Auteurs et autrices / Interview de Georges Ramaïoli - suite et fin
Une carrière de 35 ans, et des moments inoubliables pour Georges Ramaïoli, auteur de BD historiques et d’autres choses. Une interview patrimoniale, avec un auteur au franc-parler inimitable.
En filigrane de vos œuvres, il y a donc un réel intérêt pour la cause des natifs, que ce soit en Amérique du Nord comme en Afrique. La BD est-elle un bon media pour parler de politique ?
Comme dit plus haut, il doit y avoir une constante... J'adore essayer de récréer des univers disparus, des époques et je trouve dans l'Histoire beaucoup plus de faits spectaculaires que je ne pourrais en inventer... Je n'ai pas vécu à ces périodes, donc malgré le soin que j'ai à les faire revivre, je ne suis pas dans la mentalité des hommes de cette époque... Je ne peux que voir cela avec ma morale avec mes idées du XXème, XXIème siècles.
La seule chose que je peux dire est que l'Histoire bégaie. Ce qui a été fait dans le passé, les hommes le referont. Je ne peux que fustiger la bêtise, la suffisance, la cruauté et le racisme que j'espère avoir banni de toutes mes BD. Bien qu'essayant d'être objectif et n'ayant jamais pris les indiens, les zoulous ou autres spoliés pour des petits saints non plus... Maintenant, il faut relativiser : une BD est une oeuvre de divertissement, pas un manifeste politique. Déjà heureux si j'arrive à agrandir les connaissances de certains sur les sujets que je traite et si un tant soit peu il transparaît une morale dont je n'ai point honte...
Quels que soient le sujet et l’époque choisis, on peut remarquer la qualité de la documentation, qui vous permet un grand réalisme dans vos histoires. Comment procédez-vous lorsque vous devez réaliser une nouvelle histoire ?
D'abord, c'est une idée, et puis je cherche tout ce qui s'y rapporte...J'ai été frappé d'entendre Ridley Scott dire qu'au départ de Gladiator il y avait le tableau de Gerome. Une simple image dégage une envie de faire... Quand j'étais gosse et que lisais les "Oncle Paul" ou les Récits complets de 4 pages de Tintin, j'allais aussitôt chercher mes dicos et approfondissais le sujet. C'est pareil à chaque projet, le plus de doc possible, c'est du pinaillage mais c'est mon plaisir. On ne réalise pas que pour un simple western, on ne peut faire du n'importe quoi… (si on peut le faire… Il y a des tas d'exemples récents). Il faut connaître l'Histoire de l'Ouest, les costumes (changeant toutes les décennies), la faune, la flore, la géologie, les armes, la façon de monter, le type de chevaux de là-bas, les harnachements, les cuirs… Et après raconter une histoire plausible dans ce contexte. Idem pour le peplum, les Zoulous etc.
Parmi vos collaborateurs au fil du temps, on remarque quelques grands noms : Christophe Bec, Jean-Yves Mitton, Thierry Girod… La collaboration ne doit pas être la même avec chacun ; comment procédez-vous ?
Chacune en effet est un "mariage" d'intérêts très différents. Il y a des affinités, de style, d'envies, de générations... Des amitiés qui perdurent, des séparations, des trahisons… J'ai été gâté par le talent des gens avec qui j'ai travaillé et ils sont très nombreux... Certains ce sont "plantés" avec mes sujets, mais ont continué avec des réussites ailleurs, d'autres ont fait des succès et ont eu, j'espère, un bon tremplin... Des flatteurs ont la gentillesse de me dire que j'ai fait faire à certains leurs meilleurs albums… Je regrette surtout les projets ou séries que l'éditeur a condamnés sans appel, comme des morts-nés, il n' y a rien de plus déprimant que de n'avoir pu aller au bout de ses objectifs.
