Les chroniques jeux vidéo / L'Ile Noyée
Après le succès retentissant de « L’Amerzone », White Birds Productions et Benoît Sokal adaptent un autre épisode de l’inspecteur Canardo : L'Île noyée.
Un « whodunit » pure souche
L’histoire du jeu « L'Île noyée » est librement adaptée du tome 7 éponyme de la série Canardo : « Un richissime homme d'affaires américain, Walter Jones, a fait construire sur la petite île de Sagorah, aux Maldives, une tour gigantesque, destiné à devenir prochainement un hôtel de luxe. Alors que ce projet pharaonique mérite encore quelques travaux avant de pouvoir être ouvert au public, Walter Jones décide d'inviter ses petits-enfants ainsi que leurs conjoints, en leur indiquant qu'il voudrait s'entretenir avec eux sur ses dernières décisions testamentaires. Il n'en aura pas le temps. Jack Norm, policier, est envoyé à Sagorah pour élucider la mort mystérieuse du milliardaire, retrouvé inanimé sur une plage de l'île au pied d'une petite falaise. » Benoît Sokal a beaucoup contribué au jeu (écriture du scénario, game design, direction artistique) et le sous-titre « Une enquête de Jack Norm » laisse sous-entendre un format épisodique, ce que l’auteur avait confirmé en interview. Le scénario du deuxième épisode (une aventure se déroulant dans un théâtre de Broadway) était déjà écrit, et Sokal expliquait même vouloir inviter d’autre auteurs à adapter leurs histoires et personnages à son univers… tout un programme ! La fermeture du studio White Bird Productions en 2010 mit malheureusement un terme à ce projet alléchant.Un système de jeu captivant
Les jeux vidéo d’enquêtes policières existent depuis la nuit des temps (je citerai « Maupiti Island » sur Amiga et Atari ST, ou encore le plus récent « L.A. Noire »). « L'Île noyée » apporte sa pierre à l’édifice en proposant un système de jeu vraiment intéressant. L’histoire est divisée en 12 chapitres nommés « mandats » (« Quelle est l'arme du crime ? », « Qui était présent sur les lieux ce soir-là ? »). Chaque mandat doit être résolu en amassant un certain nombre de preuves (pièces à conviction matérielles, déclarations compromettantes, relevés d’empreintes digitales). Un système ingénieux vous permet de comparer des indices entre eux pour former de nouvelles hypothèses, à la manière du système de déduction du jeu Blacksad : Under the Skin (vous pouvez par exemple comparer des traces de pas dans la boue aux chaussures des suspects). Il est bien entendu possible d’interroger les protagonistes, mais aussi de les confronter aux déclarations d’autres suspects : « Vous prétendez que ces gants ne vous appartiennent pas, or votre compagne déclare vous les avoir offerts ! ». Une barre de progression indique le nombre d’indices obtenus pour le mandat en cours… une fois cette dernière remplie, à vous de sélectionner les bons indices pour « résoudre » le mandat et avancer dans l’histoire. A noter aussi deux modes de jeu : un mode « aventure » traditionnel où le temps est figé tant que vous ne faites rien, et un mode « contre la montre », plus difficile car en temps réel (un peu à la manière de Maupiti Island, justement).Mon avis
Le système d’investigation est vraiment intéressant. Le gameplay est certes répétitif (il faut poser les mêmes questions à tout le monde, faire beaucoup d’aller-retours – même si cet aspect s’améliore avec la montée des hauts et la réduction de l’aire de jeu), mais finalement assez réaliste. Rassembler les preuves nécessaires pour résoudre un mandat n’est pas forcément évident, mais toujours logique et surtout satisfaisant voire jubilatoire : on a vraiment l’impression de résoudre le meurtre ! L’histoire est bien écrite et remplie de rebondissements et fausses pistes. La fin est bien amenée et propose un petit récapitulatif utile pour tout remettre en place. Par contre l’aspect « point and click » a vraiment miné le jeu pour moi. Il faut passer les décors au peigne fin pour y dénicher des objets et indices importants, et je me suis souvent retrouvé complètement bloqué parce que j’avais manqué une zone cliquable. Sans solution, je ne serais sans doute jamais arrivé au terme de l’enquête (que j’ai bouclée en 15 heures). La réalisation est honorable pour un jeu de 2007. Les graphismes aux couleurs ocres sont superbes et suffisamment animés pour parfaitement représenter l’île de Sagorah et la violente tempête qui s’y déchaine. La tour « art-deco » est absolument magnifique, et constitue un personnage à part entière. Les bruitages (vents, craquements) sont réussis et la musique est discrète mais parfaitement adaptée à l’ambiance polar. Je déplore juste des animations de personnages un peu rigides, et un doublage un peu vieillot. En conclusion, j’ai adoré l’aspect enquête, mais la chasse aux pixels pour trouver les objets dans les décors (une tare assez courante dans les jeux point and click) me fait baisser ma note de 1 point… dommage ! Verdict :Comment y jouer aujourd'hui ?
Le jeu est sorti en France le 4 octobre 2007 sur PC (Windows) et est jouable intégralement en français (interface, textes à l’écran et dialogues parlés). Vous pouvez dénicher la version boîte (peu onéreuse) ou tout simplement télécharger le jeu sur Steam. La configuration recommandée est modeste : processeur 2.2Ghz et 1Gb de RAM.
A noter qu’un bug étonnant affecte la version officielle du jeu (y compris celle sur Steam). Le « lip sync » est désactivé par défaut. Tous les personnages sont donc ventriloques, ce qui est absolument ridicule (regardez la vidéo « Let’s play » ci-dessus). La communauté Steam à heureusement trouvé une solution très simple pour résoudre ce souci : téléchargez le fichier OPDSound.dll fourni et copiez le dans le dossier « modules » de votre installation (par exemple Steam\Steamapps\common\Sinking Island\modules)
Le jeu devait aussi sortir sur Nintendo DS (comme Paradise, un autre jeu de White Bird Productions), mais le projet n’a jamais abouti et cette version a disparu sans laisser de traces (autre que cette image). Dommage.
N’hésitez pas à me faire part de vos questions et de vos avis sur le forum !
Les liens utiles
- Le jeu sur Steam
- Le test du jeu sur jeuxvideo.com
- Une interview vidéo de Benoît Sokal
- Une interview de Benoît Sokal sur jeuxvideo.com
- La solution du jeu
Les tests de magazines
- Le test du jeu dans le magazine Joystick (Numéro 199 - Novembre 2007. Source : abandonware-magazines.org)
- Le test du jeu dans le magazine PC Jeux (Numéro 116 - Novembre 2007. Source : abandonware-magazines.org)
Les images
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