Auteurs et autrices / Interview de Serge Le Tendre
Serge Le Tendre est surtout connu pour être le co-créateur de la série culte La Quête de l'Oiseau du Temps. Mais ses univers se sont nettement déployés depuis, et tous valent le détour.
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Quand j’étais gamin, il y avait mon rendez-vous hebdomadaire du jeudi : celui du Journal de Mickey. Tout a commencé là. Ensuite, il y a eu le fils de mes voisins de palier, Serge Segret. Il faisait des illustrations de jeux pour le même illustré (à l’époque, on disait illustré). Je me suis dit : si lui le peut, pourquoi pas moi ? Ce qui a aussi amené ma première déception : malgré sa signature apposée partout, Walt Disney ne dessinait donc pas chaque page du journal ! Ensuite encore, l’émission de Pierre Tchernia, «L’Ami public numéro un». Moment magique pour un gosse de dix ans un poil solitaire. Enfin, le jour où je suis allé à la rédaction du Journal de Mickey du haut de mes 12 printemps, j’ai réalisé que c’était AUSSI un travail !

C’est Giraud qui nous a mariés, Régis et moi. Je dessinais plutôt mal et Régis manquait d’une bonne histoire. On a fait connaissance. On a sympathisé plus tard. On n’a jamais couché.

En fait, ça partait dans tous les sens. On prenait tout ce qui se présentait : «Je bouquine», des audio visuels pour la pub, des couvertures de romans porno, des contes, des blagues pour Fluide Glacial. On apprenait. L’école de la vie quoi.

Une forme lourde, confuse et un poil indigeste mais aussi bouillonnante, innocente et joyeuse.

M’en souviens pas. Franchement. Peut-être tout simplement parce qu’aucun éditeur - même les Humanoîdes Associés - n’en voulait.

Pourquoi ? Dargaud a plutôt bien fait son boulot. Au début, il a fallu un peu insister mais le succès aidant, les choses se sont mises en place naturellement. Pas sûr qu’un autre éditeur eut fait mieux.

L’humain, avant tout. C’est notre crédo, notre exigence, à Régis et à moi. Peut-être aussi qu’on était là au bon moment, au bon endroit. Peut-être encore qu’on est des escrocs et qu’en fait ce n’est pas nous qui avons commis cette histoire mais d’obscurs tâcherons enfermés dans la cave.

Allez, je cite en vrac : Jack Vance, Shakespeare, Philip K. Dick, Rostand, Spielberg, mon voisin de palier, Krishnamurti, les Frères Grimm, Tex Avery, le Bilbo le Hobbit de Tolkien, Alexandre Dumas, Tati, etc

Les couleurs et la pagination des deux premiers albums.

Bien vu. Mais aussi à un autre écrivain, Robert Bloch, auteur de «Psycho» entre autres.

Je suis un contemplatif. Le bon Makyo bouillonnait d’idées toutes plus excellentes les unes que les autres. J’ai préféré continuer à ma petite vitesse sur d’autres projets.

Il y a une suite entièrement dessinée mais l’éditeur a sanctionné le retard du dessinateur en refusant d’éditer cet ultime épisode. L’édition BD est un monde cruel !

Je vous conseille très vivement de lire ma préface à l’intégrale des « Errances » : tout y est expliqué en long et en large.

Seul Stéphane Servain a la réponse. Il vient de terminer le 1er album d’un cycle scénarisé par Valérie Mangin. Peut-être aura-t-il un peu de temps libre avant de dessiner le second ? Franchement, j’en doute, bien que, depuis des années, les 3/4 de l’album soient dessinés. Je comprends bien sûr que les lecteurs se sentent frustrés de ne pas pouvoir lire cette histoire jusqu’à la fin, d’autant plus qu’elle représentait beaucoup pour moi.
Sans compter que cela me prive en plus de mes droits d’auteur ! Un monde cruel, je vous ai dit !

