Auteurs et autrices / Interview de Antoine Ozanam
Antoine Ozanam n'est jamais là où on l'attend ; auteur aux intérêts multiples, il multiplie les fausses pistes pour nous enchanter au fil de ses histoires.
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Ça s’est passé un peu par hasard. Je suis allé au festival d’Angoulême avec différents visuels. Pas vraiment des pages, plus des illustrations. Un éditeur est tombé sur l’une d’elles qui était un mélange entre dessin et perso en plasticine. Il m’a dit « si tu fais une bd dans ce genre, je t’édite ». Du coup, une semaine plus tard, j’ai envoyé le scénario d’Hôtel Noir. En fait, ne pas faire les persos au dessin m’a rassuré. J’ai pu me concentrer sur l’histoire.
Ce qui est drôle dans ce projet, c’est qu’Hôtel Noir a été un projet atypique dans tous les sens. C’était la première fois qu’un album entier avec cette technique paraissait. C’est aussi la première fois qu’un éditeur incluait gratuitement un cd-rom dedans (qui comprenait le catalogue et un making of de la BD). Du coup, l’éditeur a été le premier en France à avoir son catalogue en numérique.
Cet éditeur, c’était Paquet, je crois… Pourquoi ne pas avoir fait d’autres albums chez lui ?
Hé hé. Je crois que cette interview va me montrer râleur et apte à me fâcher avec pas mal de monde. Disons que comme beaucoup d’auteurs qui ont signé chez Paquet durant la même période (Duhamel, Kalonji, Gauthier…), j’ai préféré ne pas insister. Mais je suis content de voir que ces « travers » semblent s’être estompés. Sti m’a encore dit récemment qu’il était très content d’être chez Paquet.
On te retrouve ensuite sur Chewing Gun, un diptyque. L’ombre de Tarantino plane dessus. Si c’était possible, que changerais-tu dans cette série ?
Tout ! Hé ! Hé ! Non, en fait, ce fut le premier projet que j’ai signé sans connaître vraiment mon partenaire de dessin. Avant, Hôtel Noir, c’était moi et un grand ami, Bruno Lachard, pour les affiches et la création des figurines. Là, le dessinateur, je ne le connaissais que très peu. Et notre relation a été un fiasco ! Dès la dixième page du tome 1, on s’est engueulé. Nos visions du travail et de la vie en général étaient pour le moins divergentes. Ma plus grande erreur a été de me désintéresser du projet et de laisser faire plutôt que de dire stop et d’interdire la sortie des albums. À l’époque, j’avais peur de déplaire à mon éditeur… Donc j’ai fait. Le seul truc que j’ai proposé c’était de réduire la série en deux albums.
Ça m’a appris beaucoup de choses : ne travailler qu’avec des gens avec qui vous partagez un minimum de valeurs. Et de ne plus sortir ce qui ne vous ressemble pas.
Avec Slender Fungus tu continues dans la veine « gangsterienne », mais encore avec un dessinateur au style un peu caricatural. L’envie d’installer un second degré dès le visuel ?
Oui, tout à fait.
En fait, les deux projets initiaux se ressemblaient bien plus. Dans Chewing Gun, l’humour a disparu lors de la réalisation (si on rigole en le lisant, c’est juste parce que l’album est ridicule). Pour Slender, tout était parfait. Bonne entente avec Benoît Laigle, super dessin et une histoire qui me tient toujours à cœur après 10 ans…
On attend toujours le tome 3 de cette série, que devient Benoît Laigle ?
Il faut bien comprendre une chose. En 2005, le monde de l’édition a changé complètement. Les ventes se sont cassé la figure. Les éditeurs ont commencé à boire la tasse. Du coup, Glénat a préféré stopper la série. C’est encore aujourd’hui mon plus grand regret. D’autant plus que je m’étais amusé à donner des fausses pistes dans le tome 2 pour jouer avec le lecteur.
Maintenant, Glénat a sorti la série de son catalogue. Les droits sur Slender Fungus nous sont donc rendus. Je crois que Benoît a tourné la page. Donc je recommence seul à bord. J’ai trouvé un nouveau dessinateur qui va tout refaire. Slender va devenir un comics aux USA en 6 chapitres de 23 pages. Je suis en train de réécrire quelques passages (histoire d’améliorer certaines scènes).
