Les forums / A méditer... Une idée fofolle pas si bête...

Par buyless Le 10/06/2011 - 11:17 (Modifier)

Quel est la fonction première de l'éditeur ? Un éditeur sélectionne des projets pour la publication, il les met en forme et les fait imprimer, enfin il les commercialise. De là, on peut se demander comment un éditeur remplit ses différentes fonctions. Sur quelle base un éditeur va-t-il sélectionner les projets ? Cela reste quelque chose de très flou, qui ne répond pas à des règles strictes. Il est probables qu'une petite structure essayera avant tout de privilégier des projets qu'ils auront envie de défendre au sein de leur catalogue, en gardant un impératif de rentabilité globale en tête. Larcenet ne fait pas un franc avec les Rêveurs, selon lui, mais essaye surtout de ne pas en perdre. Mais il se perme de publier des livres rares et originaux La démarche est sans doute différente pour un gros, qui doit alimenter son catalogue de manière plus soutenue et qui est beaucoup plus soumis aux impératifs de rentabilité. Ne pas perdre d'argent et surtout en gagner parce qu'il doit faire face à des charges plus importantes. Si l'équipe des Rêveurs travaille beaucoup sur une base bénévole, cela ne peut être le cas pour une société de plus grande taille. Se pose alors le problème du type de projet à choisir. La ligne éditoriale est un concept plus flou que pour une petite strcuture, et le choix s'opère sur des bases très différentes. Il y a la recherche de projets vables, et si possible de futurs succès voire de bestsellers. Mais à quoi reconnaître un bestseller ? Parmi les plus gros succès actuels (Titeuf, XIII, Lanfeust...), beaucoup ne furent pas de gros succès dès le début. je pense même que XIII n'aurait pas passé le tome 3 selon les règles actuelles, parce qu'il ne connut le sccès qu'à partir du 3ème tome. Non que les premiers tomes n'étaient pas moins bons. Un premier album peut connaître un succès, mais pas devenir un bestseller. Un auteur doit s'installer, mais il lui faut du temps, et c'est là que se pose la qestion de la commercialisation par l'éditeur. Pour qu'un auteur puisse acquérir la notoriété, il doit être visible. Cela demande de l'investissement de l'éditeur. A une époque, la nade dessinée travaillait en circuit fermé, entre magazines spécialisés et dédicases. Mais ce n'est plus le cas et la bande dessinée s'est ouverte sur le monde. On ne peut aller jusqu'à parler de starification des auteurs, mais le traitement réservé à Bilal, Sfar ou Zep montre qu'ils ne sont plus considérés comme de gentilsmonsieurs derrière un table à dessin (ou couché sur un divan comme Cauvin), mais de "vrais gens" qu'on peut retirer de leur microcosme. Comment favoriser l'émergence de nouveaux talents dans ce contexte ? Paradoxalement, ce sont des auteurs à priori les moins commerciaux qui ont réussi e grand saut: Sfar, Satrapi, Sattouf... Les nouveaux "gros" gardent et cultivent presque une image de "geek" guère attreyante. A vrai dire, je ne vois qu'un auteur qui onnaisse une vraie stratégie pour le "vendre": Bastein Vivès, ce qui reste un mystère absolu parce que s'il est loin d'être manchot, ilressemble trop à un bon élève, à la croisée de la bande dessinée, de la bande dessinée d'auteur et des éduteurs historiques... une chimère de l'auteur parfait. Pour le reste, oui, vision à court terme. On alimente la machine en multipliant les titres, en gâchant des talents en les jetant trop tôt en patûres aux lecteurs et aux critiques. Je me souvient lors des premiers numéros de Pavillon d'une série Chewing Gun, qui souffrait d'un graphisme assez faible... pas mauvais mais signe d'un auteur qui manquait de bouteille et devait encore grandir. Le résultat ? Un album plus que moyen et très limite graphiquement vendu à un prix qui paraît dès lors excessif. En gros, l'éditeur demande au lecteur de prendre à sa charge les erreurs de jeunesse d'un jeune auteur. Soit cela fonctionne et l'éditeur y trouve son comte, soit cela foire et l'éditeur est assez malin pour ne rien y perdre. Au mieux, il déniche un futur grand e son plus grand défi sera d'éviter qu'il ne passe à la concurrence pendant qu'il essaye de déboucher les jeunes qui promettent chez ses conurrents. Quel est l'impact pour un jeune qui sort fièrement son premier album et le voit se planter comme une grosse merde, et de s'entendre signifer que, non, finalement, il n'y aura pas de suite, simplement parce que l'éditeur a préféré lancer 10 premiers albums en comptant que sur ces 10, seuls 5 connaitront une suite et 1 ou 2 pourront, si le succès est au rendez-vous, aller au bout de leur projet ? N'aurait-il pas été plus sein de faire un vrai travail de sélection et éliminer ce qui était trop faible et se concentrer sur ce qui a de vraies qualités ? Je pense que les éditeurs sont conscients qu'il publient beaucoup de titres de qualité insuffisante, simplement parce qu'ils jugent plus facile de laisser l'écrèmage se faire par le public au lieu de le faire eux-même. Quel est le plus gros risque: publier un mauvais album moindre coût ou laisser passer un projet qui pourrait être récupérer par la concurrence et se révéler un succès ? Je crois qu'ils ont fait leur choix depuis longtemps.Mais ce genre de fuite en avant est finalement plus sûre pour les gros qui peuvent se permettre de gâcher des projets parce qu'au total, les comptes font plus que s'équilibrer, ce qui n'est pasle cas pour les structures plus petites.