Avec Régis, nous n’aurions rien pu faire sans une motivation ludique. Elle se résumait à cette question : est-ce que nous sommes encore capables de travailler ensemble ? Si la réponse avait été non, il n’y aurait jamais eu de suite ou de préquel. Les pressions de l’éditeur et des lecteurs n’auraient rien pu y changer.

Lidwine devait faire la suite du Le Dernier loup d'Oz en alternance avec « La Quête » mais comme ma soeur Anne ne voyait toujours rien venir, au bout d’un moment, il a bien fallu couper le cordon. Ensuite quid de la reprise ? Aouamri a heureusement été parfait. Il a très bien intégré le style de Lidwine au sien et nous a fait un superbe album... dans les mêmes délais qu’aurait pris Lidwine. Il a tout compris !


Quelques cessions de travail échelonnées suivant les disponibilités de chacun. Je suis allé trois ou quatre fois à Montréal et Régis profite parfois de ses séjours en France pour qu’on se rencontre. Sinon, concrètement, c’est une partie de ping-pong. Une idée en amène une autre. On essaie de s’étonner.

Je m’arrangerais juste pour que Bragon connaisse déjà le personnage de Fol de Dol. C’est une figure à laquelle je suis attaché mais qui ne peut pas apparaître dans le préquel.

Le prochain, non. Pas le suivant, non plus. Mais certainement après. Pour les regrets, c’est comme un beau et long voyage : on n’en gardera que les meilleurs souvenirs et puis surtout restera le sentiment d’avoir créé et partagé un univers avec des lecteurs de toutes sortes. Donc, pas de regrets, de la nostalgie peut-être.

C’est Olivier TaDuc et sa femme Chantal qui sont à l’origine de ce concept. Grâce à eux, j’ai découvert une partie de l’histoire des Etats-Unis et de la Chine que j’ignorais.

TaDuc avait envie d’explorer en alternance un autre registre, celui de Mon pépé est un fantôme, avec Nicolas Barral. Sous la pression de l’éditeur, tous deux alignèrent les albums pour mieux s’assurer de leur lectorat. Du coup, Chinaman a été mis en veilleuse. Mais comme leur série ne s’est pas prolongée, avec Olivier nous pensions remettre Chinaman en selle vers de nouvelles aventures. Une partie de l’album était même écrite lorsque l’éditeur nous a avertis abruptement que "bin non, les gars, un 10ème album après tout ce temps d’absence, vous comprenez, ce n’est pas possible !" - entendez : pas rentable. On l’a eu mauvaise. Pour nous, pour le lecteur aussi. Avertis à temps, on aurait pu au moins faire un ultime album pour clore la série en beauté. Genre : Chinaman ouvre une blanchisserie à Washington et se fait élire candidat à l’investiture avant qu’un cinglé de Red Neck ne l’abatte ! Une belle fin, quoi. Monde cruel monde cruel.


J’ai adoré cette collaboration. J’y retournerai sans problème.

Heu... on parle pas de la même série, là. Ce n’était pas avec Rodolphe mais avec Dieter. Quant à développer cet univers, je n’en vois pas l’intérêt. D’autres font ça très bien.

Entre les deux tomes, saviez-vous que Biancarelli a dessiné le dernier Galfalek ?

Un hasard.

Vous le saurez en achetant le deuxième tome qui sort bientôt (il y en aura trois - voir extraits ici et ici).

Bien vu. C’est un petit peu comme une marque de fabrique.

Ils aiment l’histoire. Ils paient bien.


« Etonnant, non ? »

« La petite maison dans la prairie », « Deadwood » et « Les nombrils ».

"Golias", avec Jérome Lereculey (au Lombard), L’adaptation du roman "Les vestiges de l’aube"», de David Khara, un copain. "Griffe Blanche", avec TaDuc (chez Dargaud - voir les deux extraits ci-contre, à droite)

De rien.
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