Je ne doute pas un seul instant que la série ressortira un jour ou l’autre en France (et dans son intégralité).
Tu as déjà un éditeur aux USA ?
Je suis en pourparlers. Pour l’instant, j’ai deux éditeurs de sûr. Si tout se passe bien, il y aura environ 4 comics qui devraient sortir d’ici deux ans. Il y a quelque chose d’assez bizarre à parler de ça. Je n’ai pas eu beaucoup de traductions de mes bouquins à l’étranger. Même si généralement on me dit « ça fait vachement comics ce que tu écris »… et du coup, s’ouvre à moi l’opportunité de publier directement aux USA, en Italie ou au Brésil… Si les BDs reviennent sur le marché français, ça fera de moi l’un des scénaristes les plus traduits dans sa langue d’origine. Ha ! Ha !
Volubilis avait tout pour être une bonne BD ; hélas, le tome 2 n’est jamais sorti… Que s’est-il passé ?
Même époque, même punition. Le tome 2 est entièrement terminé (scénario et dessin). Ceci dit, le directeur de collection de l’époque avait joué franc jeu. Le tome 1 devait avoir une lecture autonome… Mais ça a dégoûté aussi Jérôme Gantelet, le dessinateur…
Qui est devenu quoi ?
Jérôme avait fait l’école Émile Cohl mais à la sortie, il avait pris un boulot alimentaire en attendant des jours meilleurs dans la BD… Heureusement pour lui, il n’a pas lâché son job pendant la réalisation des deux albums… Donc, il bosse toujours là-bas. J’espère que son « découragement » ne sera que passager car j’aime beaucoup son boulot.
Avec Georges & Moi, tu t’attaques à la BD jeunesse. Aimerais-tu renouveler l’expérience ?
Bien sûr ! Mais pas avec n’importe quel éditeur. Pas perdu tout seul dans un catalogue non spécialisé. C’est une chose dont je n’avais pas conscience dans les premières années. Mais le choix de l’éditeur est primordial pour la bonne vie d’un album.
Donc j’ai quelques idées sous le coude pour des séries Jeunesse. Mais pour dire vrai, je préfère l’idée d’une série « tout public » que « jeunesse ». Encore faut-il trouver le bon dessinateur, le bon éditeur et le bon timing.
L’un de mes vieux rêves est de bosser pour Spirou. Après, si ça se transforme en album, tant mieux mais faire de la série dans un journal est vraiment un truc que je veux faire. J’espère que ça se concrétisera dans les deux prochaines années.
La sortie des one-shots spin-off a dû décupler ton envie… Tu as soumis un scénario à Dupuis ?
Je parlais du journal ! Peu importe la série. Mais oui, faire un one-shot Spirou serait vraiment un truc qui me botterait. J’ai soumis un scénario effectivement. Et du coup, je bosse sur un second qui sera plus « dans l’esprit ». Ce qui est pathologique chez moi, c’est que j’ai besoin pour écrire de me projeter dans l’univers d’un dessinateur. Or pour l’instant, j’écris mon histoire tout seul dans mon coin. Du coup, je fantasme que c’est Riff Reb’s qui est aux pinceaux !
Et comme d’habitude, plus je développe un sujet, plus des projets annexes se greffent dessus, je me retrouve donc avec des idées pour un Spirou dessiné par Antonio Lapone, Alec Severin, Denis Bodart ou Beb Deum (aussi parce que j’ai en tête la fabuleuse affiche qu’il avait faite sur un Spirou réaliste). Mais pour ce dernier, je sais que Dupuis refuserait le projet bien trop éloigné de la ligne éditoriale.
Comment as-tu rencontré Sébastien Vastra, avec qui tu as fait la série Eclipse (Vents d'ouest) ?
Par l’intermédiaire d’un directeur de collection. Sébastien cherchait un nouveau projet… Il avait un carnet de croquis qui m’a fait rêver. L’histoire d’Éclipse en découle.
Quelles sont tes références en science-fiction ?
En Bd ? Il y a bien des albums que j’ai lus avec plaisir mais qui ne m’ont pas donné envie de me lancer dans le genre moi-même. A part Arq d’Andreas et Le Marchand d'Idées de Cossu et Berthet.