Par hervé_ Le 09/06/2011 - 17:55 (Modifier)

... quand on voit que Soleil, sur la B.D. du site a abandonné 120 séries, faut pas forcément chercher plus loin un certain désamour.


Par hervé_ Le 09/06/2011 - 17:47 (Modifier)

Je crois aussi que certains facteurs ne sont pas pris en compte. Et peut-être les plus importants. La surproduction touche beaucoup de séries dites Best Seller, car il y a lassitude. Si je prends mon exemple d'acheteur, je compte trop de séries démarrées mais pas complétées pour le moment et ce principalement sur les séries "commerciales". Je n'ai pas les 2 derniers Forêt d'Opale, les peut être 10 derniers Histoire Secrète, le ou les 2 derniers Ythaque et des exemples ainsi j'en ai pas mal, parce que l'histoire tourne en rond, on ne voit plus rien avancer réellement, la qualité se délite album après album etc.. Une BD aujourd'hui c'est 13 euros, 85 balles et on a donc des choix à faire. Je sélectionne mieux mes achats aujourd'hui. Tout cela pour dire que sur les séries très commerciales, les 3/4 premiers albums doivent cartonner puis, chaque album perd des lecteurs/acheteurs qui attendent de voir jusqu'où cela va aller et si la fin vaudra le moyen(le phénomène est le même aujourd'hui sur les séries TV qui allongent les saisons non pas jusqu'à une fin scénarisée mais jusqu'à plus soif et alors on bâcle le happy end en 2 épisodes). Si je reprends mon exemple de l'Histoire secrète, je vais attendre 4/5 ans puis je ferai un choix, vente de mon stock en occasion ou achat de la fin si on la voit arriver un jour et si elle est de qualité. Ensuite, les éditeurs creusent aussi doucement le fossé eux -même en commandant de nouvelles séries à leurs auteurs phares pour faire du cash à court terme, mais ce faisant retardent voire annulent des séries au détriment des lecteurs qui ont acheté. Cela génère une méfiance et donc un désintérêt sur les séries à rallonge au fil du temps. Les acheteurs limitent leurs achats et de fait forcent la fin (ou l'abandon) de certaines séries. Aujourd'hui, je vais lire systématiquement 1 ou 2 volumes d'une nouvelle série avant l'achat, et encore, si je sais qu'elle ne se fera pas en 145 albums + 3 collectors. Pour certains éditeurs, il semble également qu'ils aient oublié leur vocation première, à savoir dénicher de nouveaux auteurs, lire ce qui leur est soumis à la parution, sélectionner etc.... Aujourd'hui le couple "auteurs stars/éditeurs" jouent la carte financière à court terme en multipliant les séries/prequel/spin off au détriment de la bonne conduite de leurs productions en cours. Cela amène donc doucement les lecteurs/acheteurs à privilégier les one-shots, les séries à moins de 5 albums mais aussi les auteurs qui respectent leurs lecteurs et ne multiplient pas les pistes dans le même laps de temps. Pour les libraires, là où je réside, je n'ai pas de bon libraire au sens réel. Chapitre et Decitre mènent le jeu, avec systématiquement les nouveautés en devanture et une absence de travail "éditorial" en conservant 80% de série ultra connues et en ne sélectionnant pas eux même leur stock. Du coup, très peu de profondeur, et peu d'auteurs "décelés" ni de conseil vraiment qualitatif. Voila, la clarté de mon cerveau ne se fait peut être pas suivre par celle des mes mots, mais pour résumer, avant de parler de stand by, de procédés extrêmes, il faudrait peut être remettre l'éditeur au centre de son métier, qu'il privilégie la qualité en filtrant les nouvelles séries et le respect du lecteur par un suivi des séries en cours.