J'ai laissé sur la route Février, Bautista, qui ne manquaient pas de talent et que je n'ai jamais rencontrés... Mathieu qui a renoncé à la BD, comme René... Dominique Cebe qui avait (a) une grande potentialité et une gentillesse à toute épreuve... Philippe Aubert (scénariste de "Ardoukoba") fait une belle carrière de scénariste pour Game Boy, je le vois de loin en loin... François Corteggiani est resté mon ami de tous temps… Jean-Yves Mitton reste mon vieux complice qui comme moi s'achemine vers une fin de carrière assez proche. Jocelyne, André Houot, Serge Fino sont restés des amis et continuent une belle carrière ainsi que Michel Suro dont je regrette infiniment que nos divers projets n'aient pu aboutir… Mais il a montré toute une facette de l'étendue de son talent chez Delcourt et j'espère qu'il n'a pas fini de nous épater... Thierry Girod, j'en ai parlé… Si je déplore ses choix, le dessinateur n'en reste pas moins hyperdoué... Jean-Claude Cassini est quelqu'un qui se cherche toujours. Il avait une série en or avec Bouffe-Doublon et a fait un travail fabuleux, bien que disparate… Les critiques ont bien voulu dire qu'avec Séminole il avait fait son plus bel album. Il suivit quelques mauvais conseilleurs chez Soleil qui lui ont dit que ça faisait "ringard" de bosser avec Rocca/Ramaïoli… Il les a écoutés et est allé se perdre dans le "n'importe quoi"... Je crois qu'il "rame" pour revenir à une place que son immense talent devrait lui ouvrir…
Il n'y a que dans le cas de Bec, que je suis plus réservé... C'était un collage forcé, improbable, voulu par Soleil... J'ai vite réalisé que Bec était incapable de dessiner autrement qu'en copiant un document photographique ou dessiné… Il trichait avec chaque case, ruinant mon découpage, mettant des gros plans de comédiens qui ne ressemblaient jamais au personnage là où je décrivais des scènes d'action (une vue aérienne d'un village indien attaqué et brûlé par 300 rangers du 18° siècle devenait une photo d'un indien des plaines du 19ème assis sur une chaise disant "Ce jour là… Ils ont détruit mon village ! etc." ; rien ne l'intéressait de l'époque, des costumes, de l'ambiance… Totale méconnaissance historique. Les seules pages d'action, il les a fait dessiner par des membres du studio avec qui il travaillait. L'histoire se passait à deux époques distantes de 20 ans, été et hiver. On ne voyait pas la différence entre l'une et l'autre, le personnage restait vaguement juvénile et tout était du même gris. La pire expérience de ma carrière... Il a fait son chemin, et je crois qu'il a renoncé à dessiner, ça ne m'étonne pas, il n'avait pas le "feu sacré"…
Fenimore Cooper n'a pas bougé, ce n'est certainement pas moi qui ait apporté quoique ce soit à sa notoriété... On m'a quand même dit que j'avais fait " une adaptation des plus fidèles à son oeuvre"... (encore un boulot bien spécial, assez différent de scénariste : adapter, dialoguer et rythmer une oeuvre littéraire sans la trahir). Je n'ai revu que très rarement Jean Giraud... Je reste à jamais son débiteur et son admirateur. Pour tous, j'ai fourni la même chose, une fois que nous étions d'accord sur le sujet. Un découpage complet crobardé, avec textes, dialogues et explications au dos. Références et doc. et puis à eux de jouer avec, de respecter le découpage (fonctionnel de toutes façons) ou amener leurs interprétations dans la mesure où il n'allaient pas à l'envers du propos... A partir de là, chacun a développé sa créativité propre, son style...
Depuis quelques années Mitton vous a rendu la politesse en vous écrivant "Colorado", publié chez Carpe Diem, votre propre maison d’édition ; heureux de revenir à vos premières amours ?
Jean-Yves a eu vent à Lyon de la volonté d'éditer d'un publiciste... Je crois qu'il a un peu aidé, comme j'ai pu faire au début de Soleil... Cet éditeur, Jet Stream, a commencé son édition sur un projet de Jean-Yves, "Papoose"... Ce n'était peut-être pas le titre le plus vendeur pour démarrer... Quelque part ça ne s'est pas trop bien passé… Entre temps J-Y m'appelle en me disant qu'il cherchait partout un dessinateur de western et que personne ne savait plus en faire... Et que moi... Mais, j'ai plein de boulot... Il m'a dit "ça fait 15 ans que je travaille pour toi, tu peux bien me rendre la pareille !!". J'ai donc lu son idée, et ma foi, elle n'était pas inintéressante... Je rencontre donc le futur éditeur, et là, J-Y certainement avait dû se faire supplanter par Moliterni et d'autres requins de la BD venus à la curée d'un jeune naïf qui avait du fric… C'est là qu'on m'a parle de Mac Coy. Moliterni lui a refilé tous ses vieux ravants dont personne ne voulait plus. Les autres lui ont fait faire des albums lamentables tirés énormément dont les ventes ont été catastrophiques (qu'ils n'affirment pas le contraire, j'ai eu tous les chiffres à la liquidation judiciaire de la boîte, c'était déplorable...). J'ai donc dit " Ou je fais le projet de Jean-Yves, ou rien !". Le temps que je termine le T.1, l'éditeur qui avait déjà très mauvaise presse avait changé son nom de "Jet Stream" en "Carpe Diem". Rien n'y a fait, une quinzaine après la sortie de l'album, il déposait bilan... La série était foutue, une de plus… A la liquidation, nous étions prioritaires de rachat... Sur les 7000 exemplaires tirés il en restait environ 1000… J'ai proposé à J.Y de les racheter. Il a renoncé et m'a abandonné les droits… Plutôt que de les voir partir à la solde, j'ai racheté les 1000 albums et en les vendant petit à petit, cela m'a permis de financer un T.2, puis 3 et de payer le scénario de J-Y... "Carpe Diem" n'est pas mon édition, par contre j'ai été aidé par les éditions Daric qui m'accueillent dans leur structure (toute petite) ; je n'aurai jamais eu les locaux, les moyens, l'âge, ni la volonté de créer ma propre structure... Nous nous entraidons et essayons, très difficilement, dans ce monde surchargé de l'édition de survivre... Je suis ravi d'être revenu à mes amours d'enfance, le western… qu'importe si le genre est passé de mode ou mort. Il y a encore quelques suiveurs...
