Auteurs et autrices / Interview de Ileana Surducan
Rencontre avec Ileana Surducan, auteure de « Hôtel Pennington » et « Le Cirque - Journal d'un dompteur de chaises ».
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J’ai commencé à dessiner quand j’étais petite, un peu comme tout le monde, et je n’ai jamais arrêté. J’ai suivi le Lycée des beaux-arts, puis L’Université d’art et Design (formation céramique) à Cluj-Napoca – et c’est là que j’ai appris le dessin académique. Mais en ce qui concerne l’illustration, la bande dessinée et le travail digital – pour moi c’était plutôt une démarche autodidactique. Quatre mois de formation Erasmus à Liège (L'École supérieure des arts Saint-Luc) m’ont aidé à mieux saisir les bases de la BD, et j’ai aussi trouvé beaucoup des ressources en ligne.
Êtes-vous actuellement auteure à plein temps ou exercez-vous d'autres activités ?
Je suis freelance à plein temps, mais je ne fais pas que de la bande dessinée. Je travaille aussi dans le graphisme publicitaire et dans l’illustration de livres.
Hôtel Pennington est votre troisième BD, la deuxième éditée en France, comment en êtes-vous venue à travailler avec Ced au scénario ?
Je connais Ced depuis assez longtemps – grâce à la blogosphère et à 30 jours de BD, un site qui partageait le travail des nombreux auteurs de BD. Puis je l’ai rencontré à plusieurs festivals et festiblogs. J’ai suivi son travail de scénariste chez Makaka et j’ai toujours aimé son style, l’humour et l’intelligence de ses livres. C’est notre éditrice, Karine Laca, qui a trouvé que mon dessin allait avec Hôtel Pennington et m’a proposé de travailler sur cette histoire. Comme j’attendais une occasion de collaborer avec Ced, j’ai accepté – et c’était une très bonne collaboration.
D'autres albums sont prévus ? Peut-être à nouveau en collaboration ?
Hôtel Pennington est un one shot, et pour l’instant je ne prévois pas d’autres albums à sortir en France – mais on ne sait jamais. Travailler sur le scénario de quelqu’un d’autre, c’était une belle aventure, mais j’aime aussi créer mes propres histoires.
Récemment, j’ai commencé à travailler avec ma sœur (Maria Surducan), et nous avons sorti un livre BD en Roumanie : « Les vacances de Nor ». J’envisage aussi de faire un album de bandes dessinées sans paroles, mais comme c’est un travail en cours je ne peux pas donner trop des détails.
Avez-vous d'autres projets qui ne concernent pas la BD, comme des contes, des illustrations ou des travaux photographiques comme vous avez déjà eu l'occasion de faire ?
En 2015 j’ai expérimenté avec des poupées en céramique et j’ai créé un livre jeunesse (voir The old woman’s daughter. Le processus a été bien laborieux, mais j’ai beaucoup aimé les résultats, et j’attends une autre occasion de reprendre cette technique. En ce moment je travaille sur un autre livre jeunesse, mais en Roumanie – et la technique est digitale. Quand je trouve le temps, je m’occupe aussi avec la création de bijoux en argent.
Vous avez un dessin particulièrement poétique et coloré, un reflet de votre personnalité ?
Je peux dire que travailler avec beaucoup de couleurs me rend heureuse, et m’aide aussi à transmettre des émotions à mes lecteurs. Et j'utilise la couleur pour mieux raconter l'histoire : changer le registre, introduire une séquence de rêve ou un souvenir. Pour le côté poétique, même si la couleur y joue un rôle, je dirais que c’est plutôt grâce à ma façon de raconter une histoire et ma préférence pour les métaphores visuelles.
Tous vos albums sont colorisés en direct ou vous faites des recolorisations numériques ensuite ?
Pour la plupart de mes albums, j’ai dessiné et colorisé en direct – mais j’ai toujours utilisé l’ordi pour éditer les planches scannées, et même corriger des fautes. Ces derniers temps j’ai beaucoup travaillé digitalement, et c’est intéressant de voir combien cette technique est différente.
Quelle est votre technique de dessin préférée (gouache, crayons, encre, pinceau ...) ?
J’aime avoir toujours une balance entre contrôle et accident – entre le geste précis et la spontanéité. J’ai toujours expérimenté avec plusieurs instruments et outils, - liners, pinceaux, crayons, aquarelle, même huile – et chaque médium vient avec ses avantages et ses limitations, et chacun est bien mieux pour imprimer un certain ton à une histoire. Le vocabulaire de l’art digital a beaucoup grandi dans les dernières années et les tablettes graphiques ainsi que les pinceaux digitaux sont devenus des outils extraordinaires.
Pour Le Cirque - Journal d'un dompteur de chaise et Hôtel Pennington j’ai travaillé aux crayons de couleurs et à l’aquarelle, mais mon dernier album BD (Les vacances de Nor – publié en Roumanie), a été dessiné et colorisé sur l'ordi. C’est moi qui ai fait l’encrage, et Marie qui a fait les couleurs.
Avez-vous envie d'explorer un jour des histoires ou des univers plus sombres ?
J'aime les histoires avec une fin heureuse, et j’aime enrichir mes lecteurs avec des émotions positives. Mais parfois il faut également explorer les questions difficiles et sonder la tristesse, la rage ou la peine. Et même si on ne trouve pas toujours les bonnes réponses et pour aider et guérir, le fait de les avoir cherchées ensemble avec le lecteur, c’est déjà beaucoup. Je dirais que Le Cirque - Journal d'un dompteur de chaise et certaines de mes histoires courtes ont un côté un peu sombre, mais c’est sûr que je pourrais aller encore plus loin dans cette direction. C’est un chemin qui n’est pas facile pour moi, mais je crois que ça vaut la peine d'y aller.
Merci de vos réponses et bonne continuation, en espérant pouvoir retrouver vos dessins le plus vite possible !
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