Auteurs et autrices / Interview de Fahar
Fahar est l’auteur de Dido, une fantaisie où les monstres ont la part belle.
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Je suis un jeune auteur (30 ans ! c’est encore jeune non ?) de bande dessinée et de dessin animé. J’essaye de faire partager le plaisir que j’ai eu en tant que lecteur ou spectateur à travers mes ouvrages.
Tu as longtemps œuvré dans la sphère du manga : Kaïzen, Kaméha…
Oui j’ai commencé à transmettre ma passion par le biais associatif, et la rédaction d’articles. J’ai créé avec trois autres acolytes l’association Kaizen en 1992, pour la promotion du dessin animé (japonais) et de la bd (manga, comics et bd européenne). Puis ensuite j’ai participé au magazine Kaméha des éditions Glénat (les 8 premiers numéros) où j’écrivais des articles sur les comics et le manga.
Dido est ta première BD publiée. Comment est-elle née ?
Par hasard, un après-midi, lors d’un voyage en métro avec ma compagne, je lui ai raconté spontanément une histoire, une sorte de conte. J’ai posé sur papier les personnages principaux, et me suis dis « Bien tiens pourquoi pas ». Ensuite je me suis rendu compte que pas mal de choses étaient indirectement inspirées de ma propre enfance, et ai décidé d’explorer encore plus cette voie. Tout en essayant de le mêler à un récit d’aventure fantastique.
On rapproche souvent cette série de Bone, par Jeff Smith. Mais visiblement c’est un hasard…
Oui totalement car comme je le disais cette série est née de choses très personnelles. S'il y a une influence à l’origine de l’envie de Dido, c’est un manga d’Akira Toriyama : « Cowa ». Après la lecture de ce manga qui, sous une histoire divertissante, a toutes les vertus d’un conte, je me suis dis que j’aimerais bien un jour être capable de faire la même chose.
Dans Dido je parle autant de mon enfance que de ma vie d’adulte. En cela je diffère beaucoup de Bone. Mais bon les gens ont besoin de références je comprends… Je pourrais donner 10 bonnes raisons pour lesquelles graphiquement ou scénaristiquement Dido diffère de Bone…
Mais pour aller plus loin je dirais que de toute façon, j’aime rendre hommage à mes influences en les transformant : je fais de la bd européenne en étant inspiré par des mangas, je parle de mon « moi » à travers un conte fantastique. Si mes influences étaient trop voyantes, je ne pourrais pas « me » raconter. Je ne peux pas me contenter de recopier ou copier/coller mes influences sinon je n’existe plus.
Par contre, le parallèle avec le film « Monstres et compagnie » des studios Pixar est plus évident, non ?
Pas vraiment, tout comme Bone j’ai découvert ce film pendant que je réalisais le premier tome. Et je dirais même qu’il y a encore moins de similitude, mise à part l’idée de monstre qui effraye des humains (inhérente à bien des contes) et dont la finalité dans Dido est complément différente de « Monstres et compagnie ». En ressortant de la salle de cinéma j’ai été soulagé de le constater.
Fondamentalement Dido n’est pas construit sur un schéma manichéen ou un concept (comme les films Pixar), c’est avant tout le parcours d’un enfant vers l’âge adulte, et les diverses épreuves qu’il va devoir traverser dans ce voyage. Une des choses qui me déplaisent énormément dans les histoires de Disney ou de Pixar est cet affrontement manichéen assez basique. En cela je me rapproche plus des mangas ou des œuvres de Miyazaki où le héros est plus en quête de lui-même, et où ses adversaires sont avant tout des personnages avec des points de vue divergeants. Car finalement notre pire ennemi est nous-même…
Les monstres que l’on rencontre dans Dido sont-ils issus d’une tradition existante, ou les as-tu inventés toi-même ?
Je les ai inventés un peu en réalisant l’histoire. La mythologie de ces monstres s’est construite de manière intuitive. Avec le recul j’ai découvert qu’il y avait beaucoup de choses qui venaient de mes origines africaines. Que je parlais de ma double culture et de mon statut de fils d’immigrés/exilés. J’ai aussi découvert beaucoup de similitudes entre les cultures africaines et japonaises. Un rapport au surnaturel très différent de l’Occident. La tradition de ces monstres est sûrement le fruit de cette constatation inconsciente.
Le tome 2 rajoute encore plus de mystère à l’aventure de Dido et Kip. Aura-t-on des réponses dans le tome 3 ?
Oui définitivement, je sais que c’est très frustrant (en tant que lecteur) de laisser traîner pendant plusieurs tomes des questions sans réponses. Mon intention depuis le départ a toujours été de donner des réponses aux mystères soulevés le plus rapidement possible. J’ai été un peu déçu de voir que j’avais démarré assez « timidement » le premier tome alors j’ai un peu « chargé » en mystère ce tome 2. Mais le tome 3 répondra à la plupart des questions, pour boucler le premier cycle. Et démarrer le suivant qui sera plus tourné autour des origines des monstres et de Dido. Pour moi la résolution de mystère me permet de réinventer la série, pour repartir sur de nouvelles pistes qui me surprennent et le lecteur aussi (j’espère).
Tu m’as dit connaître BDThèque, le site pour lequel cette interview est réalisée. Quelle est ton utilisation du site et, plus généralement, du web ?
Et bien j’utilise BDthèque comme base de données, je suis un grand lecteur/passionné de bd et j’aime bien connaître le parcours d’un auteur. Et je dois dire que l’archive de ce site est assez exhaustive. (Note du webmaster : )
De manière générale le web est un véritable outil indispensable et pratique pour un passionné comme moi. Il offre un accès au monde et à l’information incroyable. Plus que l’interactivité communautaire vantée par le pseudo « web 2.0 » le web est avant tout un incroyable outil d’archivage et de communication. Il me permet aussi de faire du télétravail de manière très confortable. C’est pour moi un outil aussi indispensable que mon crayon de papier.
Quels sont tes modèles en bande dessinée ?
Houla !!! Il y en a tellement et d’univers tellement différents… je suis sûr d’en oublier. Voyons… Moebius/Jean Giraud pour sa capacité a se renouveler, son sens incroyable de l’espace et son génie tout court ; Akira Toriyama pour Dragon Ball (une série simplement géniale !) et son incroyable langage graphique (complètement sous-estimé) ; Mitsuru Adachi pour son sens de la narration ; Alan Moore pour tout… c’est simplement le plus grand scénariste à ce jour ; Franquin pour son génie du dessin ; Frank Miller pour son incroyable sens du récit, le tandem Bom/Frank Pé pour le tome 3 de Broussaille purement magique et bien d’autre encore comme Mazzuchelli, Baru, Loisel, Kyle Baker etc… mais bon on y serait encore demain…
Quels sont tes autres projets ?
Houla ! Là aussi il y en a plein, disons terminer ce tome 3 de Dido, mettre à l’antenne d’une chaîne de télévision mon projet de série animée (3min) pour lequel j’ai obtenu (avec le co-auteur) une bourse à l’écriture (on y travaille !), publier une série de gags de Science-Fiction pédagogique qui se nomme « les baskets de Darwin » (voir une image) et surtout avant de mourir pouvoir réaliser mon rêve de produire un série TV française « digne de ce nom » et de mes modèles que sont les séries « Anglo-saxonnes » (oui, je suis un vrai et vieux fan absolu de séries TV mais c’est une autre histoire…)
Pour mes autres projets c’est trop prématuré d’en parler, mais je t’assure il y en a plein !
Fahar, merci.
Merci à toi !
Liens utiles :
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Blog Dido : http://leblogdesmonstrueuxamis.blogspot.com/
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