Au cinéma, il y a Bienvenue à Gattaca ou Blade runner. Après il y a les bouquins de K. Dick, Dune…
Pas grand-chose en fait. Je préfère l’anticipation que la SF pure. Les livres de Chuck Palahniuk par exemple m’influencent bien plus.
Est-ce que la série connaîtra une suite/second cycle ?
Du tout. On a rempli notre mission jusqu’au bout. Vents d’Ouest n’a pas envie de continuer et Sébastien est parti vers d’autres aventures.
En revanche, je suis sur un nouveau projet de SF. Très « space opera » !
En 2007 sort Face Contre Ciel, l’un des premiers albums de la collection KSTR. Qu’est-ce qui t’a attiré dans ce label ?
Ça, c’est ma grande rencontre ! Après avoir vécu l’arrêt de plusieurs séries, j’ai vraiment eu envie de raconter des histoires de façon différente. Faire du one-shot. Et puis un jour, je suis rentré en contact avec Didier Borg (du label KSTR). On a parlé pendant plus de deux heures au téléphone et nos visions de la BD convergeaient. C’était vraiment enthousiasmant. La collection répondait en tout point à ce que j’avais envie à l’époque. Et cerise sur le gâteau, c’était Casterman derrière !
Tu es reparti avec Bandini sur un autre projet, "Les Âmes sèches", dont le tome 3 est déjà sorti… Ca va vite !
Là aussi c’était une envie commune. Puisque les séries sont dures à mettre en place, faisons en sorte de publier les trois albums dans la même année ! Ça permettra au passage de rassurer les lecteurs (ils auront la fin). Du coup, les trois albums forment un tout. Avec une fin ouverte parce que j’aime bien ça.
Tu en es déjà, si mes comptes sont bons, à une douzaine d’albums chez KSTR ; ça marche bien ! Mais où vas-tu chercher tous ces jeunes dessinateurs si talentueux et qui sentent bon ?
Il y en a plus que ça puisque d’autres sont en train de se boucler en ce moment même ! Pour le choix des dessinateurs, il y a plusieurs paramètres. D’abord, le fait que les dessinateurs connus ont tendance à toujours refuser les histoires des nouveaux scénaristes… Ensuite, j’ai besoin d’être ébloui par les mecs avec qui je travaille. Venant du dessin, si je pense que je peux faire mieux que mon dessinateur, alors autant le faire moi-même. Je suis un vrai amoureux du dessin. Ça m’entraine à passer des heures à regarder ce que les autres font (à collectionner et à archiver). Du coup, j’ai mis à profit cette veille. Et puis après il y a le bouche à oreille. Je commence à être connu pour aimer les graphismes différents…
Comment s’est passée la collaboration avec ce chouette dessinateur qu’est Sergio Melia sur Apocalypstick ?
Super ! Sergio est devenu un ami. il a été le premier dessinateur étranger avec qui j’ai bossé. Et il m’a convaincu que les dessinateurs étrangers ont une gentillesse et une approche beaucoup plus simple… J’aimerais beaucoup retravailler avec Sergio…
Qu’est-ce qui t’en empêche ?
A première vue, rien ! Mais comme d’habitude, il faut trouver le bon timing. Un moment où j’ai une idée pour Sergio, que lui soit libre et qu’un éditeur soit partant… On a eu un autre projet il y a quelques temps qui n’a pas trouvé preneur. Du coup, j’ai eu peur de lui re-proposer quelque chose dans la foulée. Je n’aime pas trop faire bosser des dessinateurs sur des pages d’essais sans être sûr que ça va aller jusqu’au contrat. On s’épuise vite à ce genre de jeu. L’idéal pour moi serait de placer mes histoires chez un éditeur et lui montrer le boulot déjà effectué par le dessinateur. Il n’y a pas vraiment besoin d’à chaque fois faire un essai. Enfin bon, c’est une dérive tellement rentrée dans les mœurs que je m’incline…
Et avec le Coréen Kyung-Eun Park, avec lequel tu as fait Le Roi Banal ?
