entre eux, où le retour à la vie civile de certains vilains les rend plus humains et touchants que jamais (Killer Croc <3). Le côté face (négatif) : vouloir inclure quasiment tous les personnages de la série animée de Bruce Timm (dont Chiang fait ici l'hommage) d'après un cahier des charges trop lourd. Ce serait probablement le seul point faible, à mon goût, de Lonely City ! Hormis cela, la réalisation est à tomber : le dessin, la couleur et la construction des pages est incroyable et certaines scènes m'ont vraiment bluffé. Catwoman (et ses amis) n'a jamais été aussi séduisante que dans Lonely City !
Punk Rock et mobile homes
Décidément, Derf Backderf a l'art de me faire rire à travers ses BD, autant qu'il sait faire pleurer. Dans la droite lignée de toutes ses autres oeuvres (ce qui semble logique puisqu'il s'agit de son premier roman graphique), "Punk Rock et mobile homes" est un ouvrage sur l'adolescence, le lycée, les atypiques, la musique. Les thèmes chers à l'auteur se retrouvent ici encore, avec ce personnage central qui évoque plusieurs autre protagonistes que j'ai pu voir dans ses BD. Le Baron, nom que s'est donné un étudiant étrange, fan de Tolkien et plutôt barré dans son genre, traverse le récit au son des musiques punk qui l'émaillent. On retrouve les groupes emblématiques de ces années-là, dans l'ambiance autant que dans les thématiques. C'est la petite ville de la Rust Belt, les avenirs sombres, le lycée violent, les luttes entre jeunes ... L'ambiance de ces lycées n'a visiblement pas changé, avec une certaine propension au harcèlement (malheureusement toujours d'actualité). Et par dessus ça, l'affirmation d'un jeune homme issu de basse condition. Ce que j'aime chez l'auteur, c'est qu'il ne se contente pas de l'histoire banale et classique du lycée, l'ambiance et les copains. Il relie ça à d'autres thématiques tout aussi importantes, comme la question de la crise dans ces anciennes cités industrielles, les malades mentaux, l'ambiance de caravanes dans lesquelles des gens vivent à l'année, ou même l'oncle alcoolique qui se révèle finalement investi d'une certaine personnalité juste avant la fin. Derf Backderf ne se prive pas de brouiller les pistes sur les personnages, certains réservant de sacrées surprises avec l'avancée du récit. Déjà Otto, dit Le Baron, puisqu'il agit d'une façon bien souvent déconcertante, mélange de jeune très banal et d'un rôle plus mature, assez lucide sur la réalité de son monde. Mais le casting n'est pas en reste et transpire les anecdotes vécues. C'est surtout une galerie de personnages étranges qui donne corps à ce récit, chacun semblant plus taré l'un que l'autre. L'intérêt principal de cette BD, pour moi, c'est l'humour. Il est assené par grandes claques dans la gueule du lecteur, avec ces moments hallucinants et surréalistes mais en même temps terriblement drôle. Je ne me suis pas remis de la session de sac sur la tête, tellement inattendue. J'ai aussi adoré l'ambiance qui s'en dégage, mélange de souvenirs de jeunesse mais aussi d'une période de nouveauté musicale qui explose les codes. C'est le début du punk rock, de l'ambiance fuck le système et des audaces sur scène. Le dessin de Backderf correspond tout à fait à ce qu'il faut attendre de ce genre de récit, avec ses personnages très longilignes et aux tronches impayables. C'est un poil moins maitrisé que ce qu'il fait dans d'autres récits du genre, mais je ne peux qu'approuver. J'aime beaucoup cet auteur, il me le rends bien volume après volume. Franchement, j'ai hâte de continuer à le lire !
Olive
De la fraîcheur! Voilà ce que j’ai ressenti à la lecture de cette série. Composée de quatre album, je les ai enchaînés sans m’en rendre compte tellement j’ai été emporté dans l’histoire. Olive c’est l’histoire d’une jeune adolescente mal dans sa peau et bouc émissaire de son lycée, qui s’évade dans un monde (son monde), imaginaire, pour fuir le quotidien. Jusqu’au jour où dans le monde réel on lui impose de partager sa chambre à l’internat, et que dans Son Monde, un astronaute débarque… Commence alors une enquête où le réel et l’imaginaire s’entremêlent, qui l’emmènera au bout de l’onirisme et du monde réel. C’est la première série que je lis un album, autant pour la scénariste que pour la dessinatrice, et c’est une très belle découverte. Le scénario est vraiment bien écrit, c’est fluide, je me suis laissé prendre au jeu très facilement et à chaque fin d’album, qu’une seule envie, lire la suite!! Voir où cela allait me mener, n’arrivant pas du tout à anticiper les événements. Et je n’ai pas été déçu un seul instant. Quand aux dessins, ils collent parfaitement à l’histoire. Ils sont beaux, claire, jamais confus, on comprend bien tout ce qui ce passe, si c’est dans le monde réel ou imaginaire. Avec un vrai style graphique. Le découpage est parfaitement réalisé. Il ne manque presque rien pour que ce soit un coup de cœur. Une série parfaite pour les ados et pré ados, et qui ravira aussi les adultes qui souhaitent une lecture légère, agréable, avec une touche d’originalité, et sans grande prétention. Elle remplit parfaitement sont boulot.
