Auteurs et autrices / Interview de Guillaume Bouzard

Bonjour Guillaume, pourrais-tu te présenter s’il te plaît ?
Je nais en 1968, et en 1975, je décide que mon métier serait dessinateur des Tuniques Bleues car assis sur les toilettes je viens d’avoir la révélation... Mon père m’ayant abonné à Spirou, je n’ai depuis de cesse que de caresser le Saint Graal...
Il y a quelques mois, au festival de Perros-Guirec, je découvre qu’il y a déjà un type qui dessine les Tuniques Bleues !!! Toute ma quête tombe à l’eau, et je décide d’aller dire ma façon de penser à ce drôle de petit gars plein de malice. Sur le chemin, je rencontre un verre de bière (NdW : Mmmmm) et je me désaltère... Tant pis, ce sera pour une autre fois, en attendant, je n’ai plus qu’à dessiner des trucs sur le foot ou autre chose... Boarf, c’est bien aussi... De toutes façons, j’y connaissais rien en matière de cow boys en bleu...

Les fanzines semblent avoir joué un rôle important dans ton début de carrière… Raconte-nous un peu.
J’ai effectivement affûté mes armes dans les fanzines... Le mien, en particulier (Caca bémol, 10 numéros de 86 à 96), m’a permis de tisser un bon réseau de relations fortes (éditeurs : les Requins Marteaux et Six pieds sous Terre ; dessinateurs et amis : Pierre Druilhe, Olivier Besseron, Ness, Chester, Moulinex, Didier Bourgoin de la Fanzinothèque...). A l’époque, je bosse dans plein de projets éditoriaux dits alternatifs et ça me permet de trouver mon style et ma place car personne dans les fanzines ne bride les créations, et on cherche, on cherche... Par la suite, tout le monde devenant de plus en plus performant, les livres se font et mes éditeurs et amis du début, deviennent mes éditeurs et amis de maintenant... une boucle bien bouclée...

Et puis tes premières BDs sortent en 1995 chez Les Requins Marteaux (La nuit du canard garou) et 6 Pieds Sous Terre (Les Pauvres types de l’espace). Comment s’est passée ta rencontre avec ces éditeurs ?
Ha ha ha, vous n’écoutez pas ou quoi ? Je viens d’expliquer ça juste à l’instant !!! Décrassez-vous les écoutilles mon vieux !!!!

En 2004 tu te mets à la mode autobiographique… mais avec humour bien entendu ! Ca donne The autobiography of me too, une œuvre drôle et attachante. Comment est né ce projet ? Y découvre-t-on le vrai Guillaume Bouzard ?
Dans son fanzine My Way, Chester (sus cité plus haut) m’avait demandé des planches sur le thème "rock". Sans trop savoir où j’allais, je me suis plus ou moins mis en scène avec un découpage en gaufrier et c’est parti comme ça... J’ai trouvé le rythme intéressant et comme à l’époque, l’autobiographie rapportait plein de fric, je me suis dit que ce projet artistique était passionnant... J’ai donc continué à faire mes petites histoires tous les mois dans le Psikopat et les albums ont suivi...

On y découvre effectivement ma vraie personnalité... Tout est vrai de vrai car je ne suis pas homme à tricher... Il y a tellement de tricheurs sur cette terre que ce n’est pas la peine d’en rajouter une couche. Sache, garçon, que je peux me regarder dans une glace sans rougir. Je ne dirais pas ça de tout le monde, mais je ne veux pas citer de noms...

Es-tu vraiment accro aux marchés aux puces, comme le prétend la BD ? Tu achètes pleins de vieux trucs inutiles qui prennent de la place hein avoue ?
Ha putain, malheureux, ne crie pas sur les toits qu’il y a plein de vynils dans les marchés aux puces !!! T’es fou ou quoi ?
Non, non, non, j’y vais très rarement, on trouve jamais rien et les vendeurs ne sont là que pour abuser le chaland naïf.

Puis vint ta collaboration avec le magazine So Foot où tu publies des gags sur l’actualité du football, et la parution d’un recueil de ces gags chez Dargaud, Football Football. Comment s’est faite ta rencontre avec le magazine So Foot ? Es-tu toi-même un fan de foot ?
J’ai contacté moi-même les types de So Foot, car j’avais vraiment flashé sur leur façon bien conne (décalée on dit), de parler du football. Ils connaissaient mon boulot via Ferraille, et on s’est tout de suite entendus. Comme je joue au foot depuis tout gosse, ça me parle bien tous ces gars qui galopent après un ballon en beuglant comme des gorets dès qu’un but est marqué... J’en ai marqué un, un jour (je suis plutôt défensif et maladroit (rugueux mais correct)), hé ben croyez-moi, je ne me croyais pas capable de beugler de la sorte !!! C’est vous dire si les planches sur le foot me font plaisir.

Etais-tu libre d’écrire ce que tu voulais et de critiquer librement ? Ou y avait-il des limites à ne pas franchir ?
Je fais ce que je veux à So Foot, visiblement tous ces types ont l’air de s’en foutre royalement de se brouiller avec qui que ce soit. Ca tombe bien, je ne connais personne dans le milieu du foot professionnel, donc, moi aussi, je m’en fous de me brouiller à vie avec des gens que je ne connais pas.

Etait-il toujours question de publier tes gags footballistiques en album ? Ou Dargaud t’a-t-il contacté après avoir lu tes gags dans le magazine ?
C’est Philippe Osterman (NdW : directeur éditorial des éditions Dargaud) qui un jour m’a contacté par mail pour me dire tout le bien qu’il pensait de mes Autobios (c’est qu’il a du goût l’animal), et on s’est bien entendu (j’aime bien les gens qui aiment mon travail). Il se trouve aussi que c’est un grand amateur de foot et il m’a donc proposé de publier un album de toutes mes planches So Foot. Je subodore qu’il a fait ça avant tout pour se faire plaisir et pour faire une couverture aux couleurs de l’OM, mais si j’ai pu réaliser son rêve d’enfant, alors je suis heureux aussi (hé oui, le Bouzard est gentil).

Vas-tu continuer ta collaboration avec So Foot, et publier d’autres albums Football Football chez Dargaud ?
Je continue bien sûr pour So Foot, comme ça, je le reçois gratuitement, et pour la suite chez Dargaud, j’aimerais bien faire un album par an, qui couvrirait chaque saison de foot. L’album serait beaucoup plus pointu sur le foot, et éliminerait du coup beaucoup de lecteurs qui n’y pipent rien. Ce n’est donc pas gagné, et ça demanderait beaucoup de travail, alors finalement non, c’est au-dessus de mes forces...

Tu abondes dans le domaine de l’humour… te vois-tu aborder des sujets plus graves et sérieux en BD ?
C’est vrai que j’abonde pour la rigolade à gogo et la déconne à plein tube, ça me permet de dissimuler mes failles et mes faiblesses. Mon malaise journalier est ainsi bien caché et pour l’instant, le vernis n’a pas encore craqué... Je redoute le jour où ça arrivera. Je travaille sur un énorme projet chez Dargaud où j’aborde la mort de ma mère (qui est encore vivante) qui sera beaucoup plus sérieux et douloureux... Mais je ne peux pas en parler maintenant, c’est encore trop frais...

Quels sont tes projets en cours ou futurs, BD ou autre ?
Ha ben, je viens de te le dire, t’écoutes pas ou quoi ? Il faut te décrasser les écoutilles mon vieux !!!!

Merci beaucoup Guillaume, et bonne chance pour la suite !