Par buyless Le 08/06/2011 - 14:49 (Modifier)

D'un côté, il y a une surproduction au niveau des bestsellers, dont les tirages dépassent de loin les chiffres de vente réelle. Il n'est plus rare que la moitié du tirage d'un bestseller ne revienne en invendu, mais il y a un effet de masse qui remplit les étals. La surproduction, c'est aussi et surtout la multiplication des nouveautés qui s'hypersegmentent, sachant que si le lecteur ne sait pas que choisir, il se dirigera vers des objets familiers: en premier lieu, les séries qu'il suit et, phénomène récent, les série dérivées (quoique les ventes des hors-série de XIII msont de 50 à 60% inférieures à la série mère, ce qui doit paraître comme un échec pour l'éditeur) en deuxième lieu, les auteurs qu'il suit en troisème lieu, des collections thématiques qui se sont multipliées depuis les années 80 en quatrième lieu, les thématiques connues, d'où la proximité avec des concepts connus, et des séries qui surfent sur des formules éprouvées, en tête les série TV Avant, je ne pouvais pas rentrer chez un libraire sans sortir avec 5 ou 6 albums, parce que je succombais à une des sirènes ci-dessus. Mais j'ai réduit fortement la voilure et appliqué une discipline assez stricte qui veut que je n'achète plus que très rarement des bandes dessinées, sans m'en porter plus mal. A quelques rares exceptions, je n'achète plus que rarement des albums à leur sortie (une des rares exception est Arq), mais j'attends, pour sortir du phénomène d'achat compulsif, et cela limite fortement le nombre de livre que je désire vraiment acheter. Il y a l'envie personnelle et les avis glanés ici et là pour me donner une meilleure idée. Ainsi, j'ai acheté Quai d'Orsay près de un an après sa sortie En temps normal, j'aurai acheté directement la nouvelle série de Trondheim, mais finalement, je crois que je vais passer, à moins qu'il e s'avère qu'elle soit vraiment exceptionnelle; mais tout ce que j'ai entendu laisse entendre qu'elle est agréable, sans plus. Finalement, je n'ai pas envie de me lancer dans une série au long cours alors qu'elle a l'air juste sympathique. J'attendrai sans doute une intégrale de Pour L'Empire qui m'intrigue, mais sans plus J'ai définitivement laissé tomber Le Bois des vierges ou Murena Vous objecterez qu'avec un tel comportement 1. je vais manquer toutes les EO, mais je m'en fous 2. je risque de manquer des albums à faible tirage (j'hésite fortement à acheter la vie dans les marges de Tatsumi). J'assume la part de risque en me disant que je fréquente plusieurs libraires et qu'il en restera toujours un quelque part 3. si tout le monde faisait comme moi, le marché s'effondrerait... mais il y a assez d'acheteurs compulsifs, peu enclin à changer, qui me permettent de filtrer de la sorte. Le résultat ? Il est désormais infiniment plus fréquent que je sorte d'une librairie sans rien avoir acheté que le contraire et je suis moins souvent déçu. Et je peux passer plus de temps à explorer via internet pour dénicher les titres qui me semblent tenir la route. Je n'ai pas encore acheté le dernier Blain dont le concept est aussi intrigant que potentiellement chiant. Mais les mêmes réserves s'appliquaient à Quay d'Orsay, qui était pourtant une réussite, selon moi. On verra dans 6 mois... Donc, retournons le problème et arrêtons d'acheter des nouveautés mais essayons d'acheter de manière plus objective. Je suis intimement persuadé, pour être passer par là, que le lecteur/acheteur de bande dessnée est un être compulsif qui achète beaucoup pour de mauvaises raisons. Il achète donc mal, ce qui permet aux éditeurs de travailler mal et au marché de n'être qu'un lieu de spéculation au lieu d'un lieu culturel, ce qu'il est aussi sensé être.


