Auteurs et autrices / Interview de Svart
Svart est considéré comme une référence en matière de colorisation de bandes dessinées ; c’est aussi un boute-en-train de compétition, qui n’a pas sa langue dans sa poche.
Salut Spooky, (ça veut dire quoi toi-même d’ailleurs ?)
En fait, c’est mon vrai nom… déçu hein ?
Non tout simplement, je suis trapu, chevelu et barbu… et grognon, très grognon... ce qui m’a souvent valu d’être traité de nain. A la base, comme j’avais une idée de monter une sorte de studio, le svartalheim qui est, dans la mythologie nordique, le pays des nains, me semblait donc un nom approprié.
De là, comme finalement je me suis mis à bosser en solo, svart s’est un peu imposé comme pseudo (parce que svartalheim c’est trop compliqué faut avouer).
Car oui je voulais un pseudo pour éviter que les fans en rut se bousculent à ma porte, j’aurais eu du mal a contenter tout le monde, ça plus le fait que signer de mon nom me donnait l’impression de remplir une copie comme à l’école ou ma feuille d’impôts... bref.
En plus, je ne le savais pas a l’époque mais cela veut dire « noir » en suédois (en fait dans tout les langues scandinaves il me semble) et je trouvais ça marrant pour un coloriste de s’appeler noir.
Tu es donc coloriste dans la bande dessinée, comment en es-tu arrivé là ?
Assez par hasard. Petit je voulais faire de la BD, je ne lisais pas, je ne dessinais que peu mais j’avais décidé que c’était ça que je voulais faire.
Bien sûr ça n’a pas suffi pour convaincre mes parents de me pousser dans cette voie, car normalement les gens qui veulent faire ce genre de choses n’arrêtent jamais de dessiner, de raconter des histoires, moi je préférais me battre avec mes peluches (faut dire qu’elles étaient sacrément coriaces ces saloperies) alors j’étais moyen crédible. Du coup j’ai eu le droit au « trouves-toi un boulot avant de te lancer dans quelque chose d’aussi incertain ». J’ai détesté mes parents… mais avec du recul ils avaient raison, je n’étais pas mûr pour faire des études « artistiques ». Et depuis je leur en suis très reconnaissant, et ils me soutiennent énormément.
Alors j’ai passé mon bac avec mention branleur, et j’ai obtenu mon BTS mention « pourquoi vient-il en cours ? », ce qui m’a permis de trouver un emploi de projeteur en bureau d’études. Ca allait pas mal niveau boulot mais ce n’était pas moi, j’ai donc repensé à mes rêves d’enfant protégeant le monde contre les peluches démoniaques et je me suis mis à m’intéresser à la bd, à traîner sur des forums spécialisés, et ainsi j’ai commencé à tisser un réseau de contacts. Je dessinais mais ce n’était pas terrible, toujours un p’tit côté dilettante. Je n’ai jamais appris à dessiner en fait et je ne mettais pas de couleur, houlala c’était trop compliqué.
Pis je me suis dit que comme je ne pouvais être dessinateur vu mon niveau je serai infographiste, alors j’ai gratté sur Photoshop… Pis une chose en entraînant une autre je me suis mis à coloriser les dessins des autres. Et mes couleurs plaisaient plus que mes dessins. Aurélien Morinière me suivait de loin, me conseillait, et petit à petit ça ressemblait à quelque chose de potable… J’ai aussi été en relation avec Noredine Allam du studio 2hb qui m’a appris sa manière de coloriser, très comics à l’époque, très « technique ».
Je m’en suis détaché depuis, mais ça a été la base de tout.
Tu n’as pas fait de formation spécifique ?
Quand j’ai commencé à avoir un niveau correct je travaillais encore dans mon bureau d’études, et j’ai pu faire un CIF (congé individuel de formation) ; je me suis dit que c’était l’occasion d’acquérir certaines compétences en plus pour affiner les choses car j’étais complètement autodidacte. Finalement j’ai fait une formation d’infographiste 2D et 3D ainsi que de motion capture (étant attiré par les effets spéciaux dans le cinéma et toujours curieux d’apprendre) ; ça m’a également permis de faire un stage au studio 2hb à Amiens justement, encore une fois c’était surtout pour baigner dans l’ambiance, je suis une éponge, j’ai besoin d’être à proximité des choses pour apprendre, le faire dans mon coin ça m’ennuie.
