Les forums / "Je n'arrive pas à lire (alors que jadore ça)."
Pareil que tout le monde, j’ai 47 ans, une femme, 2 enfants, une maison, un jardin, une voiture, un boulot, un site internet, bref, le peu de temps libre perso qui me reste doit être soigneusement partagé entre mes loisirs principaux : la BD, les romans et le jeu vidéo. J’ai donc toujours une pile à lire/jouer plus grande que ma, heuuuu, jambe, et … vivement la retraite !
Oh punaise ! Le sujet qui tue ! Précisément la vieille rengaine qui nous fait bien marrer, BlueBoy et moi, et sur laquelle nous faisons (un peu) semblant de nous lamenter : quelles vies dures nous avons boudiou ! Bref ! J'y vais de mon couplet parce que je me sens pleinement, mais PLEINEMENT concerné. D'abord, il y a les lectures professionnelles. Pour tout dire, je bosse en médiathèque où je suis, entre autres, responsable des acquisitions BD. Dur taf, je le concède (ouarf ouarf !), qui nécessite de lire beaucoup afin d'une part d'être capable d'orienter le lecteur, et d'autre part de remplir son contrat. Oui, comme là où je travaille, nous comptons 6 médiathèques en réseau, nous, acquéreurs BD, nous répartissons aléatoirement chaque mois un lot de BD afin de les répartir entre nous. Ensuite, il y a les lectures opportunistes, et il y en a bôcoup ! Chaque jour, je vois défiler une quantité non négligeable de docs, dont des BD, que j'ai grave envie de lire. Alors qu'est-ce que je fais ? Et bien si elles ne sont pas réservées par des lecteurs (les BD), je les intercepte pour les ramener chez moi. N'oublions pas les BD que des lecteurs, collègues, potes, me conseillent... Et enfin, toutes celles qui me font grave envie personnellement et que je vais acheter. Ajoutons à cela les bouquins divers et variés sur les sujets qui me passionnent et qui sont légion (l'histoire, l'archéologie, les drogues psychédéliques, la musique, les récits de navigations...), les films, les projets divers, les balades... Et moi, au milieu de tout ça, il faut que je dorme, que je mange, que je passe du temps avec mes gamins (même s'ils sont grands et autonomes maintenant), avec ma compagne bien aimée, les potos, que je vois quelques expos, quelques concerts, que je fasse l'amour, que je fasse caca et pipi, que j'aille au boulot, que je passe du temps au boulot... Et puis je suis guide pour une association sur un site archéologique... Purée ! Quelles vies de dingues on a ! Les gens ne peuvent pas imaginer ! Quand cé ke j'lis des BD moi ? Exemple : en ce qui concerne les BD, j'ai acheté le T3 du Dernier Atlas, les T2 des mémoires du dragon Dragon, le Té de Slava, le T2 de Mégafauna... Ils sont chez moi, dans ma bibliothèque, et n'attendent que moi. Mais je ne les ai toujours lues !!!! Pas le temps ! Et ça fait bien ièch wesh ! Pour ce qui est des bouquins, j'ai aussi une bonne petite pile à lire (la fameuse PAL) qui m'attends. Alors what ? Qu'est-ce que ça cache ? Qu'est-ce que ça révèle ? Et bien il faut sans doute y voir un symptôme de nos sociétés de surabondance ; le "matérialisme au top" dont parle Solo. On veut tout et tout de suite. Mais derrière, il y a peut-être une peur profonde compensée par toute une profusion savoirs... Posséder rassure, tout le monde sait cela. Mais bon, aussi, c'est super !... J'attends la retraite de pied ferme !... Hein ? Pardon ? La quoi ?...
C'est un problème que je rencontre, ma pile augmente plus vite que ma capacité de lecture, et l'appartement où je vis n'est hélas pas extensible. Parfois ça me donne un peu le vertige... j'essaie d'en vendre ou d'en donner autant que possible... Mais je ne ne vais pas pour autant lire deux fois plus vite, parce que sinon cela ne devient que de la consommation, au détriment du plaisir de lecture, et pour moi c'est totalement contradictoire. Je suis tout à fait d'accord avec karibou.
Le phénomène va sûrement encore s'accentuer avec le nombre exponentiel de sorties dans le domaine culturel (livres, jeux, séries...). On est assailli de pubs, conseils etc., le tout renforcé par les incontournables hype, buzz et boumourrage. Bref plein de frustration qui s'accumule autant que de produits que l'on achète pour le jour où on aura le temps. Et les nouveaux standard de format n'aident pas: une bonne vieille BD qui faisait invariablement 48 pages s'étale maintenant sur 200 pages pour conter peu ou prou la même chose. Un peu comme les romans de Stephen King s'étalant sur 1000 pages alors que Matheson arrivait au même résultant en 100. J'adore également lire mais si je bouffe trop de livres sur un court laps de temps, même excellents, je ne ressens plus d'émerveillement, on est malheureusement blasé devant un ouvrage sur lequel une personne a consacré une année de travail, c'est triste... Donc même avide de lecture, lever le pied est salutaire pour le coeur et l'auteur.
