Auteurs et autrices / Interview de Mauricet

Rencontre avec Mauricet, un auteur aux multiples facettes. De la série humoristique dans le plus pur style franco-belge aux comics, ce touche-à-tout a déjà pu exprimer tout son talent. Sa nouvelle création, « Une bien belle nuance de Rouge », nous offre encore une autre facette de celui-ci.

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Mauricet Mauricet, bonjour. Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
45 ans, Bruxellois et auteur de BD depuis 25 ans.

Très jeune, tu as débarqué chez Dupuis. Que gardes-tu comme souvenirs de cette époque ?
J'y ai appris à mieux dessiner. Il y avait encore à cette époque-là une forme d'écolage possible. Je m'y suis fait des potes dessinateurs et scénaristes aussi. Mon job, lui, était celui d’un débutant. Bouche-trou, dessinateur à tout faire... J’ai à peu près tout fait sauf le café et les photocopies.

Comme tant d’autres officiants dans le genre humoristique franco-belge, tu es passé de Dupuis à Bamboo. Pourquoi ?
D'une part, Bamboo proposait de perpétuer la tradition de l'école de Marcinelle. Et d'autre part, chez Bamboo, j'ai toujours été très bien considéré... comme un gars qui connait son métier mais aussi comme un être humain. Ils me laissent aussi m'exprimer de manière très libre. Il ne m'en faut pas beaucoup plus. Cette liberté et cette reconnaissance, je ne les ressentais plus chez Dupuis.

Accéder à la BD Les Crossovers Avec Cosmic Patrouille, tu signes une première série qui parodie l’univers des Comics. D’où vous est venue cette idée, à Jean-Louis et à toi-même ?
Jean-Louis a amené les premiers scénarios et moi, j'avais toujours eu envie de faire une série comme "Cosmic". L'association semblait évidente.

En débarquant chez DC, as-tu réalisé un rêve de gosse ?
Quelque part, oui. Mais je n'y ai pas été super bien traité donc bof quoi.

Quels sont les avantages et les inconvénients du travail ''à l’américaine'' ?
C'est le même taf. On se prend juste moins la tête chez les Américains. Comme on ''produit'', on a moins le temps de se regarder le nombril. Et ce n'est pas plus mal.

Outre quelques réalisations sur Superman et Batman, tu as signé chez eux un album assez surprenant : Les Crossovers. Peux-tu nous en toucher un mot ?
Les Crossovers, c'était chez Crossgen Comics, une maison d'édition indépendante. Le boulot m'a été ''donné'' par Brandon Peterson que j'avais rencontré à Angoulême. L’histoire est une parodie du monde des super-héros et des univers ''comics''.

Accéder à la BD Basket Dunk Basket Dunk est la série dont tu as signé le plus d’album. Est-ce à dire que c’est là ''ta'' série ?
Oh non non. J'aime bien tout ce que j'ai fait. Sans réelle préférence. Même si ce que je ponds tout seul me semble plus me ressembler. C'est assez logique.

Joues-tu toi-même au basket ?
Sur Xbox 360, oui.

Peux-tu nous dire comment tu as eu l’occasion de reprendre les pinceaux de Geerts sur Mademoiselle Louise ?
Je n'ai pas ''repris les pinceaux''. On a dessiné à quatre mains. Dupuis s'était proposé de relancer la série. André n'avait pas le temps avec son Jojo. Je me suis proposé de crayonner l'album. Et voilà. Un souvenir merveilleux de partage d'atelier avec André et un album d'enfer réalisé par 4 potes. Du pur bonheur!

As-tu une anecdote à nous raconter à propos de cet immense monsieur qu’était Geerts ?
Arrivé dans mon atelier, il ne lui a pas fallu 5 minutes pour foutre de l'encre de Chine partout. Et notamment sur une armoire à tiroirs. André était très maladroit. Un enfant... Je n'ai jamais nettoyé les taches.

Depuis Mort de Trouille, on te savait attiré par les monstres, mort-vivants, vampires et autres loup-garous. Quelles sont tes références en la matière ?
Plein, bien évidemment. Les classiques Dracula, Frankenstein. Mais aussi les comics d'EC, de DC...

Pourquoi la série s’est-elle clôturée avec le tome 5 ?
Mauvaises ventes et dédain de l'éditeur. Dans le désordre.

Accéder à la BD Une bien belle nuance de rouge Enfin, vient cette année une nouvelle série : Une bien belle nuance de rouge. Une œuvre que tu portais en toi depuis longtemps ?
Ce n'est pas une série mais un diptyque. Les thèmes de cette histoire me tiennent à cœur : l'immortalité, l'adolescence, l'incompréhension, la différence, la mort, l''amour.

A titre personnel, je suis plus qu’emballé par ce premier tome. L’engouement est-il général ?
Les gens qui l'ont lu et que j'ai rencontré ont aimé, voire adoré. Mais de là à parler d'engouement... Le succès du premier album n'est pas vraiment au rendez-vous, non.

Quelles sont les réactions des lecteurs qui te suivent depuis longtemps et qui ne connaissaient de toi que le côté ''dessinateur humoristique'' ?
Ca va de ''Enfin !'' à ''Je n'avais fait le lien avec le dessinateur de Cosmic ! C'est le même auteur ?!'' Voilà ce que j'entends parfois. C'est marrant. J'aime mon côté multi-facettes.

Comment t’est venue cette idée de mélanger ''le rouge et le noir'' de Stendhal avec cette histoire moderne de vampire ?
J'ai un jour vu des passerelles entre mon histoire et le roman de Stendhal, que j'ai toujours aimé. C'était une façon de rendre hommage et ça fonctionne bien dans le cadre du récit.

Cliquer pour voir une planche de Une bien belle nuance de rouge Le découpage en matière de série réaliste est bien différent de celui d’une série humoristique. Comment as-tu appréhendé cette difficulté (s’il s’agit d’une difficulté) ?
C'est le même métier : être clair, limpide, fluide. Narratif quoi.

Si tu devais choisir : Twilight ou Dracula ? Rejoins-tu Garance à ce sujet ?
En terme de roman, sans hésiter Dracula. En terme de film, j'opterais plus pour Génération Perdue.

La série se terminera-t-elle bien avec le deuxième tome ?
Oui, oui.

Mauricet, merci. Bonne continuation dans ta carrière et rendez-vous avec la suite de « une bien belle nuance de rouge ». Au fait, peux-tu déjà nous communiquer une date approximative de sortie pour ce second tome ?
Ce sera pour après la fin du monde...
Interview réalisée le 03/12/2012, par Mac Arthur.