Par laligneclaire Le 01/06/2011 - 23:14 (Modifier)

L'idée est forcément irréalisable mais j'imagine qu'elle a été mise en avant dans l'article pour interpeller. L'article aurait pu se contenter de dire : "Ohlala quelle difficulté de tout connaitre, il y a une surproduction évidente de la part des éditeurs !" Mais son culot a été d'avancer cette idée impossible pour ne pas rester sur un problème mais bien de proposer une solution... Aussi débile et utopique soit-elle. Après je ne crois pas que les éditeurs surproduisent une série en particulier comme tu dis avec innondage de rayonnage. La surproduction est surtout lié au fait que beaucoup de séries différentes sont produites ! C'est un fait assez dommageable pour le lecteur qui ne peut pas tout suivre, mais c'est une chose formidable pour la création ! Mieux vaut être édité dans le flot que pas du tout ! Et ces séries nouvelles pour la grande plupart sont déficitaires et lancées à moins de 10000 ex. L'éditeur va tout de même les produire car il sait que parmi 10 séries, 9 seront déficitaires et 1 va cartonner et son bénéfice corrigera les pertes des autres. (Chez dargaud, l'exemple Quai d'orsay est hyper éloquent... Même s'il s'agit d'un auteur surreconnu !) De plus il joue son année sur le dernier trimestre fiscal en publiant pour noël toutes les suites de ses licences juteuses et compense ainsi "l'aide à la création des séries qui ne marcheront jamais" (regardez le calendrier dargaud justement : blacksad, blake et mortimer, lucky luke: septembre, octobre, novembre !) Le succès assuré de ces blockbusters permet aux éditeurs de surproduire un tas d'auteurs inconnus. C'est une situation sans doute dommage que le trop plein de BD, mais n'oublions pas que le corolaire est qu'un tas d'auteurs (et il en vient beaucoup ici d'ailleurs !) auront leur chance ! Et s'il ne cherchent pas d'abord la gloire mais bien de voir leurs dessins sur un beau papier, ça reste quand même un bon système !


Par Chalybs Le 01/06/2011 - 13:39 (Modifier)

L'idée en elle même et le développement qui en est fait présente bien le pour et le contre. Si on arrête de produire des nouveautés pendant un an afin de permettre d'avoir plus de temps pour lire toute la production déjà sortie que se passera-t-il ? Premièrement, je ne suis pas sûr que cela change grand chose au fond du problème car si l'article met les maison d'édition en cause sur leur surproduction et leur mise en avant des grandes et grosses séries afin de faire de l'argent, il n'en reste pas moins que le but des libraires c'est aussi de faire de l'argent... On connait la pratique des grandes maisons d'édition de surproduire un album afin d'inonder les rayonnages et de monopoliser l'attention des acheteurs par leur omniprésence dans les magasins. Du coup, ne faudrait-il pas plutôt mettre des règles qui obligerait les vendeurs à donner le même espace linéaire à chaque série ? A donner la même visibilité et le même temps de présentation à chaque album ? Forcer la rotation de chaque série, aussi populaire ou spécialisée soit-elle ? De même que l'on parle du prix unique pour les livres, ne pourrait-on pas parler de manière moins utopique que cet article de temps de présentation unique (comme les politiques en période d'élection Sourire ) l'article à mon avis rate sa cible avec une idée complètement impossible à mettre en oeuvre.


Par js Le 01/06/2011 - 10:36 (Modifier)

Radical, oui, très utopique OUI ! Expliquer à des grosses éditions qu'il faut faire silence radio pendant 1 an est une tâche perdue d'avance. Surtout pour des séries à succès qui ramènent bcp de sous-sous ! Cela, tout le monde le sait. Après l'idée est bonne. Car c'est vrai que le marché est inondé de nouvelles sorties chaque mois... Et bcp ont l'air vraiment bien, mais souvent le tps, l'argent voire la motivation manquent. Je confirme que qd j'achète une série, je vais acheter une série sûre, souvent très connue et déjà bien entamée afin de ne pas avoir de mauvaises surprises par la suite (d'autant que je n'achète pas souvent de BD, faute de moyens). Peut-être qu'une sorte de "non-sortie" tous les trois mois (par exemple) pour favoriser une lecture plus sérieuse et approfondie des nouvelles parutions et pour laisser sa place aux jeunes auteurs serait une bonne chose ?!


Par laligneclaire Le 01/06/2011 - 09:04 (Modifier)

Voilà un article qui est bien radical mais qui pointe du doigt un problème bien connu. La solution envisagée est sans doute pas abordable... Mais pourquoi ne pas penser à un inaugurer un "mois off" dans l'année par exemple. En janvier, après les fêtes, pour faire le point et apprendre à mettre en avant des auteurs peu encore reconnu... C'est vrai que perso, je suis certain de passer à coté de perles car je ne peux pas lire une BD par jour et je me concentre sur les choses les plus pop finalement... http://lecomptoirdelabd.blog.lemonde.fr/2011/05/31/surproduction-et-si-on-arretait-tout-pendant-un-an/#xtor=RSS-3208 target="_blank">Article à lire ici.. Vous en pensez quoi ?