Du coup, j’ai des diplômes, si, si ! Mais c’était surtout pour me connecter un peu dans le monde artistique car finalement pour la colorisation ça ne m’a pas apporté grand chose de plus (même pas un peu de rigueur technique, je suis toujours à l’ouest en ce qui concerne les formats et l’impression).
Tu es une éponge, hein… Quelle est ta bière préférée ?
Oh ben tout de suite c’est facile ça hein… pffff… non mais je te jure… (Je suis plutôt blonde ou ambrée, Welscotch, Leffe, Carlsberg etc.)
Quelle est ta technique ?
Faire ce qui vient comme ça vient… et ce n’est pas facile tous les jours.
Comme j’utilise l’outil informatique, j’essaie de garder une couleur vivante, et qui dit vivante dit pas parfaite. Je m’interdis de repasser trop souvent sur les mêmes endroits afin d’affiner les choses, c’est une dérive de l’informatique que j’exècre. C’est d’ailleurs ce qui donne cette image « froide » qu’on reproche souvent à la colorisation info.
Alors je déborde parfois, pas volontairement hein, juste parce que je bosse comme un sale, j’oublie des choses, parfois un peu trop j’avoue, ce n’est pas facile de créer le hasard. Mais c’est bien plus fun à faire.
J’aime le chaos, ça vit, c’est intéressant.
Comment conçois-tu le métier de coloriste, par exemple dans les relations avec le dessinateur ?
Houlà, j’espère que tu es assis et pas sujet aux fourmis dans les fesses !
En gros tout le monde le sait le coloriste a du mal à être reconnu comme auteur. Ca peut se comprendre quand on regarde l’histoire du métier où à la base la couleur était surtout confiée à des studios qui faisaient ça à la chaîne, du très bon boulot mais peu de personnalité dans la couleur, car chacun devait pouvoir travailler comme l’autre pour aller plus vite.
De plus, beaucoup voient les choses de manière très hiérarchisée et dans cette vision le coloriste est tout en bas de l’échelle, un simple exécutant au service du dessinateur qui est au service du scénariste. Je trouve que c’est une vision très réductrice (et malheureusement répandue dans tous les métiers, la hiérarchie sert à organiser les choses et répartir les tâches en fonction de ce que chacun sait faire, mais aucunement à donner une « valeur » à chacun). Dans ces guerres d’ego, on oublie le but de faire une bd et c’est dommage.
Je pense qu’on peut quand même dire des choses avec la couleur, influencer la perception d’un récit, c’est une grande responsabilité. A un moment où je n’y croyais plus, Philippe Caza (le grand) m’a dit « c’est un boulot important la couleur, c’est la première chose qu’on regarde en ouvrant un livre. La couleur, puis si elle nous plaît le dessin et alors on pourra s’intéresser à l’histoire et le livre pourra vivre ». Cet homme est un sage !
Bien sûr si on décide de faire cela il faut aussi accepter de s’impliquer. Beaucoup voudraient la reconnaissance en tant qu’auteurs mais se contentent de faire la couleur et… c’est tout. Etre auteur c’est intégrer un projet et le servir.
Pour moi le chef c’est le projet, et on met toutes nos compétences et un peu de nous à son service pour raconter la meilleure histoire possible et donner le plus de plaisir possible aux gens et du coup c’est encore mieux si on n’est pas d’accord, si la discussion se met en place, alors le projet n’en devient que plus riche.
Bref c’est aussi pour ça que je me déplace en dédicace même seul pour défendre les projets car ça fait partie du jeu (et que c’est un vrai plaisir, je me sens chez moi en festival pis y a de la bière).