Kyung Eun, bien que coréen, s’est installé en France. Donc c’est plus facile qu’il n’y paraît. Didier Borg avait vu ses pages quand Kyung Eun avait été lauréat Jeunes talents à Angoulême. Il l’a contacté puis a cherché un scénariste pour compléter l’équipe.
Avec Kyung, on vient de terminer notre second album, "Moi en mieux"… Là, il fait un album sans moi mais juste après, on reprendra notre collaboration. Je crois qu’avec nos deux premiers albums, nous avons mis en place un univers…
Y’a-t-il des motifs récurrents dans ton œuvre ? On remarque que souvent humour, suspense et drame sont intimement liés…
J’ai bien envie de répondre que c’est comme dans la vie…
Je sais que ça peut dérouter certains, ce mélange. On n'a pas l’habitude en France de changer de genre durant une même histoire. Alors qu’en Asie, cela ne pose de problème à personne. J’aime bien avoir une écriture libre. Ce qui ne veut pas dire que je ne sais pas faire autrement si l’histoire le mérite. En fait, tout doit être fait par rapport à l’histoire.
Tentacle Eye (dessinateur de L'Amourir) est une belle découverte, d'autres collaborations sont en projet ?
C’est sûr que le Tentacle, je ne vais pas le laisser partir ! On a même intensifié notre collaboration. Nous venons de terminer un one-shot de 80 pages, "Temudjin", à paraitre chez Daniel Maghen. Un superbe album (l’objet ressemblera à Canoë Bay). Tentacle Eye a encore monté d’un cran depuis notre second album, L’amourir.
Puis très vite sortira "L'ombre Blanche" (chez Soleil). C’est de l’heroïc fantasy… Sans héroïc et sans fantasy. Pour l’instant, il s’agit d’un diptyque. Mais j’ai de quoi développer l’univers si le succès est au rendez-vous. C’est le retour de l’envie de faire de la série ! J’ai l’impression d’avoir appris beaucoup (j’ai testé d’autres narrations, dans pas mal de genres) et que maintenant j’ai la capacité pour mener à bien des projets plus ambitieux…
De même avec Singelin, dont le King David connaîtra peut-être une suite ?
Non, King David est un one-shot. C’est la transposition de la vie du Roi David… S’il devait y avoir une suite, il faudrait que je parle de sa descendance… et je dois dire que je trouve la vie de ses enfants moins intéressante que la sienne.
Pour Singelin, il est parti vers d’autres aventures, juste après notre second album, Pills. Comme je ne compte pas m’arrêter d’écrire, je compte bien le retrouver un jour. Surtout que notre duo fonctionnait pas mal, je trouve.
Mais ceci dit, c’est bien un truc qui m’embête. J’ai l’impression que le premier album que tu fais avec un dessinateur n’est jamais le meilleur car il faut apprendre à se connaitre. Si on s’arrête après un ou deux albums, ça reste frustrant.
Quels sont tes projets ?
Je continue justement mes collaborations. Avec Lelis tout d’abord (avec qui j’ai fait Last Bullets). Pour un projet qui me tient beaucoup à cœur. Une histoire très différente de tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. Avec Rica ensuite (auteur de E dans l'Eau), pour un nouveau polar, "Succombe qui doit". Les planches sont magnifiques ! Et puis les albums dont nous parlions avec Tentacle Eye.
Sinon, Joël Jurion termine les pages d’une trilogie sur un ado que nous avons réalisée pour Le Lombard. Ça sortira en 2013.
J’ai aussi deux autres polars avec deux nouveaux venus qui ne feront pas mentir la réputation qui veut que je bosse avec des super bons dessinateurs !
Je mets en place aussi plusieurs comics (dont notamment la refonte de Slender Fungus et de Ankh). Ça prend du temps mais c’est très intéressant de voir comment l’édition marche ailleurs.
Après, il y aura un western avec quelqu’un de plus connu qu’à l’accoutumée. Ça, c’est pour ce qui est signé. Mais il y a aussi les envies !
Et là, les projets sont encore plus nombreux. J’ai deux projets de grosses séries. Des choses lourdes à mettre en place où il va falloir un éditeur qui y croit.
Mais j’ai aussi envie de m’attaquer à la reprise d’une série. Voir comment ça fait de chausser les chaussons d’un autre.
