Auteurs et autrices / Interview de Bryan Talbot
Bryan Talbot était invité au festival d’Angoulême 2024 à l’occasion de la parution du tome 4 de Grandville chez Delirium… l’occasion rêvée de rencontrer « le père du roman graphique britannique » ! (lire l'interview en anglais ici.)
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Grandville
Grandville est en cours de réédition chez ton nouvel éditeur, Delirium. Qu’est ce qui t’a inspiré à écrire cette histoire steampunk et uchronique ? Habituellement, quand je travaille sur une BD, toutes sortes d’idées me viennent, et j’y réfléchis, parfois pendant des années, avant de les réaliser. J’accumule des idées de scènes, de personnages, etc. Je prends beaucoup de notes, que je classe et mets de côté. Avec Grandville, c’était complètement l’opposé. Tout m’est venu d’un coup, pleinement formé, c’était incroyable. Un jour, vers 2006/7, je rangeais des bouquins dans mon studio, et je suis tombé sur un livre de l’illustrateur français JJ Grandville, de son vrai nom Jean Ignace Isidore Gerard. Il s’agissait d’un bouquin que j’avais depuis une vingtaine d’années. En regardant le titre, je me suis dit que « Grandville » pourrait être un surnom pour Paris, dans une réalité alternative où Paris serait la plus grande ville au monde. Puis je me suis demandé « Pourquoi Paris serait-elle la plus grande ville au monde ? Mais bien sûr, parce que Napoléon a gagné, et a conquis le monde », comme dans ses projets. Après l’Egypte, il avait l’Inde en ligne de mire. Il n’y est jamais arrivé, mais dans le monde de Grandville, si. J’ai commencé à y réfléchir, et tout m’est venu en une semaine, pendant que je dessinais autre chose. En fin de semaine, je suis assis à mon clavier et j’ai écrit l’intégralité du scenario. C’était une histoire animalière depuis le début ? Oui, parce que l’idée venait de Grandville, dont les illustrations étaient animalières. J’ai donc tout de suite décidé qu’il s’agirait d’un monde peuplé d’animaux anthropomorphiques. Je faisais de la BD depuis 30 ans, et je n’avais jamais réalisé d’histoire animalière, donc c’était un défi, quelque chose de différent. Et donc après une semaine, je me suis assis et j’ai écrit toutes les scènes de l’histoire. Tous les romans graphiques sur lesquels j’avais travaillé précédemment avaient nécessité un travail laborieux, pour établir la mise en page, le chapitrage, que je créais et organisais en vignettes. Alors qu’avec Grandville, je pouvais visualiser chaque page. Les autres tomes m’ont pris plus de temps. En lisant Grandville, on ressent un certain attachement à la France. Tout à fait. Quand j’avais 5 ou 6 ans, je marchais jusqu’à la bibliothèque du coin, et ils avaient des albums de Tintin ! Ils étaient en français, et je ne pouvais pas lire le français, mais je les adorais quand même, je suivais les images. C’était ma première expérience avec la BD franco-belge. Dans les années 60, un livre nommé « The Penguin book of comics » est paru au Royaume-Uni. Ce fut un bouquin formateur pour moi. C’était la première fois que je voyais quelqu’un parler de ce medium, et le prendre au sérieux. Ce n’était pas juste un truc pour les enfants, on pouvait l’étudier. Et il y avait un chapitre sur la BD européenne. Puis dans les années 70, « Métal Hurlant » a commencé à paraitre. C’était une revue BD faite pour moi. Je l’achetais lors de chacune de mes visites à Londres, à la librairie Forbidden Planet, ou était-ce plutôt la librairie Dark They Were and Golden Eyed ? Et puis j’ai enchainé sur « A suivre », « Ah ! Nana » et d’autres revues françaises. A la fin des années 70, je me suis dit qu’il serait temps que j’apprenne le français, car je ne comprenais rien à ces revues, je les achetais pour le dessin et la narration. J’ai donc commencé à apprendre le français. Mais alors, tu parles français ? (En français) Oui, je me débrouille… Je parle français comme une vache anglaise ! Tu maitrises le plus difficile : les expressions ! (Rires) Dans Les Aventures de Luther Arkwright et Grandville, tu abordes le thème du contrôle des arts par les gouvernements. C’est un sujet qui te tient à cœur ? Plus que tout, je parle de gouvernements totalitaires qui