Bref être coloriste, pour moi… c’est faire de la bd.
Alors bien sûr quand on a envie de raconter des histoires le fait d’être le moins impliqué dans le processus de création est parfois frustrant, mais il ne tient qu’à nous de faire ça… ailleurs :)
Comment interagis-tu avec Aurélien Morinière, qui est aussi coloriste ?
Quand il n’est pas content je lui pète la gueule et tout va bien.
Mais en vrai ce n’est pas souvent, c’est très particulier avec Aurélien ; c’est quelqu’un qui a tout compris dans le sens où s’il choisit de déléguer ses couleurs alors qu’il sait le faire, ce n’est pas pour obtenir ce que lui aurait fait.
Alors je suis totalement libre, et ça fonctionne très bien, nous sommes aussi amis avant tout, ça simplifie pas mal de choses dans un métier où l’affectif est très important, du moins pour moi ; il y a aussi des gens qui ne font ça que comme un simple « boulot » et tant mieux pour eux si ça leur convient… Si je voulais un simple boulot je serais resté dans mon ancien travail, ça paie carrément mieux !
Tu as débuté sur Les 3 petits cochons ; comment cela s’est-il passé ?
Comme je disais plus tôt, je connaissais Aurélien depuis longtemps déjà ; il faisait toutes ses couleurs et la question ne s’était pas posée. Quand il a commencé à faire des albums chez Emmanuel Proust, il s’est retrouvé avec plein de projets en même temps et ne pouvait pas tout assumer. Il a donc cherché un coloriste… mais pas moi.
Je l’ai appris je ne sais plus comment. Je suis omniscient rien ne m’échappe ça doit être ça ! Et je l’ai tout de suite contacté, un peu vexé, l’œil humide. Il m’a répondu que vu qu’on était amis il ne voulait pas risquer, s’il n’aimait pas mes couleurs, que ça change quelque chose entre nous. Ce que je peux comprendre, mais le boulot c’est le boulot, quand on me fait faire un essai je propose ce qui sort, et puis ça plaît ou pas, ce n’est pas vraiment mon problème (plutôt celui de mon banquier en fait), mais le fait qu’on soit amis ne l’obligeait aucunement à aimer ce que j’aurais fait, mais il fallait essayer pour voir.
J’ai donc fait un essai (la première planche de l’album qui d’ailleurs n’a pas été retouchée) et ça a été un grand oui de la part d’Orel et d’Emmanuel Proust. Tout simplement.
Tu colorises ses BD orientées jeunesse, mais pas ses albums « adultes » ; pourquoi ?
Parce qu’il fait ses propres couleurs et qu’il le fait même mieux que moi ! Je ne suis là que quand il ne peut pas tout faire. Ca lui permet de faire plus d’albums et de combiner ses différentes envies, et moi ça me permet… de faire des couleurs ^^
Passons un peu à la suite de ta bibliographie en tant que coloriste. Après les 3 petits cochons tu es passé à Missy, un album un peu étrange. Comment es-tu arrivé sur ce projet ? Tu n’avais jamais rencontré le dessinateur, Hallain Paluku, jusqu’il y a quelques semaines !
Missy est un album un peu étrange, mais qu’est ce qu’il est bon ! ! (d’ailleurs il est réédité en avril pour ceux qui l’ont raté), je connaissais un peu Benoît Rivière, le scénariste, on avait essayé de bosser ensemble sur un projet qui n’a pas vu le jour. Quand il a lancé Missy avec Hallain, il m’a naturellement fait faire un essai et là encore ça a coulé tout seul.
Et oui effectivement je n’ai rencontré Hallain qu’il y a peu de temps… et Benoît… pas encore. C’est la magie de notre temps : on travaille par Internet, on se téléphone des 4 coins de la France (ou d’ailleurs), on pourrait croire que c’est impersonnel, mais pas tant que ça. Les gens se révèlent très vite même par Internet surtout quand on bosse sur un projet.
Alors ça roule comme ça et c’est tant mieux ; je pense que Missy n’a pas souffert de ça et c’est l’essentiel.