Tank Girl
Et ben cette BD ne fait pas l' unanimité ici... Comme je le disais dans un autre avis, l' humour c' est variable d' une personne à l' autre... Et chez moi, ça m' éclate !!! Culte !!! Du trash, de l' irrévérencieux, de l' humour pipi-caca, du politiquement incorrect et le tout servi par un dessin que je trouve excellent !!! On suit cette punkette sodomisatrice de koala en peluche à coups de banane, amatrice de bière et autres substances illégales dans une Australie post-apo, entourée d' une ribambelle de compagnons plus tarés les uns que les autres... C' est déjanté bien comme j' aime et c' est pour ça que je kiffe. Un moment de folies et politiquement incorrect, ça fait un bien fou dans notre société de plus en plus bien-pensante et paternaliste. D' ailleurs plus je vieillis, plus ça me plaît ! Même avis pour le film, c' est une bouze !!! Et idem pour la traduction qui fait perdre pour certaines vannes tout leur sens... Mais n' empêche, si tu veux du nimportnawak à la sauce Sex Pistols, fonce !!!
Cerveaux augmentés (Humanité diminuée ?)
De prime abord, il pourrait paraître surprenant de voir Thierry Murat aborder un genre auquel il ne nous a pas habitués : l’essai socio-philosophique. L’homme est plutôt coutumier de fictions intemporelles traitées sur un mode poétique, avec pour fil rouge le rapport de l’Homme à la nature. Et pourtant, à y regarder de plus près, cela s’avère plutôt logique. Le projet de cette bande dessinée est à sa seule initiative. C’est lui qui a contacté Miguel Benasayag après avoir lu son essai, lui proposant d’en faire le « prolongement graphique ». Dans son livre, Benasayag traite peu ou prou, même si son approche est beaucoup plus rationnelle, des thèmes irrigant l’œuvre de Murat, à savoir : notre lien perdu à la nature dans notre course au progrès. Plus concrètement, le philosophe essayiste nous alerte dans son ouvrage des dangers liés au rêve scientifique de concevoir le cerveau « parfait » en l’envisageant plus ou moins comme un ordinateur. A l’évidence, Thierry Murat n’est pas technophobe, mais entretient une méfiance viscérale vis-à-vis des nouvelles technologies, avec nombre de questionnements et d’inquiétudes. Le livre de Benasayag constituait pour lui l’occasion rêvée de l’exprimer, conscient qu’il n’avait pas forcément la légitimité en tant que bédéiste de produire lui-même un tel essai. Son rôle était plutôt d’en faire une adaptation, d’autant que Benasayag lui avait manifesté pleinement son enthousiasme, tout en lui conseillant d’en faire non pas une simple adaptation mais plutôt une « transduction ». Difficile de dire si Murat a respecté la consigne liée à ce terme savant (qui consisterait à coder « les informations du monde extérieur par [nos] récepteurs sensoriels » !) mais on peut au moins reconnaître qu’il s’est approprié formidablement le support d’origine. Ainsi, au fil des pages reprenant des passages du livre s’égrènent les discussions entre les deux hommes, sur un ton amical et avec une complicité qui s’est installée dès la première prise de contact. Murat ne se dépare pas de son style graphique « impressionniste », avec cette tournure sobre et un peu sombre qu’on lui connaît, faisant que l’image répond au texte sans le parasiter. Il sait également faire preuve d’humour en glissant des strips plus « cartoon » où il se met en scène avec Benasayag. Tout cela contribue à insuffler un peu de légèreté à un sujet tout de même assez ardu, si passionnant soit-il. On ne s’étendra pas sur le fond, qui concerne davantage l’ouvrage de Miguel Benasayag, mais la bande dessinée semble avoir parfaitement synthétisé son propos et permet ainsi au lecteur d’alimenter sa réflexion, sans qu’il lui soit demandé d’être érudit d’un point de vue scientifique et philosophique. Et sur ce plan, le projet est une totale réussite. Globalement, il nous invite à faire preuve de vigilance à l’égard de nos outils technologiques et de maintenir notre lien avec le vivant. Notre cerveau n’est pas une simple machine que l’on pourra déterritorialiser comme bon nous semble, mais un organe avec une « histoire vieille de sept millions d’années », tandis que les algorithmes, eux, « ont colonisé le monde entier avec une vitesse incroyable, en quinze ans à peine… » ! A défaut d’augmenter votre cerveau par des artifices en forme de miroirs aux alouettes, cet ouvrage fera sans doute carburer vos neurones, à un moment où ceux-ci sont de moins en moins sollicités par les promesses des « prothèses numériques » (Google ne nous sert-il pas déjà à pallier nos trous de mémoires ?). Si certains termes du livre peuvent paraître compliqués, il ne faudra pas s’arrêter à cela et déployer ses « capteurs sensoriels » pour en tirer la substantifique moelle qui permettra (ou pas) de « réinitialiser son propre logiciel interne » et revenir vers ce qui fait de nous des humains. « Cerveaux augmentés » n’est pas destiné à distraire, mais à communiquer des « données » nous permettant de retrouver, tant que faire se peut, notre libre arbitre dans un monde où l’on peut avoir parfois la sensation que la technologie décide à notre place. Lire ce livre passionnant, extrêmement enrichissant, nécessite certes un certain effort intellectuel, dont les intelligences artificielles « rêvent » assurément — en admettant qu’elles aient commencé à rêver — de nous délester… Une lecture brillante et indispensable, et une voie, peut-être, vers la désaccoutumance technologique et l’addiction à nos smartphones.