Auteurs et autrices / Interview de Etienne Willem
Etienne Willem trace doucement mais sûrement son sillon dans la BD franco-belge. Inspiré par les récits animaliers, mais aussi par les enquêtes policières à l'ancienne, il nous propose des séries très sympathiques, toutes chez Paquet.
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Difficilement, je l'avoue.

La Bd a toujours été ma première passion, mais, étant autodidacte, il me manquait un bagage technique certain. On peut dire que le dessin animé a été mon école, j'y ai appris un tas de trucs sur le dessin, mais aussi sur la narration. Pourtant ce sont deux domaines diamétralement opposés. Dans le DA, il faut assurer la continuité entre deux plans : si un personnage finit un plan dans telle position, il doit commencer le plan suivant dans la même position. Tandis que dans la BD, l'espace entre deux cases peut, et doit, être géré comme un espace temporel, une ellipse qui permet de jouer sur le temps narratif. D'un autre côté, je dois admettre que dans le DA, j'ai croisé tant de gens qui voulaient faire de la BD et qui ont renoncé et se sont aigris que j'ai eu comme un électrochoc. Je ne voulais pas en arriver là et j'ai tenté une dernière fois ma chance chez les éditeurs. Ce qui fut payant... ou presque...

Les trois en même temps, je dirais. Tous trois m'ont bercé à divers moments de ma vie et la série voudrait être un vibrant hommage à ces chefs-d'œuvre, entre autres... Il faudrait aussi citer John Dickson Carr, Conan Doyle et Savard...

Oui, il sortira en... Mars 2011 ! En fait, il s'agit de la réédition du cercueil des souvenirs PLUS ce qui aurait dû être le second tome de la défunte collection Tékap. Soit un tome de 62 pages.

Déçu ? Oui un peu ; mais Pierre Paquet, mon éditeur, a très bien compris que je ne voulais pas en rester là. C'est pourquoi nous avons décidé de réintégrer le Cercueil des souvenirs dans la série Vieille Bruyère et Bas de Soie.

Assurément, c'est en écriture ! Il reste encore plein de choses à dire et à faire avec ces personnages auxquels je suis intimement lié. Dès que j'aurai fini le tome 4 de L'Épée d'Ardenois » je reviendrai vers l'inspecteur Arbuckle et miss Mac Millan pour un récit en 3 ou 4 tomes qui se passe pendant la seconde guerre mondiale.

Que répondre à ce compliment ?... Je pense que cette période est porteuse tant d'un point de vue romanesque qu'historique ; l'entre deux guerres, la proximité de l'époque victorienne et de ses mythes, Sherlock Holmes, Jack l'éventreur, Oscar Wilde, et l'ouverture sur l'époque contemporaine... Tout cela concourt à créer des récits proches de nous et exotiques à la fois...

Je cherchais une façon de faire de l'heroic fantasy sans avoir à créer un monde trop déroutant et compliqué. Bien souvent, l'heroic fantasy me semble être, à la base, une idée originale de monde, mais une fois dépouillée de sa cosmogonie propre, le récit se résume à : le gentil va tuer le méchant...
Bref, après avoir intégré un monde avec ses règles propres, on se trouve confronté à un récit basique.
Au contraire, je voulais créer un monde dans lequel le lecteur rentre d'emblée, pour créer une histoire un tant soit peu originale. Pour cela, le moyen-âge animalier « à la Disney » était le medium idéal. Mais ne vous y trompez pas. Il ne s'agit pas d'un récit pour enfants. Mon autre souhait était de faire un récit tout public, et mon plus grand plaisir, et cela arrive souvent, c'est quand on me dit: « Enfin un livre que toute la famille peut lire ». Actuellement, quand on présente un projet à un éditeur, la première question est : « Cela s'adresse à quel public ? ». Zut, toutes les études littéraires prouvent qu'un récit qui perdure dans le temps est un récit qui s'adresse tant aux enfants qu'aux adultes, pourquoi ce clivage dicté par je ne sais quelle règle commerciale ?!


Oui, je crois à la sincérité des choses. Un récit réalisé par un ordinateur en compilant les règles de la narration et les desiderata du public établis sur base d'un referendum, ne vaudra jamais un récit, même imparfait, mais fait avec ses tripes.

Oui, il y a un hommage à Disney, mais au-delà de ça, il y a une référence directe au roman de Renart. Le récit animalier fait partie de notre culture depuis La Fontaine, sinon depuis Plaute, et, quand Disney adapte Robin des bois, il reprend le casting du roman de Renart...

Non, j'ai toujours une idée précise de l'alpha et de l'oméga du récit, mais sur une histoire de 4X46 planches, il faut se laisser des blancs, des moments d'imprécisions, pour éviter de s'ennuyer sur la narration, et tant mieux si ces blancs viennent apporter un éclairage nouveau sur la suite de l'histoire. Pour être plus précis, je connais le début, la fin et les épisodes principaux de « L'Épée d'Ardenois », mais le chemin du point A au point B est parfois flou... puis il s'éclaire d'une façon qui me surprend, et si cela fonctionne avec le reste de l'histoire, je prends.


J'ai beaucoup de difficulté avec le principe du blog. Imaginez que votre maman vous téléphone tous les jours pour vous annoncer qu'elle n'a rien de nouveau à dire mais qu'elle prenne quand même vingt minutes à le faire...
Pour moi, le blog, c'est pareil. Ma vie n'a rien d'exceptionnel et écrire pour parler de l'onctuosité de mes selles... Bref. Il y a des gens qui font cela avec beaucoup de talent, ce n'est pas mon cas.

Ah! Pour cela, il faudrait que mes albums me permettent de subvenir à mes besoins, et comme j'ai charge d'âmes... Mais je ne désespère pas que cela arrive !

L'encrage, en ce qui me concerne, a tendance à raidir le dessin, donc, dans un premier temps, j'encrais sur calque pour garder mes crayonnés en cas de désastre, mais, grâce à la technique moderne, je peux désormais faire mes dessins préparatoires au bleu, puis les repasser au crayon noir. On scanne le tout avec une discrimination sur le bleu et, en jouant sur les contrastes, on obtient une planche avec des noirs « comme à l'encre de Chine » et un trait vivant. Voilà.

Une fois de plus. Étant autodidacte, la couleur me met mal à l'aise. J'ai donc recours à des coloristes depuis mon premier album. Depuis « L’Epée », j'ai envie de me mettre à la couleur, mais je me limite à quelques illustrations et aux quatrièmes de couverture. D'autant plus que Nicolas Imhof, le coloriste de « L’Epée » est quelqu'un d'extrêmement motivé et compétent.


Nicolas apporte beaucoup au récit, il m'a apporté des solutions là où je bloquais parce que je n'envisageais pas la couleur comme une donnée narrative. Nous parlons longuement, par mail, skype ou autre, des planches et de la façon dont nous envisageons les choses. On fonctionne en équipe comme le feraient un dessinateur et un scénariste.

Non, merci.

Finir les quatre tomes de l'Epée puis la suite de Vieille Bruyère et bas de soie, c'est déjà pas si mal, non ?

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