>> Nico avait écrit : >> Bonjour, dans le cadre d'une vidéo YouTube j'aimerai recueillir des témoignages concernant ce phénomène : avoir des bouquins chez soi, continuer d'en acheter, mais ne lire que très peu d'entre eux, alors qu'on aimerait lire plus. >> >> Mon domaine c'est plutôt les mangas et les comics, mais tout lecteur traversant ce trouble est invité à en discuter. >> Merci d'avance pour vos réponses, n'hésitez pas à en parler à des connaissances à vous qui pourrait vivre ce phénomène. Michel Leiris écrivait dans son journal en novembre 1941:« (…) curieux sentiment que j’éprouve aujourd’hui, d’acheter des livres comme d’une denrée dont on va manquer. » (...) « Idée funèbre qui me vient chaque fois, ou à peu près, que j’achète des livres : de tous ceux que je possède, combien y en aura-t-il que je n’aurai pas lus quand je mourrai ? » Le questionnement est donc ancien et partagé (même s'il ne parlait pas de BD, mais de poésie et de littérature). J'avoue emprunter beaucoup, acheter aussi pas mal, et être toujours "en retard de lecture", avec des piles à lire qui s'élèvent, s'effondrent, envahissent l'espace et le regard. J'ai du mal à résister au plaisir non pas forcément de possession, mais plutôt de "mise à disposition", je veux pouvoir lire par plaisir "à la demande", et ne me déplace que rarement sans lecture. Pour reprendre ta question en la modifiant, je lis beaucoup, mais j'aimerais lire plus. et je pense comme Leiris que je n'aurais pas le temps de lire tout ce que j'aurais aimé lire. Surtout que les publications nouvelles m'intéressant potentiellement ne cessent d'apparaître ! La flèche de Zenon jamais n'atteindra sa cible !?
Wow déjà merci pour la réponse détaillée, c'est hyper intéressant, y'a plein d'éléments pertinents. J'essaye de recueillir des témoignages à l'oral, une sorte de conversation discord, avec des questions écrites à l'avance, je crois que tu ne fais pas trop partie de ce genre de personnes (comme moi en fait) mais si tu es quand même intéressé je t'invite à me contacter sur discord insta nico_rdl_hu ou bien Facebook Nico Rondel.
Salut Wouah c’est vaste. J’ai noté des trucs pêle-mêle et j’ai tenté une vague catégorisation de l’ensemble. A prendre ou à laisser 1-La nature de chaque individu. Moi, j’aime lire autant que j’aime plein d’autres trucs. Le temps a ses limites et je ne lis pas certaines périodes, préférant d’autres activités, puis je reviens dessus parce que je suis repassé dans le mood lecture. J’ai une approche cyclique des passe-temps que je ne contrôle pas trop. Et j’apprends à faire avec, grand bien me fasse. A l’inverse, d’autres ont une approche naturellement basée sur le plaisir dans la répétition et la rigueur quotidienne (lire avant de se coucher par exemple) et c’est un acte inconscient tout aussi louable. Bref faut commencer par chercher à se connaître pour se dire quand est ce qu’on veut lire. Et acheter un livre ne sous entend certainement pas qu’il faut se lancer dans la lecture aussitôt. Ça peut arriver des mois plus tard, et alors? 2- La raison réelle de l’achat d’un livre. 2.1. Un individu considère la chose acquise comme une finalité (matérialisme au top!). La bibliothèque est bien remplie mais la tête est toujours aussi vide. Adorer lire, vraiment ? J’en connais qui font genre . Lire, c’est pour soi et pour la culture qu’on souhaite se forger, pas pour briller en société. Donc faut trouver ce qu’on a vraiment envie de lire avant d’acheter. Ça motivera naturellement. De quoi sommes-nous curieux ? 2.2 trouble de la consommation. Il y a des achats compulsifs aussi. On achète un livre sur le coup, mais en fait on s’en fout. 3- Qu’est ce qui nous empêche de lire vraiment? Si on ne lit pas alors qu’on « adore ça », en tout cas on a plutôt choisi de faire autre chose. Cet autre chose on « l’adore » aussi, c’est un choix volontaire (autre passe-temps, avoir une vie sociale). Ou bien cet autre chose on le subi, c’est un choix par subordination (aller sur YouTube et enchaîner les lectures recommandées par l’algorithme). Le but ultime serait de remplacer les choix subis par des choix volontaires. C’est pas un drame quand ça arrive de temps en temps, mais faut savoir dire stop. De moins en moins facile au fur et à mesure des générations. 4- lire oui, être seul non. Un copain a cette contradiction d’aimer lire moins qu’il a besoin d’être toujours entouré. Donc plus d’énergies pour lire dans ses moments solos. Lire c’est donc accepter de s’offrir une bulle, quelques heures de solitude. Je sais pas si ça te servira, je sors peut être du cadre de ton thème. A prendre ou à laisser. Tchuss
Bonjour, dans le cadre d'une vidéo YouTube j'aimerai recueillir des témoignages concernant ce phénomène : avoir des bouquins chez soi, continuer d'en acheter, mais ne lire que très peu d'entre eux, alors qu'on aimerait lire plus. Mon domaine c'est plutôt les mangas et les comics, mais tout lecteur traversant ce trouble est invité à en discuter. Merci d'avance pour vos réponses, n'hésitez pas à en parler à des connaissances à vous qui pourrait vivre ce phénomène.
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