contrôlent les populations. Les nazis l’avaient fait, ils avaient essayé de censurer ce qu’ils trouvaient décadent, ce qui ne collait pas avec leurs idées teutoniques. Les Russes avaient fait pareil. C’est le thème central dans le troisième tome de Grandville, « Bête noire », dont l’histoire est inspirée par la CIA et Nelson Rockefeller soutenant les arts abstraits, parce que ces derniers ne peuvent pas représenter d’idées politiques. Sherlock Holmes est une influence importante dans Grandville, mais j’ai aussi repéré Canardo, Blacksad (voir ci-contre) et bien d'autres encore. Comment intègres-tu ces références ? Ça dépend. Parfois, je souhaite vraiment intégrer un personnage quelque part. D’autres fois, c’est en dessinant une scène que je me dis « Ah, tiens, tel ou tel personnage pourrait apparaitre ici de façon naturelle. » Dans le cinquième tome, « Force majeure », certaines références à Sherlock Holmes sont véritables, mais j’en ai aussi inventé beaucoup. Les éditions françaises de Grandville proposent un petit dossier en fin de chaque album, qui liste et explique les références cachées. Oui, Laurent (de Delirium) a trouvé ces informations sur mon site web. Une fois la série Grandville terminée, je me suis dit qu’il serait intéressant de documenter toutes ces références. J’y ai travaillé pendant plusieurs mois avec mon webmaster, avant de les mettre en ligne pour que tout le monde puisse les consulter. Puis Laurent a décidé d’en reprendre certaines pour les albums français… pas toutes, mais la plupart.The Casebook of Stamford Hawksmoor
Tu travailles sur une préquelle à Grandville intitulée « The Casebook of Stamford Hawksmoor ». Le nom est d’ailleurs encore un hommage à Sherlock. Oui, Stamford apparait dans le premier roman, « Une étude en rouge ». Il presente Watson à Holmes. « Grandville, Force majeure » est le premier album qui parle du passé de LeBrock. Le lecteur fait la connaissance de son mentor, Stamford Hawksmoor, qui porte un chapeau « Deerstalker », fume une pipe identique à celle de Sherlock… c’est une référence évidente à Sherlock Holmes. Parle nous un peu de cette préquelle. L’histoire de Grandville se situe 23 ans après l’indépendance Britannique de l’empire Français. L’histoire de la préquelle se déroule dans les jours qui ont mené à l’indépendance, jusqu’à Indépendance Day. Hawksmoor a bien entendu 23 ans de moins, il a la quarantaine. LeBrock n’apparait pas dans l’histoire… enfin si, dans une case. Dans le tome 2 de Grandville, à un moment il explique que pendant l’occupation française, il faisait partie de la résistance, et peignait des slogans sur les murs. Et dans « Hawksmoor », à un moment on voit LeBrock en arrière-plan, en train de justement peindre un slogan sur un mur ! Sinon l’histoire est une enquête menée par Hawksmoor. Dans la veine des enquêtes de Grandville ? Pas exactement, l’ambiance sera très différente… attends, je vais te montrer (Bryan me montre toutes les planches réalisées à ce jour sur sa tablette). J’ai terminé 100 planches sur les 172 prévues. Pour commencer, ce n’est pas du steampunk. L’histoire se déroule avant l’avènement de la machine à vapeur. On y voit des fiacres Hansom, le brouillard « purée de pois » de Londres, l’ambiance est très victorienne. C’est avant l’Art Nouveau… Grandville est très « Nouveau », pas la préquelle. Ensuite, la colorisation n’est pas informatique. Il s’agit de couleurs aquarelles aux tons sépia, pour donner un rendu similaire aux vieilles photos de l’époque victorienne. La troisième grosse différence se situe au niveau de la narration. Dans Grandville, il y a peu de voix off, l’histoire est portée sur l’action et racontée uniquement via les dialogues. La préquelle est beaucoup plus verbeuse, Stamford Hawksmoor nous narre toute l’enquête, encore une fois dans un style très victorien. Le lettrage utilise une police dans le style des vieilles machines à écrire. Enfin, l’histoire est beaucoup moins « gung ho » (en français : enthousiaste ou énergique). Elle est beaucoup plus sombre, et teintée d’une mélancolie post-Brexit. Combien de temps mets-tu à réaliser une page ? Environ 3 jours… des fois plus, ça dépend. Le style graphique est