Plusieurs de vos séries, comme Séminole, Princesse Rouge, Aathon, ont dû être abandonnées… Sur choix de l’éditeur ?
Séries abandonnées... Il y en a pléthore !!! Il faut dire que nous n'avons absolument pas les mêmes critères, auteurs, lecteurs et éditeur... L'éditeur (Soleil en particulier) n'a aucun goût en matière d'art ou de qualité, se fout totalement du public, pourvu qu'il achète... Le seul critère qui fait pour lui qu'une série est bonne ou mauvaise qu'un auteur est un grand ou un nul, c'est ce qu'il lui fait rentrer en caisse… L'art, l'oeuvre de créateurs, l'attente du public, rien n'existe face à un tiroir caisse... "Les Maudits", "Le Fléau de Dieu", "L'Or de Saba", "Les Scythes", "Starblood", Princesse Rouge, Corpus Christi, "Barca", tout est passé à la trappe parce qu'ils n'ont pas rapporté le minimum ou juste frôlé le rentable... Pour Aathon et Séminole cela a été plus pervers, les scores pour de premiers albums étaient bons, mais il y avait une volonté chez les sous-fifres de Mourad (et sans doute de Mourad lui-même) de virer les "vieux" de la boîte...
Les séries Vae Victis et Wanted sont-elles bel et bien terminées ?
Oui, oui, bien finies… Wanted, je m'en suis expliqué… Vae Victis, malgré sa fin ouverte, est un retour à la case départ : CIRCUM PERFECTO, la boucle est bouclée. Ce sont bien les Romains qui ont gagné la Guerre des Gaules, Non ? Et nous n'avons plus l'âge, ni l'envie J-Y et moi de nous lancer dans des cycles encore longs et surtout (pour moi) plus aucune envie d'avoir quoique ce soit à faire avec Soleil…
En 1996 vous écrivez Barca, pour Michel Suro. Auriez-vous aimé prolonger cette collaboration ?
Bien sûr j'envisageais une saga à la Vae Victis : toute l'histoire de la famille Barca. Et j'étais ravi du travail de Michel et de couleurs de cet album (bien que Michel avait été un peu bousculé par l'édition à la fin qui le pressait de boucler...). Seulement Michel qui m'avait été présenté par François, avait déjà 3 échecs au compteur chez Mourad… 2 avec "Thunderhawks" et un avec la reprise assez catastrophique de Jugurtha… Mourad l'avait dans le collimateur… De plus, inculte comme il l'est, Barca ne signifiait pour lui qu'un mot arabe voulant dire destin ou malédiction. Pour lui l'album était marabouté et Michel un porte-guigne… "Barca" a été loin de faire les ventes de "Vae Victis" : à la poubelle ! Et la porte pour Michel... J'ai bien essayé plusieurs autres projets avec Michel, ils ne se sont pas concrétisés… Heureusement, il a fait son succès chez Delcourt...
En 2009 vous surprenez avec un récit érotique, "Victor Hugo et l’affaire des filles de Loth", chez Clair de Lune. Pourquoi ne pas avoir pris un autre pseudo pour marquer la rupture ? Ce récit va-t-il connaître un second tome ?