Tu passes ensuite aux "Hydres d’Arès" ; tu as fait le tome 1 mais finalement ça s’est mal passé…
Ca ne s’est pas mal passé, juste qu’on s’est aperçu trop tard que ça ne fonctionnait pas entre nous, il a fallu finir le projet et le sortir. J’ai quelques regrets sur l’album, sur la façon dont ça c’est passé, c’est une sorte d’échec. Mais ça m’a énormément appris.
Et je tiens à préciser qu’il n’y a aucune animosité entre Alexis, le dessinateur, et moi, on a d’ailleurs été très clairs à l’époque. Le reste, c’est de la tambouille d’auteur, parfois ça marche, parfois ça marche pas.
Tu t’es diversifié l’an dernier avec les couleurs du "Sixième soleil", un western paru chez Glénat, et réalisé par Moënard et Otero. Quel a été le challenge à relever sur cette série ?
Euh… aucun challenge.
En fait ce projet est encore une histoire d’amitié. Nicolas Otero et moi nous sommes rencontrés en festival, ça s’est tout de suite bien passé entre nous (entends par là, on a tout de suite foutu le bordel dans la cantine ^^), et on s’est promis de bosser ensemble. Ca a pu être possible sur Sixième soleil alors on l’a fait.
Je suis sur le tome 2 là, c’est vraiment une série sur laquelle j’aime travailler ; tout est bien, avec Nicolas, avec Glénat… c’est reposant !
Tu es aussi dessinateur. Comment as-tu « forgé » ton style, cher Maître Nain ?
Hu hu ! Je t’ai dit que j’aimais le chaos déjà ?
D’abord ne nous emballons pas… si on cuisine chez soi, on est pas pour cuisinier pour autant ! J’ai de multiples influences, mais, si je dois choisir, Mathieu Lauffray, Alex Alice, Claire Wendling... toute cette « école » me fascine. A la base je voulais être Mathieu Lauffray ^^, je trouve que c’est un des meilleurs compromis dessin/univers, ce qu’il fait me touche. Alors comme tout le monde (ou pas) j’ai voulu ressembler à mes « modèles », je dessinais dans un style réaliste. C'était catastrophique ! Il a bien fallu me rendre à l’évidence : je suis un glandeur, et je n’ai pas cette rigueur qu’il faut avoir pour dessiner dans ce style-là. Je pensais que cela me correspondait parce que ça me plaisait en tant que lecteur, mais non ce n’était pas moi.
J’ai arrêté un moment de penser que je pourrais dessiner de la bd, je ne dessinais même plus du tout, me disant que je devais me concentrer sur la couleur, accepter que je ne savais pas dessiner, continuer à faire ce que je savais faire et peut-être développer des histoires, car ça je sais faire (même si là encore niveau écriture je n’ai aucune technique), pour un jour pourquoi pas être scénariste. Il faut savoir ne pas s’entêter bêtement et quand un chemin ne fonctionne pas ne pas hésiter à en prendre un autre.
J’ai continué a lire de la bd (rattrapant mon retard quelque part), et à m’ouvrir également à d’autres choses, des styles favorisant l’expression et la spontanéité à la technique ou surtout au réalisme des choses plus simplifiées pour créer une sorte d’écriture graphique (Mathieu Lauffray fait ça aussi sur Long John Silver dans un style qui reste très réaliste, ce type n'est pas humain en vrai je pense), un dessin plus « ressenti ».
Puis il y a peu, avec un pote on s’est mis à se lancer des « défis », histoire de se faire plaisir en dessinant sans pression : un thème, un dessin (ou une photo), pis quand les deux ont fini un nouveau thème. J’étais très pris a l’époque par la colorisation mais ça m’amusait de m’imposer cet exercice, en quelques thèmes, l’urgence aidant, il est sorti quelque chose de plus spontané, de plus direct. De là est né un trait un peu plus fluide (ou filiforme je sais plus ^^), plus facile, moins intellectualisé. Un truc qui me collait à la peau. On m’a encouragé dans ce sens. Et… c’est tout.