très différent de tes autres bouquins. Oui, selon moi le style graphique fait partie intégrante de la narration, et doit être en adéquation et renforcer le type d’histoire racontée. Et comme il s’agit d’une histoire victorienne… Voilà, tous les costumes sont des années 1890. J’ai fait beaucoup de recherches, sur les wagons de train… cette case-ci par exemple (voir ci-contre) est une référence à une illustration de Sidney Paget pour le « Strand Magazine ». Elle provient de la nouvelle « Flamme d'Argent », où on peut voir Sherlock et Watson assis dans un compartiment de train, l’un en face de l’autre. Quand peut-on espérer une parution ? L’année prochaine j’espère… été 2025. Je vais y consacrer le plus gros de mon temps cette année. J’ai lu dans une autre interview que tu travailles beaucoup. Oui, 7 jours par semaine jusqu’à 21h, tous les soirs… Tu voudrais que je fasse quoi d’autre, que je regarde la télé ? (Rires). Tous les jours je sors quand même me promener, 4 miles de marche rapide. Vivement l’été 2025 alors ! Laurent va déjà publier le cinquième tome de Grandville en VF en septembre 2024.Luther Arkwright
Il espère aussi rééditer les 3 tomes de "Luther Arkwright". Tu devais avoir 25 ans quand tu as réalisé le premier tome, Les Aventures de Luther Arkwright. C’est jeune pour une histoire aussi riche et complexe. Parle-nous de sa création. C’était une idée à laquelle je réfléchissais depuis longtemps. J’étais fan d’histoires d’horreur quand j’étais ado, environ 14 ou 15 ans. Je lisais beaucoup de magazines d’horreur, dont un nommé « Castle of Frankenstein ». Et un jour je suis tombé sur un article qui annonçait qu’un roman de Poul Anderson, « The Broken Sword », allait être adapté en BD. J’ai tout de suite trouvé l’idée incroyable. J’adorais la BD, je lisais beaucoup de comics Marvel à l’époque, et l’idée d’adapter un roman en comics m’a tout de suite enthousiasmé. J’ai immédiatement commencé à écrire une telle histoire, dans un genre « Tolkienesque ». J’ai réalisé quelques croquis, pris quelques notes, mais qui n’avaient jamais abouti à rien… mais l’idée était en place. Dans les années 70, j’ai commencé à travailler pour des magazines de comics underground, j’ai réalisé quelques histoires pour Brainstorm Comix. D’autres magazines de BD alternative ont remarqué mon travail et ont commencé à me demander des pages. Je me suis dit que c’était peut-être ma chance de concrétiser mon idée de « roman graphique ». Je pourrais le réaliser en chapitres, et fournir un chapitre à chaque fois qu’un magazine me demandait une histoire. Et puis un jour, j’ai reçu de façon inattendue une lettre d’un mec d’Édimbourg, qui publiait « Near Myths », une version budget de « Métal Hurlant ». Il voulait que je lui fournisse une histoire, et je lui ai proposé mon projet de roman graphique. Et c’est comme ça qu’a débuté « Luther Arkwright », en octobre 1978… le même mois que la parution de Un Pacte avec Dieu de Will Eisner. L’aventure a duré pendant 5 numéros de « Near Myths ». J’avais réalisé les planches pour le numéro 6, mais il n’est jamais sorti. 4 ans plus tard, en 1982, un aristocrate français nommé Serge Boissevain est venu s’installer à Londres avec sa femme, et il était consterné par le manque de magazines BD pour adultes. Il a donc décidé d’en publier un, nommé « pssst! », qui a duré 12 numéros. Un ami commun nous avait présentés, et Serge a publié tous mes épisodes de Luther Arkwright existants, ainsi que de nouveaux chapitres. Et une fois le magazine défunt, il a publié « Luther Arkwright » en album BD. 45 ans après, quel regard portes-tu sur ce premier tome ? J’aime certains aspects, d’autres, moins. Je trouve mon dessin perfectible, je me dis que je pourrais faire beaucoup mieux aujourd’hui. J’apprenais toujours, toute cette époque n’était vraiment qu’un long apprentissage. Tu n’écris pas de BDs politiques à proprement parler, mais tes opinions politiques (de gauche) sont assez visibles dans les histoires de Grandville et "Arkwright". C’est un sujet qui te tient à cœur ? C’est surtout quelque chose qui m’inquiète beaucoup, cette montée actuelle de l’extrême-droite dans le monde, y compris en France. C’est comme les nazis