Auteurs et autrices / Interview de Mickaël Roux
Mickael Roux est un auteur à l’univers typique mais terriblement sympathique, qui a fait son trou dans des œuvres pour la jeunesse, mais n’hésite pas à d’explorer d’autres voie.
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J’ai 36 ans, aimant les choses simples comme écouter le jour se lever un café à la main, regarder les radis pousser, boire du vin avec ses amis, se balader des heures en moto, faire la sieste, caresser le galbe d’un sein ou la courbe d’une hanche, écouter le doux craquement des disques vinyles, lire allongé dans l’herbe fraîche et quelquefois raconter des histoires et les dessiner.
Tu as débuté il y a quasiment 10 ans dans des collectifs chez des petits éditeurs (Week-end doux, Gnou Editions, le Réb’…) ; un petit retour sur ces débuts ?
La personne à qui je dois ma toute première bande dessinée éditée et qui a vu ce qu’il y avait en moi c’est Loïc Dauvillier avec une publication chez Charrette Editions avec au scénario Marc Lizano : « J’ai pas droit à me salir ». En parallèle j’ai toujours dessiné dans des fanzines (zero5 gr, week-end doux, gnou, etc.) où j’ai appris le métier d’auteur de bande dessinée, je suis un total autodidacte.
En 2005 tu sors un album dans la collection les Petits chats carrés, chez Carabas, avec Piraterie… Comment as-tu préparé cet album, avec Lorien aux couleurs ?
J’avais appris par le biais de Loïc Dauvillier le lancement de cette nouvelle collection, il y avait encore de la place pour la première salve d’albums, j’y ai donc réalisé en 15 jours l’album. A cette époque je venais de rencontrer Lorien avec qui je collaborais sur des projets non finalisés.
Ton style a bien évolué depuis tes débuts (si on compare à La passion des planches, par exemple), comment t’est venu cette passion pour les grosses têtes ?
Oui le style évolue, et heureusement, je m’amuse aussi volontairement à utiliser des graphismes minimalistes pour certaines séries (La Passion des planches ou encore Minimum le pirate parue dans Spirou et édité chez Mine de rien).
Pour les grosses têtes, ben peut-être une manière pour ne pas la prendre ;)
Tu as été, en quelque sorte, un pilier des Petits Chats carrés, puisque tu as signé 5 albums (et trois grands formats) chez le même éditeur, Carabas. Un format qui te convenait bien, donc…
Oui j’ai une affection particulière pour le format carré, je le trouve vraiment intéressant pour raconter des histoires.
Avec Loïc Dauvillier, tu lances Une aventure d'Hecto, Strappe et Couture, gentille petite série horrifique, toujours chez Carabas. Cet univers était-il le tien, ou celui de Loïc ?
C’est le croisement de deux univers, d’une rencontre et de moments partagés.
L’idée de la série était de traiter d'un problème important auquel les enfants sont confrontés. Cet album parlait de racisme, d'ostracisme. Le second, qui devait parler de pollution, n’a jamais vu le jour…
Oui, des sujets importants à nos yeux, après effectivement le tome 2 n’a pas vu le jour pour des raisons de divergences professionnelles avec l’éditeur. Ce qui au final pour ma part m’a fait tout arrêter chez cet éditeur.
… à moins que Paf, sorti 4 mois plus tard chez les Petits chats carrés, soit une suite plutôt qu’un spin-off ?
L’idée de Paf était de proposer entre chaque album (grand format) de proposer un coup de projecteur sur chaque personnage sur une histoire sans parole pour les petits et ainsi faire découvrir aux plus jeunes cet univers et de faire patienter les plus grands avec de petites histoires sans parole.
A peu près à la même époque tu réalises une série pour le magazine Pirates Mania, Jack, Régis et Lök… Tu peux nous en parler ?
On m’a proposé de travailler sur l’univers des pirates, en presse, j’aime beaucoup l’idée d’aller vers des choses que je ne connais pas, et à cette époque je n’avais jamais travaillé pour la presse. Ce projet lancé en 2006, je crois, sera au final à l’origine de la série Jeu de Gamins chez Bamboo.
Avec Coloriage, tu écris pour la première fois pour un autre, en l’occurrence Dawid… Comment gère-t-on ce postulat, alors qu’on a toujours dessiné ?
L’idée d’écrire pour Dawid (fidèle compagnon) est simplement née de l’amitié réciproque et l’envie de collaborer ensemble sous une forme différente que celle de coloriste pour Dawid. C’est vrai que ce n’est pas facile en tant que dessinateur de trouver une méthode de travail qui laisse sa part de liberté de création au dessinateur, vu que sur cet album j’ai dessiné l’album entier et du coup j’ai dû tout retranscrire à l’écrit case par case pour laisser cette liberté d’adaptation au dessinateur…
Dans Jour de pluie tu rends un bel hommage à l’imagination des enfants. Je ne sais pas si tu as des enfants, mais te sers-tu du vécu ou sors-tu ces histoires de ton imagination à toi ?
Il y a toujours cet enfant au fond de moi, j’aime regarder le monde comme ça… Après, tout est source d’inspiration, mais à cette époque je n’avais pas encore d’enfant ;)
Dans Les Passeurs ce n’est plus Lorien, mais Thorn qui assure la colorisation… pourquoi ?
Le choix d’un autre coloriste (ici une coloriste) s’est fait simplement parce que Lorien n’était pas disponible à cette période, et l’éditeur m’a orienté vers Thorn.