Mais attention je ne me considère pas encore comme un dessinateur, disons que je gribouille pour raconter mon histoire et que si c’est agréable à l’œil, tant mieux, je m’appuie beaucoup sur la couleur également et l’important reste la narration.
Pis on va aussi attendre de voir si ça plaît hein si tu veux bien ?
Justement, tu prépares actuellement un projet qui devrait sortir à la Boîte à Bulles en 2011 ; peux-tu nous en parler ?
Oui je peux.
Fufufufu…
Allllllleeeez ne te fais pas prier, je sais que tu brûles d’en parler !
Je m’étais mis en tête de dessiner une histoire courte pour affiner mon dessin, mais ça a dérapé… Du coup, il s’agit d’un one shot, a priori d’environ 70 pages.
C’est un projet qui me tient à cœur, un projet « champignon » qui a poussé en quelques jours alors même que je ne cherchais pas particulièrement à monter un projet. Et d’ailleurs à un moment où je n’avais pas le temps de le faire en fait. J’ai eu une idée suite à une conversation avec Tony Sandoval et aux dessins « défis » dont je parlais plus haut, celui qui s’appelle « minuit » notamment… et « enfance ». Le tout mélangé, je ne sais pas comment, m’a donné l’idée de ce récit de la rencontre entre Lucas, un jeune garçon solitaire et Eléonore, une jeune fille coincée dans les limbes depuis 100 ans car morte dans une totale indifférence. Je n’ai rien écrit à la base, juste commencé le story-board de leur rencontre, puis écrit le synopsis et fait quelque planches ; j’ai présenté le projet « brut » et la Boîte à Bulles a vraisemblablement apprécié puisqu’elle a accepté de le signer, m’offrant ainsi l’opportunité de devenir un auteur complet…
Depuis, mon carrelage n’a jamais été aussi propre puisque je ne cesse de me rouler par terre.
C’est une histoire un peu morbide de prime abord mais pleine d’espoir. J’y attache beaucoup d’importance et espère que ça se sentira dans le livre au final ! Je suis réellement heureux d’avoir la possibilité de le faire, grâce à la confiance des gens de la Boîte à Bulles !
Comment s’est passée la rencontre avec Vincent, ton éditeur ?
Ben là encore, en vrai on ne s’est jamais vu… enfin on s’est croisé au salon du livre tout récemment mais le rythme du week-end ne nous a pas permis de nous voir plus.
En fait je le connais depuis Missy, tu t’en doutes, et depuis ce projet il me contacte régulièrement pour des travaux de couleurs, ça a rarement pu coller pour des questions de planning, (enfin là je viens de finir un bouquin qui sort en mai « Fauteuils en états de siège » et j’en commence un autre a priori à sortir pour la rentrée) et quand j’ai fini mon dossier je le lui ai tout naturellement présenté. Il m’a répondu « c’est joli, c’est très Boîte à Bulles… ça roule si tu es d’accord ». Parfois il arrive que les choses soient simples dans la vie !
Va-t-il intervenir sur le processus ?
On va travailler en « interactif », c’est une chance pour un premier bouquin ! En gros j’aurai l’avis de Vincent sur tout le processus de création, le story-board et les textes, le tout pour faire le meilleur livre possible. Je connais bien la façon de travailler de Vincent (et de son acolyte Francis qu’il ne faut pas oublier) et il y a une vraie relation de confiance entre nous, je sais que bosser comme ça ne dénaturera pas du tout mon projet qui reste très personnel, mais ne fera que l’enrichir. C’est une chance exceptionnelle, je suis ravi.
Ton style est très proche de celui de Tony Sandoval, dont tu parlais plus haut. Je suppose que tu l’assumes sans complexes ?
J’assume toujours tout moi monsieur.