dans les années 30, c’est effrayant. Tu commences à écrire tes histoires en te disant « Il faut que je parle de ces sujets politiques », ou cela se fait de façon naturelle ? L’histoire est prioritaire, j’essaye de raconter une bonne histoire. Après, dans le tome 4 de Grandville, la politique est un des sujets principaux, donc c’est venu tout seul. Le troisième tome de Luther Arkwright, "The Legend of Luther Arkwright", est paru en 2022, 23 ans après le tome 2. Comment se sont passées tes retrouvailles avec ces personnages ? C’était comme si je ne les avais jamais quittés ! Bon, je les ai créés, donc je les connais bien. Cependant, écrire une bonne histoire m’a pris beaucoup de temps… Et au niveau du style graphique… Je suis retourné au style original de Luther Arkwright. C’est très chronophage, et je me suis retrouvé avec un nerf coincé au poignet, qui me fait toujours mal ! Bon, j’ai vu un kiné, et ça va beaucoup mieux. Mais le style hachuré prend beaucoup de temps. Le style graphique du deuxième tome, Au Coeur de l'Empire - L'Héritage de Luther Arkwright, était très différent des 2 autres. Oui, je voulais faire quelque chose de différent par rapport au premier tome, dans un style qui se rapproche plus de la ligne claire. Et le format est plus petit, c’est Dark Horse qui avait publié ce volume, donc c’est du format comics standard, alors que le premier tome était A4… d’ailleurs la version grecque du premier tome était au format A3, comme mes planches originales ! J’ai entendu parler d’une adaptation film ou télévisée. Les droits d’adaptations de Grandville et Luther Arkwright ont été achetés, mais ça n’a rien donné. Pour Grandville, il s’agissait d’ailleurs du studio Fremantle, c’est-à-dire une grosse société de production. Ils ont renouvelé les droits d’adaptation pendant 3 ans, ils étaient très enthousiastes. La productrice en raffolait, c’était l’ex-directrice éditoriale des feuilletons de la BBC. Le script de la première saison est écrit, par un des scénaristes de « Docteur Who ». Le design du plateau de tournage a été réalisé par Sarah Greenwood, directrice artistique sur les films « Sherlock Holmes » de Robert Downey Jr., ce qui collait parfaitement au niveau esthétique. Ils voulaient vraiment faire quelque chose de bien, et puis ils n’ont jamais réussi à trouver un réalisateur. On produit tellement de séries télé et de téléfilms qu’ils sont tous pris pour des années à venir. Donc ça ne s’est pas fait. Mais c’est quelque chose qui t’intéresse ? Ah oui ! J’aimerais beaucoup que ça se fasse, mais bon. A l’heure actuelle quelqu’un a toujours les droits pour Arkwright, mais ils sont sur le point d’expirer, et ils n’en ont rien fait. C’est étrange, les gens dépensent de l’argent pour rien. J’ai lu que seuls 1% des droits de films achetés aboutissent à un film. C’est une chose que j’ai apprise au fil des années. 4 personnes différentes ont payé pour les droits d’adaptation de Arkwright, et ils racontent n’importe quoi. Ils te disent tous « on va faire comme ça, puis il faudrait choisir la musique », comme si c’était sur le point de se faire, et puis plus rien.L'Histoire d'un vilain rat
Ton livre L'Histoire d'un vilain rat est difficile à trouver en France, car il n’a pas été réédité depuis 1999. C’est une histoire très moderne malgré son âge, et j’aimerais beaucoup que Delirium la publie. Tu as toujours les droits ? Oui, j’ai les droits, et moi aussi j’adorerais que cet album soit réédité en France. Mais c’est vrai qu’à l’époque, il était plus rare de réaliser des comics qui n’étaient pas du genre action ou aventure. Quelle était ta principale source d’inspiration ? La région anglaise du Lake District. Mon idée originelle était de réaliser une histoire qui se déroule dans le Lake District, où j’ai passé beaucoup de temps dans mon enfance, nous nous y rendions tous les étés pour nos vacances. Il y a 12 ans, nous y avons d’ailleurs créé un festival de BD similaire à Angoulême, qui existe toujours aujourd’hui : The Lakes International Comic Art Festival (https://www.comicartfestival.com/). Je voulais donc ancrer le livre dans cette région, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre. Lors d’un séjour