Comme je l'ai dit Rocca c'était pour Soleil, maintenant ma production est plus que restreinte, nul besoin de me cacher derrière un pseudo et surtout pas sur un érotique (léger) comme beaucoup... J'assume, et j'espère montrer qu'un peu de lubricité ne rime pas toujours avec vulgarité… J'ai d'ailleurs convoqué tous les littéraires du 19ème siècle en caution et écrit une grande partie en vers... J'espère prolonger la surprise et le bon accueil de ce tome 1 avec la suite et fin. Le tome 2 était fini à la sortie du tome 1, nous avions attendu pour faire un tir groupé. On a laissé passer l'été au milieu... Le 2 est sorti le 3 septembre. Le tirage spécial coffret le 17 sept... Il y a beaucoup de croquis de Julien Barthelemy… Je suis ravi de son travail, pour un premier album, je trouve qu'il s'est bien débrouillé...
Vous avez également œuvré en tant que directeur de collection, chez Soleil me semble-t-il ; étant par ailleurs auteur, n’y a-t-il pas parfois des tentations de mélanger les genres ?
C'est la position la plus fausse qui puisse se trouver... Obligé d'être dans les deux camps et de participer à la sale cuisine de l'édition, où le seul but de l'éditeur est de gruger au maximum ses auteurs… Mourad m'a souvent engueulé en me disant " je ne t'ai pas engagé comme assistante sociale !". D'autre part on ne s'y fait que des ennemis... Ceux à qui on refuse leurs projets, ceux qui passent quand même au-dessus de vous pour se faire prendre par l'éditeur à basses conditions et qui après vous considèrent comme un imbécile… Quand les albums ne marchent pas c'est votre faute, quand on a une sale corvée, c'est à vous qu'on la confie... Comme aller dire à Chéret qu'un de ses projets n'était pas bon… Ni Mourad, ni François n'osaient… Et moi, qui j'étais pour aller refuser Chéret ??? Heureusement André est un garçon en or... Puis il y a les jaloux et ceux qui veulent votre place et qui sont prêts à tout pour y arriver. Alors j'en ai vite eu marre et je n'ai géré que mes collections, mon énergie a toujours passé dans mes albums, pas dans des complots de rédactions, ni dans des flatteries aux journalistes...
Ah ! j'oubliais aussi les flatteurs, les hypocrites qui vous caressent quand vous êtes aux responsabilités et ne vous connaissent plus ensuite... Sale expérience... Je ne crois pas avoir jamais avoir fait le moindre tort à quiconque, ou alors bien involontairement. Mais je me suis senti sale de toutes ces années Soleil...
Vous avez connu les débuts de deux grandes maisons d’édition, Glénat et Soleil. Quel est votre sentiment aujourd’hui au sujet de ces deux éditeurs ?
J'en ai déjà longuement parlé… Même bonne ambiance de début, on croit nouer des relations d'amitié avec l'éditeur, on se croit "en famille". Comme je l'ai dit pas de sentiments face à un tiroir-caisse. Je suis un fidèle et j'ai commis deux fois les mêmes erreurs, rester fidèle, mettre tous mes oeufs dans le même panier... Quand vous avez une série vedette chez un éditeur, il ne sert à rien d'en faire une autre… L'éditeur poussera toujours l'une au détriment de l'autre et cherchera au bout d'un temps que vous exploitiez à fond le filon le plus rentable et quand le citron est pressé, on le jette...
Je dois dire que Mourad ne m'a presque jamais refusé un projet, tellement il n'aurait pas aimé que je bosse ailleurs, mais il en a étouffé au moins 70%. Il m'a quand même gardé jusqu'à ma retraite, c'est la seule chose positive que je lui reconnaisse... J'ai vu chez Glénat le succès de Bourgeon et la boîte grossir, les rédacs comme Filipini demander à tous les auteurs de faire du sous Bourgeon ou du sous Juillard… Pléthore de séries semblables… Quand le marasme est venu dans les années 80 tout ça a été balayé, n'ont subsisté que Bourgeon et Julliard... Chez Soleil, idem avec le boum de Lanfeust De Troy… Toute la boîte s'est orientée vers l'Héroïc Fantasy et les sous-Lanfeust. Le marasme de 2009/2010 est là… Que va-t-il en rester ? Je ne regrette ni mes débuts chez Glénat, c'étaient de belles années et j'étais jeune... Ni même d'avoir été au départ de Soleil (ce n'aurait pas été moi, ç'aurait été un autre), avec assez d'amertume quand même. Mais la reconnaissance ne fait pas partie des vertus de l'éditeur… Un jour un jeune auteur Soleil est venu me dire "Merci, grâce à toi et à Zoulouland j'ai du boulot !!!" Si ça a pu servir à ça… C'est bien que ces deux grosses boîtes existent, elles donnent du boulot et du rêve à des tas de jeunes… Tant pis si elles les exploitent et pressurent aussi… A eux de se battre pour faire valoir leurs droits…
Premier quelque part c'est toujours valorisant... Quand "Clair de Lune" a réédité "Starblood" en "John Sorrow", Mourad m'a dit : "C'est le premier album Soleil qui est réédité ailleurs, il a encore fallu que ce soit toi, le premier !!!!"