On en a parlé ce week end avec Tony justement. nos univers sont très proches. Alors oui, son influence est présente car il ne faut pas oublier que ce sont mes premières planches finalement, c’est normal que mes influences ressortent. Un gars qui fait une école, bien souvent, dessine comme on lui a appris, son style évolue et il se forge au fil du travail nourri par sa personnalité et son expérience. N'ayant jamais appris a dessiner, mon école est dans mes lectures et surtout dans mes rencontres, mais c’est le même principe. Pis le trip tentacules semble une constante chez les métalleux, faudrait analyser ça p’tet, on a tous quelque chose en nous de Cthulhu à priori ^^.
Mais il y a quand même de très grosses différences notamment dans la structure du dessin qui chez moi est plus « basique », plus réaliste (résultat de mes autres influences). Et il n’y aucune comparaison possible puisque Tony est un des meilleurs dessinateurs du moment, avec un style très personnel et une écriture graphique « incopiable ».
Pis c’est le style de dessin sur ce projet ; cela colle bien à ce que je veux raconter, peut-être que pour le prochain cela changera suivant les besoins, les envies et l’état d’esprit.
L’une de tes actus c’est la sortie de La Véritable histoire du Chat botté, adaptation du film d’animation éponyme qui sort lui aussi prochainement… As-tu eu des contraintes à respecter en termes de tonalités, d’ambiances sur ce one shot ?
On avait Aurélien et moi des images du film comme références, pour le dessin et la couleur (même si certaines étaient en… sépia), donc oui plein de contraintes, mais on a su je crois ne pas se faire bouffer par le projet et garder notre personnalité. Ca a été un peu fastidieux par contre, assez difficile, car on a plutôt l’habitude… de faire ce qu’on veut. Mais au final le bouquin est joli je trouve, surtout si on compare à la plupart des adaptations de dessins animé (mais être meilleur que le pire est il vraiment intéressant ?).
As-tu d’autres projets en vue ?
Le jour où je n’ai plus de projet dans la vie, je peux m’asseoir dans un coin et attendre de sécher, c’est un peu ma vision des choses. Alors oui des projets j’en ai plein au stade embryonnaire ou plus avancé. Dans l’immédiat il y aussi des choses en attente de signature, un projet ou je suis coloriste avec Isabelle Bauthian au scénario et Michel-Yves Schmitt au dessin. Des choses en attente avec Nicolas Otero aussi.
Je vais bien sûr faire ma BD à la Boîte à Bulles, car il ne faut pas oublier que c’est tout frais et 2011 ça paraît loin, mais ça va être très vite là, mais pendant ce temps je vais me mettre à la recherche de dessinateurs pour des scénarios que j’ai sous le coude.
En gros j’ai 3 histoires quasiment prêtes… mais je n’écris pas plus, car j’attends de rencontrer les gens qui voudront travailler dessus pour en discuter, construire le tout ensemble, je me vois mal tout écrire et imposer les choses à un dessinateur qui aura certainement des envies, des idées. Mais du coup forcement ça prend plus de temps pour lancer les choses, il faut qu’il y ait un climat de confiance qui s’installe. Monter un dossier c’est un gros investissement et me pointer en disant « j’ai une histoire, elle n’est pas écrite hein mais j’aimerais bien que tu passes des heures à bosser dessus pour voir si ça colle » à un inconnu n’est pas possible. Et les dessinateurs que je connais sont tous surbookés… alors patience, les choses se mettront en place naturellement au fil du temps. J’ai d’autres choses en tête encore, des concepts que je compte développer bientôt et qui me tiennent très à cœur… mais c’est encore tout frais et trop tôt pour en parler !
J’aimerais aussi, quand ce sera possible, monter un petit atelier. Je pense que l’émulation que ça créera sera bénéfique pour les projets (oui encore et toujours ^^) et pour les personnes. Ce sera dans un premier temps pour des projets bd, mais qui sait ce qui pourra sortir de tout ça au final ?