dans la région, nous avons visité la maison de Beatrix Potter, l’autrice de livres pour enfants. Je me suis dit : « Beatrix Potter raconte des histoires en se servant de texte et d’images. C’est ce que je fais aussi, c’est un bon lien avec la BD. » J’ai donc commencé à faire des recherches sur Beatrix Potter. Je n’avais jamais lu ses histoires, j’ai donc commencé par lire tous ses livres, puis une douzaine de livres biographiques sur l’autrice. Une fois terminé, j’en suis arrivé à la conclusion que sa vie ne ferait pas une histoire bien passionnante. Un film sur sa vie est sorti, « Beatrix », et ils l’ont rendu intéressant en inventant des évènements qui ne lui étaient pas arrivés ! Et puis un jour, j’ai vu une jeune fille qui faisait la manche dans la station de métro Tottenham Court Road, et bizarrement elle m’a fait penser à Beatrix Potter dans sa jeunesse, quand elle avait 16 ans – elle était très timide. Et l’idée est venue de là : je me suis dit que cette jeune fille s’était peut-être échappée de chez elle. Elle mendie dans les rues, et elle a un lien synchronistique avec Beatrix Potter, qui la mène au Lake District. Je me suis ensuite demandé « pourquoi est-elle partie de chez elle ? Parce que son père l’abusait sexuellement. » Ça m’est venu comme ça, l’idée me semblait plausible - des enfants maltraités à la maison qui partent de chez eux, et finissent dans les rues de Londres à faire la manche. J’ai commencé à faire des recherches sur les abus sexuels d’enfants. Mary (ma femme) a emprunté des bouquins dans la bibliothèque de l’université où elle travaillait, moi dans la bibliothèque municipale. J’ai aussi acheté quelques livres. Et j’ai réalisé que la thématique de l’abus sexuel d’enfants devait être le sujet principal de l’histoire. Le sujet était trop important pour n’être qu’un prétexte scénaristique pour sa fugue. Est-il vrai que le livre est utilisé comme ressource éducative dans des écoles et des centres de victimes ? Oui, dans plusieurs pays. Le livre a été publié dans 18 pays environ, je ne me rappelle plus exactement - il vient d’être réédité en Italie chez son 4ème éditeur ! Je fais donc souvent des tournées de dédicaces dans ces pays, et on m’a souvent dit que le livre est utilisé dans des centres, pour aider les victimes à en parler. Ils lisent l’histoire d’Helen, et ça les aide à parler de leurs propres problèmes et expériences. Il me semble que les personnages sont tous basés sur des vraies personnes ? Alors, pas les personnages même, juste leur apparence. J’ai écrit les personnages et l’histoire, puis j’ai distribué les rôles, c’est-à-dire que j’ai cherché des personnes qui ressemblaient à l’idée que je me faisais de ces personnages. Habituellement j’invente leur apparence, mais je voulais que cette histoire soit aussi réaliste que possible, parce qu’elle parle d’un sujet grave et sérieux. Donc je les ai pris en photo, puis j’ai dessiné les personnages à partir de ces photos. C’est ce que fait François Bourgeon, ainsi que Frank Hampson dans la BD Dan Dare. Je me suis dit que c’était une bonne façon de procéder. Par contre, un des personnages existe vraiment : l’hôtelier. Il est basé sur un ami à nous. C’était vraiment son caractère, il était comme ça. Mais c’était le seul, les autres sont écrits par moi, seule leur apparence est basée sur des vraies personnes. As-tu dessiné Londres et le Lake District de mémoire ? A partir de photos ? En te rendant sur place ? Tous les extérieurs sont basés sur des vrais endroits. J’étais en visite à Londres, et j’en ai profité pour prendre des photos, à partir desquelles j’ai réalisé mes dessins. Pareil pour le Lake District. Beatrix Potter peignait sur place, et elle avait avoué adapter et améliorer les paysages, pour les rendre plus intéressants dans ses illustrations. J’ai fait pareil avec la montagne Cat Bells. Regarde la vue de Cat Bells dans la BD, si tu te rendais sur place, tu verrais que ce n’est pas aussi pentu ! (voir planche ci-contre, et cette photo pour comparer - source : walkmyworld.com) Bryan, merci, et bon festival. Merci à toi !Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
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