Votre carrière a commencé il y a 35 ans, vous terminez Mayas 4 qui sera votre centième album ! Quel regard portez-vous sur la BD d’aujourd’hui ?
Oui 35 ans de BD, 100 bouquins, quelques inédits dans mes cartons, des tas de projets avortés et des "qui sortiront jamais de mes pensées"... J'ai fait le métier dont j'ai rêvé depuis ma toute petite enfance, auquel j'étais sans doute destiné... J'en ai vécu, en ai fait vivre ma famille et les ai mis à l'abri du besoin. Pour quelqu'un qui a connu la pauvreté, qui a passé les premières années de sa vie de travail à rembourser les dettes qu'avaient contracté ses parents pour l'éduquer "comme il faut" qui s'est retrouvé à la sortie de l'armée avec 50 centimes en poche pour toute fortune…
C'est un assez beau parcours, bien chanceux aussi. Très dur, car je ne vous ai raconté qu'une infime partie des épreuves qu'un "auteur de BD" doit supporter de la part de ceux qui l'éditent, de ceux qui le vendent ou pire le diffusent... Jean-Yves me disait, il y a pas longtemps : "On s'en va sur la pointe des pieds, on n'a jamais été des "Stars", chouchous des médias… Mais on en a bien vécu, hein ? On leur en a fait voir !!!".
Lisez-vous beaucoup de BDs actuelles ?
J'ai un discours de vieux con sur la BD actuelle… Il y en a trop, de tout, tant mieux, mais il me semble aussi trop de mauvais... Les bibliothèques des lecteurs sont pleines, désorientés, ils n'achètent plus ou se réfugient sur des valeurs sûres... Il y a d'un côté d'excellents graphistes, mais qui reposent trop sur l'ordinateur et les scenarii faibles et des gens qui ont peut-être des choses à dire, mais qui ne savent pas dessiner... Je rigolais récemment avec un copain, je m'étonnais que tout un tas de djeuns dessineux avaient le même style... Il m'a dit qu'il existait un logiciel pour dessiner ainsi cracra… Un logiciel pour "mal dessiner", on aura tout vu... Je ne lis pratiquement plus de BD... Je le déplore… J'ai encore un peu été fidèle à Hermann et Giraud... Et puis, je me régale de littérature et de cinéma. Internet est un outil merveilleux pour retrouver son âge d'or... Voyez ! Un discours de vieux con. Mais je souhaite néanmoins bonne chance à tous les djeuns cons !!!
Quels sont vos projets ?
Je ne devrais plus avoir de projets. Mais peut-on exister sans projets ? Ne s'embête t-on pas sans rêver d'une histoire et vouloir la partager avec quelques-uns ? Pour l'instant, je me casse la tête avec un outil inconnu pour moi, l'ordinateur... Je dois scanner et maquetter mon "Mayas" 4 fait en couleurs directes et je ne trouve personne pour m'aider (la personne qui s'en chargeait est malheureusement malade, elle connaît toutes les clefs et pas moi !!). Ensuite, il faudra que je m'attelle au "Colorado" 4 sans l'aide, hélas de Jean-Yves, qui baisse les bras... Après une longue attente, il renonce à cette série et me l'abandonne (j'espère qu'il changera peut-être d'avis)... J'espère réaliser encore un "Mayas" 5 et un "Colorado" 5 pour boucler définitivement ces séries et refermer mes cartons... Tout dépend des problèmes de l'auto-édition… Un sujet que je n'ai pas abordé… auquel je me mesure depuis quelques 3 ans où bien rares ont été les appuis dans la profession… Quelques gentils bouquinistes, quelques libraires et organisateurs de festivals BD qui m'ont appuyé, un BD club... Mais où je me suis retrouvé face à la rapacité de presque toute la profession commerciale... Enfin... Tant que les petits cochons ne me mangeront pas... Que j'en aurai la force et après retraite définitive... Place aux jeunes...
Georges, merci.
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