Pis après les projets il y a les rêves… J’ai bien l’intention quoiqu’il arrive de faire un film de zombies qui tache juste parce que j’ai envie, et parce que j’ai un scénar (dans ma p’tite tête bien rangé au rayon « j’attends l’occasion »), mais si derrière cela ouvre d’autres possibilités je ne me ferai pas prier. J’aime raconter des histoires, peu importe le support et au contraire plus les supports sont variés plus c’est intéressant
Un projet de livre de fantasy aussi, basé sur mon tout premier scénario écrit il y a… pfiou... 12-13 ans au fond de la classe, il est tout poussiéreux mais avec du recul, il y a quelque chose à en faire je pense.
Quand tout ça sera mis en place je réfléchirai à la suite ^^
Tout ça fait donc partie de ton projet global de conquête du monde. Tu sais que BDTheque fait aussi partie d’un projet de ce type de la part d’Alix, notre webmaster ? Vous allez avoir assez de place sur le même monde ?
De monde il y en a un pour chacun, alors je ne pense pas qu’on se marchera sur les pieds… et si malgré tout c’est le cas… que le meilleur gagne.
Sinon, as-tu d’autres passions que la BD ?
Les diverses mythologies, qui sont de supers moyens d’étudier l’homme en général et l’étude des arts martiaux comme philosophie de vie me passionnent énormément. Je pratique le taekwon-do ITF (international taekwon-do federation, différent du WTF world taekwon-do federation, celui qu’on voit au JO) même si je n’hésite pas à aller voir ailleurs de temps en temps ; je l’ai même enseigné… C’est une vraie passion, j’adore ça, malheureusement, c’est une activité entre parenthèses pour diverses raisons, notamment le fait que comme on est peu nombreux en France (ce n’est pas le taekwon-do des JO, rien à voir), on est très tôt impliqués dans la « politique » et personnellement… ça me gonfle la politique (je l’ai dit au tout début, je suis grognon). Mais je devrai bientôt bouger et qui sait ce sera peut-être l’occasion d’ouvrir un nouveau club pour tout recommencer.
Sinon il y a la musique, j’en joue un peu en gratouillant sur une basse depuis un an, mais rien d’exceptionnel, mais l’écouter, ça je ne peux pas m’en passer. Peut-être qu’un jour si j’ai le temps je m’y mettrai sérieusement.
Et bien sûr le cinéma, un peu tous les genres, mais avec une grosse dominante « films de genre » quand même tendance gore (ah Peter Jackson et Sam Raimi, Romero tout ça tout ça...)
Et j’ai plein de bouquins que je ne lis pas, ça c’est juste pour frimer quand une fille passe a la maison.
Et… ça marche ?
Au début oui, elle me regarde généralement avec les yeux embués, émue par tant d’intelligence, de savoir et de culture concentrés en un seul être, limite blasphématoire tellement il est parfait. Mais elle s’aperçoit vite que c’est du flan et que j’ai l’intelligence et la culture d’une amibe hypocondriaque asociale baignant dans le formol. Et là ça foire.
Pour finir, dans l’éventualité d’un tournoi d’arts martiaux entre une éponge qui fait du taekwon-do, un zombie amateur de bières et un nain rompu aux arcanes du Chaos, lequel serait le vainqueur selon toi ?
Le plus naturel, le plus disponible, le plus « aware » ; pour faire référence a un grand philosophe un combat n’est jamais perdu d’avance même pour une éponge surtout si elle fait du taekwon do car… le taekwon do c’est pour les costauds, le karaté c’est pour les…. (hop un p’tit clin d’œil en passant ca ne mange pas de pain). Mais le zombie, c’est la classe aussi !
Svart, merci.
Merci à toi Spookynet.
Bibliographie :
- Les 3 petits cochons en 2006
- Les Sept nains et demi en 2006
- Missy en 2006
- Tome 1 de Les Hydres d'Arès en 2007
- Le Petit Mamadou Poucet en 2008
- "Le Sixième soleil" en 2008
- La Véritable histoire du Chat botté en 2009, BD adaptée du film qui sort le 1er avril.
A paraître :
- Fauteuils en état de siège, La Boîte à Bulles, Paul Samonos
- "Le Sixième soleil" tome 2, sortie à la rentrée normalement.
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