Cette série était sympathique, dommage que tu n’aies pas continué dans cet univers au-delà de deux tomes…
Oui, l’arrêt de cette série est comme je le disais plus haut dans l’interview dû à une divergence professionnelle avec l’éditeur. J’ai pris cette décision alors que je n’avais pas d’autres projets à venir. Mais j’ai toujours procédé avec une ligne de conduite et je n’en déroge pas. Quand ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas. J’ai donc arrêté toute collaboration avec les éditions Carabas.
En 2009 tu sors un album, Minimum le Pirate, aux éditions Mine de rien, une série qui fut publiée dans Spirou Magazine. Les pirates, c’est ta passion ?
AHAHAHAHHA ben non en fait, les pirates j’aime ça, mais c’est simplement le hasard. Et puis Minimum le pirate, au final, traite de nombreux sujets, la vie, les femmes, le vin, et d’une certaine philosophie de vie… et d’un bon paquet d’absurde…
On te retrouve au casting d’un épisode de Lucha Libre, le tome 6… Un peu inattendu… Comment ça s’est passé ?
Depuis bien longtemps j’ai envie de raconter des histoires pour plus grands (c’est toujours d’actualité) et Lucha Libre était vraiment à cette époque ce que j’avais envie. J’ai simplement contacté Jerry Frissen pour lui montrer quelques recherches dans la veine de cet univers et c’est parti simplement comme ça.
Une très belle aventure, de belles rencontres et la découverte du monde des toys et de la transformation d’objets. J’ai réalisé du coup sur les jouets Muttpop, quelques transformations personnelles sur les personnages de BILL (avec le Red Demon) ou de Gobi (avec El Panda) et du coup je continue à ce jour à transformer, jouets et autres objets du quotidien.
En 2010, tu fais un petit album chez la Joie de Lire, L'Enfant sans visage, à la fois absurde et peuplé de créatures étranges… Tu vas en faire d’autres dans cet univers ?
C’était pour moi la chance de faire pour la première fois un album avec une grande histoire, alors je suis parti une thématique plutôt simple pour construire cette histoire… J’espère un jour pouvoir reprendre ce genre d’univers…
Et te voilà chez Bamboo, avec Jeu de gamins, une chouette petite série… Combien va-t-elle compter de tomes ?
Jeu de gamins est en lancement, à ce jour 2 tomes (thématique : tome 1 : pirates et tome 2 : cowboys) sont sortis, ainsi qu’un roman illustré autour de l’univers des pirates écrit par mon papa. Je suis sur le tome 3 avec la thématique des Chevaliers (dragon, princesse, etc.) qui sortira en avril 2013. Après pour le moment je ne sais pas, tout dépendra des ventes comme souvent ;)
Mais une chose est sûre, à ce jour, j’ai les thématiques pour au moins 2 autres albums.
Il y a donc eu un roman…Parles-nous de sa réalisation…
Oui le roman, une fabuleuse collaboration avec mon papa à l’écriture. L’éditeur Olivier Sulpice (Bamboo Editions) m’a proposé de réaliser un roman, moi je ne m’étais jamais essayé à cet exercice, donc plutôt frileux… Je savais que mon papa écrivait pour son plaisir (dans un registre très différent) alors on a fait un test, j’ai envoyé le tout à Olivier, sans lui dire dans un premier temps qui écrivait, et ça a plu. Une belle aventure.
Tu fais quelques strips pour le Lanfeust Mag, tu peux nous en toucher deux mots ?
Du coup après avoir bossé pour la presse avec Pirates Mania, je ne l’ai jamais quittée, j’ai travaillé pour Tchô !, Spirou, Ouest France, et en ce moment pour Lanfeust Mag avec deux séries : Contes cruels avec JC Deveney au scénario, des contes gore pour enfants et l’autre série Tim, un petit mort-vivant trash dont le passe-temps est de tuer et détruire. J’aime vraiment l’idée de travailler tous les mois pour la presse, le challenge de trouver des idées régulièrement est vraiment un plaisir et un bon exercice. J’adore.
Peut-on dire que Marc Lizano et toi avez des styles très proches ?
Ben là je ne sais pas ;) Je ne crois pas que l’on aie les mêmes références, et les mêmes envies. Mais il faudrait pouvoir en parler avec Marc.
Jamais lassé de faire des albums pour la jeunesse ?
J’aime faire de la bande dessinée jeunesse, mais j’ai envie d’aller vers d’autres registres. Je n’aime pas l’idée d’être enfermé dans un registre. L’univers de la bd jeunesse m’a permis de faire mes armes et apprendre le métier. Mais depuis toujours, j’ai des envies d’autres choses, j’attends simplement le bon moment, et d’avoir suffisamment de maturité pour me lancer dans cette direction, ce qui est en train de se faire ;) Mais je ne délaisserai pas pour autant l’univers jeunesse, j’y ai encore des choses à raconter ;)
Quels sont tes projets ?
La sortie à BDBOUM (festival de Blois) de Gaspard et le phylactère magique, projet initié avec BD BOUM, la Caisse d’épargne et E. Proust (éditeur) avec Alain Dary au scénario, et Dawid à la couleur. Et puis en janvier, Confessions d'un canard sex-toy tome 1 (Préliminaires) avec Milly Chantilly et Arnaud Poitevin chez Ankama Editions. D’autres projets sont en cours d’élaboration plutôt orientation adulte, à suivre de près donc ;)
Mickaël, merci.
A voir aussi le blog de Mickaël Roux
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