Et pour clore le tout, il y a les projets « cross média». Venant du multimédia, j’ai pas mal réfléchi à ce que pourrait être la BD sur le web. Et ce que cela donnerait adapté au livre. Donc, j’ai deux idées à développer. Y’a plus qu’à…
Et le projet de space opera dont tu parlais plus tôt ?
Ça, j’ai l’histoire bien en tête. Plusieurs feuilles volantes reprenant la trame, des bouts de dialogues… Reste plus qu’à faire un véritable « dossier » et trouver le dessinateur. Même si je crois l’avoir trouvé. C’est juste que je ne lui ai pas demandé encore… Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il y aura pas mal de réalisation en image de synthèse pour soulager le dessinateur. Un peu comme de la doc sur un projet historique. Histoire de pouvoir avoir une maquette des vaisseaux et autres petites choses.
Mais là encore, le projet se fera seulement si un éditeur bien précis accepte. Je ne crois pas que tous les éditeurs puissent vendre (oh le vilain mot) de la SF. Donc, ça sera un projet fait vraiment pour un éditeur précis.
Tu peux nous en dire plus sur tes projets de cross media ?
Pas grandement ! Ha ha !
En fait, je ne suis pas pour mettre des pages de bd bêtement scannées sur le net. Même si on réfléchit à un format mieux adapté à l’écran. Moi, ça me fait chier de lire sur un écran. Même une expérience comme les autres gens n’est pas faite pour moi. A la limite je préfère attendre la version papier pour lire vraiment les histoires. Et là, si j’aime l’idée de faire du feuilleton (ça me donne envie de faire moi aussi ce genre de projet au long cours), je m’aperçois que la moitié des dessins ne me plaît pas. Je suis très vieux jeu dans mes goûts et le côté « je me lâche parce que je dois faire vite mais je ne maîtrise pas tout » me fait vraiment chier. Du coup, il faut que l’histoire soit à la fois pensée pour le web et que l’on trouve une astuce pour que la version papier tienne la route aussi.
Ce qui me gonfle beaucoup, c’est qu’on fait un retour en arrière. Il y a dix ans, on avait le cd-rom avec une narration adaptée qui exploitait l’interactivité. On avait aussi un modèle économique viable puisqu’on vendait des cd-roms. Maintenant, on est en train de réinventer tout ça. Et on se demande si on va pouvoir gagner de l’argent.
La réponse de Delcourt en la matière me fait plaisir. Il y a du gratuit pour le web (je schématise) et on vend l’adaptation papier. Le travail est différent pour les deux supports et l’objet livre ne fait pas honte. Ça claque bien. Je crois qu’il faut commencer par l’histoire. Puis voir seulement à ce moment-là la faisabilité du point de vue technique.
De même, l’expérience menée par Joël Cimarron avec son Popeyboy est vraiment intéressante. Même si sa BD en flipbook est encore assez dure à lire, j’y vois les début d’un genre qui devrait faire des petits… en rectifiant de ci de là, des petits points pour que ça soit plus simple.
Donc pour ma part, j’ai deux idées distinctes. L’une vraiment basée sur le contenu. Comment raconter une histoire différemment. Une sorte de prolongation à mes recherches de narrations un peu différentes que j’ai pu exploiter dans mes one-shot (We are the Night, L'Amourir, Seconde chance…). L’autre projet sera plus visuel. Mais comme je ne veux pas faire du vent, j’espère que l’histoire sera forte.
J’ai même un troisième truc qui me trotte dans la tête mais que je me réserve pour plus tard. Surtout parce qu’il faudra que l’éditeur mette un peu beaucoup de sous pour l’impression du livre.
Et tu n’as pas envie de te remettre au dessin ?
Si je devais redessiner, ça serait pour faire de l’illustration. J’aime trop expérimenter pour m’enfermer pendant 46 pages (outre le fait que ça me prendrait un temps de monstre).
Et puis, il faut être honnête. D’abord je m’éclate bien plus à raconter une histoire qu’à la dessiner et ensuite, il y a pas mal de meilleurs dessinateurs que moi. Plutôt que les jalouser, j’ai envie de bosser avec eux ! Ça laisse mon ulcère tranquille et flatte mon égo.
Antoine, merci.
Merci à toi.
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